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Le marché de la rénovation vu par les fédérations d’entrepreneurs

La rénovation, un secteur prometteur.

Iphigeneia Debruyne

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Jean-Claude Baudoin

E F n ©

Les préoccupations sociétales, l’état du marché financier ainsi que la fiscalité ont un impact sur le dynamisme du secteur de la rénovation. Jean-Claude Baudoin, directeur de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs, dresse un bilan.

Peut-on dire que la rénovation a le vent en PouPe?

Le contexte sociétal est favorable aux rénovations énergétiques du patrimoine bâti. Qui plus est ce type de travaux résulte à terme en des économies. Les propriétaires qui démarrent un chantier de rénovation sont motivés par des considérations à la fois écologiques et économiques. De surcroît, les conditions proposées par le marché financier et les collectivités encouragent la mise en œuvre de projets de rénovation.

qu’est-ce qui suscite cet élan Positif?

D’abord, les taux hypothécaires sont bas. Ils favorisent l’investissement. Quand le coût de l’argent est bas, il est d’autant plus intéressant d’ajouter une valeur à son objet. Ensuite, il y a des subventions publiques qui allègent la facture finale de certains travaux. L’offre des établissements bancaires et la stimulation des collectivités territoriales locales, régionales et cantonales dynamisent le secteur. Les propriétaires privés sont encouragés à sauter le pas. Toutefois, une considération du régime fiscal est nécessaire. taxation pour les résidences principales entraînera l’abolition d’une liste de frais déductibles du revenu imposable. Les frais d’entretien du bien immobilier, les frais occasionnés par les travaux de restauration de monuments historiques, entre autres, ne seront plus permis. De tels changements du régime fiscal sont susceptibles de freiner la rénovation du parc immobilier helvétique.

existe-t-il d’autres freins au déveloPPement de la rénovation?

Complexe et technique, la rénovation exige des nouvelles compétences voire même la création de nouveaux métiers. Pour répondre aux besoins, les entreprises doivent sans cesse former leur main-d’œuvre. Ces transformations dans notre secteur mèneront, à terme, à la mise en place de nouvelles structures pédagogiques. La Fédération neuchâteloise des entrepreneurs soutient ce développement pédagogique qui illustre le potentiel du marché de la rénovation.

quelle est l’incidence du régime fiscal sur un Projet de rénovation?

Différents aspects du système d’imposition peuvent avoir des conséquences directes ou indirectes sur le marché de la rénovation. Aujourd’hui la suppression de la valeur locative, le projet de la CER-E, est un sujet débattu. Il s’agit de l’imposition, en tant que revenu, du montant qui correspond au loyer que le propriétaire pourrait exiger s’il n’occupait pas lui-même son logement. À première vue, la suppression vise à enlever une charge dite inéquitable aux propriétaires. Or, l’abolition de cette

Nicolas Tripet

FVE ©

La rénovation usuelle ou énergétique et la remise au goût du jour d’une demeure se planifient. Comment mener à bien son projet? Les conseils de Nicolas Tripet, porte-parole de la Fédération vaudoise des entrepreneurs.

Quels sont les différents types de rénovation et comment fixer ses priorités?

Il y a deux approches. L’une souhaite maintenir en bon état la substance construite, l’autre, la rénovation énergétique, vise à améliorer la performance du bâtiment, à réaliser des économies de chauffage et de climatisation. Les deux objectifs peuvent être liés. La sensibilité du maître d’ouvrage aux aspects environnementaux et au développement durable, la question financière et la prépondérance de certains besoins sont déterminantes pour fixer les priorités. Rappelons deux aspects importants. D’abord, une rénovation régulière contribue au maintien, voire à la hausse de la valeur vénale de son bien. Ensuite, dans le cadre du Programme Bâtiments de la Confédération, des subventions financières substantielles peuvent être sollicitées auprès du Canton et de la commune pour des rénovations énergétiques.

comment assurer la bonne gestion d’un chantier?

Il y a de nombreux préalables avant de débuter un chantier. Une mise à l’enquête et/ou un permis de construire peuvent s’avérer obligatoires. Si le bâtiment a été construit avant 1990, un diagnostic amiante relève de la responsabilité du maître d’ouvrage. Selon l’envergure du projet, le recours à un architecte ou à un ingénieur est judicieux voire impératif. Quant à l’exécution, l’amateurisme n’a pas sa place dans ce genre de travaux. La Fédération vaudoise des entrepreneurs recommande vivement aux propriétaires de faire appel à des entreprises régionales qui disposent d’un savoir-faire avéré. Le meilleur choix est de s’adresser à celles qui sont membres d’une association ou d’un groupement professionnel. Liées par les conventions collectives de travail, ces entreprises sont tenues de respecter tous les aspects normatifs, légaux et sociaux. Aux maîtres d’ouvrage qui envisagent des interventions de second œuvre dont les frais oscillent entre 50000 et 150000 francs et dont l’exécution ne nécessite pas l’intervention d’un architecte, la Fédération vaudoise des entrepreneurs recommande de mandater un coordinateur de travaux. Ces professionnels sont spécifiquement formés au suivi de l’ensemble d’un projet de rénovation. Pour épauler les propriétaires, la Fédération vaudoise des entrepreneurs collabore à la publication de l’ouvrage La Référence. Des informations utiles dont une liste de tous les intervenants de la construction dans le canton de Vaud y sont proposées. Il est disponible gratuitement auprès de notre Fédération à l’adresse: communication@fve.ch

Quels sont les chantiers de rénovation du domaine public?

Le Canton de Vaud a annoncé en début d’année le démarrage de l’assainissement énergétique de son parc immobilier construit avant 2000. Ceci est conforme à son Plan climat et vise à répondre aux objectifs de sa stratégie de réduction des gaz à effet de serre. Les plus grands et les plus anciens des 470 bâtiments chauffés du parc immobilier seront assainis en priorité. Le choix s’est donc porté sur 77 bâtiments dont la surface est supérieure à 2000 m2. Les travaux, estimés à 475 millions de francs, sont planifiés par tranches de 4 chantiers par an jusqu’en 2040. Ils sont financés par des crédits d’investissement au coup par coup. L’ensemble de ces projets devrait être essentiellement réalisé par des entreprises vaudoises, selon le gouvernement vaudois. La Fédération vaudoise des entrepreneurs salue cette décision et en profite pour marteler son message: construisons local!