Empreintes et mémoires de naissance

Bernard Chaumeil

empreintes & mémoires de naissance

Les identifier pour s’en libérer

AVANT-PROPOS

Je me souviens du jour de mes 60 ans. Ma marraine Françoise, la belle‑sœur de ma mère, que je n’avais pas revue depuis des années et avec qui je n’avais pas entretenu de liens réguliers, m’avait appelé de son lit d’hôpital pour me souhaiter un bon anniversaire. Elle pensait à moi tous les ans à cette date. Lorsque je suis né, ma mère m’a mis dans ses bras alors qu’elle venait de perdre, à 20 ans, des jumeaux à 6 mois de grossesse et était effondrée de chagrin. Françoise est devenue ma marraine et mon deuxième prénom est François.

Je me suis demandé pourquoi ma mère m’avait confié à une mère blessée et endeuillée. L’avait elle fait en conscience ? C’était une folie de mettre un nourrisson dans les bras d’une femme blessée entourée d’énergies morbides ! Ma marraine m’a expliqué que ce contact avec moi (un nourrisson vivant) lui avait permis de par donner la perte de ses enfants et d’oser espérer donner à nouveau la vie. Elle avait pu se libérer de son chagrin et de nouveau ressentir la joie de vivre. Elle est passée du deuil à l’espoir grâce à ce contact charnel avec la vie

du nourrisson. Les confidences de ma marraine m’ont fait ressentir avec une vive émotion que ma mère, en me posant sur le corps d’une autre, avait confiance en moi, en ma capacité de guérir sa belle sœur et de lui redonner confiance en son pouvoir de mettre au monde. Deux ans après, Françoise a mis au monde un garçon qu’elle a prénommé François.

Cette prise de conscience m’a touché au plus profond de mon âme. J’ai aussi compris l’ambiguïté de mon rapport à la mort et à la vie, que j’ai pu approfondir en psychanalyse mais pas totalement libérer de mon histoire.

Chaque parcours de naissance est personnel et por teur d’enjeux spécifiques. Ce livre se veut un outil de réflexion et de prise de conscience sur cette première expérience de l’identité pour, enfin, naître bien.

« On ne s’arrache pas de l’enfance, qu’elle ait été heureuse ou malheureuse ; les origines frappent le subconscient comme on le dit d’une médaille. »

Louis Nucera

PRÉAMBULE

En tant que thérapeute analyste énergéticien, j’ai été amené à rencontrer de multiples situations de naissance traumatisantes. J’ai eu le bonheur de recevoir des cen taines de parents qui me confiaient leurs enfants dans l’espoir de les soulager de maux : problèmes de sommeil, de digestion, de reflux, de colère, de comportement ou même de malformations et pathologies diverses (diabète, leucémie…). J’ai cherché comment « réparer » des malen tendus, des chocs, des maladresses, des injustices. En identifiant le plus clairement la situation de naissance et en ressentant ce qu’éprouvait l’enfant, j’ai appris à appré hender le traumatisme que constituait la naissance et à en atténuer voire effacer l’empreinte. En plus de trente ans de thérapie périnatale, j’ai eu la chance de m’occu per d’enfants qui ont mal démarré leur vie à cause d’un abandon, de la perte d’un parent… J’ai suivi assidument des nourrissons recueillis par les services sociaux ou des familles d’accueil qui, pleins de compassion, cherchaient les moyens d’aider ces êtres malmenés. Enfin, j’ai colla boré dans une association autour de la périnatalité en Italie pendant plusieurs années. De nombreux pédiatres

m’ont aussi sollicité pour soulager les enfants de maux que la médication n’arrivait pas à guérir. Ensemble, en comprenant l’impact émotionnel, mental et physique de la naissance mais aussi des périodes situées avant et après, nous avons débloqué nombre de situations.

C’est en travaillant sur les blessures des nourrissons que j’ai pu comprendre les blessures embryonnaires et fœtales des adultes. J’ai réalisé qu’on ne pouvait soi gner un adulte sans appréhender les circonstances de sa naissance. J’ai retrouvé chez les patient·e·s adultes des traumatismes de naissance ignorés mais respon sables de grandes blessures (problème de reconnais sance, absence de motivation, conflit chronique entre vivre et mourir…).

