Objets d'exclusion

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à l’objet, la psyché de l’individu s’y dépose et y laisse ses traces. C’est parce que les objets sont de tels porteurs de mémoire que l’archéologue peut, en l’absence d’écriture, reconstituer des modes de vie passée.

L’objet constitue une troisième mémoire, ni génétique, ni nerveuse, de l’être humain : une mémoire culturelle, celle du genre humain. Cette mémoire culturelle est tout d’abord héritée, puis individuellement appropriable. Il constitue un trait de l’individu (le pinceau du peintre, le doudou du bébé), une trace, un témoignage d’une vie passé. L’objet sera plus ou moins chargé d’histoire, de psyché en fonction de l’importance qu’on lui donne. Mais tous, seront chargés en souvenirs d’instants passés. L’objet porteur de psychisme peut s’interpénétrer avec d’autres : on peut emprunter cet objet, le voler, le partager. En cela, il s’inscrit dans un contexte psycho-sociétal. On se sociabilise à travers les objets (le partage, la propriété, l’échange). On transmet, par exemple, des objets familiaux qui deviennent ainsi une partie de la mémoire familiale.

20/ Bernard Stielger, Entretiens du nouveau monde industriel : Objets réticulés et hyperobjectivité, conférence, 26 et 27 novembre 2009.

S’il y a exclusion par les objets, il y a « appropriation de l’objet » et « inclusion par l’objet ». La perception que l’on en a, l’image qu’il nous renvoie, participe à la relation que l’on entretient avec notre quotidien. Quand l’objet dépasse sa fonctionnalité pure et simple, il atteint un niveau symbolique.

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