La naissance d'une mère : tout commence après l'accouchement

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LA NAISSANCE D’UNE MÈRE

C’est après l’accouchement

que tout commence

Par la réalisatrice de Post-partum, le documentaire

Avant-propos 6 Introduction 8 LE JOUR D’APRÈS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 1. Le post-partum, cet incompris 16 Focus : ce qui se passe en nous après l’accouchement 21 2. L’après-accouchement : le vrai sujet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Focus : l’accouchement : les différentes options . . . . . . . . . . . . . . . . 30 3. Qu’est-ce que le mois d’or ? 36 4. L’état de stress post-traumatique, ça existe 39 Focus : les différentes ressources pour le post-partum . . . . . . . . . . . . 43 5. Le corps après l’accouchement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Focus : les dyspareunies, qu’est-ce que c’est et comment ça se soigne ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 6. L’allaitement, pas si naturel que ça 58 Focus : informations utiles concernant l’allaitement 66 LA NAISSANCE D’UNE MÈRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 1. La transmission de la maternité dans notre société . . . . . . . . . . . . . . 72 2. Mieux accompagner pour limiter les complications 82 Focus : prévenir les complications du post-partum 106 3. Construire son village . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Focus : les aides bienvenues durant le post-partum . . . . . . . . . . . . . . 111 Focus : comment se préparer au post-partum ensemble 117 Sommaire
UNE NOUVELLE VIE DEVANT SOI 122 1. Le sommeil, un enjeu majeur 124 Focus : quelques notions sur le sommeil du nourrisson 126 Focus : comment préserver son sommeil ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 2. La reprise du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Focus : retour du congé maternité : les droits à connaître 152 3. La charge mentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 La lumière au bout du tunnel 160 Annexes 162

AVANTPROPOS

Iln’y a pas un post-partum. Il n’y a pas une mère, un père, un bébé, une famille. Le post-partum est une expérience propre à chaque personne, et aucune ne le vivra de la même manière, parce qu’il dépend d’un très grand nombre de variables. Il dépend de qui vous étiez avant de devenir parent et des bagages que vous emportez avec vous dans ce voyage. Il dépend de qui vous étiez en tant que couple, avant de devenir parents. Il dépend d’ailleurs de si vous êtes en couple ou non. Il dépend du coparent, de la grossesse, de l’accouchement, du sommeil de votre bébé à un jour, à un mois et à un an, qui dépend lui-même de son cerveau, de son corps, de ses expériences, etc.

Alors, vous l’aurez compris, je ne vous dirai jamais : « Il va vous arriver ça, parce que c’est ça, le post-partum. » Non, car il n’y a rien de sûr dans cette période.

Mais je suis sûre d’une chose : on ne nous informe jamais suffisamment sur le post-partum, et on ne nous y prépare pas assez non plus.

Et c’est pour ça que j’écris ce livre. Certaines personnes vivront un postpartum très doux, sans difficultés particulières. Elles existent, certes, mais nous n’avons pas besoin de raconter ces belles histoires de maternité dans ces pages, puisque l’on nous en abreuve depuis toujours. Nous avons davantage besoin de mettre en lumière les épreuves, qui sont la réalité pour un très grand nombre d’entre nous. Parce que, lorsque l’on sait ce qui nous arrive, que c’est normal et que nous ne sommes pas un cas isolé, le problème devient un petit peu moins insurmontable.

Car, quand on prend la décision de sauter d’un avion, mieux vaut avoir un parachute. Et c’est cela que l’on vous propose avec Julie : un parachute qui gratte, qui dérange, certes, mais qui va, nous l’espérons, beaucoup vous servir.

Je sais bien que ce qui est présenté dans cet ouvrage ne correspond pas vraiment à l’image douce et suave de la maternité que l’on a tous et toutes fantasmée. Certains points que nous allons aborder pourront vous paraître difficiles, j’en ai conscience, mais la bienveillance et le partage restent les maîtres-mots de ce livre. L’objectif est d’adoucir, autant que possible, chaque post-partum et de vous transmettre des expériences vécues.

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Le corps du post-partum, c’est un corps qui va absolument à l’encontre de toutes les injonctions qui pèsent sur les corps dits « féminins » en temps normal. Le corps du post-partum n’est pas ferme, il n’est pas mince, il est enflé : tout est en chantier. C’est vraiment un corps qui est une insulte à ce que l’on attend des femmes en termes d’esthétique et d’apparence. Donc ce corps-là, tant qu’il n’intéresse pas la société, on le laisse dans l’ombre. Une fois qu’il aura récupéré un aspect présentable et sa disponibilité, là, on pourra le regarder à nouveau. Mais pendant le temps du post-partum, il est invisibilisé.

Une des grandes injonctions de notre siècle est d’avoir un corps qui colle aux standards de beauté que l’on nous a imposés. Depuis toujours, les représentations des corps dits « féminins » que je vois dans l’espace public (vitrines, publicités, magazines, etc.) ne montrent qu’un seul modèle corporel : une jeune femme jeune, blanche, très maigre, avec de longues jambes, de petits seins et un ventre très plat. Ce stéréotype est le plus souvent exposé pour vendre des produits, mais comme la publicité a envahi nos vies, il a été mon modèle pendant des années, comme si ce corps-là était le seul valable et toléré, le seul qui vaut la peine d’être montré.

Des générations ont malheureusement grandi avec ces modèles qui complexaient toutes celles qui s’en éloignent. Et c’est important de comprendre quelle est notre construction mentale pour assimiler le sujet en profondeur et le mal-être corporel qui est vécu après l’accouchement.

