Schéma régional Cimat Energie alternatif d'EELV

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Les notes d'Europe Ecologie Les Verts au Conseil Régional de Bretagne

Schéma Régional Climat Air Energie ­ Octobre 2013

ENERGIE ET CLIMAT, UN NOUVEAU SOUFFLE POUR LA BRETAGNE Schéma Climat Air Énergie alternatif d'Europe Ecologie Les Verts Bretagne


EDITO

Par Anne­Marie Boudou, élue référente du dossier énergie pour EELV anne­marie.boudou@region­bretagne.fr

Après plus d'un siècle d'augmentation progressive de la production et de la consommation de pétrole, la plupart des experts l'admettent : le pic de production est atteint. Nous consommons désormais plus de pétrole que nous n'en découvrons. Les gaz et huiles de schistes ne seront pas une solution de substitution. Leur coût est bien trop élevé, sans compter les problèmes environnementaux qu'ils posent. Nous sommes donc sortis de l'ère du pétrole abondant et bon marché et il y a urgence à réduire progressivement notre dépendance aux ressources énergétiques non renouvelables. Cette urgence est d'autant plus importante que le Groupe d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) vient de confirmer la réalité du changement climatique et le rythme alarmant auquel il se produit. Ainsi, si rien n'est fait, la température moyenne de la Terre pourrait augmenter de 4,8°C en 2100, quand le niveau des océans montera de 82 cm. L'ONU estime pour sa part qu'avec le changement climatique nous risquons, au plan économique, des pertes équivalentes au tiers du produit intérieur brut mondial. Avec 2 700 kilomètres de littoral et une économie fortement dépendante des ressources naturelles (agriculture, pêche, ostréiculture, tourisme...), la Bretagne est particulièrement concernée par les risques liés aux catastrophes climatiques. Cela doit nous conduire à prendre toute notre part pour une véritable transition énergétique et climatique. Ce sont les enjeux du Schéma régional Climat Air Energie, élaboré conjointement par l'Etat et la Région, et qui doit être adopté en ce mois d'octobre 2013. Si certaines orientations, en matière d'énergies renouvelables par exemple, sont cohérentes, le document proposé ne parvient pas à engager une véritable transition. Pire, il abandonne l'objectif de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre en 2050, engagement pourtant pris par le gouvernement français et réaffirmé par le président Hollande. Pour palier à ces manques, les écologistes ont décidé de proposer leurs solutions pour relever le défi climatique et énergétique. Nos objectifs : diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre, multiplier par huit notre production d'énergies renouvelables, équilibrer production et consommation en diminuant de 60% notre consommation d'énergie, construire un modèle 100% renouvelable. La Bretagne dispose de tous les atouts pour y parvenir et le nouveau modèle énergétique que nous appelons de nos vœux créera des milliers d'emplois non délocalisables. Pour y parvenir, il nous faut engager de nouvelles manières de produire, une nouvelle économie compatible avec la transition énergétique. Il nous faut l'envisager maintenant, avec l'ensemble des acteurs concernés. Il nous faut accompagner ceux et celles qui s'investissent en faveur d'une économie qui protège l'environnement comme les droits sociaux. Les bretons ont su dire non à l'énergie nucléaire. Lorsque l'on voit les conséquences de la catastrophe de Fukushima, nous ne pouvons que dire un merci à tous ceux et celles qui se sont battus pour empêcher un réacteur à Plogoff, Erdeven ou encore au Pellerin. Notre région reste fortement dépendante des importations, toujours plus chères, de pétrole et de gaz. Sur ce point, il nous faut saluer l'action du collectif Gaspare contre le projet de centrale gaz de Landivisiau qui, s'il devait voir le jour, aggravera notre dépendance aux énergies fossiles, alors même que nous disposons d'un gigantesque potentiel d'énergies renouvelables. C'est dans le prolongement de cette histoire et de ces combats que nous voulons construire aujourd'hui un Schéma énergétique alternatif breton ambitieux. C'est l’objectif de ce document. Pour finir, il faut préciser que notre schéma a été imaginé à l'échelle de la Bretagne administrative pour être comparable à celui proposé par l'Etat et la Région. Cependant, EELV Bretagne continue son combat en faveur de la réunification bretonne et pour que l'élaboration des données statistiques prennent en compte les cinq départements bretons.


SOMMAIRE RESUME DES OBJECTIFS D'EELV POUR L'ENERGIE EN BRETAGNE

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CONSTATS

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1 ­ Les différents aspects de l'urgence énergétique et climatique

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2 ­ Bilan énergétique et climatique de la Bretagne

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3 ­ Répondre à l'urgence, engager la transition

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­ Changer le modèle de développement, pas le climat ! ­ Pétrole, gaz, charbon, uranium : ressources en voie de disparition ­ Des sources d'énergie toujours plus chères ­ Les émissions de gaz à effet de serre ­ Les consommations d'énergie ­ Les productions d'énergie

­ Les engagements internationaux, européens et français pour combattre le réchauffement ­ Les limites des politiques actuelles ­ au plan national ­ au plan régional - pourquoi un schéma énergétique alternatif? ­ La Bretagne à l'horizon 2050

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UN SCHEMA ENERGETIQUE ALTERNATIF POUR LA BRETAGNE 1 ­ Entrer dans l'ère de la sobriété énergétique : réduire et maîtriser les consommations ­ Bâtiment résidentiel et tertiaire ­ Fiche 1 ­ Bâtiments résidentiels ­ Fiche 2 ­ Bâtiments tertaires ­ Transport de personnes et marchandises ­ Fiche 3 ­ Transports de personnes (mobilité) ­ Fiche 4 ­ Transports de marchandises (fret) ­ Un nouveau schéma ferroviaire ­ Grands secteurs économiques (dont agriculture et industrie) ­ Fiche 5 ­ Agriculture ­ Fiche 6 ­ Pêche ­ Fiche 7 ­ Industrie

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2 ­ Sortir progresssivement des énergies non durables : pétrole, charbon et nucléaire

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3 ­ Déployer les énergies renouvelables

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­ Fiche 8 ­ Sortir des énergies fossiles pour la production thermique et électrique ­ Energie Bleue ­ Fiche 9 ­ électricité marée­motrice ­ Fiche 10 ­ hydroélectricité ­ Fiche 11 ­ hydrolien ­ Fiche 12 ­ houlomoteur ­ Fiche 13 ­ Agro­carburants et algues brunes

­ Energie issue de la biomasse ­ Fiche 14 ­ Bois Énergie (cogénération, bois bûche, chaufferies collectives) ­ Fiche 15 ­ Biogaz

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­ Energie solaire ­ Fiche 16 ­ solaire photovoltaïque ­ Fiche 17­ solaire thermique

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­ Energie éolienne ­ Fiche 18 ­ Eolien off­shore et flottant ­ Fiche 19 ­ Eolien terrestre

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­ Efficacité énergétique ­ Fiche 20 ­ « réseaux intelligents », stockage et proximité

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4 ­ Outils et atouts de la transition énergétique ­ Fiche 21 ­ Pour une énergie citoyenne ­ Des milliers d'emplois ­ Financer la transition énergétique

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Résumé de objectifs d'EELV pour l'énergie en Bretagne Le projet écologiste de transition énergétique s'appuie sur le triptyque suivant : sobriété, sortie des énergies non renouvelables et déploiement des énergies renouvelables.

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Entrer dans l'ère de la sobriété énergétique : réduire et maîtriser les consommations Objectif EELV de réduction GES en Bretagne par secteur

Les actions en matière de sobriété énergétique doivent nous permettre d'envisager une réduction de 60% d'ici 2050 de l'ensemble des consommations énergétiques bretonnes et une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre. Pour y parvenir, il faut agir en priorité sur les trois secteurs qui représentent à eux seuls 90% des émissions de GES et 90% des consommations d'énergie à savoir : les transports, le bâtiment et l'agriculture.

Objectif EELV de réduction des consommations d'énergie en Bretagne et par secteur

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Sortir progressivement des énergies non durables : pétrole, charbon et nucléaire La production thermique et électrique conventionnelle ou non renouvelable s’est élevée à 77 ktep d’énergie finale soit 1 % de la consommation régionale en 2010. Cette production est issue de différents systèmes de production répondant à des usages spécifiques comme les turbines à combustion pour la production électrique de pointe ou les unités d’incinération d’ordures ménagères (alimentation de réseaux de chaleur). Considérant leur faible importance en matière de production, il est possible d'envisager une sortie de ces moyens de production non renouvelables. Le projet de centrale de production électrique cycle combiné gaz (CCG) d’une puissance de 420 MW envisagée à Landivisiau aggravera le besoin en énergie fossile de la Bretagne. Ce projet est de plus inutile, coûteux et inadapté. Il doit être abandonné.

Déployer les énergies renouvelables

La transition énergétique doit amener la Bretagne à produire l'énergie qu'elle consomme d'ici 2050 et ce, dans le respect de l'environnement. Pour cela, elle devra réduire de 60% ses consommations et multiplier par huit les productions d'énergies renouvelables. Elle dispose de nombreux atouts pour y parvenir. Les nouvelles filières énergétiques sont une opportunité pour l'économie et l'emploi en Bretagne. Objectif EELV d'augmentation des énergies renouvelables par modes de production

Consommation d'énergie

Production d'énergie

Objectif EELV Bretagne production...

... et consomation d'énergie

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CONSTATS

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Les différents aspects de l'urgence énergétique

Changer le modèle de développement, pas le climat ! La lutte contre le changement climatique est l'enjeu majeur de notre siècle. Depuis près de 200 ans, avec les débuts de l'ère industrielle notre modèle de développement économique est appuyé sur l'utilisation massive des énergies fossiles : d'abord le charbon, puis le pétrole et le gaz. Ces énergies produisent des gaz à effet de serre (GES) au moment de leur combustion et engendrent un phénomène de réchauffement climatique global qui modifie durablement le climat de notre planète.

Causes et conséquences du changement climatique

Les émissions de gaz à effet de serre sont constituées de rejets de dioxyde de carbone (CO2 ­ 77% des émissions totales en 2004), de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et de différents gaz frigorigènes (HFC, PFC et SF6). Selon le GIEC1 (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat), dont les travaux font l'unanimité, ces émissions ont crû de 70% entre 1970 et 2004. Les concentrations de gaz carbonique dans l’atmosphère ont atteint des niveaux jamais vus depuis 650 000 ans : plus de 400 ppm en 2012 contre 280 ppm avant l’ère industrielle.

La température moyenne de l'air à l'échelle mondiale s'est ainsi élevée de 0.74 C° le siècle dernier. Nous commençons déjà à subir les premiers effets de cette hausse des températures : phénomènes climatiques extrêmes, montée des eaux et érosion des côtes, perte sans précèdent de la biodiversité. On estime que chaque année dans le monde ce sont ainsi 150 millions de « réfugiés climatiques », qui sont contraints de quitter leur région à cause de la dégradation de leur environnement local.

