Manon Lescaut

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LECTURES

SENIORS

ABBÉ PRÉVOST MANON LESCAUT

NIVEAU 2

ABBÉ PRÉVOST

Abbé Prévost

Manon Lescaut

MANON LESCAUT

Manon Lescaut, une très belle jeune fille, est envoyée par ses parents dans un couvent : en arrivant sur les lieux, elle rencontre un jeune homme, Des Grieux, qui tombe immédiatement amoureux d’elle. Ils décident alors de ne plus se quitter. Pourtant Manon, qui aime le luxe et l’aisance, accepte parfois de répondre aux avances de riches amants. Des Grieux ne l’en aime pas moins, car il est certain de sa sincérité lorsqu’elle tente de lui faire preuve de son amour. Ils feront toutefois l’expérience de moments très tourmentés et tragiques.

NIVEAU 2

Les lectures ELI sont une collection de livres de différents niveaux superbement illustrés allant des classiques toujours actuels aux histoires originales écrites pour les élèves qui étudient le français.

Dans cet ouvrage : - des dossiers culturels ; - des exercices DELF ; - des activités ludiques très variées.

Thèmes L’amour, La passion, Le libertinage, Le désir, L’argent, L’orgueil, L’infidélité, La corruption, La liberté

600 mots

A1

NIVEAU 2

800 mots

A2

NIVEAU 3

1000 mots

B1

NIVEAU 4

1800 mots

B2

NIVEAU 5

2500 mots

C1

NIVEAU 6

texte intégral

C2

Classique de la littérature française.

BN

IS

www.eligradedreaders.com

FLE A 2

RS IO -3 l. N .r. SE ut 58 I s LI sca 17 EL S E Le 365 RE non 88TU a 8C M 97

LE

Avec CD audio + lecture intégrale version MP3 téléchargeable

LECTURES ELI SENIORS

NIVEAU 1

FLE A2

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LECTURES

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Les Lectures ELI présentent une gamme complète de publications allant des histoires contemporaines et captivantes aux émotions éternelles des grands classiques. Elles s’adressent aux lecteurs de tout âge et sont divisées en trois collections : Lectures ELI Poussins, Lectures ELI Juniors et Lectures ELI Seniors. Outre leur grande qualité éditoriale, les Lectures ELI fournissent un support didactique facile à gérer et capturent l’attention des lecteurs avec des illustrations ayant un fort impact artistique et visuel.

A2


La certification du Conseil de la bonne gestion forestière ou FSC certifie que les coupes forestières pour la production du papier utilisé pour ces publications ont été effectuées de manière responsable grâce à des pratiques forestières respectueuses de l’environnement.

Cette collection de lectures choisies et graduées = 5000 arbres plantés.


Abbé Prévost

Manon Lescaut Adaptation libre et activités de Monique Blondel Illustrations de Daniela Tieni

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Manon Lescaut Abbé Prévost Adaptation libre et activités de Monique Blondel Illustrations de Daniela Tieni Révision de Mery Martinelli Lectures ELI Création de la collection et coordination éditoriale Paola Accattoli, Grazia Ancillani, Daniele Garbuglia (Directeur artistique) Conception graphique Airone Comunicazione - Sergio Elisei Mise en page Airone Comunicazione - Marcello Muzi Responsable de production Francesco Capitano Crédits photographiques Gettyimages, Shutterstock © 2014 ELI S.r.l. B.P. 6 - 62019 Recanati - Italie Tél. +39 071 750701 Fax +39 071 977851 info@elionline.com www.elionline.com Fonte utilisée 11,5 / 15 points Monotype Dante Achevé d’imprimer en Italie par Tecnostampa Recanati ERA 217.01 ISBN 978-88-536-1758-3 Première édition Février 2014 www.elireaders.com


Sommaire 6

Les personnages principaux

8

Activités de pré-lecture

10 Chapitre 1 16

Découverte de l’amour

Activités

20 Chapitre 2

Première trahison

26 Activités 30 Chapitre 3

Le vol et ses conséquences

36 Activités 40 Chapitre 4

L’initiation à la débauche

46 Activités 50 Chapitre 5

Emprisonnements et fuites

56 Activités 60 Chapitre 6

Un bonheur éphémère

66 Activités 70 Chapitre 7

Vengeance imprudente

76 Activités 80 Chapitre 8

La situation précipite

86 Activités 90 Chapitre 9

L’Amérique

98 Activités 102 Grand angle

L’Abbé Prévost

104 Grand angle

La société au XVIIIe siècle

106 Grand angle

Le Roman au XVIIIe siècle

108 Grand angle

Manon Lescaut dans la littérature et dans l’art

110 Bilan 111 Contenus

Les parties de l’histoire enregistrées sur le CD sont signalées par les symboles qui suivent : Début Fin


LES PERSONNAGES PRINCIPAUX

Manon 6

Des Grieux


Tiberge

Lescaut

M. de B.

M. de G… M…

Le jeune M. de G… M… 7


ACTIVITÉS DE PRÉ-LECTURE

Repères 1

Lis le texte qui suit. Vrai (V) ou faux (F) ?

La fin du règne de Louis XIV, le Roi Soleil, est une période difficile marquée par la guerre de succession d’Espagne et les luttes religieuses (comme le protestantisme et le jansénisme). Madame de Maintenon, que le roi épouse secrètement en 1683, a une grande influence sur lui. Elle a apporté à la Cour une grande austérité morale et religieuse. Lorsque le Roi Soleil meurt en 1715, et que le duc Philippe d’Orléans est sur le point d’exercer la Régence, car le petit Louis XV n’a que cinq ans et ne pourra régner qu’à quatorze ans, le royaume connaît une crise politique importante. Les aristocrates contestent le pouvoir royal absolu, les structures répressives comme la police sont donc renforcées. Il y a plusieurs prisons à Paris : l’Hôpital qui est divisé entre la Grande Force (pour les criminelles), la Prison (pour les délinquantes), le Commun (pour les prostituées), la Correction (pour les jeunes femmes ou les jeunes filles détenues à la demande de leur famille), Saint-Lazare qui est le lieu où sont enfermés les jeunes nobles débauchés, le Châtelet qui est une juridiction royale qui abrite dans ses bâtiments une série de prisons prévues pour retenir l’accusé et non pour le maltraiter. Les criminels et les prostituées sont envoyés dans les colonies d’Amérique pour les peupler. V F x La fin du règne du Roi Soleil est une période très facile. ■ ■ 1 La France a connu des luttes religieuses. ■ ■ 2 À la mort de Louis XIV, le futur roi est couronné immédiatement. ■ ■ 3 Les aristocrates contestent le pouvoir royal. ■ ■ 4 Les structures répressives sont renforcées. ■ ■ 5 Il n’y a pas de prison à Paris. ■ ■ 6 Saint-Lazare est le lieu où sont enfermées les jeunes filles. ■ ■ 7 Le Châtelet est le lieu où sont enfermés les accusés. ■ ■ 8 Personne n’est envoyé dans les colonies d’Amérique. ■ ■

8


Vocabulaire 2

La société et les mœurs. Associe les mots de l'encadré aux mots soulignés. inconduite • formaliste • gouverneur • Lutèce • opulence astucieux • zone • ravissement • tromper • faste • séduction Le récit se déroule à Paris et à Chaillot. Au XVIIIe siècle, Chaillot était un village près de Paris. Maintenant, c’est un quartier de Paris dans le XVIe arrondissement, c’est-à-dire près de la Place Charles de Gaule ou Place de l’Étoile. Philippe d’Orléans, régent après la mort de Louis XIV, libertin, va vivre non pas à Versailles mais à Port Royal. La France s’ouvre à la vie de luxe et de plaisir, ainsi les mœurs sont moins conformistes mais plus frivoles et inconscients que quelques années auparavant. C’est la recherche du plaisir et du bonheur, obtenu grâce à la richesse et au libertinage. Le libertin cherchera à conquérir le plus grand nombre de femmes, alors que la libertine sera une jeune femme d’origine précaire cherchant à améliorer sa condition sociale grâce à son charme, ce sera la courtisane ou la prostituée. Le plaisir demande de l’argent en abondance. Les plus démunis trouvent leur source de gain dans le jeu. De nombreuses maisons de jeu clandestines surgissent pour les accueillir. Mais les risques de perdre au jeu sont parfois lourds. Les joueurs les plus rusés et malhonnêtes s’organisent pour tricher, ce sont les ‘chevaliers d’industrie’.

Paris Lutèce ................................................... 1 Arrondissement ................................................... 2 Régent ................................................... 3 Luxe ................................................... 4 Conformiste ................................................... 5 Bonheur ................................................... 6 Richesse ................................................... 7 Libertinage ................................................... 8 Charme ................................................... 9 Rusé ................................................... 10 Tricher ...................................................

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Première partie • Chapitre I

Découverte de l’amour

2 Je* dois parler de quand j’ai rencontré pour la première fois le chevalier

Des Grieux, six mois avant mon départ pour l’Espagne. En revenant d’un tribunal de Normandie, je me suis arrêté à Pacy. Et là, j’ai vu les habitants se précipiter* à la porte d’une hôtellerie. J’en ai demandé la cause à un archer*. — Ce n’est rien, m’a-t-il dit ; ce sont des filles de joie* que je conduis jusqu’au Havre-de-Grâce, pour les embarquer pour l’Amérique. Il y en a quelques-unes de jolies, c’est ce qui excite la curiosité de ces paysans. — De quoi s’agit-il ? ai-je demandé à une vieille femme qui criait que c’était barbare. — Ah ! Monsieur, entrez, ce spectacle fend* le cœur ! Curieux, je suis entré et j’ai vu douze filles enchaînées six par six. Il y en avait une qui, malgré sa tristesse et ses habits sales, m’a inspiré du respect et de la pitié. Elle cachait son visage. Le chef des gardes m’a dit qu’elle sortait de l’Hôpital*, par ordre de M. le lieutenant général de Police. — Elle n’a sûrement pas été enfermée pour ses bonnes actions, m’a-t-il dit, mais il me semble qu’elle mérite mieux que ses compagnes. Ce jeune homme pourrait vous renseigner ; il l’a suivie depuis Paris, sans cesser de pleurer. Son visage exprimait une grande douleur. Je me suis approché de lui pour lui demander qui elle était. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas me le dire sans se faire connaître lui-même. je ce premier narrateur est ‘l’homme de qualité’, Renoncour, des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, roman de Prévost dont le septième tome est Manon Lescaut se précipiter aller vite

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archer représentant des forces de l’ordre filles de joie prostituées, filles des rues fend afflige, trouble hôpital lieu où les filles publiques étaient accueillies


manon lescaut

— Je peux vous dire que je l’aime et que je suis très malheureux. J’ai tout fait à Paris pour obtenir sa liberté. Je m’embarquerai* avec elle pour l’Amérique. Mais ces lâches* ne me permettent pas d’approcher d’elle. Je m’étais associé à quatre hommes pour les attaquer, mais ils m’ont volé presque tout mon argent. J’ai demandé aux archers de la suivre. Ils ont consenti contre de l’argent. Maintenant je suis sans le sou et je ne peux pas l’approcher. — Eh bien ! lui ai-je dit, voici quatre louis d’or* que je vous prie d’accepter. J’ai donné aussi deux louis d’or au chef des gardes en lui disant que je le ferais punir s’il faisait quelque friponnerie*. Pendant deux ans, j’ai oublié cette aventure. Puis je suis venu de Londres à Calais, et je suis allé au Lion d’Or. J’ai reconnu le jeune homme que j’avais rencontré à Pacy. Il était pâle, mal habillé. — Ah ! Monsieur, s’est-il écrié. Je peux enfin vous adresser ma reconnaissance ! Il m’a dit qu’il arrivait par mer du Havre-de-Grâce, où il était revenu d’Amérique peu avant. — Vous semblez ne pas avoir beaucoup d’argent, lui ai-je dit. Venez au Lion d’Or. J’étais impatient d’apprendre le détail de son malheur. — Monsieur, m’a-t-il dit, je vais tout vous dire. Je suis sûr que vous me plaindrez*. Voici son récit que j’ai écrit très fidèlement. J’avais dix-sept ans, et j’achevais mes études de philosophie à Amiens. Je menais une vie sage et réglée, je m’appliquais donc à l’étude sans penser au vice. Ayant eu de bons résultats, Monsieur l’Évêque m’a je m’embarquerai je monterai dans un navire lâches personnes méprisables louis d’or monnaie de l’époque en or ; 1 louis d’or = 365 euros actuels (voir Chapitre III – ex. 7)

friponnerie action malhonnête vous me plaindrez vous aurez pitié de moi

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abbé prévost

proposé d’entrer au séminaire* alors que mes parents me destinaient à entrer dans l’Ordre de Malte*. J’en portais déjà la croix avec le nom de chevalier Des Grieux. Je devais donc quitter Amiens et y laisser un ami, qui, d’une famille très médiocre*, était obligé d’entrer au séminaire. Vous connaîtrez sa bonté dans la suite de mon histoire. Si j’avais profité de ses reproches, j’aurais sauvé quelque chose du naufrage de ma fortune et de ma réputation. La veille de mon départ d’Amiens, je me promenais donc avec mon ami, Tiberge, quand nous avons vu arriver le coche* d’Arras et l’avons suivi jusqu’à l’Hôtellerie. Quelques femmes en sont descendues. L’une d’elles, très jeune, m’a paru si charmante que moi, qui n’avais jamais pensé à la différence des sexes, je me suis tout à coup enflammé*. Je me suis avancé vers la maîtresse de mon cœur. Elle n’a pas paru embarrassée. — Qu’est-ce qui vous amène à Amiens ? lui ai-je demandé. — Ce sont mes parents qui m’y ont envoyée pour être religieuse. Cela a été un coup mortel pour mes désirs. Pourtant, son regard, un air charmant de tristesse m’ont donné le courage de l’assurer que je ferais tout pour la délivrer de ses parents et la rendre heureuse. Ma belle inconnue savait bien qu’on n’est pas trompeur* à mon âge. Elle a dit à son conducteur qu’elle rentrerait au couvent le lendemain. Je l’ai accompagnée dans une auberge. J’ai demandé à mon ami Tiberge de me faire une commission afin d’avoir le plaisir de rester seul avec la souveraine de mon cœur. Moins enfant que je le croyais, mon cœur s’est ouvert au plaisir. Après avoir réfléchi, nous avons décidé de fuir le lendemain matin pour aller droit à Paris, où nous nous ferions marier dès notre arrivée. J’avais environ cinquante séminaire lieu où l’on forme les hommes d’église Ordre de Malte ordre militaire des Chevaliers de Malte créé au milieu du XIe siècle médiocre pauvre et simple

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coche grande voiture à cheval pour transporter des personnes et des marchandises enflammé exalté, rempli d’ardeur trompeur mensonger


manon lescaut

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abbé prévost

écus*, elle en avait à peu près le double. Nous croyions que cette somme ne finirait jamais. Après avoir soupé*, je suis parti pour exécuter notre projet. Mais Tiberge, soupçonneux, m’attendait à mon auberge. — Je suis sûr que vous voulez me cacher quelque chose, m’a-t-il dit. — Je ne suis pas obligé de vous raconter tous mes projets, lui ai-je répondu. — Non, a-t-il répliqué, mais vous m’avez toujours traité* en ami, et cela suppose un peu de confiance. Il a tant insisté que je lui ai confié ma passion. Son mécontentement m’a fait frémir*. Il m’a dit qu’il s’y opposait et m’a menacé de me dénoncer auprès de personnes influentes* qui mettraient fin à mes projets. — Tiberge, lui ai-je dit, il est vrai que je l’aime, je ne vous ai pas trompé. Venez me prendre demain à neuf heures, je vous ferai voir, si c’est possible, ma maîtresse, et vous jugerez. Il m’a laissé seul, en ami. Je suis allé à l’auberge de Mademoiselle Manon au lever du jour. Elle m’attendait. Nous sommes sortis sans bruit. La chaise* est partie. Je parlerai dans la suite de la conduite de Tiberge quand il s’est aperçu que je l’avais trompé. Son zèle n’en est pas devenu moins ardent. Nous sommes arrivés à Saint-Denis avant la nuit. Proches de Paris, nous nous sommes arrêtés pour manger quelque chose. Nos hôtes nous regardaient avec admiration, tant nous nous aimions avec passion. Là, nous avons oublié nos projets de mariage et nous nous sommes retrouvés époux sans y avoir réfléchi. écus monnaie de l’époque ; 1 écu = 45,73 euros actuels (voir Chapitre III - ex. 6) soupé dîner tard traité considéré

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frémir trembler de peur influentes qui ont de l’autorité chaise voiture légère, pour une ou pour deux personnes, traînée par un ou deux chevaux


manon lescaut

Puis nous avons pris un appartement meublé à Paris, pour mon malheur, à côté de chez M. de B… . Pendant trois semaines, j’ai été absorbé par ma passion sans penser au chagrin de mon père pour mon absence. Je me conduisais sans débauche* et Manon se comportait aussi avec retenue, Manon plairait donc à mon père qui me permettrait de l’épouser. Je pensais aller le voir. Et puis, nous commencions à manquer d’argent et mon père pouvait nous aider. Mais je n’ai eu aucun soupçon de ce qui devait m’arriver pendant mon départ. Manon m’avait dit qu’elle trouverait de l’argent auprès de parents en province. Ses caresses étaient telles que j’avais accepté. C’est elle qui payait nos dépenses ordinaires. Mais je me suis aperçu peu après d’une certaine opulence*. — Ne vous ai-je pas promis que je trouverais des ressources ? m’a-t-elle dit. Je l’aimais avec trop de simplicité pour m’alarmer facilement.

débauche excès de plaisir sexuel opulence abondance de biens

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

DELF - Compréhension 1

Réponds aux questions suivantes.

Qui est le premier narrateur ? C’est Renoncour, l’homme de qualité du roman de l’Abbé Prévost. ……………………………........................................................…………………………........ 1 Pourquoi ces filles vont-elles au Havre-de-Grâce ? ……………………………........................................................……………………………….. 2 Combien de filles sont enchaînées ? ……………………………........................................................……………………………….. 3 Qui a suivi la jeune fille depuis Paris ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 Pourquoi le jeune homme ne peut-il pas s’approcher de la jeune fille ? ……………………………........................................................……………………………….. 5 Pendant combien de temps le premier narrateur oublie-t-il l’aventure de Des Grieux et Manon ? ……………………………........................................................……………………………….. 6 Le jeune homme part-il pour l’Amérique ou en revient- il lorsqu’il rencontre le premier narrateur ? ……………………………........................................................……………………………….. 7 Que signifie ce que dit Des Grieux : « je me suis tout à coup enflammé » ? ……………………………........................................................……………………………….. 8 Qu’est-ce que Des Grieux décide de faire le lendemain de sa rencontre avec Manon ? ……………………………........................................................……………………………….. 9 Que veut dire Des Grieux par ces mots à propos de Tiberge :«il m’a quitté en ami » ? ……………………………........................................................……………………………….. 10 À quel moment de la journée Des Grieux et Manon fuient-ils ? ……………………………........................................................……………………………….. 11 Où Des Grieux et Manon habitent-ils en arrivant à Paris ? ……………………………........................................................……………………………….. 12 Pourquoi Des Grieux ne s’alarme-t-il pas en voyant que Manon dépense beaucoup ? ……………………………........................................................………………………………..

