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ANNÉE XXIII - N° 1

www.elimagazines.com

Extraits de la presse Française

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Presse Papiers ®

ANNÉE XXIII • N° 1 • Août • Sept. • Oct. 2011 • Imprimé à Taxe Réduite

Cécile de France

Cinéma

“Les frères Dardenne fabriquent la réalité de A à Z”


Les Zappeurs par Ernst Š Editions Dupuis


Chers lecteurs, chères lectrices, Chers amis, Merci tout d’abord aux ‘anciens’ d’être fidèles à notre rendezvous d’automne, et bienvenue aux nouveaux abonnés que nous sommes heureux d’accueillir dans la grande famille de PRESSE-PAPIERS. Soyez tous les bienvenus au club des francophones et de tous ceux

qui utilisent le français pour communiquer, échanger, travailler, voyager, inventer, écrire … vivre. Au sommaire de ce premier numéro: les Français au quotidien (page 4) qui sontils? Comment vivent-ils ? Leurs goûts, leurs préférences … Les clones de la mode (page 8) mères et filles rivales ou

complices ? Les départements d’Outre-mer au-delà des clichés (page 12). La Francophonie au jour le jour et dans le monde, c’est ici, tout de suite, maintenant. À bientôt et Bonne rentrée 2011. La Rédaction

Gérard Mermet : « Les valeurs féminines deviennent dominantes »

Société

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Planète

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Le Solar Impulse a réussi son premier vol international

Savoir vivre

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Au secours, ma mère s’habille comme moi !

Dom-Tom

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Les Outre-mer au-delà des clichés

Culture

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Aimé Césaire entre au Panthéon

Cinéma

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Bande dessinée

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Expressions

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Les chtis se mettent à la viticulture

Presse-méninges

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Spécial expressions

Cécile de France: « Les frères Dardenne fabriquent la réalité de A à Z Geluck, plus belge, tu meurs

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Sommaire

Editorial

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Société

Gérard Mermet : “Les valeurs féminines deviennent dominantes” Sociologue et directeur de Francoscopie, Gérard Mermet nous décrit le Français d’aujourd’hui.

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TIRÉ DE

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par Michel Richard

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Le Point : Si vous aviez à définir les Français en quelques adjectifs... Gérard Mermet : Ils sont d’abord conscients qu’il est en train de se passer quelque chose d’irréversible*, un changement de monde ; qu’il faudra s‘y adapter et que l’Etat ne pourra pas tout faire. Mais ils sont aussi peureux, d’autant plus que la plupart sont gâtés* et qu’ils craignent de perdre une partie de leur confort. Normal, c’est la crise. Oui, sauf qu’en France elle n’a pas été la catastrophe redoutée*. Je distingue trois groupes : les “fragiles”, une petite minorité de la population qui a besoin d’être soutenue et qui l’est plutôt mieux qu’ailleurs. Ensuite, les “ agiles “, qui ont pu connaître le chômage mais qui ont du ressort, de la mobilité et qui peuvent rebondir*. Les “ tranquilles “, enfin (retraités, fonctionnaires, salariés d’entreprises dynamiques...), ont un pouvoir d’achat assez peu menacé. Mais même eux ont peur de l’avenir. Quoi d’autre ? Les Français sont déçus par leurs élites, qu’ils jugent peu crédibles et incapables d’inventer un projet pour de-

main. En 1972, année de naissance du Point, le PS* présentait son programme “Changer la vie” ; aujourd’hui, au numéro 2000, il reprend à peu près les mêmes thèmes avec l’”égalité réelle”. C’est l’une des illustrations du sentiment très fort d’une montée des inégalités et du pessimisme français, qui est le plus fort de toutes les nations développées. Que s’estil passé dans les quarante dernières années ? La France a gagné 10 millions d’habitants, dix ans d’espérance de vie, l’âge moyen de la population a augmenté de neuf ans en passant de 31 à 40 ans. On se marie sept ans plus tard, le chômage a été multiplié par trois... Mais, derrière ces chiffres, se cachent des tendances de fond qui ont transformé notre mode de vie.

Lesquelles ? L’individualisation, d’abord, et son corollaire : la perte d’une vision collective. Chaque individu est un atome so-


hier, les élites* parlaient de haut en bas. Aujourd’hui, tout est horizontal. Les Français parlent aux Français. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils vivent bien ensemble.

Dessine-moi un Français Physique La taille de la Française moyenne est de 1,625 mètre, 1,756 mètre pour les hommes. Elle pèse 62,4 kilos, et chausse du 38. Son homologue masculin 77,4 kilos et chausse du 42. Comme 85 % de la population, ils sont droitiers.

Opinions, religion Comme 53,06 % des électeurs, notre Français moyen a voté pour Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle de 2007. Et comme 64 % de ses compatriotes, il se déclare catholique. Démographie Les Français se marient en moyenne à 28,6 ans et la probabilité que leur mariage se termine par un divorce est de 40 %. Les Françaises ont leur premier enfant un an et demi plus tard, à 29,7 ans. Elles s’en tiendront à 2,02 enfants. Médias Pour se tenir informés, les Français accordent davantage de confiance à la radio, qu’ils écoutent 15 heures par semaine. Durant leur temps libre, ils affirment lire régulièrement 6,5 titres de presse magazine. Emploi, formation Le Français “moyen” est employée, il a un niveau d’études inférieur au bac*, comme 54,7 % des Français de plus de 15 ans. Il travaille depuis l’âge de 21 ans. Argent Le salaire moyen en France s’établissait à 2 068 euros mensuels net* en 2008. La Française moyenne gagnait 1 793 euros, alors que son équivalent masculin percevait 2 220 euros,

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cial qui se préoccupe de moins en moins de la cellule dont il est une petite partie. La féminisation, ensuite : même si la place des femmes n’est encore ni égalitaire ni équitable, les valeurs féminines deviennent dominantes : elles influent tant sur l’écologie que sur la consommation. Il y a aussi la globalisation. Ses effets sont indiscutables. Mariée avec les nouvelles technologies, elle est jugée positive par les “mutants”, néfaste par les “mutins” tandis que les... “moutons” attendent pour prendre position. La quatrième méga-tendance est la virtualisation. Un exemple : en 1972, on installait les premiers distributeurs de billets. On remplaçait en partie le contact avec le banquier par un contact avec la machine. Aujourd’hui, on peut tout faire sur Internet ; l’argent n’est plus solide ni liquide, mais gazeux. L’horizontalisation, enfin :

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Société

Gérard Mermet : “Les valeurs féminines deviennent dominantes.”

soit un écart de près de 20 %. Chaque foyer* épargne* environ 16 % de son revenu*. Mode de vie Chaque année, le Français produit 390 kilos d’ordures*, se rend* 3,3 fois au cinéma et passe 1 138 heures devant son poste de télévision. Sa “voiture moyenne” parcourt plus de 12 000 km par an. Communication Le Français moyen est assez technophile : il passe 28 heures au téléphone (mobile), envoie 1 056 SMS et surfe 833 heures sur Internet chaque année. Il le fait dans la plupart des cas en français, sa langue natale.

