FdM 2017 Revue de presse - Sélection d'articles

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15 JuIn › 09 JuIllet 2017

Revue de presse - Sélection d’articles


The Financial Times 5 et 6 mars 2017


LES INROCKUPTIBLES Date : 14/20 JUIN 17 Journaliste : Patrick Sourd

Périodicité : Hebdomadaire OJD : 35898

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dans le labyrinthe Scandalisé par i indigence des politiques européennes quant a la crise des réfugiés, Brett Bailey crée avec Sanctuary une installation pour rendre hommage aux morts et s'attacher à la consolation des vivants est a Athenes au Stone Warehouse un entrepôt desaffecte du portdu Piree que nous avons découvert ta derniere creation de lartiste sud-africain Brett Bailey Aléas des errances de la politique d accueil de I Union europeenne I immense parking qui entoure la friche industrielle s était transforme il y a un an en un camp de fortune reunissant des milliers de réfugies Aujourd hui s approcher du lieu du spectacle s apparente a la traversee d un no man s land Depuis la fermeture de la route des Balkans et laccord passe entre I Europe et la Turquie on ne voit désormais plus ame qui vive dans cette partie des docks

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S inspirant du mythe du Minotaure créature enfermée dans un labyrinthe sur I ile de Crete Brett Bailey nous rappelle la legende qui voulait qu on lui apporte en offrande tous les neuf ans sept jeunes femmes et sept jeunes hommes pour apaiser sa fureur Ce monstre qui s avère être le petit-fils de la princesse Europe les dévorait alors sans autre forme de proces Usant de cette métaphore pour honorer la memoire des morts et dénoncer (absence d humanite envers des vivants qui tentent de gagner une terre de paix Brett Bailey a conçu Sanctuary sur le parcours d un labyrinthe decoupe en huit stations Pour eviter qu ils ne s envolent au gré du vent,

les rideaux noirs qui encadrent I entree du batiment sont lestes de lourdes chaines d acier Leurs maillons raclent sans arret le sol La sinistre musique qu ils produisent nous accompagne alors qu on pénètre dans I enceinte Lmstallation se découvre par petits groupes et nécessite I acceptation de regles strictes qui constituent son mode d emploi demeurer silencieux et attendre qu une green light s allume pour passer a I etape suivante Progressant dans un couloir cadre par de hautes parois grillagées surmontées de rouleaux de fil de fer barbelé nous sommes cinq a parcourir la pénombre des méandres a angle droit du dédale MARSEILLE2 4829161500503


LES INROCKUPTIBLES Date : 14/20 JUIN 17 Journaliste : Patrick Sourd

Périodicité : Hebdomadaire OJD : 35898

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Les pauses accordées nous confrontent à une serie de tableaux vivants Des performeurs solitaires témoignent Aux visions d une Europe de carte postale succèdent la solitude d'un père rassurant son enfant, le cérémonial de deuil d'un frère, la détresse d'une femme obligée de se prostituer pour rembourser les passeurs Le ton de la confidence est une invite au partage, chaque récit une douleur qui s épanche Lin fil rouge - pareil à celui mythique d'Ariane - trace sa route indépendamment de la nôtre, comme une promesse d'espoir Entre le carcéral et le compassionnel, entre les lumières des miradors et celles des centaines de bougies d'un mémorial, Sanctuarya la volonté de tenir à distance la violence pour s ériger en havre de vérités au milieu de la tourmente Patrick Sourd Sanctuary concept et direction artistique Brett Bailey, du 16 au 21 juin, Festival de Marseille, Friche la Belle de Mai

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Date : 15 JUIN 17 Journaliste : ÈVE BEAUVALLET Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Chores du sud Jan Goossens Nouveau directeur artistique du festival de Marseille, ce Flamand cosmopolite amoureux de l'Afrique veut multiplier les coopérations Nord-Sud.

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Date : 15 JUIN 17 Journaliste : ÈVE BEAUVALLET Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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n ne veut pas paraître impolie. Maîs on lui rappelle quand même en arrivant qu'un des premiers détails qu'observé un journaliste concentré sur son exercice balzacien, c'est le décor dans lequel son personnage lui donne rendez-vous. Parce que là, il y a comme un souci de cohérence. On vient rencontrer un pourfendeur de l'establishment culturel, un briseur de ronron patrimonial, un globe-trotter engagé, nez au vent, sur le front des problématiques postcoloniales, un Bruxellois cosmopolite. Et on atterrit ^^^^^^^^_ place du Châtelet à Paris, épicentre du gratin théâtral, dans une brasserie bonbonnière avec tapisserie IOU % Jane Austen et best-of d'André Rieu (ou assimilé) dans les baffles. On la refait? «C'était par simple commodité géographique !» Soit. Ou pour le clin d'œil sarcastique ? Jan Goossens est bien trop affable pour ça. Enfin quoique. S'il avait mieux réfléchi à la scénographie de notre rencontre, ajoute-t-il, il aurait sans doute opté pour ce lieu hybride entre café et espace de débat politique qui a ouvert l'automne dernier dans le quartier de la gare de l'Est, ce «resto-agora» créé par le plasticien Kader Attia et dont l'évocation du nom vient faire pétiller son regard de guerrier déterminé : «C'est un café

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qui s'appelle La Colonie. J'aime bien... Parce que qui colonise qui exactement ? Pas toujours celui qu'on croit.» La phrase sonne dans sa bouche comme une devise. Un leitmotiv. Jan Goossens est un presque quinqua au charisme enveloppant, qui accueille son interlocuteur d'une vraie bise, avec paluche ferme et concernée maintenant votre épaule. Et c'est dire s'il en faut, de la stature, pour opérer dans le paysage marseillais la mutation culturelle qu'il espère. Depuis deux ans, ce directeur artistique belge flamand visiblement chéri des artistes a repris les rênes du festival de Marseille, un événement depuis vingt ans, célébré hier pour avoir programme le gotha de la chorégraphie internationale, et qui amorce cette année sous sa direction un virage à 180 degrés. Dans la seconde ville de France, où la sociologie du public et des artistes est encore, et sans doute plus qu'ailleurs, ultra-homogène, Goossens entend bien mouiller le maillot pour diversifier les salles et les récits. Il a une tactique : inscrire la programmation au cœur des problématiques brûlantes de mobilité et d'immigration, en multipliant les collaborations «Sud-Nord». En pratique, ça donne : inviter des artistes d'envergure internationale, à l'instar du Sud-AM-

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Date : 15 JUIN 17 Journaliste : ÈVE BEAUVALLET Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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cam Brett Bailey, a travailler plusieurs semaines sur place avec des réfugies Le mode opératoire est le même que celui qui fit sa renommée a la direction du «KVS», lui qui a radicalement ouvert ce theâtre municipal de Bruxelles aux créateurs venus du Congo et du bassin méditerranéen, en obligeant l'intelligentsia a acter le fait suivant «Dans des villes comme Bruxelles et Marseille, traversees plus que d'autres par les vagues d'immigration, les artistes et operateurs culturels venus d'Afrique font partie intégrante du patrimoine culturel local » Un positionnement qui, sans surprise, n'est pas franchement passe creme dans toutes les sphères politiques (la droite flamande le lui a plusieurs fois fait comprendre) D'autant que sous la patience de velours de ce maître zen «peu doue pour le découragement» perce une conviction en fer «IIfaut des quotas ethniques et de la discrimination positive » C'est peu ou prou la réponse a la question qu'il trimballe mdefectiblement comme une boussole «Tu vis ou et tu fais quoi pour le contexte dans lequel tu es ancre ?» II la doit a son pere, Paul Goossens, un célèbre journaliste éditorialiste qui s'autopromeut sur Twitter en «marxiste europeen, antmationaliste et soixante-huitard», notamment connu pour avoir suivi les affaires de Mobutu au Congo Le lien initial avec ce Kmsnasa qui le fait tant vibrer vient de ce côte-la Et les attaches se resserreront grace aux tacles du metteur en scene americain Peter Sellars, son ami et principal confident «Quand, sans être jamais aile en Af rique, fai voulu monter un projet théâtral sur le passe colonial de la Belgique avec mon ami, l'auteur David Van Reybrouck, Peter Sellars 1971 Naissance m'a dit "Tu ne peux pas te ha Anvers mitera ça, ça reste une piece 2OO1 Directeur d'auteur blanc qui se artistique du KVS sent coupable "» S'ensuivra de Bruxelles des 2005 une longue serie de 2O15 Directeur voyages au Congo a l'issue artistique du festival desquels Van Reybrouck de Marseille écrira Mission, puis Congo, 15 juin-9 juillet 2O17 une histoire (prix Medicis Le festival de Marseille Essai 2012) avec Brett Bailey, Goossens, lui, précisera peu Jerôme Bel ou Stefan Kaegi

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a peu son intuition «J'ai le temps, maîs c'est en Afrique qu'est mon avenir » D'autant qu'au Mali vivent aujourd'hui sa fille de 2 ans, Lima Miriam, et sa compagne, la chanteuse Rokia Traore, rencontrée au KVS lorsqu'elle chantait dans le Desdemona de Peter Sellars «Tout est a fleur de peau la-bas Dix fois plus créatif et intense A côte, l'Europe donne l'impression d'être un mélange entre une compagnie d'assurances et une maison de repos » Goossens n'en est pas moins epidermiquement proeuropeen La-dessus («pas sur tout»), il rejoint Emmanuel Macron, «parce qu'il arrive a parler du projet europeen comme d'un outil a transformer» L'autre point de convergence, c'est sans doute cette envie d'en finir avec le vieux mythe finkielkrautien d''«identité culturelle» «Comme ma mere, si mal a l'aise avec le chauvinisme flamand, je me sens profondement bruxellois » Traduction attachement au plurilmguisme et a une ville-carrefour «ou des gens qui ne partagent pas dépasse doivent néanmoins construire un avenir commun A Bruxelles, c'est pas de la théorie» II en développe une autre sur Marseille, cette ville «hybride» dont il se fait l'ambassadeur zèle contre tous les Français qui s'en méfient «Je suis agace quand j'entends des operateurs marseillais me dire qu'ici on n'est pas dans une capitale Laissons Pans être la capitale de la France Marseille, plaque tournante entre le Nord et le Sud, est une des capitales de la Mediterranee Battons-nous pour ça » En attendant de voir si le milieu culturel local embrasse ou non son combat, il a choisi de vivre a Malmousque, quartier agréable et excentre qui lui permet d'aller nager tous les matins, regard tourne vers l'autre côte de la Mediterranee En hiver, le bordel du centre-ville lui manque Le quai des Belges d'abord L'énergie du quartier maghrébin de Noailles ensuite La-bas, rue daubagne, il déjeune souvent dans la seule petite épicerie «unpeu bobo sophistiquée» du quartier, qu'il défend comme un embryon de mixite Parlez-lui d'ersatz de gentrification, il vous rira au nez «La question, c'est plutôt l'inverse combien de temps l'épicerie va résister? Il est possible que dans deux ans elle ait déjà demenage » Et lui' -*• Par ÈVE BEAUVALLET Photo OLIVIER MONGE. MYOP

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Date : 18/19 JUIN 17 Journaliste : BRIGITTE SALINO Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 269584

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CULTURE Brett Bailey plonge nos yeux dans ceux des réfugiés Au Festival de Marseille, le metteur en scène sud-africain présente sa nouvelle création, « Sanctuary »

THEATRE MARSEILLE - envoyée spéciale

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rett Bailey est de retour. En 2014, le metteur en scène et plasticien sudafricain avait suscité une polémique avec Exhibit B, inspire des « zoos humains » en vogue en Europe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cette installation, qui invitait les spectateurs à déambuler devant des tableaux vivants, était conçue comme une réflexion sur le colonialisme. Elle provoqua une bagarre inédite: des militants antiracistes s'en prirent à un spectacle antiraciste. Ce fut violent (on en vint aux mains), et édifiant. Si la question politique prit une telle place - aussi indéfendable que fût la position de ceux qui voulurent faire interdire Exhibit B- c'est parce que l'installation soulevait une question esthétique : celle de la reproduction de la réalité, qui ne peut se contenter du réalisme, dans des matières aussi sensibles que le colonialisme et son héritage. Brett Bailey en a tiré les leçons. En grande partie, du moins, comme le montre Sanctuary, présente en ouverture de la 22e édition du Festival de Marseille, désormais dirigé par le Flamand Jan Goossens, qui accorde une place

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plus grande au théâtre (on y verra 1993, la nouvelle création de Julien Gosselin) et propose un focus sur l'Afrique subsaharienne, en liaison avec celui du Festival d'Avignon. Sanctuary arrive dans la cité phocéenne après avoir été créé à Athènes, en mai, puis présente à Hambourg. Les trois villes sont coproductrices de cette création, qui a un point commun avec Exhibit B : on y déambule. Mais dans un labyrinthe, cette fois. Témoignages

Les spectateurs franchissent un rideau noir suspendu à une structure en fer coiffée de fils barbelés. Ils commencent par voir un film qui enchaîne des images touristiques de Grèce, Italie, Allemagne et France. Puis, au fil de couloirs étroits, ils vont d'espace en espace. Dans le premier, un homme se tient debout dans une armoire. Il a un bébé dans les bras, enveloppé dans une couverture. Au sol, des chaussures en vrac et des images pieuses. Ecrits sur un carton, ces mots, adressés au bébé : « Ta mère te sourit depuis le ciel. Le soleil se lève pour toi. » L'homme vient de Syrie. Il ne dit rien. Les suivants aussi se taisent. Dans chaque espace s'écrit une histoire différente, qui toujours a trait à la fuite vers l'Europe. Brett Bailey a recueilli des témoignages

de réfugiés, et il a demande à des performeurs, athéniens, hambourgeois et marseillais, de les incarner. Inutile de préciser ce qu'ils racontent : les journaux en parlent tous les jours. Les corps et les objets en disent plus que les mots, qui sont rares, dans Sanctuary. Ce qui importe, c'est le regard de celle ou celui qui est là, face aux spectateurs qui le regardent, dans un espace chaque fois différent. Et ce regard dit : «Je vois que tu ne me vois pas », comme on le lit sur un écriteau qu'une femme porte sur la poitrine. Tout est là. Et bien là. Même s'il pèche par quèlques notes discordantes (en faisant croire aux spectateurs qu'ils peuvent se mettre dans la peau de réfugiés contraints d'attendre devant une porte close, ou en allant trop vite à la fin, avec le regard «inversé» d'un Allemand et d'une Française), Brett Bailey nous éloigne des images qui trop souvent réduisent les réfugiés à des posts sur Facebook, et nous met face à eux, que nous voyons tous les jours dans les rues, sans les regarder. • BRIGITTE SALINO

y, de Brett Bailey. Friche La Belle de mai, jusqu'au 2l juin. Festival de Marseille, lj, rue de la République, Marseille 2e. Tél. : 04-91-99-02-50. Festivaldemarseille.com.

