TEMPS CONTRE TEMPS

QUELLES STRATÉGIES
TEMPORELLES POUR UNE ARCHITECTURE DE LA TRANSITION ?
TEMPORELLES POUR UNE ARCHITECTURE DE LA TRANSITION ?
IN SEARCH OF TEMPORAL STRATEGIES FOR AN ARCHITECTURE OF TRANSITION
En architecture, l’espace occupe une place centrale au détriment du temps, trop souvent négligé, bien qu’il soit un facteur clé pour penser la transition écologique, sociale et économique. Face à l’urgence climatique, ce colloque met la question du temps au cœur du débat, comme élément essentiel du projet architectural, urbain et territorial. Repenser notre discipline à travers le facteur temps nous permettra de reconsidérer l’architecture au regard des dynamiques temporelles dans lesquelles elle s’inscrit, condition indispensable pour en modifier les circonstances et les mécanismes.
L’historien américain Marvin Trachtenberg a souligné que la temporalité est une condition épistémique qui affecte silencieusement toute production et expérience de l’environnement construit. Dans son ouvrage Buildingin-Time, il expose les modalités d’une construction avec et dans le temps qui a eu lieu à la Renaissance, avant que les rapports humains au temps ne soient radicalement bouleversés. En effet, le temps mécanisé, mesurable et quantifiable est un héritage de cette première modernité, qui est désormais orientée sur le progrès. Le sociologue et politologue allemand Hartmut Rosa développe précisément cet aspect dans son livre Accélération : une critique sociale du temps, en montrant comment la question de la temporalité devient de plus en plus évidente dans les crises ultérieures de la modernité que nous vivons actuellement ou que nous subissons à un rythme accéléré. Si la question du temps devient plus centrale dans notre débat contemporain, comment les problèmes environnementaux réintroduisent-ils les questions de temporalité dans la pratique architecturale ?
L’épuisement exponentiel des ressources et le caractère polluant de l’industrie du bâtiment nous confronte aujourd’hui aux limites du progrès continu. Le temps n’est alors plus concevable dans sa progression linéaire, mais doit être abordé de manière innovante. La dynamique qui jusqu’ici régissait le monde, la tempête du progrès, pour reprendre la formule de l’Ange de l’histoire de Walter Benjamin, n’a pas cessé de nous entraîner vers un avenir qui risque de tourner à la catastrophe. L’introduction de « contretemps » n’est-elle pas essentielle pour sortir des trajectoires engagées ? Y aurait-il là les prémisses d’un avenir qui sera – par la force des choses –radicalement différent ? Refusant la passivité face au processus d’accélération, ce colloque propose de réfléchir
Quelles stratégies temporelles pour une architecture de la transition ?
dès à présent au temps et aux temporalités qui déterminent le cours des choses. Il convoque des contre-dynamiques plus résilientes, plus inclusives, et explore des manières d’entrer davantage en résonance avec le monde.
Si l’on considère le temps comme vecteur dynamique d’action, il semble qu’aux échelles architecturales, urbaines et territoriales, des stratégies d’accélération ou de décélération peuvent proposer des contre-dynamiques en réponse aux trajectoires engagées qui mettent la Terre en crise. Accélérer ou décélérer correspondrait à une fracture entre les tenants du progrès technologique et ceux qui à l’inverse s’en méfient. Comment se manifestent ces contredynamiques temporelles, et que proposent-elles exactement ? Quels leviers opérationnels et esthétiques sont alors mobilisés ?
L’accélération viserait – face à l’urgence – la haute technologie et l’efficacité de la production, la gestion des ressources et de l’énergie renouvelables à l’échelle globale. Le mode d’action consisterait à précipiter les dynamiques en cours afin de bifurquer avec grand élan – avant ou après le déclin – vers un renouveau, en employant tous les moyens techniques disponibles pour fonder un monde qui se veut plus écologique. L’accélération englobe les infrastructures mondiales à grande échelle et croit en leur transformation (d’où l’idée de transition). La destruction créatrice joue un rôle clé dans cette posture de renouveau radical.
La décélération tendrait vers la sobriété et l’économie circulaire en s’appuyant sur les systèmes naturels à l’échelle locale, voire sur l’archaïque comme source-ressource d’une possible renaissance. Le mode d’action consisterait à faire un pas de côté pour construire des contre-dynamiques basées sur l’emploi de matières durables, en réinventant de nouveaux modes de productions et de nouvelles techniques de mise en œuvre. On trouve aussi dans cette catégorie les mouvements bottom-up et l’auto-construction qui chercherait à créer une nouvelle forme de résonance avec un monde en crise.
Ces deux positionnements opposés, qui semblent à première vue inconciliables dans leur approche à la croissance économique, n’ont-elles pas comme vecteur
commun la finalité de leur quête, à savoir l’introduction de contretemps et de « contre-espaces » dans les dynamiques qui régissent le monde actuellement afin de le rendre plus durable ?
Le contretemps est un « évènement, une circonstance qui s’oppose à ce que l’on attendait. Un fâcheux contretemps », selon Le Robert ; en musique c’est l’« action d’attaquer un son sur un temps faible » suivie d’un bref silence.
Et si ce « fâcheux contretemps », cette attaque « sur un temps faible », nous permettait d’engager à ce bref instant de suspension une bifurcation pour initier une transition, un reset ?
Dans ce colloque, nous nous intéressons aux visions qui établissent à l’échelle architecturale, urbaine et territoriale un autre rapport entre l’homme et la nature, l’urbain et le rural, l’architecture et la matière, la durée et la durabilité, en reconsidérant le temps comme facteur clé de la transition.
Qu’en est-il donc de ce temps sous-jacent, à peine perceptible, à peine abordé, qui détermine cependant le rapport que l’architecture établit avec le monde ? De quels outils les architectes disposent-ils pour « manipuler » le temps, ou pour intervenir sur les temporalités des espaces et de la matière ? Quelles sont les stratégies d’action des architectes face aux dynamiques temporelles qui régissent les villes, les territoires, voire le monde entier, comment peut-on les contrer ? Que faudrait-il accélérer ou décélérer, avec quels outils et pour quelles fins ?
Repenser nos disciplines par le facteur temps et non seulement par l’espace est un défi qui concerne toutes les échelles et impose une ouverture aux autres disciplines : l’économie, l’histoire, les arts, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie. De nombreuses synergies pourraient ainsi se développer entre chercheurs de différents laboratoires, français et internationaux. N’avons-nous pas besoin de croiser les regards face à l’ampleur du problème et de repenser fondamentalement la manière qu’a le temps de forger l’espace ?
Quelles stratégies temporelles pour une architecture de la transition ?
9:00 accueil
9:15 ouverture par Julien Bargeton, président de la Cité de l’architecture et du patrimoine et Susanne Stacher
9:30 introduction de Pierre Caye
10:00 café
Penser et agir avec le temps long, les temporalités qui transcendent l’individu : transgénérationnelles et autre-qu’humaines.
10:20 Luc Baboulet, L’histoire aux sentiers qui bifurquent. Pour une géohistoire architecturale
10:45 Olivier Gaudin, Hériter contre le temps. Sens critique et culture historique
11:10 Sebastian Carcamo, Temporal Perspectives in Seismic Architecture: Morphology, Movement, and the Seismic Aura
11:35 Xiaojun Zhang & Peter W. Ferretto, Durée: Forms of Time in the Transitioning Resilient Villages in the Megacity of Greater Bay Area in China
12:00 Hélène Marcoz, Paysages changeants (vidéo)
12:25 café
12:35 table ronde animée par Susanne Stacher & Cauê Capille
13:15 déjeuner
Réponses à l’inopérativité des agendas politiques. Prises de position dans un horizon temporel conflictuel pour des transitions sociétales et environnementales.
14:30 Alain Guez, Quelle plasticité chronotopique pour un monde habitable ?
14:55 Émilie Gascon, PLANS A / PLANS D : Vivre « avec » en territoire de l’eau à l’échelle et à temps
15:20 Mathieu Mercuriali, Les temps de la Méditerranée. Les îles comme prototype de territoires d’anticipation
15:45 Marc Armengaud, Contre toute attente 16:10 Alejandro Campos Uribe, The Density of Time (vidéo)
16:20 café
16:50 table ronde animée par Florian Hertweck & Véronique Patteeuw
17:30 Véronique Patteeuw & Léa‑Catherine Szacka en conversation avec Emmanuelle Chiapone‑Piriou, présentation du livre It’s About Time
18:00 pause
19:00 conférence d’Antoine Picon 20:00 dîner‑ cocktail
9:00 accueil
9:30 introduction de Stéphane Bonzani
10:00 café
CYCLES
Le temps comme ensemble de processus et de rythmes avec lesquels agir. La multiplicité, la répétitivité et les dérèglements temporels comme leviers stratégiques.