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Congés Notre Français moyen part au moins une fois en vacances, pour quatre nuits au minimum chaque année, comme 65 % de ses compatriotes. Il passera 66 046 heures sur son lieu de travail, et 12,8 mois au chômage* au cours de sa vie.

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Sexualité Le Français moyen est hétérosexuel (4 % seulement de la population déclare avoir eu des relations sexuelles avec des personnes du même sexe), il a eu son premier rapport à 17,5 ans. S’il est marié, il a 21 % de risques d’être infidèle. Il aurait 8,7 rapports sexuels par mois.

Habitat Le Français habite dans une ville de plus de 2 000 habitants, comme 77 % de ses compatriotes. Il est propriétaire d’une maison individuelle de 91 mètres carrés, qu’il occupera pendant 15 ans. Il met 21,5 minutes pour se rendre sur son lieu de travail.

Vocabulaire bac: baccalauréat. chômage: situation dans laquelle se trouve une personne qui a perdu son emploi. élites: personnalités. épargne: met de l’argent de côté. foyer: famille. irréversible: définitif. net: après prélèvements fiscaux (les impôts) et sociaux (l’assurance maladie, la retraite). ordures: détritus, tout ce qui se jette dans une poubelle. PS: sigle pour « parti socialiste ». rebondir: ici, repartir dans la vie avec un nouvel élan. redoutée: que l’on craignait, dont on avait très peur. revenu: totalité de l’argent encaissé par quelqu’un en un an. se rend: va. sont gâtés: sont privilégiés, ont de nombreux avantages.


Planète Le Solar Impulse, le premier avion solaire, a réussi son premier vol international

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L’aéronef a décollé vendredi1 matin de l’aérodrome de Payerne, dans l’ouest de la Suisse, pour se poser sans encombre* à Bruxelles 13 heures plus tard. «L’objectif est de démontrer ce que nous pouvons faire avec la technologie existante en matière d’énergies renouvelables et d’économies d’énergie», a déclaré par téléphone

à Reuters le cofondateur du projet et pilote du prototype, André Borschberg, à mi-parcours de son vol. Le projet «Solar Impulse» a débuté en 2003 avec un budget décennal de 90 millions d’euros et a bénéficié du concours d’ingénieurs de l’ascensoriste* suisse Schindler et de chercheurs du groupe chimique belge Solvay. L’avion, qui requiert* 12.000 cellules solaires, avait effectué son premier vol en avril 2010. Trois mois plus tard, il réussissait un vol nocturne de 26 heures, ce qui représentait une durée record pour un appareil à propulsion solaire.

Solar Impulse» progresse à une vitesse moyenne de 70 km/h. Le vol de vendredi, le cinquième du projet, a débuté à 8h 40.Les précédents n’avaient pas dépassé les frontières de la Suisse. Un prototype de plus grande taille est censé* effectuer un vol autour du monde en 2013. 1. vendredi 13 mai 2011 ndr.

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Le «Solar Impulse», avion fonctionnant* à l’énergie solaire, a effectué vendredi un vol international inédit* avec pour mission de démontrer le potentiel d’un mode de transport aérien non polluant*.

Vocabulaire ascensoriste: fabricant d’ascenseurs. est censé: devrait. fonctionnant: qui fonctionne. inédit: qui n’a encore jamais eu lieu. non polluant: qui ne crée pas de pollution (les gaz de combustion du kérosène ou de l’essence sont polluants). qui requiert: qui nécessite. sans encombre: sans problème.

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Savoir vivre

Au secours, ma mère s’habille comme moi ! On a commencé par ne plus reconnaître le bourgeois du prolo*, puis l’homme de la femme, et voilà que la mode ne distingue même plus le vieux du jeune. La faute à qui ? À une société qui refuse de vieillir ? Voire*.

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par Isabelle Saporta

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À les voir déambuler* bras dessus, bras dessous dans les rues bordelaises, on ne croirait jamais qu’Elisabeth, 45 ans, et Bérénice, 15 ans, sont mère et fille. Mêmes T-shirts Petit Bateau, mêmes jeans siglés, mêmes Converse aux pieds, rien dans leur tenue ne distingue la séduisante quadragénaire de la ravissante ado*. Fini, le temps où une jeunesse assoiffée de liberté et d’indépendance arborait* un look hippy chargé d’érotisme ou un style punk désespéré pour se démarquer* de parents figés dans leurs panoplies austères*. Oublié, le passage obligatoire à un âge adulte vestimentaire imposé par des diktats passéistes. Plus personne aujourd’hui n’oserait contraindre* les plus de 40 ans à opter pour un costume sévère ou un tailleur jupe-veste à boutons dorés. Pourtant, il y a quinze ans encore, cette métamorphose était inévitable pour qui ne voulait pas sombrer dans


le magazine Elle. Et cette dernière de regretter la déferlante* d’ « horribles pantalons trompette serrés sur les cuisses et d’abominables chaussures pointues … » : « Les femmes de tout âge semblent aujourd’hui se réunir dans le moche* ! » Frédéric Monneyron raconte avec humour qu’un jour, pour le tournage d’une émission de M6, il s’est retrouvé attablé aux Deux Magots* pour un décryptage in vivo des ten-

dances vestimentaires. « Las*, tout le monde était habillé de la même manière. Le jean, autrefois rebelle, était devenu le nouvel uniforme et les baskets avaient remplacé les talons », s’amuse l’universitaire. Christel Carlotti, consultante en marketing auprès de l’Institut français de la mode (IFM), reconnaît d’ailleurs que le fonctionnement même du prêt-à-porter répond aujourd’hui à cette homogénéisation des styles. « D’un côté, on a des cycles longs, avec beaucoup d’intem-

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le ridicule ou, pis encore, dans la vulgarité. La rupture générationnelle se lisait alors à livre ouvert dans les vêtements. « Elle était d’autant plus marquée qu’elle représentait le dernier bastion de résistance à l’homogénéisation progressive de la mode », souligne l’historien et sociologue Frédéric Monneyron. Pour ce spécialiste, l’indifférenciation des vêtements s’est inscrite dans un cycle débuté dans les années 60 : « Les femmes se sont emparées des pantalons, annihilant* ainsi les différence sexuée. Quant aux vêtements de métier, ils ont peu à peu disparu. » Bref, on a commencé par ne plus reconnaître le bourgeois du prolétaire, l’homme de la femme, pour finir par ne plus distinguer le vieux du jeune. « Une uniformisation généralisée qui ne joue pas forcément* en faveur du beau », peste* Sophie Fontanel, romancière et chroniqueuse décalée* des défilés pour