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Vocabulaire 2

Réécris le texte suivant en remplaçant les mots soulignés par les mots de l’encadré.

demoiselle • malheureux • proche • prendre la route vêtu • est arrivé • de l’argent • fait le récit de • cette période qui est • a l’air • aller en direction de l’ • désorienté pose des questions à • offert

Manon est une jeune fille (0) de seize ans environ qui se trouve (1) dans une situation très difficile lorsque l’homme de qualité, Renoncour, la voit arriver au Havre pour partir en (2) Amérique. Il dialogue avec (3) un garde qui lui donne quelques explications. Des Grieux, qui est peu loin (4), semble (5) perdu (6), très triste (7). Puis Renoncour les laisse partir (8) après avoir donné (9) quatre louis d’or (10) à Des Grieux. Deux ans plus tard, Des Grieux, qui revient d’Amérique, rencontre à nouveau Renoncour par hasard. Le chevalier est mal habillé (11), sale. Il sont à l’auberge où Renoncour l’invite parce qu’il pense que le chevalier n’a pas d’argent, et, là, Des Grieux raconte (12) ce qui s’est passé (13) pendant ces deux ans (14). Manon est une demoiselle (0) de seize ans environ

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Associe chaque définition au mot qu’elle indique.

1 début d’une journée entre le lever du soleil et midi 2 douzième heure 3 partie de la journée de midi au soir 4 région du midi de la France 5 dernier moment de la journée 6 crépuscule 7 premières clartés du jour 8 moment où le soleil disparait à l’horizon

a Midi b midi c aube d coucher du soleil e matin f après-midi g soir h soir

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4 Orthographe a) Complète les phrases en employant les mots de l’encadré. vois • voix • voit • voit • voie • voient

Tiberge ne …………. voit pas Renoncour. 1 Le garde dit à Des Grieux : « je ……………. bien que cette jeune fille est différente des autres ». 2 Des Grieux …………………. lui aussi que Manon a des façons de faire raffinées et qu’elle est très jolie. 3 Des Grieux et son ami Tiberge ………………… arriver le coche d’Arras et le suivent jusqu’à l’Hôtellerie. 4 Manon et Des Grieux choisissent la …………….. de la liberté et s’enfuient à Paris. 5 Quand Tiberge a vu que je l’avais trompé, il a crié à haute …………………. mais son amitié ne m’a pas abandonné. b) Trouve le bon mot : vers, vert, verre ou ver. Vers la fin de la journée ……………. 1 Je me suis avancé ……………. la maîtresse de mon cœur. 2 À l’auberge nous avons bu un bon ……………… d’eau. 3 Sa chaussure n’était pas en …………………… comme celle de Cendrillon. 4 Elle était assise par terre à côté d’un ……………….. de terre. 5 Le terrain était …………………. . 6 Nous sommes arrivés à Paris ……………….. les premières heures de la nuit.

Grammaire 5

Reconstruis les phrases.

Habitants curieux les du sont douze village filles voir jeunes les de. Les habitants du village sont curieux de voir les douze jeunes filles. 1 pour aller Les filles doivent être embarquées en Amérique. 2 demande L’homme de qualité, Renoncour, à des informations Des Grieux. 3 Des Grieux Manon depuis a suivi Paris. 4 ne veut pas Des Grieux Manon abandonner.

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5 Des Grieux d’informations ne pas gardes donnent Les à. 6 d’argent Des Grieux n’a pas. 7 à quatre louis d’or Des Grieux Renoncour donne. 8 Tiberge fidèle de Des Grieux est l’ami.

6 Trouve les questions donnant comme réponses les phrases de l’exercice 4.

Pourquoi les habitants du village se précipitent-ils à la porte de l’Hôtellerie ?

ACTIVITÉ DE PRÉ-LECTURE

Production écrite 7

Imagine que Des Grieux écrit une lettre à son père pour lui expliquer ce qu’il fait. Les mots de l’encadré, dont les verbes sont à conjuguer, peuvent t’aider. nouvelles • rencontre • jeune fille • couvent • triste très belle • amoureux • projet de mariage • père • respecter chagrin • absence • Paris • présenter • Manon • aimer être • faire • aller • vivre • protéger Mon cher Père, Je vous écris pour vous donner quelques nouvelles. Comme vous devez le savoir, j'ai quitté mon très cher ami Tiberge en quittant Amiens. Il est en effet resté au séminaire où il continue ses études. Je dois vous raconter l'aventure qui m'est arrivée...

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Chapitre II

Première trahison

3 Un après-midi, je suis sorti, puis je suis rentré plus tôt que prévu.

J’ai dû attendre que M. de B… sorte par l’autre escalier pour que la domestique m’ouvre. Confus, je suis parti en disant toutefois à la petite domestique de ne pas dire qu’elle m’avait parlé de M. de B… Consterné*, je suis entré dans le premier café que j’ai vu. Manon me trahit ? Non, impossible. J’étais prêt à rentrer sans parler de rien pour ne pas la blesser. Elle savait que je l’adorais, c’était sûr ; et j’avais reçu beaucoup de preuves d’amour d’elle. La visite de M. de B… m’a fait repenser aux achats coûteux de Manon. Je ne voulais pas imaginer Manon pouvant s’occuper d’un autre que moi. J’ai donc pensé que, M. de B… étant un homme riche, les parents de Manon s’étaient servis de lui pour lui faire avoir de l’argent. Ainsi, ma tristesse a diminué et je suis rentré. J’ai embrassé Manon avec ma tendresse ordinaire et je n’ai parlé de rien, car j’espérais qu’elle me dirait tout. À table, j’ai cru apercevoir de la tristesse dans ses yeux. Ses regards s’attardaient sur moi. Était-ce de l’amour ou de la compassion ? Puis j’ai vu des larmes tomber de ses beaux yeux. — Ah Dieux ! Vous ne me dites pas un seul mot, ai-je crié. Peu après, j’ai entendu frapper à la porte. Manon m’a donné un consterné affligé

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manon lescaut

baiser et est partie vite. Quand j’ai ouvert, trois laquais* de mon père m’ont attrapé. Ils m’ont expliqué que c’était mon père qui leur avait donné cet ordre et que mon frère aîné m’attendait dans une carrosse. Je n’ai pas eu la force de résister. Mon frère était là, mais il n’a pas parlé. Le cocher* nous a conduits jusqu’à Saint-Denis. J’étais trahi, mais par qui ? Tiberge ? Impossible, parce qu’il ignorait où j’étais. Manon ? Je me sentirais coupable de le penser. Je me désespérais d’être arraché d’elle. J’ai conclu que quelqu’un l’a dit à mon père. J’ai résolu d’accepter avec patience mon sort afin que mon père me pardonne. Alors je pourrais retourner vite à Paris pour redonner la vie et la joie à Manon. Mon frère m’a assuré que je ne devais pas redouter* mon père à condition que je me comporte comme je le devais. À Paris, mon père ne m’a pas accueilli trop durement. Il s’est contenté de me reprocher d’être parti sans sa permission. Il m’a dit, à propos de ma maîtresse, qu’il espérait que je deviendrais plus sage. Après l’avoir remercié, je ne pensais qu’à fuir avant la fin de la nuit. Pendant le souper, mon père a parlé de perfidie* et de service intéressé rendu par M. de B… . J’ai été surpris en entendant ce nom, et je l’ai prié de s’expliquer. — Tu ne lui as pas raconté toute l’histoire ? a-t-il demandé à mon frère. Et il m’a demandé si j’avais la simplicité de croire que ma maîtresse m’aimait. Je lui ai dit avec ardeur que rien ne m’en faisait douter. — Ha ! s’est-il écrié en riant, que tu es dupe*. C’est vraiment dommage de te faire entrer dans l’Ordre de Malte… Il y a onze jours, M. de B… m’a écrit. Je te dis que M. de B… a gagné le cœur de ta laquais domestiques cocher personne qui conduit une voiture à cheval redouter craindre

perfidie intention déloyale dupe facile à tromper, naïf

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abbé prévost

princesse. Il a su d’elle que tu es mon fils et, pour se débarrasser de toi, il m’a écrit où tu habitais. Ne pouvant en apprendre davantage, je me suis levé de table, mais je suis tombé sans connaissance*. Puis j’ai versé un torrent de larmes. Mon père, qui m’a toujours aimé tendrement, m’a consolé. Je l’ai prié de me laisser retourner à Paris pour aller poignarder M. de B… car, lui ai-je dit : — Il a fait violence à Manon. Elle m’aime. Ô dieux ! Manon m’aurait trahi ? Mon père m’a fait garder à vue par deux domestiques. Il m’a été impossible de fuir. Je désirais mourir. J’ai supplié mon père de croire que nous nous aimions. Le résultat a été que j’ai passé six mois dans ma prison entre la haine et l’amour, l’espérance et le désespoir. Parfois je considérais Manon la plus aimable des filles, parfois je la considérais une lâche* et perfide maîtresse. Tiberge est venu me voir un jour, avec beaucoup d’affection. Il m’a parlé de mon égarement* et il m’a félicité de ma guérison. — Mon cher Chevalier, m’a-t-il dit, je désirais autant que vous la volupté*, mais le Ciel m’a aussi donné du goût pour la vertu*. Il m’a raconté qu’après ma fuite d’Amiens, il m’avait cherché et avait appris que Manon était entretenue* par M. de B… Il m’a parlé de la bonté de mon caractère, ce qui m’a donné envie d’entrer dans l’état ecclésiastique. Ma vie sage ne me permettrait pas de penser aux dangereux jeux de l’amour. Je me suis mis à imaginer ma vie paisible et solitaire. Mais je devais y être avec Manon. Tiberge venait souvent me voir. Je me suis confié à mon père et sans connaissance évanoui lâche personne sans courage égarement folie passagère

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volupté plaisir des sens vertu chasteté, capacité de faire le bien entretenue maintenue


manon lescaut

??

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abbé prévost

j’en ai convenu d’aller au séminaire de Saint-Sulpice avec Tiberge. Mon père, croyant que j’avais oublié ma passion, m’a laissé partir. L’habit ecclésiastique a pris la place de la croix de Malte, et le nom d’abbé Des Grieux celle de chevalier. Je m’appliquais beaucoup. Tiberge était charmé car il considérait ma conversion comme son œuvre. Mais une passion fait naître les résolutions* humaines, une autre peut les détruire. Quand je pense à la joie intérieure que le Ciel m’avait fait goûter à SaintSulpice, je suis effrayé de la facilité avec laquelle j’ai pu rompre mes décisions. Après un an passé à Paris, j’ai dû parler publiquement dans l’École de Théologie. Mon nom, qui était sur toutes les affiches, est arrivé jusqu’aux oreilles de mon infidèle. Elle est venue à la Sorbonne et, après mon retour à Saint-Sulpice, on est venu m’avertir qu’une dame demandait à me voir. J’y ai trouvé Manon, plus aimable et plus brillante que je ne l’avais jamais vue. Elle avait dix-huit ans et son air si fin, si doux de l’Amour m’avait enchanté. Je ne savais pas le pourquoi de cette visite. J’attendais, les yeux baissés et tremblant, qu’elle m’explique. Troublée, elle s’est mise à pleurer. Elle a admis son infidélité, puis elle m’a reproché de rester sans lui dire un mot. Enfin j’ai crié douloureusement : Perfide Manon ! Ah ! perfide ! perfide ! — Je prétends mourir, m’a-t-elle dit, si vous ne me rendez votre cœur, sans lequel je ne peux vivre. — Demande donc ma vie, infidèle ! car mon cœur n’a jamais cessé d’être à toi. Elle est immédiatement venue m’embrasser, m’a fait mille caresses. J’ai pris ses mains dans les miennes. Je lui ai dit que je ne m’attendais pas à cette noire trahison. résolutions décisions fermes

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manon lescaut

— Au nom de toutes les peines que j’ai souffertes pour vous, belle Manon, dites-moi si vous serez plus fidèle. Repentie*, elle s’est engagée à la fidélité, ce qui m’a fortement attendri. — Chère Manon ! lui ai-je dit, je me sens victorieux. Je lis ma destinée dans vos beaux yeux. Elle m’a alors appris que M. de B… était passionné et que le paiement devait être proportionné aux faveurs. Elle a accepté dans le seul but d’obtenir de lui une somme considérable pour vivre, mais qu’elle n’avait jamais goûté de bonheur avec lui, surtout parce qu’au fond du cœur elle pensait à mon amour. Comment ne pas être touché ? Elle m’a dit que je devais quitter le séminaire. J’ai consenti* à ses volontés sans réplique. Nous sommes sortis sans nous faire voir. J’ai repris mes galons et mon épée. Manon a décidé de ne pas prendre les meubles mais d’emporter les bijoux et près de soixante mille francs qu’elle avait eus de M. de B… depuis deux ans. — Je ne lui ai donné nul pouvoir sur moi, a-t-elle dit, ainsi nous pouvons demeurer sans craintes à Paris. Comme il était très dangereux pour moi de vivre à Paris, Manon a accepté de vivre à Chaillot, qui n’est pas loin.

repentie reconnaissant ses tords j’ai consenti j’ai accepté

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Coche la bonne solution et justifie ton choix en citant le texte.

a ■ La domestique ouvre immédiatement à Des Grieux. b ■ Des Grieux voit M. de B… en rentrant chez lui. 5 La domestique ouvre à Des Grieux après l’avoir fait c ■ attendre. J’ai dû attendre que M. de B… sorte pour que la ……………………………........................................................……… domestique m’ouvre ……………………………........... 1 a ■ Des Grieux pense que les parents de Manon lui ont donné de l’argent. b ■ Des Grieux sait que les parents de Manon lui ont donné de l’argent. c ■ Des Grieux suppose que les parents de Manon ont donné de l’argent à M. de B…

2 a ■ Des Grieux se fâche contre Manon en rentrant. b ■ Des Grieux embrasse Manon avec tendresse en rentrant. c ■ Des Grieux ne regarde pas Manon en rentrant. 3 a ■ Des Grieux accepte de rester chez son père. b ■ Des Grieux accepte d’aller chez Tiberge. c ■ Des Grieux ne pense qu’à fuir. 4 a ■ M. de B… ne veut plus voir Manon. b ■ M. de B… est amoureux de Manon. c ■ M. de B… n’a jamais vu Manon. 5 a ■ Le père de Des Grieux est indifférent face à son fils. b ■ Le père de Des Grieux hait son fils. c ■ Le père de Des Grieux a de l’affection pour son fils. 6 a ■ Manon ne sait pas si elle se repentira d’avoir trahi Des Grieux. b ■ Manon s’est repentie de l’avoir trahi. c ■ Manon n’est pas repentie de l’avoir trahi. Repentie, elle s’est engagée à la fidélité.

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Vocabulaire 2

Retrouve dans la grille 9 sensations et sentiments variés des personnages présents dans le texte.

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B

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Orthographe 3

Complète les phrases avec : comte, compte, conte, comtes ou comptes.

M. de B… n’est pas un duc ni un ................ comte , mais il est très riche. 1 Son ................ en banque pourrait être très élevé. 2 Manon peut lire des ................ de fée, elle en a le temps. 3 Cendrillon est un ................. 4 Tu ne ................ jamais quand tu achètes. 5 Les ducs, les ................, les marquis sont des gens appartenant à la noblesse.

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Grammaire 4 Remplis les cases vides du tableau. NOM SINGULIER masculin

féminin

amour

NOM PLURIEL masculin

féminin

amours

ADJECTIF SINGULIER masculin

féminin

ADJECTIF PLURIEL masculin

féminin

amoureux amoureuse amoureux amoureuses tendre

confusion bon triste passionné peur courageuses malheur douce

DELF - Production écrite 5

Écris un bref résumé du chapitre. Termine en expliquant pourquoi Des Grieux dit qu’il est dangereux pour lui de vivre à Paris et ce qui pourrait lui arriver. Aide-toi en répondant aux questions proposées.

a Combien de temps Des Grieux est-il resté au séminaire ? b Qu’est-ce que Manon a fait pendant que Des Grieux était au séminaire ? c Pourquoi Des Grieux quitte-t-il le séminaire ? d Quels sont les sentiments de Manon face à l’argent que lui a donné M. de B… ? e Pourquoi est-il dangereux que Des Grieux vive à Paris ? f Que peut arriver au couple d’amoureux à ton avis ? g Crois-tu que Manon sera réellement fidèle à Des Grieux ? h Crois-tu que Manon sera capable de ne pas trop dépenser ? i À ton avis, Des Grieux aime-t-il réellement Manon ? j Et Manon, aime-t-elle réellement Des Grieux ?

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Un après-midi…


ACTIVITÉS DE PRÉ-LECTURE

Grammaire 6 Mets les verbes entre parenthèses à l’imparfait de l’indicatif.

7

Je (adorer) ………………… adorais (0) Manon. Je la (laisser) ………………… (1) payer nos dépenses ordinaires. Je (voir) ………………… (2) que notre table était plus richement servie. Je lui (demander) ……………………….. (3) pourquoi. Elle me (répondre) ……………………….. (4) de ne pas me préoccuper. Nous (manger) ……………………. (5) de bons fruits. Je lui (dire) ………………….. (6) que mon père pourrait nous aider si je me (réconcilier) ……………………. (7) avec lui. Elle a dit qu’elle (vouloir)………………………. (8) trouver elle-même une solution. Je l’(aimer) ………………… (9) trop pour me préoccuper. Nous (être) ………………… (10)servis par une jeune fille de notre âge. Nous (avoir) ……………………… (11) le même âge. Elle (être) ………………………. (12) obéissante et timide. Remplace les mots soulignés par le pronom personnel sujet ou complément qui correspond.

Manon était douce et complaisante. Elle était douce et complaisante. 1 Voilà le plan que Des Grieux a proposé. 2 Deux mille écus suffiront à Manon et Des Grieux s’ils vivent à Chaillot. 3 En dix ans, le père de Des Grieux peut mourir. 4 Manon a raconté à Des Grieux que son frère l’avait menacée brutalement. 5 Le frère de Manon désirait vivre en bon accord avec Manon et Des Grieux. 6 Le frère de Manon a été le maître de tout ce qui appartenait à Manon et Des Grieux.

