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À
vous, lecteurs et lectrices de Tracés, nos meilleurs vœux pour une année 2026 pleine de projets inspirants!
Journal
Marc Frochaux
COPENHAGUE ZÉRO NET 6
Marc Frochaux
COPENHAGUE A-T-ELLE ATTEINT 8 LA NEUTRALITÉ CARBONE EN 2025 ?
Camilla van Deurs
DE CONSTRUIRE À CULTIVER 12
Nicolai Bo Andersen
KAY FISKER, ARCHITECTE DE LA VILLE 16 ANONYME
Luca Ortelli
ESPAZIUM – LES ÉDITIONS 20 POUR LA CULTURE DU BÂTI
BAUKULTOUR : HOLCIM FOUNDATION 28 AWARDS 2025
Philippe Morel TOUT SE
Réalisation
LE PHARE INVISIBLE 39
Marie-Christine Beris
JEUNES RIVES : RELIER LA VILLE 43 AU LAC
Marielle Savoyat
Matériaux de construction + travaux de bâtiment
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Le droit à déjeuner en paix
Marc Frochaux
En septembre dernier, le conseiller fédéral Albert Rösti a fait passer par voie d’ordonnance une motion qui vise de facto à interdire aux communes et aux cantons d’introduire le 30 km/h sur les axes principaux qui les traversent. À l’avenir, Il faudra consulter la Confédération. Cette mise sous tutelle est contraire au respect des tâches fédérales et l’emploi d’une ordonnance un moyen particulièrement sournois, car elle ne peut pas faire l’objet d’un référendum. Voilà pourquoi, le mois dernier, quelque 600 communes de Suisse ont envoyé une missive au chef du DETEC pour s’y opposer. La consultation est sur le point d’aboutir.
En Suisse, l’impact des nuisances sonores sur la santé est connu : on parle de 69 300 années de vie en bonne santé perdues et 500 décès cardiovasculaires chaque année. Oui, le bruit tue. Et si cet argument populiste n’intéresse pas les habitant·es des petites communes qui ont le privilège d’être épargnées par ce phénomène, il faudrait évoquer les coûts externes imputables au trafic automobile, qui s’élèvent à plus de 2 milliards de CHF. Une grande partie (45 %) est due à la perte de valeur des immeubles. En effet, un bien immobilier affecté par des nuisances sonores perd 20 à 30 % de sa valeur. Alors, on écoute maintenant ?
Pour y remédier, la Constitution exige de s’attaquer à la source du problème plutôt que multiplier les mesures palliatives (revêtements phonoabsorbants, dispositifs en façades, etc.). Voilà pourquoi les Communes, lentement mais sûrement, procèdent à une patiente et progressive réduction de vitesse sur les axes sensibles. Dans une rue qui passe de 50 à 30 km/h, le niveau sonore moyen peut diminuer de 2 à 4.5 dB – ce qui est énorme quand on se souvient que le décibel est une échelle logarithmique. Et contrairement à ce qui est parfois avancé, une telle mesure n’a que peu d’impact sur les temps de trajets : en ville, aucune différence n’est constatée aux heures de pointe ; en zone rurale, un trajet de 25 km ne durerait qu’une à deux minutes de plus dans les heures creuses si l’on appliquait une limitation sur les routes qui traversent les centres des villages. Domicilié à la croisée de la Dorfstrasse et de la Postgässli d’Uetendorf (BE), Albert Rösti ne connait probablement pas les difficultés des 1 100 000 Suisses exposés quotidiennement à des bruits nuisibles ou incommodants. Certes, 90 % d’entre eux vivent dans des villes ou des agglomérations. Mais il faut le rappeler, encore et toujours : ce n’est pas « la ville » qui est bruyante. Ce sont les moteurs. Et il n’y a pas que les villes qui sont affectées par ce problème grandissant : combien de places, de villages, de cols et de vallées ont été sinistrés par leur vrombissement ?
L’opposition (politique) entre « ruraux » et « urbains » avec laquelle on nous rabâche continuellement les oreilles cache en réalité des inégalités flagrantes qui ont trait aux paysages sonores. Il n’y aura bientôt plus que des urbains sur le plateau, qui vivent plus au moins au calme. Mais il y a celles et ceux qui ne tirent que bénéfice de la voiture ; et celles et ceux qui en subissent les conséquences néfastes au quotidien. Au lieu de cette carte imaginaire opposant villes et campagnes, peut-on dresser une carte des sons ? Elle inciterait à cultiver nos paysages sonores, et à réaffirmer un droit fondamental : le droit à déjeuner en paix, les fenêtres ouvertes, partout.
Copenhague zéro net
Frochaux
En 2009, la Ville de Copenhague s’est fixée pour objectif d’atteindre le « zéro net » en 2025, ambitionnant ainsi de devenir la première ville au monde à y parvenir. Marketing urbain ? Arrogance nordique ? Ou véritable politique responsable dont on devrait s’inspirer ? Entre temps, le climat est devenu une préoccupation mondiale et plusieurs villes se sont lancées, tardivement, dans la course. Paris, Zurich ou Genève, par exemple, se donnent jusqu’à 2050 pour neutraliser leur bilan.
Autant vous prévenir tout de suite : nous sommes déjà en décembre et, non, Copenhague n’aura pas atteint son objectif. On parle aujourd’hui d’une réduction d’environ 80 % depuis le lancement du plan, et d’un bilan positif à partir de 2030. Mais la capitale a d’ores et déjà gagné son pari, grâce aux nombreux cobénéfices de sa politique. En vingt ans, la ville s’est métamorphosée, elle est devenue l’une des plus attractives du monde, tout en maintenant un contrôle sur la hausse des loyers. Comme nous l’explique Camilla van Deurs, architecte de la Ville jusqu’en 2024 (p. 8) , c’est surtout l’amélioration du système de chauffage urbain et la transformation du mix énergétique (notamment la conversion des centrales de cogénération à la biomasse) qui explique l’impressionnante chute des émissions carbone dans les premières phases du plan. Mais l’autre grande source d’émission, la mobilité, a également fait l’objet d’une politique extrêmement ambitieuse. Après avoir pacifié le trafic, sécurisé les bandes cyclables et déployé de véritables « autoroutes cyclistes », l’adoption de ce moyen de transport simple et efficace devient massive. Dans le nouveau morceau de ville créé autour de l’ancien port (Nordhavn), on ne parle plus de « ville quart d’heure », mais de « ville à cinq minutes ». Aujourd’hui, Copenhague est l’une des rares villes au monde où l’on peut s’entendre converser dans la rue et promener ses enfants en toute quiétude. Dans ces conditions, la densité urbaine, même élevée, est mieux acceptée.
Pourtant, des voix critiques continuent de s’élever, dans une métropole qui construit (et démolit) énormément et s’étend avec voracité sur l’Øresund. Pour certains architectes, le plan climat couvre d’un voile pudique une intense activité de construction qui continue d’exploiter des ressources polluantes. Comme le montre Nicolai Bo Andersen dans son essai (p. 12) , bien des architectes danois se tournent désormais de manière radicale vers les matériaux bio- et géosourcés locaux, « cultivent » le bâti au sens premier du terme. Il s’agit de limiter les démolitions et surtout de préserver, voire de s’inspirer d’un patrimoine bâti, qui tient bon et continue d’inspirer. C’est bien ce que suggère Luca Ortelli dans son essai lumineux dédié à Kay Fisker (p. 16) , l’un des architectes du siècle dernier qui a le plus contribué à façonner l’étrange beauté anonyme des rues de Copenhague: et si les pistes pour réaliser une ville européenne durable ne se trouvaient pas aussi dans ces solutions éprouvées ?
Kay Fisker, Karré Hornbækhus , 1923 (Royal Danish l ib R a R y)
Marc
Copenhague a-t-elle
carbone en 2025 ?
Camilla van Deurs
Copenhague n’a pas encore atteint son objectif de « zéro émission nette », fixé il y a près de 15 ans. Mais cette ambition, initialement envisagée sous un angle strictement technique, s’est étendue à tous les domaines – mobilité, énergie, urbanisme et architecture. Pour l’ancienne architecte de la ville Camilla van Deurs, elle en a fait l’une des villes les plus agréables du monde.
Un symbole de l’approche de Copenhague : la piste de ski installée sur le toit de Copenhill, la centrale de valorisation énergétique des déchets conçue par BIG – Bjarke Ingels Group, montre comment des mesures de durabilité peuvent être appliquées de manière à en faire bénéficier directement les citoyen·nes. (Rasmus hjoRtshøj)
Copenhague aspire depuis longtemps à devenir la première capitale mondiale neutre en carbone, en affichant une vision audacieuse : non seulement réduire les émissions de CO₂, mais aussi démontrer que cela est compatible avec croissance, développement et qualité de vie élevée. Cet objectif politique, ambitieux, visait 2025. Il a été fixé en 2012 et guide depuis lors chaque décision de l’administration municipale – qu’il s’agisse de stratégies de mobilité, de permis de construire ou d’appels d’offres publics. Ce qui avait commencé comme un mandat technique a transformé Copenhague en une ville florissante, prospère économiquement, reconnue pour la qualité de ses espaces publics et son engagement indéfectible en faveur de la durabilité environnementale.
Cependant, Copenhague fera face à d’importants défis dans les années à venir. La ville est en pleine expansion, avec de nouveaux quartiers, des besoins croissants en logements, en écoles, en parcs et en espaces publics. L’un des grands défis consiste à concevoir une architecture à la fois belle et durable, qui accompagnera ces transformations tout en intégrant de nouveaux matériaux et modes de construction.
Le plan climatique CPH 2025 : une approche holistique
Le plan climatique CPH 2025 constitue une feuille de route complète fixant des objectifs précis dans quatre domaines clés : la consommation d’énergie, la production d’énergie, la mobilité verte et l’administration municipale. Ces quatre piliers sont essentiels pour atteindre la neutralité carbone. Le plan vise à mettre à profit les ambitions de durabilité de la Ville pour stimuler l’innovation, la création d’emplois et l’investissement, grâce à la collaboration entre entreprises, institutions de recherche et citoyens.
Les bâtiments, les rues et les espaces publics ont un impact direct sur les agendas climatiques locaux et mondiaux. À Copenhague, la mesure de l’empreinte carbone est globalement répartie entre les transports, l’industrie du bâtiment et la consommation. L’urbanisme et l’architecture représentent environ les deux tiers des émissions, ce qui en fait des leviers cruciaux dans la quête de neutralité carbone – voire d’impact environnemental positif.
Copenhague veut démontrer que croissance, développement et qualité de vie améliorée peuvent aller de pair avec la réduction des émissions de CO₂. À mesure que la cité relève ces défis, son architecture et son esthétique évolueront inévitablement. La vision politique du développement urbain repose sur des considérations climatiques et une attention portée à la biodiversité – tant pour les nouvelles constructions que pour la requalification des espaces existants.
Ainsi, la Ville s’est fixé pour objectif de garantir à chaque habitant un accès à un espace vert à moins de 300 m de son domicile, avec des quartiers dotés d’un mélange de grands et petits espaces végétalisés, privilégiant les essences locales et la gestion des eaux pluviales. La préservation du bâti existant est également une priorité, et les nouvelles constructions doivent recourir à des matériaux réutilisables ou à faible impact climatique.
Copenhague est réputée pour son approche urbaine centrée sur l’humain, où la vie publique, les espaces ouverts et le cadre bâti sont pensés ensemble. De plus en plus, les décisions politiques en matière d’aménagement urbain visent à réduire l’empreinte carbone en intégrant des outils fondés sur les données, tels que l’analyse du cycle de vie (ACV). Depuis 2020, tous les bâtiments publics dont le coût dépasse 20 millions de couronnes danoises (DKK), soit environ 2.7 millions d’euros, doivent respecter au minimum le standard DGNB Or et, depuis 2023,
La municipalité de Copenhague soutient l’innovation pour développer de nouveaux matériaux solaires ou écologiques. Dans le quartier Nordvest, le programme de renouvellement urbain a favorisé l’expérimentation de panneaux solaires intégrés aux toitures en tuiles, afin de préserver le patrimoine architectural tout en contribuant aux objectifs d’énergie solaire. (Camilla van Deu R s)
Matériaux biosourcés, recyclés ou bois ? Nordic Office of Architecture a développé un catalogue d’inspiration pour la Ville de Copenhague, proposant des lignes directrices et des idées pour optimiser l’énergie via la rénovation des façades, améliorant à la fois le confort de vie et l’impact environnemental. (noRDiC offiCe of aRChiteCtuRe)
Construire moins et recycler plus : les bâtiments les plus durables sont ceux qui existent déjà. St. Joseph, sur Strandvejen à Copenhague, par Nordic Office of Architecture. Un ancien monastère a été transformé en résidence moderne pour seniors et complété par un nouvel établissement de soins. Aujourd’hui, l’ancienne église sert d’espace commun, accueillant soirées chantantes, assemblées matinales et repas collectifs. (niels nygaaRD)
tous les nouveaux projets de construction doivent faire l’objet d’une analyse du cycle de vie. En mars 2022, le Conseil municipal a également décidé d’intégrer un « budget climatique » à toutes les décisions budgétaires pertinentes.