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Clones sans âge …

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Savoir vivre

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Au secours, ma mère s’habille comme moi ! porels que l’on retrouve d’une saison à l’autre notamment sur les grosses pièces. Et, de l’autre, une accélération des cycles courts avec un turnover de quinze jours sur des accessoires ou des vêtements peu onéreux* mis en place pour susciter le désir d’acheteuses aux placards déjà saturés* », avance l’experte. La cible visée est celle des Lolita. N’ayant ni charge de famille ni loyer, elles dépensent près de 630 € par an en vêtements – davantage que leurs mères. Et sont toujours à l’affût* de la dernière tendance. Mais, si les gamines* dilapident tout leur argent de poche chez H & M, Jenyfer ou Bershka, elles vont, en revanche, de-

mander à leur mère de les accompagner dans des magasins plus haut de gamme pour se faire offrir des pièces intemporelles. Pas folles, les guêpes* ! « On adore faire du shopping avec les copines, piaffe* Lena, 12 ans. On se retrouve le samedi che H & M et on dévalise le magasin. Mais quand il faut acheter un beau jean, une veste ou un manteau, j’y vais avec ma mère. » Et François-Marie Grau, secrétaire général du prêt-à-porter féminin, de noter l’habileté des marques qui, à l’image de Comptoir des cotonniers, jouent de la complicité mère-fille pour inciter les mamans à ouvrir plus facilement leur porte-monnaie …

Les jeunes filles tombent de plus en plus tôt dans la marmite de la mode*. « Il y a une quinzaine d’années, la mode visait les femmes à partir de 20 ans, puis progressivement la limite d’âge a été abaissée à 17 ans, pour tomber à 12 ans aujourd’hui », constate FrançoisMarie Grau. Du coup*, pendant que les ados cherchent à faire femme de plus en plus tôt, les quadras, elles, désirent faire jeune de plus en plus tard. Ce qui explique en grande partie leur refus d’abandonner leurs frusques* fétiches –souvent redevenus tendance entre-temps. « Les soixante-huitardes* d’hier sont les fringantes* grand-mères d’aujourd’hui, ironise Frédéric Monneyron. Or, elles n’ont jamais troqué* leurs vêtements contemporains contre une garde-robe vieillotte. » Résultat ? Les rues semblent aujourd’hui peuplées de clones sans âge. L’habit, ou plutôt la fringue « mode », apparaît comme le symptôme ultime d’une société qui refuse de vieillir. Il n’est d’ailleurs plus rare que les quadragénaires achètent les vêtements conçus pour les Lolita. Marianne Romestain, directrice générale de Comptoir des cotonniers reconnaît d’ailleurs qu’elle est parfois surprise que certaines robes ultramoulantes ou hypermini plaisent davantage aux mères qu’aux filles. « Erreur fatale » tempête Sophie Fontanel, qui regrette que les jeunes quinquas se laissent parfois aller à un jeunisme peu flatteur*. Si les femmes de 50 ans se mettent à jouer dans la même cour que des gamines de 20, elles n’ont aucune chance.


grandissant, l’enfant se confronte à des milieux sociaux différents du sien et peut choisir d’adopter les codes d’une autre tribu* vestimentaire », tempère Christel Carlotti. Ainsi, la mère hippy chic verra peut-être sa progéniture oser le piercing et opter pour le total look rap, Tecktonik ou gothique. Mais qu’ils adhèrent ou non aux mêmes codes, ados et adultes se retrouvent dans une folie des fringues qui n’épargne personne, pas même les enfants en bas âge. « Dans nos sociétés, les parents cherchent sans cesse à mettre en avant leur progéniture. Les enfants, choyés*, deviennent une représentation, un prolongement narcissique de leurs géniteurs », fait valoir Christel Carlotti. D’ailleurs, dans la confection, le segment enfants pèse 17% en France, contre 14% au Royaume-Uni, en Italie ou en Espagne, et 9% en Allemagne. Une tendance qui n’a pas échappé aux grandes enseignes bobos*, comme Isabel Marant, Zadig et Voltaire, Gérard Darel, Marithé et François Girbaud ou les Prairies de Paris, qui ont toutes lancé des déclinaisons enfantines de leurs collections adultes. Les bambins se transforment en mini-moi fashion, prolongements égotiques de leurs ascendants : la boucle est bouclée. Autant dire que de 7 mois à 77 ans, nous sommes tous victimes de la mode.

Il faut se rendre à l’évidence : une Lolita portera le T-shirt Sid Vicious et les bottes de cow-boy avec beaucoup plus de candeur que ne le fera sa mère. »

Mini-moi « fashion » Mais, si on comprend que les femmes et les jeunes seniors soient flattés de se voir si jeunes en ce miroir que leur tend la mode, comment expliquer que les ados rebelles acceptent de revêtir la panoplie de leurs mères ? « L’éducation a beaucoup évolué, constate Christel Carlotti. Il y a vingt ans encore, il n’y avait pas cette proximité avec les parents. Les enfants étaient maintenus à leur place d’enfants et cette mise à distance se retranscrivait jusque dans les vêtements. » Pour l’experte, cette époque est désormais révolue et l’ado d’aujourd’hui serait plus content de se conformer aux mêmes codes intemporels que ses parents. Bien sûr, cette tendance généralisée souffre de larges exceptions. « En

à l’affût: à la recherche. ado: adolescente. annihilant: détruisant. arborait: portait ; ici, dans le sens d’afficher. austères: sévères. bobos: néologisme pour « bourgeois bohème », personnes aisées mais très critiques envers leur classe sociale. choyés: entourés d’affection. contraindre: obliger. d’une autre tribu: d’un autre groupe. déambuler: marcher. décalée: ici, critique. déferlante: l’engouement généralisé pour. Deux Magots: célèbre café parisien. du coup: par conséquent. forcément: nécessairement. fringantes: pétulantes, dynamiques. frusques fétiches: vêtements préférés. gamines: petites filles. las: hélas. moche: laid. pas folles, les guêpes: expression figurée pour : « elles savent où est leur intérêt ». peste: s’emporte contre cette tendance, s’énerve. peu flatteur: qui ne les avantage pas. peu onéreux: pas cher. piaffe: dit très excitée. prolo: prolétaire. saturés: pleins. se démarquer: se différencier. se mettent à jouer dans la même cour: se mettent au même niveau. soixante-huitardes: qui ont vécu les événements de 1968. tombent dans la marmite de la mode: s’intéressent à la mode. troqué: échangé. voire: pas si sûr.

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Vocabulaire

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Dom-Tom

Les Outre-mer au-delà des clichés « Paradis de cocotiers » ou « enfers de cyclones » ? Tout au long de l’année 2011, l’année des Outre-mer va permettre de découvrir, au-delà des clichés, la réalité des Outre-mer français. Rencontre avec Daniel Maximin, commissaire de « 2011, l’Année des Outre-mer ».

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TIRÉ DE

Dispersés sur l’ensemble du globe, les territoires d’outre-mer - qu’il s’agisse de* La Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane, ou, de l’autre côté du monde, de la Réunion, de la NouvelleCalédonie et de la Polynésie française de Wallis et Futuna sans oublier SaintPierre et Miquelon - sont mal connus, leur réalité profonde et multiple étant* souvent dissimulée derrière quelques clichés*. L’année des Outre-mer a pour objectif de permettre – en allant audelà de ces clichés – de mieux connaître les apports de ces sociétés ultramarines dans tous les domaines (culture, institutions, développement durable, économie et entreprise, artisanat, tourisme, sports et loisirs) et de mettre ainsi en évidence l’enrichissement qu’elles nous apportent.

