Si tu ne parviens pas à déchiffrer les messages codés, pas de panique ! Tu pourras toujours trouver la solution à la fin du livre.
Direction : Guillaume Pô
Direction éditoriale : Sarah Malherbe
Édition : Raphaële Glaux
Conception graphique, intérieur et couverture : Studio Primo&Primo
Mise en pages et déclinaison de la couverture : Virginie Langlais
Correction : Aurélie Lacombe
Direction de fabrication : Thierry Dubus
Fabrication : Marie Dubourg
© Fleurus, Paris, 2024, pour l’ensemble de l’ouvrage. www.fleuruseditions.com
ISBN : 978-2-2151-8820-9
MDS : FS88209
Tous droits réservés pour tous pays.
« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. »
CHARLOTTE GROSSETÊTE
JULIETTE FOURNIER & JEAN-GAËL DESCHARD
Mystère à Notre-Dame
Une pierre tombée des tours
Par une superbe journée de juin 1815, deux cousins franchissent la Seine sur le pont de NotreDame. Le soleil fait scintiller le fleuve sous un ciel sans nuages ; mais malgré ce temps estival, quelle atmosphère pesante règne sur Paris ! L’empereur Napoléon vient d’essuyer une défaite cuisante à Waterloo, et l’on s’attend à ce que les ennemis de la France, Anglais, Autrichiens, Prussiens, envahissent la capitale d’un jour à l’autre.
Victor et Émilie sont donc graves, comme les rares passants qui traversent le parvis de la cathédrale. Celle-ci a triste allure : depuis la Révolution, elle est à l’abandon. Ses sculptures sont endommagées sans qu’on se soit soucié de les réparer, sa
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flèche a été démontée, et toute la place est jonchée de débris… Émilie retrousse sa jolie robe de velours.
Son père et celui de Victor exercent ensemble le métier de tailleur, et les tenues ne manquent pas à la maison ; mais le tissu se fait rare en ce temps de pénurie, et il faut être soigneux avec les vêtements.
Un petit objet qui brille au sol attire le regard des cousins. C’est un joli miroir ouvragé, perdu sans doute par une femme riche. Victor et Émilie balaient la place des yeux au cas où ils repéreraient sa propriétaire.
– Ce miroir est à vous ? demande Émilie à une passante.
Celle-ci hausse les épaules.
– Non. Depuis hier, plein de nobles fuient Paris, et dans la pagaille, leurs carrosses trop chargés sèment bon nombre d’objets derrière eux.
– Il est joli, ajoute Émilie en le glissant dans sa poche. Je vais le garder, sauf si vous le voulez ?
– Non, prends-le donc, dit la femme. Je n’en ai vraiment pas besoin.
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Elle s’éloigne. Émilie et Victor s’apprêtent à continuer leur promenade lorsqu’ils voient une pierre tomber du sommet d’une des tours de NotreDame.
– Cette pauvre cathédrale part en miettes, commente Émilie.
Ô surprise ! La pierre déploie des ailes pour freiner sa chute et réussit un vol plané malhabile juste avant d’atterrir !
– C’est un bébé faucon, s’exclame Victor.
À entendre les piaillements pitoyables de l’oisillon tombé au sol, il doit avoir besoin d’aide.
– Pourvu qu’il ne se soit pas cassé quelque chose ! Émilie et son cousin s’élancent, mais les obstacles éparpillés sur la place risquent de les ralentir pour porter assistance à l’oiseau !
Aide nos amis à rejoindre le bébé faucon. Attention aux obstacles !
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– Le pauvre, dit Émilie en recueillant l’oiseau dans sa main.
Il est tout étourdi par son atterissage brutal et tremble encore de peur. Heureusement, ses ailes semblent intactes… Mais ses pattes sont coincées dans deux sortes de réglettes percées de trous !
– Qu’est-ce que c’est ? s’étonne Victor en libérant les serres de l’animal.
– Éloignez-vous de la façade ! crie de loin une mendiante à la voix éraillée.
En rejoignant la vieille femme, Émilie caresse le plumage en bataille de l’oiseau.
– Ça va mieux, Rif ?
– Pourquoi Rif ? demande Victor.
– Il est tout ébouriffé… Dans « ébouriffé », il y a Rif… Ça m’est venu comme ça !
Victor sourit, avant de saluer la vieille dame.