Le 14 juin 2022, le Comité des finances a adopté le cadre du premier budget climatique, qui a été mis en œuvre en lien avec le budget 2023. En outre, en 2023, ce comité a adopté plusieurs points de développement pour le budget climatique. Il ressort de ces décisions que l’impact climatique est calculé pour certaines initiatives budgétaires en vue de futures négociations sur les budgets et les dossiers de transfert, par exemple les initiatives comportant des réductions quantifiables de CO₂eq afin de répondre au Plan climat 2025 de Copenhague, ou les initiatives liées à la construction de nouveaux bâtiments générant des émissions de CO₂eq. Pour rendre cela possible, le champ des initiatives budgétaires incluses dans le budget climatique sera élargi à l’avenir au fur et à mesure de l’évolution des données, modèles de calcul, etc.1
Réduire les émissions du secteur du bâtiment
En mars 2022, le Conseil municipal a décidé d’intégrer un « budget climatique » à toutes les décisions budgétaires pertinentes.
À l’échelle mondiale, le secteur du bâtiment est un contributeur majeur aux émissions de CO₂, principalement à cause de l’énergie nécessaire pour le chauffage, le refroidissement et l’éclairage. À Copenhague, 98 % des bâtiments sont chauffés par un réseau de chaleur propre, alimenté par l’incinération des déchets et la biomasse – avec un plan pour passer à des sources d’énergie plus durables dès 2025. La Ville s’efforce de réduire la consommation d’énergie en améliorant l’efficacité des bâtiments et en explorant des solutions innovantes, comme le stockage de chaleur dans la masse du bâti.
Parallèlement, un nouveau plan solaire vise à augmenter le nombre de panneaux photovoltaïques installés sur les structures urbaines, en complément de l’énergie éolienne produite à l’extérieur de la ville. D’autres initiatives incluent des achats groupés d’engins de chantier à faible impact en partenariat avec la Ville d’Oslo, la réduction et le recyclage de tous les déchets de construction, ainsi que l’optimisation de la logistique des chantiers pour minimiser les émissions liées au transport.
Moins de démolitions
La Ville privilégie désormais la reconversion du bâti existant plutôt que sa démolition, afin de réduire encore son impact environnemental. L’intention de ne pas démolir est inscrite dans le plan municipal et dans la politique architecturale, même si les termes restent souples. Un outil de calcul de l’analyse du cycle de vie (ACV) de la démolition a été développé pour informer les décisions politiques. Ce point soulève actuellement un vif débat à propos d’un projet où les chiffres de la Ville ne correspondent pas à ceux du cabinet d’architectes travaillant sur le projet2
Une autre initiative consiste à adopter des plans locaux de protection. Par exemple, dans le quartier de Rentemestervej (au nord-ouest de la ville), 100 bâtiments ont été classés, y compris les constructions jugées « laides », considérées comme importantes pour la mémoire et l’identité du quartier 3. L’outil juridique le plus efficace a été la réduction du coefficient d’occupation des sols (COS) à 60 %, contre 185 % dans les nouveaux plans (les bâtiments existants atteignant souvent 200 à 300 %). Avec un tel ratio, il n’est tout simplement plus rentable pour un propriétaire de démolir.
Réduire les émissions liées aux transports
Le trafic motorisé à carburants fossiles reste une autre source majeure d’émissions. Déjà célèbre pour son vaste réseau cyclable, Copenhague agit sur ce plan en améliorant l’accès aux transports publics, en électrifiant bus, véhicules municipaux et ferries
Dossier
Un projet pilote de circulation dans le cœur médiéval de Copenhague visait à améliorer les espaces publics et les conditions de mobilité pour les habitants, commerces et visiteurs. Résultat : un nouveau plan d’aménagement supprimant 750 places de stationnement en voirie, créant de meilleures conditions pour les cyclistes et davantage d’espaces verts. Le projet s’est appuyé sur les recommandations d’une assemblée citoyenne, une analyse économique et un dialogue avec les acteurs concernés. Ce processus inclusif a été déterminant pour obtenir le soutien politique du projet. (Camilla van Deu R s)
LE PLAN CLIMATIQUE DE COPENHAGUE (CPH CLIMATE PLAN)
En 2009, la Ville de Copenhague a lancé le plan climatique CPH, visant à réduire ses émissions de CO₂ à zéro d’ici 2025. En 2012, ce plan est devenu un objectif politique officiel.
En 2021, la Ville estimait avoir réduit ses émissions de 72.6 % depuis 2005 (soit 2.3 millions de tonnes émises).
En 2018, 1.2 million de tonnes avaient déjà été évitées, principalement grâce à la conversion des centrales électriques et du système de chauffage, alors même que la population avait augmenté de 22 %.
En 2025, 86 % de l’objectif auraient été atteints.
Ce plan ambitieux repose sur quatre piliers : consommation d’énergie, production d’énergie, mobilité et initiatives municipales. Bien que l’objectif de neutralité totale n’ait pas encore été pleinement atteint, la Ville a accompli des progrès majeurs, partagés notamment au sein des réseaux C40, Carbon Neutral Cities Alliance (CNCA) et EU100 Climate-neutral and Smart Cities. Le plan climat 2025 et le plan climat 2035 sont disponibles (en anglais) sur le site de la Ville (urbandevelopmentcph.kk.dk/climate).
du port, et en créant des « îlots de circulation »4 limitant l’accès des voitures particulières à certains quartiers. Ces mesures réduisent les émissions tout en favorisant une mobilité plus verte pour les habitants.
Les dilemmes du développement urbain
Malgré son agenda climatique ambitieux, certains projets ne respectent pas pleinement les objectifs de durabilité. Les priorités politiques peuvent parfois l’emporter sur les considérations environnementales, entraînant l’approbation de projets en contradiction avec les ambitions climatiques — comme la démolition de bâtiments historiques, la création de nouveaux parkings ou la construction sur des espaces verts précieux.
Depuis 2010, Copenhague a réduit ses émissions de 65 %, et la transition verte est loin d’être terminée. La stratégie climatique 2026-2035, adoptée en 2024, vise une réduction supplémentaire de 50 % des émissions liées à la consommation d’ici 2035. Elle prendra aussi en compte l’empreinte carbone des biens et services produits en dehors de Copenhague mais consommés localement, tels que les matériaux de construction. Cette approche favorisera une économie circulaire du bâtiment et vise à inciter les citoyens à modifier profondément leurs modes de consommation – alimentation, mobilité et style de vie compris.
Influencer le changement d’habitudes quotidiennes par des politiques publiques n’est pas toujours populaire, ni auprès des électeurs, ni auprès des investisseurs du secteur immobilier. Les responsables politiques doivent donc faire preuve de courage et maintenir leurs priorités à long terme malgré les critiques ou le lobbying professionnel, au nom de l’objectif commun.
Une transition verte collective
En définitive, la transition verte de Copenhague consiste à trouver des solutions plus intelligentes, plus vertes, plus saines et plus rentables. Atteindre la neutralité carbone exigera de repenser radicalement notre manière de construire, de nous déplacer, de consommer et d’utiliser les ressources urbaines. Par un effort collectif, Copenhague veut montrer l’exemple : prouver qu’un avenir durable est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour tous.
Camilla van Deurs est architecte MAA, PhD, professeure associée à l’école d’architecture d’Aarhus et associée au Nordic Office of Architecture. Elle a été architecte en chef de la Ville de Copenhague entre 2019 et 2024.
1 Pour obtenir un aperçu de l’application de ces mesures, voir Klimabudget 2025 – Bilag 2 (en danois) – kk.dk/sites/default/files/2024-09/Budget2025%20 Klimabudget.pdf
2 Voir : Max Laebo Wulff, « Rådgiver og kommune er uenige om LCA-tal forud for Bellahøj-nedrivning » (Le conseiller et la municipalité sont en désaccord sur les chiffres d’ACV en amont de la démolition de Bellahøj), Byggemonitor, 18.08.2025.
3 Sur le débat suscité par la mise en œuvre de ce plan, voir Søren Astrup, « Enestående bydels historie skal bevares : Næsten 100 bygninger i Nordvest skal sikres mod nedrivning » (L’histoire unique de ce quartier doit être préservée : près de 100 bâtiments dans le Nordvest doivent être protégés contre la démolition), Politiken, 02.02.2024.
4 Les « traffic islands » (îlots de circulation) sont des zones urbaines où les voitures peuvent accéder à certains secteurs via des rocades et des voies d’accès, mais ne peuvent pas circuler librement d’un secteur à l’autre.
De
Cet essai donne un aperçu des idées qui circulent au Danemark quand on discute de « durabilité ». Pour relever le défi climatique, écrit l’architecte Nicolai Bo Andersen, il faudrait envisager sérieusement de passer de la construction à la « culture » du bâti – au sens premier de cultiver. Ce manifeste est accompagné par sept projets de rénovation inspirants.
Pihlmann architects, Thoravej 29, Copenhague, Danemark, 2025 – Pihlmann architects transforme une ancienne usine des années 1960 en un espace communautaire ouvert. En réutilisant les dalles de béton pour en faire des escaliers, les façades pour les transformer en dallage et les portes en mobilier, une grande partie des matériaux du bâtiment est recyclée sur place. Les éléments de construction et leurs assemblages sont laissés visibles : ainsi le processus de transformation devient partie intégrante du caractère spatial et immersif du lieu. (hampus beRnDtson)
L’être humain a toujours transformé son environnement pour assurer sa survie. On a inventé des armes de jet pour accroître la portée de la chasse, puis des moyens de portage pour transporter des biens. Grâce aux outils, les matériaux sont extraits, transformés et façonnés pour compenser nos manques et augmenter nos capacités. On défriche des clairières pour créer de l’espace, on travaille la terre pour faire pousser les récoltes, on apprivoise les animaux pour se nourrir. Comme le racontait déjà l’architecte romain Vitruve, la maîtrise du feu a favorisé les réunions et la délibération, suscitant le récit et l’échange d’idées. Par l’expérience pratique, on écarte les erreurs, on érige les réussites en modèles. Les choses acquièrent ainsi un caractère propre, reflètent les valeurs et l’identité de leurs créateurs. Sans cesse renégociées, ajustées, recréées, les cultures constructives se transforment continuellement.
Le problème, aujourd’hui, est que l’humanité est devenue si habile à remodeler la surface de la terre que la masse de ses constructions dépasse désormais celle de toute la biomasse vivante. Une grande partie de l’énergie solaire accumulée pendant des millions d’années dans les restes enfouis de plantes préhistoriques a été extraite et brûlée en l’espace de quelques générations. Comme l’a récemment noté le philosophe allemand Peter Sloterdijk, l’homme moderne est devenu « un collectif d’incendiaires », boutant le feu aux forêts et tourbières souterraines. L’ingéniosité humaine a atteint un point tel que sept des neuf limites planétaires sont aujourd’hui franchies : au-delà du seul changement climatique dont on parle tant, il faut compter les entités nouvelles1, l’intégrité de la biosphère, la transformation des sols, l’usage de l’eau douce et les flux biochimiques. En épuisant un écosystème fragile, nous avons dangereusement rompu l’équilibre de la planète.
Le secteur du bâtiment est en grande partie responsable du problème : il représente un tiers des émissions liées à l’énergie et près de la moitié de la consommation mondiale de matières premières. Ce qui fut conçu comme une technologie protectrice – un abri contre les périls extérieurs – est devenu l’un des grands artisans de l’extraction, de la dégradation des sols et de l’effondrement de la biodiversité. Comment, dès lors, repenser l’architecture pour qu’elle ne se contente pas de nuire moins, mais qu’elle contribue réellement au maintien de la vie et à la régénération des écosystèmes ?
À propos de « durabilité »
Le terme de « durabilité » fut forgé en 1713 par le comptable et administrateur des mines saxon Hans Carl von Carlowitz, inquiet d’une pénurie de bois. Constatant la finitude des ressources naturelles, il définit la nachhaltende Nutzung comme l’usage mesuré du bois afin de maintenir un équilibre entre prélèvement et croissance, garantissant sa disponibilité pour toujours. Dans un monde déséquilibré, les cultures constructives traditionnelles – porteuses d’un savoir sur les qualités environnementales, les propriétés des matériaux et leurs effets architecturaux – pourraient bien inspirer les démarches de demain.
