Dossier pédagogique exposition Diapositive, Histoire de la photographie projetée

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Dossier pédagogique Diapositive. Histoire de la photographie projetée. Du 1er juin au 24 septembre 2017 Dossier pédagogique


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Chers enseignants et éducateurs, Le Musée de l’Elysée vous invite à découvrir l’exposition Diapositive. Histoire de la photographie projetée présentée jusqu’au 24 septembre 2017 à Lausanne. La visite de l’exposition est une occasion unique d’explorer l’histoire de ce dispositif à travers un ensemble de pièces qui traverse le temps, de 1850 à aujourd’hui. Vous y découvrirez également des œuvres de photographes et d’artistes contemporains intégrant la projection. L’exposition retrace l’histoire de cette forme alternative de diffusion des photographies : la diffusion des savoirs, la quête de la couleur et l’essor d’une pratique amateure sont autant de questions posées par ce thème. Pour faciliter la compréhension des œuvres de l'exposition, nous vous proposons un dossier pédagogique qui contient les informations essentielles concernant la structure de l’exposition, ainsi que quelques œuvres représentatives de la variété et de l’originalité des projections qui y sont présentées. Ces œuvres, parfois inattendues, entretiennent toutes un lien avec la notion d’immersion, propre à la photographie projetée dès son s origine. Afin de préparer votre visite, nous vous encourageons à pré-visiter nos expositions. En vous annonçant à l’avance au département de la médiation culturelle, votre entrée sera gratuite. Pour l’organisation d’une visite guidée ou visite libre scolaire, veuillez prendre contact avec l'accueil du Musée de l’Elysée au 021 316 99 11. Une visite pour enseignants est également prévue le 7 juin à 12h30. Toutes les informations concernant la médiation culturelle sont disponibles sur notre site Internet : www.elysee.ch (rubrique "Autour de la visite"). Nous serions très heureux de collaborer avec vous et ravis d’accueillir vos élèves. Bonne visite !

Responsable de la médiation culturelle Afshan Heuer Musée de l’Elysée Tél. : 021 316 99 13 afshan.heuer@vd.ch www.elysee.ch

Les contributeurs du dossier pédagogique Rédaction et réalisation : Afshan Heuer, Margot Nguyen et Emilie Delcambre Hirsch

Commissaires d'exposition : Anne Lacoste et Carole Sandrin pour le Musée de l'Elysée, Nathalie Boulouch et Olivier Lugon assités d'Emilie Delcambre Hirsch.

En couverture : Publicité Kodak pour le film Kodachrome, 1940-1950 © Kodak / Photo Musée de l'Elysée, Lausanne Sur cette page : Josef Svoboda, Emil Radok and Miroslav Pflug, STVOŘENÍ SVĚTA (La création du monde), Vue d’installation, 1967 © Josef Svoboda Archives


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Diapositive. Histoire de la photographie projetée Table des matières 1 . Préparation de la visite •

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Présentation de l'exposition • Section I : L'image de lumière • Section II : Le dispositif • Section III : La séquence • Section IV : La séance

2 . Autour de la visite

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3 . Agenda et informations pratiques

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L’exposition bénéficie du précieux soutien de La Loterie Romande, du Cercle du Musée de l'Elysée et de la Fondation Leenaards.

Publicité Kodak pour le projecteur Cavalcade, 1960 © Kodak / Photo Musée de l'Elysée, Lausanne