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Le Magazine du Ministère de la culture et de la Communication

AU-DELÀ des clichés, quelle est la réalité – ou quelles sont les réalités – de ces différents territoires ? Les Outre-mer jouissent en effet, entre enfer et paradis, d’une vision déformée par un certain nombre de clichés, qui, sans être entièrement faux, sont réducteurs et ne rendent pas compte de la réalité et de la richesse de ces différents territoires. D’un côté, il y a les lagons, les cocotiers et les parasols. Et puis, de l’autre côté, il y a une histoire marquée par l’esclavage et une géographie marquée par les différents drames qui ont frappé, et frappent encore souvent, ces territoires : cyclones, séismes* et raz de marée. Ces deux visions : lunettes de soleil, d’un côté, et lunettes noires, sinon même* très noires, de l’autre, sont aussi insatisfaisantes l’une que l’autre. Quelle est la réalité qu’elles dissimulent* ? Elle est que tous ces territoires constituent d’extraordinaires conden-

sés d’humanité dont la richesse est due au fait qu’ils se situent dans des régions où plusieurs zones de civilisation ont croisé leur influence. Pour faire une île ou un ensemble d’îles, comme les Antilles, qu’at-il fallu ? Quatre continents… et pour faire une île comme la Réunion, trois continents. Il était vraiment nécessaire d’apporter un coup de projecteur sur ces territoires pour faire découvrir ou mieux connaître toutes leurs richesses. Ces territoires auraient pu rester vides d’humanité. Or ils ont créé des humanités et des cultures aussi originales que multiples… Tous ces territoires n’ont-ils pas participé à notre histoire ? Les Outre-mer ont étroitement participé à l’histoire de France, en contribuant au combat pour la citoyenneté, aux combats d’émancipation, et puis, plus tard, par exemple à la Résistance. Ce que nous nous proposons de mettre en évidence, c’est donc cela : une présence permanente dans la République. Un attachement à la citoyenneté partagée en même temps qu’un combat pour la reconnaissance d’identités spécifiques. Deux exemples : il y a plus de deux siècles, à l’occasion d’un des grands événements constitutifs de notre pays – la déclaration des Droits de l’Homme de 1793 – les Outre-mer sont déjà là et imposent la première abolition de l’esclavage en 1794, et puis enfin, au cours de la Seconde guerre mondiale, ils s’opposent aux gouverneurs pétainistes et prennent parti pour la France Libre. Ainsi des milliers d’Antillais – pour ne prendre qu’un exemple parmi de nombreux autres – se sont-ils associés au combat contre le nazisme et les bataillons antillais de la France libre ont contribué à la Libération, via l’Italie, Monte-Cassino, Rome… et puis Strasbourg. Ce thème


sera l’un des thèmes forts de l’année 2011 : plusieurs manifestations évoqueront la participation active des Outremer à l’histoire de la France et notamment* à la Résistance. Au-delà de la participation à notre histoire, la uns des autres par des milliers de kilomètres – n’ont-ils pas une identité particulière ? Notre objectif, comme vous pouvez

vous en douter, n’est évidemment pas de dissimuler cette diversité mais au contraire de la mettre en évidence. Chacun de ces territoires est intégré dans un univers régional particulier. La Martinique, c’est la Caraïbe, la Réunion, c’est l’Océan indien, et la Polynésie, c’est le Pacifique... Il faut donc bien montrer les spécificités de chaque territoire et ne pas confondre l’éparpillement polynésien, avec de grandes distances entre les îles, avec la Caraïbe, dont la proximité des îles a permis que se développe une conscience d’archipel. De la même manière, il convient de distinguer les cultures anciennes, comme celles de la Nouvelle-Calédonie, qui sont installées sur place de-

Le Cirque de Mafate – Île de la Réunion

puis longtemps, peut-être pourrait-on même dire depuis toujours, des cultures créoles* des Antilles ou de La Réunion, qui se sont constituées il y a peu de temps et sont donc des cultures de créolisation récente. Les Outre-mer, c’est, comme vous le dites, l’histoire partagée et aussi la culture. Pouvez-vous nous parler de la culture - ou des cultures - de ces territoires et de ce qu’elles nous apportent ? Ce ne sont pas des cultures à part, des cultures fermées sur elles-mêmes. Elles sont présentes dans notre culture nationale tout comme elles sont présentes dans les cultures du monde, où elles rencontrent d’ailleurs, me semble-t-il, un écho de plus en plus grand. Je pense, en disant cela, aux arts vivants, à la musique, à la danse – nous ferons, bien sûr, la part belle* à toutes ces expressions tout au long de l’année 2011 – mais aussi à la littérature. L’une des grandes figures de la littérature des Outre-mer est incontestablement Aimé Césaire. Son œuvre est universelle, ainsi que le prouve sa présence aux côtés de Neruda et de Tagore parmi les trois grands e poètes du XX siècle que l’Unesco a décidé de célébrer dans le monde entier, entre 2011 et 2014.

Vocabulaire

Mayotte (Océan Indien).

clichés: stéréotypes, idées reçues. créoles: originaires de France. dissimulent: cachent. étant: est. la part belle (faire): accorder beaucoup de place. notamment: en particulier. qu’il s’agisse de: que ce soit. raz-de-marée: tsunami, en français. séismes: tremblements de terre. sinon même: voire même.

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Né à Saint-Claude (Guadeloupe), le 9 avril 1947, Daniel Maximin est romancier, poète et essayiste.

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Culture

Aimé Césaire l’« Orphée noir » entre au Panthéon Un hommage national est rendu mercredi 6 avril au poète et homme politique martiniquais, décédé en 2008

Cérémonie d’accueil d’Aimé Césaire au Panthéon

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TIRÉ DE

Nicolas Sarkozy au Panthéon rend hommage à la plaque dédiée au poète martiniquais.

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par Élodie Maurot

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L’homme ne goûtait guère* les honneurs, mais sans doute aurait-il apprécié la compagnie posthume de Hugo, Zola et de tant de « grands hommes » ayant* partagé son combat pour l’égalité et la justice, par l’écriture et l’action politique. Aimé Césaire (19132008), poète et dramaturge martiniquais, chantre de la négritude* et penseur de la décolonisation, fera mercredi 6 avril1 son entrée au Panthéon. Pour respecter sa volonté, son corps restera aux Antilles et une inscription sera dévoilée dans la crypte du monument républicain, entre les dédicaces à la mémoire de Louis Delgrès et Toussaint Louverture, héros de la lutte contre l’esclavage. « Notre père est bien à sa place, entre ces deux grandes figures », estime Michèle Césaire, l’une de ses filles. Pour

Jacques Césaire, son fils aîné, « le plus bel hommage » reste toutefois que son œuvre soit « publiée et diffusée, lue et relue dans les écoles ».