Ancrées dans un lieu précis, les architectures vernaculaires répondent aux conditions locales : nature du sol, énergie solaire, vents dominants, pluies. Bois, branches, paille, pierre ou argile, prélevés à proximité, sont travaillés avec des techniques simples pour accroître leur performance et leur durabilité. Les éléments sont assemblés selon leurs propriétés, empilés, tressés, moulés en structures protectrices. Des principes essentiels – lisibilité des matériaux, articulation des volumes, protection du bois par la conception – favorisent l’entretien et le soin. En dialogue avec le paysage, la matière et l’usage, ces
Nicolai Bo Andersen
Dyrendahl, transformation d’une maison individuelle, Bagsværd, Danemark, 2024 – Dyrendahl transforme une maison individuelle de 1979 en intervenant le moins possible. Plutôt que d’agrandir la surface existante par une extension, les interventions se limitent à ajouter quelques nouveaux éléments et à retirer avec soin certaines cloisons pour favoriser davantage de lumière naturelle, créer de nouvelles connexions spatiales et ouvrir davantage l’intérieur sur le jardin extérieur. ( lovisa n o RD löf)
A Erik Brandt Dam Arkitekter & Charlotte Skibsted Landskabsarkitekter, Bispebjerg Helende Haver, Copenhague, Danemark, 2022 – Erik Brandt Dam Arkitekter & Charlotte Skibsted Landskabsarkitekter restaurent les jardins classés de l’Hôpital de Bispebjerg datant de 1913. En tissant soigneusement l’ancien et le nouveau, les éléments originaux sont préservés, certaines parties non originales sont supprimées et de nouvelles strates sont ajoutées afin de créer un environnement propice à la guérison, dans le respect des qualités architecturales existantes et des valeurs culturelles et historiques. ( lovisa n o RD löf)
B Mentze Ottenstein, Frederiksgade, Copenhague, Danemark, 2023 –Mentze Ottenstein restaurent un appartement classé des années 1870 situé au centre de Copenhague. Les planchers et panneaux de plâtre d’origine, enfouis sous un siècle de transformations inappropriées, sont mis au jour et restaurés, tandis que des détails sur mesure soigneusement conçus — comme des armoires de cuisine, poignées de portes et ornements en marqueterie — sont ajoutés pour recréer l’atmosphère caractéristique de la fin du 19e siècle. (peteR DalsgaaRD)
C Nicolai Bo Andersen & Victor Boye Julebæk, Lundager Retrofit, Kongens Lyngby, Danemark, 2023 – Nicolai Bo Andersen & Victor Boye Julebæk, en collaboration avec leurs étudiants de la Royal Danish Academy, construisent une maison dans la maison afin de réhabiliter une grange de 1750. En n’utilisant que des matériaux biogéniques, locaux et renouvelables, l’intervention crée un espace chaleureux et convivial, tout en respectant les écosystèmes ainsi que les qualités architecturales existantes et les valeurs historiques et culturelles. ( v i C to R b oye j ulebæk)
D Gruppe-aja, maison à Hellerup, Danemark, 2024 – Pour transformer le jardin de cette maison, Gruppe-aja travaille avec la contrainte (auto-imposée) d’utiliser uniquement des chutes récupérées provenant de pavés en béton standard, collectées dans les conteneurs de déchets de chantiers locaux. Les matériaux recyclés sont assemblés en de nouveaux motifs étonnamment riches afin de créer terrasses et cheminements, donnant ainsi au jardin existant un caractère vivant renouvelé. (gRuppe-aja)
Djernes & Bell, Hedeskov Center for Regenerative Practice, Mols, Danemark, 2025 – Djernes & Bell transforment une ancienne école de 1910 et ajoutent de nouveaux pavillons afin de créer un centre de recherche dédié aux pratiques régénératives. Des matériaux locaux, tels que l’argile issue des sols voisins et les fibres de scirpe provenant des zones humides environnantes, sont utilisés pour économiser les ressources et réduire les émissions de carbone. La qualité chaleureuse de la terre procure un sentiment de connexion au paysage. ( j ohan Dehlin)
bâtiments traditionnels offrent de précieuses leçons sur l’art patient de cultiver l’oikos local.
À l’échelle planétaire, la Terre forme un système fermé : elle échange surtout de l’énergie avec l’univers, peu de matière. Les plantes y transforment le rayonnement solaire, absorbent le gaz carbonique et l’eau pour croître en libérant de l’oxygène. Ce cycle ne saurait pourtant justifier un simple remplacement des matériaux conventionnels par des matériaux biosourcés. Le bois, en particulier, est rare : il ne reste que 60 % de la couverture forestière originelle, alors que la limite planétaire est estimée à 75 %. Par ailleurs, l’humanité consomme environ 30 % de l’énergie issue de la photosynthèse, quand le système biologique ne peut en soutenir que 10 à 20 %.
Puisqu’un découplage complet entre croissance économique et consommation de ressources est illusoire, un avenir véritablement durable suppose non seulement des progrès technologiques, mais aussi une sobriété choisie : réduire la demande d’énergie, de matériaux et d’espace, tout en garantissant à chacun un niveau de vie décent dans le respect des limites planétaires. Une étude récente montre que, même si la moitié des bâtiments construits entre 2026 et 2050 étaient en bois ou en matériaux biosourcés, il faudrait encore réduire de 80 % le nombre de nouvelles constructions pour rester dans des limites acceptables2. C’est donc un véritable renversement de perspective qu’il faut envisager : passer de la construction à la culture (au sens de cultiver). Plutôt que d’édifier du neuf, les architectes doivent s’engager dans la transformation : améliorer l’existant, réemployer, adapter aux nouveaux besoins, répartir l’espace plus équitablement. Surtout, il s’agit de pratiques régénératrices qui ne se bornent pas à réduire l’empreinte écologique, mais qui restaurent activement les écosystèmes. En somme, l’architecture ne devrait plus être vue comme un objet spectaculaire ou un placement financier, mais comme un art d’habiter visant à la santé de l’homme et de la planète. Respecter l’environnement, réduire drastiquement la consommation, utiliser avec discernement les ressources rares : tel est le programme. Je préconise l’emploi de matériaux locaux, à croissance rapide et renouvelables – roseau, chanvre, graminées cultivées durablement – pour transformer et restaurer
avec délicatesse les bâtiments existants. Cette démarche associe des actions matérielles et écologiques – séquestration du carbone, enrichissement de la biodiversité, amélioration du paysage – à des interventions architecturales et esthétiques –protection, confort, qualité sensible de l’espace – et à des initiatives sociales et culturelles : bien-être, rencontres, sentiment d’appartenance. Tout cela dans le cadre sûr que définissent les limites planétaires.
Nicolai Bo Andersen est architecte, professeur MSO à la Royal Danish Academy de Copenhague.
Traduction : TRACÉS
Les photographies qui accompagnent cet essai présentent six projets récents de rénovation que l’auteur a visités et analysés, et qu’il juge particulièrement significatifs ; un septième (C), mené sous sa direction, illustre la manière dont sa pratique de restauration nourrit sa réflexion théorique – et réciproquement.
1 Les « nouvelles entités » qui composent la 9e limite planétaire concernent essentiellement les pollutions chimiques synthétiques introduites dans la biosphère : plastiques, pesticides, métaux lourds, produits pharmaceutiques et autres composés artificiels qui causent des dommages à long terme aux écosystèmes et à la santé humaine. Durant la révision de cet article, une septième limite a été franchie. [NdT] Pour obtenir une description précise des neuf limites planétaires, se référer au Stockholm Reslience Center de l’Université de Stockholm – stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html
2 Horop et al, « Absolute sustainability assessment of the Danish building sector through prospective LCA », Science of The Total Environment , Volume 966, 2025. doi.org/10.1016/j.scitotenv.2025.178780
Luca Ortelli
Ces dernières années, l’architecture danoise s’est caractérisée par de grands gestes qui individualisent les édifices. Pour Luca Ortelli, le patrimoine le plus important de Copenhague se situe au contraire dans les vastes formes urbaines anonymes, notamment réalisées par Kay Fisker. Que nous enseigne ce patrimoine dans la quête contemporaine du « zéro net » ?
En se promenant dans les quartiers résidentiels autour du centre historique de Copenhague, on traverse des morceaux de ville aux bâtiments clairs, simples, parfaitement reconnaissables. Il s’agit de nombreux immeubles d’habitation collectifs des années 1920 et 1930, réalisés sous l’impulsion d’une loi visant à contrer efficacement la pénurie de logements qui affligeait la ville à la fin du 19e siècle. À Copenhague, tous les architectes ayant contribué à la construction de la ville moderne ont ainsi accepté une forme d’anonymat qui définit, par les exemples concrets, la notion même d’auteur, dans une perspective privilégiant l’homogénéité urbaine et non l’exaltation individuelle.
35 000 logements
Comme plusieurs villes européennes, Copenhague a connu, dans les premières décennies du siècle passé, une importante pénurie de logements. Les raisons d’une telle situation sont multiples et ne varient pas fondamentalement d’une ville à l’autre. Les réponses données pour résoudre le problème ont par contre assumé des formes différentes, non seulement dans les différents pays mais aussi selon les villes.
Dans certains cas, les opérations dont l’objectif visait la production de logements accessibles au plus grand nombre ont marqué le développement urbain, tout en constituant des exemples remarquables du point de vue social, économique et architectural. Parmi ces exemples, il convient de rappeler les expériences allemandes – Berlin et Francfort en premier lieu –, mais aussi la grande opération connue sous le nom de Vienne la rouge . Cette dernière, longtemps considérée rétrograde ou clairement contraire aux principes modernes en raison des choix architecturaux adoptés par les architectes, s’appuyait sur une modalité d’intervention que l’on pourrait qualifier de densification urbaine, en tant que telle, bien éloignée des principes fondateurs des Siedlungen allemandes. Au-delà des polémiques stériles sur les qualités spécifiques de l’un ou de l’autre modèle, nous constatons aujourd’hui un regain d’intérêt à l’égard des solutions plus « urbaines ». Aux exemples les plus connus s’ajoutent ainsi, entre autres, les expériences de Hambourg, Amsterdam, Stockholm et Copenhague. Le cas de la capitale danoise est peu connu mais il présente des caractères qui méritent d’être étudiés.
Dans un premier temps, et pour contrer la pénurie de logements et la spéculation qui se contentait de produire des habitations aux standards déplorables, des normes pour améliorer la situation furent introduites. Ces mesures s’étant révélées insuffisantes, le gouvernement lança une loi qui prévoyait une contribution financière sous forme de garantie sur les prêts nécessaires à la réalisation de nouveaux logements. Ce dispositif ( Statsboligfond Act ) permit de réaliser, pendant les deux périodes de son application, de 1922 à 1933, quelques 35 000 logements1. Dans la grande majorité des cas, la construction était assumée par des coopératives et la forme urbaine adoptée était l’immeuble à cour (karré en Danois) dans sa version la plus efficace, soit une disposition des volumes le long du périmètre de l’îlot, avec un grand espace libre traité en jardin collectif en son intérieur.
La société avant l’individu
Depuis quelques temps, critiques et architectes redécouvrent l’architecture danoise du début du 20 e siècle et sa contribution au thème du logement collectif. Cet intérêt renouvelé a fait émerger la figure de Kay Fisker (1893-1965) en tant que protagoniste, apprécié de son vivant aussi bien dans son propre pays qu’à l’étranger.
Kay Fisker et Christian Holst, Karré Jagtgården , 1925 – Vue de la façade sur Jagtvej (Royal Danish l ib R a R y)
Kay Fisker, Karré Hornbækhus, 1923 – Intérieur de l’îlot. Le vaste jardin, projeté par Gudmund Nyeland Brandt, présente un cheminement le long des façades, un anneau constitué d’espaces dédiés à l’étendage, aux jeux d’enfants et différents stockages, définis par des parois en bois ajourées, une ligne de buissons et au centre la grande pelouse collective. Au milieu de la façade, un des deux accès directs à la cour/jardin. (Royal Danish l ib R a R y)
Kay Fisker, Karré Hornbækhus, 1923 – Plan d’un étage type. Le plan d’ensemble montre la parfaite régularité des ouvertures. Les deux cages d’escalier distribuent en principe deux types de logements de surfaces différentes. À proximité des angles, les variations distributives se multiplient. (Royal Danish libRaRy)
Kay Fisker, Karré Gullfosshus , 1932 – Vue de la cour/jardin depuis Artillerivej. Façade en briques blanchâtres avec cadres autour des ouvertures en briques rouges. Les fenêtres des cages d’escalier sont décalées par rapport à celles des logements, contrairement au dispositif adopté à Hornbækhus et dans d’autres immeubles. (Royal Danish l ib R a R y)
Dans sa vaste production, l’une de ses premières réalisations, l’immeuble Hornbækhus (complété en 1922), a désormais acquis une dimension iconique en tant que témoignage des politiques urbaines danoises, non seulement en matière de logement mais également en tant que célébration de la dimension collective de l’habiter. Ce bâtiment de cinq étages aux façades en briques rouges présente une série de fenêtres identiques, régulièrement disposées et parfaitement alignées tant à l’horizontale qu’à la verticale. S’il est certes austère, il possède en même temps un caractère domestique, en n’utilisant que les éléments architecturaux les plus communs. L’exaltation de la brique en tant qu’unique matériau de construction, les milles fenêtres identiques, ainsi que la réduction radicale d’éléments décoratifs en font une présence absolument remarquable. Kay Fisker réalisa d’autres bâtiments d’habitation de qualité dans la période du Statsboligfond et aussi après la fin de son application – voir à ce propos la longue barre Vestersøhus (1935-1939 avec C. F. Møller) et le complexe de Dronningegården (1943-1958 avec E. Kristensen). En observant ses projets – et particulièrement ces deux-là – on est surpris de constater que la parfaite régularité des façades n’empêche pas le déploiement d’une mixité typologique à première vue inattendue. En effet, l’ordre comme qualité fondamentale et l’aversion pour toute forme d’arbitraire ont toujours constitué les éléments fondateurs de la vision architecturale de Kay Fisker. Un des aspects notables de son architecture est la reconnaissance implicite de la dimension urbaine – donc publique et collective – des immeubles d’habitation, considérés comme moyens de représentation d’une société, plutôt que la célébration des individus singuliers qui les habitent.
