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Au volant, soyez toujours vigilants avec vos angles morts !
En Région de Bruxelles-Capitale, la problématique des angles morts est un enjeu majeur de sécurité routière. En effet, de nombreux accidents sont liés à ce danger de la route encore trop méconnu, voire sous-estimé, mais pourtant bien réel. Afin de sensibiliser ses membres à cette thématique, Embuild.Brussels collabore avec Bruxelles Mobilité à ce sujet et va mener une campagne de sensibilisation auprès de ses membres.
Commençons par quelques statistiques intéressantes à savoir. En Région de Bruxelles-Capitale, on déplore 380 accidents/ an liés à des poids lourds (25 %) ou à des camionnettes (75 %), des véhicules particulièrement concernés par la thématique de cet article. Depuis 2019, sept cyclistes sont décédés en Région bruxelloise, dont cinq d’entre eux dans une collision de type angle mort. Et en 2024, trois décès (deux piétons et un cycliste) sur les huit au total sont également liés à un accident de ce type, avec un conducteur de camion impliqué. « C’est presque la moitié, le pourcentage est donc énorme et c’est un point d’attention important pour Bruxelles Mobilité. Vu que ces accidents concernent généralement des conducteurs de camions/camionnettes qui entrent en collision avec des usagers vulnérables (cyclistes, piétons, usagers de trottinette ou deux roues motorisées), sensibiliser le secteur de la construction est important. Nous comptons donc sur une fédération comme Embuild pour faire passer des messages à ses membres, organiser des formations avec des conseillers en prévention, leur proposer des outils, voir comment communiquer et via quel support », explique ISABELLE JANSSENS de Bruxelles Mobilité.
Un angle mort ?
Mais attardons-nous un peu sur ces deux mots : angle mort. Il s’agit des zones que vous ne pouvez pas, ou très difficilement, voir lorsque vous conduisez. Dans l’imaginaire collectif, on pense directement aux côtés d’un véhicule non visibles via les rétroviseurs. Oui, mais ce n’est pas tout à fait complet. « Prenons le cas d’un camion par exemple. On observe quatre zones principales d’angle mort : le flanc droit et gauche, au-delà de la zone couverte par le rétroviseur, mais aussi l’arrière du véhicule et l’avant juste au droit de la cabine et également plusieurs zones liées aux montants du parebrise. Plus les véhicules sont longs et larges, plus les angles morts sont importants », souligne Isabelle Janssens. « Les scenarii types d’un accident sont un camion qui redémarre et qui n’a pas vu un piéton qui traverse juste devant le véhicule ou un cycliste qui attend à un feu rouge. Ou encore un camionneur qui change de direction et qui heurte un usager vulnérable situé sur une autre bande de circulation. »
Conseils
Pour les conducteurs, Bruxelles Mobilité formule six conseils principaux : bien régler et entretenir ses rétroviseurs, connaître et surveiller les angles morts, adopter une technique de regard efficace, faire preuve de vigilance lors des manœuvres, prendre en compte les usagers vulnérables et adapter sa conduite selon l’environnement. « Je rajouterais aussi l’importance d’intégrer le critère de l’angle mort lors d’un achat de véhicule (rétroviseur ou caméra 360°) et apposer un autocollant attention angles morts bien visible de tous. »
Dans le cas d’un camion, on observe quatre zones principales d’angle mort.
Pour le secteur de la construction, Isabelle Janssens évoque spécifiquement le cas londonien de la certification « FORS », qui pourrait être importé en Belgique. « Il y a quelques années, la ville de Londres avait constaté que beaucoup d’accidents sur son territoire étaient liés à des véhicules de chantier. Elle a donc mis au point cette certification pour les entreprises et conducteurs de camions. Les véhicules devaient être équipés pour lutter contre les angles morts et les conducteurs formés. Suite à cela, la situation s’est bien améliorée. »

Infrastructures
Outre ces conseils, l’administration en charge de la mobilité bruxelloise a aussi mis des choses en place pour lutter contre ce phénomène, notamment au niveau des infrastructures. « Aux feux rouges, il existe de nombreuses zones avancées pour cyclistes qui sont bien visibles. Quand il n’y a pas cette zone, la ligne d’arrêt a été reculée. Il y a aussi les panneaux B22 et B23 qui autorisent les cyclistes à passer, même quand le feu est rouge, pour ne pas rester bloqués près des camions. Enfin, nous avons aménagé des carrefours à la hollandaise, un aménagement spécifique avec des îlots en forme d’amandes pour une meilleure visibilité de chaque usager », indique Isabelle Janssens.
Dans cette thématique, tous les usagers de la route sont concernés. « Il n’y a pas que les conducteurs, tout le monde est impliqué et chaque usager est une partie de la solution. Dans notre plan d’action , nous voulons agir sur les accidents impliquant les conducteurs de camions et de camionnettes, mais aussi sensibiliser les usagers vulnérables comme les piétons et les cyclistes en menant notamment des campagnes de sensibilisation auprès du grand public ou de l’éducation dans les écoles. »
Cette thématique est placée très haute dans nos préoccupations. Et sensibiliser un secteur comme celui de la construction peut contribuer à diminuer le nombre d’accidents dans ce domaine.
Zéro tué à l’horizon 2030
L’objectif final de la Région de Bruxelles-Capitale est d’atteindre zéro blessé et zéro tué à l’horizon 2030. « En moyenne, on dénombre encore une vingtaine de morts/an liés à un accident de la route. En janvier 2021, nous avons instauré le concept de Ville 30 pour baisser la vitesse. Il porte ses fruits et ça a largement diminué le nombre de tués. En 2023, six personnes ont perdu la vie à Bruxelles. Nous nous sommes donc attaqués à la vitesse, et cette Ville 30 a permis de constater d’autres accidents comme ceux liés aux angles morts. Cette thématique est placée très haute dans nos préoccupations. Et sensibiliser un secteur comme celui de la construction peut contribuer à diminuer le nombre d’accidents dans ce domaine », conclut Isabelle Janssens.