Ce parcours thérapeutique m’a permis de ressentir l’expérience de la naissance d’une manière très parti‑ culière. C’est cette expérience de naissance que je sou haite partager avec vous dans ce livre.

LES MILLE JOURS

Il est désormais prouvé (rapport de la Commission des mille jours, 2020) que la santé d’un adulte dépend de ce qu’il aura vécu durant ses mille premiers jours de vie, c’est-à-dire de sa conception à son deuxième anniversaire. Énergétiquement, nous pouvons penser que durant cette période l’enfant reste conscient du monde d’où il vient, conscient des lignées qui le précédent et de l’intention de son âme.

MÉMOIRE ET EMPREINTE DE NAISSANCE, QU’EST-CE QUE C’EST ?

La mémoire est la faculté de conserver et de se rappeler des choses, des événements passés. C’est l’esprit (via le cerveau) qui garde le souvenir du passé. L’empreinte, elle, est la conséquence de ce souvenir sur l’émotion, le mental ou le corps.

L’empreinte ou la trace (plus légère) semble néanmoins engager le corps et l’émotionnel plus que l’intellect. Elle repose sur la capacité d’un individu à enregistrer de manière plus ou moins parfaite des impressions qui sont en partie liées au corps et au comportement émotionnel. Quand il y a un mauvais souvenir, autre ment dit une mémoire, il y a une empreinte. Mémoire et empreinte constituent la mémoire cellulaire.

Certaines mémoires traumatisantes peuvent être effa cées par une mémoire heureuse. Ce sera le cas lorsque la naissance se présente mal, qu’il y a un risque pour la mère ou pour l’enfant, mais que finalement tout se passe bien et que l’enfant arrive, vivant et triom phant. L’arrivée heureuse pourra effacer l’angoisse de la mort et la douleur de la mère. Mais si, en « bonne mère », cette dernière fait fi de sa blessure, mettant en avant son bonheur d’avoir enfanté, il se peut que cette mémoire heureuse mette de côté la mémoire malheu‑ reuse en l’évitant ou en la rejetant (déni). C’est là que cette mémoire peut devenir une empreinte, c’est à dire une marque douloureuse qui s’installe dans la person nalité et risque de l’altérer.

Notre façon de naître en ce monde reste marquante, cela vaut pour toutes les façons de naître à quelque chose. La mémoire consciente ou inconsciente que l’on a de notre naissance influence notre compor tement. Certaines mémoires sont comprises. On se souvient, on a été informé. D’autres sont cachées dans l’inconscient, c’est à dire occultées par igno rance, par déni, par loyauté ou même par pudeur. Mais il semble certain, qu’un jour ou l’autre, elles res surgissent en nous.

Notre premier contact, avec le monde et les autres, détermine notre relation à l’autre.

Un événement de naissance traumatisant provoque émotion et souffrance, ce qui induit une empreinte dou loureuse qui nécessite réparation.

Ainsi les blessures de la naissance et le mal être qui s’en suit résulteraient d’un malentendu que l’on peut envisager autrement. Ce malentendu serait fondé sur des mémoires premières (première sensation, pre mière idée du monde et premier ressenti sur les autres) confuses ou inconfortables, voire traumatisantes, qui généreraient un désordre fondamental dans notre existence. Par exemple, si le premier ressenti du nour risson est une déception par manque d’amour ou par rejet, il gardera cette mémoire d’avoir été rejeté et mal aimé. S’il rencontre, au moment de la naissance, le risque de la mort, il gardera cette mémoire et sera marqué par une empreinte conflictuelle : vivre ou mourir. S’il surgit dans le risque de « tuer » sa mère

dans un accouchement difficile et qu’il baigne dans le sang, il portera la mémoire d’une naissance tragique et l’empreinte d’une culpabilité envers sa mère. C’est un devoir thérapeutique que de considérer ces blessures et de les libérer afin de restaurer la force créatrice de l’expérience de la naissance. C’est tout l’enjeu de cet ouvrage : libérer le malentendu perçu en fonction des circonstances de naissance et retrouver ce qui, à mon sens, est la raison d’exister : le désir originel de vivre et la force de création, source de toute notre joie d’exister.