– Pourquoi faut-il s’éloigner, madame ? lui demande Émilie avec curiosité.
– Les chutes de pierre sont nombreuses, les statues s’effritent sans arrêt. Oh, le joli petit oiseau !
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ajoute-t-elle en regardant Rif qu’Émilie a déposé par terre, et qui explore les pavés en titubant.
– Oui, dit Émilie. Il s’était pris les pattes dans ces drôles de réglettes. Il aurait pu mourir en tombant !
La mendiante, intriguée, demande à examiner les réglettes. Elle tire de sa blouse un papier couvert de lettres en désordre.
– Samedi, j’ai trouvé ces écritures à l’intérieur de Notre-Dame. On m’avait embauchée pour balayer un peu… Je les ai gardées pour apprendre les lettres, parce que je ne sais pas lire. Regardez : on dirait qu’il y a un peu partout des cercles de la même taille que les trous de vos réglettes, comme si elles avaient été posées sur le papier et qu’elles l’avaient sali.
Victor et Émilie se penchent sur le morceau de papier et posent une des réglettes sur les lettres.
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F IH O;AUM IWA L :Q L XBE/S R O SQ L UN A ;S5 7A PL T AI È X2: T ZG E D’ GL E E O M M YR A NJ N /L U ; C E WL L
Victor pouffe de rire.
– Qui est cet Emmanuel ? Il a des poux, je suppose ? Cet ordre fait rêver !
À cet instant, le vacarme d’un carrosse arrivant au triple galop surprend les enfants et la mendiante.
Et Rif se trouve sur la trajectoire des chevaux de l’équipage !
– Arrêtez ! s’écrie Émilie.
Le cocher, surpris, tire sur ses rênes.
– Et alors ! vocifère-t-il. Me faire ralentir pour un oiseau !
La porte s’ouvre et une femme luxueusement vêtue descend, furibonde.
– La prochaine fois que vous freinez si fort, Roger, je vous chasse !
– Madame la baronne, excusez-moi, c’est la faute de ces gamins !
En apprenant la cause de cet arrêt brutal, la femme se tourne vers Victor et Émilie et explose de colère. Pour maîtriser son envie de répondre avec insolence, Émilie regarde l’intérieur du carrosse, où
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un miroir reflète une inscription tracée sur une malle de voyage :
PHILADELPHIE À BORD
DESTINATION
MARIE-GALANTE
DE LA
– Les faucons pullulent ici ! continue de crier la baronne. Écraser un de ces voleurs, la belle affaire !
– Pourquoi des voleurs ? s’insurge Victor.
– Ha ! Pendant le sacre de l’empereur en 1804, ici à Notre-Dame, j’étais dame de compagnie et je tenais la traîne de l’impératrice. Je portais une broche en or, en forme d’abeille, emblème de l’Empire. Je l’ai sentie se détacher… Et elle a disparu. Des faucons volaient dans la cathédrale. L’enquête a conclu que le voleur était l’un d’eux !
– L’enquête, s’amuse Victor, réprimant un rire. Qui…
– Madame la baronne, il faut repartir si nous voulons gagner Le Havre avant demain, intervient le cocher.
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Mystère à Notre-Dame
– Vous, taisez-vous ! Et fouettez vos chevaux ! crie l’odieuse femme.
Elle remonte dans le carrosse et claque si fort la porte qu’un blason se détache et se brise en tombant, tandis que les chevaux se remettent en route.
– Bon débarras, murmure Émilie.
Victor se penche sur le blason cassé.
– Un faucon, dit-il.
– Mais non, c’est un aigle, remarque Émilie. Le symbole de Napoléon.
– Dans ce cas, c’est « une » aigle, rétorque Victor qui n’aime pas la contradiction.
– Pourquoi ?
– Car « aigle » est au féminin quand c’est une enseigne nationale ou militaire qui représente un aigle ! répond Victor, d’un ton docte.
Les cousins s’amusent à reconstituer le blason.
Aide Émilie et Victor à recomposer le blason.
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– Ce sont les armoiries de l’empereur, dit Émilie.
– Elle a peut-être volé un carrosse au palais en profitant du désordre ambiant, insinue Victor.
Rif ouvre le bec et pousse un cri plaintif : il a faim…
– Il faut l’aider à remonter dans son nid, s’alarme Émilie en le prenant dans ses mains.