Par ailleurs, si l’on s’arrête sur la période du Statsboligfond, on peut constater que le résultat de l’action des nombreux architectes impliqués dans la construction des grands immeubles d’habitation à cour est une architecture uniforme. Si certains peuvent la considérer ennuyeuse, sa richesse consiste dans la volonté de participer à une aventure commune, mais aussi dans des petites différences, parfois invisibles aux yeux des nonexperts. Ces dissemblances discrètes font de chaque bâtiment une variation sur un thème partagé, similaire à l’exécution d’une partition déjà écrite.
Par conséquent, le point qu’il convient de souligner, quand on parle de l’expérience de Copenhague, n’est pas uniquement la qualité incontestable des projets de Fisker mais l’unité des intentions et des objectifs qui appartenaient aussi à ses compagnons de route , particulièrement pendant la période du Statsboligfond. En effet, l’homogénéité architecturale caractérisant cette expérience s’oppose avec force à l’individualisme de notre époque. La qualité très élevée des logements collectifs réalisés à Copenhague il y a un siècle n’est certainement pas due exclusivement aux capacités personnelles de Fisker mais aux idéaux partagés par tous les architectes actifs dans cette même expérience. Ce n’est pas par hasard que Kay Fisker donna comme titre à son dernier essai, Persondyrkelse eller anonymitet ( Culte de la personnalité ou anonymat ) 2, explicitant ainsi ses idées : « C’est une architecture neutre et anonyme qui devrait caractériser notre environnement et c’est elle que nous devons nous efforcer d’améliorer. Une telle architecture ne peut se soumettre à la mode et ne peut s’inspirer de grandes réalisations individuelles : l’architecture commune doit être ‹ anonyme et intemporelle ›. »
Luca Ortelli est architecte et professeur honoraire EPFL.
A Kay Fisker, Études distributives , sans date. L’organisation des logements réalisés à Copenhague durant la période du Statsboligfond est caractérisée par l’obligation de distribuer chaque appartement par deux cages d’escalier. Ces études sont finalisées de manière à obtenir un rythme régulier des ouvertures, tout en garantissant des unités de surfaces différentes. La solution qui sera le plus souvent adoptée est celle correspondant aux types 6, 8 et 9, dans lesquels les deux cages sont alignées : l’escalier principal étant accessible depuis la rue, le secondaire, côté jardin, faisant office d’issue de secours, réunit les canalisations des cuisines et des salles de bains. (Royal Danish l ib R a R y)
B Kay Fisker et Christian Holst, Karré Jagtgården , 1925 – Plan d’un logement type . L’entrée distribue la salle à coucher ( Soveværelse ), le séjour ( Stue ), une « chambrette » ( Kammer ), la cuisine et la salle de bains. La surface nette totale est de 53.80 m2 (Royal Danish l ib R a R y)
1 Pour plus d’informations sur le Statsboligfond Act et en général sur les immeubles de logement de Copenhague voir L. Ortelli, C. Monterumisi (editors), Kay Fisker Copenhagen Housing Types (1936) Row-house Types (1941), EPFL Press, 2025.
2 Kay Fisker, Persondyrkelse eller anonymitet, « Arkitekten », n. 26, 1964.
Pavillon du Danemark : régénération contre démolition
À la Biennale d’architecture de Venise, le pavillon danois donnait un bon aperçu de la nouvelle mouvance qui domine actuellement les débats architecturaux du pays. Son commissaire, Søren Pihlmann, critiquait l’idée dominante selon laquelle les matériaux doivent provenir de l’extraction et proposait de considérer les bâtiments existants comme ressources premières. Le réemploi n’a rien de nouveau, mais il devient une science complexe face aux matériaux composites élaborés et mis en œuvre au cours du 20e siècle. Le projet danois consiste donc à exploiter le pavillon danois, endommagé après une inondation en 2022, comme véritable cobaye, en analysant le potentiel de réutilisation de ses matériaux et éléments. Les travaux de rénovation se transforment en fouilles archéologiques : dalles, pierres, béton et terre sont examinés puis exposés comme des vestiges précieux. Les équipes analysent la qualité des sols, découpent les dalles en employant des appareils de mesure ultrasoniques ou transforment en terrazzo les graviers. D’autres testent des liants biosourcés à base d’algues, de cellulose ou même de gélatine de poisson, avec quelques résultats prometteurs. La terre excavée est, elle aussi, valorisée grâce à des mélanges à la chaux de trass, démontrant qu’un matériau local, même pauvre, peut trouver un usage adapté. Cette démarche processuelle – qui expose les essais, les erreurs, les prototypes – révèle une philosophie simple : faire le maximum avec ce que l’on trouve avant d’importer des solutions standardisées. Elle s’inscrit dans un courant danois émergent, auquel Pihlmann appartient, prônant une architecture « réparatrice ». Ses projets précédents,
comme House14a ou Thorajev 29 (voi R p. 12) , reposent déjà largement sur le réemploi, jusqu’à 95 % dans ce dernier projet, devenu emblématique au Danemark.
Si ces thématiques sont déjà très travaillées ailleurs, notamment en Suisse, la force du pavillon danois réside dans sa capacité à toucher le grand public grâce à une communication claire, soutenue par des institutions culturelles influentes. Le message vise directement les décideurs d’un pays qui se veut champion du développement durable, tout en continuant de démolir massivement pour construire de nouveaux écoquartiers. Avec son approche « autogénératrice », la proposition soulève des questions cruciales qui contestent aussi la manière actuelle de procéder, au Danemark et ailleurs. MF
Pavillon du Danemark : sur les murs blancs sont exposés des morceaux de dalles, de roches agglomérées et de nouveaux assemblages. (hampus beRnDtson)
Heinz Hossdorf –des œuvres qui perdurent
À l’occasion du 100e anniversaire de Heinz Hossdorf, Clementine Hegner-van Rooden consacre un dossier de TEC21 aux bâtiments industriels conçus par cet ingénieur ayant grandi à Bâle. C’est dans la combinaison de la physique du bâtiment, de l’acoustique, de la lumière et de la statique que réside la particularité de ses réalisations. Conçues avec une grande précision technique, elles laissent, aujourd’hui encore, le champ libre à des changements d’usage. Afin de comprendre pourquoi les œuvres de Hossdorf ont ce potentiel, l’autrice a donné la parole à certains de ses compagnons de route, comme Heinrich Schnetzer et Tivadar Puskas, cofondateurs du bureau d’études Schnetzer Puskas Ingenieure, ou encore Peter Marti, professeur émérite de statique et de construction à l’ETH Zurich. Leurs souvenirs et leurs appréciations sont bien davantage que de simples anecdotes historiques : ils révèlent la façon dont Hossdorf pensait, travaillait et concevait, et expliquent pourquoi ses structures porteuses font aujourd’hui encore partie du patrimoine architectural et sont surtout une précieuse source d’inspiration.
Le dossier présente également toute une série de réalisations marquantes de l’ingénieur décédé en 2006, parmi lesquelles le théâtre municipal de Bâle, dont la fine membrane en béton démontre que l’efficacité structurelle
et l’utilisation rationnelle des matériaux peuvent aller de pair avec la qualité architecturale. Ou encore la Goldzackhalle, un bâtiment construit dans le cadre de l’extension de l’usine de caoutchouc Goldzack à Gossau (SG). Il s’agit d’une construction cylindrique à toit en shed cylindrique composée de six coques en béton, fabriquées sur place selon la technique du béton projeté, dont l’épaisseur n’est que de 7 cm au sommet et de 12 cm à la corniche. Ces coques cylindriques, inclinées et alignées les unes derrière les autres à l’aide de renforts tubulaires en acier en forme de faucille, se révèlent particulièrement efficaces d’un point de vue spatial. PM
Clementine Hegner-van Rooden, «Heinz Hossdorf – Werke leben weiter», TEC21 22/2025
Harte Schale, weicher Kern Aufstockungen in Holz mit Sichtbackstein verkleidet – Instandsetzung Rote Fabrik, Zürich: Dekorationsfassade mit Haltung
– Umbau Mühlenbauanstalt, Zürich: Dem Quartier treu geblieben espazium.ch/de
Archi 6/2025 (07.11.25)
Case da vivere / Homes to live with – Domestic rituals (Ritualità domestica) – Domestic and urban in the single-family house (Domestico e urbano nella casa unifamiliare) espazium.ch/it
Goldzackhalle à Gossau (SG), vers 1955 : vue vers le nord dans l’atelier ( aRC hiv sC hnetze R p uskas i ngenieu R e)
Une pratique guidée par l’écoute
Susanne Schnell, Tabea Wirtz
Clemens Blum a été élu en mai 2025 à la présidence de la Commission centrale des règlements (ZO) lors de l’Assemblée des délégués de la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA). Rencontre avec un architecte engagé, qui porte la voix de la Romandie et des petits bureaux.
Lorsqu’il revient sur ses premiers mois de fonction, le nouveau président de la Commission centrale des règlements (ZO) pense surtout aux rencontres « avec des personnes passionnantes et engagées » qui ont émaillé son début de mandat. Fondateur du bureau d’architecture cbl architectes sàrl à Lausanne, Clemens Blum y déploie son large éventail de compétences dans la planification, la direction générale, la réalisation et le conseil. C’est donc un homme de terrain expérimenté qui a pris la tête de la ZO.
Un heureux hasard
Clemens Blum a découvert l’architecture un peu par hasard. Bien que sa famille élargie compte des architectes, il n’avait jamais envisagé de faire ce métier. Il s’intéresse à cette discipline lorsqu’il assiste au projet de construction mené par ses parents, découvrant une profession qui allie créativité artistique et conceptuelle, technicité et matérialité concrète. Son choix d’orientation est fait. Aujourd’hui, il apprécie son métier parce qu’il lui permet de répondre aux souhaits et besoins des maîtres d’ouvrage et des usagers en développant des solutions à la fois pragmatiques et esthétiques.
Un visage familier
Son parcours professionnel l’a bien préparé aux tâches qui vont de pair avec ses fonctions de président de la ZO : « En tant qu’architecte à la tête de mon propre bureau, je conduis quotidiennement des projets et des réunions, je coordonne des équipes, définis des thématiques et j’impulse des orientations. » Ses projets résultent toujours d’une volonté d’écoute : comprendre les besoins et les désirs que recèlent les exigences qui lui sont posées. Cette approche qui a fait son succès professionnel l’aide aujourd’hui à naviguer dans l’environnement complexe de la SIA.
Depuis 2021, il est membre de la commission SIA 102 Prestations et honoraires des architectes et s’implique activement dans le projet de révision des RPH – d’abord dans le groupe de travail « Qualité », puis dans d’autres groupes de travail. Depuis 2022, il est de plus membre de la commission SIA 131 Gestion de la qualité des projets dans le secteur de la construction. Clemens Blum connaît donc les rouages de la SIA, ce qui représente un atout supplémentaire pour piloter efficacement la ZO.
Changer les regards
La qualité, exigence qui a accompagné Clemens Blum à la fois dans le cadre de la révision des RPH et en tant que membre de la commission SIA 131, lui tient particulièrement à cœur et guide son action. Il tient également à souligner l’importance que revêtent pour lui la culture du bâti, les compétences professionnelles, l’économie circulaire et la protection du climat – des thématiques qui s’articulent de près avec les normes et règlements.
À la question de savoir quel sera l’un de ses principaux chevaux de bataille en tant que président de la ZO, Clemens Blum n’hésite pas : « J’aimerais changer les regards sur nos métiers, car j’ai constaté à maintes reprises que pour beaucoup de gens, nos professions restent abstraites, ils ne savent pas vraiment ce que nous faisons, ni ce que nous pouvons apporter à un projet de construction. »
Clemens Blum, nouveau président de la Commission centrale des règlements (ZO) (Reto sChlatteR)
Pour ce faire, il est convaincu qu’il faut démontrer concrètement pourquoi les honoraires des planificateurs représentent 20 à 25 % des coûts d’un projet et comment le travail des planificateurs compense – parfois très largement – cet investissement. D’ailleurs, c’est pour contribuer à changer la perception publique de la branche de la planification et à la promouvoir au niveau sociétal qu’il avait décidé il y a quelques années de s’engager activement à la SIA.