La figure tutélaire d’une littérature antillaise humaniste La présence, lors de la cérémonie , de collégiens et de lycéens de la Martinique et de tous les collèges et lycées français portant le nom d’Aimé Césaire témoignera de ce souci de la jeunesse, chère à celui qui fut enseignant au lycée de Fort-de-France, avant de devenir pour beaucoup un maître en émancipation. Cette entrée au Panthéon devrait contribuer à faire connaître des écrits flamboyants* inscrits au programme du baccalauréat depuis 1994. Poésie, théâtre, mais aussi essais* (dont Cahier d’un retour au pays natal, La Tragédie du roi Christophe ou le Discours sur le colonialisme), qui ont fait du petit écolier de Basse-Pointe, arrière-petit-fils d’un esclave, issu d’un milieu agricole modeste, la figure tutélaire* d’une littérature antillaise

humaniste, revendiquant ses racines comme son ouverture au vaste monde. En son cœur ardent, le concept de « négritude », défini par Césaire comme « l’affirmation de nous-même, le retour à notre propre identité, la découverte de notre propre “moi”. » « Ce n’était pas du tout une théorie raciste renversée », prendra-t-il soin de préciser. Pour celui qui fut aussi maire de Fortde-France jusqu’en 2001, député de gauche (communiste puis socialiste) de 1946 à 1993, cet hommage marque une étape. « N’oublions pas que dans les années 1950, 1960 et 1970, Césaire était interdit de radio et faisait l’objet de critiques virulentes* », rappelle l’écrivain Daniel Maximin, commissaire de l’Année des outre-mer.

Elargir notre manière de penser la France Pour Françoise Vergès, spécialiste de la question coloniale, auteur d’un livre d’entretiens avec Césaire, « cet hommage s’inscrit dans tout un mouvement de mémoire sociale de la colo-


La roue

La roue est la plus belle découverte de l’homme et la seule il y a le soleil qui tourne il y a la terre qui tourne il y a ton visage qui tourne sur l’essieu de ton cou quand tu pleures mais vous minutes n ‘enroulerez-vous pas sur la bobine à vivre le sang lapé l’art de souffrir aiguisé comme des moignons d’arbre par les couteaux de l’hiver la biche saoule de ne pas boire qui me pose sur la margelle inattendue ton visage de goélette démâtée ton visage comme un village endormi au fond d’un lac et qui renaît au jour de l’herbe et de l’année germe Aimé Césaire ( Soleil cou coupé, 1913 )

Tam-tam de nuit

train d’okapis facile aux pleurs la rivière aux doigts charnus fouille dans le cheveu des pierres mille lunes miroirs tournants mille morsures de diamants mille langues sans oraison fièvre entrelacs d’archet caché à la remorque des mains de pierre chatouillant l’ombre des songes plongés aux simulacres de la mer Aimé Césaire ( Les armes miraculeuses, 1946 )

Fils de la foudre

à faire éclater un récit national où l’Hexagone est le centre de l’histoire, à élargir notre manière de penser la France, à changer notre carte mentale pour éviter le repli communautariste* des “Français de souche*” auquel on assiste aujourd’hui.»

nisation et de l’esclavage qui émerge depuis plusieurs années ». « Que cette reconnaissance vienne maintenant, par ce gouvernement, montre que les choses évoluent malgré tout, et de manière irréversible », juge-t-elle. L’œuvre de Césaire continue pourtant de poser question à la société française. « Il convoque la France à une révolution copernicienne, à un décentrement, qui reste d’actualité, estime Françoise Vergès. Il appelle

« Son œuvre reste d’une grande actualité sur le multiculturalisme, l’immigration, l’identité, ces débats qui agitent notre pays, analyse Pierre Bouvier, socio-anthropologue à l’Université de Paris X. Césaire refusait qu’un dispositif monoculturel empêche les personnes venues d’autres cultures d’exprimer leur particularité, mais il y a toujours chez lui l’idée que cette particularité doit s’articuler à un universel. » C’est un homme porteur d’une solide leçon républicaine qui est honoré, convaincu* que « l’homme politique

ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt du peuple ». « Contre ceux qui tiennent le peuple pour endormi, rappelle Daniel Maximin, la parole prophétique du poète est là pour témoigner que les ressources d’égalité, les réserves de dignité se trouvent dans le peuple. C’est bien ce dont nous sommes aujourd’hui témoins en Libye, en Égypte et ailleurs. C’est d’une étonnante actualité. » 1. 6 avril 2011 – ndr.

Vocabulaire ne goûtait guère: n’aimait pas. ayant: qui ont. négritude: néologisme pour désigner les caractéristiques de la culture africaine dans le monde. flamboyants: vifs, brillants. essais: ouvrages critiques. tutélaire: célèbre et protectrice. virulentes: très violentes. de souche: dont les ancêtres ont toujours vécu en France. communautariste: qui divise la société en communautés selon leurs origines ethniques. convaincu: persuadé.

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Et sans qu’elle ait daigné séduire les geôliers à son corsage s’est délité un bouquet d’oiseaux-mouches à ses oreilles ont germé des bourgeons d’atolls elle me parle une langue si douce que tout d’abord je ne comprends pas mais à la longue je devine qu’elle m’affirme que le printemps est arrivé à contre-courant que toute soif est étanchée que l’automne nous est concilié que les étoiles dans la rue ont fleuri en plein midi et très bas suspendent leurs fruits. Aimé Césaire ( Cadastre, 1961 )

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Cinéma

Cécile de France “Les frères Dardenne fabriquent la réalité de A à Z”

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La comédienne belge a tourné pour la première fois avec ses compatriotes* Luc et Jean-Pierre Dardenne. Dans «Le gamin au vélo», présenté à Cannes et en salles cette semaine, elle interprète Samantha, une coiffeuse qui devient l’ange de gardien de Cyril, un enfant abandonné.

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Avec le jeune Thomas Doret qui incarne Cyril, vous formez un couple de cinéma assez inhabituel. Comment décririez-vous leur relation ? Ce n’est pas seulement un rapport mère-enfant. D’ailleurs les Dardenne ne voulaient pas que j’aie un côté trop maternel, trop sympathique. Lorsqu’elle lui ramène son vélo au début du film, ce n’est pas par affection pour lui. Elle pense vraiment ne pas le revoir ensuite. Et lorsque Cyril demande à passer les week-ends chez Samantha, c’est parce qu’il veut en profiter pour aller à la recherche de son père. Du début à la fin,

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Connaissiez-vous les frères Dardenne avant de faire ce film? Pas vraiment, non. La toute première fois que je les ai rencontrés, c’est lorsqu’ils ont reçu la Palme d’Or lors du festival de Cannes 2005 dont j’étais la maîtresse de cérémonie. Je me rappelle que je les avais serré dans mes bras, mais on ne s’était pas revus par la suite. En fait pour ce film, j’ai reçu un coup de fil* de mon agent, qui m’a proposé de lire le scénario. Ce que j’ai fait avec enthousiasme même si j’aurais accepté les yeux fermés* !