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1. Préparation de la visite Présentation de l'exposition Avec Diapositive. Histoire de la photographie projetée, le Musée de l’Elysée présente une des premières expositions consacrées à la diapositive, sujet souvent délaissé ou méconnu dans l’histoire de la photographie par rapport à celui du tirage papier et de l'épreuve. Le mot diapositive désigne une photographie positive tirée sur un support transparent (verre ou film), généralement destinée à être projetée sur écran grâce à une source lumineuse et une lentille. Renouant avec la tradition ancienne des spectacles de lanterne magique (son ancêtre) et constituant une forme alternative de diffusion de la photographie, la projection photographique gagne vite en popularité dès son développement dans les années 1850. Au fil du temps, les techniques et supports se développent et les utilisations de la diapositive se multiplient. Utilisant d'abord des supports en verre, la photographie projetée a dès ses débuts joué un rôle important dans l’éducation et la dissémination des savoirs ainsi que dans une pratique amateure. A partir de la fin des années 1960, la diapositive s’affirme également dans le milieu artistique. Deux progrès majeurs ont contribué au succès singulier de la diapositive : l’invention et la démocratisation de petits appareils photographiques employant des supports souples 35mm et l’invention du film inversible couleur. Le film Kodachrome, mis au point pour la photographie par l’entreprise américaine Kodak en 1936, sera le plus vendu au monde. Afin que le visiteur puisse se rendre compte de la diversité des usages du médium et de son impact dans plusieurs sphères (éducative, artistique et intime), l’exposition est divisée en quatre sections : les caractéristiques de l’image de lumière, le dispositif, la séquence et la séance. Les œuvres présentées couvrent la période depuis l’invention de la photographie sur verre destinée à la projection par les frères Langenheim en 1850 jusqu’aux projets d’artistes contemporains qui emploient le procédé de la diapositive dans sa forme analogique. Le dossier pédagogique présentera une sélection d’œuvres pour chaque section thématique. Nous vous rappelons que des notices développées de toutes les œuvres sont disponibles dans les salles d’exposition.

Film inversible couleur : film enregistrant la lumière après traitement et restituant une image positive de l’objet photographié (son aspect tel qu’il a été enregistré), contrairement à l’image négative qui inverse les valeurs de l’image. Photographie analogique : cette technique photographique permet l'obtention d'une photographie par l'exposition d'une surface sensible à la lumière. Elle s'oppose à la photographie numérique, qui utilise un capteur électronique et produit un fichier immatériel.

Marcel Broodthaers, Bateau Tableau, 1973 © Estate Marcel Broodthaers


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Section I : L'image de lumière (Rez-de-chaussée) La première section de l'exposition se concentre sur l'objet diapositive, ses qualités et son évolution. Le préfixe grec dia, qui signifie à travers, rappelle le rôle fondamental de la lumière dans la photographie projetée. Dès son invention, les premières plaques de projection sur verre sont très appréciées pour des usages populaires. Au premier congrès international de la photographie en 1889, le format de vue sur verre est normalisé (8,5 x 10 cm) afin qu’il puisse s’adapter à toutes les lanternes de projection. Le milieu de l’édition commence à publier de nombreux catalogues de séries de vues sur verre sur des sujets divers (de la science et la géographie à l’histoire et l’art) destinées à être utilisées comme supports pédagogiques. Le support rigide en verre sera remplacé par des supports souples. Albert Kahn (1860-1940) Les Archives de la Planète, 1909-1931 Collection Musée départemental Albert-Kahn Entre 1909 et 1931, Albert Kahn, banquier et philanthrope français, réunit un fond iconographique important destiné à disséminer la connaissance de la diversité des cultures humaines. Constitué de 72'000 autochromes, d'une centaine d’heures de films et de plus d'un millier de photographies, les Archives de la Planète forment un véritable inventaire de l’état du monde au 20e siècle. Animé par un esprit humaniste, Kahn consacre sa fortune personnelle au financement de ce vaste projet de campagnes photographiques et cinématographiques dans une cinquantaine de pays, notamment en Europe et en Asie. Plus de 800 projections sont organisées autour de 75 sujets pour une audience constituée principalement d’érudits. Kahn est porté par la conviction que la connaissance des cultures étrangères encourage la paix. Alfred Stieglitz (1864-1946) Plaques de projection, entre 1886 et 1908 Collections George Eastman Museum et Art Institute of Chicago Né en 1864 dans le New Jersey (Etats-Unis), Alfred Stieglitz s’intéresse à la photographie dès son plus jeune âge. Après sa formation dans une école d’ingénieur en Allemagne, il s’initie à la pratique photographique puis retourne aux Etats-Unis (à New York) en 1890 avec l’objectif de prouver que la photographie mérite sa place dans les beaux-arts au même titre que la peinture et la sculpture. Ce pionnier du mouvement pictorialiste développe un vif intérêt pour les vues sur verre, la projection étant le meilleur moyen à l’époque d’exposer et de faire circuler les travaux photographiques. En organisant des concours de photographie projetée et au travers de ses articles sur la richesse chromatique du procédé qu’il publie, le jeune photographe s’emploie à promouvoir la photographie sur verre, au même titre que l’épreuve sur papier. L’installation présente une sélection de ses plaques de projection réalisées entre 1886 et 1908.