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Chapitre III

Le vol et ses conséquences

4 Nous sommes arrivés à Chaillot. La première nuit, nous sommes

descendus dans une auberge et le lendemain nous avons trouvé un appartement. Mon bonheur m’a paru d’abord inébranlable*. Manon était douce et complaisante. Nous avons examiné notre fortune. Soixante mille francs n’était pas une somme qui pouvait durer toute la vie. Et nous n’étions pas disposés à économiser. Voilà le plan que je me suis proposé : deux mille écus nous suffiraient si nous vivions, à Chaillot, une vie simple ; alors soixante mille francs pourraient suffire pour une dizaine d’années. En dix ans, mon père pourrait mourir. J’aurais mon héritage et nous n’aurions plus rien à craindre. Mais nos résolutions n’ont pas duré plus d’un mois. Manon était passionnée pour le plaisir, je lui procurais donc tout ce qui lui plaisait. Comme l’hiver approchait et que la campagne devenait déserte, elle voulait une maison à Paris. Nous avons sagement conclu de prendre un immeuble meublé où nous pouvions dormir lorsque nous restions tard le soir à Paris. Ce changement a provoqué deux aventures qui ont causé notre ruine*. Un frère de Manon, garde du corps brutale, habitait à Paris, dans la même rue que nous. Il a reconnu sa sœur à la fenêtre. Il est inébranlable inattaquable, solide ruine perte de biens financiers et matériels

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manon lescaut

allé aussitôt chez nous, est entré dans notre chambre en jurant*, et comme il connaissait les aventures de sa sœur, il l’a accablée d’injures*. Heureusement, je venais de sortir. Quand je suis rentré, il était parti. Triste, Manon m’a raconté que son frère l’avait menacée brutalement. Ma première idée a été de me venger, mais elle m’a arrêté. Nous étions encore en train de parler quand son frère est revenu pour s’excuser car, ayant appris qui j’étais, il désirait vivre en bon accord avec nous. Il est resté souper. Devenu très rapidement familier, il a été le maître de tout ce qui nous appartenait. Il m’appelait son frère et s’est mis à amener tous ses amis à Chaillot à nos frais*. Il nous a aussi engagés à payer toutes ses dettes. Je fermais les yeux* sur cette tyrannie* pour ne pas déplaire à Manon, mais il s’agissait parfois de sommes importantes. Il est vrai qu’étant grand joueur, il en remboursait une partie lorsqu’il gagnait. Mais nos ressources ne pouvaient pas faire face à de telles dépenses. J’allais m’expliquer avec lui lorsqu’un accident funeste* nous a effondrés. Nous avions passé la nuit à Paris, comme cela nous arrivait souvent, et la servante, qui était restée à Chaillot, est venue nous avertir que la maison avait pris feu pendant la nuit. Je lui ai demandé si les meubles avaient souffert. Elle m’a dit qu’il y avait tant d’étrangers qui étaient venus au secours qu’elle ne pouvait assurer de rien. Je suis parti immédiatement pour Chaillot et j’ai constaté que tout notre argent avait disparu. Je connaissais Manon ; j’avais trop vu que, même si elle était fidèle dans l’aisance*, il ne fallait pas compter sur elle dans la misère. «Je la perdrai », ai-je crié. Cette pensée était si affreuse que j’ai désiré mourir. Mais le Ciel m’a fait naître une idée qui a arrêté mon désespoir. Je cacherai notre perte à Manon et ferai mon possible en jurant en blasphémant accablée d’injures couverte d’offenses à nos frais et c’est nous qui payions je fermais les yeux sur je ne faisais pas attention à

tyrannie autorité oppressive funeste désastreux aisance confort financier

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abbé prévost

pour qu’elle ne manque de rien. J’ai compté que vingt mille écus nous suffiraient pendant dix ans. Combien de personnes vivent à Paris, qui n’ont pas mon esprit ni mes qualités, et doivent compter sur leurs talents pour vivre ? La plupart des grands et des riches sont des sots et leur sottise est un fond excellent de revenu pour les petits. Ces pensées m’ont amené à aller voir Lescaut, frère de Manon. Il connaissait parfaitement Paris et j’avais compris que ses revenus* ne venaient ni de ses biens ni de la paie du Roi. Le frère de Manon m’a assuré de son secours et de ses conseils. — C’est bien vague*, Monsieur Lescaut, lui ai-je dit ; mes besoins demandent un remède plus rapide, car que dire à Manon ? — Qu’est-ce qui vous embarrasse à propos de Manon ? Une fille comme elle devrait vous entretenir, vous, elle et moi. J’ai voulu répliquer mais il m’a dit qu’il me garantissait avant le soir mille écus à partager entre nous car il connaissait un seigneur, si libéral*, qu’il était sûr qu’il donnerait bien mille écus pour obtenir les faveurs* d’une fille comme Manon. Je l’ai arrêté. — J’avais une meilleure opinion de vous, lui ai-je répondu. Il m’a répondu que sa sœur avait violé* les lois de son sexe avec moi, et qu’il s’était réconcilié avec elle uniquement dans l’espoir de tirer parti de sa mauvaise conduite. J’ai constaté que nous avions été ses dupes et je lui ai répondu, toutefois en riant, que son conseil pouvait être seulement une dernière ressource. Il m’a alors proposé de profiter de ma jeunesse pour me mettre en liaison avec quelque dame vieille et libérale. Je lui ai répondu que c’était un métier trop dangereux. Je suis sorti de chez lui peu satisfait parce qu’il n’avait rien fait revenus sommes d’argent gagnées vague peu précis libéral tolérant

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faveurs marques d’amour qu’une femme accorde à un homme avait violé avait outragé, n’avait pas respecté


manon lescaut

??

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abbé prévost

de spécial pour moi et que je craignais qu’il en parle à Manon. Et je me demandais s’il n’allait pas conseiller à Manon de me quitter pour un amant plus riche et plus heureux. Je me tourmentais*. J’ai eu l’idée d’écrire à mon père pour obtenir quelque secours d’argent. Mais je me suis rappelé que je risquais six mois de prison rigoureux. J’ai alors pensé à mon ami Tiberge qui, j’en étais certain, m’offrirait son amitié et son secours, car il est plein de bonté et de compassion. J’éprouvais un peu de honte, toutefois je lui ai écrit pour lui parler de notre malheur de Chaillot. Dès que j’ai eu sa réponse, j’ai couru au jardin du Palais-Royal où nous avions rendez-vous. Il est venu m’embrasser. Je lui ai dit ma confusion, mon vif sentiment d’ingratitude. Quand j’ai demandé à Tiberge s’il m’était encore ami, il m’a répondu que mes fautes et mes désordres avaient redoublé sa tendresse pour moi, mais avec la plus vive douleur, car il craignait ne pas pouvoir me secourir. Tiberge m’a demandé ce qui m’était arrivé après mon départ de Saint-Sulpice, je lui ai parlé de ma passion comme un coup du destin dont il est impossible à la vertu de se défendre. Il me disait d’être courageux, mais comme il insinuait que je devais me séparer de Manon, je lui ai fait comprendre clairement que c’était là la pire de mes infortunes. Il a alors compris que je voulais de l’argent. — N’est-ce pas prendre part à votre désordre si je vous fais persévérer ? m’a-t-il dit. Et il a ajouté : — C’est peut-être votre état qui ne vous permet pas de raisonner. Je vous ferai avoir un peu d’argent à une condition : c’est de savoir où vous habitez et que j’essaie de vous ramener à la vertu. je me tourmentais je me désespérais

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manon lescaut

Il m’a donné cent pistoles*. Touché de sa générosité, j’ai pensé être dans l’erreur, mais ce combat intérieur a duré peu. Face à Manon, si charmante, je ne pouvais pas éprouver de honte. Manon n’était pas attachée à l’argent, mais elle ne pouvait pas en manquer. C’était du plaisir et des passe-temps qu’il lui fallait. Elle m’aimait tendrement, mais j’étais certain qu’elle m’abandonnerait pour quelque nouveau B… si j’en manquais. J’ai donc résolu de faire en sorte de toujours pouvoir faire face à ses nécessités. Le carrosse* m’effrayait car nous ne pouvions entretenir des chevaux et un cocher. J’en ai parlé à Lescaut. Il m’a proposé de tenter le hasard du jeu et m’a dit que je pourrais être admis dans la Ligue de l’Industrie*. Je me suis ainsi laissé entraîner.

pistoles monnaie de l’époque ; 1 pistole = 152,45 euros actuels (voir Chapitre III - ex. 7) carrosse voiture à quatre roues trainée par des chevaux

Ligue de l’Industrie coalition de gens rusés ayant l’objectif de gagner de façon inavouable

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Vrai (V) ou faux (F) ?

V F Manon et Des Grieux n’ont plus de préoccupations 5 d’argent. ■ ■ 1 Des Grieux compte avoir l’héritage de son père. ■ ■ 2 Des Grieux et Manon font leur possible pour économiser. ■ ■ 3 Le frère de Manon est content de la voir. 4 Le frère de Manon devient trop familier envers Manon et Des Grieux. ■ ■ 5 Lors de l’incendie à Chaillot, tout leur argent disparaît. 6 Le frère de Manon refuse que Manon gagne sa vie grâce à sa mauvaise conduite. ■ ■ 7 Des Grieux accepte volontiers toutes les propositions de Lescaut pour s’enrichir. ■ ■ 8 Des Grieux et Tiberge ont rendez-vous au jardin du Palais-Royal. ■ ■ 9 Des Grieux dit à Tiberge qu’il pourra dominer sa passion pour Manon. ■ ■ 10 Tiberge donnera de l’argent à Des Grieux à certaines conditions. ■ ■ 11 Des Grieux pense que Manon est très attachée à l’argent. ■ ■ 12 Des Grieux sait qu’il ne peut ne pas avoir d’argent pour les nécessités de Manon. ■ ■

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Comparatifs. Reconstitue correctement les phrases. 1 Manon est plus fragile 2 Avant de connaître Manon, 3 Avec Manon, il dépense 4 Avoir une maîtresse était 5 Le rôle du père de Des Grieux 6 Le père de Des Grieux 7 À cette époque l’immoralité a gagné 8 Manon et son frère ont moins 9 Des Grieux est plus


■ a ■ b ■ c ■ d ■ e ■ f ■ g ■ h 1 i ■

Des Grieux était moins corrompu. âgé que Manon. plus d’argent pour vivre. est plus important que celui de Manon. plus acceptée au XVIIIe siècle que de nos jours. autant les riches et les nobles que les pauvres gens. de poids social que Des Grieux. est plus sévère que Tiberge. dans la misère.

Grammaire 3

Lis le texte puis transforme les verbes soulignés au passé composé. Attention aux accords des participes passés.

J’aperçois ……….……..……. J’ai aperçu dans l’appartement de Manon, une lettre sur sa table. Je l’ouvre a) …………………. avec un frisson mortel : « Je te jure b) ………………………., mon cher Chevalier, que tu es c) ……………………………….. l’idole de mon cœur, et qu’il n’y a d) …………………………………… que toi au monde que je peux e) ………………………………. aimer. Mais ne vois-tu pas f) …………………………………….., ma pauvre chère âme, que, dans l’état où nous sommes g) ………………………… réduits, c’est h) ……………………….. une sotte vertu que la fidélité ? Crois-tu i) …………………………… qu’on puisse être bien tendre lorsqu’on manque j) ………………………………………. de pain ? Je t’adore k) ………………………………, mais malheur à qui tombe l) ………………………………. dans mes filets ! m) Je travaille ………………………………… pour rendre mon Chevalier riche et heureux. Mon frère t’apprend n) …………………………………… des nouvelles de ta Manon, et qu’elle pleure o) ………………………………….. de la nécessité de te quitter. »

Vocabulaire 4 Assemble les syllabes et trouve les mots. au ge ber co mi é no ser

uberge a .............................................. a ..............................................

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ge ri ta hé gne cam pa re tu a ven lier mi fa dent ci ac poir ses dé nes se jeu geux cou ra ment dre ten

b c d e f g h i j

.............................................. .............................................. .............................................. .............................................. .............................................. .............................................. .............................................. .............................................. ..............................................

ACTIVITÉS DE PRÉ-LECTURE

DELF - Compréhension 5

Le jeu. Lis le texte qui suit et réponds aux questions.

Après la mort de Louis XIV, les aristocrates n’acceptent pas le pouvoir royal absolu, ils se révoltent donc. Ce pouvoir a alors besoin que la police suive les ordres du roi ou du Régent pour maintenir l’ordre. La police peut tout contre ceux qui ne respectent pas la loi et ceux-ci peuvent être dénoncés par quiconque, même par des membres de leur famille. Dans cette atmosphère si punitive, beaucoup de gens trouvent à se distraire dans le jeu. Il y a donc beaucoup de maisons de jeu qui ouvrent, qu’elles soient autorisées ou non. Celles qui ne sont pas autorisées sont donc clandestines. Parmi les joueurs, il y en a qui sont honnêtes mais il y en a d’autres qui ne le sont pas. Certains de ces derniers sont mêmes très habiles, ils agissent de façon malhonnête afin de gagner beaucoup d’argent en trichant, c’est-à-dire en faisant perdre les joueurs honnêtes en cachette.

Est-ce que les aristocrates sont contents que le roi ou le Régent jouisse du pouvoir absolu ? Non, ils se révoltent ............................................................................................................................. 1 Le roi ou le Régent peut gérer l’ordre public sans problèmes, est-ce vrai ? ..............................................................................................................................

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2 Des Grieux ou Manon pourraient-ils être arrêtés par des membres de leur famille ? .............................................................................................................................. 3 Pourquoi beaucoup de gens se réfugient-ils dans le jeu pour se distraire ? .............................................................................................................................. 4 Est-ce que toutes les maisons de jeu sont autorisées ? .............................................................................................................................. 5 Qu’est-ce que font les joueurs malhonnêtes ? ..............................................................................................................................

6 La valeur des monnaies. Lis le texte qui suit et réponds aux questions.

À l’époque de l’Abbé Prévost, donc lorsqu’il écrit Manon Lescaut : - le louis d’or, qui pesait 8,16 grammes, valait l’équivalent de 365 euros ; - la livre valait 1 franc français de l’époque, donc 15,24 euros ; - la pistole, une monnaie utilisée dans divers pays, valait 10 livres, donc 152,45 euros ; - l’écu, ou le louis d’argent, valait 3 livres, donc 45,73 euros actuels ; -le sol, devenu par la suite « le sou », valait 1/20ème de la livre, donc 0,76 euros ; - le denier, valait 1/12ème de la livre, donc 1,27 euros. L’« Homme de qualité » donne quatre louis d’or à Des Grieux ou combien d’euros ? Il lui donne 1.460 euros ……………………………………....................................................…………………......…… 1 Pour fuir à Paris avec Manon dès leur rencontre, Des Grieux a cinquante écus et Manon en a le double. Combien d’euros ont-ils au total ? ……………………………………....................................................…………………………… 2 Des Grieux et Manon ont 60.000 francs de l’époque quand ils arrivent à Chaillot. Combien est-ce que cela fait en euros actuels ? ……………………………………....................................................…………………………… 3 Le généreux Tiberge donne cent pistoles à Des Grieux. Combien est-ce que cela fait en euros actuels ? ……………………………………....................................................……………………………

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Chapitre IV

L’initiation à la débauche

5 Lescaut m’a présenté au cercle de jeu comme un de ses parents. On

m’y a accepté car, semblant honnête, personne ne se méfierait* de mes artifices*. J’allais jouer à l’hôtel de Transylvanie, où il y avait plusieurs tables de jeux de cartes, des dés et une table de pharaon*, le tout au profit de M. le prince de R…, qui habitait à Cluny. Grâce aux leçons de Lescaut, je suis devenu habile, ainsi j’ai vite gagné des sommes considérables. J’ai alors pu louer* une maison. Tiberge venait souvent et me parlait du tort* que je me faisais. Je l’écoutais avec amitié sans l’intention de suivre ses conseils. Il était patient, mais il m’a prédit une partie des malheurs qui sont vite arrivés. Puis il est parti. Les caresses de Manon ont dissipé* le chagrin que le départ de Tiberge m’avait causé. Notre vie de plaisir et d’amour a continué, mais a duré peu. J’avais beaucoup gagné au jeu et je pensais placer cet argent. Nos domestiques n’ignoraient pas mes succès, ils se sont alors imaginé pouvoir nous tromper facilement. Un soir, M. Lescaut nous a invité à souper et quand nous sommes rentrés chez nous, ni mon valet ni la femme de chambre de Manon n’étaient là. Ils étaient partis en nous volant tous nos habits et tout notre argent. Quel coup cruel ! Pour ne pas montrer mon désespoir méfierait suspecterait artifices tromperies pharaon jeu de cartes

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louer ici, prendre en location tort mal dissipé chassé


manon lescaut

à Manon, je lui ai dit en badinant* que j’allais me venger sur quelque dupe à l’hôtel de Transylvanie. — Nous sommes perdus, m’a-t-elle dit, les larmes aux yeux. Nous étions si ruinés qu’il ne nous restait pas une chemise. J’ai contacté M. Lescaut qui me conseilla d’aller chez M. le lieutenant général de Police et M. le Grand Prévôt de Paris. J’y suis allé, mais cela a été pour mon malheur, car Lescaut a ainsi eu le temps de parler à sa sœur de M. de G… M…, un vieux voluptueux*, qui payait abondamment les plaisirs. Le marché a été conclu avant mon retour, et l’exécution en était le lendemain. Lescaut m’attendait, mais Manon a voulu passer la nuit seule. Jusqu’à quatre heures du matin, j’ai pensé à comment rétablir ma fortune, puis j’ai dormi jusqu’à onze heures. Manon était sortie en laissant une lettre adressée à mon nom : « Je te jure, mon cher Chevalier, que tu es l’idole de mon cœur, mais ne vois-tu pas que la fidélité est une sotte vertu ? Laisse-moi m’occuper de notre fortune. Je veux rendre mon Chevalier riche et heureux. Mon frère te dira que ta Manon a pleuré de la nécessité de te quitter. » Après cette lecture, j’ai éprouvé de la douleur, du dépit*, de la jalousie et de la honte. Elle m’aime, je veux le croire. Mais elle m’abandonne sans me dire adieu. Mes pensées ont été interrompues par la visite de Lescaut. — Bourreau* ! lui ai-je dit en prenant mon épée, où est Manon ? Qu’en as-tu fait ? — Je l’ai menée ce matin, a-t-il dit, et cet homme, charmé de son mérite, l’a invitée à sa maison de campagne. Je lui ai fait entendre que en badinant en plaisantant voluptueux personne qui cherche le plaisir des sens

dépit chagrin mêlé de colère bourreau personne mettant à mort les condamnés

41


abbé prévost

Manon avait perdu beaucoup d’argent, il lui a alors offert deux cents pistoles. Je lui ai dit aussi que ma sœur, qui était chargée d’un jeune frère orphelin, allait avoir de grands besoins dans l’avenir. Attendri, il s’est engagé à louer* une maison, pour vous et pour Manon. Troublé, l’honneur et la vertu m’ont fait sentir encore les remords* et penser à Amiens, à la maison de mon père et à tous les lieux où j’avais vécu dans l’innocence*. Pourtant, l’amour est une passion innocente ; pourquoi est-ce source de misères pour moi ? Mon père, qui m’aimait, n’aurait-il pas consenti que je l’épouse ? — Monsieur Lescaut, me suis-je écrié, vous auriez pu prendre une voie plus honnête, mais c’est fait, n’est-ce pas ? Ne pensons qu’à votre projet. Lescaut a été ravi de mon changement. Nous nous sommes mis d’accord que je prendrai un air simple, que je serai mal habillé lorsque je rencontrerai M. de G… M… et nous lui ferons croire que je voulais entrer dans l’état ecclésiastique la première fois que je le verrai. Manon est arrivée. Son infidélité m’a empêché d’être joyeux, alors qu’elle, elle était transportée de plaisir. Je lui ai dit : — Écoutez, Manon, j’ai le cœur mortellement affligé. Tu me traites si cruellement, moi qui t’aime ! — Je vois ce qui vous blesse. J’espérais que vous consentiriez à mon projet de rétablir un peu notre fortune, m’a-t-elle répondu. Elle a ajouté qu’elle avait reçu deux cents pistoles de son vieil amant et qu’il lui avait promis un beau collier de perles avec d’autres bijoux, qu’il lui avait tout juste baisé les mains un million de fois. — Il est juste qu’il paie ce plaisir et cinq ou six mille francs ne seront pas trop, a-t-elle ajouté. louer ici, donner en location remords remords regrets

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dans l’innocence incapable de faire du mal


manon lescaut

??