10:20 Marija Marić, Beyond Before and After: Repair as a Habitual Practice
10:45 Matthias Armengaud, Jachère urbaine
11:10 Louis Destombes, Économie circulaire, ou comment tourner de plus en plus vite
11:35 Jean‑Pierre Chupin, Analogie biologique, cyclicité et rétroactions
12:05 Philippe Rizzotti, Enjeux contemporains de l’architecture face à la quantification carbone
12:30 café
12:40 table ronde animée par Paolo Amaldi & David Malaud
13:20 déjeuner
TRANSITOIRE
Ce qui ne dure pas. Le temps comme motif d’incertitudes et de ruptures. Le temps dans son caractère transitoire, fragmenté et fragmentant. Inachèvements, suspensions, contingences pour et dans l’architecture.
14:30 Tristan Denis, Architectures hétérochroniques
14:55 Adria Daraban, Fragmentary Temporalities
15:20 Ayesha Safraz, Temporal Territories / Emergent Ecologies
15:45 Carlotta Darò, Le temps suspendu de la salle d’attente
16:10 Marc‑Antoine Durand, La critique à contretemps de l’histoire – une leçon banhaminenne
16:25 Mathieu Berteloot, Le temps de construire (vidéo)
16:35 café
17:00 table ronde animée par Véronique Patteeuw & Susanne Stacher
17:40 pause
18:00 conclusion du colloque
18:25 clôture par Francis Rambert 18:40 apéritif
Chantier de l’Atomium pour l’Expo 58 de Bruxelles, 1957, André et Jean Polak (architectes), Andre Waterkeyn (ingénieur).
Photo Daan Noske/Anefo
À l’ère de l’Anthropocène, l’architecture paraît tiraillée entre des impératifs pour le moins contradictoires : durer afin de lutter contre le gaspillage des ressources, être d’autre part en mesure de disparaître aisément en permettant le recyclage des matériaux dont elle est constituée. En partant de cette tension, la conférence abordera les rapports complexes qui se nouent aujourd’hui entre l’architecture et le temps. Tout n’est pas toutefois nouveau dans l’injonction en apparence contradictoire de durer et d’être capable de disparaître. On s’interrogera du même coup sur ce qui singularise vraiment le nouveau régime de temporalité de l’architecture par rapport à ceux qui ont caractérisé des époques antérieures. De quelle manière celui-ci peut-il faire sens par-delà les nécessités économiques et environnementales ?
Pour définir le rapport de l’architecture au temps trois thèses seront brièvement présentées : l’espace-temps constitue la niche écologique propre à l’être humain ; 2) La stase temporelle privilégiée que met en valeur l’architecture est le présent ; enfin les édifices sont des machines à convertir le temps en espace et l’espace en temps. Il s’agit in fine de réfléchir sous quelle forme l’architecture peut contribuer à surmonter l’entropie qu’engendrent le système de production et de reproduction.
tFace à la crise écologique, accélération et décélération forment deux stratégies qui semblent s’opposer. En réalité, elles reposent toutes deux sur une conception du temps sous-jacente : un temps unique et linéaire forgé par la modernité, abstraction que met en évidence la philosophe Bernadette BensaudeVincent. Cette abstraction, inventée pour rendre commensurables des réalités bien différentes (temps de la terre, du vivant, des matériaux, temps social et historique, etc.) a certes permis de saisir et de rapprocher des phénomènes hétérogènes, mais elle a également conduit à négliger les itinéraires temporels propres de ceux-ci. L’auteure propose de se défaire du temps linéaire et de lui substituer un « temps-paysage » (Bensaude-Vincent, 2021), métaphore qui renvoie à une polychronie, plus apte à saisir les devenirs embrouillés qui caractérisent notre présent épais (Haraway, 2016). En architecture, prendre au sérieux cette polychronie donne à voir un édifice comme une chose très étrange : mélange de temporalités diverses, d’accélérations et de ralentissements, de crises et de stases, d’altérations et de bifurcations. C’est la forme-édifice, dans son individualité même qui se trouve affectée. Plus encore, elle modifie ce que nous appelons communément projet…
Penser et agir avec le temps long, les temporalités qui transcendent l’individu : transgénérationnelles et autre‑qu’humaines
Thinking and acting in the long term, with temporalities that transcend the individual: transgenerational and other‑than‑human.
L’histoire « aux sentiers qui bifurquent »
« L’intrusion de Gaïa » (Isabelle Stengers) au cœur de nos formes de vie exige du monde de l’architecture qu’il renouvelle ses objectifs et ses pratiques, mais aussi son historiographie, qui doit désormais être capable d’intégrer une durée planétaire. D’où l’urgence d’une géohistoire architecturale hétérochronique qui soit capable : de saisir le monde comme une texture polyrythmique de différentes durées en constante interaction : durée uniformisante des flux capitalistiques déterritorialisants, multiplicité des durées vécues au sein des territoires et des cultures… à rapporter toutes à la durée de la Terre elle-même, dans l’épaisseur menacée de sa zone critique ; d’évaluer de façon critique la part centrale de l’architecture au sein de cette texture, dans sa capacité à instaurer (pour le meilleur comme pour le pire) une durée médiatrice dans et par laquelle les réalités géo- et bio-physiques d’une part, les sociétés humaines d’autre part, se co-constituent de façon récursive ; d’offrir ainsi une base architecturale à la perspective générale d’une « redirection écologique ».
Harold Fisk, Carte des méandres du Mississippi, Cours anciens, 1944
De quelle histoire de l’architecture et des paysages avons-nous besoin, que l’on soit concepteur d’espace ou simple habitant des temps présents ? La distinction de Nietzsche (1874) entre trois types de connaissance du passé – monumentale, traditionaliste et critique –, peut inspirer l’histoire des lieux habités. Ces trois usages stratégiques de l’écriture historique sont mis en tension par l’idée d’inactualité ; l’ambivalence des héritages du passé reflète une perception troublée du présent et de l’avenir.
Mue par « l’élément non historique » et une part vitale d’oubli, l’action suppose aussi bien des racines et un horizon que le sens critique et la capacité d’imaginer. L’inquiétude nietzschéenne peut inspirer une culture de l’architecture et du paysage renouvelée et mise en perspective : attentive aux conditions sociales, écologiques et politiques de la durée dont nous devons apprendre à hériter. Enquêter sur l’histoire environnementale et l’histoire du regard, c’est apprendre à célébrer, à aimer et à critiquer ce legs, in medias res et in situ. À cent cinquante ans de distance, les vibrants appels « inactuels » de Nietzsche à repenser les méthodes et les fins de l’éducation historique peuvent éclairer le problème d’une transmission réfléchie d’une culture du paysage et de l’architecture. Ils mettent au jour les enjeux esthétiques, politiques et anthropologiques d’une telle transmission.
Bruno Braquehais, Statue brisée de l’empereur Napoléon, 1871
Quelles stratégies temporelles pour une architecture de la transition ?
This article advocates for a paradigm shift in seismic architecture, emphasizing the integration of architectural insights into seismic resilience, traditionally dominated by structural engineering. It underscores the significance of melding temporal perspectives and morphological analysis to enhance the resilience of buildings against earthquakes. Central to this discourse is the concept of “Seismic Aura,” a novel architectural tool that graphically represents the potential deformation patterns of a building under seismic stress, thereby illustrating the dynamic interplay between a building’s form and its movement. This approach draws from the probabilistic nature of seismic events—where the timing and intensity are uncertain—and advocates for a design philosophy that prepares buildings for a multiplicity of seismic scenarios, embodying the ancient Greek concept of Kairos, or seizing the opportune moment. By doing so, it challenges the conventional relegation of seismic considerations to the latter stages of design, proposing instead that these elements be integral to the initial design process. This integration not only aims to enhance the structural integrity and safety of buildings but also seeks to redefine the architectural role in fostering resilience, encouraging a proactive rather than reactive approach to seismic design. Through a synthesis of theoretical frameworks and practical applications, the article positions the “Seismic Aura” as both a diagnostic and a design tool, facilitating a deeper understanding of the relationship between morphology and movement, and ultimately advocating for buildings that are not only safe but also inherently suited to their seismic contexts.
