Érectile Magazine #5

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Érectile MAGAZINE numéro cinq

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Érectile MAGAZINE numéro CINQ Érectile est un magazine bi-mensuel gratuit extensif proposant des portraits, des interviews et des rencontres croisées de jeunes créateurs français. Ici, l’objectif est de parvenir à porter un regard plus objectif sur l’œuvre par le biais d’une démarche compréhensive du parcours de son géniteur. Nous souhaitons raconter des histoires plutôt que d’en inventer, avec simplicité – parfois – et sincérité – toujours.

Rédacteur en chef Matthias Meunier

Directeur de publication Yannis Mouhoun

Rédaction magazine Charlotte Gelas Perrine Hériot Inès Lockert Cindy Renard Thibaut Renoulet Héléna Gillant

Conception graphique Matthias Meunier

Contact

matthias@erectilemagazine.fr

Site web

www.érectile.fr

Un projet de

www.medias-culture.fr

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Érectile [adjectif] ⁝

Dérivé d’érection ou du latin erectum, supin de erigere, ériger. Qui peut se gonfler et durcir par afflux de sang dans les vaisseaux.

Se dit également de poils susceptibles de se dresser.

D’un point de vue symbolique, l’ours est un animal possédant bon nombre de facettes. Dans la cosmogonie chinoise, Yu le Grand, créateur du monde, prenait la forme d’un ours afin de l’organiser. Les Inuits, eux, voient l’ours comme un symbole de grande force et de courage symbolisant également le pouvoir de l’inconscience et de la connaissance de soi. Cette dernière vision de l’image de l’ours peut également se rapprocher de celle que possédaient les alchimistes puisqu’ils voyaient en lui une forme d’initiateur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’ours possède également quelques points communs avec l’art. L’ours est considéré comme un animal violent et brutal. Il est pourtant capable d’être apprivoisé de manière très simple, mais n’en demeure pas moins capable de régresser violemment vers un état primaire, de la même façon que l’art peut lui aussi être considéré comme un moyen d’expression brut, primitif aujourd’hui apprivoisé et même intellectualisé. Enfin, tout comme l’art, quel animal s’est retrouvé apprivoisé pour être donné en spectacle et exposé aux yeux de tous dans les cirques et les foires ? Et bien oui, il s’agit de l’ours. De la à trouver cohérente l’idée d’associer Érectile Magazine à un ours, il n’y qu’un poil...


RENCONTRE

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Découvrez l’univers poétique et sensible de

Chloé Sutter.


ERTNOCNER

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Érectile MAGAZINE numéro cinq

chloé sutter rencontre Entretien réalisé par

cindy renard

SIte internet de l’artiste

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observer ce qui m'entoure Chloé, nous savons que tu as 22 ans et que tu es passionnée par ce que tu fais : dis-nous en davantage sur toi ! Bonjour chers lecteurs ! Alors, après trois années d’études en Arts Appliqués à l’ENSAAMA Olivier de Serres, ma passion pour l’image narrative m’a menée à Angoulême où je suis actuellement étudiante à l’EESI (École Européenne Supérieure de l’Image). J’ai toujours aimé raconter des histoires... Étant plus jeune, je griffonnais des petites BD dont les héros étaient des animaux improbables. Cette passion ne m’a jamais quittée. Je m’intéresse actuellement à la narration par l’image, sous toutes ses formes : la bande dessinée, l’illustration et aussi le cinéma d’animation, domaine dans lequel je souhaite plus particulièrement travailler.


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L’illustration et le dessin sont tes domaines de prédilection. Peux-tu nous expliquer la manière dont tu développes ton style ? Comment le qualifierais-tu ? Je passe beaucoup de temps à observer et dessiner ce qui m’entoure. C’est ce qui me permet de nourrir mon imaginaire. Je ne suis pas à la recherche d’un style particulier, même si, malgré moi, des personnages récurrents et un peu rêveurs viennent s’immiscer dans mes dessins.


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Y’a t’il des artistes qui guident l’évolution de ta pratique ?

L’œuvre de Hayao Miyazaki a été une grande source d’inspiration pour moi. La poésie de ses images, les thématiques écologiques et pacifistes qu’il aborde et la magie qu’il insuffle à ses histoires m’ont beaucoup influencée. Quant à moi, j’essaie de faire naître un peu de rêve dans le quotidien, au travers mes dessins. Les limites entre l’imagination et le réel sont une thématique qui revient fréquemment dans mon travail... Ceci est certainement dû à ma passion pour les histoires et leurs univers qui s’entremêlent à ma réalité. Tu sembles aimer le travail à la main plus que le travail numérique, pourquoi cette préférence ? Que t’apportent l’un et l’autre ? J’apprécie ce rapport plus spontané que me procurent les techniques dites « traditionnelles ». J’essaie d’être polyvalente et d’utiliser différentes techniques pour élargir mon champ de création même si je reviens très souvent vers l’aquarelle. C’est une technique que j’affectionne particulièrement pour la légèreté de ses couleurs et sa capacité suggestive et évasive dans lequel notre imaginaire peut vagabonder.


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Envisages-tu quand même d’investir les techniques numériques ? Je sais que les techniques traditionnelles sont devenues indissociables des techniques numériques, et la combinaison des deux permet des résultats intéressants et des possibilités multiples, que j’explore petit à petit. Aussi, le numérique offre de nouvelles formes narratives qui lient images fixes et animation. Ce nouveau type de récit m’intéresse énormément et j’aimerais développer un projet prochainement sur ces narrations un peu hybrides.


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au coeur de la narration Peux-tu nous en dire davantage sur ce projet à la narration hybride que tu projettes de réaliser ? En réalité, il s’agit d’un turbomédia. C’est une forme de récit majoritairement constitué d’images fixes et parfois d’images animées, où le lecteur contrôle la vitesse de lecture. Comme le turbomédia est apparu très récemment, il est en constante évolution : il reste donc énormément de possibilités à explorer. Balak et Malec sont, je pense, deux figures emblématiques du turbomédia. C’est assez fascinant d’appréhender cette nouvelle forme de narration au niveau de la gestion de l’espace de l’image, de l’interactivité, des animations, mais aussi au niveau des effets de surprise qu’elles peuvent apporter au récit. Le turbomédia convient parfaitement à la publication sous forme d’épisode, et l’histoire que je souhaite développer se prête parfaitement à un tel découpage. J’aimerais y aborder la relation entre créateur et création : à quel moment celle-ci prend son autonomie et échappe à son inventeur ? C’est donc l’occasion pour moi d’expérimenter une autre façon de créer une histoire, avec des paramètres nouveaux !