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abbé prévost

Nous avons pensé souper tous avec M. de G… M… pour nous donner le plaisir d’une soirée agréable en me faisant passer pour le frère de Manon. Après le souper, Manon sortirait et viendrait passer la nuit avec moi. Dès son arrivée, le vieillard a offert à sa belle des bijoux et la somme de deux mille quatre cents livres. Manon n’a pas pu lui refuser quelques baisers. Puis Lescaut m’a fait entrer. Le vieil amant a paru prendre plaisir à me voir. — Je vous trouve un air de Manon, m’a dit le vieillard. — Monsieur, c’est que nos deux chairs se touchent de bien proche ; j’aime ma sœur Manon comme un autre moi-même. Lorsque l’heure du sommeil est arrivée, il a parlé d’amour et d’impatience. Nous sommes partis Lescaut et moi, puis Manon a prétexté la nécessité de sortir et est venue nous joindre à la porte après avoir pris l’argent et les bijoux. M. de G… M… n’a pas tardé à s’apercevoir qu’on l’avait trompé. Il a trouvé où nous demeurions, mais il a aussi appris qui j’étais ainsi que l’ancienne liaison de Manon avec M. de B… . La police est arrivée, a saisi l’argent et nous a arrêtés. On m’a emmené à Saint-Lazare. J’ai ignoré longtemps ce que Manon était devenue. Manon était dans une prison où elle travaillait tous les jours pour gagner sa nourriture. Je ne l’ai su que quand je suis sorti de SaintLazare. Le supérieur, informé de mes aventures, m’a dit que son devoir était de m’inspirer le goût de la vertu et de la religion. Ma passion dominante est devenue la honte. Me voyant triste, le supérieur m’a traité avec douceur et espérait en ma conversion. J’ai donc décidé de me comporter le mieux possible pour sortir vite. Mais ce n’était

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manon lescaut

qu’hypocrisie*. En fait, l’unique objet de mes tristes méditations était que j’imaginais Manon dans les bras de ce G… M… qui avait demandé qu’on m’enferme. Ma liberté dépendait donc de lui. Désirant mieux me connaître, il est venu me voir à Saint-Lazare. Il m’a dit que Manon était à l’Hôpital depuis deux mois. Je me suis jeté sur lui avec rage, ce qui a attiré le supérieur. M. de G… M… a ordonné au supérieur de me traiter très sévèrement. Mais le supérieur a refusé et m’a demandé pourquoi cette colère. — Oh ! mon père, lui ai-je dit en sanglotant, il m’a percé le cœur. Et je lui ai raconté ma passion pour Manon, le vol des domestiques et le marché de M. de G… M… conclu avec Manon. J’ai ajouté que M. de G… M… m’avait fait enfermer pour se venger. Le supérieur m’a alors dit que M. le lieutenant général de Police pourrait me faire libérer. Mais M. de G… M… avait déjà demandé et obtenu pour moi six mois de prison.

hypocrisie expression de sentiments qu’on n’a pas

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Coche la phrase exacte et précise ton choix.

a ■ Lescaut est un parent de Des Grieux. b ■ Lescaut ne fait pas partie de la famille de Des Grieux. 5 Lescaut fait partie de la famille de Manon. c ■ Lescaut est le frère de Manon ……………………………………………………………………………………………………. 1 a ■ Des Grieux trichait au jeu. b ■ Manon jouait toujours au cercle de jeu. c ■ Honnête, Des Grieux n’a pas voulu apprendre à tricher. ……………………………………………………………………………………………………. 2 a ■ Des voleurs inconnus sont entrés chez Des Grieux et Manon. b ■ Des Grieux et Manon connaissaient les voleurs. c ■ Les voleurs n’ont rien pris. ……………………………………………………………………………………………………. 3 a ■ C’est Des Grieux qui présente M. de G… M… à Manon. b ■ Manon rencontre M. de G… M… par hasard. c ■ C’est Lescaut qui présente M. de G… M… à Manon. ……………………………………………………………………………………………………. 4 a ■ M. de G… M… a invité Manon à sa maison de campagne. b ■ Manon est restée auprès de Des Grieux. c ■ Manon a disparu. ……………………………………………………………………………………………………. 5 a ■ Des Grieux se fait des scrupules à propos de sa relation avec Manon. b ■ Des Grieux ne pense plus du tout à son père. c ■ Des Grieux n’a pas de respect pour son père. …………………………………………………………………………………………………….

6 a ■ Des Grieux doit faire semblant d’être le frère pauvre et orphelin de Manon. b ■ Des Grieux se présente comme l’amant de Manon à M. de G… M… c ■ Des Grieux ne va pas chez M. de G… M… …………………………………………………………………………………………………….

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7 a ■ M. de G… M… n’offre rien à Manon. b ■ M. de G… M… offre des bijoux à Manon seulement quand Des Grieux est parti. c ■ M. de G… M… offre des bijoux à Manon quand elle arrive chez lui. …………………………………………………………………………………………………….

Vocabulaire 2

Lis le texte et associe chaque mot souligné à la définition du tableau qui y correspond.

Ma malheureuse maîtresse a été enlevée à mes yeux et menée dans une retraite que j’ai horreur de nommer. Quel sort pour une créature toute charmante, qui aurait occupé le premier trône du monde, si tous les hommes avaient eu mes yeux et mon cœur ! Elle n’y était pas traitée d’une façon barbare, mais elle était serrée dans une pièce étroite, seule, et condamnée à remplir tous les jours un travail, comme une condition nécessaire pour obtenir quelque dégoûtante nourriture. Je n’ai appris ce triste détail que longtemps après, lorsque je subissais moi-même plusieurs mois d’une rude et ennuyante pénitence. En effet, arrivé à la porte de Saint-Lazare, j’aurais préféré la mort. conduire quelqu’un là où il doit aller

mener

1 d’une façon cruelle 2 siège des rois 3 une punition 4 choisir comme étant mieux 5 qui provoque la répugnance 6 lieu où vivre au calme ou en solitude 7 façon s’agir à l’égard de quelqu’un 8 gênée dans ses mouvements 9 supporter contre sa volonté une chose pénible 10 qui est triste ou dans une situation difficile

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Grammaire 3

Complète le tableau en suivant les indications. VERBE

INDICATIF PRÉSENT

IMPARFAIT

voir

nous voyons

vous

je

elle

tu

nous

il

J’

être

vous

J’

nous

ils

avoir

ils

ils

vous

tu

subir

il

tu

ils

vous

nous

vous

je

ils

aller

tu

nous

tu

ils

faire

vous

il

nous

nous

ils

nous

je

tu

vous

je

il

vous

inspirer

manger

vouloir dire

FUTUR

PASSÉ COMPOSÉ

4 Complète les phrases avec les verbes et temps indiqués. Manon et Des Grieux (aller – passé composé) .………………… sont allés vivre à Chaillot. 1 Manon et Des Grieux (être – présent) ………………………….. en prison. 2 Des Grieux (subir – imparfait) ……………………………. le comportement de Manon. 3 Tiberge (voir – imparfait) …………………………… souvent Des Grieux. 4 Manon (inspirer – passé composé) …………………………… de la tendresse à Des Grieux. 5 Des Grieux (avoir – futur) …………………………….. encore peur que Manon le trahisse. 6 Manon (faire – futur) …………………………….. encore souffrir Des Grieux. 7 Tiberge (dire – passé composé) …………………………. à Des Grieux qu’il est dans l’erreur. 8 Des joueurs (manger – futur) ……………………………. chez Des Grieux.

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Orthographe 5

Choisis quel mot convient pour compléter les phrases. peux • peut• peu

1 Les amants ont ………… de chances de sortir de prison. 2 On ……………… souhaiter que Manon ne souffre pas trop. 3 Des Grieux demande souvent à Tiberge : « ……………… -tu me donner de l’argent ? ».

se • ceux • ce

4 Des Grieux …………. confie à Tiberge. 5 …………… que dit Manon n’est pas toujours sincère. 6 Tiberge ne comprend pas ……………. qui vivent dans le désordre.

quel • quelle • qu’elle

7 Des Grieux ne sait pas …………….. sera son sort. 8 Manon dit …………….. ne peut pas vivre dans la monotonie. 9 Le père de Des Grieux se demande de ……………………….. femme son fils est tombé amoureux.

ACTIVITÉ DE PRÉ-LECTURE

DELF - Production orale 6 Tu dois parler de l’aventure des deux amants, Des Grieux et Manon. Aide-toi des questions qui suivent. a Des Grieux rencontre-t-il Manon par hasard ? b Que faisait alors Des Grieux ? c Que faisait alors Manon ? d Comment fait-elle pour trouver de l’argent ? e Manon aime-t-elle Des Grieux et est-ce réciproque ? f Est-ce que Manon et Des Grieux se méfient de leurs serviteurs ? g Le frère de Manon est-il une personne honnête ? h Que fait Des Grieux pour gagner de l’argent et pourquoi ? i Quelles aventures néfastes subissent-ils et pourquoi ? j Quel est ton pronostique ? Resteront-ils longtemps en prison ?

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Chapitre V

Emprisonnements et fuites 6 J’ai demandé au supérieur d’avertir Tiberge de venir me voir. C’est

parce que je voulais lui demander de porter une lettre à Lescaut. Tiberge, qui me savait à Saint-Lazare, est accouru ; nous avons parlé très amicalement, mais je n’ai pas parlé de ma fuite. Il m’a reproché de préférer le faux bonheur du vice à la vertu. — Tiberge, ai-je répondu, le bonheur de la vertu est-il sans peines ? J’aime Manon, je désire vivre heureux et tranquille auprès d’elle. Je lui ai alors demandé s’il pensait que le but de la vertu est infiniment supérieur à celui de l’amour. D’abord effrayé, il s’est ensuite attendri. Je voulais fuir de Saint-Lazare, mais je ne lui ai pas parlé de mon projet, je l’ai simplement prié de remettre une lettre à Lescaut. Lescaut est venu me voir le lendemain en affirmant qu’il était mon frère. Quand je lui ai demandé des nouvelles de Manon, il m’a dit qu’il ne l’avait pas vue depuis la veille de mon emprisonnement ; malgré ses plusieurs visites à l’Hôpital, il n’avait pas été autorisé à lui parler. — Malheureux G… M… ! ai-je crié. — Pour votre fuite, a continué Lescaut, c’est difficile. Votre chambre est au troisième étage. — J’ai tout examiné, ai-je répliqué. Ma porte ne se ferme pas, mais les escaliers sont bouchés. Pourriez-vous m’apporter un pistolet* ? pistolet petite arme à feu

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manon lescaut

— Voulez-vous tuer quelqu’un ? Je l’ai assuré que je ne voulais pas tuer. — Apportez-le-moi demain, ai-je ajouté, et venez avec deux ou trois de nos amis. J’espère que je pourrai vous y rejoindre. Le lendemain, le moment voulu, j’ai frappé à la porte du supérieur. Chaque soir, il avait toutes les clés. — Ah ! c’est vous, mon cher fils, m’a-t-il dit. Je lui ai dit, en lui montrant mon pistolet, que je ne pouvais plus rester à Saint-Lazare et qu’étant mon ami il devait m’ouvrir les portes. Il s’est mis à crier. Un domestique a entendu et s’est élancé sur moi ; je lui ai tiré un coup au milieu de la poitrine. Alors le supérieur a ouvert la porte et j’ai trouvé Lescaut qui m’attendait avec deux amis. Je souffrais mortellement sans Manon. — Il faut la délivrer, leur ai-je dit. Lescaut m’a dit de ne pas me faire remarquer, car le lieutenant général de Police me ferait chercher. Je ne suis sorti que la nuit pour prendre des informations sur l’Hôpital général. Accompagné de Lescaut, j’ai interrogé le portier qui m’a dit que M. de T…, qui était un des principaux administrateurs, avait un fils en âge d’être marié. J’ai alors expliqué mon projet à Lescaut. — J’imagine, lui ai-je dit, que M. de T… fils, qui est riche, a le goût du plaisir. Il ne refusera pas ses services pour une histoire d’amour, il pourrait donc m’aider à libérer Manon. Sinon, il fera du moins quelque chose pour une fille aimable qui lui accorderait ses faveurs. Lescaut a convenu que mes idées étaient possibles. J’ai passé la nuit moins tristement.

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abbé prévost

Le matin venu, je me suis fait conduire chez M. de T… . Je lui ai parlé de ma passion et du mérite de ma maîtresse. Sensible, il n’a pas promis de me rendre Manon, mais de me procurer le plaisir de la voir. Nous sommes devenus amis sans autre raison que la bonté de nos cœurs. Il m’a offert de l’argent, mais je n’ai pas accepté, je désirais seulement revoir Manon. L’après-midi, à l’Hôpital, M. de T… a demandé où se trouvait Manon. Le valet de Manon a dit qu’elle était une douceur angélique, qu’après avoir beaucoup pleuré elle avait pris son malheur avec patience. Puis M. de T… est entré. Manon lui a immédiatement demandé ce que j’étais devenu. Quand je suis entré moi aussi, nous nous sommes embrassés et dit mille mots d’amour. En sortant, j’ai donné un louis d’or au valet pour qu’il s’occupe bien de Manon. Il m’a dit alors que si je pouvais le prendre à mon service il lui serait facile de la délivrer. J’ai accepté et lui ai demandé comment il allait faire. — J’ouvrirai la porte de sa chambre et la conduirai jusqu’à la rue, où vous serez prêts à la recevoir, a-t-il répondu. J’ai appelé M. de T… pour lui communiquer ce projet. Il m’a dit qu’il nous faudrait quitter Paris, car on nous recherchera. Sans l’écouter, je l’ai prié de mettre deux vestes l’une sur l’autre, le lendemain, afin de déguiser* Manon. La nuit venue, nous nous sommes placés au-dessous de la porte de l’Hôpital, dans un carrosse. Manon est apparue. J’ai reçu ma chère maîtresse dans mes bras. Le cocher m’a alors dit qu’il voyait bien que j’enlevais une fille de l’Hôpital, je devais donc payer le double. — Tais-toi, lui ai-je dit, il y a un louis d’or à gagner pour toi. déguiser travestissement

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manon lescaut

??

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abbé prévost

Nous sommes arrivés chez Lescaut. Quand je suis descendu du carrosse, n’ayant pas d’argent, j’ai fait appeler Lescaut qui a protesté quand je lui ai demandé le louis d’or. — Un louis d’or ! a-t-il dit. Vingt coups de canne* à ce coquin-là* ! Le cocher s’est enfui en criant que je l’avais trompé, ce qui m’a inquiété. — Vous me perdez, ai-je dit à Lescaut. Je ne serais pas en sécurité chez vous ; nous devons nous éloigner. Nous sommes sortis, Manon et moi. Lescaut est venu avec nous. À peine avions-nous marché quelques minutes, qu’un homme l’a reconnu et l’a tué d’un coup de pistolet, puis il a disparu. Nous devions fuir. Mais où ? J’ai pensé à l’auberge de Chaillot. Il était onze heures quand nous sommes arrivés à Chaillot. — Tu m’aimes donc ? Tu ne me quitteras plus jamais ? ai-je dit à Manon. — Mille fois plus que je pourrais le dire, a-t-elle répliqué. J’étais persuadé qu’elle était sincère, mais qu’elle refusait de vivre dans la pauvreté. Donc, la connaissant, je suis parti à pied pour Paris pour lui acheter des vêtements, mais je n’avais pas d’argent. Demander de l’aide à M. de T… ? Non, ce serait exposer ma misère à un étranger. Je me suis alors décidé à aller chez Tiberge et ensuite chez M. de T… . Arrivé à Paris, j’ai donc fait appeler Tiberge et je lui ai appris mes besoins financiers. Il m’a donné les cent pistoles que je lui avais rendues, puis il m’a parlé de ma fuite téméraire de Saint-Lazare et, ignorant que Manon était en liberté, de sa crainte que je retombe dans le désordre. Il avait su que le supérieur n’avait pas parlé de mon canne bâton coquin canaille

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manon lescaut

départ à M. le lieutenant général de Police et qu’il avait empêché que la mort du portier soit sue au dehors. Il m’a dit d’écrire à mon père et de retourner dans ma famille. Tiberge évitait de me parler de Manon, car il croyait que j’y pensais moins. Dans l’espoir qu’il m’envoie de l’argent, j’ai résolu d’écrire à mon père que j’étais disposé à respecter mes devoirs, sous prétexte de faire mes exercices à l’Académie*. Mais je comptais aussi vivre avec ma maîtresse. Après avoir quitté Tiberge, j’ai pensé à l’affaire de l’Hôpital et à la mort de Lescaut. J’ai donc pris un carrosse pour aller droit chez M. de T… . Il m’a dit qu’il avait été à l’Hôpital et qu’on croyait que Manon s’était enfuie avec un valet. Il a su aussi que Lescaut venait d’être tué à cause d’une querelle de jeu très brutale. M. de T… a ajouté qu’il avait été très inquiet pour nous. Je lui ai alors révélé que nous étions à Chaillot. Comme je devais acheter des habits pour Manon, nous nous sommes arrêtés chez des marchands. Au moment de payer, il a défendu aux marchands de recevoir un sou de moi et il a tout réglé lui même. M. de T… s’est ensuite invité à souper, nous sommes donc repartis ensemble. J’ai prié le chevalier Des Grieux de se reposer et de nous tenir compagnie à souper. Vu notre attention, il nous a assuré que la suite de l’histoire allait être encore plus intéressante. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Académie centre d'éducation du jeune homme bien élevé

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

DELF - Compréhension 1

Qui a dit ou aurait pu dire ? Classe dans le tableau.

a J’arrive tout de suite. b Je veux fuir de Saint-Lazare. c Tuer quelqu’un, c’est ce que vous voulez ? d Acceptez-vous de m’aider à libérer Manon ? e Où se trouve Manon ? f Elle a pris son malheur avec patience. g Où est mon amour Des Grieux ? h Pouvez-vous me prendre à votre service ? i Pouvez-vous me donner un louis d’or que je dois donner au cocher ? j Voilà, je peux te donner cent pistoles. k J’ai su que Lescaut a été tué à cause d’une querelle de jeu. Des Grieux Manon Tiberge

a

Lescaut M. de T… fils Cocher Valet de Manon Père de Des Grieux

2

Classe les phrases de l’exercice 1 par ordre chronologique.