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Date : 18/06/2017 Heure : 08:44:07 Journaliste : Muriel Maalouf

www.rfi.fr Pays : France Dynamisme : 0 Page 1/1

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Bret Bailey au Festival de Marseille

Lien : http://www.rfi.fr/emission/20170618-festival-marseille-bret-bailey-sanctuary Brett Bailey à propos de Sanctuary (capture d'écran). festivaldemarseille.com Le Festival de Marseille vient de s'ouvrir avec notamment une pièce de l'artiste sud-africain Bret Bailey. Après «Exibit B» où l'artiste s'était attaqué au problème racial en Europe, «Sanctuary» pose la question des migrants et le regard que l'on porte sur eux. «Sanctuary» de Bret Bailey se joue jusqu'au 21 juin au Festival de Marseille.

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De Standaard

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De Standaard

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ZATERDAG 17, ZONDAG 18 JUNI 2017

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'Ik wil niet de Jan Fabre van Mai·seille worden. Ik ben niet naar het zuiden van Frankrijk gekomen om hier alleen maar Belgische artiestcn te programmeren' ke elite is dat helaas ook. Hoe creëer je een leidende klasse die even divers is als de Franse voetbalploeg? Dat is een uitdaging voor heel Frankrijk, maar in het bijzonder voor Marseille.' Zal Macron dat veranderen?

'lk ben hoopvol. Macron zei al dat hij zich niet interesseert in dé Franse cultuur, maar in cultuur in Frankrijk. Dat is een we­ zenlijk nuanceverscbil. Macron was de eni­ ge kandidaat die niet vertrok van wat Frankrijk allemaal te verliezen, maar wel te winnen had. Het glorieuze verleden van Frankrijk komt immers niet meer terug. Met zijn positiviteit geeft Macron een on­ gelooflijke injectie van zuurstof aan dit in­ gedommelde land.' Heb je het schandaal rond Samusocial ge­

��? 'Ja, dat was een zeer deprimerende affaire. Maar bet verbaast me helaas niet. Er is in Brussel een enorme zelfbediening die samenhangt met een decennialange ver­ wevenheid met de macht. Ik denk echt dat er in België en in Brussel een nieuwe gene­ ratie politici nodig is om dit te veranderen, net als een andere partijpolitieke verkave­ ling. Zowel het logge, oude en zelfgenoeg­ zame Franstalige socialisme als het arro­ gante, kille en meedogenloze Vlaams-nati­ onalisme bieden voor mij geen garantie op een waardevolle toekomst. België heeft een nieuwe wind nodig zoals Macron die biedt.' Hoe lang zie je jezelf nog blijven in Marseil­ le?

'Daar wil ik nu geen termijn op plakken. Misschien drie, vijf of zeven jaar. Mijn va­ lies staat altijd klaar om te vertrekken als men mij niet meer wil. Maar vooralsnog heb ik genoeg plannen hier.' Zie je jezelf nog terugkeren naar België?

'Zeg nooit nooit, maar voorlopig niet. Na vijftien jaar Brussel en een periode in Marseille zou het voor mij erg moeilijk zijn om in Antwerpen of Lyon te gaan werken. Daar heb ik niets te zoeken. Mijn grootste talent en ambitie ligt in die uitwisseling met het zuiden. Dus de kans is groot dat ik hierna naar Afrika verhuis. Op cultureel vlak is dat onontgonnen terrein waar ik nog écht een verschil zou kunnen maken. Ik programmeer nu al mee het festival Dream City in Tunis en ben ook betrokken bij de culturele stichting van mijn vrouw Rokia Traoré in Bamako.' Je pendelt samen met haar en jullie dochter tussen Marseille en Mali. 1s zo'n langeaf­ standsrelatie houdbaàr?

'Dat is zeer lastig. Op dat gebied ligt mijn leven helemaal nog niet in de goede plooi. Ik heb lang gewacht met kinderen en nu ik er eentje heb, zie ik haar te weinig. Dat doet zeker pijn. Maar ik probeer één keer per maand in Bamako te zijn. Volgen­ de week komt Rokia naar hier, want ze speelt in een nieuwe creatie op het Festival d'Avignon. In augustus nemen we dan sa­ men vakantie. Ons langetermijnperspec­ tief ligt zeker in Bamako. Dat wist ik al toen we aan onze relatie begonnen. Mar­ seille is voor mij een tussenfase op weg naar Afrika. Mijn Malinese paspoort zit in de pijplijn. En voorlopig groeit onze doch­ ter op in twee landen en in drie talen. Dat is een enorme rijkdom waar ze de rest van haar leven uit zal kunnen putten.' Jan Goossens: 'Hier is veel sociale miserie, maar er zijn hier nog geen aanslagen geweest. Leven en laten leven, lijkt de ingesteld­ heid van deze stad.' © Danny Willems

Festival de Marseille loopt tot 9 juli. .J


Diffusion : Mardi 20 juin à 13h Durée : 2 min Sujet : Spectacle Sanctuary Journaliste : Stéphane Capron Lien : https://www.franceinter.fr/embed/player/aod/631fe492-d8fd-4e09a38a-438b1c96b5d6


La Croix

22 juin 2017


Date : 21/06/2017 Heure : 12:55:22 Journaliste : Aliette de Broqua

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Sanctuary de Brett Bailey : un hommage du théâtre aux migrants

Après «Exhibit B», sur les «zoos humains», l'artiste sud-africain Brett Bailey présente «Sanctuary», sur les flux de migrants d'Afrique noire, au Festival de Marseille. - Crédits photo : Festival de Marseille NOUS Y ÉTIONS - L'artiste sud-africain présente au Festival de Marseille une performance en une dizaine de tableaux retraçant le parcours de réfugiés. Jusqu'au 21 juin dans la cité phocéenne, avant d'autres dates européennes. Après Exhibit B , une «exposition-théâtre» sur les «zoos humains» d'abord présentée sans vague en 2013 au Festival d'Avignon puis en déclenchant une grosse polémique un an plus tard à Saint-Denis, revoici Brett Bailey en France, au Festival de Marseille , qui s'achève ce 21 juin. Cette fois, c'est le thème des migrants qui est au cœur de son travail. Le Sud-Africain a vécu la fin de l'apartheid, les flux de migrants venu d'autres pays d'Afrique noire et vu «les classes populaires céder aux tentations xénophobes du rejet de l'autre et du repli sur soi». Alors, traiter de la crise migratoire à laquelle est confrontée l'Europe aujourd'hui a été «une évidence» pour l'artiste. Sanctuary , une performance installée dans le parking sous terrain de la Friche de la Belle de Mai, est une déambulation dans un labyrinthe de murs noirs grillagés surmontés de rouleaux de fil de fer barbelés où sont accrochés quelques vêtements abandonnés. Le parcours se fait par groupe de sept personnes introduites dans le couloir une par une, sans retour en arrière possible. Un guide vous indique la marche à suivre d'un ton sec avec un visage fermé au son d'une

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Date : 21/06/2017 Heure : 12:55:22 Journaliste : Aliette de Broqua

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musique anxiogène. Pour vivre ce que vivent les migrants? Une dizaine de tableaux se succèdent racontant des situations difficiles vécues par des réfugiés. Ici, un homme venu de Syrie à l'air désespéré, un bébé enveloppé dans une couverture dans les bras au milieu de tas de détritus et un écriteau indiquant «ta mère te sourit depuis le ciel». Là, une femme dans une chaise roulante déroulant des cartons racontant qu'elle a été enlevée, violée puis revendue. Ou encore une autre femme en soutien-gorge le regard vide dans une vitrine de peep show…. Les tableaux ont été conçus à partir de témoignages réels À la fin, deux tableaux représentent des regards d'Européens comme cette femme dans son salon en train de regarder Marine Le Pen à la télévision, et débitant des «Tu es mon ange», «Tu me combleras»… Ou cet Allemand inquiet pour sa petite amie de la présence de «tous ces célibataires, sans leur famille, sans leur femme. Il y a des hommes partout sur chaque banc» du parc où il avait l'habitude d'aller. Ces performeurs, non professionnels, ne jouent pas leur propre rôle, même si certains sont réfugiés ou employés d'ONG ou enfant d'immigrés rencontrés à Hambourg, Athènes ou Marseille. Parmi eux: Karam Al Kafri, réfugié syrien de 24 ans, Françoise Hémy, militante marseillaise de 74 ans, Magd Assad, réfugié syrien de 36 ans installé en Grèce. Les tableaux ont été conçus à partir de témoignages réels. «J'ai suivi l'histoire d'un grand nombre de réfugiés. Ils quittent des pays en guerre et sont en quête d'un lieu où s'installer et vivre en sécurité avec leur famille, mais ils se retrouvent enfermés physiquement et sont pris dans les méandres d'un parcours administratif dont la sortie paraît toujours miraculeuse», explique Brett Bailey . C'est ce parcours entre deux mondes, ce purgatoire, cet espace déshumanisé qu'il a voulu dénoncer, pratiquement sans parole mais avec les regards intenses des performeurs dont l'un est accompagné de l'écriteau «je vois que tu ne me vois pas.» À l'heure des réseaux sociaux et des chaînes infos où tout va très vite et où tout semble se valoir, le SudAfricain veut nous faire prendre conscience de tous ces drames humains . Sanctuary, déjà montré au Port du Pirée à Athènes et à Hambourg, en Allemagne, a prévu plusieurs dates européennes, dont Strasbourg et Paris dans les mois à venir.

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Date : 23 JUIN 17 Journaliste : GUILLAUME TION Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Breil Bailey. d'insérer

Déambulation labyrinthique autour de la question migratoire et de l'illusoire paradis que représente l'Europe aux yeux des réfugiés, «Sanctuary», la nouvelle performance de l'artiste sud-africain, était présente cette semaine au festival de Marseille.

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Date : 23 JUIN 17 Journaliste : GUILLAUME TION Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Par GUILLAUME TION Envoyé spécial à Marseille

J est au fond de la friche de la Belle de Mai, derrière la gare Saint-Charles à Marseille (Bouches-du-Rhône), que se trouve une réduction du sanctuaire européen. Ses frontières grillagées sont masquées par des tentures noires opaques. Surplombant les grillages, se dévident des rouleaux de fil de fer barbelé où sont accrochés des vêtements en partie déchiquetés. Derrière ces murs, la nouvelle installation du Sud-Africain Brett Bailey attend les visiteurs, qui remonteront par grappes de sept ou huit un parcours en forme de labyrinthe balisé d'une série de tableaux vivants, où sont «exhibés» performeurs et amateurs, migrants et membres d'associations d'aide aux migrants. Brett Bailey et sa compagnie Third World Bunfight sont coutumiers du procédé. Et la dernière fois en France qu'on l'a vu utiliser ce principe d'installation-performance, les polémiques ont fusé : c'était pour Exhibit B, qui présentait douze interprètes noire aux regards des festivaliers d'Avignon en 2013. L'œuvre

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avait pour but de dénoncer le racisme en reproduisant, cent cinquante ans après, des tronçons de zoo humains. Elle avait fini par être déprogrammée lors de son passage au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis (SeineSaint-Denis) en automne 2014, après une série de protestations violentes que Bailey se refusait à condamner et qui interrogeaient sur le cercle vicieux de la dénonciation du racisme (il faut le montrer pour le dénoncer, mais le montrer n'est-il pas, passivement, le cautionner?). «Je suis peut-être naïf, mais je pense que pour cette nouvelle installation, Sanctuary, il n'y aura pas de manifestations. Exhbit B évoquait la façon dont les êtres humains étaient transformés en objets au XIXe siècle. Cétait une illustration des idéologies colonialistes. Nous n'avons pas cela dans Sanctuary, où la relation sujet-objet n'existe pas», expliquait Bailey le lendemain de la mise en place de l'installation. MENSONGE EUROPÉEN De fait, ce nouveau projet n'a pas suscité de