Autochrome : le brevet du procédé de l’autochrome est déposé par Louis Lumière en 1904, avant sa commercialisation à partir de 1907. Ce procédé photographique de restitution directe des couleurs est l’ancêtre de la diapositive. Il consiste en une image en couleur, unique et sur plaque de verre, qui s’observe par transparence (grâce à une source lumineuse placée derrière la plaque) ou par projection. La couche pigmentée translucide qui se trouve sur la plaque de verre est composée de grains de fécule de pomme de terre sur lesquels est déposé une émulsion. Selon le principe de trichromie, trois teintes s’y combinent (rouge-orangé, violet et vert), ce qui permet de recréer une grande variété de couleurs sur l’image. L’autochrome domine le marché jusqu'à l’avènement des films inversibles (Kodachrome et Agfacolor) dans les années 1930. Pictorialisme : ce mouvement artistique international naît à la fin du 19e siècle. Il réunit un certain nombre de photographes (comme R. Demachy, H. Kühn ou encore E. Steichen…) autour de l’idée selon laquelle la photographie doit être considérée comme un médium à forte valeur esthétique, ayant une place à part entière dans la hiérarchie des beaux-arts. Les pictorialistes utilisent divers procédés de retouche manuelle sur leurs photographies, comme la gomme, le charbon ou encore l’huile et privilégient l'épreuve papier, ce qui leur permet d'obtenir des rendus proches de la peinture. Il s'agit de la première école de photographie artistique, qui se diffusera notamment par le biais de revues spécialisées. Le pictorialisme perdurera jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale.

Cavalier Mongol sur la route d'Ourga, Autochrome, 1913, A 3 957, Collection Archives de la Planète - Musée Albert-Kahn/Département des Hauts-de-Seine (collections.albert-kahn.hauts-de-seine.fr)


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Dan Graham (1942) Project for Slide Projector, 1966-2005 Collection Astrid Ullens de Schooten/Fondation A Stichting Dan Graham est un artiste conceptuel, critique d’art, théoricien et commissaire d’exposition américain qui vit à New York. Son travail est connu notamment pour interroger les relations entre l’espace privé et l’espace public et questionner la place du spectateur dans l’art. En 1966, il expérimente pour la première fois la projection lors de la création de sa pièce Homes for America. Conceptualisé la même année sous la forme d’instructions puis d’un texte publié en trois versions en 1969, Project for Slide Projector a été réalisé une première fois par un étudiant de l’artiste dans les années 1970, puis recréé en 2005. Ce projet constitué d’une série de diapositives est emblématique et condense les préoccupations de l’artiste. Dans ces 80 images, l'opérateur photographie son reflet sur un cube fait de plaques de verre afin de créer une ambiguïté spatiale. La réflexion lumineuse du verre, renforcée par les effets de transparence propres au dispositif, accentue le trouble visuel du regardeur.

Section II : Le dispositif (Rez-de-chaussée) La deuxième section de l’exposition se focalise sur les avancées techniques des dispositifs de projection qui ouvrent la voie à de multiples possibilités de création artistique. Autrefois associée au monde de l’éducation ou du divertissement, la projection conquiert enfin l’exposition au début des années 1960 grâce à l’automatisation des appareils. Les images se multiplient, accompagnées souvent d’une bande-son, et les projections se transforment en de véritables spectacles immersifs. Une présentation des dispositifs de projection permet de retracer leur histoire, de la lanterne au projecteur. Bertrand Gadenne (1951) Les Papillons, 1988 Collection Musée de l’Elysée Bertrand Gadenne, artiste plasticien français, réalise Les Papillons en installant la projection photographique de façon inhabituelle. En projetant vers le sol une seule diapositive qui figure deux insectes (papillons), il transforme le corps du spectateur en support de projection. Les papillons, qui semblent être invisibles au premier abord, servent de métaphore pour illustrer le caractère immatériel de l’image projetée. L’œuvre permet au spectateur de retrouver l’effet d’émerveillement produit par la matérialisation d’une image projetée. Art conceptuel : l'art conceptuel est un mouvement artistique né dans les années 1960 et 1970. Il ne définit plus l'art comme un objet matériel aux qualités esthétiques mais valorise le concept et l'idée d'art, dans la lignée du travail de Marcel Duchamp. Dans le champ de la photographie, le mouvement conceptuel poursuit des buts informatifs et documentaires, en utilisant des stratégies parfois répétitives.