O ...... a , 1 ......, 2 ......, 3 ......, 4......, 5 ......, 6 ......, 7 ......, 8 ......, 9 ......, 10 .......

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Vocabulaire 3

Remplace les mots soulignés par les synonymes correspondants, en les adaptant au texte si nécessaire. Voir encadré. appareil • accepter • autonomie • raisons • plan • gardien ennui • utiliser • parvenir • saisir • révolver • réussite

Lorsque je me suis trouvé avec l’instrument ………………… l’appareil de ma a) liberté ………………………dans les mains, le b) pistolet…………………………., je n’ai plus douté du c) succès …………………………………de mon d) projet ………………………………, car je m’en sentais capable vu les e) motifs ……………………………… qui m’animaient. J’avais remarqué, depuis que j’avais obtenu la liberté de sortir de ma chambre, que le f) portier ……………………….. apportait chaque soir les clés de toutes les portes au supérieur. Je pouvais aller sans g) problème ……………………………….. de ma chambre à celle de ce Père. Mon projet était de lui h) prendre ………………………………. ses clés en lui faisant peur avec le pistolet, s’il ne i) voulait ………………………………………. pas me les donner et de m’en j) servir …………………………………. pour k) arriver …………………………… jusqu’à la rue.

Orthographe 4 Complète les phrases avec : cent, sang, s’en, c’en, cents, sent ou sens. sens que ces domestiques ne sont pas très honnêtes. Je …….…… 1 Tiberge n’était pas riche, il m’a toutefois donné …….……… pistoles. 2 Manon avait déjà reçu deux …….……… pistoles de son vieil amant. 3 Père, j’aime Manon, votre …….……… n’a jamais ressenti les mêmes ardeurs ? 4 Un nouveau malheur ? Hélas ! il …….……… préparait un si funeste ! 5 Pour une bonne nouvelle, …….……… est bien une ! 6 Des Grieux …….……… bien que les choses se compliquent.

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Grammaire 5

Transforme les phrases à l’impératif.

Tu dois faire attention.

Fais attention …………………………….................... 1 J’ai demandé au gardien d’ouvrir la porte. ……………………………........................................................……………………………….. 2 Manon, je ne veux pas que tu pleures. ……………………………........................................................……………………………….. 3 Lescaut, pourriez-vous apporter un pistolet ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 En tant que ton supérieur, je t’interdis de tirer. ……………………………........................................................……………………………….. 5 J’ai prié Lescaut de m’accompagner. ……………………………........................................................……………………………….. 6 M. de T… nous a conseillé de sortir. ……………………………........................................................……………………………….. 7 Il a dit que nous devions faire vite. ……………………………........................................................……………………………….. 8 Il a dit au Supérieur de ne pas parler du départ de Des Grieux ……………………………........................................................……………………………….. 9 Tu dois écrire à ton père que tu es disposé à respecter ses devoirs. ……………………………........................................................……………………………….. 10 M. de T... m'a dit d'acheter des vêtements pour Manon. ……………………………........................................................……………………………….. 11 J'ai prié le chevalier Des Grieux de se reposer. ……………………………........................................................……………………………….. 12 J'ai dit à M. de T... de s'arrêter chez un marchand. ……………………………........................................................……………………………….. 13 M. de T... a dit au marchand de ne pas me faire payer. ……………………………........................................................………………………………..

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ACTIVITÉ DE PRÉ-LECTURE

Ton pronostic 6 Lis et réponds aux questions.

Voici les premiers mots du narrateur, Renoncour, l’« Homme de qualité » que tu as lus au début du premier chapitre : « Je dois parler de quand j’ai rencontré pour la première fois le chevalier Des Grieux, six mois avant mon départ pour l’Espagne. Je l’ai rencontré à Pacy, en revenant de Normandie. Il était très triste et je lui ai posé des questions ». Les deux personnages se rencontrent à nouveau deux ans plus tard, lorsque Renoncour revient de Londres et que Des Grieux revient d’Amérique. Alors Des Grieux raconte tout ce qui est arrivé, à lui mais surtout à Manon. À la fin de ce chapitre V, le narrateur reprend la parole pour expliquer que le protagoniste fait une pause et va dîner avec lui. Le récit des aventures des deux amants est donc interrompu et reprendra dans le chapitre VI qui suit.

Qui parle dans les deux dernières lignes du chapitre ? C’est Renoncour, l’« homme de qualité » ……………………………........................................................……….......................... 1 Pourquoi crois-tu qu’il dit à Des Grieux qu’il doit se reposer ? ……………………………........................................................……………………………….. 2 Manon est-elle présente ? ……………………………........................................................……………………………….. 3 Pourquoi l’invite-t-il à dîner ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 Renoncour a-t-il écouté Des Grieux avec attention ? ……………………………........................................................……………………………….. 5 Selon toi, pourquoi Des Grieux lui a-t-il dit que la suite est plus intéressante ? ……………………………........................................................………………………………..

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Deuxième partie • Chapitre VI

Un bonheur éphémère

7 Ma présence et les politesses de M. de T… ont dissipé tout le chagrin

de Manon. — Oublions nos terreurs, ma chère âme, lui ai-je dit en arrivant. Très fier et content avec Manon et mes cent pistoles, je jouissais de ma situation ; fort de mon honneur, je ne trichais plus au jeu. Je passais une partie de l’après-midi à la ville et je revenais souper à Chaillot, souvent accompagné de M. de T… . Manon se promenait avec de jeunes personnes contre l’ennui. Elles allaient prendre l’air au bois de Boulogne. À mon retour, je retrouvais Manon plus passionnée que jamais. Néanmoins quelques nuages semblaient menacer mon bonheur, mais ils se sont vite éloignés. Notre valet m’a dit un jour qu’un seigneur étranger semblait avoir beaucoup d’amour pour Mademoiselle Manon. — En a-t-elle pour lui ? ai-je répondu brusquement. Il m’a raconté que cet étranger venait toujours au bois de Boulogne et cherchait à la rencontrer. Des gens lui ont dit que c’était un prince italien soupçonné de quelque aventure galante. Mais il n’en savait rien de plus. Je l’ai remercié, mais je l’ai prié de contrôler l’étranger. Jaloux, je

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suis retourné à Paris le lendemain dans le but de bien gagner au jeu pour quitter Chaillot à la première inquiétude. Deux jours se sont écoulés sans incident. Le troisième a été plus orageux. J’ai appris en rentrant assez tard que Manon, pendant la promenade, s’était écartée de ses compagnes et que l’étranger s’était approché d’elle au signe qu’elle lui avait fait. Elle lui avait remis une lettre qu’il avait reçue avec des transports de joie. J’ai frémi. Quand je suis rentré, Manon est pourtant venue au-devant de moi et m’a rempli de caresses en me reprochant mes longues absences. Elle m’a dit que, le lendemain, elle voulait me voir du matin jusqu’au soir. J’ai alors passé une nuit tranquille, mais je craignais une nouvelle infidélité. À mon réveil, Manon a voulu me coiffer elle-même. Lorsqu’elle a commencé, on est venu l’avertir qu’un certain prince de… demandait à la voir. — Quoi donc ? ai-je dit en la repoussant. Qui ? Quel prince ? — Faites-le monter, a-t-elle dit au valet. Et à moi, d’un ton enchanteur : — Cher amant, toi que j’adore, je te demande un moment de complaisance. Entendant ouvrir la porte de l’antichambre, elle a empoigné* d’une main mes cheveux, de l’autre son miroir de toilette, et m’a traîné jusqu’à la porte. — Voyez, Monsieur, a-t-elle dit à l’étranger, regardez-vous bien. Vous me demandez de l’amour. Voici l’homme que j’aime, et que j’ai juré d’aimer toute la vie. Faites la comparaison vous-même, car je vous déclare que tous les princes d’Italie ne valent pas un des cheveux que je tiens. empoigné saisi en serrant de la main

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abbé prévost

— Mademoiselle, lui a-t-il dit avec un sourire forcé, je vous trouve bien moins novice* que je ne me l’étais figuré. Et il est parti sans la regarder. Manon a éclaté de rire. J’ai été touché, jusqu’au fond du cœur. Je me croyais très heureux, avec l’amitié de M. de T… et la tendresse de Manon, cependant un destin funeste m’a réduit* à l’état où vous m’avez vu à Pacy. Un jour que nous avions M. de T… à souper, un carrosse s’est arrêté devant la porte de l’hôtellerie. On nous a dit que c’était le jeune G… M…, le fils de notre plus cruel ennemi qui nous avait fait enfermer moi, à Saint-Lazare, et Manon, à l’Hôpital. M. de T…, qui était de ses bons amis, m’assura que c’était un jeune homme très aimable et m’a prié de l’inviter à souper avec nous. G...M… s’est excusé de l’excès de son père contre nous. Mais j’ai compris pourquoi ce comportement quand j’ai vu combien il était charmé par Manon. Il est parti dans la nuit avec M. de T… et s’est invité pour une prochaine visite. Je n’étais pas jaloux, je croyais davantage aux promesses de Manon. Mais M. de T est revenu nous voir. — Je suis, m’a-t-il dit, très embarrassé depuis notre dernière visite. G… M… aime votre maîtresse. Il m’en a fait confidence. Je suis son ami intime, mais je ne suis pas moins le vôtre. Il m’a déclaré qu’il veut lui faire un gros présent et lui offrir dix mille libres de pension. Je me fais violence à le trahir, mais par amitié pour vous, je suis obligé de prévenir les effets du mal que j’ai causé. J’ai remercié M. de T… et je lui ai dit que je ne croyais pas Manon capable de m’abandonner pour un autre. J’ai exprimé mes craintes à M. de T… concernant le comportement novice sans expérience réduit abaissé

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??

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futur de G… M…, mais M. de T… m’a assuré que G… M… était capable d’une folie amoureuse, mais pas d’une bassesse. Je voulais pourtant quitter Chaillot. — Oui, a repris M. de T… Mais ce sera difficile parce que G… M… doit être ici à midi. Il me semblait impossible d’éviter la visite de G… M…, j’ai donc décidé de prévenir Manon des intentions de ce nouveau rival. Elle m’a alors promis de recevoir les offres de G… M… de sorte à lui ôter l’envie de les renouveler. Il faut nous venger du père, non pas sur le fils, mais sur sa bourse. Je veux accepter ses présents et me moquer de lui. — Le projet est bon, lui ai-je dit, mais c’est ce qui nous a déjà conduits droit à l’Hôpital. J’ai fini par accepter et G… M… est arrivé vers onze heures. Il nous a remerciés de l’accepter à dîner et n’a pas été surpris de voir M. de T… qui était venu dans une autre voiture. Quoique qu’avec la trahison dans le cœur, nous nous sommes mis à table avec un air de confiance et d’amitié. G… M… déclarait ses sentiments à Manon, je me suis donc absenté exprès pendant quelques minutes. À mon retour, il était de très bonne humeur. Il est monté dans le carrosse avec M. de T…, et aussitôt Manon a couru vers moi, les bras ouverts, et m’a embrassé en riant. Elle m’a répété qu’il l’adorait, qu’il voulait partager avec elle quarante mille livres de rente sans compter ce qu’il attendait après la mort de son père. — Parlons franchement, lui ai-je dit ; cette offre ne vous tente-t-elle point ? — Les promesses qu’il m’a faites, a-t-elle dit, sont un aiguillon de vengeance. Je ne veux que son argent.

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La difficulté était d’obtenir l’un sans l’autre. Nous avons résolu d’attendre l’explication du projet de G… M… dans une lettre. La lettre est arrivée le lendemain. Elle contenait des mots de tendresse, puis mon rival disait qu’il donnerait à Manon dix mille francs et l’hôtel où il promettait de l’attendre l’après-midi du second jour, si elle pouvait se libérer de moi. J’ai de nouveau essayé d’ôter cette affaire de la tête de Manon ; c’était trop dangereux ; mais sans résultats. Elle a répondu à G… M… qu’elle serait certainement à Paris le jour fixé. Moi, je partirais chercher un nouveau logement. Après avoir reçu les présents de G… M…, elle le prierait de la conduire à la Comédie* ; puis elle prendrait les présents et le plus d’argent possible. Je devais me trouver avec un fiacre, aller vers la porte de la Comédie ; Manon devait sortir de sa loge et descendre me rejoindre. Nous serions partis vers notre nouvelle demeure. Imprudents, nous nous imaginions que nous pouvions en éviter les suites. Manon est partie avec Marcel, notre valet. Je lui ai dit en l’embrassant : — Manon, ne me trompez pas. Elle s’est plainte tendrement de ma défiance et m’a renouvelé ses serments. Je suis parti après elle. Quand je suis allé à la porte de la Comédie à l’heure convenue, Marcel, qui devait m’attendre, n’était pas là. Je suis allé voir dans les loges si je voyais Manon et G… M… . Mais personne. Inquiet, je suis retourné au fiacre.

Comédie Théâtre de la Comédie Française à Paris, créé en 1680.

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Vrai (V) ou faux (F) ? Justifie ton choix en citant le texte.

Des Grieux n’est pas heureux à Chaillot. Des Grieux est heureux, il jouissait de sa situation ……………………………..............................................................………... 1 Le prince italien est le nouvel amant de Manon. ……………………………..............................................................………… 2 Des Grieux est jaloux du prince italien. ……………………………..............................................................………… 3 Manon allait se promener au centre de Paris. ……………………………..............................................................………… 4 Le prince italien n’est pas content quand il part de chez Manon et Des Grieux. ……………………………..............................................................………… 5 Le fils de M. G…M… est charmé par Manon, comme son père. ……………………………..............................................................………… 6 Des Grieux est très jaloux à cause du comportement de G… M… . ……………………………..............................................................………… 7 C’est M. de T… qui dit à Des Grieux que son ami est amoureux de Manon. ……………………………..............................................................………… 8 Manon ne veut plus voir G… M… ……………………………..............................................................………… 9 Manon rencontre G… M… à la Comédie puis rentre avec Des Grieux. ……………………………..............................................................…………

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V F 5 ■ ■

■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■ ■


Vocabulaire 2

Cherche l’intrus.

politesse, savoir-vivre, éducation, manières, civilité, aubaine 1 tricher, jeu, couteau, cartes, table, cercle 2 amour, admiration, attraction, fascination, soif, séduction 3 lendemain, hier, soir, asseoir, matin, après-midi 4 porte, plafond, pierre, chambre, cuisine, fenêtre 5 garage, auberge, hôtel, taverne, café, restaurant 6 souper, déjeuner, dîner, petit déjeuner, repas, poisson 7 jalousie, détachement, haine, rivalité, gourmandise, envie 8 prison, enfermer, cachot, captivité, position, punition

Orthographe 3

Complète chaque phrase avec le mot correct.

La prison de Manon n’est pas un (autel/hôtel) …………… hôtel à cinq étoiles. 1 Des Grieux doit de temps en temps faire des (contes/comtes/ comptes) ……………………. 2 Il était une (foie/fois/foix) ……………………. une jeune fille en difficulté. 3 Des Grieux n’a pas le (chœur/cœur) ……………………. à sourire. 4 Manon a écrit des lettres à l’(ancre/encre) ……………………. de Chine. 5 En prison, ils ne mangent pas du (pin/pain) ……………………. frais tous les jours. 6 En prison, Manon ne peut pas regarder des (desseins/dessins) ……………………. animés. 7 Manon est (lasse/lace) ……………………. de ne rien faire. 8 Quel est le (cygne/signe) ……………………. astronomique de Manon ? 9 On ne sait pas quelle est la (datte/date) ……………………. de naissance de Manon. 10 Manon faisait des (ballades/balades……………………. au bois de Boulogne.

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DELF - Grammaire 4 Complète le tableau (verbe, nom, adjectif). Verbe aimer

Nom amour

adjectif masculin amoureux

féminin amoureuse

tricher inviter ouvrir interdire autoriser vieillir adorer tromper

5

Mets les verbes entre parenthèses au conditionnel présent.

Des Grieux (avoir) …………….. aurait peur des difficultés financières. 1 tu (recevoir) …………………….. des reproches de ton père. 2 Tiberge (voir) ……………………… Manon à Paris. 3 Manon (être) ……………………….. entretenue par son vieil amant. 4 Des Grieux (trouver) …………………….. de l’apaisement au séminaire. 5 Nous (habiter) ………………………. à Paris. 6 Des Grieux (essayer) …………………………. De comprendre Manon. 7 Je (pressentir) ………………………….. une catastrophe. 8 Vous vous (enfuir) …………………… de vos prisons. 9 G... M... (s'apercevoir) …………………… que Manon avait les bijoux et l'argent? 10 Manon et Marcel (arriver) …………………… en fiacre.

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6 Complète le texte avec les expressions du temps. Choisis dans l’encadré.

un bon moment • c’est alors que • peu après • tout à coup un moment plus tard • ensuite • puis • finalement trop tôt • jusqu’à la nuit • tout d’abord • l’après-midi

Tout d’abord , il faut dire que G… M… était plus fin que son ……………………... père. Nous avons discuté, a) …………… nous avons pensé à ce que nous devions faire. b) ……………. Manon a écrit une courte lettre à G… M… pour lui dire qu’elle se rendrait à Paris comme il le désirait. c) ……………………………, elle est venue vers moi pour me dire qu’elle prendrait tout l’argent avec elle, d)…………….. elle m’a promis qu’elle inventerait des prétextes pour sortir. e)…………………….., elle est partie avec le valet. f) …………………….., j’ai décidé de la suivre, mais je suis arrivé à Paris g) ………………. . J’ai donc attendu h) …………………. de i) …………………. dans un café. J’y suis resté j) ……………….. . Puis je suis allé vers la porte de la Comédie comme prévu. k) ………………. que j’ai constaté qu’il n’y avait personne à m’attendre.