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protestation publique d'ampleur pendant les Dans des renfoncements se succèdent huit six jours qu'a duré sa présentation (I). Brett tableaux vivants avec, à chaque fois, un perBailey n'est donc pas naïf. Le directeur du fes- formeur assis qui regarde le visiteur et dont l'œil neutre fouille sa conscience. Chaque tival de Marseille, Jan Goossens, résume : «II scène est titrée : «Red Carpet», «Black Friday», y a des débats, bien sûr, mais rien de conflic- «Quarantaine», «Natural Resource», «Domtuel. Personne n'a remis en cause la légitimité mages collatéraux»... Elle est aussi accompadu projet, ni celle de Bailey à sa tête.» La ren- gnée d'un texte, que ce soit celui d'un père contre organisée aux Bernardines entre le pu- heureux pour son fils qui a pu quitter une blic et les performeurs a attiré une centaine zone de guerre, ou par exemple la bio de Yade festivaliers et a contribué à déminer ce pro- zan, 23 ans, musicien syrien devenu violojet. Tout est donc bel et bon autour de cette niste pour un orchestre à Hambourg et dont installation dont le sujet gratte un peu quand le frère est resté au pays. L'ambiance sonore même. est douce, un tapis de sons peu agressifs Sanctuary a une ambition plus vaste qu'Exhi- ponctué d'harmoniques. Qui parfois se mêle bit B et interroge rien moins que les politiques à la musique diégétique diffusée dans cermigratoires européennes et, par ricochet, le tains tableaux. problème syrien et, par ricochet, le problème La promenade est, enfin, encadrée par une de l'installation des migrants et, par ricochet, mise en scène interventionniste : le visiteur le problème de la pauvreté dans les démocra- est cornaqué par des gardiens, on le fait asties occidentales... toute une cascade de pro- seoir, on lui demande d'avancer, et à un déblématiques qui s'entrechoquent lors des tour du labyrinthe il tombe même sur... Brett trente minutes de déambulations. Bailey («mais ma présence n'est pas symboliLa première salle du labyrinthe place le visi- que, juste technique: nous étions en sous-effecteur au cœur du mensonge européen. Il as- tif et Hy avait du mistral», sourit-il). Les tasiste à la diffusion, sur un grand écran, de vidéos cartes postales de différents pays bleaux sont figés : pour Yazan le musicien, européens: Cinque Terre italiennes, porte de l'iPad qui diffuse des images de son frère est Brandebourg à Berlin, campagne autri- posé sur un tas de gravats d'où sortent deux chienne, îles grecques, Grand Palais sous la jambes coupées par une explosion ; Fatima, neige... Toute l'imagerie d'un univers réel 31 ans, devenue vendeuse de légumes en Itamais que les Occidentaux savent factice, lie, est, elle, assise en petite tenue près d'une qu'ils consultent quand ils cherchent des télé diffusant des images d'explosions, de gadestinations de vacances, mais où ils savent zoducs et sur laquelle est posé un bidon que, selon l'expression, personne n'habite. Shell. Le parcours est parsemé d'écrans, qui La projection de ces images dans ce cadre, où aboutissent, tout comme le fil rouge, à elles deviennent des destinations paradisia- l'avant-dernière halte, «Europe». Dans un inques synonymes de paix et de sécurité pour térieur vieillot, on y voit une petite vieille qui les migrants, révèle leur nature mensongère. tricote le fil rouge courant au sol. Elle a deux «J'ai voulu représenter les deux pôles de l'ex- autres pelotes dans son panier, une bleue et périence européenne. Le premier est celui qui une blanche. Une télé en face d'elle diffuse est f ait pour les touristes, où des gens privilé- des images d'un discours de Marine Le Pen. giés peuvent se rendre - mais il faut avoir un Et voici donc l'autre pôle de l'expérience passeport. Je pense que c'est l'Europe que dési- européenne dont nous parlait Brett Bailey. rent beaucoup de réfugiés. C'est une illusion», «L'autre pôle, c'est la froide réalité. C'est la explique Bailey. Puis le spectateur est invité femme coincée dans une situation quotià quitter la salle en suivant un fil de laine, à dienne. Qui a possiblement peur des étranterre, qui le conduira d'une salle à l'autre, un gers, qui est noyée par les discours sur la pufil d'Ariane rouge du sang des épopées reté de l'Europe. Je voulais connecter le spectateur à ça.» Et aboutir à cette phrase migrantes. d'un migrant, au milieu d'une représentation hommage «Je suis Nice» avec bougies : «Vos CORNAQUÉ PAR DES GARDIENS dirigeants montent des murs mais nous arri-

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Date : 23 JUIN 17 Journaliste : GUILLAUME TION Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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montrer certains aspects de la situation migratoire et de la xénophobie. Ce sont des gens dans l'attente. Face à ce nouveau siècle, Hy a ceux qui vont être bloqués et ceux qui vont pouvoir s'en sortir», conclut Bailey. On s'interroge néanmoins sur la portée réelle de Sanctuary, qui ne peut qu'attirer un public déjà voué à sa cause. VRAI ET FAUX MÊLÉS La sphère artistique s'empare-t-elle de plus en plus de la question des migrants ? «Les artistes ne sont pas devenus plus politiques. Ils répondent à ce qui les touche. Mon prochain projet est sur l'écologie, par exemple. Un de vans encore, comme vos grands-parents jadis sont arrivés chez nous.» Le caractère original de ce Sanctuary vient du fait qu'il embrasse pour chacune des installations les deux grands aspects de la situation : la guerre là-bas et l'insertion ici. Certains tableaux sont aussi dépouillés de leur caractère moralisant, comme «Melting-pot», dans lequel Marcel, 30 ans, est assis sur un banc en Allemagne, rappelant ainsi les squares où finissent par se retrouver les réfugiés désœuvrés. D'autres, comme celui du photographe de guerre qui nous observe avec une pancarte «Je vois que tu ne me vois pas», sont déjà vus. «J'ai choisi ce dispositif frontal pour plafond qui, paradoxalement, crédibilise l'ensemble. Au festival de Marseille, la question des migrants se retrouvera aussi dans le spectacle de Julien Gosselin, 1993, sur un texte d'Aurélien Bellanger, qui sera présente les 3 et 4 juilllet au Théâtre du Gymnase. Plus globalement, elle innerve l'esprit de cette manifestation dont l'objectif, pour son directeur, est de placer «Marseille dans le monde et le monde dans Marseille», avec force passerel-

les : de plus en plus de locaux participent aux spectacles sur le plan artistique mais aussi dans leur fabrication; des auteurs marseillais sont invités (Dorothée Munyaneza, Georges Appaix...), de même que des artistes internationaux (Jose Vidal, Boyzie Cekwana...) qui voient en Marseille une ville multiculturelle, cosmopolite. Le monde est donc à Marseille. Et le spectateur en est son voyageur. -*• (I) Sanctuary devrait passer cet automne par Paris et Bordeaux.

mes buts, quand j'évoque la question migratoire, est de donner une perception du présent. C'est une clé pour comprendre ce qui se passe : les colonies, les frontières, les murs... Les migrations bousculent le monde», poursuit Bailey. Il y a un mois, à Cannes, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inârritu présentait un court métrage de réalité virtuelle, Carney Arena, dans lequel il voulait faire ressentir aux spectateurs, avec force casques et sol gravillonneux, la situation des migrants arrêtes par la police à la frontière mexicaine (lire Libération du 23 mai). Son dispositif était putassier. Mais il s'appuyait, comme Brett Bailey, sur des témoignages, vantait sa vérité et exhibait aussi des vêtements abandonnés découverts dans le désert. Son but, trop spectaculaire, privilégiait le spectacle de la violence sur l'empathie humaniste. Celui de Bailey est de donner un précipité scénique du problème. Son installation tient de la cristallisation, vrai et faux mêlés. Et, au milieu de tous les panneaux «Interdiction d'entrer», «Suivez les flèches», «Asseyez-vous»... on est heureux de trouver une vraie pancarte «Attention danger électrique» accrochée à côté d'une série de fils dénudés pendouillant du FESTIVAL DE MARSEILLE 22° ÉDITION

Jusqu'au 9 juillet dans 17 lieux marseillais. Rens. : http://festivaldemarseille.com

«J'ai choisi ce dispositif frontal pour montrer certains aspects de la situation migratoire et de la xénophobie. Face à ce nouveau siècle, il y a ceux qui vont être bloqués et ceux qui vont pouvoir s'en sortir.» Brett Bailey à propos dè «Sanctuary»

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Date : 23 JUIN 17 Journaliste : GUILLAUME TION Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Date : 22 JUIN 17 Journaliste : Marie-Eve BARBIER

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arseille Culture

"Sept", un chiffre vraiment magique pour le BNM Le Ballet a passé commande à 7 chorégraphes de la nouvelle génération

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'est une pièce mosaique qui dévoile sept univers. 7even, présente au Festival de Marseille, est une commande passée par Emio Grece et rieter G. Scholten, codirecteurs du Ballet national de Marseille, à sept chorégraphes de la nouvelle génération : Ula Sickle, Faustin Linyekula, Eric Minh Cuong Castaing, Nacera Belaza, Ayelen Parolin, Joeri Dubbe, Amos Ben-Tal. Ils ont présente à chacun d'entre eux leur manifeste, Les 7 Nécessités, sur leur conception de la danse. Chaque artiste a alors créé une pièce de 7 minutes, le chiffre 7 étant considéré comme magique pour Emio Greco. Ce spectacle a été créé et produit grâce au rapprochement entre le BNM et ICK, compagnie néerlandaise. Il sera d'ailleurs présente à Amsterdam après Marseille. Sept minutes pour s'affirmer "Emio Greco et rieter C. Scholten nous ont présente leurs 7 nécessités dans la création, j'ai retenu cette idée de manifeste: sans collera leurs intentions, j'ai pensé aux nécessités qui me gouvernent, raconte Ula Sickle, chorégraphe-performeuse installée à Bruxelles. Je suis très marquée par le manifeste de l'Américaine Yvonne Rainer. Celle-ci combattait alors la théâtralité dans la danse, et se référait au présent, au corps quotidien : respirer, faire du shoppingou danser fait partie du quotidien pour elle. " Elle a écrit une pièce qui s'appuie sur la personnalité de Tous droits réservés à l'éditeur

Comme les autres artistes, Ula Sickle, chorégraphe-performeuse installée à Bruxelles, a eu sept minutes pour s'exprimer. /PHOTO DR

ses quatre danseurs, Yoshilo Kinoshita, Malgorzata Czajowska, Andres Garcia Martinez, Kengo Nanjo, "des personnalités très différentes. Leurs âges s'échelonnent de 25 à 40 ans, certains viennent de Japon, d'autres de Pologne. " Éric Minh Cuong Castaing, artiste associé au BNM, qui mêle drones et danseurs sur la même scène, a fait de l'utilisation des

nouvelles technologies sa signature. Pour 7even, il utilise des casques de réalité virtuelle pour perturber les danseurs : "deux d'entre eux, casqués, voient ce que le troisième danseur voit, explique-t-il. Ils se retrouvent avec la vision de quelqu'un d'autre et c'est très déstabilisant. Us sont en position de fragilité comme s'ils découvraient

la danse pour la première fois et retrouvent une virtuosité comme une épiphanie." Emio Greco et Pieter C. Scholten ont pris soin d'assurer les transitions entre chacun. Marie-Eve BARBIER "7even", vendredi 23, samedi 24, dimanche 25 juin à 20h30 au Ballet national de Marseille, 20 bd de Gabès (8e),10/24€

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Date : 23 JUIN 17 Journaliste : M-E.B.

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100% Danse

Festival de Marseille, de "7even" à Jérôme Bel Rendez-vous au parc Henri Fabre, aux Bernardines et sur La Canebière

A

près nous avoir fait voyager au Chili avec José Vidal en ouverture, le festival de Marseille donne carte blanche aux artistes régionaux ce week-end.

I "7EVEN", UNE MOSAIQUE DU BALLET DE MARSEILLE leven est une commande passée par Emio Greco et rieter G. Scholten, codirecteurs du Ballet national de Marseille à sept chorégraphes de la nouvelle génération : Ula Sickle, Faustin Linyekula, Eric Minh Guong Castaing, Nacera Belaza, Ayelen Parolin, J o e r i D u b b e , Amos Ben-Tal. Ce spectacle a été ciéé et produit grâce au rapprochement entre le BNM et ICK, la compagnie n é e r l a n d a i s e d'Emio Greco et Pieter G. Scholten. Il sera ainsi présente à Amsterdam après Marseille. Ces vendredi 23, samedi 24, dimanche 25 juin à 20H30 au Ballet national de Marseille, 20 bd deGabès(&),10/24€

I COMPAGNIE, COMPAGNIE Créé l'an dernier pendant le festival, Gala de Jérôme Bel fut l'un de nos coups de cœur. Il est repris cette année et adapté au plein air, sous le nom de Compagnie, compagnie. La pièce

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"Compagnie, compagnie", carte blanche à des danseurs marseillais amateurs, à voir samedi à 19 h au parc Henri Fabre, et dimanche à 12h30 et 16hl5 en bas de la Canebière, en entrée libre. /PHOTO DR

réunit sur scène des danseurs amateuis et professionnels au profil très différent, deux seniors, une petite fille de 8 ans, trois danseurs classiques, une danseuse contemporaine, un jongleur... Superbe et incroyablement émouvant. M-E.B. Ce samedi 24 à 19 h au parc Henri Fabre (ff), et dimanche 25 à 12h30 et 16hl5 en bas de la Canebière, gratuit. www.festivaldemarseille.com

Festival des idées aux Bernardines Penser, questionner, déconstruire et refaire le monde: c'est l'ambition du Festival des idées, qui invite artistes et libres penseurs. Deux invités sont conviés au premier rendez-vous, "Faire ville ensemble" : Eric Corijn, philosophe et sociologue à l'Université libre de Bruxelles, qui travaille sur les liens entre mondialisation et urbanité, communautés et société, vivre-ensemble et art, et Michel Peraldi, auteur de "Gouverner Marseille". 4 samedi 24 juin à partir de lin aux Bernardines. Entrèe libre sur réservation www.fe5tivaldemarseille.com

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Date : 27 JUIN 17 Journaliste : M-E.B.