on n’est pas dans les codes habituels du cinéma. Parce que de façon générale, les Dardenne ne mâchent pas* les émotions au spectateur, ils les rendent actives, parties prenantes de l’histoire. Par exemple ils ne nous expliquent jamais clairement pourquoi Samantha a envie de s’occuper de Thomas. Avez-vous essayé d’imaginer le passé de votre personnage? Les Dardenne ne voulaient pas que je me raconte d’histoire. Ils ne m’ont pas interdit de le faire, attention ! Mais quitte à vivre* cette expérience, autant jouer le jeu, comme l’ont fait d’autres acteurs avant moi. Ca m’a demandé beaucoup de contrôle, beaucoup de retenue. Parce que je suis quelqu’un qui aime inventer des choses, fabriquer un personnage. C’est une façon de se remettre en question en tant qu’acteur? En fait ils voulaient que je sois juste moi, Cécile. Ce que je n’ai pas l’habitude de faire. Pour ça, il fallait que je laisse Cyril être au centre de l’histoire et que je me mette à son service, sans jamais en rajouter. Par moment j’avais l’impression d’être une jeune comédienne en stage, de faire un exercice qui m’a appris énormément.


Quand les frères Dardenne signent un véritable conte de fées Le cinéma des Dardenne, c’est zéro improvisation ? Absolument. Tout est réfléchi, calculé. Il n’y a pas un mot inventé par les comédiens et j’avoue que ça m’a surprise. Je m’imaginais un cinéma un peu plus «arraché» à la vie. Or les Dardenne fabriquent la réalité de A à Z. Comment avez-vous travaillé avec Thomas Doret, dont c’est la première apparition à l’écran ? Sur le tournage, il avait une longueur d’avance sur moi car il passait beaucoup plus de temps avec les frères. Il connaissait presque mieux que moi ce qu’ils attendaient de Samantha. En fait je ne l’ai jamais vu comme un enfant qui ne sait pas faire. C’était même plutôt un petit adulte, qui avait la chance d’être neuf dans ce métier. Il pouvait plus facilement recevoir les indications des Dardenne alors que moi, j’ai mes petites habitudes, mes expériences tout simplement. On est devenus très vite complices et en cachette, il me demandait des trucs, des astuces pour pleurer par exemple. Il m’a d’autant plus impressionné que dans la vie, il est très différent du personnage. La preuve qu’il est déjà un grand comédien !

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Un Dardenne qui donne le sourire, c’est possible ! Deux ans après «Le silence de Lorna», les frères belges reviennent sur la Croisette avec «Le gamin au vélo», sans doute le film le plus tendre du duo, déjà Palme d’Or pour «Rosetta» et «L’Enfant». Un drame contemporain qui décrit la relation toute neuve entre Cyril, un orphelin à la recherche de son père, et Samantha, une coiffeuse croisée par hasard lors d’une fugue*. «En 2002, lorsque nous sommes allés présenter «Le Fils» à Tokyo, une juge de la jeunesse nous a raconté l’histoire d’un gamin abandonné dans un orphelinat», se souvient Luc Dardenne. «Le père avait promis de venir le rechercher, mais il ne l’a jamais fait. Nous ne savions pas tout de suite comment en faire un film, mais l’image est restée gravée dans nos têtes.» Quelques années plus tard, le personnage refait surface* alors que les Dardenne travaillent sur un portrait de femme. De fil en aiguille*, il crée le personnage de Samantha, un ange gardien interprété par Cécile de France, toute nouvelle dans leur cinéma.

«Dès l’écriture, nous voulions travailler avec une comédienne connue, qu’elle soit une évidence pour le spectateur et qu’elle dégage une lumière qui réchauffe ce gamin. Cécile s’est vite imposée*» souligne Luc. Cyril, lui, marque la première apparition à l’écran du jeune Thomas Doret, choisi parmi 150 candidats. «On lui a fait jouer une scène toute simple au téléphone et sa grande concentration nous a tout de suite fait croire qu’il y avait quelqu’un au bout du fil» raconte Jean-Pierre. «Par la suite on craignait qu’il ne tienne pas le choc. Or non seulement il s’est montré sérieux dans son travail, mais il a apporté au tournage sa bonne humeur permanente. Grâce à lui, L’enfant au vélo est de loin notre expérience de cinéma la plus apaisée*» conclut le cinéaste.

Vocabulaire apaisée: sereine, paisible. compatriotes: de même nationalité. coup de fil: coup de téléphone. de fil en aiguille: suite à un enchaînement de circonstances. fugue: fuite d’un enfant de son milieu habituel (famille, école, foyer d’accueil, etc.). les yeux fermés: sans même le lire. ne mâchent pas: ici, ne simplifient pas. quitte à: s’il faut. refait surface: réapparaît. s’est vite imposée: est rapidement devenue l’actrice qu’il nous fallait.

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Bande dessinée

Geluck

Plus belge, tu meurs Le Point : Le Chat est apparu dans les colonnes du Soir, le grand quotidien belge, en 1983. Peut-on parler de ce personnage comme d’un emblème de la Belgique, à la manière de Tintin ? Philippe Geluck : Le Chat est effectivement né d’une commande du Soir, mais la forme que j’ai adoptée, celle du strip, était plutôt américaine, comme Peanuts. Il n’y avait pas véritablement de tradition belge en bande dessinée pour le strip. En outre, j’ai décidé de mettre en scène un personnage étranger à l’actualité belge, avec ses aphorismes et son humour cuistre*, en privilégiant un aspect intemporel. Je dois avouer qu’au début le succès a été très relatif, et les lecteurs ont été décontenancés*, sans doute parce que l’esprit du Chat était assez inclassable. D’un autre côté, j’ai sans aucun doute été influencé par cette forme de comique et d’absurde que l’on trouve chez René Magritte ou Louis Scutenaire. En Belgique, et en particulier à Bruxelles, il suffit de sortir dans les rues pour respirer un air typiquement surréaliste.

Philippe Geluck publie le tome 16 des aventures du Chat. Et cultive sa veine trash.

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En France, Philippe Geluck s’est révélé au grand public comme amuseur bon enfant* chez Michel Drucker ou Laurent Ruquier. En Belgique, il est une véritable icône, qui incarne un certain humour belge, plus caustique*, irrévérencieux et mauvais esprit. Mais, dans ces deux pays, il est avant tout l’auteur du Chat, une série légendaire qui fêtera bientôt ses 30 ans. Le volume 16 de ses aventures permet de retrouver ce félidé philosophe et insupportablement fat* au sommet de sa forme, comme le montre une carte postale où il s’affiche avec ce mot aimable : “Distoi qu’il vaut mieux être gravement malade que légèrement mort.”