– Tu as raison, dit Victor.
Les cousins s’approchent de Notre-Dame.
Le soldat et le voleur 2
À quelques mètres de la cathédrale, Rif se raidit dans la main d’Émilie, comme si quelque chose l’inquiétait. Les cousins tendent l’oreille et distinguent le bruit d’une lutte derrière un angle de l’édifice.
Bientôt surgit devant eux un jeune homme en haillons, poursuivi par un soldat de l’armée napoléonienne, vêtu d’un uniforme en loques aussi. La course est inégale, car le jeune homme boite.
Pris de pitié, Victor interpelle le soldat en guenilles : – Oh, caporal ! Monsieur le grenadier ! Le soldat s’arrête, surpris.
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– Je ne suis pas grenadier ! grogne-t-il. Je suis dragon !
– Oh, pardon ! répond Victor. Je me mélange toujours les pinceaux, avec les uniformes…
– Qu’est-ce que tu veux ? tonne le soldat.
– Vous dire… vous remercier de votre courage dans toutes ces guerres.
Le soldat hausse les épaules, avant de se rendre compte que le jeune homme qu’il poursuit est très loin. Il pousse un juron et repart en courant. Rif décolle de la main d’Émilie, rejoint le soldat et lui lâche une fiente sur la tête. Le dragon, furieux, s’arrête devant la fontaine, au bout de la place, pour se débarbouiller, avant de disparaître à l’angle des quais. Sa poursuite semble compromise !
– Tu es très fort, le complimente Victor, réjoui, lorsque le faucon revient vers eux.
Les cousins doivent entrer à l’intérieur de NotreDame : c’est le seul moyen d’accéder à la tour d’où est tombé Rif. Hélas ! Ils ont beau faire le tour du sanctuaire, toutes les portes sont verrouillées.
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MÈNE TON ENQUÊTE
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Mystère à Notre-Dame
Ils sont en train de chercher une solution lorsqu’un chuchotement leur parvient :
– Psst !
Ils ont la surprise de voir la tête du fugitif émerger de derrière un muret, non loin d’eux. Il a fait tout un tour dans le quartier pour revenir devant NotreDame !
– Merci de m’avoir aidé. Si vous voulez entrer, repérez la porte ornée d’une décoration en fer forgé qui ressemble à la médaille de la Légion d’honneur.
Vous y verrez un ornement métallique ayant la forme d’un 6, en face d’un autre semblable à un 9. Ce 6 se détache parce qu’il est abîmé, et sa pointe permet de crocheter la serrure.
– Comment savez-vous… ? demande Victor.
Penaud, le jeune homme répond :
– J’ai faim, les temps sont durs… Je suis entré dans Notre-Dame avec l’idée d’y trouver un objet à vendre pour nourrir ma famille. Ce soldat m’a vu et…
Sans ajouter un mot, le jeune cambrioleur s’éloigne. Victor et Émilie se mettent en quête de la
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bonne porte. Ils longent Notre-Dame et s’arrêtent à chaque porte pour en scruter attentivement les lourds battants de bois anciens. Quelles ferronneries magnifiques les décorent ! Les artisans du Moyen Âge se sont surpassés.
– Mon problème, dit Émilie, c’est que je ne vois pas très bien à quoi ressemble la Légion d’honneur…
De plus, c’est absurde, puisque cette médaille a été créée par Napoléon. Elle n’existait pas au Moyen Âge et je ne vois pas comment on la trouverait sur une porte datant de cette époque.
Victor secoue la tête.
– La Légion d’honneur était sur le blason qu’on a reconstitué. Sa forme est assez classique, on peut espérer trouver des ressemblances dans un motif ancien…
Parmi ces 4 portes, repère celle qui permet d’entrer dans Notre-Dame !
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Une fois dans la nef, les cousins sentent leur cœur se serrer. L’intérieur de la cathédrale est aussi délabré que l’extérieur.
– C’est incroyable que l’empereur ait été sacré ici il y a dix ans ! s’exclame Victor, sa voix résonnant sous les voûtes gothiques.
– Il avait fait mettre des tentures cache-misère, répond Émilie. C’est papa qui me l’a raconté. Tu sais, nos pères ont participé à la décoration des piliers.