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Le Grupo de Rua marche sur la tête au Festival de Marseille Après le Chilien José Vidal, le Brésilien Bruno Beltrâo est invité au Silo 1 y a quèlques années, on avait eu le bonheur de les découvrir à Marseille, sur la scène du Merlan : course effrénée, catapultes, sauts, la puissance des danseurs du Grupo de Rua de Bruno Beltrâo donne le tournis. Venus des favelas de Rio, ses danseurs poussent ainsi à l'extrême les limites de la danse. Du bip hop, Bruno Beltrâo garde l'esprit frondeur, mais se dégage de ses codes, et compose une écriture très personnelle. Aujourd'hui reconnu sur les plus grandes scènes internationales, le Brésilien a été récompensé par un Bessie Award en 2010 à New York. Même si sa compagnie s'appelle Grupo de Rua, ce n'est pas tant dans la rue qu'en visionnant des vidéos de stars américaines du hip hop -Vanilla Ice, Stevie B...- que Bruno Beltrâo s'est intéressé à la danse, à 13 ans. Quèlques années plus tard, il cofonde en 1996 le Grupo de Rua de Niteroi, qui, à ses débuts, se consacre principalement aux compétitions de danse et à des apparitions dans des festivals et à la télévision. Tout en restant proche de la rue, le collectif en vient à questionner la manière de transposer les techniques de street dance sur scène, ce qui l'amènera à diverses créations comme H2,H3ouCrackz. Le Festival de Marseille accueille l'une des premières représentations de sa nouvelle création, InoaH. "C'est le nom de la ville dans laquelle nous avons trouvé un studio suffisamment grand et abordable, explique Bruno Beltrâo. J'aime les titres abstraits, il ne dit rien sur

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Issus des favelas de Rio, les danseurs poussent le hip hop et les danses urbaines à l'extrême. /PHOTO DR

le spectacle si ce n'est une émotion vis-à-vis de ce lieu. " Cette pièce s'inspire de la marche pour évoquer celle que les migrants affrontent partout dans le monde. En réponse aux chemins que des milliers de personnes créent chaque jour pour se chercher un avenir, il a imaginé une procession-performance en explorant toutes les facettes de la marche. Sur

scène, les hiphopeurs multiplient les allers-retours, même lorsque le sol semble se transformer en rivière. D'une portée politique, la pièce peut facilement se voir en famille, pour la prouesse de la danse. Il sera également question de marche et de procession avec Nacera Belaza, autre artiste invitée au festival mardi et mercre-

di, pour un rituel nocturne accompagné par les chants, au théâtre de la Sucrière. Un poème qui invite à goûter à "lalenteur du mouvement et à l'étirement du temps". M-E.B.

"InoaH", ce soir à 20h30 et mercredi 28 juin à loh au Silo. Tarif plein : 22/28£. Réduit : 15/20€. www.festivaldemarseille.com

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M LE MAGAZINE DU MONDE Date : 24 JUIN 17

Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 265208

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DANSE SUD-EST FESTIVAL DE MARSEILLE Jusqu'au 9 juillet, à Marseille (Bouches-du-Rhône) Les bras largement ouverts sur la Mediterranee et l'Afrique, entre danse et theâtre maîs aussi musique et cinema, le festival pluridisciplinaire marseillais, sous la direction de Jan Goossens, entend plus que jamais devenir le porte-voix d'artistes engages Le SudAfricain Brett Bailey, le Libanais Rabih Mroue, la Marocaine Bouchra Ouizguen ou encore le Burkinabé Serge Aime Couhbaly participeront a ce savoureux rendezvous ou le brassage des cultures, la diversite des langues et des corps rythmeront l'ambiance Cette 22e edition fait aussi la part belle aux artistes marseillais comme Georges Appaix, Eric Minh Cuong Castamg ou Eva Doumbia Friche la Belle dè MaiLa Cartonnerie. De 5 à 24 €. www.festivaldemarseille.com

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Sanctuary, dè Brett Bailey.

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LES INROCKUPTIBLES Date : 28 JUIN/ 04 JUIL 17 Journaliste : P. N.

Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 35898

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à pas comptes Nacera Belaza a investi le Panthéon le temps d'un récital de danse en forme de communion entre danseurs et spectateurs. Procession & solols] sont à retrouver à Marseille. e dernier rayon de soleil sur le parvis du Panthéon parisien passé, un groupe d'amateurs (le Collectif 12, de Mantes-la-Jolie) franchit le portail du monument entraînant le public à sa suite. La Procession qui commence va durer de longues minutes, chacun se met alors au diapason d'une marche tout sauf conquérante. Nacera Belaza, à qui le Centre des monuments nationaux a donné carte blanche, creuse ici un sillon déjà entrevu au Mucem de Marseille ou à la Biennale de danse de Venise. Une communion des interprètes et du public pour ainsi dire Une fois à l'intérieur, Belaza aura presque réussi l'exploit de souder une opinion attentive et silencieuse ll y aura bien ici ou là des chuchotis ou des écrans allumés maîs l'attention restera soutenue Aux silhouettes claires va alors répondre la présence discrète de Gallia Belaza qui gagne peu à peu le centre de la scène L'Appel, solo qu'elle a chorégraphié et qu'elle interprète, semble tout entier tourné vers l'intérieur Cernée par un dispositif lumineux d'une belle simplicité, la danseuse se fond dans la pénombre, frappe au cœur dans un geste répété, oseille entre tension et relâchement. A sa suite, Nacera Belaza entre dans la transe . L'Infime, second solo, commence au sol, les poignets dessinant une calligraphie acérée. Il y aura des mouvements de tête, un corps à la renverse, toute une panoplie de gestes saisis par les lumières de Christophe Renaud "Comment s'ancrer dans le plus singulier de l'être pour s'ouvrir infiniment à lautre, au monde7", questionne Nacera Belaza Elle apporte un début de réponse avec cette Procession et ces soles Et même si l'ensemble n'a pas toujours la force d opus précédents comme Le Trait ou Le Cri, cette proposition in situ tient en haleine deux heures durant Au sortir du bâtiment, on sentait les "visiteurs" comme happés. Les sœurs Belaza lui donneront une suite à Marseille dans le cadre en plein air du Théâtre de la Sucrière Histoire de laisser respirer un peu plus leur danse. P. N.

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La Procession & solols] conception Nacera Belaza, les 28 et 29 juin, Theâtre de la Sucriere, Festival de Marseille

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Date : 29/06/2017 Heure : 08:50:02 Journaliste : Muriel Maalouf

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La chorégraphe Nacera Belaza: «J'ai cherché les passages souterrains»

«La Procession et solo(s)», chorégraphie de Nacera Belaza au Festival de Marseille 2017. © Antonin Pons Braley 1 Sa nouvelle pièce La Procession & Solo(s) a été créée au Panthéon. Actuellement en tournée, elle est présentée ce 29 juin au Festival de Marseille. Née en Algérie, la chorégraphe Nacera Belaza vit depuis ses cinq ans en France et sa création prend sa source dans un cheminement intérieur. Entretien. RFI : Votre pièce La Procession & Solo(s) démarre avec une procession d'amateurs qui emmènent derrière eux le public. De quelle manière, le Panthéon a-t-il influé sur cette création ? Nacera Belaza : Quand on m'a proposé cet espace du Panthéon, j'ai une partie de moi qui, tout de suite, s'est mise en alerte. Je me suis dit : « Ça semble facile, mais c'est extrêmement complexe d'interroger un tel espace ». L'interroger, ça veut dire ne pas aller dans son sens, le sens de son imaginaire, de ce qu'il véhicule, de ce qu'on a envie d'y faire… C'est grand, donc on va faire grand. C'est solennel, donc on va faire solennel, etc. Comment cet espace avec l'imaginaire qu'il draine n'allait-il pas aussi être encombrant pour nous ? Dans le travail j'arrive à une certaine épure, à vider plutôt qu'à remplir… Ce statut, ce décorum autour de nous c'était : comment embrasser cet espace ? Tout en estompant un petit peu cette histoire lourde qu'est

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Date : 29/06/2017 Heure : 08:50:02 Journaliste : Muriel Maalouf

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ce monument et qui ne sert à rien dans mon travail. Je ne suis pas une historienne, je n'allais pas faire un travail qui tenait compte de ça. Votre pièce est en tournée. Comment transportez-vous ce monument ailleurs ? Chaque fois, une partie de cette création va se faire différemment. Par exemple, à Marseille, on est dans un parc en pleine nature. Donc la communion sera de même nature que pour le Panthéon, sauf que la résonnance sera différente, puisqu'on a cette fois-ci des éléments naturels autour de nous. Il y a cette partie de la pièce qui va s'adapter et prendre corps dans chaque espace. Puis il y a quand même les solos qui vont se jouer, tout en sachant que les solos, donc la partie écrite de la procession, ont aussi une part qui doit s'adapter à l'espace dans lequel on joue. Pourquoi choisissez-vous de danser en solo ? Ce n'est pas du hasard. C'est parce que, en 2012, il y a eu l'envie de créer deux solos – Dalila [sa sœur, ndlr] de son côté et moi du mien – pour un petit peu sortir des duos. Ça s'est posé à ce moment-là. J'ai senti que c'était une expérience assez périlleuse pour moi puisqu'en réalité, on me pose la question de pourquoi je ne travaille pas avec plus de danseurs. Alors que la question la plus pertinente à me poser aurait été de me dire : « Mais pourquoi vous ne travaillez pas sans votre sœur ? » Puisque c'est un solo… Mais j'allais vous la poser ! Pourquoi votre sœur, justement ? C'est le solo qui était plus un défi pour moi que de travailler avec le groupe. J'ai commencé la danse coude à coude avec ma sœur à mes côtés. La danse m'a permis de m'extraire de mon milieu, etc. Je pense que ça a créé une sorte de noyau dur dès l'enfance qui a fonctionné de cette manière-là et que je n'avais jamais été seule.

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Date : 29/06/2017 Heure : 08:50:02 Journaliste : Muriel Maalouf

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« La Procession et solo(s) », chorégraphie de Nacera Belaza au Festival de Marseille 2017. © Antonin Pons Braley 5 Nacera, justement on vient à votre culture. Vous êtes d'origine algérienne. Vous parliez de votre milieu tout à l'heure. La culture algérienne nourrit-elle encore votre travail ? Oui, forcément. D'abord je suis toujours en relation avec l'Algérie où je vais régulièrement… Vous y travaillez ? Où j'y travaille, bien sûr. J'ai évidemment les liens à la famille. En fait, on a fait partie de ces familles qui ont reproduit un mode de vie vraiment littéral de peur de s'ouvrir. On a vécu à la maison comme si on était un petit peu en Algérie. Donc ça vous poursuit… Vous parliez en français ? Oui, c'est-à-dire que je parle en arabe avec mes parents. Ils ont gardé leur… même s'ils sont maintenant entre l'Algérie et la France. Donc je suis très imprégnée de cette culture. Et puis, il y a aussi ma vie ici en France, mais aussi un peu partout dans le monde. Alors cette culture - la danse - quelque part vous a permis de vous libérer de la famille, de la tradition... Oui, ça a été le cas. En même temps, cette culture aujourd'hui nourrit aussi votre travail ?

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Date : 29/06/2017 Heure : 08:50:02 Journaliste : Muriel Maalouf

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Oui, bien sûr. Mais je n'ai pas cloisonné les choses. Je ne les ai pas opposées. Mon parcours n'a pas été évident parce que j'ai choisi de faire de la danse, mais il était évident pour moi – comme je vous le disais tout à l'heure par rapport à la procession – qu'il fallait que je trouve l'unité dans ça et non pas que j'oppose les deux cultures. Ça a vraiment été un instinct de survie, ce besoin d'unifier et pas d'opposer. J'aurais pu – et je pense que beaucoup l'ont fait – me dire : je mets un terme à cette vie qui ne me convient pas, pour devenir artiste, etc., puisque ma culture refuse que… Non, j'ai cherché les passages souterrains tout le temps, en me disant : Comment est-ce possible ? Je respecte la culture qui m'a fondée. En même temps, je chemine d'une certaine manière dans mon travail, mais ça ne s'oppose pas. ► « La Procession & Solo(s) », chorégraphie de Nacera Belaza, le 29 juin au Festival de Marseille, les 4 et 6 octobre à Tunis (Dream City), 24-25 février 2018 à Lyon (Musée des Confluences – Festival Sens Dessus Dessous).

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Date : 30 JUIN 17 Journaliste : P. A.