Au rythme actuel, le GIEC estime que l'élévation des températures pourrait atteindre jusqu'à 6 C°. Au delà d'une augmentation de 2.5 C°, le bouleversement des écosystèmes pourrait entraîner l’extinction de 20 à 30% des espèces animales et végétales, et de plus de 40% des espèces pour un réchauffement supérieur à 4°C. Cette crise biologique sans précédent aura des conséquences graves pour l'Humanité et sa capacité à garantir ses besoins vitaux (boire, se nourrir...). EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Pétrole, gaz, charbon, uranium : ressources en voie de disparition Le pétrole, abondant et bon marché, a permis à l’Europe de devenir l’une des économies les plus riches et les plus modernes de la planète. Aujourd’hui, il est devenu son principal point faible. En effet, depuis les années 1980, le monde consomme chaque année plus de pétrole qu’il n’en découvre, ce qui signifie que depuis cette période, l’industrie pétrolière puise dans ses stocks. Jusqu'à l'épuisement ? Historiquement, la capacité de production mondiale est d’abord maîtrisée par les Etats­Unis jusqu’en 1971, période durant laquelle ils doivent se rendre à l’évidence : ils ne sont plus en mesure d’augmenter la production nationale. Le pic pétrolier des États­Unis d'Amérique est dépassé. Cela entraîne une augmentation massive du prix du baril et le premier choc pétrolier de 1973. Dès les années 1950, la scientifique Marion King Hubbert avait pronostiqué avec succès ce pic de la production de pétrole, dénommé Pic de Hubbert. En 1979, sous les effets conjugués de la révolution iranienne et de la guerre Iran­Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi­1978 et 1981. On parle de « second choc pétrolier » pour qualifier ce second cycle de hausses des prix. Ces deux chocs sont liés à une baisse des volumes de production et qualifiés de « chocs de l'offre ». Le choc pétrolier de 2008, a quant à lui, vu le prix du baril de brut être multiplié par trois et dépasser les 100$. Entre 2004 et 2008, la production mondiale est restée étonnamment stable malgré cette forte hausse des prix. Cela montre deux choses : d’une part, ce choc pétrolier n’est pas lié à une baisse de la production, contrairement aux deux chocs précédents (1973 et 1979) et d’autre part, les producteurs n’ont pas été capables d’augmenter la production pour stopper l’escalade des prix. Ce choc sera qualifié de « choc de la demande ». Pour certains, il démontre que le pic de production mondiale a été atteint. Pour la première fois en trente ans, la France, comme les Etats­Unis, ont connu une baisse de leur consommation de carburants. De nombreux travaux scientifiques estiment que le pic de production mondiale de pétrole a été atteint ou le sera d'ici 2020. Quelques soient les sources des prévisions, toutes montrent une baisse inévitable de la production de pétrole dans un avenir proche et la fin de son abondance et de son faible coût. Les pics de production du gaz et du charbon interviendront quant à eux autour de 2050.

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En même temps que le pétrole se fait plus rare, sa production demande toujours plus d'énergie. « L'énergie nette » aussi appelée Energy Return on Energy Invested ou ERoEI correspond à la quantité d'énergie finalement utilisable une fois retranchée l'énergie nécessaire à la produire et à la rendre disponible. Par exemple, pour injecter quinze litre de SP95 dans le réservoir d'une automobile, il faut aujourd'hui utiliser l'équivalent d'un litre en amont, depuis l'extraction du pétrole brut jusqu'à la fourniture d'essence à la station­service, en passant par le transport et le raffinage. Il y a cinquante ans, vingt centilitres auraient suffi. En effet, à cette époque, les champs pétroliers étaient plus facilement opérables, le brut de meilleure qualité, et la chaîne d'approvisionnement moins dispendieuse. Pour toutes les filières on assiste à une baisse de l'ERoEI, c'est à dire qu'il faut utiliser toujours plus d'énergie pour obtenir la même énergie. C'est le cas des gaz et huiles de schiste dont l'extraction est extrêmement énergivore. Ainsi, avant même de parler des problèmes environnementaux liés à leur exploitation, ils ne constituent en aucun cas une solution aux enjeux énergétiques actuels.

L'uranium, dont la France dépend pour alimenter ces 58 réacteurs nucléaires, est aussi une ressource non renouvelable. 78% de l'électricité française est d'origine nucléaire soit 17% de l'énergie consommée sur le territoire. L'extraction de l'uranium en provenance du Niger ou du Kazakhstan se fait dans des conditions sociales inacceptables. De même, le danger intolérable lié au risque d'accident, les déchets radioactifs extrêmement dangereux légués aux générations futures, les coûts élevés de la filière nucléaire ou encore l'usure des centrales sont autant d'éléments qui ne peuvent qu'inciter à engager la sortie du nucléaire. 22 réacteurs ont déjà plus de 30 ans, durée de vie initialement prévue à leur conception. En 2020, ils seront 51 soit la quasi totalité du parc nucléaire français. Deux voies sont aujourd'hui possibles : prolonger la durée de vie des réacteurs et augmenter les risques d'accidents ou engager une sortie du nucléaire dès à présent.

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Des sources d'énergie toujours plus chères En 2011 le déficit commercial de la France atteint 70 milliards d'euros, dont la facture énergétique en représente 86 % (environ 60 milliards d'euros). Pour les particuliers aussi la facture est lourde. La facture énergétique française désigne le solde financier « importations ­ exportations » d’énergie (pétrole, gaz naturel, électricité, etc.). La France importe la quasi­totalité de son pétrole, charbon, gaz et uranium. En 2012, la facture énergétique s’est ainsi élevée à 70 milliards d’euros – dont 55 milliards pour les seuls produits pétroliers, 14,5 milliards pour le gaz et 2,5 milliards pour le charbon ­ soit davantage que le déficit de la balance commerciale française. La dépendance française aux importations d’énergies fossiles, associée à une hausse du prix de ces énergies, explique l’importance de cette facture. L’électricité reste pour l'instant le seul poste créditeur de la balance énergétique française : l’excédent commercial dû aux échanges d’électricité rapporte entre un et deux milliards d’euros chaque année. La facture énergétique de la France est vouée à croître plus rapidement que l'augmentation du prix du baril de pétrole. En effet, la France pour acheter son pétrole doit produire de la richesse économique (PIB) afin de disposer de l'argent nécessaire. Plus le pétrole est cher, plus la quantité de biens et de services que les Français devront fournir pour produire la richesse suffisante sera élevée. Autrement dit, plus le prix du baril augmente, plus l'activité économique doit augmenter pour simplement payer l'énergie importée. Il faut donc consommer davantage d'énergie. Par conséquent, l'investissement énergétique nécessaire pour obtenir de l'énergie augmente et l'ERoEI diminue.

Pour les particuliers aussi la facture énergétique ne cesse de grimper. Le coût des charges d'énergie est en moyenne, en 2012, de 3 200 euros par an pour chaque foyer. Le coût des charges d'énergie domestique (électricité, gaz et fioul domestique...) est de 1 700 euros auquel s'ajoute le coût du carburant pour les déplacements évalués à 1 500 euros. Pour la fondation Abbé Pierre, ce sont ainsi huit millions de personnes en France qui souffrent de « précarité énergétique » ("État du Mal­Logement en France" ­ 2012), c'est à dire n’ayant pas un accès normal et régulier dans leur logement aux sources d'énergie nécessaires pour leurs besoins fondamentaux. La Bretagne est particulièrement touchée : plus de 100.000 personnes auraient une facture énergétique à usage domestique excédant 10% de leurs revenus annuels. La moitié des résidences principales ont un diagnostic de performance énergétique (DPE) qui les classe au dessus de la catégorie E (soit une consommation supérieur à 230 kwh/m2/an) et sont donc considérées énergivores. Seulement 22% ont une consommation inférieure à 150 kwh/m2/an, c'est à dire la catégorie C. Cette part est particulièrement élevée en Centre­Bretagne. Aux factures d'énergie pour le logement s'ajoutent souvent celles pour la voiture et les déplacements. Avec un coût moyen de 5 700 euros par an et par ménage (dont 1 500 consacrés au carburant), la voiture pèse lourd dans le budget des bretons. Là aussi les habitants des milieux ruraux et périurbains sont les plus touchés. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Bilan énergétique et climatique de la Bretagne

Les émissions de gaz à effet de serre La Bretagne émet 27 millions de tonnes équivalent CO2. Seulement 55% d'entre elles sont liées à l'utilisation de l'énergie. Les 45% restants sont d'origines non énergétiques. Trois secteurs représentent à eux seuls près de 90% des émissions de Gaz à effet de serre. Tout d'abord, l'agriculture qui représente 40% du bilan régional. Les émissions du secteur agricole breton sont dites non énergétiques car issues de la concentration excessive du cheptel et de l'utilisation massive d'intrants (pesticides, engrais...). Ces émissions se singularisent par la prépondérance de méthane et protoxyde d’azote. Si l'agriculture est le premier émetteur de gaz à effet de serre en Bretagne, elle est aussi la première touchée par les conséquences du réchauffement climatique comme toutes les activités qui dépendent de la nature (pêche, ostréiculture, forêt...). Ensuite, les secteurs du transport et du bâtiment (respectivement 26 % et 23 %), dont les émissions sont liées aux consommations énergétiques de pétrole et gaz, sont les seconds pourvoyeurs de gaz à effet de serre en Bretagne. Le fret, se fait quasi intégralement par la route et représente le tiers des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, le fort développement de la maison individuelle a favorisé l'étalement urbain et contraint les bretons et bretonnes à une plus grande dépendance à la voiture individuelle pour les déplacements quotidiens. Par rapport à la répartition nationale des émissions de gaz à effet de serre, on note donc une sur­ représentation de l'agriculture et des transports par rapport aux autres régions de France. On constate, à l'inverse, une sous­représentation de la part due à l’industrie et aux activités de production d’énergie, la Bretagne perdant peu à peu ses quelques industries et ne produisant qu'une faible part de l'énergie qu'elle consomme.

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Les consommations d'énergie La consommation énergétique bretonne s'élevait en 2011 à 7 056 ktep (82 000 Gwh), soit environ 4,5% de l’énergie finale en France. 10% de l’énergie consommée en Bretagne est d’origine renouvelable. Les produits pétroliers constituent la première énergie consommée (51%) devant l’électricité (26%). 91,4% de l’énergie consommée en Bretagne a été « importée » en 2011. Trois secteurs – produits pétroliers, gaz et électricité ­ représentent à eux seuls 94% des consommations.

Bilan de la consommaton finale bretonne en 2011 source : GIP Bretagne environnement ­ "Chiffres clés de l'énergie en Bretagne (édition 2012)

Bilan de la consommaton finale bretonne par secteur en 2011 - source : GIP Bretagne environnement ­ "Chiffres clés de l'énergie en Bretagne (édition 2012)

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Le pétrole

Les produits pétroliers constituent la première énergie consommée avec 51% du total de la consommation soit 3400 ktep (40 000 Gwh). La consommation bretonne s'élève ainsi à près de 26 millions de barils chaque année : l'équivalent de près de 15 fois la cargaison de l'Amoco Cadiz ou 115 fois celle de l'Erika. L'Amoco Cadiz (à gauche) s'est échoué en 1978 devant Portsall. Avec 230 000 tonnes de pétrole (1,7 millions de barils), il provoqua une marée noire considérée, aujourd'hui encore, comme l'une des pires catastrophes écologiques de l'histoire.

Le nucléaire

L'électricité est le second poste de consommation en Bretagne. Les Bretons et Bretonnes, à travers les luttes anti­nucléaires de Plogoff (29), d'Erdeven (56) ou du Pellerin (44), ont affirmé clairement leur refus du nucléaire et leurs préoccupations quant aux conséquences sanitaires et environnementales de cette technologie. Préoccupations accentuées par la présence sur notre territoire de sites nucléaires d'importance tels l'île Longue ou encore le réacteur expérimental de Brennilis (29). Ainsi, il n'y a pas, aujourd'hui, de centrale nucléaire en activité en Bretagne. Néanmoins, les cinq départements bretons ne produisent qu'un tiers de leur électricité et dépendent donc des réacteurs normands (Flamanville) et du Val de Loire (Chinon) pour les deux­tiers restants. La Bretagne a ainsi sa part à jouer pour une sortie du nucléaire en France. C'est d'ailleurs en Bretagne, à Brennilis, qu'est mis aujourd'hui en œuvre le premier chantier de démantèlement d'une centrale. Les résultats de celui­ci ne peuvent que nous inquiéter. Le réacteur de Brennilis était doté d'une puissance de 70 MW et n'a été en service que pendant 12 années. Les coûts de démantèlement estimés par la Cour des comptes avoisinent les 500 millions d'euros. Qu'en sera­t­il lorsqu'il faudra, dans les 15 prochaines années, démanteler les 58 réacteurs français actuellement en fonctionnement ?