Planifier pour l’usager
Cette ambition est portée par sa conviction que l’usager doit être placé au centre de la démarche architecturale. À son sens, le fait de planifier et bâtir comporte une dimension très démocratique car, bien au-delà du maître d’ouvrage qui définit les objectifs et le cahier des charges et de l’architecte qui signe la ligne conceptuelle du projet, l’enjeu est bien plus large. Il ne faut jamais perdre de vue celles et ceux qui contemplent et utilisent les constructions, rappelle-t-il, soulignant à juste titre que « le temps passe, l’architecte et le maître d’ouvrage tombent dans l’oubli. Reste l’ouvrage et ceux qui l’utilisent ». De par sa dimension collective, la construction ne saurait par ailleurs être résumée aux besoins des maîtres d’ouvrage et aux visions des planificateurs. Comme il l’expose, « je pars du principe que la plupart des acteurs de projet souhaitent contribuer à façonner notre cadre de vie, et pas seulement gagner la leur ». Cette vision des choses explique peut-être aussi pourquoi il aime collaborer avec des personnes de tous horizons et qu’il s’efforce d’encourager chacune et chacun à exprimer son plein potentiel.
Voix romande
Clemens Blum entend également mettre son mandat à profit pour renforcer la représentation de la Romandie et des petits bureaux de planification au sein de la SIA. Son profil le prédestine à réaliser cet objectif : bilingue allemand-français depuis l’enfance,
Clemens Blum est à la tête d’un bureau d’architecture lausannois qui compte aujourd’hui quatre collaborateurs et réalise des projets dans toute la Suisse romande. Il est donc très au fait des réalités de ce territoire. Homme d’engagement, il est depuis 2017 analyste au service de l’Observatoire des marchés publics romands (OMPr), une association qui œuvre à l’amélioration des pratiques de passation des marchés. Il prodigue en outre des cours dans le cadre d’un CAS proposé à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) à Fribourg. Même dans le cadre de sa vie familiale, son métier n’est jamais loin. Son épouse, qui occupe un poste de direction dans une grande organisation, est une précieuse alliée, le conseillant tant en matière de management, de recrutement que de gestion du personnel.
Malgré son emploi du temps chargé, il trouve l’équilibre en travaillant de ses mains. L’année dernière, il a ainsi rénové un chalet en montagne avec l’aide de ses trois enfants. Plus qu’un métier, l’architecture est avant tout une vocation pour le nouveau président de la ZO.
Tabea Wirtz, chargée de communication, tabea.wirtz@sia.ch
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Des installations de refroidissement efficaces et durables
Michael Kriegers et Roman Hermann
Avec la nouvelle norme SIA 384/4 Installations de refroidissement dans les bâtiments – Bases et exigences, on dispose désormais d’un outil qui permet et encourage la conception et l’exploitation d’installations de refroidissement efficaces, respectueuses du climat et simples d’utilisation.
La hausse des températures et l’allongement des périodes de forte chaleur donnent au refroidissement une place toujours plus importante dans les installations des bâtiments. Si les bâtiments doivent être conçus de manière à assurer un bon confort intérieur, cela doit être fait en minimisant les besoins en refroidissement. La nouvelle norme SIA 384/4 Installations de refroidissement dans les bâtiments – Bases et exigences établit des critères de référence en la matière. Elle contribue de manière significative à permettre une exploitation à la fois efficace et durable de ces installations. La norme comporte également des spécifications relatives à la conception, à la construction, à l’exploitation et au démantèlement des installations, avec, à toutes ces étapes, un niveau d’exigences élevé en matière d’efficacité énergétique et de respect de l’environnement. La norme pose ainsi les bases de concepts de bâtiments optimisés énergétiquement et durables, prêts pour les défis à venir.
Combiner intelligemment refroidissement et chauffage
L’introduction du concept de machine calofrigorifique constitue un élément central de la norme SIA 384/4. Ces machines, qui produisent en même temps du froid et de la chaleur, permettent une utilisation efficace de l’énergie. Les immeubles de bureaux et les bâtiments administratifs, en particulier, génèrent souvent un excédent de chaleur inutilisé. La norme exige que la chaleur produite lors du refroidissement soit systématiquement utilisée, par exemple pour le chauffage. L’énergie consommée l’est alors de manière efficace, servant à la fois pour la production de froid et pour l’approvisionnement en chaleur. On a ainsi un dédoublement de l’usage de l’énergie électrique.
Un autre aspect important de la norme est l’approche systémique globale. La norme ne prend pas seulement en compte la machine frigorifique, elle considère l’ensemble du système, depuis le local refroidi jusqu’aux consommateurs de chaleur et aux aéroréfrigérants, en passant par la machine calofrigorifique. Cette approche systémique permet de coupler intelligemment refroidissement et chauffage et d’optimiser ainsi la consommation énergétique totale. Cela se traduit par des économies d’énergie et une réduction considérable de l’empreinte écologique des installations.
Une exigence d’efficacité basée sur la valeur limite européenne
La définition d’exigences d’efficacité précises pour les machines frigorifiques constitue un élément clé de la norme. Elle se base sur le Seasonal Energy Efficiency Ratio (SEER) européen, un coefficient de performance saisonnier qui permet un benchmarking des machines frigorifiques du marché. La valeur limite SEERli définie dans la norme est fixée de manière à ce que 50 % des appareils disponibles atteignent cette valeur. Les exigences sont donc ambitieuses tout en étant réalistes et pragmatiques.
Cependant, comme les conditions climatiques et les conditions d’exploitation que l’on rencontre en Suisse diffèrent considérablement des moyennes européennes, la reprise directe de la valeur limite de l’UE n’est pas possible. De ce fait, le SEERli défini dans la norme SIA 384/4 tient compte d’un certain nombre de facteurs comme le site, le fluide frigorigène et le mode de fonctionnement, qui reflètent les conditions d’utilisation réelles en Suisse.
Désignations des composants et des flux énergétiques d’une machine calofrigorifique ( sia )
Évaluation de l’efficacité
La température extérieure moyenne dépendant de l’altitude, le site a une influence importante sur l’efficacité énergétique. En altitude, la température est plus faible tout au long de l’année, ce qui réduit les besoins en énergie de refroidissement. Cet effet est pris en compte par une correction négative du coefficient de performance saisonnier. Le choix du fluide frigorigène influe également. En raison de leur faible potentiel d’effet de serre, les fluides frigorigènes naturels sont préférés aux substances synthétiques, à l’impact environnemental plus important. La norme tient aussi compte du mode de fonctionnement de l’installation : le rendement global est nettement plus élevé lorsque la chaleur générée lors du refroidissement est utilisée de manière active. Une telle utilisation de la chaleur est considérée comme particulièrement efficace et valorisée par rapport au mode de fonctionnement d’une simple machine frigorifique. Du fait de ces facteurs de correction, le SEER calculé selon la norme SIA 384/4 peut être inférieur à la valeur définie dans la norme européenne. La valeur minimale européenne doit toutefois toujours être respectée. Ainsi, l’évaluation de l’efficacité tient compte de conditions de fonctionnement réalistes, sans pour autant être inférieure aux standards minimaux européens.
Une efficacité d’ensemble
L’efficacité d’une machine frigorifique ne peut être considérée isolément, elle dépend toujours de la conception de l’installation de refroidissement dans son ensemble. La puissance qu’une machine doit réellement fournir résulte de cette conception d’ensemble. La norme ne se concentre donc pas uniquement sur l’efficacité énergétique des machines, mais considère l’efficacité énergétique de tout le système, qui dépend essentiellement de la puissance de refroidissement, des températures du système, de l’intégration hydraulique, du dimensionnement des accumulateurs (liés aux compresseurs) et de l’utilisation de puits de chaleur naturels pour le refroidissement. La norme fournit des spécifications claires, pour un niveau d’efficacité maximal. Par exemple, le diagramme servant au choix d’un système permet de déterminer la conception appropriée de la machine frigorifique en fonction de la puissance de refroidissement et des températures d’eau froide.
Par ailleurs, un fonctionnement économique et sûr ne dépend pas seulement de la conception rigoureuse de chacun des composants du système, mais aussi de la stratégie de régulation adoptée et de la coordination aux interfaces avec l’automatisation du bâtiment. C’est la seule façon de garantir un fonctionnement optimal sur toute la plage de charge considérée.
Conception et exploitation
La norme SIA 384/4 s’adresse aux ingénieurs, aux installateurs, aux exploitants, aux architectes ainsi qu’aux autorités. La convention d’utilisation doit définir les exigences clés telles que la flexibilité d’utilisation, les températures ambiantes, les concepts d’exploitation et de maintenance. Les spécifications relatives à l’exploitation et à la maintenance sont clairement définies par la norme, qui impose un entretien périodique, l’optimisation énergétique de l’exploitation et une documentation transparente. La norme détaille les conditions de réalisation des concepts de mesure, des mesures de contrôle et des réceptions. Le démantèlement et l’élimination de l’installation, qui doivent se faire dans le respect de l’environnement, sont également traités.
Remplacement de la norme SIA 382/1:2014
Le nouveau mode d’évaluation de l’efficacité énergétique fixé par la norme SIA 384/4 diffère considérablement de la version précédente (SIA 382/1:2014). Il tient compte des progrès techniques enregistrés et du renforcement continu des prescriptions en matière d’efficacité énergétique. Surtout, il considère le système de refroidissement dans son ensemble. La norme SIA 384/4 peut dès maintenant être utilisée pour évaluer l’efficacité des installations existantes et son application devrait être systématique pour les nouveaux projets.
Outre la norme, à la mi-décembre 2025 est prévue la parution de la version révisée du manuel Froid de confort – aujourd’hui, un outil opérationnel pour la conception des installations et un document d’aide à la mise en œuvre de la norme SIA 384/4.
Michael Kriegers, associé, membre de la direction et chef de projet CVC chez Meierhans + Partner AG et président du groupe de travail SIA 384/4
Roman Hermann, ingénieur CVC HES/SIA, copropriétaire du bureau Waldhauser + Hermann AG et président de la commission SIA 384
Ingénieur·e·s en génie thermique
Ingénieur·e·s en génie thermique senior orienté·e·s exécution
senior orienté·e·s exécution
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Vous pilotez des projets en génie thermique, de l’étude à la réalisation : réseaux de chauffage à distance, plans directeurs énergétiques et intégration d’énergies renouvelables.
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Votre expertise, votre autonomie et votre sens du travail d’équipe garantiront la qualité et la durabilité de nos solutions énergétiques en Suisse romande.
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Les Holcim Foundation Awards 2025 comptent parmi les distinctions internationales les plus importantes consacrées à l’architecture et à la construction durable. Les 20 projets lauréats de la présente édition, qui couvrent l’Asie, les Amériques, l’Europe et l’Afrique, présentent tous des visions innovantes de la construction.
Les projets récompensés vont des écoles communautaires, comme la Brookside Secondary School du Studio Contra au Nigeria, aux initiatives de régénération urbaine à grande échelle, telles que les Southern River Parks à Madrid par Aldayjover Architecture and Landscape, en passant par la transformation de vastes infrastructures abandonnées, notamment une ancienne briqueterie à Pristina, au Kosovo, aujourd’hui convertie en centre d’art et de technologie. Ce qui unit ces projets, même s’ils ne sont pas encore réalisés, c’est, selon Laura Viscovich, directrice exécutive de la Fondation Holcim, qu’« ils sont inspirants car les solutions qu’ils proposent sont reproductibles et réalisables. Les 20 lauréats de cette année utiliseront les bons matériaux aux bons endroits, impliquent les communautés dans le processus dès le premier jour et conçoivent en s’alliant à la nature ».
La cérémonie officielle a eu lieu à Venise le 20 novembre 2025, date à laquelle ont été annoncés les grands prix régionaux, une distinction supplémentaire accordée à cinq des vingt projets lauréats. Ce nouveau format remplace les médailles d’or, d’argent et de bronze des éditions précédentes.
La sélection a été effectuée par cinq jurys internationaux présidés par Sou Fujimoto, Kjetil Trædal Thorsen, Sandra Barclay, Lina Ghotmeh et Jeanne Gang.
Le choix de la rédaction
Parmi les 20 lauréats, c’est le Crafts College, conçu par les architectes de Dorte Mandrup à Herning (DK) qui a retenu l’attention de TRACÉS. Ce bâtiment scolaire a été planifié pour résister à l’usage et aux changements pendant de nombreuses années. Une attention particulière a été accordée à l’emploi de matériaux naturels, robustes et fiables, issus de différentes traditions artisanales : menuiserie, maçonnerie, plomberie et pavage. La conception générale comprend une structure en bois apparent. Parmi les autres matériaux utilisés, on trouve des briques recyclées et de l’ardoise, utilisée au Danemark depuis le 16e siècle avec une grande réputation de durabilité.
Le collège est relié à la ville et au paysage environnants par quatre grandes ouvertures, la cour circulaire intérieure créant un nouveau lieu de rassemblement. La pente du toit ombrage brièvement certaines parties de la cour. Un grand banc en bois est placé au centre, baigné par la lumière du soleil de son lever à son coucher. La partie intérieure du toit recueille l’eau de pluie et la conduit vers un bassin ouvert dans une cascade contrôlée.