Périodicité : Quotidien

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CULTURE

« 100% Marseille », échantillons incarnés THÉÂTRE Ce spectacle ludique et mosaïque entend refléter « la réalité et le quotidien » des habitants de la cité phocéenne. A voir dès ce soir et jusqu'à dimanche à la Criée dans le cadre du Festival de Marseille.

Marseille L'effervescence battait son plein lundi soir juste avant le début de la répétition grandeur nature de 100% Marseille. Il faut dire que le casting est de taille. 100 habitants de la ville ont été sélectionnés lors des quatre derniers mois. Ils dévoileront une part de leurs vies, aussi bien intime que futile, à travers une mise en scène signée par le collectif Berlinois de « théâtre réaliste », Rimini Protokoll. « Qui pense qu'il est légitime d'être raciste à Marseille ? Qui pissedans la rue ?Qui aimerait interdire le burkini ? Qui approuve la présence de soldats français au Mali ? Qui a déjà été pistonné pour avoir un travail ? ». Autant d'exemples d'interrogations, parfois provocatrices, auxquelles des Marseillais de tous âges, origines et quartiers répondront dès ce soir sur la scène de la Criée. Auparavant initié dans d'autres grandes villes - Paris, Montréal, Sao Paulo - le concept imaginé par Rimini Protokoll entend incarner la diversité de la population marseillaise. Soit 100 personnes sélectionnées selon cinq critères : « le genre, l'âge, le quartier, la structure familiale et le pays de naissance », précise Stefan Kaegi de Rimini Protokoll. Avant d'ajouter « On a basé

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Le spectacle a aussi expérimenté la démarche à Paris. PHOTO WILLIAMBEAUCARDET les recherches sur un échantillon représentatif de la ville ». Un cheminement qui entretient certains clichés mais permet aussi d'en bousculer quèlques autres.

Des critères « non officiels » « Marseille croit être une ville très cosmopolite. Mais la réalité dit l'inverse. La ville multiculturelle est un mythe », va même jusqu'à dire Stefan Kaegi. Et Claire Oberlin, chargée du casting, d'abonder en ce sens : « Seuls 15% des habitants sont nés à l'étranger tandis qu'à Bruxelles on atteint les 35%. Bien sûr qu'il y a par exemple des origines italiennes, espagnoles ou arméniennes. Mais elles remontent à plusieurs générations ». Pour aboutir à davantage de représentativité des habitants, des para-

mètres « non officiels » ont aussi été pris en compte, notamment F or igine des habitants. Mais quand on sait que les statistiques ethniques sont interdites en France, difficile d'arriver à un résultat exact. « Je me suis entre autres fié à une enquête de l'Agam datant de 2015 sur les originesdesmarseillais», détaille Claire Oberlin. Venant de l'Agence d'urbanisme de l'agglomération marseillaise, plus des supputations qu'un réel travail de recherches. Mais des écueils que les participants de 100% Marseille devraient surmonter au cours de ce spectacle choral pavé de bonnes intentions. EA. • Ce soir et demain à 20h30 à la Criée ainsi que dimanche à 18h30. http://festivaldemarseille.com

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Date : 29 JUIN 17 Journaliste : Marie-Eve BARBIER

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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Cent Marseil ais se racontent à La Criée De tous âges et de tous horizons, ils dressent le portrait de leur ville dans " 100 % Marseille" demain soir

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undi soir, c'est l'effervescence dans les loges de La Criée. Des enfants courent sur scène, une dame taquine gentiment un pêcheur venu avec sa canne. C'est le deuxième jour de répétition pour les participants dè 100% Marseille du collectif berlinois Rimini Protokoll, et des liens commencent à se nouer. À J -4 avant la première au festival de Marseille, l'ambiance est bon enfant, malgré le tract. "On nous demande de jouer notre propre rôle, pas d'angoisse, relativise Michaël. Ce projet me permet de rencontrer 99personnes qui ne sont ni de mon milieu, ni de mon âge, que je n'aurais jamais croisées autrement. Certaines questions qu'on nous pose nous obligent à nous interroger sur notre propre vision des choses. Par exemple: peut-on définir l'humanité par deux sexes, l'homme et la femme ?" Déjà réalisé dans 29 autres villes comme Montréal, Zurich, Tokyo ou Bruxelles, la série 100% city a pour ambition de donner un visage à des statis-

Avez-vous voté aux élections? Trompé votre conjoint? Sauvé une vie?

tiques. Les cent participants ont ainsi été recrutés par le Festival de Marseille sur la base de cinq critères: sexe, âge, quartier de résidence, pays d'origine, structure familiale (seul, en couple, famille monoparentale) . "La première surprise a été de constater que Marseille n'est pas si cosmopolite qu'on le dit en général, explique Stefan Kaegi, l'un des artistes de Rimini Protokoll. Selon le recensement de l'Insee, elle compte 15% seulement d'étrangers, c'est beaucoup moins qu'à Bruxelles ou à Vancouver par exemple qui tournent autour des 35%. En revanche, le niveau de formation peu élevé et la pauvreté ne sont pas des clichés. "100% Marseille dresse ainsi un portrait-vérité de la ville, mais de façon ludique avec des interrogations dans t o u s les d o m a i n e s . Avez-vous voté au deuxième tour des élections législatives? Avez-vous déjà trompé votre conjoint? Y a-t-il de quoi être raciste à Marseille? Qui est supporter du PSG? Pour monter ce spectacle trois soirs, il aura fallu cinq mois pour réaliser le bon casting, en passant des petites annonces dans les CIQ et les associations. Le recrutement s'effectuait en chaîne, chaque participant parrainant le suivant. "La directrice décole

m'a parlé de cette pièce", raconte ainsi Zohra, une habitante des Chartreux, qui se lance pour la première fois de sa vie sur les planches d'un théâtre. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des "acteurs amateurs". On leur a demande de venir avec un objet qui leur est cher et de se présenter en dix secondes."Malgré tes boues rouges, merci à Marseille!", lance une femme, équipée de son masque de plongée. Des enfants présentent leurs doudous au micro. Le retraité à la canne à pêche, Robert, dit qu'il "aime rire et taquiner" et qu'il ne veut surtout pas "devenir un homme du passé qui parle du bon vieux temps". Yoni porte son "tsitsit", des lanières "qui, dans la religion juive, lui rappellent ce qu'il doit faire ou pas et lui permettent de déstresser". D'autres ne monteront pas sur scène, mais ont laissé leur témoignage dans le livret de salle: Valérie, sans-papiers, a pris en photo son rouge à lèvres, Jean-Noël, SDF, a choisi L'Odyssée d'Homère, son livre préféré. Arfin, réfugié du Bangladesh, 17 ans, un stylo Bic, car il aimerait devenir étudiant. Objets inanimés, avez-vous donc une âme, demandait Lamartine ? Sur la scène de La Criée, ils symboliseront autant de tranches de vie. Marie-Eve BARBIER "100% Marseille", demain et samedi à 20 h 30, dimanche à 18 h 30 à La Criée. 5-24 euros, festlvaldemarsellle.com

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Date : 29 JUIN 17 Journaliste : Marie-Eve BARBIER

Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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POURQUOI ELLES MONTENT SUR LES PLANCHES ^- Melissa, 28anst musicienne "J ai regarde une video du 100% Montreal et du 100% Paris, et j ai trouve ça drôle et décale Ce qui rn a plu dans ce projet, e est le saut dans I inconnu Jusqualundi dernier on ne savait pas a quoi s attendre et ce que I on allait faire 100%Marseillesera différent des spectacles traditionnels " Son objet "Sur scene, on me reconnaîtra par mon saxophone " Ce qui la rend fiere d'être marseillaise "Dans la rue, les gens prennent le temps de dire bonjour et de discuter "

^Zohra, 42 ans, mère au foyer ' J ai acheté un bateau chez un antiquaire pour le spectacle, car je suis arrivée d'Algérie en bateau quand j étais enfant J'ai traverse la Mediterranee et j'ai tout de suite trouve mes reperes ici comme si j y avais toujours vécu J appartiens au groupe des amoureux de la cuisine et je suis membre de I association Bien a vous, qui prépare des repas pour les sans domicile fixe C'est la premiere f ois de ma vie que je monterai sur les planches d'un theatre C'est la directrice de l'école de ma fille Dina qui m a parle de 100% Marseille Je suis tres contente de participer d autant que ma fille vient avec moi "

iV Mireille, 7lans, retraitée "Je suis nee aux Coudes, puisj ai suivi mon man dans le var Marseille rn a manque, et je suis heureuse de participer a un spectacle qui parle de ma ville Je suis membre du CIQ et je participe au spectacle avec une copine Ce sera la premiere fois que je monte sur scene Enfin, la deuxieme jai participe une fois a I emission Le Juste prix, maîs parler en public n'est pas ma spécialité J aime Marseille, maîs j aime surtout les Goudes ce sont mes racines, mon pere y était pecheur Au sem de l'association Les Girelles, on se réunit tous les lundis, pour marcher ou faire du yoga L'apres midi, en hiver, on fait du crochet tous les benefices sont reverses a une association pour les hopitaux Je ne comprends pas les gens qui critiquent Marseille, il n y a rien de plus beau ' K y a quèlques annees, j'ai ete malade, j'essaie maintenant de faire un maximum de choses De profiter de la vie "

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^Marie-LaureBardy Lamorinière, responsable des relations publiques "Je suis venue a Marseille pour tourner une page de ma vie et reprendre tout a zero a 60 ans ' Autant dire que ça n a pas toujours ete facile ' Au début, j'étais perdue, je n avais pas les codes, en tant que parisienne pur jus et grande bourgeoise désargentée1 J aime cette ville autant que je la déteste, je la trouve sublime et insupportable' J aime dire Marseille vous ouvre facilement ses bras maîs elle ne les referme pas ' Elle a un patrimoine mythique, qui n'est pas du tout mis en valeur l'abbaye de Saint Victor, la villa Magalone, La Vieille Chante qui possède le 3e plus beau musee d Egypte ancienne maîs qui le sait7 Ou la Cite radieuse On parle toujours de la nature, des calanques, maîs la ville a aussi un riche passe culturel, méconnu "

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Date : 30 JUIN 17 Journaliste : ANNE DIATKINE Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Date : 30 JUIN 17 Journaliste : ANNE DIATKINE Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Comme à Paris, Melbourne ou Montréal, le collectif Rimini Protokoll réunit cent habitants représentatifs dè la ville pour un portrait sociologique incarné. Visite aux répétitions. Par ANNEDIATKINE Envoyée spéciale à Marseille Photo PATRICK GHERDOUSSI.DIVERGENCE a performance ne devait avoir lieu qu'une seule fois, à Berlin, pour fêter le centenaire d'un théâtre en 2008. Aujourd'hui, à force de faire le tour du monde, elle va finir par dessiner une cartographie en actes de toutes les métropoles de la planète. Elle s'ordonne autour d'un principe simple, évident, stimulant, inventé par le collectif berlinois Rimini Protokoll, qui permet de

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cerner au plus près le souffle d'une ville, à travers cent personnes choisies pas du tout au hasard - et surtout pas par le biais d'une petite annonce. Après Berlin, Melbourne, Londres, Penang (en Malaisie), Brisbane, Montréal, Bruxelles et tant d'autres, voici donc IOU % Marseille, donné trois soirs durant au Théâtre de la Criée dans le cadre du festival de Marseille. Mode d'emploi et impressions glanées lors des répétitions.