Vous avez été au coeur de plusieurs polémiques sur les divisions entre Flamands et Wallons*. Mais quelle est votre position ? En fait, il y a eu deux polémiques distinctes. Tout d’abord, dans une émission de la RTBF*, j’ai lancé, tout en précisant bien qu’il s’agissait d’une plaisanterie, que les Flamands, qui “possèdent” actuellement tout le littoral belge, devraient désormais, en cas de scission, le partager avec les Wallons. Et puis dans un one-man-show, que je joue actuellement à Bruxelles (Je vais le dire à ma mère), il y a une scène où je cherche à expliquer à Michel Drucker la situation en Belgique, et pour ce faire je la compare successivement au conflit israélo-palestinien, aux déchirures entre Tutsis et Hutus et pour finir à l’Afrique du Sud de l’Apartheid. C’est

*


bien évidemment excessif, mais les réactions que ces deux traits d’humour ont suscitées, notamment celle d’un politicien flamand pseudo-modéré, montrent bien que le véritable danger en Belgique vient du nationalisme et des extrémistes de droite.

Vos récentes créations montrent un penchant* pour l’humour noir, tel ce dessin dans votre dernier Chat : dans les projets heureusement refusés par les éditeurs de BD, Les aventures de Helmut, le clown nazi. Les Français me connaissent surtout pour mes participations aux émissions de Michel Drucker ou de Laurent Ruquier, où je lissais* beaucoup mes interventions. Pourtant, j’ai une véritable prédilection pour un humour plus trash* et plus provocateur, qui explique notamment mes collaborations avec Siné Hebdo. C’est effectivement quelque chose que je perçois, qui contamine Le Chat en effet, mais cette transformation n’est pas encore achevée. Je ne sais pas jusqu’où elle me conduira.

Vocabulaire bon enfant: amical, sympathique. caustique: mordant, blessant. cuistre: pédant. décontenancés: surpris et désorientés. fat: stupide et prétentieux. je lissais: j’évitais d’être trop brutal, je me contrôlais. ne descend dans la rue: ne manifeste. plus belge, tu meurs: (fam.) impossible d’être plus belge. RTBF: Radio Télévision Belge Francophone. trash: anglicisme ; ici, ordurier, très vulgaire. un penchant: une attirance. Wallons: Belges francophones ; Flamands, Belges néerlandophones.

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Les Belges semblent vivre cette crise avec beaucoup de distance, au grand étonnement des Français. Oui, indéniablement. Certes, je crois qu’il vaut mieux rire de cette situation, comme je le fais en m’inspirant de Plume, d’Henri Michaux, que d’en pleurer. Mais le peuple belge a cette capacité fascinante à demeurer d’humeur égale face aux crises que le pays traverse depuis presque un demi-siècle. Près de 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le pays est politiquement ingouvernable en raison de son éclatement en de multiples parlements et régions, la crise économique a très durement frappé la Belgique, et pourtant personne ne descend dans la rue*, comme en France.

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Expressions

Nord-Pas-de-Calais *

Les chtis se mettent à la viticulture tallé en Charente où il est devenu directeur de cabinet du président du conseil général. « Je me suis passionné pour la viticulture et comme j’ai longtemps vécu près des terrils, j’ai pensé qu’ils pourraient constituer un milieu très favorable. » Les démarches administratives ont été facilitées par l’intérêt pour le projet de l’établissement public foncier – qui gère les terrils – et l’enthousiasme de Gérard Foucault, maire d’Haillicourt, dont le conseil municipal a financé le tiers du projet, ce qui représente 8.000 € de budget par an. Les deux autres tiers sont apportés par « Les Vins audacieux », une société créée

Une première cuvée de vin blanc devrait être produite en 2013 grâce à des vignes plantées directement sur un terril.

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Aussi surprenante soit-elle*, l’information ne devrait guère être démentie* par les faits : un terril* d’Hailli-

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court (Pas-de-Calais) produira bien en 2013 la première cuvée* d’un vin blanc. Au cœur de cette ancienne cité minière proprette et tirée au cordeau*, ces plants de vigne sur terril détonnent*. Pourtant, le futur breuvage – premier du genre en France – ne devrait pas être une horrible piquette*, « mais un bon vin avec une forte identité », estime Henri Jammet, vigneron à Saint-Sornin (Charente). Avec un groupe d’amis charentais, il est venu planter il y a une quinzaine de jours 3.000 pieds de chardonnay blanc – très adaptable et à maturité précoce – sur un tiers d’hectare du terril avec une déclivité* de 80 %. Le viticulteur croit aux atouts* du terril. « Sur sa face sud, il capte bien les

rayons du soleil en automne et avec sa pente il sèche très vite. Nous avons planté à mi-pente pour éviter les gelées de printemps et c’est un terrain noir schisteux qui paraît très adapté d’un point de vue agronomique. » Il a également prévu une hauteur de feuille de 40 centimètres plus élevée que d’habitude afin de favoriser la photosynthèse. La seule inconnue pour lui est l’odeur de charbon, qui devrait se traduire « par une forte identité » du vin. Passion… charentaise C’est Olivier Pucek, l’un de ses voisins de vigne à Saint-Sornin, qui l’a entraîné dans l’aventure. Originaire de la région d’Haillicourt, il s’est ins-

pour l’occasion. Passionné de nature, l’élu* se réjouit qu’on ait prévu à terme de faire un vin bio à partir de son terril. Si tout se passe bien, il envisage une extension des plantations, auxquelles s’ajouterait un vaste parc botanique.

Vocabulaire atouts: ici, possibilités de réussite. aussi surprenante soit-elle: bien qu’elle soit surprenante. chtis: surnom des habitants du Nord-Pas-de-Calais. cuvée: produit d’une vendange (récolte du raisin). déclivité: pente. détonnent: ne sont pas en harmonie avec le paysage. élu: homme politique. piquette: mauvais vin. terril: crassier ; colline de déblais accumulés pendant l’exploitation des mines de charbon. tirée au cordeau: aux maisons alignées.


Presse-méninges Spécial expressions Choisissez une définition pour chacune des expressions ci-dessous et reportez en bas de page les lettres qui lui sont associées. Si vous réponses sont correctes vous obtiendrez un aphorisme d’André Gide qui nous invite à prendre de la hauteur. 1. a b c

« Il n’est pas dans son assiette. »:

2. a

« Elle a découvert le pot aux roses. »:

jalousement gardé.

c

3. a b c 4.

a b c

Il ne se sent pas très bien.

ILF

Il n’a rien à manger.

A

Elle a découvert un secret AUT

Elle a planté un rosier dans son jardin.

EAU

Elle a trouvé un trésor.

MAL

« Il ne paye pas de mine. »: Il n’a pas l’air de ce qu’il est.

SUI

Il paye toujours comptant.

MEN

Il n’a pas d’argent.

IN

« Cette histoire est cousue de fil blanc. »:

5.

a b c

AB

Elle n’intéresse personne.

TIR

Elle ne dit pas la vérité.

VRE

Elle fait peur aux enfants.

OUS

« Ils sont arrivés à la queue leu leu. »:

ls sont arrivés en retard.

QUI

Ils sont arrivés trop tôt.

URT

Ils sont arrivés les uns après

les autres.

6. a b c

« Elle s’en mordra les doigts. »

SAP

Elle se mettra en colère.