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Manifeste pour le réemploi
En 2018, l’ouvrage Déconstruction et réemploi, comment faire circuler les éléments de construction, avait posé les jalons. Avec ce plaidoyer – guide pratique pour le développement du réemploi dans la construction, Rotor avait ouvert la voie, alors que le réemploi n’en était qu’à ses balbutiements.
Sept ans plus tard, Raphaël Bach, codirecteur de l’association Matériuum, ressourcerie à Genève active en Suisse romande, est en mesure de dresser un bilan critique. À partir de ses retours d’expérience – car il y en a désormais – enrichis d’une réflexion théorique, c’est toute l’industrie de la construction qu’il questionne : notre rapport aux matériaux, notre cadre législatif, nos outils pour mesurer la « qualité » (labels, système Davos, budget carbone, budget matériaux…). Il révèle ainsi les blocages et les limites du système actuel et milite pour de nouvelles approches, de nouveaux récits : reconnaître la valeur de l’existant, simplifier les modes de construire pour restaurer la confiance entre les acteurs, accepter le temps long du projet. Ce manifeste inspirera toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager
dans la voie du réemploi – en réalité celle du renversement complet de notre système de valeurs. En guise de conclusion, l’auteur en invoque une, cardinale, que peu s’autorisent à invoquer dans le monde de la construction : l’amour, du métier, et des matériaux. SS
l e R éemploi, simple C omme C onst R ui R e. v e R s une a RC hite C tu R e D u R able Raphaël Bach, Éditions Charles Léopold Mayer, 2025
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Europan 18 – quand les forêts font la ville
du
Changement à la tête du S AM
Andreas Ruby et Adam Szymczyk, respectivement ancien et nouveau directeur du S AM dès janvier 2026 (Wilma l esko W its C h – g ina f olly)
Biennale du territoire : appel à actions
Dès le 10 décembre 2025 le Forum d’architecture Ostschweiz présente les résultats des quatre sites suisses et autrichiens du 18e concours Europan. Le site genevois avait particulièrement retenu notre attention lors du lancement du concours, en avril dernier. Comme l’écrivait Marion Cruz Absi sur espazium.ch, quelque chose de nouveau et d’original se dégageait du cahier des charges de Moving (with) trees, inspiré du « nouveau régime climatique » décrit par feu Bruno Latour. Il invitait les équipes à penser un urbanisme tactique, imaginer une « forestation itinérante » sur quinze sites répartis sur le territoire genevois. Il s’agissait de détailler le choix des essences végétales, le mobilier associé et les aspects logistiques liés à leur déploiement, mais
Dès janvier 2026, le Musée suisse d’architecture aura un nouveau directeur. Comme l’écrit notre collègue Isabel Borner sur espazium.ch, le choix surprend dans un premier temps. Résolument tourné vers l’avenir, Andreas Ruby a su en quelques années positionner le S AM comme institution pionnière, courageuse, capable de mener les débats architecturaux en Suisse et de fédérer différents publics. La nomination d’Adam Szymczyk, un historien d’art et commissaire d’art contemporain à la réputation internationale, fait craindre une orientation plus conservatrice, voire élitaire. La commission qui l’a nommé (à l’unanimité) défend au contraire une postulation qui exploite « le regard
La 6e Biennale suisse du territoire lance son appel à projets autour du thème Handle with care. L’idée centrale : construire et démolir est simple, mais prendre soin, réparer, maintenir et préserver exige une attention profonde, de l’observation et des connaissances partagées. Dès lors, le travail de maintenance est présenté comme une forme de pouvoir. Les propositions peuvent être très variées : installations, performances, interventions artistiques ou visions architecturales. Elles doivent interroger la responsabilité des disciplines liées au territoire, leur capacité à observer et entretenir l’environnement bâti et non bâti. Réalisées pour la Biennale du territoire 2026, les interventions se dérouleront ou se situeront à partir du 1er octobre
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aussi un parcours, un calendrier et une programmation culturelle. Le retour d’expériences devrait aider les autorités cantonales à porter à l’étude dès 2028 l’implantation d’une ou plusieurs micro-forêts dans l’espace urbain.
— europan.ch
critique porté sur l’histoire pour inspirer le présent et façonner les visions d’avenir ». Personnalité inspirante, il pourrait bien jeter un regard neuf et critique sur la culture du bâti helvétique. Quant à Andreas Ruby, il prépare un nouveau projet dédié à la construction innovante, toujours à Bâle.
dans le parc de la Villa Saroli à Lugano ou au-delà ; elles doivent être réversibles physiquement, tout en ayant un impact durable.
— biennale.i2a.ch/en
La parade
vivant (Auteurs : Bjorn Bracke (BE), Joke Vande Maele (BE), Natan Van Loon (BE) Collaborateur : Lei Wei (CN))
Polynorm : valoriser matériaux, composants et savoir-faire constructif
Détail d’assemblage NV Polynorm, 1953 ( o ffi C e eu R opéen D es b R evets)
DURABILITÉ SOPHISTIQUÉE
Ce n’est pas tant le matériau qui fait la durabilité que la qualité de sa conception, de sa forme et de sa mise en œuvre. C’est ce que démontre le projet Polynorm en démontant et analysant une halle industrielle issue d’un système constructif des années 1950. Un système d’un haut niveau de conception et d’ingénierie, qui permet une économie significative de matière, facilite le transport, simplifie la mise en œuvre et réduit l’empreinte carbone de l’ouvrage. Ici, la durabilité ne repose donc pas sur l’usage de matériaux vertueux, mais au contraire sur une construction en acier, caractérisée par un niveau élevé d’ingénierie, utilisant un matériau industriel fortement transformé et produit en grande série.
La rubrique Tout se transforme est issue du partenariat entre la revue TRACÉS, l’Institut de recherche TRANSFORM et la filière d’architecture de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR) de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO).
Comité éditorial : Séréna Vanbutsele, Marco Svimbersky, Isabel Concheiro, Valérie Ortlieb, Marc Frochaux et Camille Claessens-Vallet
Le projet Polynorm, recherche appliquée menée par l’Institut TRANSFORM à la HEIA-FR et initialement centrée sur le réemploi d’une structure métallique, s’est rapidement porté sur des enjeux patrimoniaux. Le système ingénieux étudié montre qu’une conception réfléchie permet d’économiser des matériaux – une leçon précieuse pour l’architecture contemporaine.
La halle Polynorm de Fribourg est la protagoniste principale de ce travail de recherche appliquée mené au sein de l’Institut TRANSFORM. En 2022, l’équipe de recherche ambitionnait d’identifier des opportunités et freins liés au réemploi – appliqué à un bâtiment dans son ensemble, avec sa structure porteuse1
La halle Polynorm – ancien entrepôt de la société Cafag, situé sur le plateau de Pérolles – présente quelques caractéristiques générales récurrentes des structures métalliques : premièrement, il s’agit d’une construction entièrement assemblée à sec ; deuxièmement, elle se trouvait dans un ancien quartier industriel du centre-ville de Fribourg soumis à une forte pression urbanistique ; enfin, la halle Polynorm, avec sa structure emblématique entièrement en tôle pliée, offrait un grand potentiel pour en faire un projet pilote de réemploi.
En 2022, juste avant la démolition des bâtiments (Polynorm n’était qu’un des bâtiments à devoir être démolis) sur le site de Cafag, les travaux préparatoires à un démontage analytique pour le projet de réemploi ont pu commencer. Il était nécessaire d’effectuer un relevé soigné de l’ensemble de la structure et de documenter les détails de la construction en vue d’un remontage futur – chaque pièce a été numérotée et inventoriée. Les travaux de démontage ont été organisés en deux lots majeurs. La façade a été démontée par les soins de l’association La Ressourcerie et la structure a été démantelée par l’entreprise de charpente métallique Morand. Pour le désamiantage de la couverture et la démolition du radier, des entreprises spécialisées ont été mandatées.
Démontage analytique
Le démontage a permis de mettre au jour un système constructif extrêmement bien pensé depuis sa conception générale jusqu’au détail et à la mise en œuvre. L’analyse du démontage s’est déroulée en plusieurs volets :
Avant le démontage, le relevé géométrique de la structure encore sur pied a été complété par la numérotation systématique des pièces constructives. Ces informations, indispensables pour la planification des travaux de démontage, de transport et de remontage, ont déjà révélé le caractère intégral de Polynorm comme système modulaire.
Après le démontage des revêtements intérieurs, la structure était entièrement accessible et le démontage de la façade a pu débuter. Les lamelles de 15 cm de large et jusqu’à 680 cm de haut – accrochées une par une en haut et emboitées les unes aux autres pour constituer la façade résistant aux intempéries et aux changements de température – se sont révélées particulièrement faciles à démonter, empiler et stocker. Seules deux personnes ont été nécessaires pour démonter les 820 m2 de façade sans moyens particuliers, et ceci, dans la moitié du temps prévu.
Après l’évacuation de la couverture amiantée, seul le squelette de la structure Polynorm est resté debout : les sept cadres caractéristiques, avec les membrures creuses en tôle pliée et leur triangulation. Ils sont liés par une série de fines pannes et traverses aux deux structures de contreventement situées du côté des deux pignons. Ces éléments de liaison horizontaux en tôle pliée et systématiquement perforée font en même temps partie de la structure primaire
Le démontage soigné de la construction Polynorm a été particulièrement enrichissant. La légèreté des éléments structurels et le pragmatisme du système de construction ont étonné toutes les personnes engagées sur le chantier. 15.09.2022. ( t R ansfo R m / a C)
Depuis 1958, la halle a servi comme entrepôt pour l’entreprise CAFAG. En 2022, avant son démontage, l’espace est libéré des rayons en hauteur et laisse apparaître les doublages intérieurs en Pavatex et Styropor. Juin 2022. ( y ves e igenmann)
A Avant la dépose de la structure, les doublages intérieurs ont été déposés et triés. La mise à nu de la structure primaire et des assemblages a permis de mettre en évidence la cohérence rigoureuse du système Polynorm. 22.08.2022. (Raffael bau R )
B Détail de l’assemblage à sec des cadres structurels creux et triangulés. 28.04.2021. ( t R ansfo R m / ng )
C Démontage des lamelles de façade, individuellement clipsées sur la structure intégrale de Polynorm. 22.08.2022. ( t R ansfo R m / sv )
D D’ici à ce qu’ils soient utilisés pour une nouvelle fonction, les éléments de la halle Polynorm sont systématiquement numérotés, inventoriés et entreposés. 21.09.2022. ( t R ansfo R m / aj )
et de la sous-structure pour la fixation des fines lamelles du revêtement de façade.
Après le démontage de l’ensemble de la halle Polynorm, la réalisation d’un mockup, constitué de pièces détachées originelles, a permis de mieux comprendre l’ingéniosité des détails dans les années 1905. Suite à ces constatations, un maximum de pièces démontées a été mis de côté pour un futur projet de remontage.
En parallèle du démontage, l’analyse des plans d’archives et des patentes européennes – déposés en 1953 par la firme hollandaise NV Polynorm, sous la houlette de l’ingénieur mécanicien Alexander Horowitz – a aidé à mieux comprendre l’entièreté de ce système et les enjeux de la production industrielle aux Pays-Bas dans l’après-guerre2
Le système modulaire Polynorm surprend non seulement par son expression filigrane et son économie de matériaux, mais également par les méthodes de production industrielle pour la tôle d’acier fine transformée à froid. Parmi le grand nombre de caractéristiques exceptionnelles du système Polynorm, c’est probablement la posture pragmatique et ingénieuse pour optimiser toutes les étapes de travail qui surprend le plus : de la production jusqu’au montage manuel sans machine lourde, en passant par le transport peu encombrant grâce à l’imbrication des demi-profilés.
L’analyse structurelle par modélisation avancée des assemblages a indiqué les endroits critiques de la structure. Par la suite, le désassemblage de deux éléments structurels creux a dévoilé des renforts originaux prévus aux endroits de grandes sollicitations structurelles.
L’utilisation de tôles fines, la technique de pliage et les renforts à des endroits précis ont mené à une structure à la fois rigide et extrêmement légère. Une halle comparable avec une construction standard actuellement pèserait environ cinq fois plus.
Pour le remontage de la halle, il va falloir démontrer que la structure peut encore répondre aux exigences normatives contemporaines.
Le système bien pensé et pragmatique de Polynorm fait preuve d’une relativement grande adaptabilité à des besoins et conditions spécifiques. L’insertion de renforts localisés entre les demi-coques, découverts dans les poutres triangulées, ou la simple réduction des entraxes structurels (6.40 m standard du système et 4.27 m pour la halle de Fribourg) en sont la preuve.
Le démontage analytique, combiné aux investigations historiques, a non seulement permis de documenter cette œuvre exceptionnelle et de préparer son remontage, mais il a également été l’occasion d’apprendre à remettre en question les réflexes de choix constructifs contemporains.