Etre beau ne sert à rien Soit un échantillon de cent habitants sur scène, au plus près de la réalité statistique de laville. Par exemple, si 14% d'en-

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Date : 30 JUIN 17 Journaliste : ANNE DIATKINE Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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fants de moins de 10 ans habitent Mar- pour les convaincre de ne pas jouer avec racisme qui lui paraît justifiable, ou ceseille, il y a quatorze enfants sur scène. le pied de micro, en dépit de sa terrible lui qu'il subit? Réponse ce week-end. Si 5 % des habitants vivent en coloca- attraction. Quatre jours de répétitions, Les notes de Claire Oberlin nous infortion, ils sont cinq à être représentés sur c'est très peu pour construire un groupe ment déjà que le jeune homme habite et un spectacle, mais il y a une trame, une cité en déshérence à côté de l'autole plateau. Les cent Marseillais ont été idéalement similaire dans chaque ville. De même, route, qu'il est très investi dans la vie aschoisis selon une logique de réaction en la scénographie évolue peu selon les sociative et que grâce à son obstination, chaîne. Le premier a coopté le second, lieux. Une piste d'une agréable couleur il a réussi à faire construire un mur antiqui a trouvé le troisième, et ainsi de verte au sol, donc, projetée sur un écran, bruit et à cultiver des jardins potagers suite jusqu'au centième, sachant que et d'une efficacité graphique indénia- pour les habitants des tours. plus la chaîne arrive à son terme, plus ble, notamment lorsque les cent Marseillais s'immobilisent en fixant les Un secret de famille les critères de sélection despectateurs ou tombent au sol, parce Est-ce grâce à l'absence d'acteurs proviennent nombreux et restrictifs, et obligent chaque qu'ils n'en peuvent plus de faire des fessionnels sur scène et à l'aspect égalinouveau participant à se transporter pompes - qu'on se rassure, seuls les vo- taire du projet? On est en tout cas aux antipodes de son cercle amical. lontaires s'adonnent à cette torture, ce étonné de ne constater aucun cabotiClaire Oberlin, responsable des projets qui donne aussi aux spectateurs une nage parmi les cent Marseillais. Aucun participatifs du festival de Marseille, ex- idée du nombre des partisans de cet ne cherche à profiter de l'estrade pour plique: «Une fois qu'il accepte d'y être, exercice, son genre, son âge. une mise en lumière personnelle - «Ça, chaque participant n'a qu'un seul jour De même, lorsque les cent Marseillais c'était les Parisiens, se souvient Stefan pour donner le nom du suivant. Cela sont invités à danser la musette, le hip- Kaegi. Une f ois qu'ils avaient la parole, peut être complexe de dénicher, en une hop ou le pop-rock, on se surprend à ils n'arrivaient pas à la lâcher.» Tous poignée d'heures, un homme né en Asie, être très intéressé par le remplissage ou suivent à la lettre les consignes, comme de tel âge, habitant tel quartier, et ayant la désertion soudain de la piste couleur le remarque Marcel, 70 ans, représentel type de revenus.» Encore plus diffici- costume de Babar. Dans un premier tant «des Français d'Algérie», attablé à les à motiver, «lespersonnes très âgées. temps, la personne numéro I se pré- la cafétéria du théâtre. Pourquoi a-t-il Or, je suis obligée d'être tenace, car ce qui sente. Dans chaque ville, elle est recru- accepté de faire partie de ce portrait? va émerger repose largement sur la jus- tée quèlques mois à l'avance en sa qua- «Parce que je veux montrer que Martesse du casting». Une distribution pour lité d'expert. C'est elle qui va aider à seille, ce n'est pas que de la délinquance une fois absolument pas élitiste : être à fournir toutes les informations qui et du chômage.» Il est venu avec la phol'aise sur le plateau ou être beau ne sert échappent aux statistiques - «très insuf- tographie de son père militaire prise à à rien. En effet, en visionnant le 100 % fisantes», note Claire Oberlin. L'absence Oran en 1929. Une image qui dévoile un de statistiques religieuses secret de famille découvert il y a peu. Ce Paris, on s'aperçoit que la performance par exemple interdit de sa- qu'il refuse : «Etre assimilé à l'extrême rate le coche, car parmi les cent Parivoir le nombre de personnes droite.» Il ne sait pas encore s'il aura siens recrutés, beaucoup se ressemblent l'occasion de le dire. Certaines quesfurieusement. On serait ainsi tous pré- qui célèbrent le ramadan. caires, aspirant artistes, comédiens en Chaque participant se présente ensuite tions entraînent de la «honte» dira herbe, pas racistes, et fatalement de en quatre secondes à travers un objet Freddy. «J'ai levé la main quand on nous gauche. Et à l'aise ! Ce qui en dit beau- choisi. L'imprévu est la tension créée par a demande si on avait déjà été SDF. Et coup sur la solidité des murs invisibles, les présentations ininterrompues. Ce je me suis aperçu qu'on était deux.» mais moins sur la diversité de ceux qui qui maintient en haleine? Ce flot, où des La performance n'a rien d'une tribune. personnes qui n'ont rien pour s'enten- C'est grâce à des actes scéniques que peuplent la ville. dre disent en trois mots en quoi elles les spectateurs observent l'incarnation sont uniques. Puis viennent les ques- de chiffres selon les mouvements des Quatre jours de répétitions, c'est très peu tions, plus ou moins évidentes, plus ou corps. Les cent ne se sont encore jamais ras- moins indiscrètes, qui scandent la resemblés. Dans cinq jours, ils seront présentation. Qui est donc ce jeune «Qui aimerait changer pourtant à même de présenter quelque homme d'origine marocaine au tee-shirt de conjoint?» chose qui se tient. Des enfants courent blanc qui par deux fois lève la main Stefan Kaegi, qui revient tout juste d'un partout sur le plateau, recouvert en son quand on demande : «Qui d'entre vous 100% Montréal, découvre à Marseille centre d'une piste verte. C'est Stefan pense qu'à Marseille, il est parfois légi- que la France est un pays bien moins Kaegi de Rimini Protokoll qui s'y colle time d'être raciste ?» Est-ce son propre multiculturel que les Français ne l'ima-

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Date : 30 JUIN 17 Journaliste : ANNE DIATKINE Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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ginent. «A Montréal, il y avait beaucoup plus de langues et d'étrangers et nous avions besoin d'un traducteur. A Marseille, tout le monde parle français, et l'arabe est une langue seconde pour une vingtaine de participants.» Le collectif pose toujours des questions spécifiques à chaque ville visitée, mais remarque que ce sont surtout les réponses qui diffèrent. Aucun problème à Marseille pour dire à main levée la consommation de cannabis, contrairement à la Malaisie où la même question a été posée dans la pénombre - il faut dire que le pays fait planer une menace de peine de mort sur l'usage et le trafic de stupéfiants. Stefan Kaegi se souvient de sa surprise quand, en Corée du Sud, toutes les mains se sont levées à la question «Qui aimerait changer de conjoint?» : «J'ai appris ensuite que le divorce pouvait provoquer des licenciements.» Le spectacle a été invité en Chine, «car les autorités ont grand intérêt à mettre en avant la diversité ethnique du pays». Mais ces mêmes autorités se sont rétractées devant l'impossibilité de sélectionner elles-mêmes les participants. Un problème similaire se posera peut-être très prochainement à Saint-Pétersbourg. N'y a-t-il pas un risque de répétitions et de formatage, à tourner autant? «Non, c'est un spectacle qui rend fou, si bien qu'on ne le fait pas tout le temps. Mais, par l'incroyable chance qu'il donne de saisir de l'intérieur une ville, il est addictif.» Dimanche dernier, personne ne savait encore si ce IOU % Marseille serait fidèle à ce qu'est la ville. Claire Oberlin regrettait cependant de ne pas avoir réussi à convaincre «JeanNoël, un SDF depuis près de vingt ans, agrégé de lettres classiques, logeant sur le bitume en bas de chez moi», ainsi que des sans-papiers. Elle se console en ayant notifié leur absence sur le plateau et dans le livret publié, propre à chaque ville. Les regrets de Claire et chacune des performances questionnent peutêtre le plus important: la quête impossible de faire battre le cœur d'une ville dans des chiffres, aussi ludiques et nombreux soient-ils. -*•

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Date : 02 JUIL 17 Journaliste : Olga BIBILONI

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Marseille Culture Tentative de portrait d'une ville, histoires intimes ON A VII "100 % Marseille" montre un collectif et éclaire des personnes

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st-ce un spectacle ? Pas vraiment. Plutôt un drôle d'objet, une œuvre inclassable que cc 100% Marseille, dévoilé vendredi soir à La Criée dans la programmation du Festival de Marseille et joué ce dimanche encoie. Etrange objet donc, et très intéressant. Orchestié pai le collectif Rimini Protokoll, mis en scène par Stefan Kaegi et Daniel Wetzel, 100% Marseille est avant tout un "casting" dont s'est chaigée Claire Oberlm. Un échantillon lepiésentatif comme disent les sondages en période électorale. Tous, les cent personnes sur le grand plateau de La Criée (on devine quel effet cela produit de fouler la même scène que les artistes professionnels), sont dcs anonymes qui pèsent peu et pourtant signifient beaucoup dans le gl and puzzle commun que composent les habitants dc notic ville. On cst dans le théâtre documentaire, dans l'enquête sociologique, dans l'approche sociodémographique. Va-t-on voii se dessiner sur le plateau les fractures visibles dans Marseille (Nord/Sud notamment), les relations très méditerranéennes et parfois tendues entre hommes et femmes, le rapport souvent tissé d'incompréhensions paitagées entie Marseillais depuis X générations ct enfants d'immigiés ? La passion pour le foot et TOM transparaîtra-t-elle ? On se pose toutes ces questions en s'installant dans la salle du grand théâtre de I a Criée, persuadé que l'on est de paiticipei à une expérience. Pt magie, si experience il y a, clic cst surtout humaine. Roman commun, histoires personnelles Lorsque, l'un après l'autre, arlivent les Marseillais, l'un adoubant le suivant, on s attache à cerner les personnalités, certaines aimantant le regard et l'intérêt plus que d'autres : la sociologue Dominique Chianni qui introduit le propos, CharTous droits réservés à l'éditeur

Est-ce un spectacle ? Pas vraiment. Plutôt une œuvre inclassable que ce "100% Marseille".

lotte D Anna, qui refuse l'uniforme que s'imposent les ados, le CGTiste Patrick Maillard, le Palestinien né en Syrie Basel Abou Hamed qui a obtenu la nationalité française, Taï-Ji Pere?, jeune Fiairco-Japonais portant un nom espagnol qui en a marie de se faiie désignei pai "Le Chinois", Xavier Giima, l'agent immobilier qui fait la fête jusque tard dans la nuit. Ainsi que Danielle Bonelli du g r o u p e Les Gircllcs des Goudes, la formidable combattante p o u i les Droits des femmes Daniela Levy (qui se pointe sur scène avec un clitoris en SD), l'amoureux de L'Estaque Alain Matacchione, venu avec son "padre" Raphael qui auraitpu jouer dans un film des fièiesTaviam... Où sont-ils nés ? Quelle langue parlent-ils chez eux ? Sont-ils pour la peine de mort ? Se déclarent-ils homosexuels ?

Trouvent-ils parfois légitime d'êtie laciste à Maiseille ? Sont-ils pour la légalisation du cannabis ? "La ville porte le poids des images que le monde s'en esr fait", explique l'anthropologue et sociologue Michel Peraldi. Cet échantillon, qui compte trois sans-papiers parmi les quatre personnes qui ont participe au piojct mais ne sont pas sur scène, est-il vraiment repiésentatif ? Au-delà de laiépartition hommes/femmes (Marseille compte 53% de femmes), des lieux de naissance (1% en Asie, 1% en Euiope du Nord, 1% en Lurope de l'Lst, 2% en Lurope du Sud, 5% en Afrique subsaharienne, 9% en Afrique du Nord, 81% en France), des structures familiales représentées, jusqu'à quel point l'est-il? Politiquement, on note que ces 'Cent" apparaissent nettement plus tendance gaucho que Front national alors que

Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont anivés en tête et au coude à coude lors de la dernière presidentielle (24,82% et 23,66%). Ou encore, que seuls trois d'entre eux assument un vote Gaudin aux municipales de 2014, alors que le maire a été réélu sans difficulté. Peu importe en tait. S'ils ne dressent pas "LE" poitiait de Maiseille, incontestable et définitif, leur lecture de la ville a des accents de vérité, à la fois collective et à taille humaine. Et surtout, au gré des petites phrases jetées au mistral, des aveux furtifs et des confessions plus inattendues (sur un passage en prison, l'espérance dc vie estimée, le souhait de voir mourir quelqu'un de sa famille, etc.), se lévèle l'intime. OlgaBIBILONI "100% Marseille" aujourd'hui a 18h30 à La Criée avec le Festival de Marseille. Festivaldemarseille.com, 04 9199 02 50

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Date : 03 JUIL 17 Journaliste : Marie-Eve BARBIER

Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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"1993", la nouvelle fresque théâtrale de Julien Gosselin Enfant prodige d'Avignon, il crée sa nouvelle pièce au Festival de Marseille

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30 ans, Julien Gosselin a déjà ete applaudi pour ses Particules élémentaire!,, adaptation magistrale du ionian culte de Houelle becq, et pour 2666 de Roberto Bolafto, montée l'an dernier au festival d'Avignon il a cette fois choisi le Festival de Maiseille pour présenter sa nouvelle création, 1993, d Aurélien Bellanger (La théorie de l'infor matwn, l'amenagement du territoire, Le Grand Paris). Elle est interprétée par les jeunes act e u r s issus de l ' É c o l e du Théâtie national de Strasbouig (TNS). I En 1993 s'est achevée la construction du tunnel sous la Manche. Avez-vous choisi cette date parce qu'elle symbolise une époque où l'Europe faisait encore rêver?

Oui, absolument. On a choisi 1993 pour plusieurs raisons. C'est aussi I annee où sort le piemiei grand tube d'euiodance, par exemple No Limit du groupe 2 Unlimited. C'était le premier grand mouvement musical euiopeen On a tiavaillé en même temps sur le tunnel sous la Manche et cette musique-la. Pai aillems, Victoi Hugo a ecut un 1793 qui pai le de la terreur révolutionnaire. Oi nous évoquons une autre feline de t e l l e m liee aux groupes identitaires qui pullulent contre la jungle de Calais et les migrants Tout se regioupe dans ce titie-la I voulez-vous parler de la désillusion européenne?

Je ti availle a\ec les étudiants de l'École du TNS qui sont nes autour de 1993 Avec Lei, parti raies élémentaires, je parlais d ' u n e genération nee après 1968, et qui en subissait les conséquences Cette fois-ci, je parle d ' u n e generation nee après la chute du mur, qui n'a pas connu l'ouverture magnifique de l'Europe, et qui en subit les conséquences et les zones noires. En 1989, on pensait que l'idéal de paix emo peen, libéral et démocratique, allait s exportait. On se rend compte aujourd'hui que non seulement il ne s'est pas monTous droits réservés à l'éditeur

La piece fait le portrait d'une generation : que signifie être ne après la chute du mur de Berlin ? De quelles déceptions, de quels rêves hérite-t-on ? Ci-contre, le metteur en scène Julien Gosselin. /PHOTOS DR ETIALERIE FARINE

dialise, maîs qu'il s'est buse a l'intérieur même de l'Europe. Quand on a construit le tunnel sous la Manche, on pensait, en reunissant La Erance et I' Angletene, parvenir a cet idéal Or c'est a cet endroit même que se catalyse aujourd'hui toute la violence du monde avec ces mil heis de migrants qui fuient la guerre et se retrouvent coincés a Calais. I Vous êtes né à Calais et votre compagnie y est installée. La jungle aurait-elle pu être un objet théâtral en soi?