Rif s’est mis à voleter dans la cathédrale. Les enfants le voient s’approcher d’une gargouille posée par terre au milieu d’un bric-à-brac d’outils, sans doute du matériel de sculpteur ou de tailleur de pierre. Peut-être l’a-t-on mise là pour recueillir l’eau de pluie qui s’infiltre par les voûtes, car son bassin est plein à ras bord. Rif s’y perche pour boire.
– C’est bizarre, fait remarquer Victor. Une gargouille est faite pour recracher l’eau, non ?
Comment se fait-il que celle-ci la retienne ?
– Le tuyau d’écoulement doit être bouché…
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à Notre-Dame
Comment en sonder l’intérieur ? L’embout du tuyau de la gargouille a une forme particulière. Victor et Émilie l’observent avec attention, puis ils regardent les nombreux outils éparpillés sur le sol. L’un d’eux conviendrait-il pour déboucher le conduit ?
À ton avis, quel outil est le mieux adapté
?
Mystère
– C’est la pince qu’il faut prendre ! proteste Émilie en voyant son cousin attraper un couteau à peindre dont la forme ressemble à celle du tuyau. Si quelque chose bloque l’intérieur, il vaut mieux dégager ce bouchon en tirant dessus ! – Tu as raison, reconnaît Victor.
Il introduit et manipule la pince dans le conduit et la ressort en tenant un trophée arraché du tuyau : une boule de velours rouge ! La gargouille débouchée laisse subitement passer l’eau, qui cascade sur le plancher. Rif s’envole avec un piaillement indigné.
Victor déplie l’étoffe et découvre un papier trempé ! Un message y est inscrit. Tracées avec ce « crayon à papier » inventé il y a dix ans, les lettres se sont estompées à cause de l’eau, mais l’auteur a appuyé si fort la mine sur la feuille qu’on peut lire le message au verso, la phrase étant restée en relief. Émilie est décidément contente d’avoir ramassé le joli miroir égaré sur le parvis : il lui est très utile !
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QUI SUIS
MOI
VIENS ME VOIR
FÉMININ AU PLURIEL ET
– La barbe ! Je n’arrive pas à lire la fin, peste Émilie en tendant le papier à son cousin.
Celui-ci plisse les yeux pour s’efforcer de déchiffrer la suite, sans succès. Tandis qu’il scrute les lettres mal formées, Émilie commente :
– Il faut trouver un aigle ! Le message parle de quelque chose qui devient féminin...
– Au pluriel, répond Victor ! Ce n’est pas la même chose.
Mais sa cousine ne l’écoute pas.
Elle aperçoit un bel aigle en bois sculpté qui sert de soutien à un pupitre. Il n’est manifestement pas à sa place ; il se trouve abandonné contre un pilier, sous un vitrail. Est-ce encore un signe du désordre qui règne dans la cathédrale ou l’a-t-on posé là exprès ? Tandis qu’elle s’approche pour examiner l’objet, l’écho de la nef lui apporte la voix de Victor :
Mystère
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à Notre-Dame
– Je crois comprendre la suite du message ! Ou plutôt, je crois voir une série de lettres qui ne veut rien dire telle quelle. À mon avis, il faut essayer avec les réglettes !
Émilie revient à ses côtés et ils appliquent une des deux réglettes ensemble.
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Les cousins échangent un regard perplexe.
Quoique cohérent, ce message manque de clarté !
Émilie entraîne toutefois Victor vers la statue de l’aigle où elle espère trouver un indice.
Le bruit de leurs pas est soudain couvert par le grincement d’une porte qui s’ouvre. Le cœur battant, car ils n’ont rien à faire à l’intérieur de la cathédrale, Victor et sa cousine se figent contre le pilier.
MÈNE TON ENQUÊTE
Dans la collection
À l’Opéra de Paris Au chateau de Versailles Au cinéma hanté
Espions et Compagnie
Menace sur le Louvre Chez les dieux grecs
Mystère au ballet Dans les coulisses de la mode
Au temps des pyramides À l’ère des dinosaures Au royaume des licornes
Dans la station spatiale
Au royaume des sirènes
Au cœur de la Résistance À l'attaque du chateau !
Au temps des Samouraïs
Menace sur la tour Eiffel Complot à la cour du Roi-Soleil
À l’abordage !
Complot au club de foot
Intrigue chez le Pharaon
14,90 € France TTC www.fleuruseditions.com