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Peux-tu me parler de ta passion pour la BD : ses origines, ta propre pratique...

Je suis tombée dans la bande dessinée quand j’étais petite ! Mes parents m’ont emmené assez tôt dans des salons dédiés à la bande dessinée, et j’ai découvert les univers de Loisel et Isabelle Dethan. Pour l’instant, je réalise des histoires courtes que je souhaite ancrer dans la société.

Quel était ton rapport à la bande dessinée quand tu étais petite, quand tu visitais les salons avec tes parents ?

J’étais un peu impressionnée de rencontrer ces « faiseurs d’histoires » ! Mais surtout, j’étais fascinée de voir qu’un personnage pouvait naître sous le crayon d’un dessinateur. Assister à la création d’un personnage, qui émerge d’une simple feuille de papier, qui s’anime et qui vit, est d’ailleurs quelque chose qui m’impressionne toujours aujourd’hui.


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quand une personne se transforme en personnage De quelle manière te viennent tes sujets pour élaborer des histoires ? Pour trouver des idées, j’aime observer les gens derrière mon carnet de croquis et saisir des bribes de leur vie que mon imagination poursuit. Il suffit d’une attitude, d’un mouvement pour qu’une personne se transforme en personnage aux aventures abracadabrantes. Le travail de l’auteur Chabouté a été une source d’inspiration, notamment pour sa capacité à faire émerger l’extraordinaire de l’ordinaire. Et le regard très humain qu’il nous offre. Parce qu’après tout, raconter des histoires, c’est un moyen d’établir un lien entre les gens et de leur permettre de s’évader quelques instants de leur quotidien.


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Le fait d’inviter ton lecteur à sortir de son quotidien semble te tenir à cœur. Comment mets-tu en œuvre ceci dans tes créations ? J’essaie de mettre en exergue un détail insignifiant du quotidien, ou d’adopter un changement d’échelle ou de point de vue pour montrer quelque chose que le spectateur connait, mais auquel il ne prête pas attention. Je cherche à suggérer une vision nouvelle sur des choses banales pour inciter le lecteur à appréhender son quotidien différemment. Pour ce qui est des histoires, elles permettent une évasion plus éphémère du quotidien. J’aimerais simplement réussir à immerger le lecteur dans l’univers que je crée, que je mets en scène, pour lui permettre de s’évader le temps de la lecture. Et si par la même occasion mes personnages l’accompagnent quelques instants après la lecture, le pari est réussi.


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entre réalité et imagination Finalement, penses-tu qu’il n’existe pas vraiment de frontière entre le réel et l’imaginaire ? Ou au contraire, cette frontière est-elle bien délimitée pour toi ?

Je pense que cette frontière est bien plus perméable qu’on le croit. Tout ce qui est du domaine de notre imaginaire, nourri de films, d’histoires, d’images, influence notre vision du monde. Et j’aime croire que ma perception de la réalité est altérée par mon imagination. Et puis, parfois, le fictif, notamment les personnages, semble doté d’une existence plus concrète que le réel. Ce que je veux dire par là c’est que les lecteurs et spectateurs donnent une réalité autonome aux histoires et à leurs univers qui dépassent alors la frontière du fictif. C’est peut-être cette magie qui me donne envie de créer et faire vivre à mon tour des personnages. Nous sommes curieux : quels sont tes projets à venir ? En ce moment, je participe à un fanzine BD que l’on créer avec des amis. J’aimerais prochainement me consacrer plus pleinement à l’animation !


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IMMERSION

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Artiste-Voyageuse,

Briana Bray

réinterprète le jeu du Tarot de Marseillais à la recherche du trait absolu.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE numéro cinq

briana bray IMMERSION Entretien réalisé par

Inès Lockert

SIte internet de l’artiste http://Facebook.com/latroisiememain ÉR

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arts et voyages Le tarot de Marseille est un moyen de communication entre celui qui consulte les cartes et la destinée qui lui est réservée. Briana Bray est une artiste conceptrice de jeux de société. Née à Madagascar il y a 29 ans, elle a grandi sur l’Île de la Réunion où elle étudie à l’École des Beaux Arts. Artiste-Voyageuse de par ses nombreux déplacements, elle a ensuite posé ses valises 3 ans à Montréal afin de réaliser sa maîtrise en arts visuels. Installée depuis maintenant 3 ans dans notre capitale, ses lieux de vie ont toujours été sa première source d’inspiration. « Je me sens comme une artiste-voyageuse, regardant les territoires qui m’entourent comme une touriste fraichement débarquée ». À la manière d’une histoire que l’on déroule à sa guise, c’est cette appréhension qui lui offre une vision du monde si singulière. Forte de ses déplacements à travers différents environnements et cultures, Briana s’est très rapidement penchée naturellement sur les questions de territoire, dans un premier temps en travaillant autour de performances, d’interventions en espace public, en mettant en interaction le langage et l’espace et en dressant des géographies mentales. C’est en 2006, lors d’un voyage à Salvador des Bahia (Brésil) qu’elle met en place son premier jeu de société dans le cadre d’une exposition à l’Alliance Française. Depuis ce jour, Briana se consacre à concevoir des jeux de société et à l’illustration de manière intensive.


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la troisième main Depuis son arrivée à Paris elle exerce dans un espace de travail nommé La Troisième Main (ndlr : Passage Lepic, Paris 18ème). Entre salon de tatouages et atelier, Vassili, Camil et Briana évoluent tous les trois dans cet espace hybride pensé comme un studio de création ouvert au public et qui permettrait à des artistes hors circuit institutionnel de se promouvoir. Sa vision éthique du concepteur est très claire : « Refuser les concessions et mettre en avant les particularités brutes sont pour moi les principaux atouts d’un artiste. ». C’est cette cohabitation quotidienne avec l’univers du tatouage qui lui a permis de s’émanciper face à son approche du dessin. Distinguant deux écoles à l’illustration, elle délaisse la recherche de la représentation idéale pour celle du trait absolu. Ce trio efficace leur permet de s’étendre sur un large panel de style illustratif, du comic au néo-traditionnel en passant par le manga, la ligne claire et des interprétations de la gravure.