Seismic aura
Cities and villages are a pair of spatial and sociological entanglement. When their developing courses meet, the interaction is often perceived as measurable and spatial matters. Time is frequently used to prove the rapidness and prosperity of the city or the historical length of the villages, but seldom questioned for its nature as continuous duration. Situated in the megacity of the Greater Bay Area in China, this paper identifies the role of duration in a transition where the long history of villages meets with rapid and aggressive urban sprawl. Resilience became observable in the urban-rural confrontation. The drastic development of the megacity forced the villages to react and respond. Would there be a battle for survival, schemes for preservation and revitalisation, or even adaptive modernisation to keep up with the city? Illustrated with three village cases, time performs itself at different durations that become a significant role in their transitions. Pursuing the unmeasurable and qualitative nature of duration reveals the inner drive of the villages, such as the cultures, lineages, everyday life, traditions, rituals and others. They are internalised in the continuity of duration that carries the villages onward with the developing megacity.
Pondside view of Gangtou village
La caméra enregistre pendant un cycle d’une année la métamorphose d’un même paysage afin d’animer au montage un vidéorama dont chaque image associe plusieurs saisons simultanément. Celui-ci est ensuite projeté en boucle pour donner l’impression d’un tableau vivant, d’un temps suspendu et infini ; le paysage se conçoit comme le palimpseste de mutations à la fois subtiles et déroutantes. Ce vidéorama a bénéficié du soutien de la DRAC Nord-Pas de Calais et de Pictanovo (avec l’aide de la région Nord-Pas de Calais). Il fait partie de la collection du Palais des Beaux-Arts de Lille où il est présenté de manière permanente dans la salle des paysages XIXe.
Paysage(s), vidéorama, 2016-2018, Projection vidéo en boucle (10 min.), Réalisation en partenariat avec la DRAC Hauts de France et Pictanovo ; Shanshui, vidéorama, 2023, Projection vidéo en boucle (18 min.)
Ici, un paysage de montagne se construit et se déconstruit au gré du passage des nuages. Comme dans la peinture du XVe ou du XVIe ou encore le théâtre de rue de cette même époque, le nuage a dans ce vidéorama vocation à cacher des mécanismes : il efface ou fait apparaître des crêtes de montagne pour reconfigurer sans cesse ce paysage au gré du passage du temps. Le nuage prend ici toute sa valeur temporelle et spatiale : il isole les crêtes les unes des autres et montre que leur apparition est éphémère. Ce paysage est instable, en devenir, il ne dure que le temps de défilement du nuage. Nous pouvons ici nous rappeler le mot de Ruskin à propos de Turner dans Modern painters : « Chacune de ses compositions est évidemment dictée par le plaisir de voir les choses seulement en partie, et non dans leur totalité, et de les fondre dans une enveloppe de nuages et de brouillard au lieu de les dévoiler. »
Réponses à l’inopérativité des agendas politiques. Prises de position dans un horizon temporel conflictuel pour des transitions sociétales et environnementales
Responding to the inoperativeness of political agendas. Taking a stance on societal and environmental transitions in a conflicting timeframe
L’architecture contient et construit du temps. Elle en est une des expressions tangibles, traversée par des dynamiques autant culturelles que matérielles qui proposent des expériences et des rapports singuliers au temps. Les changements climatiques bouleversent les régimes d’historicité et de temporalités et invitent d’en repenser les articulations. Notre interprétation de la plasticité (Malabou, 2005) chronotopique de l’architecture s’appuie sur une sélection de faits et de dispositifs proposant des régimes d’historicité et de temporalités contrastés. La notion de régime d’historicité (Hartog, 2003) permet de révéler les relations et les étendues temporelles qui s’articulent au présent, entre passé, actuel et futur. Les régimes de temporalités (Baschet, 2018) caractérisent des phénomènes temporalisés par des cycles, périodes, rythmes, vitesses, ou encore événements, qui participent aussi de l’expérience du temps à travers les pratiques, les imaginaires, les processus de fabrication, de maintenance, ou encore de transmission. Il s’agit ici de penser nos rapports au temps à travers la plasticité de dispositifs architecturaux, territoriaux, urbains, paysagers qui affirment, critiquent, ou encore questionnent, dans des registres pratiques, matériels et symboliques, des mondes possibles et les rapports au temps qu’ils dessinent concrètement dans l’horizon incertain contemporain.
Détail de la roche du promontoire de Taizé
Depuis plus d’une vingtaine d’années, l’alerte est donnée sur l’urgence et la nécessité du « vivre avec » les variations en territoire de l’eau. Cet appel du passage de la résistance à la résilience a pour réponse une gestion des inondations se tournant vers l’acceptation de l’eau sur le territoire après des générations de rejet ; aux domaines de la conception de s’adapter.
De nouveaux dispositifs ou d’anciennes techniques remises au goût du jour sont expérimentés à l’échelle. Les ingénieurs accueillent la multifonction. Les architectes reprennent les principes d’un établissement proposant différentes relations à l’eau. Les paysagistes renaturent voire régénèrent berges et littoraux. Les urbanistes explorent de nouvelles géographies urbaines : rivière urbaine éphémère, quartierbassin versant, quartier insulaire par anastomose…
Studio Marcovermeulen, “Rain in the City View, Rotterdam as a Collection of Retention Squares and Sponges”, 2004, in: From Rotterdam waterstad 2035.
Ces expérimentations, ces plans « A » de l’adaptation produisent des leçons encourageantes : succès quant à la gestion de l’excès de l’eau ; appui sur des dispositifs qui imitent, travaillent avec, valorisent et protègent la « nature » ; usage du temps comme d’un levier stratégique ; transformation de la gestion du risque en gestion du risque et des opportunités… Un critère majeur vient toutefois temporiser le propos : le facteur temps-ressources limité. En 2024, à l’heure d’une situation globale dégradée au point d’une sortie imminente du régime Holocène et à l’heure de l’accélération de cette érosion de ressources du système Terre, à l’heure d’une planète « au bord du gouffre » en somme, la problématique de la pertinence des mesures d’adaptation sans mitigation se pose.
Habitées par des civilisations et des peuples successifs depuis des milliers d’années, la Méditerranée et ses petites îles de la Méditerranée combinent des équations de vie paradoxales : modernité tardive, habitat rustique et économie fragile. Aujourd’hui, cette mer continue de fasciner et d’être au cœur des enjeux de l’architecture et du paysage, non plus comme source d’inspiration spatiale ou architectonique, mais comme espace d’anticipation, où l’accélération du changement climatique a ses effets plus marquants d’années en années.
Réagissant aux enjeux contemporains liés au changement climatique – montée des eaux, catastrophes, sécheresse, migrations – les îles de la Méditerranée apparaissent plus particulièrement comme le laboratoire à petite échelle de notre avenir complexe : extractions minières, surtourisme, migrations, transformation des biotopes provoquée par la montée des eaux et la sécheresse. Comment anticiper les phénomènes climatiques et l’obsolescence des infrastructures issues du modernisme en prenant modèle sur l’écosystème méditerranéen bouleversé ?
Tableau répartissant les risques issus de l’analyse d’un échantillon de petites îles de la Méditerranée
Qui sait encore de quoi l’avenir sera fait, et comment faire des projets pour répondre à un avenir incertain?
+ 0,7° c + 1,8° c + 3, 2° c
Les rapports du GIEC se décalent vers des scénarios de plus en plus pessimistes. Les hypothèses hyperboliques d’hier sont devenues les prévisions conservatrices d’aujourd’hui ! Une glissade exponentielle qui n’est pas seulement alarmante au plan écologique, mais semble aussi miner toute prétention à penser et agir à long terme.
L’avalanche des événements extrêmes ou anormaux vient accentuer l’incertitude, tout en consommant des efforts considérables pour réagir aux urgences et revenir à la normale, aussitôt percutés par d’autres anomalies, qui nous dévient sans cesse de trajectoires intenables.
Ces mises en échec de l’avenir vont déconstruire notre culture de l’aménagement du territoire. Crise des assurances et de la valeur foncière, obsolescence des réseaux, stress hydrique et alimentaire global, migrations globales… Ces crises vont impacter les capacités d’investissement et de gestion des territoires, autant qu’elles vont déstabiliser leurs gouvernances. Héritiers d’une histoire qui les situe résolument du côté de la permanence et de la régularité, urbanistes et architectes doivent redéfinir leur rapport au temps, pour apprivoiser des situations hypercomplexes et instables.
