L'escoubo n°16 - août 2006

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Reportage

Jeunes vignerons, un bon millésime Qu’ils soient tombés dans le pressoir quand ils étaient petits ou qu’ils aient bâti leur Domaine de leurs propres mains, Julien et Damien, deux jeunes vignerons ont une belle et merveilleuse passion en commun : l’Amour de leur Métier. Aubanel, Daudet ou autres illustres personnages de notre terroir. C’est en tout cas ce que l’on ressent quand on veut bien prêter : le regard, l’odorat et l’ouïe dans toutes ces cours de mas et de bastides de Provence. Un soleil blanc, un ciel bleu, au loin les dentelles de Montmirail et derrière le Ventoux ! Voilà dans ce décor de rêve, le terroir de leurs vignes. Mais laissons là le lyrisme de l’écrivain et essayons de mieux connaître nos hôtes. Dans ce petit coin de Jonquières, Julien Biscarrat perpétue le savoir-faire de son père Laurent, de son grand-père, de son arrière grand-père et ainsi de suite jusqu’au moment où ce dernier s’installa à Châteauneuf-du-Pape et y acheta quelques arpents pour y planter des vignes. Sa fille (ma grand-mère précise Julien) se marie avec un certain Julien Biscarrat déjà propriétaire à Camaret et à Jonquières. Aidé par son frère, ils font ensemble prospérer le Domaine. C’est là que Laurent et son frère vont travailler pendant 30 années. En 2004 ils se séparent et Laurent offre la possibilité à son fils Julien de travailler avec lui, aidé pour le côté administratif de sa sœur Marie. Aujourd’hui, si Laurent et Julien s’occupent des terres, Sébastien l’époux de Marie est devenu le caviste du Domaine. Une affaire de famille est une bonne chose mais il faut veiller au grain et la partie commerciale n’est pas si facile. Julien souhaiterait produire plus de bouteilles 4

la valeur ajoutée est indéniable. Avec une production de 2500 hectos par an vinifiés dont 175 en Châteauneuf-du-Pape, 800 en Côtes-du-Rhône et le reste en vin de pays, Julien voit l’avenir dans la qualité et la simplicité comme les étiquettes par exemple qui semblent aujourd’hui trop compliquées à lire et surtout très chargées. Malgré le manque de structure commerciale et les charges importantes, le courage ne manque pas. « Les clients ne

viennent pas tout seuls, il faut aller les chercher ». Et c’est au téléphone que les cavistes intraitables négocient. « Notre plus gros problème : c’est de ne pas pouvoir s’aligner sur les « gros » ! » Si Damien lui, n’est pas tombé dans le vin dès sa naissance, il descend tout de même d’une famille d’agriculteur. Son père élevait du gibier. Certes pour le manger il faut bien ouvrir une bouteille de bon vin et là,

Damien nous assure que toute la famille ne s’en prive pas. « J’ai grandi à Châteauneuf-du-Pape » Nous précise Damien. Son orientation scolaire est agricole elle lui permettra d’empocher un BTS et une maîtrise en chimie végétale. Quatre années d’études qui vont lui permettre d’entrée dans la vie active. En 2002, le secteur de la vigne est porteur et Damien imagine et prépare un projet. Son banquier croit en son projet et permet à Damien d’acheter 2,5 ha de vieilles vignes sur un très bon terroir « le plan de Dieu » à Orange. la même année il construit une cave afin d’accueillir les vendanges 2003. Il prévoit alors de produire 50% de vrac et 50% de bouteilles. Damien souligne que la présence et l’aide de ses parents étaient nécessaires. Il va démarcher la clientèle locale et développe une autre clientèle auprès des comités d’entreprises et abandonne les négociations avec les cavistes (toujours eux !) qui « tirent » trop les prix. C’est en 2004 qu’il loue 10 ha de plus des 5 qu’il possède déjà. Aujourd’hui Damien lance des prospections vers les Etats-Unis et l’Europe du


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