Première carte du jeu, le bateleur est l’artisan de sa vie. Son potentiel est là, à lui de le faire fructifier. Cette carte représente un être encore absorbé par les apparences et les illusions. Le bateleur est la jeunesse créative, l'innocence infantile, la spontanéité, la verdeur, mais aussi le manque de profondeur et d'expérience. Il représente aussi la genèse de l’idée, le surgissement avant l'œuvre.


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tarot de marseille Concevant des jeux de société de l’invention des règles jusqu’à la réalisation de la boîte depuis maintenant 5 ans, son intérêt pour le Tarot de Marseille lui est venu un peu par hasard. S’intéressant à l’approche visuelle de la réédition du jeu par A.Jodorovsky et Phillipe Camoin, Briana décide de revisiter à sa manière ce jeu mythique et mystique en redessinant leurs symboles. Ni vraiment intéressée par la religion, ni par la mythologue au sens de croyance, elle reste tout de même persuadée que le langage qu’il soit visuel ou textuel reste le premier pouvoir. Ainsi, une personne aimant le dessin se doit de comprendre les codes qui régissent les visuels présents dans le thème de la religion et la mythologie, car ils sont des signes et des messages universels. Chaque carte du jeu de Tarot est régie par des allégories et des codes qui constituent à eux tous l’Existence.

L’amplitude immense qu’offre le système de ce jeu de par le tirage des cartes permet à tout à chacun de lever le voile sur un pan de sa vie future ou présente à travers ces 22 cartes (« arcanes » dans le jargon de la taromancie). Au-delà de la véracité des propos avancés par ce tirage aléatoire, la mise en fiction de sa propre existence par le jeu et l’impact réel qu’à celui-ci sur la façon d’entreprendre ses actions est assez symptomatique de notre époque. Ainsi, selon Briana, nous vivons dans l’air de l’Homo Ludens (l’homme ludique, joueur) comme l’écrivait l’historien néerlandais Huzinga. Le jeu serait alors « ne action ou une activité volontaire accomplie dans certaines limites fixées de temps et de lieux, suivant une règle librement consentie, mais complètement impérieuse, pourvue d’une fin en soi, accompagnée d’un sentiment de tension, de joie et d’une conscience d’être autrement que dans la vie courante ».


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l'antijeu S’approchant au plus près des symboles et allégories présentes dans la base du Tarot, la réinterprétation par Briana réside dans le traitement des lignes et surtout du choix de l’élimination des couleurs. Il faut savoir que dans le Tarot de Marseille le choix des couleurs présente sur chaque carte à une importance tout aussi prédominante que les figures qu’il représente. Le jaune est par exemple, la couleur de la maturité, la couleur du plan divin, celle de la sagesse universelle et du pouvoir. Le rouge celle de l’action, de l’oxygène nécessaire à la vie. Il est aussi synonyme de bonne santé (le sang sous sa couleur rouge signifie en taromancie qu’il est encore dans le corps). A contrario, le bleu est la couleur de l’extérieur, celle de l’infini, du plan spirituel, du pouvoir intemporel. Il exprime la stagnation et la permanence des choses, rappelant à certains égards l’inconscient collectif.

Le vert, assez rare dans le jeu, rappelle l’énergie violente de la nature, la vitalité profonde et la résistance au temps. C’est la couleur directrice de la vie. Le noir est la couleur de la fertilité, de la révélation de l’âme qui demande de se dépouiller du superflu pour ne garder que l’essentiel. Signifiant le mystère des choses non encore révélées il faut du courage et de l’action pour percer ses secrets. Le blanc, difficile à interpréter, représente la pureté et la virginité. Par définition ce qui n’a pas été encore touché, mais qui peut facilement être souillé. Enfin, la couleur de la chair symbolise l’humain. Quand elle est présente sur un objet, il devient alors le prolongement de l’Homme. C’est la couleur de la conscience, du pouvoir sur le temps et le spirituel. En éludant les couleurs, pour ne conserver que les figures en noir sur fond blanc, Briana crée donc un anti jeu inexploitable pour les tireurs de cartes.


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processus Pour ce qui est du processus de réalisation du jeu, Briana n’économise pas ses lignes, armée de son micron 0.1 elle peut passer une journée sur le dessin d’une carte avec patience et précision associant cela à un acte méditatif. Puis vient la phase de la vectorisation de ses dessins, de leur mise en page et de la réalisation en produit fini. Le jeu de Briana est d’ores et déjà fabriqué à dix exemplaires et disponibles à La Troisième Main. Une volonté pour elle de conserver l’aspect home made de son jeu de par la philosophie de la boutique de LTM : la demande plutôt que le stock.

Sixième carte du jeu, cette carte représente les choix que nous devons faire dans l'existence et qui vont déterminer notre vie future. L’amoureux est l'emblème d'une situation instable, d'un choix complexe à effectuer, d'un cœur qui bat pour deux personnes en même temps. Elle incite à agir et à prendre des décisions, mais seulement après avoir soigneusement pesé le pour et le contre.

Douzième atout du jeu, il signifie le malheur, mais également le choix. Le pendu symbolise l'abnégation, le désintérêt pour les choses de ce monde, l'altruisme, le sacrifice, le renversement de la situation actuelle grâce à une décision personnelle, des idéaux atteints, la libération par le sacrifice.


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inspirations Pour ce qui est de ses inspirations, elles sont riches et nombreuses. George Brecht pour son jeu Water Yam ; l’écrivain Hermann Hess pour son livre Le jeu des perles de verre qui a façonné sa manière d’aborder les analogies au sein des formes ludiques ; Georges Perec et les oulipiens (ndlr. les oulipiens sont des auteurs obéissant à une contrainte littéraire qu’ils se sont eux-mêmes donnés) d’un point de vue des contraintes créatives ; la ligne claire des Japonais ; le travail de Dürher, peintre, graveur et théoricien de l’art et de la géométrie du XV siècle et enfin, l’art de la cartographie.


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le mot de la fin Briana Bray souhaite désormais trouver des éditeurs pour ses jeux afin de dépasser le stade du prototype. Continuer d’exercer au sein de La Troisième Main auprès des autres membres de l’atelier. Voyager, toujours, pour s’enrichir encore d’avantages de ce qu’elle découvrira.

Un conseil pour vos lecteurs ? Lire Le Maître Ignorant de Jacques Rancière. Lisez-le.