La "Pointe électrique"

Le fort taux d'équipement en chauffage électrique (un tiers des foyers bretons) entraîne, lors des froides journées d'hiver, un appel supplémentaire de puissance électrique auquel les centrales nucléaires ne peuvent répondre puisque leur production est constante. Selon EDF, il manquerait ainsi environ 200 MW entre 200 et 400 heures par an pour la pointe Finistère. Or, en substituant le chauffage électrique de 50 000 foyers finistériens, la pointe électrique bretonne serait éliminée.

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Les productions d'énergie La Bretagne a produit 544 ktep (6 329 GWh) d’énergie pour sa consommation finale en 2011 dont 89% est d'origine renouvelable. La production bretonne d’énergie a couvert 8,1% des besoins en énergie finale de la région. L’énergie finale produite est constituée à 55% de bois et à 34% d’électricité.

source : GIP Bretagne environnement ­ "Chiffres clés de l'énergie en Bretagne (édition 2012)

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Répondre à l'urgence, engager la transition

Pour protéger notre environnement, pour garantir l'accès à l'énergie nécessaire à nos besoins quotidiens, pour l'avenir de l'économie bretonne, il y a urgence à agir. Engager « la transition énergétique », c'est mettre en œuvre progressivement, d'ici 2050, le modèle énergétique de demain. Il sera basé sur la sobriété, la maîtrise des consommations énergétiques, la sortie des énergies non durables et le déploiement des énergies renouvelables.

Les engagements internationaux, européens et français pour combattre le réchauffement Signé le 11 décembre 1997, le protocole de Kyoto, prévoyait une réduction de 5.2% des émissions de gaz à effet de serre jusqu'en 2012 par rapport à leur niveau de 1990. Il est entré en vigueur en 2005. Depuis sa mise en œuvre la France a réduit ces émissions de 3.2%, l'Allemagne de 17% tout en engageant la sortie du nucléaire. Néanmoins, à l'échelle mondiale les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter et ont atteint un niveau record en 2011. Un nouveau cycle de négociations du protocole de Kyoto, commencé à Durban, en 2011, est actuellement en cours. Il a d'ores et déjà acté le prolongement des engagements pris en 1997 après le 1er janvier 2013. L'Union Européenne, à travers son Paquet Climat Énergie adopté en 2008 s'est, quant à elle, engagée sur une série de mesure dites "3x20" : ­ 20% de réduction des émissions de Gaz à effet de serre en 2020 par rapport à 1990 ­ amélioration de 20% de l'efficacité énergétique en 2020 ­ 20% d'énergies renouvelables en 2020 Enfin, la France a inscrit en 2005 dans la loi de programmation énergétique l'objectif dit du "facteur 4" c'est à dire une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre en 2050. L'inscription de cet objectif, confirmé par la loi Grenelle de 2007, était défendu de longue date par les écologistes. La loi Grenelle 1 précise aussi les objectifs français pour 2020 à savoir : ­ réduire de 20% les émissions de Gaz à effet de serre des transports pour les ramener à leur niveau de 1990. ­ Accroître la maîtrise de l’énergie des exploitations agricoles, afin d’atteindre un taux de 30% d’exploitations agricoles à faible dépendance énergétique d’ici 2013. Atteindre 20% en 2020 de surface utile en agriculture biologique. ­ réduire de 38% les consommations énergétiques du parc de bâtiments existants par rapport à 2005. ­ porter à 23% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale. La loi Grenelle 2 définit la mise en application des orientations du Grenelle 1 et décline six chantiers majeurs à mener dans le secteur du bâtiment, des transports, de l'énergie et du climat, de la biodiversité, de la santé et des déchets. Elle impose l'élaboration des Schéma régionaux Climat Air Énergie et reconnaît les Plans Climat Énergie Territoriaux (PCET) comme des outils opérationnels de lutte contre le changement climatique pour les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants. En 2013, les nouvelles lois de décentralisation devraient imposer les Régions comme chef de file des politiques énergétiques. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Les limites des politiques actuelles Au plan national Dans son discours d'ouverture de la Conférence environnementale le 20 septembre 2013, le Président François Hollande a déclaré vouloir un engagement international sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre pour contenir l’évolution des températures en deçà de 2°C à l’horizon de 2100. Il s'est engagé de plus à proposer que l’Europe réduise de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. A l'échelle nationale, le Président de la République a réaffirmé l'engagement de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à 1990 et annoncé sa volonté d'une division par deux de la consommation d’énergie finale à l’horizon 2050. Pour y parvenir, l'effort est concentré sur : ­ Un plan massif de réhabilitation des logements (500 000 logements par an d’ici 2017). ­ L'augmentation de l'offre de transports alternatifs à la route, grâce à une rénovation du réseau ferroviaire, un appel à projets pour des nouveaux transports collectifs, une nouvelle politique du fret ferroviaire, le développement de la voiture intelligente et décarbonée. ­ La réduction de l'utilisation des énergies non renouvelables. Cela passe par une réduction de 50 % du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025 (fermeture de Fessenheim en 2016). ­ Le développement des énergies renouvelables : éolien, biomasse, photovoltaïque, chaleur renouvelable, agro­carburant, géothermie. ­ L'amplification des efforts de recherche et d’innovation dans les domaines du stockage de l’énergie, de la séquestration du carbone, de l’intégration de la production d’énergie délocalisée dans les réseaux. Le coût de la transition est estimé à 20 milliardsd'euros tous secteurs confondus. Pour mobiliser toutes les ressources, il est prévu de créer de nouveaux outils de financement : ­ Le plan de rénovation des logements devrait être assuré par le crédit d’impôt développement durable, l'éco­prêt à taux 0, un taux de TVA sur les travaux d’isolation thermique à 5%, un dispositif de tiers financement des travaux de rénovation. La Caisse des Dépôts mettra en place un fonds national de garantie de la rénovation thermique dès 2014 pour faciliter l’obtention de ces crédits. ­ les énergies renouvelables seront soutenues par des dispositifs modifiés pour éviter des effets d’aubaine et permettre d'orienter correctement la production. ­ la Banque publique d’investissement devra adapter ses financements aux petites et moyennes entreprises pour soutenir les secteurs de la maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables. ­ la fiscalité écologique sera introduite dans le projet de loi de finances 2014 à travers une taxe sur les produits énergétiques calculée en fonction de leur teneur en carbone. Cette contribution sera répartie au bénéfice des ménages et des entreprises par des baisses de prélèvements. Ce n’est pas une fiscalité supplémentaire mais une nouvelle fiscalité qui, pour les ménages, se traduira par un certain nombre de gains identifiés. Le Conseil constitutionnel n’a pas retenu le premier projet de contribution carbone, il faut donc le repenser et faire qu’il soit, « à la fois juste, efficace, et juridiquement incontestable ».

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Au plan régional En janvier 2011, le pacte électrique breton a été approuvé par la majorité régionale. Ce pacte s'appuie sur trois piliers : Pilier 1 : Un programme de maîtrise de l’énergie Un programme conduit avec l’Ademe et l’Anah doit permettre de renforcer la rénovation thermique dans les logements privés et sociaux et de porter des actions de maîtrise de la demande d’électricité. Objectif : diviser par deux puis trois la croissance de la consommation bretonne d’électricité. Cela signifie de passer d'une croissance des consommations de 2,6 % par an aujourd'hui à environ 1 % en 2015. Soit une baisse de 950 GWh en 2015, puis de 1 200 GWh en 2020. Pilier 2 : Le déploiement massif des énergies et particulièrement de l'éolien off­shore Toutes les filières doivent être mobilisées (éolien terrestre et offshore posé et flottant, énergies marines, photovoltaïque, biomasse…) pour augmenter la production électrique de la Bretagne (34 % d’autonomie à l’horizon 2020, contre 8,5% aujourd’hui). Objectif : une puissance installée de 3 600 MW en 2020. Pilier 3 : « La sécurisation » de l’approvisionnement électrique Il passe par une solution globale de renforcement du réseau de transport de l’électricité : création d’un filet de sécurité d’ici 2018 ; liaison souterraine de 225 kV entre Lorient et Saint­Brieuc ; mise en place d’un moyen de production d’appoint de type centrale cycle combiné gaz d’une puissance d’environ 450 MW dans l’aire de Brest, à l’horizon 2015. EELV soutient les actions de réduction des consommations électriques par une généralisation des mesures d'économie et d'amélioration de l'efficacité énergétique (Pilier 1) mais considère trop peu ambitieux l'objectif de diviser par 2, puis par 3, la croissance de la consommation. En session du Conseil régional de janvier 2011, lors du vote du pacte électrique breton, EELV a déclaré : « Il faut accentuer notre effort en passant d'une croissance annuelle de la consommation globale d'électricité de la Région de 2,6% actuellement à une stabilisation en 2015, puis à sa réduction à partir de 2016. » EELV soutient les actions qui permettront à la Bretagne de produire son énergie à partir de toutes les ressources locales et renouvelables disponibles (pilier 2). Les objectifs de développement des énergies renouvelables à l'horizon 2020 sont ambitieux et cohérents. En revanche, EELV s'oppose fortement au projet de construction d'une centrale électrique au gaz naturel à Landivisiau, ou ailleurs et ce pour plusieurs raisons : ­ Au plan technique, le projet de centrale gaz est inadapté et surdimensionné. En effet, la pointe électrique bretonne est essentiellement dûe au chauffage électrique. Il manquerait environ 200 MW entre 200 et 400h par an pour la pointe Finistère. Or, la centrale de Landivisiau pèse 420 MW et, du fait d'une nécessaire rentabilité économique pour l'opérateur, tournera vraisemblablement plus de 3 000 heures par an. Ce n'est pas une centrale de pointe mais bien une production de « base » qui est proposée là : la Bretagne n'en a pas besoin. D'ailleurs le premier projet de centrale à Ploufragan, abandonné depuis, était dimensionné pour 250 MW. ­ Ce projet ne répond pas à l'objectif d'une plus grande autonomie énergétique de la Bretagne. Il rendra notre Région encore plus dépendante des importations de gaz. Aussi, nous refusons l'utilisation du gaz de schiste que certains espèrent pouvoir exploiter en France. En effet, l'exploitation des gaz de schiste est incompatible avec la protection de l'eau, des sols, de l'air.

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­ Son coût mettra à mal le développement d'autres énergies et l'augmentation du prix des énergies non­ renouvelables ne peut que nous faire douter de son efficience économique. De plus, il est prévu dans le contrat avec Direct Énergie, futur gestionnaire de la centrale, que 40 millions d'euros par an pendant vingt ans, soit 800 millions d'euros en tout, seront prélevés aux consommateurs bretons (par la contribution au service public de l'électricité – CSPE) en cas d'absence de bénéfice. Ce qui, au vu du fonctionnement prévu arrivera de toute évidence... Cette somme serait plus efficacement utilisée au bénéfice des foyers bretons pour la rénovation des logements.

Pourquoi un schéma énergétique alternatif?