J'y ai pense a im moment, j'ai même réalise des interviews sur place. Maîs en tant que met leur en scène, j'ai besoin de me contronter à un texte poétique fort Am ellen Bellangei a beau coup de talent pour faire se connecter dcs thèmes I euro dance, le tunnel, la jungle Ils s'entrecroisent dans le spectacle de façon un peu magique I A-t-il continue à écrire pen-

dant que vous travailliez?

ll avait BCI it une piemière veision qui a éte complètement remodelee a n o t r e contact C'était une experience neuve pour lui: Aurélien Bellanger n est pas spectateur de theâtre C'est la premiere fois qu il confrontait son écriture non pas a un editeui maîs a toute une equipe de techniciens et de comédiens. L'échange a vraiment eu lieu. I A-t-il des points communs avec Houellebecq? Sa précision dans l'observation du monde contemporain?

Oui, j'aime ces eciituies. Je veux parler des gens d'aujourd'hui, avec la langue d'aujourd'hui. Je n'ai pas envie d'aller chercher des classiques pour racoiitei le monde contempo

cher et je suis heuieux de tiavailler avec lui. Je sais qu'on n'attend pas de moi quelque chose de 'plan plan , maîs une vision et des prises de risque J'ai souvent travaillé à Marseille avec Hubert Colas et a La Friche. Je ne peux pas être plus heureux qu'ici Recueilli par Marie-Eve BARBIER

I Pourquoi avoir choisi le Festival de Marseille pour cette création?

Jan Coossens est venu me cher-

"1993", ce soir et demain a 19h au theâtre du Gymnase, 10/24€. festivaldemarseille com

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Date : 03 JUIL 17 Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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DISTINCTION

Jan Goossens nommé Chevalier dans Tordre des Arts et des Lettres Jan Goossens, directeur du Festival de Marseille, recevra des mains de Bernard Faivre d'Arcier, les insignes de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres, ce mercredi 5 juillet au Théâtre des Bernardines, QG de la 22e édition de la manifestation. Cet ordre est destiné à récompenser les personnes qui se sont distinguées par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des Arts et des Lettres en France et dans le monde.

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Date : 04 JUIL 17 Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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FESTIVAL DE MARSEILLE

"Until ou r hearts stop" explore les territoires de la rencontre et du désir La choregiaphe américaine Meg Stuart vit et travaille entre Bellin et Bruxelles Elle presente demain dans le cadre du Festival de Marseille et en corealisation avec Marseille Objectif Danse, Until OUT hearts stop En 2013, la danseuse exploiait dans Sketches/Notebook, avec sa compagnie Damaged Goods, le croisement de d i f f é r e n t e s formes aitistiques au sem d'un même rituel performatif Cette fois-ci, elle convie sur le plateau six performers et trois musiciens, tout en pouismvant son expérimentation de la rencontre, de la confiontation a I autre et du desn Poui Until OUT hearts stop, Meg Stuait est allee puiser

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son inspnation aupies de personnes qui se sont retirées du monde leel pour creei leurs piopies regles et univers fantastiques Dans cette performance, les mteipietes évoluent dans un lieu qui pourrait aussi bien être une aiene, qu'une boîte de nuit ou un abn sous terrain Soumis a cet espace en peipetuel changement et bien que maladroits et isoles, ils sel ont obliges de se lencontrer, de se toucher et de poser les bases d'une confiance mutuelle La danse incisive, a l'energie biute de Meg Stuait, incite a exploiei les terri ton es du desu Meg Stuart arpente les trajectoires du corps pour en livrer une danse perméable a l'émerveillement du quotidien. /PHOTO IRIS JANKE

Demain a 20h30, Friche la Belle-de-Mai (3e) au Grand plateau 24/20/10C

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LES INROCKUPTIBLES Date : 05/11 JUIL 17 Journaliste : Fabienne Arvers et Philippe Noisette

Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 35898

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au cœur du chaudron phocéen Ravene franco-chilienne sur Le Sacre du printemps, plongée dans les fracas mémonels du Moyen-Orient Le Festival de Marseille est plus que jamais ouvert sur le monde est par une procession - motif chorégraphique tres en vue ces dern ers temps que s ouvre Ritu de primavera du Chilien Jose Vidal presente en ouverture du Festival de Marseille dirige depuis 2016 par Jan Goossens Par groupe de dix spectateurs guides par des accompagnateurs chacun gagne la Cartonnene dans une pénombre qui annonce la fête a venir Car e est bien de célébration - et de libation 7 - qu il va s agir une heure durant Un Sacre du printemps des temps modernes ou la musique de Stravmsky est diluée dans une matrice electro donnant une irrésistible envie de danser D ailleurs aux deux tiers du spectacle, les danseurs invitent le public pour un instant de partage Jose Vidal a voulu montrer son Sacre et en faire une ravene actuelle Les corps ici sont peints facon pigments les rondes sont sensuelles, le sacrifice emprunt d amour Outre des interprètes chiliens des danseurs marseillais se joignent a la cérémonie Ritu de pnmavera abonde en instants de grace louverture par exemple et ces silhouettes dénudées Lenergie des quarante artistes est belle a voir Jusque dans leur souffle La ou cette creation est moins nspiree e est dans le travail des voix un peu répétitif ou dans la recherche gestuelle même D une certaine maniere Ritu de pnmavera ressemble a ces grands-

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messes des festivals musicaux actuels la boue en moins On ressent en sortant de ce Sacre une certaine légèreté est-ce te fait d être pieds nus1 Ou d avoir transpire a I unisson des danseurs 9 Mystere ll est temps alors de rejoindre le toit terrasse de la Friche la Belle de Mai pour continuer le rituel en dansant La contagion chorégraphique se poursuit le lendemain avec Water Between Three Hands du Libanais Rabih Mroue conçu avec le Dance On Ensemble de Berlin Une compagnie tres particulière fondée en 2015 et composee de six danseurs ayant tous dépasse la quarantaine - autant dire habituellement en préretraite - et collabore avec des chorégraphes de renommée internationale William Forsythe pour la plupart Merce Cunningham ou Lucmda Childs Pour ce projet Rabih Mroue ne s est pas improvise chorégraphe maîs a travaille avec eux a la composition d une piece ou la memoire et sa disparition forment un leitmotiv a la fois individuel et collectif Sur le plateau nu a I exception de la batterie du musicien Philipp Danzeisen et d un pupitre ou trône le carnet de répétitions le langage corporel complète et développe les récits des danseurs ou se mêlent souvenirs rêveries ou anecdotes des répétitions Tous se relient au postulat énonce au depart En creusant dans mon corps j ai trouve des os qui ne sont pas a moi comme dans une fosse commune MARSEILLE2 6990181500502


LES INROCKUPTIBLES Date : 05/11 JUIL 17 Journaliste : Fabienne Arvers et Philippe Noisette

Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 35898

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La possibilité d'être habité et articulé à la présence-absence d'êtres disparus agit aussi puissamment dans les sphères poétiques que gestuelles En outre, elle se combine en de multiples variantes qui fonctionnent comme les règles d un Oulipo chorégraphique. Alors, chaque interprète se propose de danser la partie du corps d'un autre ou d'un animal domestique disparu pour aboutir à l'expression d'un corps collectif. Line danse organique sous-tendue par cette interrogation qu'est-ce qui nous remue intérieurement et nous meut dans l'espace? Le plus émouvant réside dans l'apparente simplicité gestuelle - épaulements, poignets souples, jambes tendues -, qui agit comme le révélateur de nos propres souvenirs, ceux d'une danse qui, dans les années 1990, privilégiait l'expression physique d'une danse lovée au cœur du corps qui se déploie dans l'espace, à I image d'un monologue intérieur devenu geste La mémoire est malicieuse et aime nous jouer des tours On n oubliera jamais la découverte de Lina Majdalanie, complice de Rabih Mroué, en 2000 dans son solo Biokhraphia Quel plaisir de la retrouver dans le deuxième opus de Rabih Mroue presente a Marseille • So Little Time Sous ses faux airs de récit extrêmement documenté et précis dans ses reférences, il s'agit de la biographie fictive de DibAl-Asmar, un martyr libanais, qui parcourt Tous droits réservés à l'éditeur

un demi-siècle d'histoire, des prémices de la guerre civile jusqu'à nos jours Faux martyr à double titre d'abord, parce qu'il est fictif, on l'a déjà dit, maîs surtout parce que cet homme rendu mort à son pays lors d'un échange de prisonniers avec Israel le 3 mars 1971, pour qui Beyrouth construit une statue sur une place qui lui est dédiée, s'avérera bien vivant lors d'un deuxième échange de prisonniers dans les années 1980 Et qu'il n'est pas simple de revenir d'entre les morts et d'osciller entre la gloire d'être un martyr, même vivant, et la crise identitaire qu'elle provoque Si je ne suis pas mort, qui suis-je ? Avec gourmandise et humour, Lina Majdalanie nous conte en arabe et en français les tribulations de Dib-Al-Asmar, tour a tour combattant de I OLP, statue vivante, aliène en hôpital psychiatrique, jihadiste, prisonnier dans les geôles syriennes Tout en parlant, elle dépose dans un liquide une série de photos d elle qui s'effacent peu à peu Une fois devenues blanches, elles servent de support à la projection de son visage, filmé depuis l'envers du panneau de bois où l'on voyait le travail d'effacement des clichés absorbant à la fois couleurs, traits, mots, souvenirs Réel et fiction se dissolvent de concert. Ainsi naît le récit Fabienne Anvers et Philippe Noisette Festival de Marseille jusqu au 9 juillet

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Date : 04/07/2017 Journaliste : Stéphane Capron

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1993 : la fin du rêve européen ?

1993 photo Jean-Louis Fernandez Tiens encore une année. Après 2666, Julien Gosselin met en scène 1993, un texte d’Aurélien Bellanger avec tout le groupe 43 de l’école du Théâtre National de Strasbourg. Une pièce qui interroge le rêve européen dans une scénographie radicale. Créé au Festival de Marseille, le spectacle va tourner en 2018. Lorsqu’ils évoquent le sujet de la pièce, Julien Gosselin et l’auteur Aurélien Bellanger imaginent construire le texte à partir de témoignages recueillis à Calais. Finalement Aurélien Bellanger écrit un essai. 1993, c’est l’année des derniers travaux avant l’ouverture du tunnel sous la Manche, un grande idée européenne portée par Margaret Thatcher et François Mitterrand. La même année, un autre tunnel est creusé entre la France et la Suisse, le Cern, on y installe un accélérateur de particules. Le Tunnel sous la Manche entre Calais et Londres désenclave l’Angleterre. C’est aussi un appel d’air pour des réfugiés en quête de liberté. Les européens ne le savent pas encore en 1993, mais vingt ans plus tard ce tunnel provoquera un traumatisme en Europe. Le rêve européen s’est-t-il évanoui depuis la réunification des deux Allemagnes et la chute du mur de Berlin ? Le spectacle pose cette question. Aurélien Bellanger s’est appuyé sur l’ouvrage de Francis Fukuyama, La Fin de l’histoire et le Dernier Homme. Un essai de ce politologue américain dans lequel il affirme que la fin de la Guerre froide marque la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme sur les autres idéologies politiques, et que la chute du Mur va entraîner d’importants soubresauts. Dans la première partie du spectacle, Julien Gosselin créé un trou noir théâtral saisissant. Les comédiens du groupe 43 du TNS, en ligne, scandent des bribes de textes. Puis ils sont happés par ce tunnel sombre, d’où se détache la lueur de néons stroboscopiques blafards. Ils disparaissent pendant plus de quarante minutes, laissant le public seul, face à ce trou béant. On est scotché devant la radicalité de la mise en scène. Julien

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Date : 04/07/2017 Journaliste : Stéphane Capron