UNE NOUVELLE COMPRÉHENSION DE LA NAISSANCE

J’ai créé le concept de thérapie archétypale dans lequel je reconnais 22 problématiques humaines (par exemple la tristesse, la non reconnaissance, l’incapacité, la fai blesse). J’y ai associé 22 ressources humaines corres pondantes (à la tristesse, la joie ; à la faiblesse, la force). L’identification de ces deux forces de vie (l’une néga tive, l’autre positive) permet de mettre en place une dynamique de conversion qui va de la problématique à la ressource. On repère la problématique (plus facile à repérer, car plus évidente) puis on identifie la ressource à exploiter. La naissance est la première de ces 22 res sources humaines. C’est la base de nos fondements. Si cette base est faussée, on encourt le risque de se trom per de voie. Une naissance heureuse augure d’un com portement heureux, une naissance malheureuse augure d’une vie compliquée.

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LA MANIFESTATION DU POUVOIR CRÉATEUR

Pour bien comprendre le concept de la naissance et pouvoir accepter les idées de cet ouvrage, il est important de prendre de la hauteur sur ce que désigne la naissance et ce qu’elle représente spirituellement.

Nous postulons que la naissance est la manifestation sur Terre du pouvoir créateur (ou amour création) de la Source ou Vie1.

Aussi, il est nécessaire de dissocier la maternité de la naissance. La seconde n’appartient pas à la femme, mais appartient à la Vie. C’est une invitation à perdre un pou voir personnel (voire égotique) pour accéder à un pouvoir existentiel, celui du féminin sacré2, que la femme incarne de façon « mère veilleuse ». Il s’agit du même type de dis sociation qu’il convient de faire entre son enfant et l’idée que cet enfant est une âme, un être vivant, une entité.

La naissance, la gestation, la maternité et la paternité sont donc des mots qui regroupent des pensées, des connaissances, des concepts qui contribuent tous à l’idée majeure de la Vie.

La vie embryonnaire et fœtale puis la naissance sont donc orchestrées par la Vie et manifestées par le féminin.

1. Pour certains, on pourrait l’appeler Dieu, mais les deux idées ne se recouvrent pas exactement, la convention religieuse impliquant d’autres éléments.

2. Le féminin sacré correspond à l’essence originelle de la femme. Il est relié au pouvoir d’initiation et de création physiologique et éner gétique que la femme a reçu de la Terre et de la Source.

Naissance et pouvoir créateur sont ainsi intimement liés. Ce dernier se manifeste de différentes façons :

— Dans le processus physiologique, la femme et l’homme sont inspirés par l’âme de l’enfant qui les choisit et qui décide de s’incarner. C’est une inspiration divine. Le vivant, l’organogénèse, le projet de vie se mettent en place dans la chair et au cœur des futurs parents. La femme devenue mère porte la création dans sa matrice physique avant de remettre l’enfant au monde.

— Du point de vue symbolique, la personne qui crée commence toujours dans l’inspiration. Les artistes, les auteurs ou réalisateurs abordent leur processus de création par une inspiration qui vient de l’au delà les trouver. Le créateur est choisi par l’œuvre puis, inspiré, il conçoit, il nourrit d’idées, il incarne, il met en matière et il remet au monde.

Le lieu commun du pouvoir créateur est la matrice : une matrice physique dans le ventre de la mère, une matrice psychique dans l’esprit des autres types de créateurs.

Voici pourquoi notre première naissance marquera toutes les réalisations de nos projets à venir. Si elle est bien vécue, elle sera le moteur de tous nos accomplissements. Si elle est malmenée, non seulement la période d’anniver saire « réveillera » nos circonstances de naissance, mais il se peut que les malentendus resurgissent à chaque nais sance symbolique : lors de la réalisation d’un grand projet, par exemple, on peut se retrouver confronté à des difficul tés ou émotions semblables à celles vécues à la naissance.