Inversons la prospective, en cherchant des pistes dans ce présent chaotique. Faudrait-il concentrer nos projets sur l’urgence pour développer de nouvelles capacités d’anticipation par défaut qui nous ouvriraient des pistes vers une autre idée du temps long ? En renonçant à l’alibi autoritaire des prévisions, on pourrait développer des polyrythmies stratégiques, à vitesses multiples. Chercher notre chemin à tâtons, dans une conjuration d’explorations simultanées.
AWP, Hypothèses GIEC Grand Genève
Vers une multiversatilité systémique ?
We tend to think of ideas and discourses as disembodied entities, but they are shaped by our continuous interaction with the environment and they get incorporated into the places in which we dwell, especially our own homes. This short film explores how Aldo and Hannie van Eyck’s ideas on architecture and exhibition design are corporally present, materialised in their own house in Loenen van de Vecht, in the building itself, in their art collection’s cross cultural nature, in the vibration of the exhibited objects, in the non-pedigree selection and compositional strategies. The Van Eycks, by dwelling in this house and performing actions within it, both constructed the interior as a sum of their experiences, but also were shaped by the interior itself, which determined the values and expectations that accumulated on, in, and through their bodies, inflicting their embodied identities. How to approach this house today? How to capture its temporal density and unpack the inscribed architectural ideas? This short film presents the house as a gathering body of experiences, brought together through audiovisual means. Different times collide and intersect: Aldo van Eyck in the 80s, Tess van Eyck in early 2000s, and myself in 2018, re-enacting their movements through the interior. Time is thus conceived as a dense, layered accumulation of entanglements that re-appear only through the use of our own bodies.
The Density of Time: A gathering body of experiences
Le temps comme ensemble de processus et de rythmes avec lesquels agir. La multiplicité, la répétitivité et les dérèglements temporels comme leviers stratégiques
Time as processes and rhythms to work with. Multiplicity, repetitiveness and temporal disruption as strategic opportunities
From an empty lot to a newly constructed building, from decay to refurbishment, from 2024 to 2050, from broken to fixed— architectural design has often been organised around the temporal categories of before and after. An ideal manifestation of a linear time, the before and after could also be seen as temporalities deeply embedded into the paradigm of technological solutionism. Drawing from the research conducted as part of the exhibition The Great Repair (AdK Berlin, 2023), this contribution proposes to critically access the concepts of before and after, opening up, instead on the ways in which repair, care, and maintenance could inform architectural practice with another understanding of temporality: that of a cycle, rhythm, ritual, perpetuality, and finally habitation. It is organised around the questions: Is ecological transition a project of before and after, or rather a permanent process of withering away from the carbon histories and futures in-the-making? What are other temporalities, and what are the temporalities of the Other— human and more-than-human subjects which are overlooked and often rendered invisible by our current Antropocentric politics of time, and thus also space? And finally, what would a shift from future tense to the present habitual tense mean for architectural and urban design and research?
© David von Becker
AWP, Parc du peuple de l’herbe
Quelle serait la valeur du contretemps pour préciser nos instruments et notre solfège de la transition territoriale ? En filant la métaphore musicale, on pourrait s’intéresser à la syncope qui effectue un déplacement de l’accent normalement placé sur un temps fort, vers un temps faible. Une note attaquée sur un temps faible et prolongée sur le temps suivant (qui est toujours un temps fort). Dans une approche syncopée, on rechercherait un dispositif spatial qui active des paramètres par séquences stratégiques en évolution progressive, qui ne s’ordonne plus à un rythme à l’unisson. Pour cela nous proposons d’explorer la figure de la « Jachère Urbaine » qui introduit un temps « mort » volontaire, une pause stratégique pour rendre des renaissances possibles. La jachère ? Il s’agit d’une pratique alternative du sol, un outil de gestion de la terre hérité d’anciennes techniques agricoles. Garder certaines terres en jachère fait partie de la rotation des cultures, mais c’est aussi une temporalité particulière qui résiste aux évaluations en termes de productivité et de profit immédiat. Il s’agit donc d’un atout stratégique par nature, une vision de l’avenir. La différentiation est la clé de cette approche, parce que l’état de jachère n’est pas propre à un site, mais est relatif à une situation entre sites et mouvements : une situation qui n’est pas active de manière productive standardisée à un moment donné peut être considérée « en jachère ». Et l’état de jachère est une condition pour réinstaurer du dialogue entre systèmes territoriaux en transition et spatialité. Alors, qu’entend-on par « Jachère urbaine » ? D’un côté, cela pourrait correspondre à la mise en pause d’un certain pourcentage du développement urbain pour contenir la crise climatique et, d’un autre côté, cela interroge la capacité de ces zones à proposer une forme urbaine alternative. Travailler le territoire, non pas depuis une position statique mais à partir de ses différents régimes d’existence, est ce que l’on pourrait décrire comme une hétéronomie du territoire, articulant le lent et le rapide, l’existant et l’invisible : une décélération régénérative.
L’économie circulaire, et en particulier le réemploi, sont présentés comme une stratégie de « prolongation de la durée de vie des produits », soit la perspective d’un ralentissement du trajet allant de l’extraction de matières premières à l’enfouissement de déchet. L’idée, derrière la notion de « métabolisme urbain » (Barles, 2002), que des flux de ressources circulent librement sur un territoire n’engendre-t-elle pas au contraire une forme d’accélération accompagnant le rythme effréné de la promotion immobilière dans les métropoles ?
Des réalisations du bureau d’étude Bellastock sont analysés au filtre de la dialectique entre flux et patrimoine (Caye, 2020) pour interroger les effets du réusage sur le « cycle de vie » des ressources matérielles mobilisées pour la construction. Il s’agit de questionner la hiérarchisation entre réemploi, réutilisation et recyclage en analysant la manière dont ces pratiques organisent des transferts entre les catégories de déchets, matière, matériaux et produits de construction. Cette réflexion sur la temporalité de ces catégories matérielles met en lumière la diversification comme un objectif alternatif à la massification de l’économie circulaire.
Louis Destombes, Simon Boudvin, Bellastock
Photos © Alexis Leclercq
En architecture, les analogies biologiques constituent un répertoire durable du renouvellement des idées et, potentiellement, un nouveau rapport à la cyclicité et à la durabilité. Afin de réfléchir sur les stratégies de transition, je propose une boussole déterminant quatre temporalités des analogies : deux sont plutôt linéaires, les deux autres plutôt cycliques. On pourrait penser que les analogies biologiques, en s’aventurant dans la connaissance des cycles du vivant, auraient systématiquement favorisé le développement de conceptions cycliques du projet, mais l’histoire montre plutôt une résistance et une adhésion des architectes aux conceptions linéaires. Les représentations cycliques se manifestent soit par des théories rétrospectives, quand les concepts misent sur une visualisation de l’histoire et de son patrimoine de formes et d’idées (historicisme comparatif, néotraditionalisme), soit par des théories rétroactives quand les concepts effectuent un retour de balancier contrariant l’obsolescence des formes et des idées pour mieux « faire agir », « faire durer » et mieux réinterpréter, régénérer, réutiliser, recycler.
Boussole temporelle des analogies (biologiques), 2024. © Jean-Pierre Chupin/ Université de Montréal
Une architecture de transition écologique, nourrie d’analogies biologiques, doit toutefois se méfier des effets de surface de la biophilie et du biomimétisme. Peut-être assisterons-nous dans un futur proche à des pratiques de transition plus « renouvelables » qui délaissent la « conduite à projet » pour penser l’architecture en donnant la priorité aux « expériences vécues » et non à la rigidité des concepts. Reste à comprendre comment élaborer de nouvelles stratégies de projet à partir d’analogies biologiques qui se focalisent sur les effets régulateurs et réparateurs des « rétroactions négatives ».
Comparaison Case Study House (Charles & Ray Eames), Maison Métropole (Jean & Henri Prouvé) et Saishogen-Jukyo (Makoto Masuzawa
Le texte Les enjeux contemporains de l’architecture face à la quantification carbone explore la manière dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de la construction peut être facilitée par une approche itérative et adaptative, inspirée de la rétrosynthèse, un concept emprunté à la chimie par Marvin Trachtenberg. La rétro-synthèse consiste à déconstruire une structure complexe en éléments plus simples pour mieux la reconstruire, un principe que Trachtenberg applique à l’architecture. Cette approche remet en question la conception linéaire des bâtiments comme objets finis, suggérant au contraire qu’ils évoluent continuellement en réponse aux changements sociaux, climatiques et technologiques. En ce sens, elle favorise la réutilisation et la transformation des bâtiments existants plutôt que leur démolition, contribuant à la réduction de l’empreinte carbone. La rétro-synthèse invite ainsi à concevoir des bâtiments durables, conçus pour s’adapter aux évolutions futures, en intégrant des techniques de construction plus modulaires et réversibles. Le texte souligne également l’importance de la rénovation et de la réutilisation des bâtiments anciens, qui ne doivent pas être figés dans le passé, mais adaptés aux nouvelles exigences environnementales. Cette approche redéfinit la notion de patrimoine architectural à l’ère de l’anthropocène, en valorisant les ressources et les infrastructures existantes.