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IMMERSION

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DeniedHybrid

donne de la voix pour vous faire découvrir son univers alchimic destroy aux frontières du réel et sans censure.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE numéro cinq

DeniedHybrid IMMERSION Entretien réalisé par

héléna gillant

SIte internet de l’artiste http://www.melaniechiarelli.net ÉR

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Un audacieux parcours On ne peut entrer dans l'univers de DeniedHybrid sans aborder la musique. Elle fait entièrement partie de son être et de son histoire. Elle débute la musique au collège puis s'est dirigée vers un bac L option Arts Plastiques. En parallèle de ce parcours classique, elle commence le chant dans une association Le Laboratoire des Arts. Là-bas, elle s'initie à ce qu'est réellement la musique, mais c'est aussi pour elle la découverte de la création, de la recherche du détail et du dépassement de soi. La MANAA est pour elle une grosse année qui remet en cause son désir de création manuelle : « Avoir les mains dans le cambouis, choisir mon papier et ne pas pouvoir revenir en arrière me fout une peur bleue et me frustre étant donné que je suis brouillon et pas très minutieuse à ce niveau-là. ». Ce constat en tête, la jeune hybride se dirige vers le multimédia, parce que le numérique permet de tout recommencer à envie. Et sans gâcher. « Après avoir appris les règles du graphisme, les fondamentaux, durant deux années où rien ne me faisait vraiment envie, j'ai fini par dire haut et fort « Fuck that shit ! », et à partir de là, j'ai envoyé valser beaucoup de mes barrières personnelles et créatives. ». Elle entre à l'EPSAA en 2013. Est-ce son book qui fait l'unanimité lors de l'entretien ? Elle en doute. Ce qui a tapé dans l'oeil du jury c'est sa connaissance des Pink Floyd et ses sapes de rebelle. Avec audace, elle n'a pas hésité à mentionner le fait que la formation lui plaisait parce que le jury partageait avec elle le même humour douteux. Et ils ont ri. « Cette année m'a permis de me jeter à fond dans ce que j'imaginais, la création qui sort de l'esprit malade d'un humain et non de la future vente du produit achevé. La création pour la création, tout simplement. » Artiste prolifique et protéiforme, elle aime travailler avec sa tablette graphique.

Xtralucid Punk, 2012 Personnage principal du roman graphique Destroyed Minds


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des inspirations hybrides La jeune artiste qualifie son rapport à la musique de passionné. La musique presque comme un être physique a toujours été présente dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle a toujours une chanson ou un riff au bout des lèvres ou de sa guitare. Entre compositions personnelles et reprises, la musique ne lui a jamais fait défaut dans toute sa complexité et flexibilité, elle a toujours été un pilier indestructible. Mais revenons à son rapport à l'image à présent : il est beaucoup plus torturé. « Le côté sale, mesquin, dérangeant, creepy et "moche" est sûrement ce qui m'attire le plus. Mais pas seulement ! J'ai aussi beaucoup d'affection pour l'infographie et les portraits dans un style très bande dessinée. Ces portraits remplissent une grande partie de mon temps de création, étant donné que l'humain est ma principale source d'inspiration. Sa folie et sa noirceur surtout. »


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Lapin, portrait d'un dépressif heureux, 2012 Portrait de l'un de ses meilleurs amis, entre un enfant surdoué et un vieux sénile

Les éléments qui influent sur son travail sont multiples. Le premier qui lui vient à l'esprit c'est Stupeflip. Puis, vient aussi ce qui se rapporte à l'univers des comics, Shepard Fairey, l'anticipation et la Science Fiction. Plus surprenant, les guerres l'inspirent : elle assume le côté dérangeant d'une telle source... Malgré tout, elle n'est pas du genre à se centrer sur une œuvre dans sa globalité. Tel Jarmusch, elle va piocher dans chaque situation de la vie, des films, des séries, des photos, des ambiances... Tout cela, réinjecté dans ses projets donne des créations musicales, scénaristiques ou visuelles originales.


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un univers alchimic & destroy

idontgiveasinglefuck, 2014 Reprise d'un dessin déjà existant, encre de chine et photoshop

Lors de la préparation de l'interview, je me suis creusé la tête pour définir son univers. Pourquoi pas Alchimic Destroy ? Ce à quoi DeniedHybrid a répondu : « Mais ça me plait ça ! Cela pourrait même être mon style, je n’y avais même pas pensé. Quand tu me dis Alchimic Destroy, ça me parle, en tout cas. De l'ordre du mélange alchimique, avec lequel on crée des chimères monstrueuses, mais plus que majestueuses. » Nous y voilà. Comme la beauté du moisi sur une pomme.


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de l'engagement dans l'art : ses objectifs À travers ses créations, on peut ressentir une certaine forme d'engagement. Les revendications de l'artiste sont avant tout d'ordres personnels, intimes ou/et internes. Elle ne se bat pas pour des causes ou pour des idéaux avec ce qu'elle produit. Elle ne décrirait pas sa musique comme engagée, ni son travail de l'image comme dénonçant quelque chose ou quelqu'un. Ses revendications sont de l'ordre du combat avec nos propres démons, nos cerveaux d'êtres humains qui grouillent sur cette planète, parce que finalement c'est là que tout se passe et là où les choses doivent changer de manière générale. L'esprit, c'est surtout une source de création, de questionnement et de dépassement de soi continuel. Ce qui passionne réellement notre artiste, c'est la manière dont ces cerveaux peuvent être manipulés, recalibrés et redessinés au gré de ce qui les nourrit, mais aussi la manière dont ils interagissent.

chatmagique, 2014 Expérimentation graphique

« La rébellion c'est se battre contre ce qu'on imprime dans nos esprits, remanipuler nos propres idées et aprioris, se "mindfucker" tout seul, si on peut dire ça comme ça... Ainsi, la folie et la manipulation de masse sont des sujets qui sont indispensables pour moi, dans tous les domaines, et surtout sources intarissables d'inspiration. » Elle souhaite permettre aux gens de se questionner sur leur rapport au réel. Il est primordial. C'est la première émotion qu'elle cherche à susciter : permettre aux gens de se requestionner sur leur rapport au réel. Elle est fascinée par le rire lié à la gêne... Par exemple, voir un homme avoir des convulsions post-traumatiques sur de la pop music, et voir les gens rire... Un tel moment de totale absurdité de l'esprit humain l'inspire. « Quand il ne sait pas quoi faire, il rit. C'est fascinant. » Elle dénombre d'autres objectifs comme faire rêver, ou plus spécifiquement donner l'illusion d'un cauchemar cathartique et révélateur de qui l'on est réellement, sans s'autocensurer.