Dan Graham, Project for Slide Projector, 1966-2005 © Dan Graham, courtesy Marian Goodman Gallery. Collection : Astrid Ullens de Schooten / Fondation A Stichting, Bruxelles


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Charles (1907-1978) et Ray Eames (1912-1988) Glimpses of the USA, 1959 Collection Eames Office Charles Ormond Eames Jr. et Bernice Alexandra « Ray » Eames (née Kaiser) sont un couple de designers américains qui a contribué de manière significative au développement de l’architecture moderne et du mobilier ainsi qu’à l’évolution du design vers la production de masse. Le couple a également travaillé dans les domaines du design graphique et industriel, des beaux-arts et de la cinématographie. En 1959, en pleine période de guerre froide entre les États-Unis, l'URSS et leurs alliés respectifs, après une exposition de l’URSS sur les réalisations remarquables du pays présentée à New York, le gouvernement américain propose aux russes d’organiser à Moscou une exposition similaire sur le thème de l’« American way of life ». L’USIA (l’Agence d’information des Etats-Unis) mandate les Eames qui produisent un film de 13 minutes présenté sur sept écrans. Positionné au centre d’un dôme géodésique, cette multiprojection est constituée de diapositives de la vie quotidienne américaine transférées sur film et commentée par Charles Eames. Fréquentée par trois millions de visiteurs en six semaines, Glimpses of the USA (« Aperçus des États-Unis ») sera l’une des attractions les plus populaires de l’Exposition nationale américaine. Le Corbusier (1887-1965) Poème électronique, 1958 Collections Philips Company Archives et Fondation Le Corbusier Pour l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, M. Kalff, directeur de la société Philips, contacte Le Corbusier pour la réalisation d’un pavillon qui servirait à mettre en avant les dispositifs sonores les plus techniquement avancés de l’époque. Le Corbusier, architecte, urbaniste, peintre et sculpteur suisse de renom, propose un « poème électronique » à la place d’un étalage de produits. Son objectif est d’éclipser l’innovation en concevant « une bouteille »1 encapsulant le poème électronique. Cette « bouteille » aura l’aspect d’une tente dans laquelle le son peut circuler, offrant ainsi une expérience physique à la place d’un contenant rigide. Sous la direction de Le Corbusier, le Poème électronique est composé en 1958 par Edgard Varèse, père de la musique électronique spatialisée. L’architecture du pavillon est confiée à Iannis Xénakis, architecte, compositeur de musique contemporaine et collaborateur privilégié de Le Corbusier. L’œuvre est composée d’images projetées sur deux des parois de la structure, de musique d’Edgar Varèse et de lumière. Tous ces éléments se mélangent à l’intérieur des surfaces convexes et concaves du pavillon. Ainsi, le spectateur est placé au centre d'émotions et de sensations visuelles qui le déstabilisent, et qui provoquent chez lui une perte de repères spatiaux.

Dôme géodésique : dans le domaine de l’architecture, ce terme est utilisé pour désigner une structure sphérique qui tient sans pilier, par la seule rigidité des éléments triangulaires équitablement répartis sur toute la surface du dôme qui la composent. Ces éléments triangulaires résultent des croisements entre une multitude de barres métalliques, à la manière d’un treillis. Musique spatialisée : la spatialisation sonore définit l'action consistant à créer l'illusion qu'un son provient de diverses directions dans l'espace, afin de reproduire des scènes sonores en trois dimensions. Dès les années 1900, Edgard Varèse abandonne les méthodes de composition classiques pour explorer la matière sonore et sa possible spatialisation.