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Gosselin aime dire qu’il ne souhaite pas ménager le public. Il le confirme une fois de plus. Avec brio. Les phrases chocs d’Aurélien Bellanger ne laissent pas indifférents non plus. Il compare les réfugiés à des particules exotiques qui jaillissent du tunnel; l’Europe à une génération de playmobils. 1993 est totalement à contre courant de la pensée « macroniste » idéaliste sur l’état de l’Europe. Il est là où doit se placer le théâtre et la culture, dans l’interrogation et les doutes. Et avec cette génération d’acteurs, de scénographes, de régisseurs, de metteurs en scène enthousiastes, il créé un électro choc salvateur. La deuxième partie se déroule dans un appartement quelque part en Europe lors d’une soirée Erasmus avec des étudiants de différentes nationalités. On boit, on se drogue, on baise. Les comédiens du TNS sont filmés par deux opérateurs de prise de vues qui les suivent du salon à la cuisine, dans les couloirs ou dans les toilettes. Julien Gosselin reproduit ici avec la même qualité technique, le procédé utilisé par Cyril Teste dans Nobody. Les images sont projetées au dessus du décor. Cette réunion de jeunes européens s’avère être un rassemblement de jeunes nationalistes. La montée des fondamentalismes : une réaction à la vacuité de la société libérale ? Aurélien Bellanger et Julien Gosselin posent crûment la question dans un spectacle qui interroge notre propre vision de l’Europe. 1993 Julien Gosselin & Aurélien Bellanger Texte Aurélien Bellanger Mise en scène Julien Gosselin Avec Quentin Barbosa, Genséric ColénoDemeulenaere, Camille Dagen, Marianne Deshayes, Paul Gaillard, Yannick Gonzalez, Roberto Jean, Pauline Lefebvre-Haudepin, Dea Liane, Zacharie Lorent, Mathilde Mennetrier, Hélène Morelli Musique Guillaume Bachelé Scénographie Emma Depoid, Solène Fourt Costumes Salma Bordes Son Hugo Hamman, Sarah Meunier Lumière Quentin Maudet, Sarah Meunier Vidéo Camille Sanchez Plateau Jori Desq Régie générale Valentin Dabadie Conseils vidéo Pierre Martin Conseils lumière Nicolas Joubert Assistanat à la mise en scène Eddy D’Aranjo, Ferdinand Flame Décor et costumes ont été réalisés par les ateliers du TNS Crédits photos Pierre Martin et Simon Gosselin Spectacle créé avec le Groupe 43 de l’École du TNS (diplômé en 2017) Julien Gosselin est metteur en scène associé au Théâtre National de Strasbourg Production Théâtre National de Strasbourg Coproduction Festival de Marseille – danse et arts multiples Coproduction Festival de Marseille. Spectacle présenté en coréalisation avec le Théâtre du Gymnase duréé: 1 h 45 Festival de Marseille 2017 Théâtre du Gymnase 3 et 4 juillet 2017 à 19h Gennevilliers du 9 au 20 janvier 2018 au T2G-Théâtre de Gennevilliers – Centre dramatique national de création contemporaine Valenciennes les 16 et 17 mars 2018 au Phénix – Scène nationale, Pôle européen de création Liège du 17 au 21 avril 2018 au Théâtre de Liège TNS du 26 mars au 10 avr 2018

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Date : 08/09 JUIL 17 Journaliste : OLIVIER LAMM Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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«i fanait faire comme si on partait dela"jungle" ans apres» Après «2666», prouesse de douze heures qui avait conquis Avignon, Julien Gosselin s'est associé à Aurélien Bellanger pour créer «1993»,

une pièce sur l'Europe et Calais. INTERVIEW

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Date : 08/09 JUIL 17 Journaliste : OLIVIER LAMM Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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Recueilli par OLIVIER LAMM Envoyé spécial à Marseille a fin de l'histoire, veloutée et fino, a traversé le ciel européen dans le milieu des années 90.» La phrase d'ouverture de 1993 est déclamée, avec un indicible mélange de passion et de didactisme, par une silhouette chirurgicalement désincarnée par un mur de néons. Elle rappelle l'incipit d'un roman monstre de la modernité dont on verrait bien Julien Gosselin s'emparer un jour pour l'un de ses spectacles, l'Arc-en-clel de la gravité de Thomas Pynchon, qui débute par ces mots -.«Un hurlement traverse le ciel.» Le décor, seulement figuré par la prose d'Aurélien BeËanger, de la fumée et de l'obscurité, n'a pourtant rien à voir avec la «zone» immédiate d'après-guerre décrite par le romancier américain. Nous sommes en Europe, quelque part entre 1993 et 2017, à un endroit de l'histoire humaine où la guerre est presque absolument absente, où les hommes se sentent pourtant plus anxieux que jamais de la voir revenir en même temps que les populations suppliciées de pays lointains où elle s'épanouit. A équidis-

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tance de deux chefs-d'œuvre de l'ingénierie la représentation de son adaptation des Partimoderne, le tunnel sous la Manche et le grand cules élémentaires à Lille il y a quèlques ancollisionneur de hadrons (LHC) du Cern, Ju- nées, puis à participer à une discussion avec lien Gosselin, homme de théâtre le public en tant que «spécialiste et de visions, et Aurélien Bellande Houellebecq» [le premier ger, romancier de la technique et ^^ livre d'Aurélien Bellanger, publié des grands projets, ont perçu la ] ^H en 2010, est un essai intitulé naissance d'un monde, le nôtre, H Houellebecq, écrivain romanet de la malédiction de l'Europe, a tique, nair]. Il se trouve que sa postmodernité. Avec «la Fin o c'était la première fois que j'allais de l'histoire», article de Francis z au théâtre depuis mes 14 ans. Fukuyama, en horizon ironique, § Julien Gosselin: Quand Stanisune compilation d'eurodance las Nordey, directeur du TNS, dans les tympans et main dans la m'a demande de faire le spectamain avec douze jeunes comécle de sortie du Groupe 43, je tradiens et régisseurs du Groupe 43, vaillais sur 2666, une pièce de formés à l'école du Théâtre natiodouze heures adaptée de Ronal de Strasbourg (TNS), ils ont berto Bolano, et je n'avais pas la conçu au jour le jour un objet tête à trouver un autre texte. Il théâtral d'un genre nouveau, m'a demande : «De quoi tu as enentre l'essai, le pamphlet et la Q vie de parler ?» J'ai répondu : pure poésie. Libération les a ren- Aurélien Bellanger. «Calais.» C'était vague mais contres à Marseille au lendemain c'était une nécessité. Politique, de la première représentation du spectacle, déjà, puisqu'on était proche du démantèleau Théâtre du Gymnase. ment. Géographique, également, pour les Comment est née l'idée du spectacle et paysages. J'envisageais de partir de témoide votre collaboration? gnages de migrants, de Calaisiens, de comAurélien Bellanger: Julien m'avait invité à merçants, de skinheads... Parce que je man-

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Date : 08/09 JUIL 17 Journaliste : OLIVIER LAMM Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 73331

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quais de temps, Stanislas m'a conseillé dè prendre un assistant. J'ai pensé à Aurélien en me disant qu'il n'accepterait jamais. A.B. : Tous mes romans parlent de grands projets de modernisation qui se mettent à déconner. Le tunnel sous la Manche est exactement le genre de projet dont j'aurais pu m'emparer, surtout depuis qu'il y a la «jungle». Mais je suis romancier, j'invente. En discutant, nous nous sommes vite rendu compte que c'était le caractère hautement politique du tunnel qui nous intéressait. Les responsabilités sont à la fois extrêmement graves, et extrêmement diluées. Même un grand méchant comme le ministre de lintérieur, Gérard Collomb, ne doit pas faire oublier que l'on a affaire à une faillite générale. La structure dè la pièce, avec ses forts effets dè contraste, semble souligner cet effet de révélation qu'a permis la «jungle»: comme si l'Europe se révélait à elle-même du jour au lendemain. J.G. : Au tout début du projet, je souhaitais que nous collaborions avec Haydée Sabéran, qui écrit notamment pour Libé sur Calais. Mais j'ai compris que c'était un travail d'historien, de romancier. Il fallait faire comme si on en parlait 100 ans après, d'une matière théorique et poétique représentée de manière ouvertement désincarnée. Je voulais une seconde partie plus incarnée. Après avoir écarté les témoignages de migrants, on s'est décidé sur la face noire de ce qu'on exposait dans la première: qu'est-ce que la jeunesse - une jeunesse - calaisienne peut faire de pire en réaction à ça? On a choisi les identitaires comme une extrémité, mais également parce qu'ils existent vraiment à Calais. On a travaillé cette chose-là en répétition. Puis j'ai lu l'article de Fukuyama. Je me suis dit, c'est de la prescription un peu bizarre, un peu limite, mais aussi visionnaire : c'est écrit en 1989, et il annonce que l'islam et le nationalisme seront les seules possibilités pour les A.B. : Très rapidement s'est révélé comme une évidence que la pièce devait interroger le rapport de l'Europe à la modernité. Même en période postcoloniale très tardive en ce début de millénaire, alors que le Vieux Continent a cessé de classer les peuples en fonction de leur degré de civilisation, il reste le sentiment d'une séparation : les Européens savent «gérer» et conserveraient une différence anthropologique fondamentale avec le reste du monde qui est qu'ils auraient accédé, comme des particules, à un état de «superénergie» et la création du tunnel est le meilleur exemple de ça. Si on arrive à prendre un peu de recul et à déconstruire l'Occident moderne, avec ses fétiches, comme un ar-

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chaïsme comme les autres, on tient une croyance comparable à celle des Océaniens pour les dieux du cargo. Et là, la «jungle» n'est plus une anomalie. A quel moment l'article de Francis Fukuyama, qui reste immensément décrié, est-il arrivé dans la pièce ? J.G.: Aurélien a tout de suite intégré la notion de fin de l'histoire. C'est dans le début du texte. Mais c'est arrivé dans le désordre. Je savais que je ne voulais pas m'en tenir à ce qu'on voit dans la première partie, qui part

«L'idée que les sociétés libérales avancées et technologiques sont indépassables, j'y crois comme une religion.» Aurélien Bellanger auteur de la pièce peuples de re-rentrer dans l'histoire. A part Dantec, que tout le monde prenait pour un dingue parce qu'il annonçait que le XXIe siècle serait celui de la religion, la doxa était qu'il ne serait plus question que de technologie. On a pris la décision de le faire passer non pas comme un texte étrange, mais un texte référentiel. Avec une forme d'humour. A.B.: J'aime beaucoup interroger ma propre bêtise dans mes textes, et je peux affirmer sans hésiter que «la Fin de l'histoire» fait partie de mes points de stupidité, parce que j'y ai vraiment cru. L'idée que les sociétés libérales avancées et technologiques sont indépassables, j'y crois comme une religion. Fukuyama est un éditorialiste plus qu'un historien ou un philosophe, mais il est brillant. L'usage extensif de ce texte ne risque-t-il pas de faire croire au spectateur qu'il défend effectivement une thèse moralisatrice? J.G. : Je voudrais qu'il y ait plus de joie et de plaisir à dire que c'est magnifique, l'Europe telle qu'elle est, ne serait-ce que pour créer une ironie supplémentaire. A.B. : C'est, malgré tout, un texte élégiaque. La structure est celle d'un long poème. L'ironie est très globale, ou très extérieure au texte. C'est la totalité de la forme esthétique qui est en soi ironique. Même si le texte critique une forme de croyance - celle de 1993 qui s'est dissipée, elle demeure vivante, en germe. Le spectacle essaie de ressusciter quelque chose qui a vraiment existé. Il le respecte en tout cas. J.G. : II ne faut pas oublier que le spectacle

est joué par des jeunes acteurs qui sont nés à peu près à l'époque qui est décrite dans le spectacle. Quitte à radicaliser l'ensemble, le dogmatiser aussi par endroits, je ne voulais pas que l'on sente trop mon regard au moment de la prise en parole. Je voulais que la colère du spectacle puisse être perçue comme appartenant à celle de jeunes gens de 20 ans. D'autant que la conception collective de 1993 a permis à ces jeunes acteurs de rentrer dans un système de pensée qui était en train de se créer. Outre les inaugurations du tunnel et du LHC, comment avez-vous déterminé l'année d'ancrage du spectacle, qui lui donne également son titre ? A.B. : En vérité, le tunnel a été inauguré en 1994. Mais en 1993, il y avait No Limit de 2 Unlimited. C'était une bonne bascule. Quand j'entends «années 90», je pense à une extrême froideur technologique, revendiquée comme telle. Quand j'entends «93», j'entends contre-révolution, violence... J.G.: Et l'année de naissance de l'eurodance : c'est écrit dans la fiche Wikipédia. A.B. : Je me souviens, j'étais en vacances avec un copain en Corrèze qui écoutait ça. On dormait dans une tente, et il m'avait expliqué qu'en enfonçant plus profondément les écouteurs dans les oreilles, on entendait mieux les basses. J'avais 13 ans, c'était la première fois que je dormais à la belle étoile et que j'entendais un truc comme ça. Je trouve ça dingue que l'on associe la fête à un genre musical aussi mélancolique. Par ses contrastes et son usage du discours, 1993 apparaît comme un spectacle à thèse. Est-ce un leurre complet? J.G.: En même temps, quelle est la thèse? Qu'on a raté quelque chose ? Qui peut dire le contraire? La thèse du spectacle la plus tangible, elle est à déchiffrer dans les paysages vides qu'on voit à la fin. C'est une tristesse plus poétique qu'idéologique. Je pense à ce moment bouleversant du spectacle, quand on voit les visages très jeunes des comédiens éclairés en lumière crue, et qu'on se dit qu'ils sont les conservateurs d'un musée triste qui ne leur appartiendra jamais. A.B. : Anciennement, la culture est le contenu d'une civilisation. Si l'on débarque chez un peuple premier et que l'on assiste à un événement culturel, on aura l'impression de faire l'expérience du cœur de sa civilisation. Est-ce cette impression que l'on aura en allant au théâtre en Europe aujourd'hui ? Si tu veux voir la culture des Peuls, va assister à une cérémonie traditionnelle. Si tu veux voir la culture des Européens, va visiter un échangeur routier. •*• 1993 texte AURÉLIEN BELLANGER m.s. JULIEN GOSSELIN En tournée en 2018.

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Fest ival de Marseille danse et arts multiples

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Direction Jan Goossens

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