Ce qui ne dure pas. Le temps comme motif d’incertitudes et de ruptures. Le temps dans son caractère transitoire, fragmenté et fragmentant. Inachèvements, suspensions, contingences pour et dans l’architecture
What doesn’t last. Time as a source of uncertainty and disruption. Time as transitory, fragmented and fragmenting. Inachievements, suspensions, contingencies for and in architecture
Avec le temps, les édifices changent. Ce changement est autant une source de plaisir (Ruskin, Riegl) qu’une source d’effroi, une mise en cause du rôle protecteur de l’architecture face à la terreur du temps (Harries). Cette jouissance mêlée de crainte est celle plus vaste du problème de l’identité à travers le temps (Lewis, Ricœur). Contre un fatalisme défaitiste ou un positivisme indolent, il arrive que les architectes mettent cette question au cœur de leurs projets. Tirant partie d’accidents économiques, enchevêtrant des parties aux temporalités diverses, voire simulant la collaboration architecturale des temporalités, ils bâtissent des mondes à contretemps qui nous renseignent autant sur la complexité temporelle de l’architecture que sur les dynamiques matérielles qui nous entraînent vers une altérité radicale. Méditations plus que prescriptions, ces démarches (dont celles de Toni Gironès, Eduardo Souto de Moura, Geoffrey Bawa, Cecilia Puga, Smiljan Radić et Nuno Brandão Costa fournissent des exemples) et leur interprétation ouvrent une perspective temporelle salutaire face à la course à la transition, elle-même en perte de vitesse.
Comparaison
Case Study House (Charles & Ray Eames), Maison Métropole (Jean & Henri Prouvé) et Saishogen-Jukyo (Makoto Masuzawa
How to describe today’s sense of urgency? Which concepts and tools do we need to encounter, understand, describe, and intervene in the states of crises that we are currently experiencing? Against the backdrop of contemporary demographic and social shifts, alongside the pressing environmental and climate challenges, architecture struggles with questions regarding equitable, inclusive access to space as a fundamental resource in spatial production. A critical spatial practice seeks to uncover, transform, and illuminate the vulnerable aspects of urban landscapes—spaces where participation and engagement in city-building thrive, fostering a sense of belonging and stability that is increasingly threatened in today’s context. Acknowledging transience while preserving collective memory is only possible by exploring the idea of the fragmentary as an instrument, essential for fostering community-oriented urban development and spatial production.
Once considered a mere economic externality, climate change has rapidly emerged into an inequitable force, impacting cities and human habitation. Pakistani cities are predicted to be disproportionately impacted by climate change despite contributing to less than 1% of the global carbon footprint. However, these very cities offer adaptability and unexpected resilience presenting new narratives in the discourse of climate change and the built environment. Their critical vulnerabilities challenge canonical ideas of permanence and absolute design, by continually remaking and improvising spatialities as an intuitive technique.
This paper investigates the scale and dynamics of informal urban networks of Pakistani cities and how the understanding of time as a design element is key to reshaping architectural forms. It examines intersections of improvisation in temporal spatialities from the vantage of the Global South as an alternative lens to analyze sustainable urbanism by yielding fluidity, adaptability, temporality and resilience.
Avant toute course accélérée, il y a toujours un moment de latence. Partant de l’hypothèse que les temps d’attente et de pause jouent un rôle décisif dans la mise en place de tout engrange rapide voué à une efficacité maximale des modes de transport, des systèmes de production et de consommation, cette contribution propose une réflexion sur l’espace de l’attente. De l’antichambre à la salle d’attente moderne, l’observation de cette typologie spatiale offre une perspective insolite sur les valeurs habituellement attribuées aux systèmes culturel, social et politique des temps modernes.
À partir d’une collection de témoignages, d’illustrations et de documents graphiques, ce texte souhaite contribuer au sujet de la vitesse par son revers indissociable qui est l’attente et sa formalisation architecturale. Au-delà d’une supposée neutralité, la salle d’attente est une typologie diffuse à travers l’histoire et plusieurs programmes. L’observation de son évolution et des discours qui accompagnent son existence permet de participer autrement, et par l’étude d’un objet architectural précis, aux grands récits sur l’accélération et la vitesse.
Star Wars, 1977. Princess Laia (Carrie Fischer) © National Film Archive ; Olivetti ELEA Computer, 1958-1959 (© Olivetti) et Bertoia Chairs, designer Harry Bertoia, 1956 ; Personal architecture – Vest to overcoat
En 1961, au RIBA, Banham affirmait son rôle de critiquehistorien, ou d’historien-critique, dans une conférence intitulée « L’histoire du futur immédiat » qui commençait par ces mots : « L’histoire est notre seul guide vers l’avenir ». Si Reyner Banham cherchait à rapprocher histoire et critique, son travail reposait sur des pratiques bien distinctes, qui ont d’abord nécessité, de sa part, un déplacement loin de ses bases académiques. Nécessité de trouver de nouveaux médiums, moins statiques, plus souples que les hardcover books ou les revues scientifiques et spécialisées dans lesquels il publiait son histoire, et de collaborer avec des revues, magazines mensuels ou hebdomadaires, voire des quotidiens à grand tirage. Nécessité aussi de parler le langage de la technologie, et de trouver une écriture. Cette écriture était celle de la vitesse et de l’implicite, elle était la retranscription pressée d’une voix impliquée dans les débats de son époque, souvent excessive, décalée, et toujours pleine d’humour. Sa conception de la critique architecturale jouait ainsi à contretemps de l’histoire : elle accélérait l’intégration de nouveaux objets d’étude dans les champs de la théorie architecturale. En rapprochant ainsi, jusqu’à les associer, la critique et l’histoire, Banham posait la complémentarité de leur régime temporel comme analogue à celle de leurs objets d’étude : pour lui, la critique était à l’histoire ce que le design était à l’architecture. Le seul moyen de comprendre et de servir la société au présent.
En 2013, un groupe de 8 familles, vient rencontrer l’atelier Hart Berteloot pour imaginer collectivement, un lieu d’habitat partagé, sur un résidu de parcelle non construite dans un quartier périphérique de Lille. Sept ans plus tard, à l’été 2018, après de nombreuses rencontres, ateliers, dessins, maquettes, la structure de l’immeuble, tel un casier prédéfini en bois, accueille ses premiers habitants.
La structure architecturale offre des modes d’habité singuliers à une communauté qui évolue. Les typologies de logements ainsi que les espaces partagés tel une chambre d’amis, une laverie, un garage, un atelier, un jardin, et une salle à manger collective accompagnent une communauté d’habitants qui s’agrandit et se réduit au fil des années.
En 2024, six ans après la livraison, la vie de cet ensemble collectif fait l’objet d’une captation en images. À partir de plans fixes et de prises de sons in-situ, ces images expriment le temps : le temps long de la vie d’un bâtiment et de sa structure ; mais aussi le temps présent des rythmes de la vie de ses habitants. Ici, c’est le temps qui forge l’espace avant l’architecture.
Photo © Frédéric Delesalle
Marc Armengaud
Marc Armengaud est philosophe et urbaniste, co-directeur d’AWP, agence de reconfiguration territoriale (awp.fr). Maître de conférences à l’ENSA Paris-Malaquais où il co-anime le département Mondes en Mutation.
Auteur de plusieurs ouvrages, de nombreux articles, ainsi que d’émissions de radio, il est régulièrement curateur d’expositions et de débats.
Matthias Armengaud
Architecte, urbaniste. Il est membre fondateur et directeur d’AWP agence de reconfiguration territoriale, il développe des projets internationaux, travaillant sur une grande variété de programmes tels qu’une vision territoriale pour le Grand Genève, une marquise géante en Norvège, un musée des insectes près de Paris, le plan guide de la Défense à Paris, l’extension de l’ouest de Lausanne, ou un programme de recherche international sur les villes la nuit (le protocole Troll).
Matthias a reçu de nombreux prix en France et en Europe en architecture et en urbanisme, tel que NAJA, PJU, U40, TG Académie française, ou des nominations au prix européen Mies van der Rohe (2009, 2014, 2017).