Reprogrammation
Plusieurs stratégies ont été développées afin de trouver un site ainsi qu’un maître d’ouvrage intéressé et capable de remonter, puis de réutiliser la halle Polynorm. Un inventaire cartographique de sites potentiels en transformation à Fribourg et une diffusion dans des réseaux sociaux et professionnels ont constitué les premières tentatives pour trouver une opportunité pour le remontage. Cela a été suivi par l’intégration de la halle dans des projets d’enseignement et des contacts bilatéraux avec diverses parties intéressées. Et finalement, une procédure d’ateliers collaboratifs a été mise en place rassemblant chercheur·euses et maîtres d’ouvrage potentiels.
Si une quinzaine d’options ont été identifiées et étudiées, aujourd’hui aucune n’est encore fermement confirmée. Une majorité d’entre elles se sont avérées infaisables dès les vérifications de base telles que les dimensions, l’accès à la propriété du lieu ou encore l’affectation prévue impliquant d’importantes modifications sur la halle elle-même, ou des contraintes de réglementations urbanistiques. Pendant la procédure d’atelier, sept projets ont été analysés selon quatre critères :
La situation prenait en compte la distance entre le site envisagé pour le remontage du projet et le lieu actuel de stockage de la halle Polynorm. Elle considérait également le type de zone défini par le Plan d’affectation des zones (PAZ), l’identité
du propriétaire de la parcelle concernée, ainsi que le degré d’accessibilité publique du projet imaginé.
Le programme reposait sur une évaluation des besoins fonctionnels, afin de garantir un bon taux d’utilisation et de s’assurer que la reconstruction de la halle Polynorm, motivée par des considérations écologiques, se substitue réellement à une nouvelle construction. L’analyse a également porté sur le caractère public ou privé de l’accès à la halle.
La matérialité tenait compte des contraintes structurelles imposées par la nouvelle enveloppe du bâtiment, ainsi que du type de façade et de toiture envisagé. Plus la géométrie d’origine était respectée — permettant de réemployer une part importante des matériaux initiaux et de limiter l’apport de matériaux neufs — plus la note attribuée était élevée.
La temporalité et le financement examinaient les délais de reconstruction et la faisabilité économique du projet. L’analyse intégrait les temps de latence liés aux plans de zones et aux instruments d’urbanisme en vigueur (PAD, PAC, etc.), ainsi que ceux découlant de potentielles procédures de changement d’affectation. Plus ces démarches étaient nombreuses, plus la faisabilité diminuait et les délais s’allongeaient.
L’ensemble du processus a mis en lumière les obstacles majeurs au réemploi de grandes structures : inadéquation entre calendriers des projets donneurs et receveurs, contraintes dues à la longueur des procédures d’urbanisme –notamment liée à des changements de zones –, stockage prolongé, exigences normatives liées à la sécurité, faible adaptabilité dimensionnelle. Ces contraintes sont d’autant plus fortes que la halle Polynorm s’est avérée particulièrement cohérente pour son « tout ». C’est-à-dire avec sa géométrie et son système d’assemblage d’origine, et non pour ses parties désassemblées qui pourraient être réutilisées comme un « gisement » de matériaux, sans alors tirer parti des particularités géométriques de la halle.
Apprentissage
En 2022, au démarrage du projet Polynorm, l’objectif était d’analyser l’ensemble des phases de réemploi de la halle. Fin 2025, son remontage n’est pas encore assuré et son réemploi n’a pas encore su être prouvé par l’exemple. Néanmoins, les enseignements tirés des différentes recherches sont riches et précieux. Outre les leçons organisationnelles liées au démontage et l’identification des freins à la reprogrammation, c’est le système Polynorm lui-même qui a révélé des enseignements en faveur d’une architecture durable, qui vont au-delà des enjeux de réemploi. En premier lieu, c’est l’intelligence pragmatique du système modulaire – avec sa réduction radicale de la matière utilisée et ses méthodes de fabrication autour des techniques d’usinage de tôle – qui est frappante. Pour le démontage et le montage, c’est le système d’assemblages à sec par des vis, clips ou serrage qui est particulier. Malgré sa modularité et son degré de préfabrication, le système Polynorm est resté flexible et adaptable, comme l’illustrent la réduction des entraxes de cadres ou les renforts intégrés entre les demi-coques de la structure principale.
Il reste à espérer que la structure Polynorm, grâce à ses grandes possibilités d’adaptation, soit un jour reconstruite pour une nouvelle utilisation et qu’elle fasse partie du patrimoine réemployé ; historique, sophistiqué et durable.
Nicolas Grandjean, André Jeker, Reto Mosimann, Séréna Vanbutsele sont professeur·es à la HEIA-FR et membres de l’Institut TRANSFORM. Agnès Collaud est collaboratrice scientifique à l’Institut TRANSFORM.
1 Nicolas Grandjean, Reto Mosimann, André Jeker, Agnès Collaud, Séréna Vanbutsele, « RePOLYNORM. Approches architecturales pour le réemploi de structures démontables : le cas de la halle Polynorm », HEIA Fribourg, Institut TRANSFORM, 2025
2 Nicolas Grandjean, Agnès Collaud, André Jeker, Reto Mosimann, Séréna Vanbutsele, « Polynorm _ Dutch modular construction of the 1950s entirely made of steel sheet », 2024, 8ICCH congrès, ETH Zurich
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PHARE YLLIAM, GENÈVE (GE)
Maîtrise d’ouvrage :
Société Nautique de Genève
Architecture et direction de travaux : Bureau
Ingénierie civile : Schnetzer Puskas Ingenieure
Géotechnique : Karakas & Français
Géomètre : Haller Wasser
Programme : Phare. Infrastructure froide
Concours : 2020-21
Réalisation : 2024-2025
Surface : 160 m2
Anti-monument pragmatique et symbolique, le phare Ylliam de Bureau pour la Société Nautique de Genève tisse, à l’image de sa structure, des liens entre plusieurs imaginaires. Ouvrage d’art au sens propre, sculpture de par son échelle, il s’ancre finement dans le contexte paysager et construit de la Rade.
« De par leur localisation particulière sur le territoire, ils [les phares] ont quelque chose d’extraordinaire qui les différencie des autres édifices d’utilité publique. Érigés en pleine nature, les phares se trouvent entièrement exposés à ses forces mais aussi, et surtout, au spectacle qu’elle offre, c’est-à-dire au perpétuel dynamisme du monde animé et inanimé qui se répète et se renouvelle sans cesse. »1
La Rade et ses phares
Au 19e siècle, les fortifications qui cernent la cité genevoise sont démolies2. Les gravats récupérés sont réemployés pour étendre la ville sur le lac, et les quais du Mont-Blanc et des Eaux-Vives voient le jour. Cette nouvelle configuration des bords du lac soulève la question de l’implantation d’un ou plusieurs ports. C’est le projet de l’ingénieur Léopold Stanislas Blotnitzki qui est adopté par le Grand Conseil en 1856 : deux jetées de longueur égale face à la bise en provenance du nord, protégeant ainsi les deux rivages. Un an plus tard, Genève possède un port.
Afin de marquer l’entrée de ces digues nouvellement construites, le premier phare de la Rade est édifié la même année à la pointe de la jetée au niveau des Pâquis. Il s’agit d’un fanal 3 érigé sur une base octogonale en pierres taillées, dans laquelle se niche un espace de stockage. Quatre colonnes corinthiennes en fonte surplombent le lac et supportent la lanterne, accessible par une échelle. Aux Eaux-Vives s’élève au même moment un ouvrage similaire mais muni d’une cloche à la place de la lanterne.
Le fanal des Pâquis, devenu obsolète, est transformé en 1894 selon le projet de l’architecte Paul Bouvier, accompagné de l’ingénieur Émile Charbonnier. Le socle en pierre est conservé, rejoint par les quatre colonnes corinthiennes. Les pièces de la tour métallique sont assemblées sur place, tout comme la lanterne et son balcon, qui culmine à 18.70 m. À l’intérieur, trois paliers se succèdent, reliés par quatre échelles. Le phare des Eaux-Vives est remplacé en 1911 par une structure en béton abritant une lanterne surmontée d’un dôme en cuivre à 4.70 m de hauteur.
L’histoire de ces phares refait surface aujourd’hui avec leur rénovation entamée en 2024 par l’Office cantonal de l’eau (OCEau) et l’Office du patrimoine et des sites (OPS), dont le projet pour celui des Pâquis cherche à se rapprocher de l’image de 18944
Un mât parmi les mâts : le phare comme anti-monument
En atteignant la Société Nautique de Genève (SNG) depuis le quai Gustave-Ador, il est difficile de repérer la structure parmi la forêt de mâts de bateaux amarrés dans le port. Elle se révèle à mesure que l’on s’en approche et qu’elle se détache de son contexte naval. À priori, il semble curieux de concevoir un phare qui ne se voit pas, en particulier lorsque le concours est lancé en 2020 dans le contexte de l’extension du port de la SNG, précisément pour un ouvrage marquant sa jetée nord à l’entrée de la grande Rade5
Le parti pris de l’anti-monument permet de répondre aux enjeux patrimoniaux du site de la Rade, relevés par l’OPS, et pour lequel Bureau a dû produire plusieurs images depuis les lieux publics et le lac. Cette stratégie de la discrétion se met ici en œuvre par mimétisme. D’une part, le choix des enrochements pour la base, qui s’apparentent au matériau utilisé pour les digues des phares déjà existants des Pâquis et des EauxVives. D’autre part, le choix d’une structure métallique légère et élancée qui se confond avec les mâts des bateaux du port, et qui culmine à 21 m, à la hauteur de corniche des bâtiments du quai des Eaux-Vives.
Tour Choukhov, Vladimir Choukhov, Moscou 1992 ( a lexan D e R Ro DC henko)
Dessins : BUREAU
Coupe au travers du phare et de ses enrochements
Plan rez inférieur
Dessins : BUREAU
Dessins : BUREAU
Bien que le site sur lequel il s’implante soit privé, le phare est conçu comme un lieu public. Son soubassement est formé d’un empilement d’enrochements – une thématique d’ailleurs récurrente pour les architectes, qui renouvellent et réinterprètent la question du rocher au gré de leurs projets6 . Les roches utilisées ici proviennent de la carrière de Hautecourt près de Bourg-en-Bresse en France et cherchent à se rapprocher de celles employées ailleurs dans la Rade, en provenance du Salève. Le motif d’empilement reprend aussi celui des digues existantes. Des marches en béton brut sont insérées dans le socle, offrant des possibilités d’appropriation pour les baigneur·euses de la SNG. La terrasse devant l’entrée de la cabine en contre-haut de la digue propose quant à elle un point de contemplation sur l’animation du port et de la SNG.
L’effacement de l’objet dans son environnement lacustre et naval s’opère par l’abstraction de sa forme structurelle. L’hyperboloïde est une référence assumée à l’ingénieur constructiviste russe Vladimir Choukhov, qui a conçu et employé ce type de structures à la fin du 19e et au début du 20 e siècle pour des phares (notamment le phare d’Adziogol encore présent en Ukraine), tours de transmission, et autres ouvrages 7 . Abstraction de la forme, mais également de la matière : le tressage métallique atténue au maximum l’usage du métal pour une structure solide et ancrée, avec une prise au vent réduite, qui par temps lumineux se dissipe dans la clarté du jour. Les formes géométriques qui résultent de ce tressage renvoient à une seconde personnalité : l’artiste suisse Emma Kunz. Guérisseuse, herboriste et chercheuse de la première moitié du 20e siècle, elle prétendait user également de capacités télépathiques pour soigner. Ses dessins, conçus à l’aide d’un pendule oscillant au-dessus de papiers millimétrés, avaient à la base des visées de divination radiesthésique avant d’être perçus comme des œuvres d’art à part entière8. Ces deux références confèrent au phare son statut d’ouvrage d’art au sens propre, sculpture autonome teintée de symbolique et de poésie.
Le phare est dissimulé et imperceptible, mais sa lanterne lumineuse est visible depuis le lac, répondant ainsi à l’objectif premier du concours et du projet. Elle est élevée dans un geste qui imite celui des voiles levées par les marins, avec une manivelle et un système mécanique de poulies permettant de la faire coulisser sur des câbles tendus le long des colonnes centrales de la tour. L’imaginaire nautique s’immisce dans le geste et ancre davantage l’ouvrage dans son contexte.
L’ordre des phares
Un anti-monument qui reprend l’idée d’ordre antique9. Dans le phare Ylliam on retrouve : les tumulus et cabine à la base, la structure hyperboloïde avec sa colonne vertébrale tubulaire comme fût, et la lanterne qui fait office de chapiteau.