ACTIVITÉ DE PRÉ-LECTURE

DELF - Production orale 7

Réponds aux questions.

a Imagine ce que fait Des Grieux quand il arrive seul au fiacre. 1 Va-t-il attendre longtemps sur place ? 2 Va-t-il aller dormir et revenir le lendemain pour voir si le fiacre est toujours là ? 3 Qu’a fait Manon ? Est-elle restée avec son amant ? b Selon toi, Manon a-t-elle préféré la richesse et le confort à Des Grieux ? Que va-t-il se passer ?

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Chapitre VII

Vengeance imprudente

Le cocher m’a dit qu’une demoiselle m’attendait dans le carrosse. Mais ce n’était pas Manon. Elle m’a donné une lettre de Manon qui me disait que G… M… l’avait comblée de présents mais que, n’ayant pas voulu la mener à la Comédie, elle me verrait un autre jour ; et que, pour me consoler, elle s’était procuré l’une des plus jolies filles de Paris. J’étais en colère. J’ai regardé la fille elle était extrêmement jolie, mais moins charmane que Manon. — Va, lui ai-je dit, furieux. Apprends au traître G… M… et à sa perfide maîtresse que je les poignarderai tous deux. Puis l’accès de rage s’est transformé en une douleur profonde. — Approche, mon enfant, me suis-je écrié. Sais-tu des consolations contre l’envie de se donner la mort, après avoir tué deux perfides qui ne méritent pas de vivre ? Je pourrais peut-être t’aimer à mon tour. Mais j'ai écarté cette enfant pleine de pudeur. — Que veux-tu de moi ? lui ai-je dit. Ah ! tu es d’un sexe que je déteste. Va-t’en. Mais, avant, dis-moi, pourquoi tu as été envoyée. Elle m’a dit que M. de G… M… l’avait chargée de me donner la lettre. — On t’a trompée, lui ai-je dit. Retourne chez M. de G… M…

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manon lescaut

Tourmenté, j’ai comparé cette dernière infortune aux précédentes. Je devais chercher un remède. Arracher Manon des mains de G… M… était sans espoir. Je devais parler à Manon. J’ai pensé à M. de T… . Arrivé chez lui, il a été très étonné d’apprendre que G… M… avait pu séduire Manon. Il m’a alors offert de la délivrer par la force. Mais je lui ai suggéré une voie plus douce. Nous avons alors pensé que M. de T… enverrait une lettre à G… M… pour lui demander de le rencontrer dans un cabaret sous prétexte que, ayant perdu au jeu, il avait besoin d’argent. Pendant son absence, je m’introduirais dans la maison. Donc, après le départ de G… M…, je suis allé chez mon infidèle. C’est Marcel, notre valet, qui est venu m’ouvrir. — Ah ! c’est vous, mon amour, m’a dit Manon avec sa tendresse habituelle. Que vous êtes hardi* ! Je l’ai repoussée avec dédain*. Mais je n’ai pas pu supporter de voir la crainte dans ses yeux. — Ah ! Manon, lui ai-je dit d’un ton tendre, j’ai le cœur percé de douleur. Elle ne m’a pas répondu, mais elle est tombée à genoux et a pleuré. Je lui ai énuméré ce que je lui reprochais et j’ai laissé échapper quelques larmes. Manon s’en est aperçue. Elle a enfin rompu le silence. — Vous me dites coupable ; le Ciel doit me punir si j’ai cru l’être. — Tu n’es qu’une perfide ! me suis-je écrié. Adieu, lâche créature. Reste avec ton nouvel amant. Mais elle tremblait. Je me suis alors précipité et lui ai demandé hardi audacieux dédain mépris

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abbé prévost

pardon. Elle m'a alors dit que c’était elle qui avait besoin de ma bonté pour me faire oublier les chagrins qu’elle me causait. — Mais, lui ai-je demandé, allez-vous signer ma mort en passant la nuit avec mon rival ? Elle a médité un instant. — Mon Chevalier, m’a-t-elle dit, j’ai cru que c’était la lettre et la fille qui causaient votre chagrin. Elle m’a appris tout ce qui lui était arrivé : que G… M… il lui avait donné dix mille livres et y avait ajouté des bijoux, parmi lesquels le collier et les bracelets qu’elle avait déjà eus de son père. — J’ai pensé, a-t-elle continué, qu’il était dommage de nous priver de tant de biens. Le but de son infidélité était très clair. C’était donc avec lui qu’elle comptait passer la nuit ! Toutefois, j’ai été touché par l’ingénuité de son récit et, espérant l’enlever le soir même à mon rival, je lui ai dit : — Et la nuit, avec qui l’auriez-vous passée ? Manon a répondu avec des « mais » et des « si » embarrassés. Je lui ai dit de me suivre immédiatement. — Je le veux bien, m’a-t-elle dit, mais emportons les dix mille francs, ils sont à moi. Je lui ai conseillé d’abandonner tout, car je craignais le retour de G… M… J’ai entendu frapper à la porte. J’ai dit à Manon que c’était un homme mort si c'était G... M... qui arrivait. Mais c’était Marcel qui m’apportait un billet de M. de T… disant que G… M… était allé chercher de l’argent chez lui. Je pouvais donc me venger en couchant

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manon lescaut

??

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abbé prévost

dans son lit ; je devais simplement trouver quelques hommes qui l’arrêteraient et le garderaient à vue* jusqu’au lendemain. Cette idée a amusé Manon. J’ai accepté, malgré les présages d’une catastrophe. Je suis sorti chercher des hommes, et je les ai conduits là où G… M… devait passer pour rentrer chez Manon, en leur disant de le garder jusqu’à sept heures du matin. Je suis retourné chez Manon. J’ai dit à Marcel de préparer un fiacre le lendemain avant six heures du matin. Puis nous allions occuper le lit de G… M… Mais le glaive* suspendu sur nos têtes allait se rompre. Le laquais qui accompagnait G… M… était si paniqué qu’il avait averti le vieux G… M… . et lui avait raconté tout ce qu’il savait sur l’amour de G… M… pour Manon. Le vieillard a pensé à une querelle d’amour et est allé avertir le lieutenant général de Police puis il s’est rendu chez Manon. Voyant le vieux G… M… arriver, j’ai sauté sur mon épée, mais elle était bloquée. — Est-ce une illusion ? nous a-t-il dit ; est-ce que je vois le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut ? Ah ! malheureux, je suis sûr que tu as tué mon fils ! Ayant su que Marcel nous avait servis auparavant, il l’avait menacé, alors Marcel lui avait appris notre projet. Le vieillard est remonté chez Manon et a vu le collier de perles et les bracelets. Mon cœur crevait de rage car il a insulté Manon. Mais j’ai voulu parler avec modération. garderaient à vue garderaient enfermé pendant une durée limitée

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glaive épée courte à deux tranchants


manon lescaut

— Finissons, Monsieur, ces insolentes railleries. De quoi est-il question ? — Il est question, Monsieur le Chevalier, m’a-t-il répondu, d’aller au Châtelet. Et j’espère que vous me direz où est mon fils. C'était terrible. J’ai alors prié mon plus cruel ennemi de m’écouter un instant. Je lui ai révélé mon amour pour Manon, donc ma souffrance et je lui ai aussi dit qu’il n’y avait pas besoin de prison pour me faire promettre de lui révéler où était son fils. Sa réponse a été de dire aux archers : — Conduisez-le au Petit-Châtelet, et qu’il ne vous échappe. Il s’est déjà sauvé de Saint-Lazare. Les archers étaient prêts. J’ai tendu la main à Manon qui était restée silencieuse. Je m’inquiétais pour elle qui avait déjà été à l’Hôpital. Nous sommes arrivés à la prison. On nous a mis chacun dans un lieu séparé. J’ai recommandé Manon au concierge en lui promettant une récompense, puis je me suis occupé de hâter ma liberté. Il était clair qu’il n’y avait rien de criminel dans mon affaire. J’ai résolu d’écrire à mon père pour le faire venir à Paris. Il est arrivé le lendemain. Il avait reçu ma première lettre et était d’abord allé voir Tiberge qui lui avait dit qu’il me croyait entièrement dégagé de Manon. Il avait enfin appris que j’étais au Châtelet. Avant de recevoir sa visite, j’ai reçu celle de M. le lieutenant général de Police. Il n’a pas été dur, mais il m’a dit que j’avais manqué de sagesse en me faisant un ennemi tel que M. de G… M… . Je me suis alors hasardé à lui recommander Manon. Il m’a répondu qu’on la présentait comme une dangereuse personne.

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Reconstitue correctement les phrases.

1 J’étais en colère 2 Va-t’en. Mais avant, dis-moi, 3 Je pourrais peut-être 4 Tourmenté, j’ai comparé 5 Donc, après le départ de G… M…, 6 Mais je n’ai pas pu 7 Vous me dites coupable ; 8 Adieu, lâche créature 9 Elle m’a appris 10 Toutefois, j’ai été touché 11 Elle m'a appris 12 Manon pensait 13 Je lui ai conseillé d’abandonner tout 14 Mais le glaive suspendu

1 a et plein de douleur. ■ ■ b car je craignais le retour de G… M… ■ c je suis allé chez mon infidèle. ■ d supporter de voir la crainte dans ses yeux. ■ e pourquoi tu as été envoyée ici. ■ f le Ciel doit me punir si j’ai cru l’être. ■ g tout ce qui lui était arrivé. ■ h de l’ingénuité de son récit. ■ i cette dernière aventure aux précédentes. ■ j reste avec ton amant. ■ k sur nos têtes allait se rompre. ■ l t'aimer à mon tour ■ m que G... M... lui avait donné des bijoux ■ n qu'il était dommage de laisser l'argent

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2

Réponds aux questions en adaptant le texte si nécessaire.

Que dit Des Grieux à Manon quand il entend frapper à la porte ? Il dit qu’il était un homme mort si G… M… arrivait. …………….................................................................................………………………… 1 Qu’a fait Des Grieux en voyant le vieux G… M… arriver ……………..........................................................................………………………………. 2 Le vieux G… M… reconnaît-il Des Grieux ? ……………..........................................................................………………………………. 3 Où le vieillard voit-il le collier de perles ? ……………..........................................................................………………………………. 4 Pourquoi le vieux G… M… conduit-il Des Grieux à la prison du Châtelet ? ……………..........................................................................………………………………. 5 A-t-il été utile à Des Grieux de dire au vieillard où était son fils ? ……………..........................................................................………………………………. 6 Des Grieux demande-t-il de l’aide à son père ? ……………..........................................................................………………………………. 7 Arrivés en prison, Manon et Des Grieux sont-ils tous les deux au même endroit ? ……………..........................................................................………………………………. 8 Des Grieux donne-t-il de l’argent au concierge pour lui recommander Manon ? ……………..........................................................................……………………………….

Orthographe 3

Complétez les phrases avec a, à ou Ah !

Le cocher a dit que ce n'était pas Manon. …………….................................................................... 1 ... ma fille, on t'a trompée. 2 Je devais parler ... Manon. 3 Elle m' ... appris tout! 4 Nous nous sommes auto-invités ... dîner. 5 ... Conduisez-le au Petit-Châtelet. 6 J'espérais l'enlever ... mon rival.

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Vocabulaire 4 Associe chaque définition au mot correspondant. 1 Voiture de louage à cheval. 2 Passage assez étroit et non revêtu. 3 Végétal dont le tronc s’ancre en profondeur dans la terre. 4 Voie de circulation. 5 Végétation constituée de plantes herbacées. 6 Ancienne voiture de luxe, couverte, à quatre roues, tirée par des chevaux. 7 Grande étendue couverte d’arbres. 8 Terrain planté d’arbres.

a carrosse b chemin c route d bois e arbre f forêt g herbe h fiacre

5

Complète le texte avec les mots de l’exercice 3 qui conviennent.

Des Grieux a acheté un …………………. carrosse pour que Manon soit contente,

même si cela le faisait trop dépenser. Mais quelques fois, ils louaient un a) ………………………… . Ils allaient à la Comédie en parcourant la b) ………………………. qui va de Chaillot à Paris. Ce n’était pas un c) …………………….. de campagne même si la d) ……………………………. avec tous ses arbres magnifiques n’était pas loin. Ils longeaient aussi des prairies recouvertes d’une e) ……………………………. bien verte. Lorsqu’elle était à Paris, Manon aimait se promener dans le f) ………………………….. de Boulogne. Elle rencontrait ses amies près d’un g) ………………… géant.

Grammaire 6 Complète les phrases avec les mots entre parenthèses en les adaptant. J’ai cueilli des fleurs très (beau) …………… belles . 1 En prison, les soupes étaient (tiède)……………………………., mais elles étaient (savoureux)…………………… . 2 Manon travaillait un peu mais elle trouvait la couture (ennuyeux)…………………………… .

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3 Manon n’avait pas des cheveux (roux)……………………. . Elle n’était pas (roux)……………… . 4 De temps en temps, Des Grieux achetait une robe (neuf) ……………………… à Manon pour lui faire plaisir. 5 Des Grieux n’avait pas toujours de l’argent, alors il ne pouvait pas chercher une (nouveau) …………. demeure plus grande. 6 Le carrosse est tiré par des (cheval) ……………………… .

7

Transforme les phrases à la forme négative.

J’ai froid. …………………..........….. Je n’ai pas froid Des Grieux est amoureux de Manon. 1 ……………………………........................................................……………………………….. Il est tombé amoureux de Manon. 2 ……………………………........................................................……………………………….. Je suis parti immédiatement. 3 ……………………………........................................................……………………………….. Nous avons tout mangé. 4 ……………………………........................................................……………………………….. À l’auberge, il y avait beaucoup de personnes. 5 ……………………………........................................................……………………………….. Manon a toujours pleuré. 6 ……………………………........................................................………………………………..

ACTIVITÉS DE PRÉ-LECTURE

DELF - Production écrite 8

Fais un bref résumé du chapitre (10 lignes).

Production orale 9 Tu rencontres un ami et tu lui racontes les dernières aventures de

Des Grieux et de Manon. Exprime ton opinion sur leur comportement et demande lui la sienne.

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Chapitre VIII

La situation précipite

J’ai entendu la porte de ma chambre s’ouvrir : c’était mon père. — Grâce au scandale de votre libertinage, j’ai découvert où vous êtes. Qu’un père est malheureux lorsqu’il est déshonoré par son fils. — Ne me traitez pas comme un infâme*. C’est l’amour qui a causé toutes mes fautes. Se peut-il que votre sang n’ait jamais ressenti les mêmes ardeurs ? J’ai toujours été plein de respect et d’affection pour vous. Mais un cœur de père est le chef-d’œuvre de la nature car : — Viens, mon pauvre chevalier, m’a-t-il dit, tu me fais pitié. Je l’ai embrassé, il m’a dit ce qui se passait dans son cœur. — Mais quel moyen prendrons-nous donc, a-t-il repris, pour te tirer d’ici ? Explique-moi tout sans rien cacher. Comme avoir une maîtresse n’était pas une infamie*, j’ai raconté ma vie dans les détails. J’ai demandé à mon père de me pardonner d’avoir agi par vengeance et par amour. Comme il me demandait de l’aider à comprendre comment obtenir ma liberté, je lui ai parlé des sentiments de bonté que le lieutenant général de Police avait pour moi. — Si vous trouvez des difficultés, lui ai-je dit, elles ne viennent que des G… M… . infâme méprisable infamie acte déshonorant

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manon lescaut

Mon père m’a promis qu’il irait les voir. En me quittant, il est donc allé chez M. de G… M… qui était avec son fils que le garde du corps avait libéré. M. de G… M… et mon père sont allés chez M. le lieutenant général de Police, auquel ils ont demandé deux grâces : l’une de me faire sortir du Châtelet ; l’autre, d’enfermer Manon pour toujours ou de l’envoyer en Amérique. M. de G… M… et mon père sont aussitôt venus me voir. Mon père m’a ordonné de faire des excuses à M. de G… M… . Nous sommes sortis sans avoir dit un mot de ma maîtresse qui a été conduite une heure après à l’Hôpital. Je suis retourné chez mon père mais, le soir, j’ai réussi à fuir et à aller au Châtelet. Le concierge m’a parlé du sort de Manon comme d’un malheur. L’effet a été subit* ; j’ai perdu connaissance*. J’ai pensé mourir et l’idée de la mort m’était douce. Mais Manon avait besoin de moi vivant pour la venger. Le concierge m’a offert de m’aider. — Hélas ! lui ai-je dit, tout le monde m’abandonne. Mon père est un de mes plus cruels persécuteurs. Vous seul avez de la compassion. Mes premières résolutions étaient de me défaire des deux G… M… et du lieutenant général de Police et ensuite d’aller à l’Hôpital à main armée* avec ceux que je pourrais engager dans ma querelle. Mais j’ai vite pensé que la mort de mes ennemis aurait été inutile pour Manon. J’ai donc fait tout pour la délivrer. Il me restait trop peu d’argent et seulement trois personnes pouvaient m’en donner : M. de T…, mon père et Tiberge. Mais seul Tiberge m’en donnerait certainement. Je suis allé immédiatement au Séminaire de Saint-Sulpice. Il ignorait mes dernières aventures, je lui ai donc seulement dit que j’avais revu mon père et je lui ai demandé de l’argent, qu’il m’a aussitôt donné, sous prétexte de dettes. subit immédiat j’ai perdu connaissance je me suis évanoui

à main armée avec une arme en main

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abbé prévost

Je suis ensuite allé chez M. de T… . Il était au courant de mon aventure et quand je lui ai parlé de Manon, il m’a dit qu’il n’avait pas pu la voir lors de ses visites et que le groupe où elle se trouvait devait partir le surlendemain du Havre pour l’Amérique. Pour délivrer Manon, il m’a conseillé d’attaquer ses gardes aidé de quelques braves mais, vu le danger, je devais en garder le secret. Il m’a donné cent pistoles et m’a dit que je ne pouvais rien obtenir du lieutenant général de Police si ni M. de G… M… ni mon père ne retiraient leur plainte. Il allait pourtant essayer de gagner le jeune G… M… pendant que moi, je devais fléchir mon père. Ce n’était pas facile pour moi parce que j’étais parti de chez lui contre ses ordres. J’ai alors décidé de le faire venir dans un endroit public. Donc M. de T… s’en est allé chez G… M… et moi au Luxembourg où mon père a paru peu après. — Monsieur, lui ai-je dit en tremblant, vous êtes mon père. Vous m’avez pardonné beaucoup de fautes et je vous respecte. Mais, poussé par la haine de M. de G… M…, le traitement que vous avez fait à Manon est extrême. Je vous demande la vie que je ne peux conserver si Manon part pour l’Amérique. — Non, m’a-t-il dit d’un ton sévère ; j’aime mieux te voir sans vie que sans sagesse et sans honneur. C’est ma bonté excessive qui t’a perdu. Cours à ta perte. Adieu, fils ingrat* et rebelle*. — Adieu, lui ai-je dit, père barbare et dénaturé. Je suis allé jusque chez M. de T… . Il m’a dit que G… M… avait refusé de solliciter mon père en notre faveur et qu’il ne restait que la violence. J’ai pensé au garde du corps que j’avais employé pour arrêter ingrat qui n’est pas reconnaissant rebelle qui se révolte

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manon lescaut

??