Matthias Armengaud est enseignant à l’ENSA Versailles co-directeur du master international miv_TTT et a enseigné les studios de projet au Berlage Institute TU Delft, Harvard Graduate School of Design, ou régulièrement dans des jurys internationaux.
Luc Baboulet
Luc Baboulet est architecte, chercheur à l’OCS-AUSser (UMR CNRS 3329) et enseigne l’architecture (studio, histoire et théorie) à l’ENSA Paris-Est, Université Gustave Eiffel, France, dans le cadre du Master « Transformation ». Il a contribué à l’édition française de l’œuvre de Reyner Banham, écrit des articles sur divers sujets, et fait partie du comité de rédaction de la revue Marnes, documents d’architecture. Il travaille actuellement sur la relation entre l’architecture et le temps, ainsi qu’à la rédaction d’un livre sur « l’architecture comme expérience ».
Mathieu Berteloot
Mathieu Berteloot est architecte et co -fondateur, avec Heleen Hart, de l’atelier Hart Berteloot, un bureau d’architecture et d’urbanisme basé à Lille. L’atelier est finaliste du Prix Mies van der Rohe en 2019 avec le conservatoire de Musique de Montataire et lauréat en du Grand Prix d’Architectures 10+1 en 2021 pour la réalisation d’un pôle cinématographique et festif à Marcq-en-Barœul. En 2024, l’atelier Hart Berteloot est lauréat du Prix AMO et du prix D’A 10+1 avec la réalisation d’une micro-architecture en périphérie de Lille.
Formé à l’ENSAP Lille, Mathieu Berteloot a travaillé au sein de différentes agences internationales et nationales avant de créer l’atelier Hart Berteloot en 2010. Il collabore en parallèle sur des projets de recherches et d’expositions : « Mutations » avec Rem Koolhaas et Arc en Rêve en 2000 ou encore l’exposition « Les usages du monde » avec Arc en rêve en 2021. Depuis 2009, Mathieu Berteloot est maître de conférences à l’ENSAP Lille ou il co-dirige avec Véronique Patteeuw Studio Spolia, un atelier de projets qui interroge la transformation du déjà là à l’heure du changement climatique.
Stéphane Bonzani
Stéphane Bonzani est architecte, docteur et philosophie. Il est professeur de Théories et Pratiques de la Conception Architecturale et Urbaine à l’ENSA Clermont-Ferrand où il co - dirige l’UMR Ressources. Ses réflexions portent sur l’invention en architecture et ses déplacements contemporains sous l’influence du nouveau régime climatique. Il s’efforce de tisser des liens entre architecture et philosophie, deux disciplines qui s’interpellent mutuellement et visent à penser l’habitabilité du monde.
Alejandro Campos Uribe
Alejandro Campos is a Lecturer and Researcher at the Dept. of Architecture, TU Delft, specialising in postwar Modern Architecture and the colonial dynamics behind its universalising claims. Between 2021-2023, he worked as a Marie Sklodowska-Curie Individual Fellow at TU Delft and Research Associate at the Research Center for Material Culture (Netherlands), where he developed the EU-funded research project “Multiculturalism in the work of Aldo and Hannie van Eyck”. In 2022, he organised the seminar “From Multicultural to Pluriversal. Rethinking Universalist Notions in Modern Architecture” at Leiden Volkenkunde (Ethnographic Museum), and is now co - organising the 2024 Jaap Bakema Study
Centre annual conference, “Architecture Archives of the Future”. In 2022, he was awarded the SAH Opler Membership Grant for Emerging Scholars.
Sebastian Cárcamo Chavez
Sebastian Cárcamo Chavez has cultivated a multidisciplinary career as a civil engineer and academic, focusing on the integration of architectural and engineering principles to foster sustainable construction. Educated at Universidad Técnica Federico Santa María and currently pursuing a PhD in Architecture and Urban Studies at Pontificia Universidad Católica de Chile, he emphasizes the utilization of wood as a sustainable building material. His approach merges aesthetic and structural considerations, aiming for efficient use of resources and sustainability. Through his roles in academia, particularly at the UC Center for Innovation in Wood, and through his professional practice as an engineer Sebastian has contributed to advancing the field of medium and high-rise wooden constructions in seismic zones, which lead him to the role of executive secretary of the World Conference on Timber Engineering 2021. Its current work focuses on how timber buildings should be approached in high seismic zones like Chile, where he is located.
Pierre Caye
Pierre Caye, ancien élève de l’École Normale supérieure de la rue d’Ulm, directeur de recherche au CNRS , consacre une part importante de ses recherches aux rapports entre art, économie et production en particulier à travers la question architecturale (Le savoir de Palladio, Klincksieck, 1995 ; Empire et décor, Vrin, 1999 ; L’art d’édifier de Leon Battista Alberti en collaboration avec F. Choay, Le Seuil, 2004). Cette recherche initiale l’a conduit à proposer une réflexion inédite sur les principes du développement durable dans deux ouvrages : Critique de la destruction créatrice. Production et humanisme (Les Belles-Lettres, 2015) et plus récemment Durer. Éléments pour la transformation du système productif (Belles-Lettres 2024). Il publiera le 3 octobre aux éditions Verdier Seul le temps nous appartient, réflexion sur notre rapport au temps et sur les conditions de son bon usage et de sa durabilité.
Jean-Pierre Chupin
Jean-Pierre Chupin est professeur à l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en architecture, concours et médiations d’excellence de (crc.umontreal.ca). Il co-dirige l’équipe inter-universitaire
du Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle (LEAP). Spécialiste des concours et des systèmes de reconnaissance de la qualité, il dirige des bases de données sur les réalisations contemporaines : le Catalogue des concours canadiens (CCC , ccc.umontreal.ca) et la Base de données des prix en architecture, paysage et urbanisme au Canada AREA (architectureexcellence.org). Depuis 2022, il dirige un important partenariat de recherche sur la Qualité dans l’environnement bâti au Canada : Feuilles de route vers l’équité, la valeur sociale et la durabilité. Ce partenariat rassemble 70 chercheurs de 14 universités canadiennes autour de plus de 60 organisations citoyennes et professionnelles aux niveaux municipal, provincial et national. Il a publié des ouvrages sur le raisonnement analogique, les concours de projet, les prix d’excellence, la qualité, le jugement et l’imagination architecturale. Parmi ses dernières publications : Chupin, J.-P., Cucuzzella, C. Adamczyk, G., (ed.), The Rise of Awards in Architecture, (Wilmington USA: Vernon Press, 2022) et Chupin, J.-P., Analogical Thinking in Architecture: Connecting Design & Theory in the Built Environment, (London UK: Bloomsbury, 2023).
Adria Daraban
Adria Daraban studied architecture at RWTH Aachen University, where she completed her PhD in 2021 with the thesis Figures of the Fragmentary. She has been working as an architect since 2009. Starting 2011 she has been teaching in the fields of history and theory of architecture at RWTH Aachen, TU Berlin, BU Wuppertal, University of Kassel. In 2015, Adria Daraban held a temporary professorship for the history and theory of architecture at HM Munich. From 2019 to 2021, she was a visiting professor of architectural theory at B-TU Cottbus. Adria Daraban is co - editor and author of the online journal archimaera. In 2022, Adria Daraban was chief curator of the BBSR Zukunft Bau Campus in Aachen, a joint initiative of the Federal Office for Building and Regional Planning and RWTH Aachen University. In 2023, she was appointed Professor of History and Theory of Architecture at the University of Kaiserslautern.
Carlotta Darò
Carlotta Darò est historienne de l’art et de l’architecture, maîtresse de conférences à l’ENSA Paris-Malaquais/Laboratoire ACS , et actuellement chercheuse invitée à l’ETH Zürich. Son travail se situe à l’intersection de l’architecture, des technologies du son et des études sur les médias. Elle est l’auteur
de Avant-gardes sonores en architecture (2013), Les Murs du son, le Poème électronique au Pavillon Philips (2015) et Paysage de lignes, esthétique et télécommunication (2022), à paraître chez MIT Press (2025).
Tristan Denis
Tristan Denis (1990) est architecte, enseignant et doctorant en architecture en 3e année. Sa thèse intitulée Architectures hétérochroniques est menée au LéaV sous la direction de Susanne Stacher dans le cadre d’un partenariat CIFRE avec l’agence TVK. Il y développe une réflexion théorique sur les rapports qu’entretiennent le temps et la matière dans le projet architectural contemporain et sur leurs conséquences quant à la notion d’identité en architecture. Contre une idée fixiste et définitive du projet et de l’édifice, il étudie les manières dont les architectes peuvent arranger une certaine porosité du projet à un environnement culturel et naturel essentiellement dynamique et par conséquent vecteur de transformation.