Excelmask, 2012 protagonistes du roman graphique de DeniedHybrid


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Tabous, j'en ai fait de l'or DeniedHybrid est très au fait de culture Internet aussi bien mainstream, geek ou plus underground. On trouve dans ses créations des références anarchistes et anachroniques inspirées de la pop-culture...comme du Deepweb... « Quand j'ai commencé à m'y intéresser, [quand c'était payant et que youtube n'existait pas encore... La vidéo du bébé qui danse (d'Ally Mc Beal) et de l'ours qui se bat avec le pêcheur pour une pub anglaise, je les ai vues sur un mediaplayer, sans aucune référence, envoyées par mail très certainement à mes parents... » En réalité, ils n'y ont pas dû se rendre compte de l'impact que ces contenus ont eu sur elle. Ses parents ont été sans le savoir, des précurseurs . Il n'était même pas encore question d'une quelconque "culture web": Internet n'était qu'un chaos de contenus inaccessibles ou complètement insensés et inutiles... Mais c'est cela qui lui plaît finalement encore aujourd'hui. Dès lors qu'Internet s'est largement étendu et que tout le monde l'utilise ou presque, c'est au plus profond de ses entrailles qu'elle va puiser ce qu'elle désire. Du très épuré Pinterest jusqu'au site dont on-ne-doit-dire-le-nom (en référence à Fight Club).... Pendant de longues années de "surf", 'comme disent les vieux), elle a tenté de trouver la perle rare insufflant ne serait-ce qu'une vague sensation.

caca_licorne, 2013 Expérimentation graphique sous oxygène naturel


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Ainsi, elle visionne absolument TOUT. Tout ce qui passe sous son clic est scruté, analysé, rescruté et réanalysé. Des vlogs américains, des vidéos de l'ordre du "What the fuck ?" absolu, mais aussi des meetings politiques, toutes ces vidéos sur la théorie du complot (avec la musique de Requiem for a Dream derrière), les photos gores et trash qu'on préfère taire et ne jamais montrer à personne pour préserver leur santé mentale, jusqu'aux histoires de petit chat sauvé par des gentils pompiers... Selon DeniedHybrid, tout est potentiellement source à inspiration. Pour la musique ou l'écriture, le processus est le même. On lui a souvent dit qu'elle est influençable... Certains en font une faiblesse, elle a décidé d'en faire une force créative en laissant son subconscient mélanger le tout dans le shaker à neurones pour en ressortir un autre genre de bouillie. "Rien n'est blanc ou noir, encore moins les relations humaines : Il y a 7 milliards de nuances de gris possibles, une pour chaque être humain." Elle ne sait pas exactement pourquoi, mais cette phrase a changé sa vie sur plusieurs aspects. Elle permet de ne pas juger, de redécouvrir, de ne pas tomber dans la sensation de déjà-vu d'une amitié ou d'une relation amoureuse, ou même d'une création... De voir la beauté dans chaque détail. S'étonner à chaque fois de voir un nouveau gris, pour résumer.

Mr Cold is watching you, 2014. Portrait d'un batteur/acteur à l'aura qui la passionne

Mon œuvre me sert à mettre de la couleur sur ce gris.


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à propos du statut d'artiste Selon elle, s'analyser seul, avec la critique d'autrui, mais surtout son autocritique (qui peut dire ce qu'un artiste doit ou ne doit pas faire finalement, vu que ce domaine est dépourvu de réelles règles ?), c'est certainement le plus difficile pour un artiste. Qu'est-ce qu'un artiste si ce n'est quelqu'un qui s'est déclaré comme étant de cette catégorie ? C'est tellement vague. Sa cousine qui peint avec les pieds est artiste. Elle avait une intention, elle a expérimenté. Ce n'est pas le cas de DeniedHybrid, parfois. Parfois, elle n' a aucune intention, et encore moins une envie esthétique. Aussi étrange que cela puisse sonner : elle veut que ce soit laid. Est-elle bien une artiste ? Pourtant, elle le confesse, elle peindrait bien avec les pieds. Brillante idée. Le mot de la fin : « Ce qu'il faut retenir de ça, c'est que rien n'est sacré, et tout est paradoxal et interchangeable en fonction du point de vue de celui qui le regarde. L'esprit humain est fascinant (mais je crois que je l'ai déjà dit).»

Real weapons are not allowed around here. We'll do everything we can to keep it safe until... Things change.


IMMERSION

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Philippine Boulay, une artiste baignant dans l’art depuis sa plus tendre enfance, nous offre un travail pictural mêlant un univers vivant, abstrait et éclectique.


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Érectile MAGAZINE numéro CINQ

philippine boulay IMMERSION Entretien réalisé par

Thibaut RENOULET SIte internet de l’artiste http://cargocollective.com/philippineboulay ÉR

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une passion depuis l'enfance Philippine est une jeune artiste née en 1992. Pourtant, le déclic de la création lui est apparu depuis peu. Après un parcours scolaire indécis marqué par un bac L suivi d’une année en école de commerce à Paris et enfin d’une préparation en arts plastiques, cette artiste a enfin trouvé sa voie en entamant une licence d’art spécialité peinture à la University of Arts de Londres.

Je baigne dans l’art depuis toute petite, ma famille étant elle-même constituée de plusieurs peintres.


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De nature curieuse, impulsive et joviale, Philippine nous avoue qu’elle déteste la lenteur, le fait de se juger objectivement sur son travail. C’est ainsi que ces proches, passionnés par l’art, sont de bons conseils dans son évolution artistique. Grâce à ses parents, Philippine reçoit à Noël comme pour chaque anniversaire, des coffrets de créations. Exit donc les poupées et autres jeux vidéo.

Les variations sont toujours les bienvenues dans mes créations.


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pour l'amour du geste Sur le plan créatif, cette artiste exploite les thèmes de la vie, de la mort et des émotions qu’elles dégagent. Philippine travaille aussi sur la symbolique des choses que ce soit celle d’une couleur, d’un objet ou d’un événement. Exploitant le plus souvent la peinture sur toile, elle peint le plus souvent au ressenti. Se dégage ainsi une atmosphère particulière illustrée par des paysages abstraits et surréalistes.

Il me vient de peindre comme ça, juste pour l’amour du geste et de la texture, et puis la magie opère...