En décembre 2012, une première version du Schéma Régional Climat Air Energie est présenté au Conseil régional de Bretagne. Par certains aspects, notamment en matière de développement des énergies renouvelables, il affiche des objectifs intéressants (repris du pacte électrique). Néanmoins, le document manque de cohérence. Surtout, il abandonne l'objectif de réduction par quatre (facteur 4) des gaz à effet de serre en Bretagne pourtant prévu par la loi Grenelle 1. EELV ne peut accepter que la Région Bretagne n’applique même pas la législation française dans ce domaine. L'abandon de cet objectif serait une démission face à nos responsabilités pour lutter contre le changement climatique. Alors qu’elle émet 40% des émissions de GES, dont 90% sont d’origine non énergétiques, dues aux élevages et aux intrants, les objectifs fixés pour le secteur agricole dans le SRCAE sont nettement insuffisants. Avec une réduction de 36% des GES en 2050, c’est le secteur auquel il est demandé le moins d’effort. Il est pourtant le premier émetteur. Le modèle agricole breton n'est pas remis en cause. Le cheptel est considéré comme constant jusqu'en 2050. Sur les cultures énergétiques, l’objectif affiché de mobilisation de 80 000 hectares, soit 5% de la Surface Agricole Utile, est contraire au principe que la terre doit prioritairement servir à l’alimentation. L’autonomie alimentaire des élevages, grâce à l’indépendance fourragère et des cultures de protéines qui viendront remplacer l’importation du soja souvent OGM, est indispensable à la transition énergétique. Cependant, pour pouvoir faire ces choix, il faut pouvoir contrôler les types de cultures plantées. Concernant l'hydrolien et l'hydroélectricité, des études ou prévisions existantes ne sont pas reprises et le potentiel est sous évalué. De même, le stockage est peu abordé. Or, bien que ce soit un outil venant à la suite des installations d’énergies renouvelables, il est indispensable pour optimiser leur production. C’est un objectif indispensable pour la sécurisation de l’approvisionnement électrique. Concernant les autres politiques sectorielles régionales, le plan bâtiment durable breton devra mettre fortement l'accent sur la réhabilitation énergétique des logements, les alternatives au vieux convecteurs électriques qui sont des gouffres énergétiques et le développement des filières éco­matériaux trop négligées à ce jour. Le soutien régional au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes est en contradiction avec les objectifs de réduction des rejets gaz à effet de serre et des consommations énergétiques. Car même si le projet se situe en dehors de la Bretagne administrative, il l'impactera de toute manière.

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En revanche, en matière de transports et déplacements la croissance du TER, la prime au wagon pour les entreprises utilisant le rail pour le fret, le soutien aux initiatives de co­voiturage ou au développement des pôles d'échange multi­modaux sur les villes bretonnes sont autant d'exemples qui permettent d'aller dans le sens d'une réduction des consommations d'énergies fossiles. Les moyens et la volonté politique viennent par contre à manquer pour continuer l'essor des infrastructures pour les déplacements du quotidien. Ainsi en 2012, le Conseil régional a acté la fermeture des lignes ferroviaires Vitré/Fougères et Concarneau/Rosporden. L'axe St­Brieuc/Auray/Lorient n'est toujours pas relié. La section Brest/Quimper est toujours à une seule voie et ce sont donc principalement des bus qui assurent la liaison allongeant le temps de trajet de façon dissuasive. Quant à l'axe Rennes/Nantes, il est peu efficace. Le potentiel de cabotage maritime n'est pas non plus sérieusement étudié. Or, le développement de l’offre ferroviaire et de liaisons bus intra­régionales, de l’offre de véhicules en partage, de l’organisation de covoiturage, de plans de déplacements d’entreprise permettront de diminuer le nombre de véhicules en zone urbaine et suburbaine, d’assurer une fluidité constante, conditions nécessaires pour offrir de la place aux transports en commun en site propre, et développer partout une offre sécurisée pour les deux­ roues et les piétons. Le développement de consignes à bagages, de parkings à vélos surveillés, d’espaces de vie doivent être intégrés dans les lieux d’échanges modaux. L’offre de mobilité ne peut­être que plurimodale. Il est nécessaire de développer l’interconnexion des différents systèmes : train, bus, vélos, autos partagées, taxis individuels ou collectifs.

La Bretagne à l'horizon 2050 Démographie

Si l’attractivité de la Région ne se dément pas, avec un maintien de la fécondité et la poursuite des gains en espérance de vie, la Bretagne compterait 3,47 millions d’habitants en 2030 puis 3,66 millions à l’horizon 2050 contre 3,2 millions en 2010. Avec une consommation par habitant de 2,2 tonnes equivalent pétrole (tep), cette augmentation de la population pourrait induire une croissance des consommations énergétiques de 1 100 ktep (+15%). Ainsi, pour parvenir à réduire globalement la consommation énergétique bretonne dans les années à venir, il est nécessaire de réduire la quantité d'énergie consommée par habitant. Si l'on retient un objectif de réduction par deux des consommations d'énergie à l'horizon 2050 par rapport à 2011, la consommation par habitant devra être de 0,85 tonne équivalent pétrole.

Economie

Pour le CESER : "Le rattrapage spectaculaire de la Bretagne après­guerre a parfois été qualifié de « miracle économique breton », tant son développement à cette époque fut atypique. Toutefois, ce moteur du rattrapage s'est essoufflé et des crises sectorielles sont apparues à partir des années 1990. En effet, des ruptures de différentes natures (économiques, sociales, environnementales) se succèdent depuis une vingtaine d'années, bousculant nos modes de développement. La libéralisation du commerce et la baisse des coûts de transport ont entraîné une concurrence internationale accrue qui a conduit les firmes à réorganiser leur production et à revoir les choix de localisation de leurs activités. Ainsi les entreprises ont été amenées à segmenter leur production remettant aussi en cause la notion de filière sur les territoires. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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L'externalisation de certaines fonctions s'est aussi accrue et concerne aussi désormais les filières les plus stratégiques, conduisant ainsi à transférer de la valeur ajoutée et des emplois de l'industrie vers les services. Des ruptures liées aux évolutions technologiques donnent également une importance grandissante au capital immatériel. On assiste à l’émergence de produits de plus en plus "intelligents", communicants, nécessitant une technicité croissante des entreprises et une coopération plus poussée entre elles. Une des caractéristiques des évolutions technologiques récentes est également leur caractère hybride, interdisciplinaire et donc nécessairement inter­filières. En outre, le modèle de développement économique actuel est incompatible avec la disponibilité future des ressources énergétiques fossiles et avec l'évolution de certains modes de vie. La question énergétique se pose en effet avec une acuité particulière en Bretagne tant la région présente des caractéristiques spécifiques : une faiblesse des ressources énergétiques produites, une situation péninsulaire,le poids des transports dans l’économie, l'étalement urbain. Elle est donc très dépendante de l’extérieur." Nous faisons nôtre ces constats du CESER breton. En Bretagne, on peut estimer que les 2/3 des rejets de gaz à effet de serre sont liés aux activités économiques (agriculture, fret, secteur tertiaire...) soit 18 MteqCO2 (million de tonne équivalent CO2). De la même façon, 40% des consommations d'énergie bretonne sont liées à son économie soit 2 900 ktep. En 2050, l'économie de la Bretagne, tenue par l'engagement du "facteur 4" devra donc ne plus rejeter que 4,5 MteqCO2. Le renchérissement du coût des énergies fossiles et donc des transports annonce un modèle de développement davantage fondé sur la proximité, qui limite ces dépendances extérieures au profit d'un développement plus local. L’économie de demain sera une économie de l’innovation qui s'appuiera fortement sur les technologies numériques. C'est aussi un modèle de développement qui devra nécessairement être basé sur le respect de l'environnement, la démocratie et la solidarité.

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Un schéma énergétique alternatif pour la Bretagne Nous détaillerons ici, secteur par secteur, les objectifs d'EELV Bretagne en matière de réduction des consommations, de réduction des gaz à effet de serre et de développement des productions d'énergies renouvelables. Les objectifs d'EELV Bretagne sont mis en comparaison avec ceux de la deuxième version du Schéma Régional Climat Air Energie d'octobre 2013 proposé la majorité régionale.

1

Entrer dans l'ère de la sobriété énergétique : réduire et maîtriser les consommations Objectif

­ 60%

de consommations d'énergie

Bâtiment Le bâtiment a consommé 3 225 ktep (34 225 GWh) en 2011 soit 44% de l'énergie consommée annuellement en Bretagne administrative et 24% des émissions de Gaz à effet de serre.

Part du bâtiment dans le total des émissions de GES Bretonnes

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Fiche 1 ­ Bâtiment résidentiel Le parc résidentiel breton représente près de 1,6 millions de logements (152 millions de m²) avec une prédominance de la maison individuelle (1,2 millions soit 77 % du total). Le logement collectif est composé quant à lui de plus de 375 000 immeubles. La consommation du secteur résidentiel s’élève à 2 325 ktep (26 600 GWh) soit 32 % de la consommation régionale. Les consommations des logements privés sont majoritairement liées au chauffage (77%). Un foyer sur trois est équipé d'un chauffage électrique. Le secteur résidentiel représente 16% des émissions de GES bretonnes soit 4,2 Mteq CO2. Du fait notamment des évolutions démographiques régionales, 28 000 logements supplémentaires sont construits en Bretagne chaque année. Considérant une consommation moyenne de 15 kwh/m2/an (norme passive – RT 2020) pour ces nouveaux logements, on peut ainsi estimer que ces nouveaux logements présenteront une charge énergétique supplémentaire de 145 Gwh (12,5 ktep) en 2020 et de 1030 Gwh (89 ktep) en 2050. Considérant un objectif de 50 000 réhabilitations/an (déclinaison régionale de l'objectif national de un million de réhabilitations/an), nous prévoyons une réduction des consommations de 604 ktep en 2020 (­25%) et de 1920 ktep en 2050 (­80%).

Synthèse – Bâtiments résidentiels ­ en KTEP (Energie) et KTEQ CO2 (GES) Consommation 2011

Energie

2400

Dont Électricité

862

GES

4200

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

1944 ­ 19%

1800 ­ 25%

_

1344 ­ 44%

480 ­ 80%

_

scenario volontariste

1488 ­ 38%

1800 ­ 25%

_

456 ­ 81%

480 ­ 80%

_

scenario de référence

4074 ­ 3%

3780 ­ 10%

_

3150 ­ 25%

840 ­ 80%

_

scenario volontariste

2604 ­ 38%

3780 ­ 10%

_

924 ­ 78%

840 ­ 80%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Fiche 2 ­ Bâtiment tertiaire

Le parc tertiaire représente 42 millions de m². Chaque année, un million de m² neufs sont construits. La consommation du secteur tertiaire s’élève à 900 ktep (10 400 GWh) soit 12 % de la consommation régionale. Les consommations sont majoritairement liées au chauffage (47%) et aux usages spécifiques électriques (27%). Le secteur résidentiel représente 1,8 Mtep CO2 soit 7% des émissions de GES bretonnes. Considérant des actions de réhabilitation qui se portent dans un premier temps prioritairement sur le bâti le plus énergivore, considérant les objectifs de la Cellule Economique de Bretagne qui prévoit une réhabilitation de 50% du parc construit avant 2007 à l'horizon 2020 et de 100% à l'horizon 2050, nous prévoyons une baisse des consommations du parc tertiaire de 190 ktep en 2020 et de 380 ktep en 2050.