Louis Destombes
Louis Destombes est architecte DE et docteur (PhD) en architecture. Enseignant TPCAU à mi-temps à l’ENSA Paris-La Villette, il est membre du laboratoire AHTTEP / UMR Ausser. Ses recherches portent sur l’histoire des théories de la construction, et sur les défis que posent la transition écologique et le tournant numérique à la culture constructive des architectes. Coordinateur de projet au sein de la SCIC Bellastock, il mène des missions de conseil et de maîtrise d’œuvre sur le réemploi de matériaux dans des projets à l’échelle de l’aménagement, du bâtiment et du paysage. Il a notamment publié « Le détail d’architecture à l’épreuve du réemploi, médiations entre expression et expertise » in Lefebvre Pauline ; Neuwels Julie ; Jean-Philippe Possoz (Eds.), Penser-Faire, Quand les architectes se mêlent de construction, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2021.
Marc-Antoine Durand
Marc-Antoine Durand est architecte, maître de conférences à l’ENSA Clermont-Ferrand, chercheur à l’UMR Ressources. Il a travaillé en 2017 et 2018 sur les archives de Reyner Banham au Getty Research Institute à Los Angeles, recherches qui nourrissent aujourd’hui une thèse de doctorat, qu’il mène au Cerilac – Université de Paris Cité sous la direction de Paolo Amaldi. Son champ d’investigation croise les théories et critiques de la modernité et l’histoire du texte d’architecture. Ses publications récentes ou à venir : M.-A. Durand (dir.), F. Camani & M. Luguet
et les contributions de C. Ghorra-Gobin, R. Plunz, J. Taricat, K. Frampton, Suburban Housing, Paris, Building Paris, 2024, 288 p. ; M.-A. Durand, K. Filek, Traduire: Architecture, Paris: As Found Editions / Pavillon de l’Arsenal, à paraître fin 2024 ; M.-A. Durand, « Léger comme Banham : de quelques impensés modernes » in Faces, n°84, Genève, à paraître fin 2024 ; M.-A. Durand, « Les langues muettes de la modernité - Sur la 18e Biennale d’Architecture de Venise » in AOC, 16 juin 2023.
Émilie Gascon
Émilie Gascon est architecte DE , pratiquant le projet urbain auprès d’agences d’urbanisme, d’architecture et de paysage. Titulaire d’un doctorat en architecture et aménagement, elle est aussi enseignante-chercheure à l’ENSA Versailles et membre du LéaV. Ses travaux portent notamment sur les questions prospectives de transformation des milieux urbains et territoires avec les systèmes socio -hydro-écologiques dans un système Terre limité et sur les questions de fabrique de la ville avec des méthodes de co-conception en particulier. En 2021, elle reçoit avec l’équipe D&A, le Grand Prix national Amiter.
Olivier Gaudin
Docteur en philosophie de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Olivier Gaudin est maître de conférences à l’École de la nature et du paysage (Institut national des sciences appliquées Centre-Val de Loire), chercheur rattaché au laboratoire Ambiances, Architectures, Urbanités (AAU_Cresson), et associé au Centre d’étude des mouvements sociaux (EHESS). Ses travaux portent sur la philosophie pragmatiste, les études urbaines, le cinéma et l’histoire culturelle des paysages (une trentaine de textes parus dans des revues et ouvrages collectifs). Il a co-dirigé, avec Alexis Cukier, Les Sens du social, philosophie et sociologie (PUR, 2017) et contribué à l’ouvrage photographique de Beatrix von Conta, Oileáin Árann, (Créaphis, 2022). Il est responsable éditorial des Cahiers de l’École de Blois, membre du comité éditorial de Marnes, documents d’architecture et des rédactions des revues en ligne Métropolitiques et Pragmata. Revue d’études pragmatistes.
Alain Guez
Alain Guez est professeur à l’ENSA ParisMalaquais. Architecte-urbaniste, docteur en Planification territoriale et environnementale, Habilité à Diriger des Recherches (HDR) en aménagement de l’espace et urbanisme. Il travaille sur les chronotopies, une approche conjointe de l’espace et du temps dans la pensée, les expériences, les pratiques, les dispositifs
et les significations des milieux habités. Il co-coordonne le thème de recherche Composer avec les temps du Laboratoire Architecture Anthropologie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, d’articles et de contributions à des revues nationales et internationales. Il a récemment publié C comme Chronotopie, issu de son HDR (2019), « Des chronotopes et de la chronotopie. Une approche critique et poétique des spatialités contemporaines ».
Hélène Marcoz
Hélène Marcoz est une artiste française diplômée de l’ENSA de Bourges. Elle réagit par la photographie et la vidéo à la complexité du réel et aux multiples perceptions qui en découlent et cherche à évaluer les liens qui se tissent entre regard, image, lieu et temporalité. Son travail prend aussi source dans l’observation du quotidien ; il s’agit toujours d’images empruntées à la réalité qui l’entoure. Enfin, elle réfléchit à la relation qui existe entre la peinture et la photographie ou la vidéo.
Soutenue par la DRAC , la région Hauts-deFrance, la région Centre et Pictanovo à plusieurs reprises, son travail est exposé régulièrement en France comme à l’étranger et appartient à diverses collections publiques et privées (Palais des Beaux-Arts de Lille, Musée des BeauxArts de Nantes, SAMOA, CACP Villa Pérochon…).
Sa dernière exposition personnelle a eu lieu au Palais des Beaux-Arts de Lille au sein des collections permanentes. À cette occasion, une publication a été éditée par Inventait, intitulé L’empreinte du temps. Elle comprend des textes théoriques autour de la relation entre la peinture et la photographie dans l’histoire de l’art et dans la démarche de l’artiste (textes de Dominique de Font-Réaulx, Héloïse Conésa, Liliana Albertazzi, Sonia Florient, Jean-Marie Dautel et Régis Cotentin).
Ses dernières expositions collectives ont et lieu à la BNF (Bibliothèque Nationale de France), au Palais des Beaux-Arts de Lille et à la Galerie Bayasli en 2023-2024. Elle enseigne à l’ENSAP de Lille.
Marija Marić
Marija Marić is an architect, researcher, and curator based in Luxembourg. She works as a postdoctoral research associate at the Master in Architecture, University of Luxembourg, where she also teaches. In 2020, Marija obtained her doctoral degree from the Institute for the History and Theory of Architecture (GTA), ETH Zurich with a thesis that analysed the role of communication strategists in the design, mediation, and globalisation of the built environment. In 2023, she co-curated
Luxembourg Pavilion at the Venice Architecture Biennale with an exhibition that critically unpacked the industrial project of space mining, focusing particularly on the question of resources. Marija’s work is organised around the questions of property, housing, resources, and the production of the (built) environment in the context of global capitalism and global flow of information.
Mathieu Mercuriali
Mathieu Mercuriali est architecte DPLG , urbaniste, docteur en architecture de l’EPFL , professeur TPCAU des ENSA et chercheur dans les laboratoires de l’EVCAU et du LIAT. Il a une expérience de plus de 20 années en tant qu’architecte maître d’œuvre, directeur de projet conception et réalisation, dans différentes agences d’architecture de renommée internationale en France et aux Pays-Bas (Patrick Berger et Jacques Anziutti, Nouvelle AOM, OMA, TVK). Depuis 2010, il est chercheur et enseignant successivement à l’EPFL à Lausanne, à l’ENSA de Paris-Malaquais, de Versailles, de Strasbourg et aujourd’hui à l’ENSA de Paris-Val de Seine. Il s’intéresse tout particulièrement aux projets de grande échelle, à la rencontre entre infrastructure et urbanisme, en lien avec leurs milieux. Depuis sa thèse, qui est à l’origine de l’ouvrage Concevoir à grande échelle (éditions B42, 2018), ses travaux de recherche se sont orientés sur l’impact des infrastructures sur les milieux vivants. Il instaure une forme de dialogue historique, théorique et critique, entre l’obsolescence des infrastructures et la résilience des milieux vivants, en prenant notamment la figure du cheval, comme médiateur de la relation Humains-Nature.