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Selon ses propres termes : « Je ne ferai pas de pavillon ; je ferai un poème électronique avec la bouteille qui le contiendra », lettre à Fernand Ouellette citée dans Edgard Varèse, Paris, Seghers, 1966.

H. P. Bänninger, Vue de l’installation Globovision, Expo 64 © Rudi Meyer & Gérard Ifert / Photo H.P. Bänninger, 1964


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Section III : La séquence (Sous-sol) La projection photographique implique naturellement la constitution d’une séquence d’images qui défilent sur l’écran, créant de nouveaux modes de lecture de la photographie. La séquence permet l’émergence d’un caractère narratif, se rapprochant ainsi du monde du cinéma. Dès le 19e siècle, l’utilisation de lanternes à double ou triple corps et l’usage de plusieurs projecteurs vise à combiner plus d’images et à plonger le spectateur dans une projection immersive. Au fil du temps et grâce aux avancées technologiques qui permettent de contrôler le défilement automatique d’images, les artistes des années 1960 créent des multiprojections et des diaporamas (images accompagnées d’une bande son), augmentant à la fois l’impact visuel de la projection et son effet sur le spectateur. NB : certaines images de l'œuvre The Ballad of Sexual Dependency de Nan Goldin peuvent heurter la sensibilité du jeune public. Pour cette raison, cette salle est protégée par un rideau. Peter Fischli (1952) et David Weiss (1946-2012) An Unsettled Work, 2004 Collection Thomas et Cristina Bechtler, Suisse Le duo d’artistes zurichois Fischli/Weiss, qui collabore à partir de 1979, fait partie des artistes contemporains les plus renommés de Suisse. La notoriété des deux plasticiens est due notamment à la présence de l’humour et de l’absurde dans leurs films, photographies, installations vidéo, sculptures et livres d’art. En 1987, Fischli/Weiss crée la pièce Visible World, composée d’environ 3’000 photographies de petit format qui documentent leurs excursions communes à l’extérieur du studio. C’est dans les archives non utilisées de ce premier projet qu’ils puisent en 2004 la matière pour constituer An Unsettled Work. Une nouvelle séquence est alors réorganisée à partir de 162 images précédemment écartées parce que jugées trop kitsch, vulgaires ou choquantes. En employant le procédé de fondu enchaîné, les diapositives se superposent pour ne donner au mur qu’une seule image transitoire mélangée qui suscite une atmosphère inquiétante, entre rêve et cauchemar éveillé. Dans cet afflux ininterrompu d’images, où les formes se mêlent dans une « belle et fiévreuse folie », selon la formule de leurs auteurs, la signification individuelle des clichés est noyée au profit d’une multiplicité d’interprétations possibles.

Fondu enchaîné : effet ajouté au montage permettant une transition plus douce entre deux images. La première disparaît lentement pendant que la suivante apparaît ce qui produit une surimpression momentanée des deux images.

Peter Fischli, David Weiss, Eine unerledigte Arbeit, An unsettled work (groß), 2000-2006 © Peter Fischli et David Weiss, Zurich 2016 / Courtesy Sprüth Magers, Matthew Marks Gallery, Galerie Eva Presenhuber, Collection Thomas et Cristina Bechtler, Suisse