Synthèse – Bâtiments tertiaires ­ en KTEP (Energie) et KTEQ CO2 (GES) Consommation 2011

Energie

825

Dont Électricité

355

GES

1800

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

808 ­ 2%

635 ­ 23%

_

800 ­ 3%

445 ­ 46%

_

scenario volontariste

602 ­ 27%

635 ­ 23%

_

602 ­ 27%

445 ­ 46%

_

scenario de référence

1584 ­ 12%

990 ­ 45%

_

1296 ­ 28%

360 ­ 80%

_

scenario volontariste

990 ­ 45%

990 ­ 45%

_

738 ­ 59%

360 ­ 80%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Transports des personnes et marchandises Avec 2 365 ktep (27 504 GWh) en 2011, les transports (route et voies ferrées) ont consommé 33% de l'énergie en Bretagne administrative et 6,8 Mteq CO2 soit 25% des émissions de GES bretonnes. Le moteur diesel qui équipe 60% des véhicules en France émet des particules fines et du dioxyde d'azote (NO2), responsable de maladies respiratoires et cardio­vasculaires. En Bretagne, 75% du NO2 émis provient des transports routiers. Les gaz d'échappement des moteurs diesel sont désormais classés parmi les cancérogènes certains pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC), l'agence pour le cancer de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Part du transport dans le total des émisison de GES Bretonnes

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Fiche 3 ­ Transports de personnes (mobilité)

23,4% des consommations d'énergie en Bretagne sont le fait des déplacements liés à la mobilité des personnes (51 650 ktep). Les déplacements exceptionnels représentent ainsi 6% des consommations énergétiques bretonnes (425 ktep), les mobilités quotidiennes 17,4% (1230 ktep) soit 52% de l'ensemble des déplacements. Le transport de personnes pèse 4,6 Mteq CO2 soit 16,75% des émissions de GES bretonnes. Les mobilités quotidiennes représentent 3,6 Mteq CO2 soit 13,2% des émissions bretonnes. Les mobilités exceptionnelles représentent 1 Mteq soit 3,6% des émissions bretonnes. L'étalement urbain et le modèle de la maison individuelle amènent les bretons à se déplacer sur de plus longues distances que la moyenne nationale ce qui les rend plus vulnérables face à la montée de la précarité énergétique. La mobilité quotidienne représente 52% des déplacements, pourtant l'essentiel des investissements, notamment en matière ferroviaire continue à aller aux déplacements exceptionnels.

Synthèse – transports de personnes ­ en KTEP (Energie) et KTEQ CO2 (GES) Consommation 2011

Energie

1625

Dont Électricité

8

GES

4600

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

1349 ­ 17%

1203 ­ 26%

_

569 ­ 65%

425 ­ 75%

_

scenario volontariste

1203 ­ 26%

1203 ­ 26%

_

569 ­ 65%

425 ­ 75%

_

scenario de référence

3680 ­ 20%

3312 ­ 28%

_

1610 ­ 28%

1150 ­ 75%

_

scenario volontariste

3312 ­ 28%

3312 ­ 28%

_

1610 ­ 65%

1150 ­ 75%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Fiche 4 ­ Transports de marchandises (fret)

Les transports de marchandises représentent en Bretagne 10% des consommations d'énergie (715 ktep) et 8% des GES (2,2 Mteq CO2). Ils sont routiers à plus de 95% et concernent très majoritairement les flux intra­régionaux. Les productions transportées sont pour l'essentiel des produits agricoles et alimentaires, matériaux de construction, produits manufacturés et biens d'équipements.

Synthèse – transports de marchandises ­ en KTEP (Energie) et KTEQ CO2 (GES) Consommation 2011

Energie

715

Dont Électricité

3.5

GES

2 200

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

665 ­ 7%

600 ­ 16%

_

565 ­ 21%

185 ­ 75%

_

scenario volontariste

600 ­ 16%

600 ­ 16%

_

286 ­ 60%

185 ­ 75%

_

scenario de référence

2046 ­ 7%

1848 ­ 16%

_

1738 ­ 21%

560 ­ 75%

_

scenario volontariste

1848 ­ 16%

1848 ­ 16%

_

880 ­ 60%

560 ­ 75%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Un nouveau schéma ferroviaire Pour développer les alternatives à la route, EELV souhaite que la Région engage un nouveau schéma ferroviaire breton. Dans le cadre du programme Bretagne à Grande Vitesse (BGV 1), la Région Bretagne engage 650 millions d'euros pour la ligne TGV Le Mans/Rennes et 170 millions d'euros pour l'amélioration des lignes ferroviaires vers Brest et Quimper. Ces investissements contraignent fortement le budget régional. Déjà, de nouveaux projets sont envisagés sous l'appelation BGV 2 et font encore la part belle aux liaisons à l'Est de la Bretagne. Pour EELV, la priorité doit désormais être donnée aux besoins quotidiens : si BGV 1 améliore la liaison avec Paris, BGV 2 doit allier rapidité, optimisation des lignes régionales et développement du fret ferroviaire.

Comme le scénario M­C1C, le scénario Yx2 permet : ­ une ligne rapide Rennes/Nantes ­ un aéroport international à Nantes ­ des gains de temps vers Brest/Quimper Il offre en plus : ­ une ligne rapide Rennes/Loudéac ­ une ligne rapide St­Brieuc/Lorient ou Auray Dans un second temps, il est possible d'améliorer la ligne Brest/Quimper avec une liaison Chateaulin/Carhaix/Loudéac. Ce scénario permet d'associer grande vitesse et optimisation des liaisons entre villes bretonnes en utilisant au maximum l'existant. L'impact environnemental et budgétaire est moindre. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Grands secteurs économiques Fiche 5 ­ Agriculture

Part de l'agriculture et la pêche dans le total des émisison de GES bretonnes

L’agriculture bretonne a consommé 500 ktep en 2011, soit 6,5% des consommations énergétiques bretonnes. Concernant son impact sur le réchauffement climatique, ll'agriculture est le plus gros pourvoyeur de gaz à effet de serre avec 40% des émissions bretonnes soit 11 Mteq CO2. Ces émissions sont à 90% issues des rejets de méthane et protoxyde d'azote. Elles sont dites "non énergétiques", c'est à dire qu'elle ne sont pas liées à des consommations d'énergie (chauffage, consommations électriques...) mais aux pratiques agricoles (utilisation d'engrais, concentration du cheptel...).

Le protoxyde d'azote N2O est un puissant gaz à effet de serre ayant un pouvoir de réchauffement global (PRG) 310 fois plus élevé qu'une masse équivalente de dioxyde de carbone CO2. C'est le troisième plus important gaz à effet de serre réglementé par le Protocole de Kyoto à contribuer au réchauffement de la planète après le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). La cause première des émissions de N2O provient essentiellement de l'utilisation d'engrais et de la gestion des déjections animales. Plus on fertilise les sols avec des produits azotés (engrais, fumier, lisier, résidus de récolte), plus la production de protoxyde d’azote s’accroît (source MIES, 2006). Les émissions de méthane CH4 sont quant à elle principalement dues à la digestion et aux déjections animales des ruminants. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

26


Pour EELV, l'agriculture bretonne doit prendre toute sa part dans l'effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle doit respecter le principe du "facteur 4", c'est à dire une division par quatre des gaz à effet de serre d'ici 2050. Nous fixons comme objectif une diminution de 75 % des émissions de Gaz àEffet de Serre issue de l'agriculture (­8 400 kteq CO2) soit le repect du "facteur 4". Cet effort important demande un changement des pratiques agricoles. Il nous faut accompagner la mutation de l'agriculture bretonne d'un modèle intensif, pauvre en emplois et destructeur de l'environnement vers une agriculture paysanne. Selon l'INRA, "L’agriculture est appelée à contribuer à l’effort général de réduction des émissions des GES via plusieurs leviers : la réduction des émissions de protoxyde d’azote et de méthane, le stockage de carbone dans les sols et la biomasse, l'économie d'énergie, la production d’énergie et de matériaux à partir de la biomasse". Réduire les émissions de protoxyde d'azote ­ En diminuant le recours aux engrais minéraux de synthèse pour réduire les émissions de NO2 associées. Objectif : diminuer de 80 000 tonnes les intrants azotés. Le développement de l’agriculture biologique et de pratiques agricoles pauvres en intrants peut y contribuer fortement. ­ En augmentant la part des cultures de légumineuses qui, grâce à la fixation d'azote atmosphérique, ne nécessitent pas de fertilisants azotés externes. L'augmentation de ces cultures permettra de plus à la Bretagne de s'engager dans un plan d'autonomie en protéine et de réduire ses importations de soja en provenance du Brésil. Réduire les émissions de méthane Selon la FAO, il est possible de diminuer les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'élevage de 30 % (rapport daté du 25 septembre 2013). Comment ? Par l'adoption de meilleures pratiques en matière d'alimentation, de santé et d'élevage des animaux. Pour les bovins, il suffirait d'utiliser du foin qui se digère mieux. Ce rapport de la FAO incite donc à privilégier les agriculteurs engagés dans des systèmes herbagers plutôt que les pratiques hors­sols qui nécessitent 7 kilos de céréales pour produire un kilo de viande... Toujours selon la FAO, la production mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000. Plus la production de viande est importante, plus la pression sur les terres agricoles se fait forte avec des conséquences lourdes sur l'environnement (déforestation, monocultures, pesticides, OGM...). En moyenne, un Français mange près de 88 kg de viande par an, soit plus de 240 g par jour. Le rapport du Fonds mondial de recherche contre le cancer présente comme objectif de santé publique une limite de 300 g par semaine. La surconsommation de viande a des effets importants sur la santé humaine en participant à l'augmentation des cancers (colon, prostate), des maladies cardio­vasculaires ou encore de l'obésité. Pour notre santé et l'environnement, il convient donc de diminuer nos consommations carnées. Stocker le carbone dans les sols ­ En développant les techniques culturales sans labour susceptibles de stocker du carbone dans les sols. ­ En plantant davantage de couverts végétaux dans les systèmes de culture pour stocker du carbone dans les sols. Il s'agit d'étendre ou de généraliser les cultures intermédiaires (semées entre deux cultures de vente) ou encore les bandes enherbées en périphérie de parcelles. ­ En développant l'agro­foresterie (lignes d'arbres implantées dans des parcelles cultivées ou les prairies) et les haies pour favoriser le stockage de carbone dans le sol et la biomasse végétale. ­ En optimisant la gestion des prairies. Économiser et produire l'énergie ­ En accompagnant les fermes bretonnes vers plus d'autonomie énergétique. EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

27


Mieux utiliser les ressources et la biomasse ­ En développant l'agro­foresterie, grâce à une utilisation cohérente des déjections animales ou de la biomasse (exploitation des haies par exemple), l'agriculture peut participer à la production d'énergie renouvelables dans les territoires. Elle dispose aussi d'atouts forts pour la production des éco­matériaux (bois, chanvre, lin, paille...). Économie et emplois en agriculture Un tiers des actions en faveur d'une agriculture plus écologique donne lieu à un gain financier pour l’agriculteur : il s’agit des économies d'énergie, des économies en protéines, et des économies d’intrants sans perte de production comme par exemple, la conduite des prairies ou l’ajustement de la fertilisation azotée et de l’alimentation des bovins et des porcs. Un deuxième tiers des actions sont à coût modéré ; elles nécessitent des investissements spécifiques pour modifier les systèmes de culture (réduction du labour, agro­foresterie). La modification des pratiques agricoles est aussi plus intensive en emplois. Cela peut avoir un coût pour les agriculteurs, mais la réduction du chômage est un gain important pour la société. La collectivité publique a alors intérêt à favoriser et accompagner les exploitations qui créent de l'emploi. Le dernier tiers peut impliquer des pertes de production (ex : bandes enherbées réduisant la surface cultivée). Mais ces actions ont un effet positif sur l'environnement comme la biodiversité, la lutte contre l’érosion ou l’esthétique des paysages… On peut alors parfaitement imaginer que les pertes pour les paysans soient compensées par les aides de la collectivité publique. Ces derniers seraient alors rémunérés pour leurs actions de protection de l'environnement et d’entretien du paysage. La méthanisation n'est pas une solution miracle Le ministre de l'agriculture et la majorité socialiste du Conseil régional de Bretagne veulent faire croire que le développement massif de la méthanisation est la solution miracle pour lutter contre les algues vertes ou pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en agriculture. Il est vrai que la méthanisation est une solution pertinente qui a toute sa place parmi l'ensemble des diverses solutions de production d'énergies renouvelables, mais pour autant, elle n'élimine pas l'azote contenu dans les déjections animales qui alimentent les méthaniseurs. La quantité d'azote épandue reste donc la même, tout comme les émissions de protoxyde d'azote. Le développement non maîtrisé de la méthanisation agricole peut aussi avoir deux effets pervers. Le premier c'est l'augmentation de gaz à effet de serre. En effet, plus il y a de porc et de vaches, plus il y a de déjections animales, plus les méthaniseurs produisent d'énergie, plus les grands exploitants voient leurs revenus augmenter. Ainsi, financer un développement sans cohérence de la méthanisation à la ferme, c'est inciter à l'augmentation du cheptel, c'est favoriser les fermes usines et l'agriculture hors sol et donc augmenter les rejets de méthane. Le deuxième effet pervers est l'augmentation des surfaces de cultures énergétiques de maïs fortement consommatrice d'intrants, rendues nécessaires pour le bon fonctionnement des méthaniseurs. Elles se feront détriment des cultures de protéines. Ainsi, le bilan du développpement de la méthanisation à la ferme, tel qu'il est pensé aujourd'hui, est négatif pour l'environnement.