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Inspirée par sa mémoire, ses pensées, Philippine Boulay crée à l’instantanée : « Il me vient de peindre comme ça, juste pour l’amour du geste et de la texture, et puis la magie opère... » Ces œuvres n’ont pas un but en particulier. Elle aime laisser libre cours à l’imagination du spectateur, donné la version de son interprétation. À chaque nouvelle production, elle repart de zéro, son univers artistique est le choc de ses inspirations, de ses envies du moment et des matériaux choisis comme l’acrylique, l’encre, la bombe de peinture, l’aquarelle, le marker...


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l'art de toutes parts Philippine considère l’art comme une façon de s’évader, de s’amuser mais aussi comme un travail à part entière. Selon elle, l’art est partout, c’est un domaine aux centaines de branches différentes, une vraie fourmilière ! C’est avec des sonorités musicales électroniques et rock que cette jeune artiste exploite ses travaux artistiques. Lorsque l’inspiration ne vient pas, la musique lui permet d’avoir le déclic artistique, c’est de cette façon que découle toujours un premier trait et le choix d’une couleur. Du côté de ses artistes préférés, Philippine a des penchants pour Mark Bradford, Keith Tyson, Sigmar Polke pour ne citer qu’eux.

Pour moi, l’art n’a pas forcément un but, si ce n’est d’être une plateforme de partage universel.


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Philippine n’a pas encore collaboré avec d’autres artistes, mais le futur prouvera le contraire. Elle a déjà en tête plusieurs projets avec de jeunes artistes londoniens : monter une exposition, collaborer sur un thème ou peindre carrément en duo. Affaire à suivre !


IMMERSION

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Elle se destinait à la politique, et pourtant c’est dans les arts appliqués, et plus précisément la mode

Agathe DERYCKE

qu’ évolue aujourd’hui. Voyage dans l’univers engagé d’une jeune artiste pleine d’idées.


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Érectile MAGAZINE numéro cinq

agathe derycke IMMERSION Entretien réalisé par

charlotte gelas

SIte internet de l’artiste

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le plastic c'est chic Elle s’appelle Agathe Derycke – aucun lien avec l’Inspecteur – et elle est née le 20 mai 1993. Elle sort tout juste d’un BTS Design de mode – option mode – à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré à Paris, où elle a d’abord intégré une mise à niveau en arts appliqués après son bac économique et Social. Compte tenu de l’intitulé de ses études, son domaine de prédilection devrait être le stylisme, et pourtant elle préfère développer des projets plus expérimentaux, conceptuels, qui s’ancrent plus dans le champ plastique. Elle aimerait prolonger son cursus à Duperré avec un Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués mode et environnement à la rentrée. Cette formation lui correspond parfaitement dans le sens où elle allie l’exploration et l’expérimentation artistique d’un matériau ou d’une idée.


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Selon elle, cette méthodologie permet de passer du domaine de l’art plastique à celui des arts appliqués à travers l’interrogation suivante : « Que puis-je faire de mon idée, de ma création afin qu’elle s’ancre dans une réalité, dans un contexte économique ? » Dans cette façon de procéder, elle se projette professionnellement dans la voie du collectif :

Je ne me vois pas travailler seule. Les initiatives actuelles montrent qu’on a besoin aujourd’hui d’une pluralité de professionnalisme pour proposer autre chose, aller plus loin.


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parler pour vivre Agathe en trois adjectifs, ça donne : indécise, honnête, contradictoire. « Quand je pense honnête, je pense authentique en fait. Je pense à un comportement, à une façon d’être avec les autres. Je dirais plutôt que je ne sais pas mentir. » Elle a en elle une sorte de naïveté et un besoin de beaucoup parler qui la font réfléchir à voix haute plutôt qu’en silence. D’ailleurs, ce qu’elle aime par-dessus tout dans la vie, c’est parler : « C’est vrai que je parle beaucoup. Parfois sans trop de tact, parfois trop fort, et parfois tout simplement trop ». Avec beaucoup de légèreté, elle justifie ce trait de caractère en disant : « Je dirais pour ma défense que c’est parce que je ne sais pas respirer par le nez. Du coup pour respirer il m’est nécessaire, voire vital, de parler. À moins de rester la bouche ouverte toute la journée mais ce n’est pas hyper glam ! »


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Depuis qu’elle a intégré le domaine des arts appliqués, elle a pu laisser libre court à une créativité qui ne demandait qu’à sortir. Il s’avère que cette créativité avait simplement besoin d’un point d’ancrage. Et aussi simple que ça puisse paraître, elle a trouvé sa source dans l’éducation d’Agathe. Les valeurs qu’elle a reçues, la façon dont elle a grandi, le milieu auquel elle appartient, en somme l’individu social qu’elle est, ont été source d’un questionnement constant. Alors qu’elle rêvait de faire de la politique, elle a compris que ce n’était pas un domaine à part, mais un engagement personnel dans le but d’une recherche commune. C’est ce qu’elle tente de faire dans ses projets : partir d’un questionnement personnel, intrinsèque, pour poser un concept, une réflexion.


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Ainsi, si les spectateurs n’y voient peut-être qu’un simple résultat, ses œuvres sont l’aboutissement d’une véritable réflexion personnelle : « Même si parfois c’est dur, on ne peut pas demander à chaque individu de prendre le temps de s’intéresser, de comprendre tout le processus néo-créatif ». Mais le comportement du spectateur face à l’œuvre lui rappelle que si aujourd’hui, dans le domaine des arts appliqués, elle pose un univers afin de montrer son potentiel créatif, dans le domaine professionnel seule la finalité comptera. « C’est de cette manière que m’encourage mon entourage je pense, en me rappelant que j’évolue dans une réalité économique, d’où mon besoin non pas de faire de mes œuvres des produits finis et commercialisables, mais de garder une constante actualité dans mes projets afin de leur donner une validité ».


