LES MANIFESTATIONS DU SECRET
l’événement soit camouflé, c’est-à-dire caché à la plus grande partie – moins il y a de témoins, mieux c’est. Ensuite, la souffrance engendrée par l’événement doit être tellement importante qu’il n’est pas possible de l’exprimer. Une personne qui a subi un inceste étant enfant a ressenti une douleur psychique intolérable, inexprimable, et une honte qu’elle n’a pu évoquer et qui se trouve donc intériorisée. Le dernier élément de l’existence d’un secret découle des deux autres : la nécessité de se taire. L’inceste fait partie des secrets toxiques en cela qu’il touche profondément l’intégrité physique et psychique de l’individu, et que l’événement lui-même est tellement injustifiable qu’il peut être rejeté hors du champ de la conscience. La verbalisation n’a pas pu être possible. Les personnes impliquées « oublient » purement et simplement ce qui s’est passé, mais l’inconscient, lui, n’attend que le moment propice pour le signaler, par le biais de lapsus, de rêves ou d’actes manqués.
L’ÉVOLUTION DU SECRET DE NOS JOURS
Le mouvement #metoo a commencé en 2007, mais il s’est accentué depuis octobre 2017 avec les révélations faites dans l’affaire Weinstein : c’est un exemple de l’évolution des mœurs, mais aussi de la libération de la parole. La plupart des femmes qui ont osé s’exprimer avaient gardé secret ce qu’elles avaient subi de la part d’un employeur, d’un collègue, d’un parent ou de toute autre personne de leur entourage. Plus récemment, en octobre 2021, le rapport de la commission Sauvé a fait état, en France, de 216 000 victimes 16