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

28


Synthèse – agriculture ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Consommation 2011

Energie

500

Dont Électricité

120

GES

11 000

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

455 ­ 9%

455 ­ 9%

_

350 ­ 30%

350 ­ 30%

_

scenario volontariste

425 ­ 15%

425 ­ 15%

_

255 ­ 49%

255 ­ 49%

_

scenario de référence

10340 ­ 6%

9350 ­ 15%

_

8470 ­ 23%

2600 ­ 76%

_

scenario volontariste

10120 ­ 8%

9350 ­ 15%

_

7040 ­ 36%

2600 ­ 76%

_

La pêche a consommé 110 ktep en 2011 soit 1,5% des consommations énergétiques bretonnes. La moitié de sa consommation énergétique totale est sous forme de fioul (55 ktep). Elle ne représente qu'1% des émissions de GES (0,27 Mteq CO2), néanmoins la question de l'autonomie énergétique de la flotte de pêche est un élément primordial pour le maintien d'une pêche artisanale bretonne.

Fiche 6 ­ Pêche

Synthèse – pêche ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Consommation 2011

Energie

110

Dont Électricité

_

GES

270

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

110 ­ 0%

97 ­ 12%

_

110 ­ 0%

77 ­ 30%

_

scenario volontariste

110 ­ 0%

97 ­ 12%

_

110 ­ 0%

77 ­ 30%

_

scenario de référence

270 ­ 0%

243 ­ 10%

_

260 ­ 0%

170 ­ 41%

_

scenario volontariste

260 ­ 0%

243 ­ 10%

_

260 ­ 0%

170 ­ 41%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

29


Fiche 7 ­ Industrie

L’industrie a consommé 845 ktep (9 820 GWh) en 2011 soit 12% de l'énergie consommée en Bretagne. Elle représente 9% des GES bretonnes soit 2,4 Mteq CO2. L'industrie bretonne est très fortement marquée par l'agroalimentaire. Part de l'indsutrie dans le total des émisison de GES Bretonnes

Synthèse – industrie ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Consommation 2011

Energie

845

Dont Électricité

345

GES

2 400

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

803 ­ 5%

744 ­ 12%

_

718 ­ 15%

634 ­ 25%

_

scenario volontariste

744 ­ 12%

744 ­ 12%

_

507 ­ 40%

634 ­ 25%

_

scenario de référence

2280 ­ 5%

2040 ­ 15%

_

2040 ­ 15%

1008 ­58%

_

scenario volontariste

2112 ­ 12%

2040 ­ 15%

_

1440 ­ 40%

1008 ­58%

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

30


2

Sortir progressivement des énergies non durables : pétrole, charbon et nucléaire Fiche 8 ­ Sortir des énergies fossiles pour la production thermique et électrique En 2011, les moyens de production thermique et électrique installés en Bretagne administrative ont fourni 594 ktep d’énergie finale aux consommateurs bretons, soit 8,4 % des besoins régionaux (fig. 12). En hausse régulière depuis une dizaine d’années, cette production régionale est issue à 87 % (517 ktep) de sources renouvelables et à 13 % (77 ktep) de sources non renouvelables (en Bretagne, seule l’électricité secondaire n’est pas entièrement d’origine renouvelable), et se répartit en 420 ktep de chaleur (70%) et 174 ktep d’électricité (30%).

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

31


La production thermique et électrique conventionnelle ou non renouvelable s’est élevée à 77 ktep d’énergie finale soit environ 1 % de la consommation régionale en 2010. Cette production est issue de différents systèmes de production répondant à des usages spécifiques : les turbines à combustion pour la production électrique de pointe (puissance installée de 480 MW à Dirinon dans le Finistère en activité jusqu’en 2017 voir 2020), les groupes électrogènes (certains installés dans les îles non raccordés au réseau électrique), les unités de co­génération (entreprises, tertiaire) et les unités d’incinération d’ordures ménagères (alimentation de réseaux de chaleur). L’entrée en service d’une centrale de production électrique cycle combiné gaz (CCG) d’une puissance de 420 MW envisagée à Landivisiau aggravera le besoin en énergie fossile.

Synthèse – Production non renouvelable ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Consommation 2011

Energie

77

Dont Électricité

77

GES

2400

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

803 ­ 5%

744 ­ 12%

_

718 ­ 15%

635 ­ 25%

_

scenario volontariste

744 ­ 12%

744 ­ 12%

_

507 ­ 40%

635 ­ 25%

_

scenario de référence

10340

2380 ­ 15%

_

2040 ­ 15%

1120 ­58%

_

scenario volontariste

10120

2380 ­ 15%

_

1440 ­ 40%

1120 ­58%

_

­ 6%

­ 8%

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

32


3

Déployer les énergies renouvelables La production renouvelable régionale connaît un développement qui s’est accéléré récemment : + 46 % entre 2000 et 2010 et + 12 % entre 2009 et 2010. En 2011, la production thermique d’origine renouvelable a atteint 490 ktep (5 640 GWh) livrés au consommateur soit 8,1% de la consommation régionale d’énergie finale. Ce ratio production renouvelable/consommation finale demeure inférieur en Bretagne au taux moyen qui est de 13% au niveau national.

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

33


Energie Bleue On désignera ici par énergie bleue les énergies renouvelables issues des des océans (marées, vagues, courants) ou des cours d'eau.

Fiche 9 ­ Electricité marée motrice En 2011, l’usine marémotrice de la Rance (35) d’une puissance de 238 MW a livré au réseau électrique 527 GWh (47 ketp) soit 27% de l’électricité renouvelable produite en Bretagne. L’usine marémotrice de la Rance représente une production annuelle de 47 ktep soit 0,6% des besoins énergétiques bretons. Nous considérons une production constante pour les années à venir. Synthèse – Production marée motrice ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

47

Dont Électricité

47

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

47 0%

47 0%

_

47 0%

47 0%

_

scenario volontariste

47 0%

47 0%

_

47 0%

47 0%

_

scenario de référence

0

0

_

0

0

_

scenario volontariste

0

0

_

0

0

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

1 34


Fiche 10 ­ Hydro­électricité Les 38 installations hydroélectriques bretonnes produisent l'équivalent de 3 ktep chaque année (38 MW, 31 Gwh) soit moins de 2% de la production d’électricité renouvelable. Les barrages de Guerlédan (15MW), Saint Herbot (6,7) et Rophemel (5) sont les plus importants. On dénombre également 27 installations de micro­hydroélectricité cumulant une puissance totale de l'ordre d'1 MW. Conformément à une étude de l'agence de l'eau de 2007, nous prévoyons une légère augmentation de 3MW de la puissance installée par la rénovation des infrastructures existantes pour un productible de 17 Gwh (1,5 ktep). Les 2 800 moulins bretons constituent aussi un potentiel de développement non négligeables mais peu étudié à ce jour. Une étude de l'Union Française de l'Electricité (« Quel potentiel hydroélectrique pour les régions françaises » UFE ­ Etude, 43 novembre 2011) répertorie, pour la Bretagne, 37 sites ayant un potentiel supérieur à 100 kW, pour un total de 35 MW et un productible de 123 Gwh (10 ktep). A cette estimation s'ajoutent les 600 sites qui ont un potentiel pour une production pico­hydroélectrique (moins de 10Kw). Ces 600 sites pourraient fournir une puissance de 3 MW pour un productible de 17 Gwh (1.5 ktep). En tout, les moulins bretons pourraient ainsi représenter une puissance de près de 40 MW, pouvant fournir de l'électricité 50% du temps soit un productible de 140 Gwh (12 ktep). Synthèse – Production hydro­électrique ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

3

Dont Électricité

3

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

4.4 45%

13.5 350%

_

7 133%

13.5 350%

_

scenario volontariste

7 133%

13.5 350%

_

7 133%

13.5 350%

_

scenario de référence

0

0

_

0

0

_

scenario volontariste

0

0

_

0

0

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

35


Fiche 11 ­ Hydrolien Le parc de démonstration de Bréhat (22) a une puissance totale de 2 MW. On estime qu'il produit environ 3,5 GWh/an (0.3 ktep), depuis sa mise en service en janvier 2012. La Bretagne dispose de zones à fort potentiel comme le Fromveur et le Raz de Sein. Ces zones font l'objet d'un travail technique. Les services de l'Etat ont évalué le potentiel à 400 MW pour un productible supérieur à 4 000 heures soit 1 600 Gwh (138 ktep). Nous reprenons cette évaluation comme objectif à atteindre en 2050. Nous prévoyons dès 2020, l'installation d'une puissance de150 MW pour une production de 600 Gwh (52 ktep). Cet objectif 2020 est celui défini par le bureau Horizons (études et conseil en énergie) qui envisage une impulsion politique qui permette une accélération de la puissance installée.

Synthèse – Production hydrolienne ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

3

Dont Électricité

3

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

4.4 45%

7 133%

_

7 133%

7 133%

_

scenario volontariste

7 133%

7 133%

_

7 133%

7 133%

_

scenario de référence

0

0

_

0

0

_

scenario volontariste

0

0

_

0

0

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

36


Fiche 12 ­ Houlomoteur A l'heure actuelle, des concepts forts différents sont portés par un grand nombre d’entreprises. Il n’est pas possible, à ce jour, de faire des pronostics quant aux technologies qui seront demain jugées les plus pertinentes, car les développeurs sont encore confrontés à de nombreuses difficultés. Trois systèmes semblent se développer : ­ Les systèmes à la côte : ils existent depuis 2000, date de la mise en place du LIMPET sur l’île d’Islay en Écosse. Pour limiter l’impact de ces machines qui nécessitent de bétonner la côte, il est possible de les intégrer dans des constructions prévues à d’autres fins, telles que les digues. C’est la solution retenue pour la centrale de Mutriku, première centrale commerciale du genre, qui a été installée au Pays basque sud en 2011. ­ Les systèmes installés près des côtes : immergés ou flottants, ils permettent de transporter l’énergie produite sous la forme d’un fluide sous pression, qui est ensuite turbiné à terre. Deux concepts du genre en sont à un stade avancé de démonstration en Australie depuis 2003. ­ Les systèmes installés au large : ils rassemblent des concepts flottants, d’autres placés dans la colonne d’eau et d’autres encore qui sont installés au fond de la mer. C'est le choix du groupe DCNS, associé à l'énergéticien finlandais Fortum, qui a lancé une étude de faisabilité pour l’installation d'un démonstrateur de ferme de récupération de l’énergie houlomotrice en baie d'Audierne. La future ferme expérimentale aura une puissance de 1.5 MW. La technologie « houlomotrice » n'est pas mâture à ce jour. Si l'on peut supposer un fort potentiel de développement à terme en Bretagne, nous ne pouvons encore intégrer d'estimation crédible de production énergétique.