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Runo Lagomarsino (1977) Sea Grammar, 2015 Propriété de l’artiste, Mendes Wood Dm, São Paulo, NIls Staerk, Copenhague et Francesca Minini (Milan) Runo Lagomarsino est un artiste suédois qui partage son temps entre la Suède et le Brésil. Son travail s’est largement inspiré de ses traversées de l’Atlantique répétées, ainsi que de son histoire personnelle et de ses racines de fils de migrants. Dans son projet Sea Grammar, tout comme dans ses autres installations, vidéos et sculptures, l’artiste examine les conséquences de l’héritage colonial dans le monde. Réalisée en 2015, Sea Grammar évoque de façon symbolique la gestion complexe des flux migratoires en Europe. La première photographie projetée représente deux navires traversant les eaux calmes du détroit de Gibraltar. Dupliquée 80 fois, l’image originale disparaît peu à peu sous de multiples perforations qui l’envahissent jusqu’à la rendre illisible : un trou supplémentaire se créé à chaque changement de diapositive et augmente la lacune du film à intervalle régulier, pour finalement faire une grande part à la lumière diffusée par le projecteur. Appelées Colonnes d’Hercule dans l’Antiquité romaine, les montagnes bordant le détroit marquaient alors le passage entre un monde inconnu – les Amériques – et le monde « civilisé » – le bassin méditerranéen. Dans l’œuvre de Lagomarsino, le vide qui s’installe interroge le présent de cet espace supposé être le berceau de la civilisation européenne. L'absence progressive d’image symbolise la réduction au silence des migrants qui perdent leur vie en tentant de rejoindre les côtes. Jan Dibbets (1941) The Shortest Day at the Van Abbemuseum, 1970 Collection Van Abbemuseum Jan Dibbets, artiste néerlandais, développe une approche conceptuelle de la photographie, travaillant souvent à l’intersection entre la photographie, l’art conceptuel, le minimalisme et le Land Art. Dans son œuvre The Shortest Day at the Van Abbemuseum, l’artiste examine la rencontre entre la lumière et la structure par le biais d’une étude photographique séquentielle réalisée en 1970 au Van Abbemuseum, un musée d’art contemporain à Eindhoven aux Pays-Bas. Un appareil photographique est posé en face d’une fenêtre du musée, produisant 80 clichés au cours d’une journée, pris à une dizaine de minutes d’intervalle et depuis un point fixe. Ces clichés documentent le solstice d’hiver, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher. La projection des diapositives qui en résulte rend ainsi compte d’une analyse chronophotographique du mouvement de la lumière, et de son impact pictural sur le paysage. L’installation inverse ironiquement la position du visiteur, qui n’entre plus au musée pour découvrir son contenu mais pour contempler son extérieur. Ultérieurement, Dibbets décidera de compléter l’installation par un tirage des 80 images de la projection, permettant d’apprécier l’ensemble de l’œuvre en un seul regard.

Runo Lagomarsino, Sea Grammar, Vue d'installation, 2015 © Runo Lagomarsino / Photo Agostino Osio / Courtesy of the artist, Mendes Wood DM, São Paulo, Nils Staerk, Copenhague and Francesca Minini, Milan

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Section IV : La séance (Combles) Grâce aux aspects spectaculaires et immersifs de la projection, les conférences éducatives populaires s’adressant notamment aux jeunes adultes se développent. L’aspect visuel de l'image favorise l’accès au savoir et est largement apprécié par le public. La projection photographique est également une pratique collective populaire, employée notamment dans le cadre scolaire ou domestique. Dans le domaine didactique, la supposée valeur objective de la photographie est particulièrement appréciée. Par conséquent, la projection photographique sera exploitée dans des campagnes de sensibilisation ainsi que dans le domaine scientifique. Les soirées de projection familiales se développent également à partir des années 1950 avec l’essor de la photographie couleur. La projection photographique est une expérience immersive, un spectacle vivant éphémère auquel chacun souhaite avoir accès, même dans son propre salon. Se retrouver en famille ou entre amis autour d’une projection de diapositives pour partager ses souvenirs de vacances devient un passe-temps très prisé dans le monde entier. Lewis W. Hine (1874-1940) A Bureau of Social Photography, 1906-1920 Collection MK2 Kreations Autodidacte, Lewis W. Hine développe au début du 20e siècle une approche sociale de la photographie : bien que conscient de sa subjectivité, il l’envisage comme un outil lui permettant de documenter et de « montrer les choses devant être corrigées »2. La Commission nationale d’enquête sur le travail des enfants (NCLC), créée en 1904 à New York, l’engage comme « photographe enquêteur ». Entre 1908 et 1918, il parcourt les États-Unis en se faisant passer pour un inspecteur d’assurance et rassemble plus de 5’000 clichés, accompagnés de légendes et d’entretiens écrits, destinés à prouver la dureté des conditions de travail imposées aux enfants qui œuvrent alors dans les rues, les usines, les filatures, les conserveries, les mines ou les champs. L’objectif des campagnes de la NCLC est d’émouvoir l’opinion publique et d’inciter les autorités gouvernementales à agir en faveur d’un durcissement de la loi vis-àvis des employeurs.

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Selon les mots de Hine lui-même.