Pourtant, un autre type de corps est accepté par la société, et ce sont les corps des femmes enceintes. Pour une fois dans notre vie, on tolère notre prise de poids. Et pour beaucoup d’entre nous, c’est souvent un moment extraordinaire : on ne regarde plus les calories. J’étais tellement contente de pouvoir manger tout ce que je voulais, et même plus, sans la culpabilité qui s’invite derrière.

J’avais l’impression d’avoir une sorte de passe-droit : je fais grandir la vie, alors foutez-moi la paix. J’avais aussi cette impression bizarre que j’allais perdre mes kilos de grossesse très facilement. Sûrement à cause de mes lectures d’enfance et de ces magazines qui s’extasiaient sur Christina Aguilera, qui avait retrouvé la ligne en 72 heures. J’étais convaincue que ça allait être facile.

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Le manque de transmission intergénérationnelle

J’ai toujours cru que ma mère n’était que mère, au sens où être mère était tout ce qui la composait. Je ne me demandais même pas si elle aimait être ma mère. À mes yeux, ce n’était pas un rôle, c’était son essence. C’était inné.

Je pensais tout naturellement que qu’il en serait de même pour moi.

L’annonce de ma grossesse l’a mise en joie. Elle m’a répondu que j’étais prête. Maintenant, je pense qu’inconsciemment, il y avait une petite part d’égoïsme là-dedans. Rien de méchant, juste une mère qui voudrait être grand-mère.

Ma mère ne m’a rien dit. Ni sur le sang, ni sur l’accouchement, ni sur la crise identitaire. Elle ne connaissait pas le post-partum, ni les lochies, ni les phobies d’impulsion (voir p. 23). Après mon accouchement, j’y ai repensé et j’étais fâchée. C’était forcément une conspiration, ou au moins, un mensonge par omission !

C’est en allant à la rencontre de centaines d’autres mamans que j’ai compris que, si conspiration il y avait, ma mère n’était pas la seule dans le club. Visiblement, c’est le cas de la majorité de nos mamans. L’omerta commence ici, dans leur silence. Il faut aussi prendre en compte le fait que nombre d’entre nous ne posent aucune question sur la parentalité, parce que nous pensons souvent que ce processus est naturel et inné. Si nous échangions davantage avec les personnes que nous avons dans nos vies, qui ont déjà accouché, je suis sûre que beaucoup d’incompréhensions et de mauvaises surprises pourraient être évitées.

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Cette prise en charge du post-partum ou, vu la situation actuelle, cette non-prise en charge du post-partum, a plusieurs causes. J’en recense quelques-unes, mais bien sûr, les raisons sont plurielles.

P La première est bien évidemment le manque de moyens.

P La deuxième est le manque de volonté de l’État de changer les choses.

P La troisième est le fait que le concept de la maternité a toujours été présenté comme relevant de l’inné en France, donc ce serait dans notre nature de savoir faire. Alors, pourquoi enseigner ce qui est supposément naturel ?

Là, maintenant, il faut prouver que les mesures que l’on veut faire adopter sont économiquement valables. Je sais que les mesures que j’ai en tête le sont. La dépression du post-partum, le pic qui existe entre deux et quatre mois après l’accouchement, coûte très cher à la société. Quand un bébé et une maman ne sont pas en phase, cela a un coût. Ça coûte cher en matière d’arrêts de travail, notamment. Toutes ces mesures ne sont pas déraisonnables économiquement parlant. On peut voir qu’au Royaume-Uni, qui est un État qui fait attention à la dépense, on le sait, la mesure d’une sage-femme pour une femme a été mise en place, alors que cela coûte prétendument très cher. Mais l’État britannique a conscience que, du point de vue médico-économique, cela fait en réalité économiser de l’argent.

Anna Roy, sage-femme et autrice

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« Grâce aux différents témoignages que vous lirez dans ce livre, j’aimerais que vous puissiez faire preuve de plus d’indulgence envers vous-même et que vous preniez conscience que vous n’êtes pas l’unique personne à ressentir ce que vous ressentez.

Je voudrais que vous sachiez que des centaines de milliers de mères vivent la même chose que vous, au même moment, et que, lorsque vous regardez par la fenêtre à 4 heures du matin, en proie à l’épuisement... Je voudrais que vous ayez une pensée dans le coin de votre tête qui vous rappelle que nous sommes ensemble. »

Eve Simonet

Confrontée à des moments douloureux après la naissance de son fils, Eve Simonet a transformé son expérience individuelle en une réflexion collective sur l'après-accouchement et les premiers moments de la maternité.

Pour Post-partum, le documentaire, elle a interviewé des professionnelles de santé, des autrices et des parents, qui ont réfléchi à comment mieux accompagner les jeunes mères dans cette étape cruciale de leur vie.

Ce livre est le prolongement logique d'années de travail et de rencontres, enrichi de conseils pratiques et concrets délivrés par des expertes du sujet.

Avec les témoignages de…

Ingrid Bayot, sage-femme

Céline Chadelat, journaliste et autrice

Carole Hervé, conseillère en lactation

Audrey Ndjave, infirmière clinicienne en périnatalité

Delphine Petit-Postma, kraamzorg

Anna Roy, sage-femme et autrice

Claire Tran, cofondatrice de l’association Parents et féministes

Illana Weizman, sociologue et autrice

Et d’Alexandra, Alice, Anaïs, Constantin, Élise, Emilie, Eve, Hélène, Julie, Karen, Madeleine, Nina, Pauline, Sévan, Solé, Triana… jeunes parents.

18,95 € MDS : MN32479

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