Fiche 13 ­ Agro­carburants et algues brunes Issus de la culture de canne à sucre, de betteraves, de céréales, du colza, du soja ou encore du tournesol, les agro­carburants de première génération ont un effet inverse à celui escompté de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En effet, en entrant en concurrence avec les terres naturelles, ils entraînent un changement d'affectation des sols (une forêt tropicale est transformée en champ par exemple) dont le bilan en matière de gaz à effet de serre est très mauvais. L'Union européenne est ainsi revenu sur son soutien à ces carburants, qualifiés aussi de nécro­carburant, et a acté qu'ils ne devront pas dépasser plus de 5% des consommations de carburants à l'échelle européenne. Leur développement est ainsi incertain et surtout n'est pas souhaitable. Produits à partir de déchets ou de résidus végétaux, les agro­carburants de seconde génération, encore en phase d'expérimentation et produits à partir de la valorisation des pailles, tiges, feuilles ou déchets verts, n'entrent pas en concurrence avec l'alimentation humaine ou animale et peuvent constituer une alternative. Enfin, une autre solution consiste à cultiver des algues et à en extraire les lipides pour les transformer en carburant. Les rendements attendus sont importants mais il ne s'agit encore que de projections théoriques. Dans ce domaine, comme pour l'énergie des vagues, la Bretagne pourrait disposer d'un potentiel de développement important participant à la construction des alternatives à l'utilisation des carburants fossiles. Mais les technologies ne sont pas mâtures à ce jour et nous ne pouvons à l'heure actuelle faire d'évaluations crédibles des potentiels de production. EELV au au Conseil Conseil régional régional de de Bretagne Bretagne EELV Schéma énergétique breton alternatif Schéma énergétique breton alternatif

137


Energie issue de la biomasse Le terme de biomasse désigne l'ensemble des matières organiques d'origine végétale pouvant devenir source d'énergie.

Fiche 14 ­ Bois Énergie (cogénération, bois bûche, chaufferies collectives) En 2011, la production issue du bois énergie est évaluée à 4 000 Gwh (345 ktep). L'estimation du gisement breton exploitable est évalué par AILE à 550 000 tonnes/an à l'horizon 2020 soit 5 700 Gwh (490 ktep), dont 195 gwh (17 ktep) en électrique. A l'horizon 2050, le scénario NegaWatt (produit par l'association négaWatt qui travaille depuis sa création à l'élaboration de scénarios énergétiques prospectifs pour la France à une échelle de 50 ans. Une première version du scénario a été publiée en 2003 et réactualisée par la suite) envisage une multiplication d'1,8 de la capacité installée en cogénération. Cela correspond à l'échelle bretonne à un potentiel supplémentaire de 350 000 tonnes/an par rapport à 2020 et donc une production de l'ordre de 7000 Gwh (605 ktep), dont 350 Gwh (30 ktep) en électrique. Nous prendrons ces évaluations comme objectifs. Pour atteindre cet objectif, il est urgent d'enrayer la disparition chaque année de 1 000 km de haies en Bretagne et de renforcer l'efficacité du programme Breizh Bocage qui a vocation a favoriser l'augmentation du kilométrage de haies plantées.

Synthèse – Production hydrolienne ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

260

Dont Électricité

80

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

490 88%

490 88%

_

605 133%

605 133%

_

scenario volontariste

490 88%

490 88%

_

605 133%

605 133%

_

17

17

30

30

scenario de référence

0

0

_

0

0

_

scenario volontariste

0

0

_

0

0

_

EELV EELV au au Conseil Conseil régional régional de de Bretagne Bretagne Schéma Schéma énergétique énergétique breton breton alternatif alternatif

1 38


Fiche 15 ­ Biogaz La biomasse a une part importante à jouer en Bretagne en terme de production d'énergies renouvelables. Il s'agit de privilégier les ressources qui seront prioritairement transformées en électricité ou en chaleur, des projets locaux de taille moyenne et adaptés aux ressources locales afin de garantir un bilan carbone vertueux, qui valorise, d'une part, une démarche d'économie circulaire réutilisant les déchets et d'autre part, des usages à forte valeur ajoutée et à fort rendement. La Bretagne compte 24 installations de méthanisation pour une puissance électrique de 4,7 MW et thermique de 7,2 MW à fin 2011. La production électrique a plus que triplé depuis 2010 et atteint 13,7 GW (1.2 ktep). La production thermique est de 142 GWh (12.3 ktep). Considérant les risques liés à un développement non maîtrisé de la méthanisation, considérant notre volonté d'une « désintensification » du modèle agricole breton et donc des rejets issus de l'agriculture, nous envisageons un potentiel de méthanisation deux fois moindre que celui inscrit dans le SRCAE proposé par la Région Bretagne. Ainsi, nous envisageons pour 2020 d'atteindre une production de 300 Gwh (26 ktep) électrique et 600 Gwh (52 ktep). Pour 2050, nous prévoyons d'atteindre une production de 500 Gwh (44 ktep) électrique et 1 000 Gwh (88 ktep) thermique.

Synthèse – Production hydrolienne ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

13.5

Dont Électricité

1.2

GES

n.r

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

65.5 385%

78 480%

65.5 385%

200 132.6 1400% 880%

_

scenario volontariste

132.6 880%

78 480%

132.6 200 1400% 880%

_

23 46

26 26

132.6 880%

scenario de référence scenario volontariste

_ _

_ _

23 46 _

_

70 70

_

_

_

_

44 44

_

_

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Energie solaire L'énergie solaire est issue du rayonnnement du soleil. Elle peut produire chaleur (ex : panneau solaire thermique) ou électricité (ex : panneau photovoltaïque).

Fiche 16 ­ Solaire photovoltaïque La puissance photovoltaïque bretonne est de 110 MW en 2011 pour une production de 90 Gwh (8 ktep) soit un peu plus de 0,1% de l'énergie consommée en Bretagne. Le potentiel du SRCAE a été évalué à partir des progressions constatées les années précédentes soit une croissance de 25 MW/an en puissance installé pour une production de 1 000 heures annuelles. L'objectif est ainsi de 400 MW en 2020. Pour 2050, les potentiels de développement ont été évalués à partir du livre blanc du syndicat des énergies renouvelables et du séenario NegaWatt et correspond alors à une progression d'environ 180 MW/an. Or, le bureau Horizons considère que le potentiel 2020 est sous évalué notamment du fait qu'entre 2009 et 2011, le rythme de développement en Bretagne a été d’environ 50MW/an. Sur cette base, la puissance installée dans la région serait de 550 MW en 2020. Compte tenu des incertitudes politiques qui pèsent sur la filière, nous prendrons pour 2020 le scénario Horizons comme référence, soit une puissance installée de 550 MW pour 550 gwh de production (48 ktep). Pour 2050, nou sprendrons en référence le scénario NegaWatt, soit une puissance installée de 7 000 MW oiur 7 000 gwh de production (600 ktep).

Synthèse – Production photovoltaïque ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

13.5

Dont Électricité

1.2

GES

n.r

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

36 350%

50 625%

50 625%

140 600 1650% 7500%

_

scenario volontariste

36 350%

50 625%

600 600 7500% 7500

_

36 36

50 50

50 625%

50 50

600 600

140 600

scenario de référence

0

0

0

0

0

0

scenario volontariste

0

0

0

0

0

0

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Fiche 17 ­ Solaire thermique Le solaire thermique en 2011 représente une puissance installée de 28 MW pour une production de 13 Gwh (1,2 ktep). Le solaire thermique représente 0,02% de l'énergie consommée en Bretagne soit 14 ktep. Le SRCAE prévoit une production comprise entre 70 et 140 Gwh en 2020 et entre 230 et 450 Gwh en 2050 soit un objectif haut de 12 ktep (0,2% des consommations énergétiques bretonnes à besoin constant) en 2020 et 40 ktep (0,6% des consommations énergétiques bretonnes à besoin constant) en 2050. Ces objectifs correspondent au scénario NegaWatt. Nous les reprenons à notre compte. Synthèse – Production thermique ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

1.2

Dont Électricité

0

GES

n.r

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

6 400%

12 900%

6 400%

140 600 1650% 7500%

_

scenario volontariste

12 900%

12 900%

600 600 7500% 7500

_

36 36

50 50

12 900%

50 50

600 600

140 600

scenario de référence

0

0

0

0

0

0

scenario volontariste

0

0

0

0

0

0

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Energie éolienne L’énergie éolienne est l’énergie du vent dont la force peut être transformée au moyen, par exemple, d’un aérogénérateur comme une éolienne. Les éoliennes peuvent être installées à terre comme en mer.

Fiche 18 ­ Eolien off­shore et flottant La baie de Saint­Brieuc accueillera en 2015 une première tranche de 500 MW. Il correspondrait à environ 1 400 gwh (121 ktep) soit 2% des besoins énergétiques bretons (à besoin constant). Le Pacte électrique, repris dans le SRCAE, fixe un objectif de 1 000 MW installés pour une production de 2 900 gwh en 2020 anticipant sur la définition d'un second site (Groix). Le SRCAE identifie un potentiel 2030 compris entre 1 500 et 2 500 MW en anticipant la construction d'un troisième site. Pour 2050, le SRCAE estime un potentiel compris entre 2 100 et 3 500 MW appuyé sur une augmentation de 40% de la puissance installée grâce au repowering (remplacement des machines en fin de vie par des générateurs plus performants pouvant atteindre 11 MW), soit une production de 10 500 gwh (905 ktep). Nous reprendrons les hypothèses hautes du SRCAE.

Synthèse – Production photovoltaïque ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

0

Dont Électricité

0

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

250 _%

250 _%

6 400%

683 173%

905 262%

_

scenario volontariste

250 _%

250 _%

905 262%

905 262%

_

250 250

250 250

250 _%

683 905

905 905

250 250

scenario de référence

0

0

0

0

0

0

scenario volontariste

0

0

0

0

0

0

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Fiche 19 ­ Eolien terrestre Les 678 MW de puissance éolienne raccordée ont produit 1 113 GWh (96 ktep) d’électricité en 2011. Cette production représente 60% de l’électricité renouvelable produite en Bretagne, et 20% de l’énergie renouvelable totale. Le schéma régional éolien adopté en 2006 fixe un objectif de 1000 MW installés en 2010. Sa nouvelle version adoptée en 2012 prévoit d'atteindre une puissance installée de 1 800 à 2 500 MW à l'horizon 2020 soit, pour l'objectif haut, une production de 5500 gwh (475 ktep). La puissance installée pourrrait atteindre 3 600 MW en 2050 pour une production de 9 000 Gwh (776 ktep) soit 12% des des besoins énergétiques bretons (à besoin constant). Ces objectifs sont repris par le Pacte électrique et le SRCAE. Nous reprendrons les estimations hautes tout en sachant qu'il sera, pour 2020, difficile d'atteindre l'objectif.

Synthèse – Production photovoltaïque ­ en KTEP (Energie) et KTEQCO2 (GES) Production 2011

Energie

96

Dont Électricité

96

GES

0

Objectif 2020

Objectif 2050

scenario de référence

310 223%

475 495%

475 495%

648 575%

776 708%

_

scenario volontariste

475 495%

475 495%

475 495%

776 708%

776 708%

_

648 776

776 776

475 475

310 475

475 475

scenario de référence

0

0

0

0

0

scenario volontariste

0

0

0

0

0

_ _

EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Efficacité énergétique

L'efficacité énergétique vise à réduire les coûts écologiques, économiques et sociaux induits par nos consommations.