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abbé prévost

G… M…, et lui ai demandé de chercher trois soldats. Je lui ai donné les cent pistoles que j’avais reçues de M. de T… le jour de l’enlèvement de Manon. Nous sommes allés aussitôt à la Porte Saint-Honoré. Nous avons vite vu les six gardes et les deux voitures que vous avez vues à Pacy, il y a deux ans. Nous avons couru vers les archers, mais ils ont préparé leurs baïonnettes et leurs fusils. Trois de nos soldats se sont enfuis. — Dieux ! a dit le garde du corps. À deux ce serait de la folie d’attaquer six hommes aussi bien armés. Il faut retourner à Paris. J’ai réfléchi, puis j’ai prié les archers de me laisser parler à Manon. Comme ils refusaient, je les ai priés de pouvoir traverser les mers avec elle. Le chef de la bande m’a répondu que les ordres de veiller sur leurs captives étaient très stricts, mais qu’ils acceptaient et que cela me couterait un écu par heure pour entretenir la fille qui me plaira. Je ne leur avais pas parlé de Manon ni de ma passion pour elle. Mais lorsqu’ils s’en sont aperçus, ils ont augmenté tellement la taxe que je n’avais plus rien quand nous sommes arrivés à Pacy. J’ai trouvé Manon enchainée par le milieu du corps, assise sur de la paille, le visage pâle et en larmes. Son linge était sale. Je l’ai regardée quand j’étais à cheval près du chariot. Elle m’a reconnu et voulait venir à moi. Mais elle était retenue par la chaîne. J’ai demandé aux archers d’arrêter par compassion. Ils y ont consenti. J’ai quitté mon cheval pour m’asseoir à côté d’elle. Puis, peu à peu, nous avons pu parler. Le son de sa voix était faible et tremblant. Elle m’a remercié de ne pas l’avoir oubliée et lorsque je l’ai rassurée que j’étais disposé à la suivre pour l’aimer et attacher ma destinée à la sienne, elle m’a

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manon lescaut

adressé des sentiments tendres et douloureux. En dépit de ce sort, j’ai trouvé ma félicité dans ses regards et dans la certitude que j’avais de son affection. Vivre en Europe, vivre en Amérique, peu importait si j’étais sûr d’y être heureux en y vivant avec ma maîtresse, même parmi des sauvages aussi cruels que G… M… et mon père. Mais il me fallait de l’argent et il m’en restait peu. J’ai donc écrit à Tiberge, que j’avais toujours trouvé si prompt à m’offrir son amitié, pour lui dire le besoin dans lequel j’étais, après lui avoir confessé que j’étais allé conduire Manon au Havre. Je lui demandais cent pistoles. Les archers sont devenus si intraitables quand ils ont découvert ma passion qu’en peu de temps je n’ai plus rien eu. Ma bourse était vide. Je me suis alors trouvé exposé aux brutalités de six misérables. Vous en avez été témoin à Pacy. Votre rencontre, votre pitié a servi à me faire gagner le Havre, et les archers ont tenu leur promesse avec plus de fidélité que je ne l’espérais.

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

Compréhension 1

Qui a dit ou aurait pu dire ? Classe dans le tableau.

a Ne me traitez pas comme un infâme. b Viens, tu me fais pitié. c Manon doit être enfermée pour toujours. d Fais tes excuses à M. de G… M… e Le sort de cette pauvre fille est un véritable malheur. f Je peux peut-être vous aider ? g Mon père est un cruel persécuteur. h Je n’ai pas pu voir Manon lors de mes visites. i Voilà pour toi cent pistoles. j Dis à M. de G… M… et à ton père de retirer leur plainte. k J’étais amoureux de Manon, elle est infâme. Je ne peux retirer ma plainte. l J’aime mieux te voir sans vie que sans sagesse et sans honneur. m Adieu père barbare et dénaturé. n Voilà j’ai retrouvé les trois soldats. o Halte ! voyez nos baïonnettes ! p Tu ne peux pas parler à cette femme. Père de Des Grieux Des Grieux Tiberge M. de T… M. de G… M… Garde du corps Concierge Archers

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a


2

Réponds aux questions.

Où se trouve Des Grieux au début du chapitre ? Il se trouve dans la prison du Châtelet ……………………………........................................................……………………………….. 1 Est-ce que son père l’aide à sortir de prison ? ……………………………........................................................……………………………….. 2 Où va-t-il après être sorti ? ……………………………........................................................……………………………….. 3 D’où s’enfuit Des Grieux lorsqu’il va au Châtelet ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 Pourquoi va-t-il chez Tiberge ? ……………………………........................................................……………………………….. 5 Pourquoi va-t-il chez M. de T… ? ……………………………........................................................……………………………….. 6 Pourquoi Des Grieux rencontre-t-il son père au jardin du Luxembourg ? ……………………………........................................................……………………………….. 7 Est-ce qu’il combat contre les archers ? ……………………………........................................................……………………………….. 8 Que fait-il alors ? ……………………………........................................................……………………………….. 9 Pourquoi est-il toujours sans argent ? ……………………………........................................................……………………………….. 10 À qui s’adresse Des Grieux dans la dernière phrase ? ……………………………........................................................……………………………….. 11 Au XVIIIe siècle, était-il toléré d'avoir une maîtresse ? ……………………………........................................................……………………………….. 12 D'après sono père, pourquoi Des Grieux a-t-il commis tant d'erreurs ? ……………………………........................................................……………………………….. 13 Des Grieux est-il certain de l'affection que Manon a pour lui ? ……………………………........................................................………………………………..

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Vocabulaire 3

Remplace chaque mot souligné par son synonyme. Voir l’encadré. erreur • finalités • je révélais • l’embarras bien-aimée • tromperie • bénéfices • renommés

À chaque faute …………… erreur que a) j’avouais …………………………. à mon père, j’avais soin de joindre des exemples b) célèbres……………………., pour en diminuer c) la honte…………………. . Je vis avec une d) maîtresse………………., lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le duc de… en entretient deux, aux yeux de tout Paris ; M. de… en a une depuis dix ans, qu’il aime avec une fidélité qu’il n’a jamais eue pour sa femme ; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d’en avoir. J’ai usé de quelque e) supercherie……………………………. au jeu : M. le marquis de… et le comte de … n’ont point d’autres f) revenus …………………….. : M. le prince de … et M. le duc de… sont les chefs d’une bande de chevaliers du même Ordre. Pour ce qui regardait mes g) desseins……………………. sur la bourse des deux G… M…, j’aurais pu prouver aussi facilement que je n’étais pas sans modèles.

Orthographe 4 Souligne la bonne solution. Personne n’a/Personne a pitié de moi. 1 Le concierge/consierge m’a donné toute l’assistence/ assistance que je pouvais attendre/atendre de meilleur de/des mes amis. 2 J’ai reçu ses service avec une vive reconnaissence/ reconnaissance. 3 Vous êtes touché de mes paines/peines ? 4 Tout le monde m’abandonne/m’abandone. 5 Vous seul, malgré le lieu/lieux où vous séjournez, plein/plain de dureté et de barbarie, vous marquez de la compation/ compassion pour le plus misérable de tous/tout les hommes.

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Grammaire 5

Qui, que ou qu’ ? Complète le texte.

En dépit du plus cruel de tous les sorts, je trouvais ma félicité dans ses regards et dans la certitude …………. que j’avais de son affection.

J’avais perdu, à la vérité, tout ce a) ………….. le reste des hommes estime, tout ce b) ………………… me permettait de me sentir comme eux ; mais j’étais maître du cœur de Manon, le seul bien c) ………………………. m’appartenait et d) ……………………… j’estimais. Vivre en Europe, vivre en Amérique, peu importe où vivre, si j’étais sûr d’y être heureux en y vivant avec ma maîtresse ? Tout l’univers n’est-il pas la patrie e) …………………….. appartient à deux amants fidèles ? Ne trouvent-ils pas l’un dans l’autre, père, mère, parents, amis, richesses et félicité ? Si quelque chose me causait de l’inquiétude, c’était de voir f) …………………. Manon était exposée à la pauvreté, moi, g) ………………………. me supposais déjà, avec elle, dans une région sans rien et habitée par des sauvages. Je suis bien sûr, disais-je, h) ………………………… il n’y a personne d’aussi cruels i) ………………………. G… M… et mon père. Ils nous laisseront du moins vivre en paix. Si les relations j) …………………………………… on en fait sont fidèles, ils suivent les lois de la nature. Ils ne connaissent ni les fureurs de l’avarice, k) …………………………. possèdent G… M…, ni les idées fantastiques de l’honneur l) …………………………………. m’ont fait un ennemi de mon père. Ils ne troubleront point deux amants m) ………………………….. ils verront vivre avec autant de simplicité qu’eux. J’étais donc tranquille de ce côté-là.

ACTIVITÉ DE PRÉ-LECTURE

DELF - Production écrite 6 Relis le texte de l’exercice 5. Réponds librement aux questions. 1 Quelle sorte d’affection a Manon envers Des Grieux ? 2 Qu’est-ce que les hommes estiment à ton avis ? 3 Pour Des Grieux, que signifie être heureux ? 4 Que va-t-il encore arriver à Des Grieux et à Manon ?

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Chapitre IX

L’Amérique

Dès que nous sommes arrivés au Havre, je suis allé à la poste. La lettre de Tiberge n’y était pas, elle n’arriverait que dans deux jours. Le bateau devait partir le lendemain matin. J’étais encore une fois désespéré parce que sans un sou. Manon m’a alors dit : — Hélas ! Finissons nos misères par la mort ! Ou bien, donne-moi la mort, et va chercher un autre sort dans les bras d’une amante plus heureuse. — Non, lui ai-je répondu, mon sort est d’être malheureux avec vous. Je tremblais, mais je me suis efforcé de lui ôter ces funestes pensées. J’ai vendu mon cheval, j’avais ainsi dix-sept pistoles. J’ai acheté le nécessaire à Manon et j’ai gardé le reste pour l’Amérique. J’ai été facilement reçu dans le bateau, car on cherchait de jeunes gens disposés à se joindre à la colonie. Nous sommes partis. J’ai dit au capitaine que nous étions mariés. Il a feint de me croire et m’a accordé sa protection. Nous étions ainsi nourris honnêtement et respectés des compagnons de notre misère. Remarquant que je faisais attention à ce qu’elle ne manque de rien, Manon est devenue si tendre et passionnée que j’aurais presque remercié la fortune d’être si favorable à nos malheurs.

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Après avoir navigué deux mois, nous avons abordé au rivage désiré. C’étaient des campagnes sans traces d’hommes ou d’animaux. Peu après, des habitants du Nouvel Orléans se sont approchés de nous et nous ont posé mille questions sur la France. La ville, habitée de cinq ou six cents personnes, n’était qu’un assemblage de quelques cabanes, seule la maison du gouverneur a paru un peu mieux. Nous avons été présentés au gouverneur. Il a donné les plus belles filles aux principaux jeunes gens de la ville, et le reste a été tiré au sort. Il n’avait pas encore parlé de Manon. — J’apprends du capitaine que vous êtes mariés, nous a dit le gouverneur. Je vais donc faire mon possible pour adoucir votre sort. Il nous a fait préparer un logement dans la ville et nous a invités à souper. Nous nous sommes alors efforcés de cacher notre tristesse. Le soir, il nous a fait conduire dans notre misérable cabane. Manon, effrayée, s’est mise à pleurer en me disant que c’était moi qu’elle plaignait. — De quoi est-ce que je me plaindrais ? lui ai-je dit. Vous m’aimez ? Quel autre bonheur est-ce que je peux désirer ? Le gouverneur est un homme civil. Notre cabane est pauvre, mais tu transformes tout en or. — Vous serez donc la plus riche personne de l’univers, m’a-t-elle répondu. Je n’ai jamais mérité l’attachement que vous avez pour moi. J’ai été légère et volage*, je n’étais qu’une ingrate. Je n’ai pleuré que de tendresse et de compassion. Je me suis couché avec ces charmantes idées qui ont changé ma cabane en un palais digne du premier roi du monde. L’Amérique m’a paru un lieu de délices*. C’est ici qu’on s’aime sans intérêts, sans jalousie. volage instable en amour délices plaisirs intenses

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Nous avons cultivé l’amitié du gouverneur. Il a eu la bonté de me donner un petit emploi que j’ai accepté comme une faveur du Ciel. Je pouvais enfin vivre sans être à la charge de personne. Manon et moi avons eu chacun un domestique. Notre petite fortune s’est améliorée. La douceur de nos manières nous a attiré la confiance et l’affection de toute la colonie, si bien que nous passions pour les premières personnes de la ville après le gouverneur. Cette tranquillité et cette innocence de nos occupations nous ont rappelé des idées de religion. C’est l’amour et la jeunesse qui avaient causé tous nos désordres. Nos réflexions nous ont fait souhaiter un amour vertueux. Je connaissais les principes du cœur de Manon. Elle était droite et naturelle dans tous ses sentiments. Je lui ai fait comprendre qu’il manquait quelque chose à notre bonheur, c’est de le faire approuver du Ciel. En Amérique, qui empêcherait que nous nous mariions officiellement ? — Ah ! Manon, ai-je dit, je veux en parler dès aujourd’hui au gouverneur et lui avouer que nous l’avons trompé jusqu’à maintenant. Je pensais que tout homme aurait approuvé mes vues. Mais je crains de manquer de force pour achever le récit du plus funeste événement qui n’ait jamais été. Je suis allé chez le gouverneur comme convenu avec Manon pour le prier de consentir à la cérémonie de notre mariage. Le gouverneur avait un neveu, nommé Synnelet, qui lui était très cher, qui n’était pas marié. La beauté de Manon l’avait touché dès son arrivée. Il en était fort passionné. Mais comme il était persuadé qu’elle était mariée, il n’en a rien laissé voir. Il était chez son oncle quand je suis arrivé au fort. Le gouverneur m’a écouté avec sa bonté ordinaire et m’a même

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proposé de s’engager à faire toute la dépense de la fête. Je suis parti très content. Une heure après, l’aumônier* est venu chez moi pour me déclarer que M. le gouverneur me défendait de penser au mariage, car c’était à lui de disposer d’elle. Manon n’étant pas mariée, il jugeait bon de la donner à M. Synnelet, qui en était amoureux. Furieux, j’ai fait sortir l’aumônier en lui disant que le M. Synnelet n’oserait porter la main sur ma femme. J’ai raconté à Manon le funeste message. Ils l’avaient médité depuis longtemps, ils étaient les forts, avons-nous pensé. Nous étions dans le Nouvel Orléans comme au milieu de la mer. Où fuir ? dans un pays inconnu, plein de bêtes féroces ? Et je ne pouvais émouvoir* le peuple sans argent. J’ai résolu d’aller trouver le gouverneur et de lui rappeler mon respect et son affection. — Vous allez à la mort. Ils vont vous tuer. Je veux mourir avant vous, m’a dit Manon. Il a fallu beaucoup d’efforts pour la persuader que je devais sortir mais qu’elle, elle devait rester au logis. Je me suis rendu au fort*. Le gouverneur était avec son aumônier. Ce barbare m’a dit qu’il avait donné sa parole à son neveu. J’ai résolu de rester tranquille et je lui ai seulement dit que je consentirais à lui offrir ma mort plutôt que de perdre ma maîtresse. Je retournais chez moi quand j’ai rencontré Synnelet. Il a lu dans mes yeux une partie de mes pensées. — Je connais que mes intentions vous offensent, et j’ai bien prévu qu’il faudrait se battre avec vous. Allons voir qui sera le plus heureux, m’a-t-il dit. aumônier personne chargée d’assurer le service religieux dans une communauté

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émouvoir éveiller la sympathie de fort construction fortifiée


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Nous sommes allés un peu hors de la ville. Nos épées se sont croisées, je l’ai blessé. Il était si enragé qu’il a refusé de me demander la vie et de renoncer à Manon. Il m’a attaqué avec une furie inexprimable et m’a blessé au bras. Mais un coup si vigoureux l’a fait tomber à mes pieds, sans mouvement. J’ai aussitôt réfléchi sur les conséquences de cette mort. Connaissant la passion du gouverneur pour son neveu, j’étais certain de ma mort. J’ai pensé à Manon et à la nécessité de la perdre. J’ai décidé de rentrer chez moi, où j’ai trouvé Manon à demi morte de frayeur et d’inquiétude. Ma présence lui a redonné des forces, mais je ne pouvais lui cacher le terrible accident qui venait de m’arriver. Elle est tombée sans connaissance dans mes bras quand elle a su la mort de Synnelet. — Il est nécessaire que je m’éloigne. Vous pouvez encore être heureuse et moi, je vais chercher la mort parmi les sauvages, lui ai-je dit. — Fuyons ensemble, m’a-t-elle dit. Ne perdons pas un instant. Le corps de Synnelet peut avoir été trouvé par hasard. — Mais fuir où ? Ne vaut-il pas mieux que je porte volontairement ma tête au gouverneur ? Cette proposition a augmenté son ardeur de partir. Nous sommes donc partis comme pour notre promenade du soir habituelle. Pendant que nous marchions, je pensais qu’on pouvait se mettre entre les mains des indigènes, mais j’avais aussi une pensée aux Anglais qui pourraient nous recevoir dans leurs habitations. Nous avons marché aussi longtemps que Manon en a eu le courage. Puis, accablée, elle m’a confessé qu’il lui était impossible d’avancer

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davantage. Il faisait déjà nuit. Son premier soin a été de changer le linge* de ma blessure. À mon tour, j’ai passé la nuit entière à veiller* près d’elle. Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’a jamais eu d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Je croyais ma chère maîtresse endormie. Dès le point du jour, en touchant ses mains, je me suis aperçu qu’elles étaient froides et tremblantes. J’ai essayé de les réchauffer. Elle a fait un effort pour saisir les miennes et m’a dit, d’une voix faible, qu’elle se croyait à sa dernière heure. J’ai vite compris que la fin de ses malheurs approchait. Je l’ai perdue ; j’ai reçu d’elle des marques d’amour au moment où elle expirait. Mon âme n’a pas suivi la sienne. Je suis resté plus de vingt-quatre heures la bouche attachée sur le visage de ma chère Manon. Je voulais mourir, mais je ne voulais pas devenir la pâture* des bêtes sauvages, J’ai alors enseveli* pour toujours dans le sein de la terre tout ce qu’elle avait porté de plus parfait et de plus aimable. Synnelet a été rapporté à la ville et ses plaies ont été soignées. Il n’était pas mort. On m’a fait chercher et on m’a trouvé sans apparence de vie sur la tombe de Manon. Mais, pendant le trajet, j’ai ouvert les yeux. J’étais donc en état de recevoir du secours. Puis on m’a enfermé dans une prison très étroite. On m’a accusé de m’être défait de Manon par jalousie. Synnelet, malgré la douleur due à mon récit, a sollicité ma grâce. Il l’a obtenue. J’invoquais la mort, mais le Ciel m’a fait linge pièce de tissu veiller rester de garde

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pâture nourriture enseveli enterré


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rappeler des idées dignes de ma naissance et de mon éducation. Plus tranquille, ma guérison a suivi. Environ six semaines après, j’ai vu arriver un vaisseau et, surpris, j’ai reconnu Tiberge parmi ceux qui allaient vers la ville. Ce fidèle ami m’a reconnu de loin et m’a appris que l’unique motif de son voyage avait été de me voir et de me dire de rentrer en France. Il avait reçu la lettre que je lui avais écrite du Havre, il voulait me porter le secours que je lui demandais. Il avait enfin trouvé un vaisseau à Saint-Malo. Je l’ai conduit chez moi et je lui ai appris tout ce qui m’était arrivé depuis mon départ de France, et, pour lui procurer de la joie, je lui ai dit que les semences* de vertu qu’il avait jetées dans mon cœur commençaient à produire leurs fruits. Nous avons passé deux mois ensemble au Nouvel Orléans, puis, nous étant mis en mer, nous sommes arrivés il y a quinze jours au Havre-de-Grâce. J’ai écrit à ma famille en arrivant. Mon frère aîné m’a alors appris la mort de mon père, à laquelle je tremble que mes égarements n’aient contribué. Le vent étant favorable pour Calais, je me suis embarqué dans le but d’aller peu loin chez un gentilhomme de mes parents, où mon frère m’avait écrit qu’il attendait mon arrivée. FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE

semences graines

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ACTIVITÉS DE POST-LECTURE

DELF - Compréhension 1

Coche la bonne réponse.

