Femmes militantes

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23 portraits qui nous inspirent militantes Femmes

Alice Dussutour Anne Lanoe
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militantes Femmes

23 portraits qui nous inspirent

Alice Dussutour Anne Lanoe
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À mes parents

Direction : Guillaume Pô

Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Audrey Bourset

Direction artistique : Bleuenn Auffret Mise en pages : Pauline Sorel

Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sonia Romeo

© 2022, Fleurus Éditions, Paris 57, rue Gaston-Tessier, CS 50061, 75166 Paris cedex 19 www.fleuruseditions.com

Tous droits réservés pour tous pays.

Dépôt légal : octobre 2022 ISBN : 9782215179771

Code MDS : FS79771

Numéro d’édition : J22215

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.

Achevé d’imprimer en septembre 2022 par Interak en Pologne. Produit composé de matériaux certifiés FSC® et de matériaux contrôlés. Cet ouvrage est imprimé grâce à des encres à base d’huile végétale, garantissant la démarche de développement durable de l’éditeur et de l’imprimeur.

Des militantes et des « fées » ministes pour nous guider

Militer est un acte courageux. Qui plus est quand on est une femme.

Les portraits de militantes présentés dans ce livre par ordre chronologique nous prouvent, qu’au cours de l’histoire, les femmes ont dû se battre et militer ardemment pour conquérir chaque droit. Le droit de s’exprimer en public comme le défendit en son temps Olympe de Gouges, le droit d’aller à l’école et de s’instruire comme le réclamèrent Louise Michel, les Mujeres libres ou plus récemment Malala, le droit de voter comme le revendiquèrent les Suffragettes, le droit à disposer de son corps et à choisir ou non de porter un enfant comme le martèlent les féministes du monde entier.

Mais loin de s’engager pour le seul compte des femmes, beaucoup de militantes assoiffées de justice ont aussi fait avancer la cause de tous et l’humanité dans son ensemble en défendant les exploités et les exclus, en se battant contre la ségrégation raciale*, en alertant le monde entier sur la nécessité de préserver l’environnement ou en clamant le droit à une libre orientation sexuelle.

Dans un bel élan de sororité, certaines se sont même associées pour parler d’une même voix et faire tomber les barrières de la société patriarcale* pour un monde plus juste et plus égalitaire.

Quoi de plus beau que les femmes unies au sein du Gulabi Gang indien pour défendre les femmes opprimées par leur mari ou empêcher les mariages forcés des très jeunes filles ?

Moquées, diabolisées, jetées en prison et parfois brutalisées, les militantes dont il est question dans ce livre ont souvent payé cher leur engagement mais constituent des modèles de courage et d’altruisme qui forcent le respect et nous engagent à défendre leurs acquis.

Car rien n’est plus fragile que la liberté et, alors que le droit à l’avortement est remis en cause aux États-Unis, que les religieux talibans interdisent aux filles d’aller à l’école en Afghanistan et que le racisme et l’homophobie détruisent encore des vies, il nous revient à tous de rester vigilants et de porter haut et fort le message des féministes et des militantes pour l’égalité des droits. Toutes pour une ou un, une pour toutes et tous !

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Olympe

De Gouges

1748-1793

Marie Gouze, qui prendra plus tard le pseudonyme d’Olympe de Gouges, naît le 7 mai 1748 à Montauban. Élevée au sein de la petite bourgeoisie, alors que son père naturel est un noble, la jeune fille a un peu d’éducation. Mais, chose plus rare à son époque, Marie a des idées politiques très arrêtées sur des sujets jusque-là interdits aux femmes, et elle va se permettre de les dire et de les écrire dans des pièces de théâtre, sur des affiches et dans des brochures politiques.

Comme beaucoup de jeunes filles de son époque, Marie Gouze est mariée contre son gré, à l’âge de 17 ans, à un homme de trente ans son aîné, Louis-Yves Aubry.

– Être mariée à un commerçant-traiteur qui ne sait rien à rien, quelle déveine, soupire-t-elle dépitée.

Si la jeune fille n’aime guère son mari, un « vieillard poudré », elle est en revanche très attachée à son fils qu’elle met au monde peu de temps après son mariage.

Or, son mari meurt très vite et Marie, devenue veuve, profite de cette nouvelle liberté pour écrire et aller vivre à Paris en 1770.