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entre individu personnel et individu social

J’ai confiance en moi, excepté là, où je suis moi

Même si elle adore écrire et parler, elle est persuadée que la meilleure façon pour elle de communiquer reste le champ plastique. Sa créativité elle l’exprime plastiquement depuis son entrée à Duperré mais d’après son entourage elle a toujours été créative. Selon elle, ce qui donne de la qualité à son travail est aussi un défaut : « A force de vouloir trop m’investir personnellement dans mes projets, peut être que je ne laisse pas à l’autre la possibilité de le voir autrement, à sa façon. »

Elle confie avoir énormément confiance en elle, sauf dans sa création. Dans Mémoires d’une jeune fille dérangée, elle avait d’ailleurs résumé ce sentiment en disant « J’ai confiance en moi, excepté là où je suis moi ». C’est pourquoi elle a toujours peur des retours sur son travail : « Je pense qu’il faut aujourd’hui que j’apprenne à me détacher de mes créations. Car les retours, même s’ils ne sont pas toujours en adéquation avec mon message, sont constructifs et me permettent d’avancer, de nourrir, de donner une nouvelle ouverture à mon travail. »


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À défaut de voir l’art partout, elle le voit comme un medium, un moyen d’expression de sa personnalité tout comme d’autres se retrouvent dans la recherche scientifique ou technologique : « Je pense que tout individu à un domaine de prédilection, d’aspiration propice au développement de son esprit. » Il s’avère que son domaine à elle c’est le champ du plastique. En terme de médiums d’ailleurs, elle a beaucoup utilisé des supports propices à l’empreinte et à la transparence : le plâtre, la cire, la céramique, l’alginate, le silicone, la résine, le calque, le plexiglas, l’aquasoluble, l’organza. La confrontation entre individu personnel et individu social est le fil conducteur de son travail. Par conséquent elle a un rapport constant au corps, d’où les mediums qu’elle utilise, afin d’être au plus près de l’organisme. L’avantage de ces supports, c’est qu’ils présentent un nombre de possibilités incroyables selon la façon dont elle les utilise : temps de séchage, mélanges, ajouts d’éléments. « C’est quand je les expérimente que je m’éclate le plus. Ils laissent place à un hasard souvent source de ma création ».


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Cette année, elle a également pu tester la vidéo, un medium qu’elle souhaiterait vraiment maitriser, aussi bien dans la prise que dans le montage car selon elle, il permet d’être au plus proche de l’émotion : « On est dans une ère qui évolue au plus proche de l’intime. La vidéo est présente partout, parce que c’est la façon d’être au plus proche du consommateur. Il faut aujourd’hui provoquer le plus d’émotions en un moins de temps possible. C’est le juste milieu entre attention et émotion. Trouver ce point de convergence est la quête de la communication. » Comme pour beaucoup d’artistes, la musique tient une place primordiale dans sa réflexion. Elle ne crée pas forcément en musique, et pourtant le moment où elle se dit qu’elle ne pourrait être mieux nulle part ailleurs, c’est quand elle est seule, avec un fond musical posé et qu’elle fait ses expérimentations de matières, de formes, qu’elle coud ou qu’elle peint. « Cette sensation là, elle justifie largement toutes les nuits blanches, le besoin de sommeil, ou les descentes morales. Ces moments-là ne se mesurent pas en temps ni en matérialité, mais en cheminement. C’est là que je suis le plus créative parce que je suis bien. »

On est dans une ère qui évolue au plus proche de l’intime. La vidéo est présente partout, parce que c’est la façon d’être au plus proche du consommateur. Il faut aujourd’hui provoquer le plus d’émotions en un moins de temps possible. C’est le juste milieu entre attention et émotion. Trouver ce point de convergence est la quête de la communication.


IMMERSION

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Entre la dualité de la culture japonaise et la culture française. Entre la pratique de l’art institutionnel et de l’art de rue. Entre le cinéma et la peinture. Accompagnés de corps-comportements, ambiances-instance, aquarelles-errances à la dérive constante et fugitive, acteurs de soupçons dans ses saveurs vivantes.


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Érectile MAGAZINE numéro cinq

mitsuaki saito IMMERSION Entretien réalisé par

perrine hériot

SIte internet de l’artiste http://lacorbatarosa.com/mitsuaki-saito.php ÉR

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présentation et parcours Mitsuaki Saito est d’origine Japonaise et a grandi en région parisienne où il a fréquenté une école internationale pendant une grande partie de sa scolarité. Ce dernier a ensuite réalisé une année de prépa artistique à Paris afin d’intégrer par la suite l’école des Beaux Arts de Valenciennes. Avec son Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, il est ensuite entré au Fresnoy, le studio national des arts contemporains à Tourcoing.


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un artiste pluridisciplinaire L’artiste ne se limite pas à un seul procédé créatif, par ses années d’expérience, il maîtrise aujourd’hui tant la vidéo que la peinture, le dessin, le graffiti ou encore l’installation. Cela lui permet de tenir une « cadence constante sur la ligne de la productivité créative ». La réalisation de films demande beaucoup de temps, de préparation et d’organisation. Ce sont des projets à long terme qui nécessitent aussi un certain budget, mais Mitsuaki se donne quand même un objectif d’un court-métrage par année.


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En ce qui concerne les dessins et les peintures, ils sont réalisés de manière plus ponctuelle, Mitsuaki fait une centaine de tâches par jour pendant une période qu’il se fixe.

Comme la répétition de tacher devient un geste trop industriellement créatif, je m'efforce de ne pas en faire trop souvent. Enfin, pour les graffitis, l’artiste peint la ville pendant son temps libre depuis ses 18 ans, de jour comme de nuit. Mais avec le temps et l'âge, il pense qu'une ou deux pratiques s'affirmeront et que certaines arriveront à terme. Même si la pluridisciplinarité est une dimension fondamentale pour devenir un très bon réalisateur, but ultime de Mitsuaki.


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une technique au compte-goutte Depuis 5 ans, ce dernier utilise la peinture seulement pour faire ses tâches. Il les qualifie d’impulsives, obsessionnelles, et fantasmagoriques. Ses peintures se rapprochent de la technique appelée dripping : à plat sur le sol, la masse liquide de la peinture s’étale comme un tag sur la surface.


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Le résultat est esthétiquement très beau et l’artiste peut réaliser ainsi des centaines de dessins en l'espace de quelques jours, mais ne garde au final qu’une tâche sur vingt en moyenne. Ses inspirations sont très larges, elles peuvent venir de la peinture de paysage, de la calligraphie Japonaise et Chinoise, d’Alexanders Cozens pour les recherches qu'il a réalisées sur l'art de la tâche, puis d'autres qui viennent du mouvement des Tachistes et de l'expressionnisme abstrait ou encore les photographies de mur de Brassai.