Chaque partie du phare accueille un programme minimaliste et strictement fonctionnel. La base abrite les lieux de vie : au niveau inférieur, dans une capsule en béton armé sous les enrochements, des espaces de stockage, quatre lits superposés et une vue à 180° au niveau de l’eau ; au-dessus, la cabine start 10 de forme octogonale (clin d’œil au premier phare des Pâquis de 1857) entièrement vitrée, pour scruter l’horizon lors des régates. Celle-ci abrite les huit colonnes en acier qui maintiennent la structure hyperboloïde en tension et fait le lien entre la base minérale et la tour métallique. Au centre de cette dernière, trois colonnes tubulaires en compression, ancrées sur la cabine en béton, et sur lesquelles coulisse la lanterne de la base vers le sommet. Elles sont solidaires avec le treillis de câbles par des tirants radiaux précontraints reliés à un anneau sur la surface extérieure, selon le fonctionnement d’une roue de bicyclette, qui se dessine en plan. Au sommet, la toiture métallique est inaccessible, et ne sert qu’à accueillir la lanterne lorsqu’elle est hissée. Ce dispositif permet un entretien simplifié de celle-ci directement à terre.
Le phare Ylliam, qui devient à présent le sixième phare de Suisse11, parachève avec finesse l’ensemble des projets qui ont considérablement transformé l’image paysagère et construite de la Rade ces dernières années. Il concilie pragmatisme et poésie au sein d’un objet modeste dont les références et le B
A Le phare Ylliam, dont le nom honore la lignée de voiliers ayant appartenu au mécène principal du projet au sein de la Société Nautique de Genève, la famille Firmenich.
B L’imaginaire nautique s’immisce subtilement à toutes les échelles du projet, et ancre davantage l’ouvrage dans son contexte. Au niveau inférieur, un motif voilé apparaît sur le coffrage du noyau central en béton ainsi que sur les éléments de serrurerie au plafond et sous les vitrages, et adoucit l’austérité du béton brut.
C La structure elle-même renvoie aux cordages des matelot·es et filets de pêcheur·euses, particulièrement lors de sa préfabrication en atelier avant qu’elle ne soit mise en tension.
contexte lui confèrent un solide ancrage comme ouvrage d’art. Il veille désormais, comme ses deux prédécesseurs des Pâquis et des Eaux-Vives, sur les matelot·es genevois·es et leur lac.
Marie-Christine Beris est architecte à Genève.
1 Marcelo Puppi, « L’imagination des phares chez Léonce Reynaud », Livraisons de l’histoire de l’architecture, 24/2012, pp. 63-84
2 Eric Court, Le phare des Pâquis, Éditions Georg, 2019
3 Définition du Larousse : lanterne ou feu employé à bord des navires et pour le balisage des côtes.
4 Bastien Nespolo, « Un nouveau jour se lève pour les phares de la rade », Tribune de Genève, 01.11.2025
5 Règlement et cahier des charges du concours pour la construction d’un phare à l’extrémité de la jetée nord du port de la Société Nautique de Genève, Société Nautique de Genève, 2020
6 Voir les projets de Bureau : Séraphin of Urtsadzor (2024), Selenite Dreams (2022), Floating Realities (2020), Antoine (2014)
7 Daniel Engler, « Vladimir Suchov », TEC21 41/2004, pp. 9-13
8 Francesca Laura Cavallo, «Who and What Connects the Dots? Emma Kunz’s Method as Infographics and the Politics of Probability» Parallax 4/2022, pp. 426-441
9 « Il reprend le modèle de la colonne classique dont le soubassement, cubique ou circulaire, abrite les logements des gardiens, la réserve d’huile, les magasins. » Vincent Guigueno, « Le Phare en pièces détachées, Amédée et les tours métalliques du XIXe siècle », Livraisons de l’histoire de l’architecture, 24/2012, pp. 85-105
10 Lieu d’observation principale du phare. La cabine sert de lieu d’observation, de gestion des pavillons (les drapeaux triangulaires qui donnent des informations de navigation aux bateaux) et de suivi pour les courses et pour la navigation en générale.
11 Les cinq autres phares sont : le phare des Pâquis, le phare des Eaux-Vives, le phare de Morges, le phare de Rorschach et le phare de Romanshorn, selon l’article de Philipp Reich, «18 wunderschöne Leuchtturm-Karten –bei der Schweiz gibt’s allerdings ein Problem», Watson, 2023
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Les rives du lac de Neuchâtel, dont le potentiel a été révélé par Expo.02, sont longtemps restées un espace festif occasionnel et un vaste parking. Le concours d’idées Europan, remporté en 2010 par le bureau d’architectes frundgallina, a marqué le début d’une réflexion sur les liens entre la ville, le lac et les usages d’un site unique.
Texte : Marielle Savoyat ; photos : Olivier Di Giambattista
La batellerie prend appui sur une limite topographique et urbaine. À cheval entre deux niveaux et deux échelles, elle marque à la fois un fond de port clair en bas et une bordure à l’espace public en haut.
frundgallina, 2025 Tous droits réservés.
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131.s1_3.4_CAFE-BAIN - PLANS ET COUPES - A3, 1/200, IMPRIMÉ LE : 10/28/2025 - gr
Ce territoire porte bien son nom : les Jeunes-Rives – une appellation qui évoque l’émergence d’un nouvel espace qualitatif et vivant pour la ville, en contact direct avec le lac. Ce vaste terrain gagné sur le lac par des remblais successifs depuis les années 1950 révèle aujourd’hui tous ses atouts pour une appropriation collective. Après le rejet en votation d’un premier projet en 2003, la requalification des Jeunes-Rives a suivi une longue maturation : concours Europan en 2010, démarche participative en 2014, multiples études et itérations. Quinze ans plus tard, la première étape d’une transformation urbaine profonde s’achève, donnant corps à une vision patiemment élaborée. L’idée d’un parc, ponctué d’interventions architecturales minimalistes, a fait son chemin et bénéficie aujourd’hui d’une large adhésion citoyenne et politique. Une première étape laisse entrevoir ce que sera le projet à terme : un vaste espace libre jalonné de quatre pavillons en bois, discrets et emblématiques à la fois, qui mêlent diversité d’usages, sobriété constructive, poésie et ouverture sur le paysage. Les aménagements extérieurs, ainsi que deux édifices – la batellerie et les vestiaires de plage – ont déjà été livrés. Deux chantiers sont encore en cours et s’achèveront au printemps 2026, celui du restaurant et celui du café-bain-saunas. La deuxième étape des réaménagements, qui concerne l’arrière des rives et prévoit notamment la suppression du parking, la préservation des platanes et l’agrandissement de la « place rouge » – un vaste espace ouvert qui accueillera divers manifestations et événements – a été validée cet été.
Une valorisation sensible des rives
Au cœur du parc, le bâtiment circulaire des vestiaires offre un moment hors du temps exaltant les sens et invitant à la connexion avec la nature, en toute simplicité. Simplicité constructive, matériaux bruts et usage saisonnier renforcent son atmosphère méditative et naturelle. Coupe et plan.
La démarche des architectes a consisté à préserver un grand espace paysager comme cœur du projet, à favoriser une valorisation sensible des rives urbaines. Une promenade piétonne, ponctuée de quatre structures, forme la « colonne vertébrale » du site. Elle se déploie ainsi du port (ou de l’esplanade Léopold-Robert), à l’ouest, jusqu’au campus universitaire, à l’est, et relie la ville à l’eau dans le sens nord-sud.
Chaque construction a sa propre identité, mais compose avec la suivante. Par leur sobriété et leur simplicité constructive, elles s’apparentent à des pavillons éphémères et établissent toutes un dialogue avec le paysage et les éléments naturels. Elles sont réalisées en très grande majorité avec du bois issu des forêts communales. Leurs systèmes constructifs entièrement en bois massif apparent autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, l’absence de sous-sol et le nombre réduit de matériaux permettent une intégration douce et harmonieuse à l’environnement paysager qui les entoure.
L’ensemble des pavillons illustre une approche architecturale où la mesure et la justesse priment sur l’effet, valorisant la beauté du paysage et le grand espace libre du parc.
131.s1_3.4_CAFE-BAIN - PLANS ET COUPES - A3, 1/200, IMPRIMÉ LE : 10/28/2025 - gr
Implanté sur pilotis à la lisière du campus universitaire, perpendiculairement au lac, le café-bain-saunas dialogue autant avec le parc qu’avec l’horizon. Il s’élève au-dessus d’une crique de galets renaturalisée. Exploités par Caritas, les lieux cultivent une dimension humaine et sociale, ainsi qu’une atmosphère décontractée. Coupe et plan. (f R un D gallina a RC hite C tes)
La batellerie, première étape du parcours, située à la jonction du port et de l’esplanade Léopold-Robert, s’affirme comme un seuil et une articulation claire entre ville et lac. Un portique monumental, comme un balcon urbain, cadre les perspectives et dialogue avec les édifices voisins, tandis qu’en contrebas, des cabines nautiques animent la vie portuaire. Plus loin, le restaurant public, avec sa salle traversante, permet une continuité visuelle du parc au lac. Ses échappées, sa large terrasse le long du lac et sa structure apparente en bois massif offrent une expérience paisible et immersive qui lie nature et architecture. Au centre du parc, le pavillon circulaire des vestiaires de plage invite à l’introspection et à la contemplation : son jardin central à ciel ouvert instaure une atmosphère méditative, en lien direct avec les éléments naturels. Enfin, le café-bain-saunas, implanté sur pilotis à l’extrémité est du site, associe convivialité et bien-être. Le parcours spatial qu’il propose, des saunas à l’étage jusqu’à un escalier extérieur au rez-de-chaussée qui plonge dans l’eau, joue sur l’expérience sensorielle de l’ombre à la lumière, du repli à l’ouverture, de la chaleur à la fraîcheur.
COUPE EE
Un dialogue entre ville et paysage
Créer plus d’espaces de délassement et de loisirs au bord du lac, faciliter la baignade, aménager un parc ouvert de près de 7 ha, structuré par l’architecture, mais qui laisse toute la place aux
A La batellerie
B Vue intérieure des vestiaires
C Le projet se fond dans le paysage.
D Les vestiaires, fermés en dehors de la belle saison
E Les pontons plongent leurs jambes graciles dans le lac de Neuchâtel.
RÉAMÉNAGEMENT DES JEUNES RIVES, NEUCHÂTEL (NE)
Maître de l’ouvrage : Ville de Neuchâtel
Architectes et direction générale des travaux : frundgallina architectes fas sia
Architectes-paysagistes : Approches
Ingénieurs civils/rives et bâtiments : GVH Saint-Blaise
Ingénieurs civils/infrastructures : SD ingénierie et RBA
Visite des Jeunes Rives avec leurs concepteurs en vidéo
éléments naturels, où chaque pavillon agit comme un élément de repère et d’usage : les intentions du concours ont bel et bien été réalisées. Même si la forme a évolué au fil du processus, l’essence du concept a été préservée. Le projet initial, nommé Ring, prévoyait une longue promenade en boucle entourant le parc, et une pente douce de la ville à l’eau.
Lors de la première étape, un gros travail a été réalisé sur les sols, qui étaient de très mauvaise qualité (remblais), pour les rendre plus fertiles ; les arbres existants ont fait l’objet de beaucoup de soin et la palette végétale a été diversifiée dans une perspective de résilience au changement climatique et de renforcement de la biodiversité. La longueur de la plage a été doublée et structurée par des decks en bois et des brisevagues métalliques qui facilitent l’accès à l’eau et protègent des vents forts. Plusieurs seuils se succèdent de la pelouse au lac : marches, decks, galets, accompagnant le mouvement vers la baignade. Plus loin, de simples accès à l’eau composés de rochers, de marches en bois prolongées de pontons et d’échelles invitent à une entrée dans l’eau plus directe, pour les baigneurs plus aguerris. Au fond du site, l’escalier en pierres qui s’enfonce dans l’eau au sortir du café-saunas propose encore une tout autre expérience. L’immense place de jeux au nord du restaurant diversifie encore les usages.
Le nouveau visage des Jeunes-Rives enseigne que la sobriété constructive et des aménagements extérieurs peuvent transformer un grand vide urbain à l’identité peu définie en un lieu de rencontre et d’expériences sensibles.
Récemment, la Ville de Neuchâtel – maître d’ouvrage – a choisi de conduire elle-même la seconde phase du projet. Cette évolution de la démarche marque un changement de mode de pilotage par rapport à la première étape, menée en collaboration avec les architectes lauréats du concours. Si la première phase a démontré la cohérence et la qualité de la vision initiale, l’enjeu sera désormais de poursuivre cet esprit, dans la continuité.
Marielle Savoyat est architecte EPFL et rédactrice spécialisée.
rba et sd ingénierie neuchâtel ont coordonné, étudié et exécuté, dans le cadre du projet des Jeunes Rives, des réseaux souterrains (EP, EC/EU, arrosage, électricité, etc), du génie civil (gradins, chemins, etc) et des aménagements extérieurs.
Les défis spécifiques suivant ont fait appel à toutes leurs compétences : travaux dans les eaux du lac, gestion de pollution, transformation de stations de pompage, etc.
Accessibilité. Accès sans obstacles.
Les bâtiments modernes sont sans barrières et accessibles à tous.
Pour une vie en autonomie et en liberté.
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