LA LAME DU BATELEUR

La lame de tarot du Bateleur ou du magicien est associée à l’archétype de la naissance. Elle représente l’initiation d’un projet. Le personnage bien positionné dans l’axe Terre (la végétation, la montagne) et Ciel (le vent et les étoiles) dispose sur sa table de tous les éléments symboliques nécessaires à sa réalisation : les dés de la chance, la dague de la force, la coupe de la connaissance, les deniers de l’abondance. Mais surtout, il a une baguette magique dans la main gauche. Cette baguette représente la magie de la vie, le subtil, la connexion avec l’invisible, l’inconscient. S’il l’utilise, il provoque l’alchimie de tous les éléments à sa disposition. Il engendre la chimie de Dieu, le miracle, l’imprévisible. C’est le principe même de l’expérience du projet de naissance où la technique, la biologie et les lois de la nature rencontrent l’esprit de l’être à venir, la présence de son âme, sa part divine.

COMMENT GUÉRIR LES MÉMOIRES ET EMPREINTES DE NAISSANCE ?

« Tout ce que l’homme ignore n’existe pas pour lui.

Donc, l’univers de chacun se résume à la taille de ses connaissances ».

Einstein

| L’OBJECTIF : REDONNER DU BON SENS À LA VIE

J’ai entendu dans mon cabinet une mère et sa fille venues consulter qui se disputaient. La maman lui a dit : « Mais je t’ai donné la vie. » La jeune fille de 15 ans a répondu : « Oui ! Mais tu me l’as mal donnée, car je ne la ressens ni comme un cadeau, ni comme une joie. »

En effet, naître est une chance, un don de la vie, donc une grâce. Mais si ce cadeau se transforme en malchance ou en disgrâce à cause des circonstances de la naissance et devient un non sens, si la personne née entend sa venue au monde comme une calamité, elle commence sa vie à contre courant, et cette vie deviendra un désa grément, une lutte permanente et une vraie galère.

C’est pour moi toute l’ambition de cet ouvrage : redon ner du sens à la vie, remettre les pendules à l’heure pour que vivre soit un bonheur. Cette remise en question doit se faire tout aussi bien pour la personne mise au monde que pour celle qui l’a mise au monde, et même pour le père.

Toute mère, tout père a vécu l’expérience de sa mise au monde en tant qu’être qui s’incarne. La façon

De notre naissance, nous ne savons finalement pas grand-chose. Au plus, quelques infos que nos proches nous ont transmises. Que se joue-t-il exactement ? De quelles mémoires hérite-t-on ? Y a-t-il une vie avant la vie ? Les âmes se choisissent-elles ? Existe-t-il une période préconceptuelle ? Quelles sont les empreintes laissées par la vie embryonnaire, fœtale et natale ? Comment l’expérience de naissance influence-t-elle notre vie d’adulte ?

En thérapie, la naissance est la première expérience humaine et elle est bien souvent empreinte de traumatismes (grossesse non désirée, « accident », prématurité, césarienne, conception de remplacement…) qu’il faut libérer.

Bernard Chaumeil vous livre un décryptage passionnant des problématiques qui se jouent réellement lors de cette étape cruciale où l’âme s’incarne. À travers de multiples scénarios de naissance, il vous invite à explorer et prendre conscience des enjeux de cette étape cruciale.

L’auteur

Thérapeute humaniste, Bernard Chaumeil accompagne et enseigne depuis 30 ans en France et à l’étranger. Il a une vision globale de la personne (corps, émotion et mental) et la ressent dans une triple histoire : individuelle, familiale et collective. Il a conçu et enseigne un concept analytique humaniste, la Thérapie archétypale, basé sur 22 problématiques assorties à 22 ressources humaines. Il est l’auteur de plusieurs titres publiés chez Secret d’étoiles et notamment Se libérer de sa lignée et guérir son féminin.

www.secretdetoiles.com

14,95 € TTC