Lewis W. Hine, Francis Lane, 5 ans, 41 pieds de haut. Vend régulièrement. St. Louis, série National, Child Labor Committee, 1910. Plaque de projection gélatino-argentique, © Collection MK2 Kréations, Marin Karmitz

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Robert Smithson (1938-1973) Hotel Palenque, 1969-1972 Collection Solomon R. Guggenheim Museum Hotel Palenque est une œuvre constituée de 31 diapositives prises par l’artiste américain Robert Smithson lors d’un voyage au Mexique dans la région du Yucatán en 1969. Ces images furent par la suite présentées à des étudiants en architecture lors d'une conférence de l'artiste à l’université d’Utah en 1972 qui prit une tournure inattendue. Son public qui s’attendait à une conférence sérieuse et savante sur le sujet des fameuses ruines Maya de la région assista en fait à une description parodique du chantier labyrinthique d’un hôtel. Ce chantier en construction est photographié vide de toute présence humaine, évoquant ainsi étrangement les ruines Maya que Smithson n'abordera pas dans sa présentation. S’inscrivant dans la lignée du Land Art, il revendique la supériorité de la nature sur une architecture jugée arrogante et constamment menacée par l’entropie. Au cours de la séance, Smithson endosse une posture ambiguë, qui oscille entre celle l’enseignant, de l’archéologue et du touriste. Son discours décalé sera enregistré et conservé avec la série de diapositives, ce qui permet de reconstituer l’œuvre de manière posthume.

Le Studio La visite de l’exposition se prolonge dans Le Studio, notre espace découverte qui propose des expériences participatives et multisensorielles spécialement conçues pour le jeune public. Dans le cadre de cette exposition, trois activités sont proposées. Road Trip Les images de l'installation Road Trip ont été choisies parmi des collections de diapositives américaines vernaculaires des années 1950 et 1960. Les diapositives vous font voyager de New York à San Francisco, à la période durant laquelle le road trip a pris une grande importance dans la culture américaine, en même temps que l'utilisation de la diapositive atteignait son apogée. Une activité d'écriture basée sur la projection de diapositives de road trip autour du thème de la quête de soi est proposée. Comme à la maison Cet espace recrée une pratique vieille de près de 40 ans : la séance de projection de diapositives en famille, dans son salon. Nous mettons à votre disposition une sélection de diapositives issues de dons privés faits au département de la médiation culturelle du Musée de l’Elysée. Faites comme chez vous ! “Qu’est-ce qu’une vue sur verre ?” Cette vidéo d’animation développée par l’agence Neo digital et le Musée National de l’Education en France présente de façon ludique l’apparition de la projection photographique à la fin du 19e siècle et son évolution en tant que nouveau média et nouvelle façon d’enseigner.

Entropie : état de désordre et d’imprévisibilité d’un système. Photographie vernaculaire : la photographie vernaculaire désigne des images photographiques illustrant la vie de tous les jours dans un esprit authentique et parfois fonctionnel. Elles sont souvent prises par des amateurs. Land Art : ce mouvement artistique est né aux Etats-Unis dans les années 1960. Il utilise les matériaux de la nature comme le sable, le bois, la terre ou les pierre. Les œuvres de Land Art sont souvent directement conçues et exposées dans des sites naturels en plein-air.

Robert Phillips, Projection de diapositives à la maison, 1957 © KODAK / Photo Robert Phillips – DR / Musée Nicéphore Niépce


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2. Autour de la visite •

Atelier « Joue avec la lumière » NOUVEAU

Grâce aux différentes formes, filtres et matières à poser sur les rétroprojecteurs mis à ta disposition, mène tes propres expériences avec la lumière. L’activité débute mercredi 7 juin et se poursuit tous les mercredis après-midi, excepté les 19 et 26 juillet et le 2 août. Atelier gratuit et ouvert à tous (dès 5 ans). Jusqu’au 20 septembre. Sans inscription. Salle Lumière (Rez inférieur). •

Le Studio

Dédié aux jeunes visiteurs et à leurs familles, Le Studio encourage l’expression artistique et transmet les clés de lecture des images. Situé au dernier étage du musée, « Le Studio » jouxte les espaces d’exposition et construit un dialogue avec ceux-ci. En accès libre toute l'année durant les heures d'ouverture du musée. •