Antoine Picon
Ingénieur, architecte et historien de formation, Antoine Picon est professeur d’histoire de l’architecture et des techniques à la Graduate School of Design de l’Université Harvard. Il est également président de la Fondation Le Corbusier. Parmi ses publications récentes on peut mentionner : L’Ornement architectural, entre subjectivité et politique (2017), La Matérialité de l’architecture (2018) et Natures Urbaines. Une histoire technique et sociale (2024).
Philippe Rizzotti
Philippe Rizzotti, architecte et enseignantchercheur, développe des projets de recherche sur l’empreinte environnementale de la construction. Une étape de cette recherche a été présentée en 2021 au Pavillon de l’Arsenal à Paris, et publiée dans L’Empreinte d’un habitat, construire léger et décarboné, déjà réédité deux
Quelles stratégies temporelles pour une architecture de la transition ?
fois. Philippe Rizzotti est également praticien et réalise des équipements publics dans le domaine des arts et sciences, comme les nouvelles serres de la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris ou celles du jardin botanique de la ville de Besançon. Il développe également une expertise sur la préfabrication qu’il applique à différents types de bâtiment. Sa réflexion architecturale tente de relier recherches académiques et pratiques expérimentales pour créer des habitats économiques et autonomes à très faible empreinte environnementale. Ses travaux ont été publiés et exposés dans les Biennales d’Architecture de Venise (2006, 2008), de São Paulo (2019) et de Rotterdam (2022).
Ayesha Sarfraz
Ayesha Sarfraz is an Assistant Professor in the department of Architecture at the Indus Valley School of Art and Architecture in Karachi. She is a co-founder of the urban research unit, TURF and principal architect of the design studio, MAS Architects.
Ms. Sarfraz was a Fulbright scholar and has a Masters of Architecture from the University of Michigan, Ann Arbor. She earned her undergraduate degree in architecture with a distinction from the National College of Arts in Lahore in 2007.
Zhang Xiaojun
Zhang is a PhD student from the Chinese University of Hong Kong, studying the transition of rural villages in the urbanising megacity region of the Greater Bay Area in China. He previously obtained his Master’s degree in Architecture from the University of Michigan and a Bachelor’s degree in Architecture from the South China University of Technology. Formerly worked as an architect and currently residing in Shenzhen, he stands inside the changes of time, observing as an apprentice, practising as a designer and living as a populace.
Paolo Amaldi
Paolo Amaldi est un architecte et un théoricien italo-suisse diplômé de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Il et associé du bureau Amaldi Neder à Genève qui a remporté de nombreux concours d’architectures nationaux et internationaux. Il est professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val de Seine et directeur de thèses auprès des laboratoires de recherche Cerilac et EVCAU de l’Université de Paris-Cité. Il est rédacteur en chef de la revue Faces. Il a été chercheur invité résident au Centre Canadien d’Architecture de Montréal et a enseigné à l’Université Catholique de Louvain, à l’Accademia di architettura de Mendrisio, à l’Université de Montréal, à l’Institut d’architecture de Genève et à l’ENSA de Versailles. Ses textes s’intéressent aux mécanismes de perception en art et en architecture. Parmi ses livres : Livio Vacchini, i paradossi della forma costruita (Mendrisio Academy Press, Silvana Editoriale, 2024), Lo sguardo che spazia, storia e teoria della percezione in architettura e in arte, (Mondadori/LeMonnier, Firenze, 2014) et Architecture, profondeur, mouvement (Infolio, Gollion, 2012).
Cauê Capille
Professor at the Faculty of Architecture and Urbanism of the Federal University of Rio de Janeiro (FAU UFRJ) and at the Graduate Programme in Urbanism (PROURB FAU UFRJ). Architect (FAU UFRJ, 2011); PhD in Architecture (the Bartlett UCL , 2016); FAPERJ Post-Doctoral Researcher at PROURB FAU UFRJ (2017-18); Urban Studies Foundation Fellow at ENSA ParisMalaquais (2021-22); Visiting Researcher at Royal College of Art (2021-22). He is currently Communication Coordinator at FAU UFRJ. His research and design studios focus on the relationship between architectural design, political and urban theories and ordinary urban conditions. His works have been awarded and exhibited on different occasions, including the Ibero-American Biennial, the São Paulo International Architecture Biennial; the European Cultural Centre in Venice (parallel to the Architecture Bienale);
and the RIBA President’s Awards for Research. More information at: cauecapille.arq.br
Florian Hertweck
Florian Hertweck is an architect and urban researcher. He is co-co-founder of Less Yellow Architecture Urbanism and has been a full professor at the University of Luxembourg since 2016, where he directs the master’s program in architecture. In 2018, he curated the Luxembourg Pavilion at the 16th Venice Architecture Biennial on the Question of Land. More recently, he co-curated the exhibition The Great Repair at the Akademie der Künste in Berlin and the Pavillon de l’Arsenal in Paris. His major publications include Architecture on Common Ground. Positions and Models on the Question of Land (Lars Müller Publishers, 2020), Dialogic City. Berlin wird Berlin (with Arno Brandlhuber and Thomas Mayfried, Walther König Verlag, 2015), The City in the City. Berlin: a Green Archipelago, a critical re-edition of Oswald Mathias Ungers’ and Rem Koolhaas’ manifesto from 1977 (with Sébastien Marot, Lars Müller Publishers, 2013); Climat(s) (with Thierry Mandoul, Jac Fol, and Virginie Lefebvre, Infolio, 2012).
David Malaud
David Malaud est architecte diplômé d’État, et docteur en architecture de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de VersaillesUniversité Paris-Saclay. Après avoir travaillé quatre années pour l’Atelier International du Grand Paris, il est actuellement maître de conférences associé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nancy, et directeur de la recherche au sein de l’agence d’architecture et d’urbanisme TVK. A un niveau fondamental, ses travaux portent sur les processus créatifs et les imaginaires mobilisés dans le cadre des projets architecturaux et urbains. Ces recherches théoriques s’articulent avec des travaux plus appliqués sur des thèmes tels que l’écologie des sols urbains, les pratiques de transformation et la prospective territoriale face aux enjeux climatiques. Il est également membre fondateur de l’association Learning from Detroit qui mène une enquête sur l’hospitalité dans les territoires urbains.
Susanne Stacher
Susanne Stacher est architecte et critique d’architecture. Après avoir commencé sa carrière dans les agences d’architecture de renom international, tels que Renzo Piano, Dominique Perrault, Morger & Degelo, Ibos & Vitart et Shigeru Ban, elle s’est consacrée à la recherche et à l’enseignement. En tant que professeure, elle enseigne la théorie et la pratique
d’architecture à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, où elle dirige un séminaire de doctorat en lien avec la Cergy Paris Université (CY), elle encadre 9 doctorats avec la méthode « recherche par projet ». Son domaine de recherche se situe à la jonction de l’architecture et de l’urbanisme, de la théorie, de l’histoire et de la philosophie. Elle est l’auteur des livres Sublimes visions. Architectures dans les Alpes (Birkhäuser, 2018) et Architecture en temps de crise. Stratégies actuelles et historiques pour la conception de « mondes nouveaux » (Birkhäuser, 2023). Ses recherches actuelles se concentrent sur les crises et les possibles récits pour la conception de projets qui esquissent un autre rapport au monde – une thématique qu’elle explore également dans son enseignement.
Véronique Patteeuw
Véronique Patteeuw is associate professor at the École Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage in Lille and lecturer at KUL and EPFL Lausanne. She is the academic editor of OASE, Journal for Architecture. Her research focuses on the relevance of postwar architectural theory in relation to today’s new climate regime. She co-curated “It’s about Time”, the tenth Rotterdam International Architecture Biennale (2022). Patteeuw has recently published It’s About Time, The Architecture of Climate Change (2024) and co-edited The architect as Public Intellectual (2024), Authorship (2022) and Modernities (2021). She contributes regularly to journals such as Architecture Theory Review, Faces, Architectural Histories, Log, etc.
→ Susanne Stacher
ENSA Versailles, President of the Board
→ Pedro Alonso
Universidad Católica de Chili
→ Paolo Amaldi
ENSA Paris-Val de Seine, EVCAU
→ Cauê Capillé Universidade Federal do Rio de Janeiro
→ Florian Hertweck University of Luxembourg
→ David Malaud Director of Research, TVK
→ Véronique Patteeuw
ENSAP Lille
→ Nathalie Simonnot Director of the ENSA Versailles laboratory
→ Susanne Stacher ENSA Versailles, President of the Board
→ Paolo Amaldi
ENSA Paris-Val de Seine, EVCAU
→ Tristan Denis
PhD candidate, ENSA Versailles / CY Cergy Paris Université