Encouragée et soutenue financièrement par son nouveau compagnon, Jacques Bietrix de Rozières, qu’elle refuse d’épouser pour garder sa liberté et parce que « le mariage est le tombeau de l’amour et de la confiance », elle fréquente les milieux littéraires parisiens et va trouver dans la marquise de Montesson, une véritable mécène.

– Je crois en vous et en votre talent. Si vous voulez, je ferai en sorte que votre pièce de théâtre Zamore et Mirza soit jouée à la Comédie française.

– À la Comédie française ?! Mais ce serait une gloire ! s’enthousiasme Marie, qui se fait désormais appeler Olympe de Gouges.

Hélas, sa pièce, qui relate l’histoire de deux esclaves amoureux et dénonce la traite des Noirs, fait scandale. On ne réclame pas impunément l’abolition de l’esclavage en 1784. Qui plus est quand on est une femme ! Olympe manque d’être emprisonnée à la Bastille et sa pièce ne sera que très peu jouée.

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Il en faut plus pour faire taire cette assoiffée de justice et, dès 1788, Olympe de Gouges propose dans sa Lettre au peuple , qu’elle adresse au roi Louis XVI, un impôt patriotique exceptionnel pour sauver le royaume de la ruine.

On a faim en France, la révolte gronde. Quand la Révolution française éclate en juillet 1789, elle prend part aux réunions publiques, écrit des brochures politiques et assiste aux séances de la nouvelle Assemblée nationale constituante*, même si elle n’a pas le droit d’y prendre la parole.

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Un vent de liberté souffle soudain, et particulièrement à Paris où les femmes participent activement à la Révolution. Aussi quelle n’est pas la déception d’Olympe quand elle comprend que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen , proclamée le 26 août 1789 exclue, par son nom même, les femmes.

– La Révolution nous a permis de nous exprimer mais les hommes ne veulent pas nous reconnaître en tant que citoyennes. J’enrage ! Qu’à cela ne tienne, je continuerai de faire entendre ma voix !

En septembre 1791, elle rédige donc la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et affirme dans l’article premier que « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Elle réclame par ailleurs le droit de s’exprimer politiquement et en public : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud. Elle doit avoir également le droit de monter à la tribune ». Argument imparable.

Libre dans sa parole comme dans ses actes, Olympe de Gouges se mêle de tous les sujets. Elle imagine la création de maternités ou de lieux d’accueil pour les plus démunis et réclame le remplacement du mariage religieux par un contrat social entre l’homme et la femme – ce qui sous-entend le divorce. Elle se propose même d’être l’avocate du roi Louis XVI après son arrestation car, selon elle, « le roi est coupable, mais pas l’homme ».

Mais ses idées politiques avant-gardistes et son rejet de la violence et de la peine de mort passent mal. Olympe de Gouges se fait beaucoup d’ennemis et déchaîne la colère de Robespierre, un député Montagnard* qui a instauré la Terreur* et traque les « traîtres ». Aussi est-elle arrêtée en juillet 1793 après avoir critiqué l’arrestation des députés Girondins*, plus modérés, et osé défier Robespierre, dans un texte intitulé Les Trois Urnes . Jetée en prison durant de longs mois, Olympe de Gouges est guillotinée sur l’actuelle place de la Concorde, le 3 novembre 1793.

Critiquée et moquée de son vivant, longtemps oubliée par l’histoire, Olympe de Gouges est enfin reconnue comme l’une des pionnières du féminisme et de l’égalité des droits. Son buste de marbre blanc trône fièrement depuis 2016 à l’Assemblée nationale. Une belle revanche pour celle qui rêvait de monter à la tribune.

* Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dans le lexique page 76.

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militantes Femmes

Olympe de Gouges, Angela Davis, Gisèle Halimi, Malala… Autant de femmes engagées qui ont porté un combat et œuvré pour plus de justice et d’égalité.

Militantes des droits des femmes ou des opprimés, défenseuses de l’environnement, activistes pour le droit à une orientation sexuelle libre ou à disposer de son corps, penseuses libertaires…

Découvre vingt-trois portraits de femmes qui ont fait bouger le monde !

Avec force et détermination, elles ont bravé les interdits, essuyé critiques et menaces mais porté haut et fort la voix de leur engagement. Leur histoire et leur courage nous inspirent !

www.fleuruseditions.com MDS : FS79771 19,95 € TTC France

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