UPO

Elle aura très peur.

VIE

Il regrettera ce qu’elle a fait

ENT

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b

Il n’a pas faim.

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Presse-méninges Spécial expressions 7.

a b c

C’est arrivé « de but en blanc. »:

8. a b c

13. « On a été payés en monnaie

C’est arrivé par hasard.

NTD

C’est arrivé brusquement.

EPO

C’est arrivé au mauvais moment.

DIE

« Tiens-toi à carreau ! »: Prends garde à toi !

URV

Marche à quatre pattes !

EL

Tiens-toi droit !

SOI

a b c

de singe. »:

b c

Un prête-nom.

UQU

Un épouvantail.

OIN

Un agriculteur.

POU

c

UN

C’est la fin du repas.

CUN

C’est la fin de tout.

ECE

11. « Le tricot, c’est sa marotte. »: a Elle porte toujours un tricot. b Elle adore tricoter. c Elle travaille dans un magasin

DE MIE TA

ma journée de travail.

NT UX

je suis en train de construire QUE

un mur.

CHA SOI TIE

d’habillement.

12. « Le 14 juillet est

un vendredi, on fera

a Le fotocopie non autorizzate sono illegali.

à passer.

TU

une contenance.

15. « Je suis au pied du mur. »: a Je dois faire mes preuves. b Je viens de commencer

« Un homme de paille », c’est:

10. « C’est la fin des haricots ! »: a C’est un mauvais moment

On n’a pas été suffisamment payés. AUT On a été trop payés.

14. « Elle riait, mais jaune. »: a Elle riait aux éclats. b Elle riait sans savoir pourquoi. c elle riait pour se donner

9. a b c

MON

On n’a pas été payés.

certainement le pont. »:

b c

I

On ira voir le défilé sur les Champs-Élysées.

NTV

On reprendra le travail lundi.

TEN

on n’ira pas travailler la veille.

L’A

L

........... ...........

F

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........... ........... ........... ...........

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........... ........... ........... ........... ........... ........... ...........

(André Gide, 1869 - 1951).

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Solution, page 23.


école primaire

niveau élémentaire

niveau intermédiaire inférieur

niveau niveau intermédiaire intermédiaire inférieur avancé

niveau avancé

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Solution PRESSE-MÉNINGES Spécial expressions: 1. b); 2. a); 3. a); 4. b); 5. c); 6. c); 7. b); 8. a); 9. a); 10. c); 11. b); 12. b); 13. a); 14. c); 15. a): «Il faut suivre sa pente pourvu que ce soit en montant.» (André Gide, 1869 - 1951).

AUSTRALIA - PEARSON AUSTRALIA 20 Thackray Road, Port Melbourne, Vic 3207, Tel. 61 (03) 92457111, Fax 61 (03) 92457333 www.pearson.com.au - schools@pearson.com.au AUSTRIA - ERNST INGOLD + CO AG Hintergasse 16 Postfach, 3360 Herzogenbuchsee, Switzerland, Tel. +41 (0)62 956 44 44, Fax +41 (0)62 956 44 54 info@ingoldag.ch - www.ingoldag.ch BELGIUM - MERLIJN EDUCATIEVE MEDIA Postbus 860, 3800 AW Amersfoort, The Netherlands, Tel. +31 (033) 463 72 61, Fax +31 (033) 463 75 87 info@merlijnonline.com - www.merlijnonline.com BULGARIA - OKSINIA LANGUAGE LAB EDUCATIONAL CENTRE Mladost 3, bl 304, vh.3, office 4, 1712 Sofia, Tel: +359 2 8762221 languageuserbg@gmail.com - www.languageuser-bg.com CANADA - THE RESOURCE CENTRE P.O. Box 190, Waterloo, Ontario N2J 3Z9, Tel. +1 (519) 885 0826, Fax. +1 (519) 747 5629 - sales@theresourcecentre.com CROATIA - VBZ Ltd Velikopoljska 12, 10010 Zagreb, Tel. +385 (01) 6254 671, Fax +385 (01) 6235 418 tanja.krizanec@vbz.hr - www.vbz.hr/stranijezici CYPRUS - GM PUBLICATIONS Kleomidous 2, 10443 Athens, Greece, Tel. +30 (210) 5150 201-2, Fax +30 (210) 5143 383 gmflbook@otenet.gr - www.elicyprus.synthasite.com CZECH REPUBLIC (Russian, Italian) - INFOA Nova 141, 789 72 Dubicko T + 420 (583) 456810 infoa@infoa.cz - www.infoa.cz DENMARK - FORLAGET LØKKE A/S Postboks 43 Porskaervej 15, Nim 8740 Braedstrup, Tel. +45 (75) 671 119, Fax +45 (75) 671 074 alokke@get2net.dk - www.alokke.dk EIRE - EUROPEAN SCHOOLBOOKS LTD Ashville Trading Estate, The Runnings, Cheltenham GL51 9PQ, UK, Tel. +44 (01242) 245252, Fax +44 (01242) 224137 direct@esb.co.uk - www.esb.co.uk FRANCE - EDITIONS DU COLLEGE 26110 Vinsobres Tel.+ 33 (04) 75 27 01 12, Fax. + 33 (04) 75 27 01 11 contact@editions-du-college.fr - www.editions-du-college.fr F.Y.R.O.M. - T.P. ALBATROS Bul. III Makedonska Brigada 23/1191000 Skopje, Tel./Fax +389 (02) 2463 849 - kasovskib@yahoo.com GERMANY - ZAMBON VERLAG und VERTRIEB Leipziger Straße 24, 60487 Frankfurt/Main, Tel. + 49 (0)69 779223, Fax + 49 (0)69 773054 - zambon@zambon.net GREECE - GM PUBLICATIONS Kleomidous 2, 10443 Athens, Tel. + 30 (210) 5150 201-2, Fax + 30 (210) 5143 383 gmflbook@otenet.gr - www.gm-books.com HONG KONG - TRANSGLOBAL PUBLISHERS SERVICE 27-E Shield Industrial Centre - 84 Chai Wan Kok Street Tsuen Wan, Hong Kong, Tel. +852 24135322 info@transglobalpsl.com - www.transglobalpsl.com HUNGARY - LIBRO-TRADE Kft Pesti Ut. 237, 1173 Budapest, Tel. + 36 (01) 254 0254 / 254 0273, Fax + 36 (01) 254 0274 periodicals@librotrade.hu - www.librotrade.hu ICELAND / FAER ØER - FORLAGET LØKKE A/S Postboks 43 Porskaervej 15, Nim 8700 Horsen, Denmark, Tel. +45 (75) 671 119, Fax +45 (75) 671 074 alokke@get2net.dk - www.alokke.dk ISRAEL - ALNUR FOR PEDAGOGY P.O.Box 100, Daliat el-Carmel 30056, Tel. +972 (04) 8390426, Fax +972 (04) 8391150 - nur@barak.net.il ITALIA - ELI srl, C.P. 6, 62019 Recanati, Tel. 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