Fiche 20 ­ "Réseaux intelligents", Stockage et proximité Certaines énergies renouvelables, comme par exemple le solaire ou l'éolien, sont par nature intermittentes, c'est à dire que leur production n'est pas continue. Il y a plusieurs moyens de pallier cette fluctuation :

Mix énergétique et « réseau intelligent »

L'intermittence des énergies renouvelables ne signifie pas qu'elles soient imprévisibles. Il est ainsi tout à fait possible, à l'échelle d'une région par exemple, de prévoir avec plusieurs jours d'avance la production d'un champ éolien ou d'une centrale photovoltaïque. Le développement de ces productions peut alors être couplé avec d'autres énergies renouvelables qui pourront venir en complément en absence de vent ou de soleil. Par exemple, les productions à partir de biomasse ou de biogaz peuvent être déclenchées lorsque cela est nécessaire. C'est tout l'enjeu de construire un nouveau modèle énergétique basé sur la proximité entre production et consommation et la mixité des formes de production. De même, il est tout à fait possible de prévoir les baisses de production sur un territoire et d'y importer l'électricité d'un autre territoire dont la production serait excédentaire au même instant. Ainsi, les réseaux intelligents permettent de transmettre l’électricité excédentaire d'un territoire vers un autre ou de pallier la baisse de production d'une énergie par une autre.

La proximité

Consommer localement ce qui peut être produit localement : c'est le principe des "boucles énergétiques locales". C'est une autre approche de la production et de la distribution énergétique, une approche décentralisée, visant à réduire la consommation énergétique sur le territoire tout en relocalisant les moyens de production. La réussite des boucles énergétiques locales réside avant tout dans la démarche participative mise en œuvre qui consiste en la mise en réseau de l'ensemble des acteurs du domaine de l'énergie en favorisant la diffusion d'expériences par l'organisation de manifestations locales en collaboration avec les universités, les milieux associatifs et institutionnels, mais aussi les industriels, les organisations professionnelles,... Il s'agit de mettre en œuvre des actions et de développer des projets opérationnels : faire émerger des filières économiques dans le domaine de la maîtrise de l'énergie, de la rénovation des bâtiments, des énergies renouvelables, des réseaux communicants et sensibiliser très largement tous les publics aux questions énergétiques, afin d'engager la transition énergétique d'un territoire. La politique énergétique régionale doit être moteur pour accompagner les territoires sur la mise en place de ces boucles énergétiques locales.

Le stockage et la méthanation

Il permet de stocker l’électricité excédentaire lorsque la production est plus forte que la consommation pour l'utiliser dans les moments ou la consommation est plus forte que la production. Il est un maillon essentiel du nouveau modèle énergétique. Il consiste à placer une quantité d'énergie en un lieu donné pour permettre son utilisation ultérieure et permet ainsi de répondre à l'intermittence de certaines productions ou aux pics de consommation. Le stockage est déjà utilisé pour compenser l'incapacité des centrales nucléaires à adapter leur production pour répondre aux pointes de consommation. Le modèle de stockage le plus répandu à ce jour sont les stations de transfert de l'énergie par pompage (STEP). EELV au Conseil régional de Bretagne Schéma énergétique breton alternatif

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Elles reposent sur le principe de pomper de l'eau pour la stocker dans des bassins lorsque la demande d'énergie est faible afin de turbiner cette eau plus tard pour produire de l'électricité lorsque la demande est forte. Vieux de trente ans, le projet de STEP du lac de Guerlédan en Centre Bretagne n'a jamais vu le jour. Il pourrait être doté d'un potentiel maximum de 400 MW mais pose des problèmes techniques et environnementaux. Les techniques liées à l'utilisation de l'hydrogène constituent des capacités crédibles mais encore en cours de développement. Il est néanmoins une technologie qui semble être arrivée à maturité, c'est la méthanation. Très étudié en Allemagne, elle est une solution prometteuse. La méthanation fut découverte par le Français Paul Sabatier, prix Nobel de Chimie en 1912 . Elle est la production de méthane synthétique et d'eau par réaction simple entre de l’hydrogène issu d'une électrolyse et du gaz carbonique (selon la formule CO2+4H2 → CH4 + 2H2O). Ainsi les énergies renouvelables d'abord transformées en électricité pourraient être à nouveau transformées en hydrogène (par électrolyse de l'eau) qui, combiné au gaz carbonique, produirait du méthane de synthèse injectable dans les réseaux de distribution où il remplacerait le gaz naturel fossile.

Le projet Enertrag en Allemagne utilise l'excès d'énergie éolienne pour la production d'hydrogène.

L’électricité non stockable est ainsi convertie en molécules qui, elles, le sont parfaitement. Outre la production de méthane, le processus permet d'obtenir une chaleur d'échappement exploitable sur un plan commercial. Le rendement total peut s'élever à plus de 80 %.

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Outils et atouts de la transition énergétique Fiche 21 ­ Pour une énergie citoyenne

L'énergie citoyenne, ce sont des particuliers qui participent

directement aux financements de projets d'énergies renouvelables. Cela leur permet de s'approprier la question énergétique. En plaçant leur argent sur ces projets, ils produisent une épargne éthique aux retombées directes sur l'économie des territoires. En Allemagne, la moitié de la puissance installée appartient aux citoyens. En France, c'est la Bretagne qui montre la voie à suivre. Le parc éolien de Béganne en Pays de Redon sera le premier à être financé majoritairement par des citoyens. Avec l'aide des collectivités territoriales, nous devons nous mobiliser pour multiplier ces projets.

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Fiche 22 ­ Des milliers d'emplois La transition énergétique est une formidable opportunité de création de dizaines de milliers d'emplois pérennes et non délocalisables. Plusieurs acteurs associatifs et syndicaux investis dans le débat national sur la transition énergétique ont évalué, secteur par secteur, les potentiels de création d'emplois (http://transitionenergetique.org/transition­energetique­les­emplois­de­demain/). Avec 632 000 nouveaux emplois en France le bilan est largement positif. Si l'on considère le fort potentiel breton en matière d'énergie renouvelable ou encore le dynamisme de la construction neuve pa rapport au reste ans le reste de la France, on peut estimer qu'à l'échelle de la Bretagne, la transition énergétique représente un potentiel de 50 000 créations d'emplois.

en millier

A l'analyse sectorielle largement positive s'ajoute ce que les économistes appellent «l’effet induit sur l’emploi» : l’une des conséquences les plus importantes de la transition énergétique est la baisse progressive des importations d'énergies fossiles qui représentent un montant de 60 milliards d'euros en France en 2012. Autant d'argent économisé par les ménages, les entreprises et les collectivités qui va progressivement être réinjecté dans l'économie générale sous forme de «pouvoir d’achat » restitué aux consommateurs. Ces milliards d'euros libérés vont ainsi générer à leur tour de l'activité et des emplois.

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Fiche 23 ­ Les outils de financement L’évolution des infrastructures de production et de consommation d’énergie implique des investissements conséquents. Qu’il s’agisse du développement des énergies renouvelables, de l’isolation des logements ou encore des infrastructures de transport collectif, ce sont plusieurs milliards d'euros qui devront être mobilisés annuellement pour permettre une forte réduction des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. A titre d'exemple la réhabilitation de 50 000 logements par an en Bretagne aurait un coût de l'ordre de 2,5 milliards d'euros. Malgré ces investissements importants, à moyen terme la transition énergétique est rentable car elle crée des emplois et réduit le coût des importations d'énergie.

Des projets rentables

Le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire...) ont une rentabilité économique grâce à la revente de l'énergie produite. L'Etat et les collectivités locales doivent alors orienter leurs politiques pour favoriser leur déploiement, dans le cadre de leurs actions en faveur des entreprises, de la recherche ou encore de la formation par exemple. De la même façon, les actions de réhabilitation du bâti sont rentables sur du moyen terme. En effet, les économies d'énergie réalisées amortissent le coût de la réhabilitation. Malgré cela, les actions de réhabilitation sont freinées par la somme importante que représente l'avance de l'investissement nécessaire aux travaux. Pour inciter les propriétaires à effectuer des actions de réhabilitation, il est indispensable de généraliser les systèmes de tiers financement. Ce mécanisme consiste à faire payer la rénovation d'un bâtiment par un tiers (banque, établissement public...). Celui­ci réalise l’investissement nécesaire. Le client lui reverse ensuite un « loyer », inférieur ou égal aux économies d’énergie réalisées. Ce système permet de rénover un logement sans modification du budget énergie du foyer. Le gouvernement a prévu d'organiser ce mécanisme pour 2015.

Réorienter les investissements et l'épargne

Il est possible de dégager de nouvelles capacités d'investissement en réorientant les politiques publiques. Par exemple, en matière de transports, il convient désormais de financer le train et le cabotage plutôt que la route et l'avion. De la même façon, les huit millliards d'euros prévus pour le nouveau réacteur nucléaire EPR seraient bien mieux utilisés s'ils étaient investis dans les énergies renouvelables. Pour financer la transition énergétique, il est aussi possible de mobiliser une plus grande part de l'épargne réglementée (livret développement durable, livret A). Une partie des fonds gérés par la Caisse des dépôts pourrait aussi être mise à la disposition des collectivités locales ou de la Banque Publique d'Investissement (BPI) pour assurer le développement des TPE et PME qui interviennent en faveur de la transition énergétique. La Banque Publique d'Investissement devra de même faire du financement de la transition énergétique une priorité réelle et assumée. Enfin, il est essentiel aussi de développer les circuits courts de financement sur les territoires (financement citoyen des parcs éoliens, crowfunding, emprunts obligataires…) qui pourraient être stimulés par des appels à projets.

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Une fiscalité écologique et juste

Le principe de la fiscalité verte est de taxer les pratiques polluantes pour financer celles vertueuses pour l'environnement. Ainsi, elle vient aider les entreprises et citoyens qui sont engagés dans ue démarche de transition écologique. Par exemple, une mesure comme l'éco­taxe poids lourds peut rapporter 100 millions d'euros chaque année. Elle permet de dégager de nouveaux financements pour les infrastructures ferroviaires tout en incitant les entreprises de transports à passer des poids lourds au train.

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Les notes d'Europe Ecologie Les Verts au Conseil Régional de Bretagne

Schéma Régional Climat Air Energie ­ Octobre 2013

A l'heure du pétrole cher, du changement climatique, de la raréfaction des énergies fossiles, construire la transition énergétique se fait chaque jour plus urgente. C'est tout l'enjeux de l'adoption du Schéma régional Climat Air Energie, élaboré conjointement par l'Etat et la Région, et qui doit être adopté en ce mois d'octobre 2013. Si certaines orientations, en matière d'énergies renouvelables, par exemple, sont cohérentes, le document proposé ne parvient pas à engager une véritable transition. Pire, il abandonne l'objectif de division par quatre des émissions de gaz à effet de serre en 2050, engagement pourtant pris par le gouvernement français et réaffirmé par le président Hollande. Pour palier à ces manques, les écologistes ont donc décidé de proposer leurs solutions pour relever le défi climatique et énergétique. Ainsi, ce document présente le Schéma Régional Climat Air Energie alternatif d'EELV Bretagne.

Guy Hascoët Président du groupe Membre de la Commission Permanente et de la Commission Finances Yannik Bigouin Membre de la Commission Culture Président de l'EPPC Livres et Lectures en Bretagne Gaëlle Rougier Membre de la Commission Permanente et de la Commission Aménagement du territoire

Groupe des élu­e­s Europe Ecologie Les Verts au Conseil Régional de Bretagne 13 C, rue Franz Heller, 35 700 Rennes

Anne­Marie Boudou Membre de la Commission Environnement

René Louail Membre de la Commission Economie

Janick Moriceau Membre de la Commission Permanente et de la Commission Economie

Sylviane Rault Membre de la Commission Solidarités

bretagne.eelv.fr

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