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En effet, Mitsuaki a de nombreuses influences, qui vont de Charles Baudelaire à Basquiat en passant par le graffeur Trane du crew uv tpk. « On peut écouter du Bach, lire le Dogme 95 et en même temps discuter avec Raoul. » D’après lui, les références sont reliées à la mémoire vivante et donc constamment mouvantes. Certains artistes qui l’inspirent font partie de l’histoire, d’autres sont encore en train de l’écrire.

On peut écouter du Bach, lire le Dogme 95 et en même temps discuter avec Raoul.


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le graffiti vandale D’ailleurs, un des membres du crew uv tpk dont Mitsuaki s’inspire est devenu tatoueur, un autre procédé créatif supplémentaire qui pourrait l’intéresser. Mais Mitsuaki ne se reconnaît pas dans le tatouage, ce n’est pas son univers. Même si, comme l’ancien graffeur, les tatouages peuvent garder cette même authenticité que les graffitis, le support a changé et ne suscite pas l’intérêt de l’artiste. « Ses tatouages sont pour moi du graffiti vandale, sauf que l'objet du support est devenu le corps. » Pratiquant le graffiti vandale, Mitsuaki est quand même convaincu qu’il s’agit d’une pratique qui n’intéresse pas vraiment les gens. Attiré par l’illégalité, il ne réalise pas de fresques colorées ou de pièces abouties mais préfère un tag bien placé sur un toit. Néanmoins, les tâches restent pour lui une bonne alternative pour pouvoir présenter dans des galeries son agitation envers la peinture, le graffiti, sans donner et dévoiler l'ensemble des produits de sa pratique clandestine.


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Érectile MAGAZINE numéro cinq Retrouvez dans chaque numéro d’Érectile Magazine une thématique proposée par l’artiste de couverture autour de laquelle ce dernier invite les autres créateurs publiés à réfléchir. Le support, le format et les médiums sont totalement libres. Les artistes sont alors détachés de toutes contraintes et peuvent ainsi s’exprimer comme bon leur semble.

aux frontières du réel Chloé Sutter Briana Bray Deniedhybrid Philippine Boulay Agathe Derycke ÉR

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chloé sutter

Les lieux abandonnés me semblent toujours irréels et sont propices à m’entraîner dans un autre monde qui laisse apparaître des êtres imaginaires.


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Briana Bray

Pour le dessin "aux frontières du réel" il s'agissait de rester dans le thème des prédictions mais via la chiromancie. On entre ici dans la lecture des possibilités d'être à travers une partie du corps, la main. Chaque zone des doigts, et de la paume ont été réinterprétées à ma façon pour s'inscrire dans des catégories subjectives de la vie (l'amour, le hasard, le pouvoir ...)

Tout comme pour le tarot, il y a une façon ici d'influencer le réel par la codification et la mise en catégorie. La frontière entre le réel et le fictifest liée à la croyance de la personne qui est lue. En ce qui concerne la part graphique du dessin, il est à rapprocher d'une pratique du dessincartographique que j'ai maintenant depuis quelques années.


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Deniedhybrid

Le visuel créé est basé sur une image de Raptor Jesus (un mème Internet). "I want to believe" est une phrase culte de X-files, la série au-delà du réel. Elle exprime le fait que croire est un choix conscient. Le "I want to believe", nous pouvons l'analyser comme nous le voulons, mais en gros c'est mettre en exergue la tendance des croyants à se borner à croire quelque chose de complètement irrationnel juste pour le principe de le croire et d'apaiser sa conscience…


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Philippine Boulay


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Agathe Derycke

J’ai travaillé sur le thème de la vanité en partant d’un questionnement simple : Que reste-t-il de notre corps après la mort ? Quelle symbolique peut-on donner à ces restes ? Je suis donc partie sur une expérimentation autour de l’os. J’ai récupéré des os de fémur de bœufs (le nettoyage des os était déjà une bonne part d’expérimentation) puis j’ai fait toutes sortes d’expérimentations dessus dont une partie de teinture et de gravure, qui m’ont amené à cette réflexion en lien avec les frontières du réel : si on a pu constater un passage du savoir-faire médical dans la modélisation du corps vivant et non malade, ne pourrait-on-pas envisager à l’inverse, l’investigation de la médecine par les métiers d’art ? Pourquoi s’attaquer directement à l’ossature, par sa taille ne deviendrait pas moyen de modélisation du corps ? À la manière dont on parle de chirurgie plastique, pourrait-on parler de médecine sculpturale ? Enfin dans une logique mercantile de marchandisation d’un corps devenu objet et appât marketing, en constatation d’un luxe poussé à l’extrême dans des principes de perso­ nnalisation et de pièces uniques, pourquoi ne pas faire des éléments pérennes du corps des objets de luxe, des objets d’art, des innovations sportives ?

Ainsi c’est de nouveau le passage du corps personnel au corps social avec l’idée que le plus intime, le plus caché de l’individu devient objets de commercialisation et de marketing insérant l’idée de personnalisation de cet intime.

Nikebone est le titre d’un de mes os, teint et gravé du swoosh Nike. J’ai choisi Nike pour sa capacité d’innovation aussi bien dans la recherche technique que marketing. Ils sont les plus à la pointe dans leur réponse à la demande du consommateur de plus en plus exigeant: proposer un objet de qualité, technique et innovant doté d’un véritable design et d’un principe de personnalisation afin d’incorporer le consommateur au processus de création. Je pense qu’aujourd’hui un créateur doit prendre en compte ce besoin d’attention du consommateur qui veut se sentir exister en tant que personne et non que masse. D’où la nécessité de la collaboration. L’artiste vient dépasser les frontières du réel dans l’idée plastique et le concept qu’il propose, c’est ensuite à d’autres intervenants, scientifiques, technologiques, sociaux, de prendre le relais sur ce concept afin de la faire accéder au réel où non. C’est proposer quelque chose d’utopiste à possibilité réelle.


Érectile MAGAZINE numéro cinq Cette rubrique est une véritable porte ouverte aux jeunes créateurs souhaitant participer à l’aventure Érectile Magazine. Dans chaque numéro, il est proposé à qui le veut de venir illustrer une citation que nous proposons dans le médium de son choix.

citation Savais-tu qu’un cactus avait une fleur ? Au milieu des piques se cache un cœur" – Oxmo Puccino

Arnault Gentien

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The Stroobs

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Thibaut Renoulet

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Arnault Gentien

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Érectile MAGAZINE numéro cinq

juillet chloé sutter Briana Bray Deniedhybrid Philippine Boulay Agathe Derycke mitsuaki saito ÉR

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