Visite libre avec la brochure Visite découverte (6-12 ans)

Le Musée de l’Elysée pense à ses jeunes visiteurs en leur proposant des activités ludiques et pédagogiques adaptées à leur âge et à leurs besoins. La brochure Visite découverte est gratuite et disponible à l’entrée du musée ou en téléchargement. Ce livret permet aux familles et aux écoles de visiter le musée avec les enfants dès 6 ans, grâce à un parcours qu’ils suivent à leur rythme. Prix de la visite : Entrée libre pour les classes et les accompagnants. •

Visite guidée scolaire

Les écoles peuvent bénéficier d’un parcours ludique et pédagogique avec un guide du musée. Prix de la visite : CHF 60.Inscriptions et réservations : au minimum 10 jours à l’avance sur inscription@elysee.ch Durée : 1 heure

Bibliographie Lacoste, Anne (dir.). 2017. Diapositive. Histoire de la photographie projetée, les Editions Noir sur Blanc/Musée de l’Elysée.

Participants : 25 personnes maximum Lavédrine, Bertrand. 2013. (re)Connaître et conserver les photographies anciennes, Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques.

Publicité Kodak pour le film Kodachrome, 1982 © Kodak / Photo Musée de l'Elysée, Lausanne.


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Dossier pédagogique

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3. Agenda et informations pratiques Me 7.06, 12h30 Visite enseignants Avec l'équipe de la médiation culturelle. Gratuite. Inscription sur elysee.ch Sa 3.06, 1.07, 5.08, 2.09, 16h Visites guidées et entrées gratuites le premier samedi du mois Visites guidées avec l'équipe curatoriale du musée. Gratuites, sans inscription Di 4.06, 2.07, 6.08, 3.09, 14h Visites du dimanche en famille Gratuites pour les enfants de 6 à 12 ans. Adultes, visite incluse dans le billet. Sans inscription Ma 6.06, 20h30 Projection du film Les Voyages extraordinaires d'Ella Maillart de Raphaël Blanc au Capitole Ouverture des portes : 19h30. Tarif : 15.-/12.- (étudiants, AVS/AI, chômage, CarteCulture, Abonnements Cinémathèque suisse) Je 29.06, 27.07, 31.08, 18h - 20h Soirées Impro Diapo Une rencontre inédite entre l'art de l'improvisation théâtrale et le monde de la photographie. Grâce à une collaboration avec les Gnocchi, le public est invité à participer en sélectionnant les diapositives sur lesquelles la troupe improvisera. Pour tous les âges. Gratuit. Inscription sur elysee.ch Sa 24.06 La Nuit des Images Entrée libre, 16h - 2h. Retrouvez le programme en ligne sur nuitdesimages.ch Je 21.09, 18h - 20h Nocturne « Le son de l'image » Dans le cadre de Lausanne Estivale, le Musée de l'Elysée donne carte blanche à l'EJMA (Ecole de Jazz et de Musique Actuelle) pour mettre en musique l'exposition Diapositive. Histoire de la photographie projetée. Entrée libre, bar et petite restauration sur place Sa 23.09 La Nuit des musées Ma 4.07, Je 6.07, Ve 7.07, Je 17.08 et Ve 18.08, 14h - 17h Passeport Vacances Atelier « Ton portrait à l'ancienne », 9 - 12 ans Lu 14.08 et Ma 15.08, 14h - 17h Passeport Vacances Atelier « Ton projecteur pour smartphone », 12 - 15 ans

Vue d'un atelier, avril 2013 © Musée de l'Elysée

Contact Responsable de la médiation culturelle et des publics Afshan Heuer +41 (0)21 316 99 13 afshan.heuer@vd.ch

Adresse 18, avenue de l’Elysée CH - 1014 Lausanne T + 41 21 316 99 11 F + 41 21 316 99 12 www.elysee.ch Horaires Ma - Di, 11h - 18h Fermé le lundi, sauf les jours fériés Nocturne jusqu'à 20h le dernier jeudi du mois Facebook facebook.com/elysee.lausanne Instagram @elyseemusee Twitter @ElyseeMusee Hashtags #diapositive #commealamaison


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