Que fait Des Grieux dès qu’il arrive au Havre ? a ■ il va dans un café. b ■ il va voir si une lettre est arrivée pour lui à la Poste. c ■ il cherche de l’argent. 1 Manon est-elle tranquille à l’idée d’aller en Amérique ? a ■ Oui, elle est heureuse parce qu’elle est avec Des Grieux. b ■ Elle ne pense à rien. c ■ Elle pense qu’elle ferait mieux de mourir. 2 Combien de temps dure le voyage ? a ■ Il dure deux mois. b ■ il dure une quinzaine de jours. c ■ il dure trois mois. 3 Est-ce que le capitaine du bateau croit vraiment qu’ils sont mariés ? a ■ Oui, il en est convaincu. b ■ Non, mais il fait semblant d’y croire. c ■ Peut-être.

4 Des Grieux et Manon sont-ils heureux quand ils vont souper chez le gouverneur ? a ■ Oui, ils sont heureux et tranquilles. b ■ Non, mais ils s’efforcent de cacher leur tristesse. c ■ Non, et le gouverneur s’en aperçoit. 5 Des Grieux reste tout le temps sans rien faire ou fait-il quelque chose ? a ■ Il ne fait rien car il n’y a rien à faire. b ■ Il ne veut rien faire. c ■ Le gouverneur lui donne un emploi. 6 Quel est l’événement qui fait basculer la situation ? a ■ Des Grieux se dispute avec les habitants du lieu. b ■ Manon essaie de fuir. c ■ Des Grieux désire se marier officiellement et en parle au gouverneur.

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7 Le gouverneur est-il totalement d’accord ? a ■ Non, parce qu’il aime Manon. b ■ Oui, ils se marieront. c ■ Non, parce que son neveu veut Manon pour lui. 8 Que fait alors Des Grieux ? a ■ Il cherche immédiatement à fuir avec Manon. b ■ Il se bat en duel avec le neveu du gouverneur et le tue. c ■ Il se bat en duel avec le neveu du gouverneur et le blesse.

9 Des Grieux et Manon décident de s’enfuir, qu’est-ce qu’il arrive ensuite ? a ■ Manon meurt mais Des Grieux décide de rester en Amérique. b ■ Manon meurt et Des Grieux attend un bateau pour rentrer en Normandie. c ■ Manon et Des Grieux arrivent à rentrer en France.

Vocabulaire 2

Cherche l’intrus

mari, femme, fils, fille, enfant, copain, tante 1 marié, divorcé, mort, célibataire, veuf 2 père, mère, copine, frère, sœur 3 marier, naître, vivre avec, divorcer, se séparer 4 mort, heureux, né, décédé 5 grand-père, grand-mère, cousin, grands-parents 6 copain, oncle, tante, cousin 7 petit-fils, petite-fille, petits-enfants, copine 8 frère, oncle, tante, cousin, cousine 9 adolescent, adulte, méchant, enfant, nouveau-né 10 mineur, petit, grand, paresseux, majeur 11 blond, enfant unique, jumeaux, aîné, cadet. 12 se disputer, s'entendre, s'envoler, se fâcher, se comprendre.

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Orthographe 3

Souligne la bonne solution.

Manon est désespérée, elle n’a même pas fin/faim. 1 Le Havre est un port/porc. 2 Manon est la renne/reine du cœur de Des Grieux. 3 Lorsque Manon parle de suicide, Des Grieux la fait résonner/ raisonner. 4 Manon est enchaînée, assise sur le sol/sole. 5 Manon et Des Grieux ont goutté/goûté d’un peu de liberté. 6 Le voyage en Amérique a duré deux moi/mois. 7 Manon est si triste qu’elle n’a plus de voie/voix. 8 Des Grieux doit donner beaucoup de tribus/tributs pour assister Manon.

Grammaire 4 Réponds aux questions négativement. Emploie le plus possible les pronoms personnels et les pronoms compléments en/y et fais les changements nécessaires. Est-ce que Des Grieux critique Manon ? Non, il ne la critique pas ……………………………........................................................…………………………...... 1 Est-ce que Manon a mangé quelque chose ? ……………………………........................................................……………………………….. 2 Est-ce que Des Grieux était heureux au souper chez le gouverneur ? ……………………………........................................................……………………………….. 3 Le gouverneur accepte-t-il que les amants se marient ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 Manon prend-elle des vêtements avant de fuir ? ……………………………........................................................……………………………….. 5 Des Grieux et Manon vont-ils vivre dans les forêts inconnues ? ……………………………........................................................……………………………….. 6 Y a-t-il quelqu’un qu’ils connaissent dans la forêt ? ……………………………........................................................……………………………….. 7 Des Grieux reproche-t-il toujours quelque chose à Manon ? ……………………………........................................................………………………………..

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Assemble les syllabes et trouve les mots.

1 que A ri mé 2 heur bon 3 rêts té in 4 ment ta at che 5 fi of le ciel ment 6 neur ver gou 7 de in tu quié 8 ge sau va

6 Discours direct et indirect. Transforme les phrases. — Tu aimes vraiment Manon ? demande le gouverneur à son neveu. Le gouverneur demande à son neveu s’il aime vraiment Manon ……………………………........................................................……………………………..... 1 — C’est vous qui avez enlevé mon neveu ? demanda le gouverneur à Des Grieux. Le gouverneur demanda …………………………………................………………… 2 — Elle est charmante. Il dit ………………………………........................................................…………………… 3 — Elle est charmante. Il a dit………………………………………….....................................................…………. 4 — C’est mon neveu. Il dit……………….............................................................................…………………. 5 — C’est leur problème. Il a dit ………………….......................................……………………………………………..

DELF - Production orale 7

« Manon Lescaut, de quelle histoire s’agit-il ? » est la question que te pose l’un de tes amis. Que lui réponds-tu ?

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L’Abbé Prévost L’Abbé Prévost, dont le nom est AntoineFrançois Prévost, est né en 1697 à Hesdinen-Artois d’une famille bourgeoise. Son père est procureur du roi. Il fait ses études chez les jésuites avant de s’engager dans l’armée en 1711. Mais il hésite entre la carrière ecclésiastique et militaire. En 1717 il est officier mais, après quelques aventures, il entre chez les bénédictins et prononce ses vœux en 1721. Ordonné prêtre en 1726, il est transféré à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris, où il mène une vie assez mondaine. Il critique l’institution monastique et fait l’éloge de la passion amoureuse dans Les Aventures de Pomponius, chevalier romain qui, écrit avec un autre bénédictin, paraît dans l’anonymat, en 1724, en Hollande. En 1728, paraissent les premiers tomes des Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du monde. La même année Prévost s’enfuit du monastère sans autorisation, il doit donc émigrer à Londres. Là, il fait la cour à la fille d’un homme très riche chez qui il est précepteur.

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Il doit alors se réfugier en Hollande où il se lie avec Hélène Eckhardt, une femme dépensière. Il écrit et lit beaucoup. Il publie entre autres, à Utrecht en 1731 et 1732, les tomes I à IV du Philosophe anglais ou Histoire de monsieur Cleveland, fils naturel de Cromwell, qui font aussitôt l’objet d’une traduction en anglais. Il publie la suite des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, dont le dernier tome raconte l’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, que le parlement de Paris, scandalisé, a condamné au feu. En 1733, plein de dettes, En 1733, plein de dettes, Prévost retourne...


Prévost retourne à Londres où il fonde Le Pour et le Contre, un journal destiné à faire connaître l’Angleterre aux Français, qu’il continuera à éditer de façon presque ininterrompue jusqu’en 1740.

En 1734, il obtient de pouvoir retourner chez les bénédictins, en France, puis devient l’aumônier du prince de Contiqui qui le protège. Les trois derniers tomes du Philosophe anglais paraissent enfin clandestinement, à Paris, en 1738-1739.

Au cours de ces dernières années, sa production littéraire est intense. Il meurt d’une crise d’apoplexie en 1763 et est enterré dans l’abbaye bénédictine de SaintNicolas-d’Acy.

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La société au XVIIIe siècle

La Régence La mort de Louis XIV marque un tournant car le pouvoir royal absolu est immédiatement contesté, surtout par les aristocrates. À l’austérité dictée par l’ancien roi, suit une époque où les mœurs s’assouplissent et où tout change, que ce soit dans la politique ou dans la façon de penser et de vivre.

La répression Après la mort de Louis XIV, la police a plus de pouvoir et peut faire emprisonner les citoyens qui ne respectent pas les lois et cela même par une simple lettre de cachet rédigée à la demande du roi ou de la famille. Les prisons sont très nombreuses. On commence à envoyer dans les colonies d’Amérique les criminels et les prostituées afin qu’ils participent à leur peuplement. 104


L’argent et le jeu L’argent joue un rôle fondamental dans la fièvre de l’époque. Les mesures prises par le ministre des Finances John Law, qui met en place un système d’émission de papier monnaie, font naître la spéculation. Beaucoup cherchent à s’enrichir. Les maisons de jeu sont nombreuses et c’est là que se côtoient aussi bien des personnages importants que On est noble de naissance des truands et des membres ou on le devient par une de la police. On joue, on lettre d’anoblissement du triche. Le jeu dégénère en roi. Le noble bénéficie de nombreux privilèges, mais il fraude, d’où des règlements est tenu d’honorer des valeurs de comptes inévitables, des comme le respect de la parole suicides, des crimes. donnée, le sens de l’honneur, qui peut en arriver au duel, et la défense de la vertu des Un nouveau libertinage femmes. Le noble ne peut de mœurs se manifeste : il exercer un emploi. n’indique plus un certain Le cadet, c’est-à-dire celui scepticisme intellectuel, des enfants qui est né après ni cette liberté d’esprit qui l’aîné, n’a pas d’héritage. Il contestait les tabous de doit choisir entre l’armée ou la société et surtout de la l’Église. religion, mais est devenu une

La noblesse

Le libertinage

nouvelle forme d’agir et de liberté amoureuse fondée sur la séduction et la conquête. Le rejet de toute contrainte morale fait jour. C’est l’art de vivre de la Régence. C’est le plaisir de la dissipation après l’austérité de la fin du règne de Louis XIV. Les nobles et les aristocrates tendent alors à perdre les valeurs qu’ils doivent respecter et parfois s’accordent avec les escrocs, ce qui cause des relations peu claires.

La religion Le Roi Soleil était le défenseur de la religion catholique qui était la religion d’état ; il représentait l’absolutisme, le conformisme. Le clergé avait une place importante à cette époque. Mme de Maintenon, que le Roi avait épousée en secret, imposait un rigorisme excessif car elle avait une grande influence sur le roi et sur la Cour. À la mort du Roi, le Régent ne représente plus le droit divin. 105


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Le Roman au XVIIIe siècle Au XVIIIe siècle, le roman est un genre encore contesté. On lui reproche son extravagance et sa futilité. Les Jansénistes et les Jésuites sont les plus virulents antiromans, car ils considèrent le roman un divertissement inacceptable, voire vulgaire, lu principalement par les femmes et les oisifs, et qui les éloigne de la méditation voulue par eux-mêmes. Ainsi, les écrivains n’appellent pas leurs œuvres des « romans » mais des « mémoires », des « histoires »…et y insèrent un discours moralisateur, pour qu’il plaise et touche à la fois en transmettant un enseignement. Alors ils font le récit d’expériences qui peuvent servir dans la vie réelle. La fiction devient ainsi vraisemblable, une imitation du réel.

Manon Lescaut : une œuvre provocatrice Manon Lescaut paraît pour la première fois, en 1731, en Hollande, sous le nom de Tome VII des Mémoires d’un homme de qualité. L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, ne sera publiée qu’en juin 1733. L’œuvre a immédiatement un très grand succès, toutefois surtout dû au scandale qu’elle a provoqué. Les lecteurs sont choqués par le manque de dignité des deux héros. Ce sont surtout les Jésuites qui critiquent ce roman au point d’en interdire la lecture. Mais l’auteur est soutenu par des écrivains comme Voltaire et Montesquieu qui le félicitent même. Au XIXe siècle, le chef d’œuvre acquiert un succès prodigieux, qui dure encore au XXe siècle. Cela est dû à la passion et à la vérité qui ressort du texte, mais aussi au fait que l’idée de scandale évolue avec le temps.


Manon Lescaut : un roman réaliste ? Prévost ancre le récit dans le réalisme de l’expérience de ses personnages, avec leurs réflexions et leurs sentiments, à l’aide d’informations précises sur les lieux, sur la période historique, mais aussi sur les difficultés sociales réelles de la société de cette époque, d’un côté riche et corrompue et, de l’autre, encore attachée à l’honneur. Les aventures de Des Grieux et de Manon ont lieu, pour la plupart, à Paris. Seuls le début du récit a lieu dans une auberge d’Amiens et la fin en Louisiane. Par la lecture de son roman, l’Abbé Prévost nous fait revivre les endroits de Paris chers aux aristocrates de l’époque : entre autres, le Palais Royal, la Comédie française,

le jardin du Luxembourg, le bois de Boulogne, le séminaire de Saint-Sulpice. Pour plus de confort et chasser l’ennui, il fait vivre les amants de son roman dans un appartement parisien, mais aussi dans une maison de campagne à Chaillot. Et ils se déplacent de Chaillot à Paris en carrosse.

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Manon Lescaut dans la littérature et dans l’art Manon Lescaut dans la littérature Manon Lescaut de l’Abbé Prévost (1731) est l’œuvre à laquelle se réfère explicitement Alexandre Dumas fils pour écrire son roman (1848), mais dans

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le roman de Dumas les rôles sont inversés car son récit se concentre sur le sacrifice de la courtisane face à l’égoïsme bourgeois de son amant alors que

chez Prévost, c’est Des Grieux qui renonce à son statut social pour suivre sa Manon, qu’il aime éperdumen,t jusqu’à son sort en Amérique.


Manon Lescaut au théâtre Manon Lescaut est une œuvre difficile à transposer pour l’opéra, malgré cela, en ont été tirés : l’opéra-comique Manon Lescaut d’Esprit Auber (1856), le Manon de Jules Massenet (1884), opéra-comique en cinq actes, et le drame lyrique Manon Lescaut¸ de Giacomo Puccini (1893).

Manon dans la chanson Manon de Serge Gainsbourg, pour le film Manon 70 de Jean Aurel.

Manon Lescaut au cinéma Les adaptations cinématographiques sont nombreuses. La plus célèbre est, en France, le film Manon d’Henri Georges Clouzot (1948) avec l’actrice Cécile Aubry. Ce film transpose l’histoire de Manon dans le Paris de la Libération. Citons encore le film Manon 70 (1967) de Jean Aurel, avec Catherine Deneuve, Jean-Claude Brialy et Sami Frey. Il y a aussi diverses adaptations hors de France, comme au Japon, en Italie, au Venezuela, aux États-Unis, en Allemagne.

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BILAN Réponds aux questions. 1 Qu’est-ce qu’un honnête homme au XVIIIe siècle ? ……………………………........................................................……………………………….. 2 Le père de Des Grieux, que désirait-il que son fils fasse dans la vie ? ……………………………........................................................……………………………….. 3 Pourquoi le père de Des Grieux veut-il que son fils entre au séminaire ? ……………………………........................................................……………………………….. 4 Qu’est-ce qui fait que Des Grieux a des comportements douteux ? ……………………………........................................................……………………………….. 5 Des Grieux reste-t-il toujours fâché avec son père ? ……………………………........................................................……………………………….. 6 Est-ce que le frère de Manon est une personne fiable ? ……………………………........................................................……………………………….. 7 Des Grieux est-il indifférent à la religion ? ……………………………........................................................……………………………….. 8 Que représente pour lui son ami Tiberge ? ……………………………........................................................……………………………….. 9 Qu’est-ce qui provoque l’infidélité de Manon ? ……………………………........................................................……………………………….. 10 Manon a-t-elle parfois des remords ? ……………………………........................................................……………………………….. 11 Qu’est-ce qui fait la force du vieux G… M… ? ……………………………........................................................……………………………….. 12 Quel est le rôle de l’argent dans tout le roman ? ……………………………........................................................……………………………….. 13 Qu’est-ce qu’un libertin au XVIIIe siècle ? ……………………………........................................................……………………………….. 14 Des Grieux fréquente des lieux de Paris qui permettent de comprendre qu’il est noble, lesquels ? ……………………………........................................................………………………………..

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CONTENUS Vocabulaire - L’aspect physique - La femme - La société mondaine - Le jeu - Les sentiments - L’amour - L’hébergement - Les moyens de transport au XVIIIe siècle - L’argent - La richesse - La justice Grammaire - L’interrogation - La forme négative - L’imparfait de l’indicatif - L’impératif - Le passé composé - Le futur - Le conditionnel - Le discours indirect - Les connecteurs de temps - Les comparatifs - Les pronoms personnels sujets et compléments - Les pronoms relatifs qui et que - Les pronoms en et y - La construction de la phrase

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LECTURES

SENIORS

NIVEAU 1 Molière, Le malade imaginaire Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac NIVEAU 2 Voltaire, Candide Guy de Maupassant, Bel-Ami NIVEAU 3 Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo Alain Fournier, Le Grand Meaulnes Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers Stendhal, Le Rouge et le Noir Émile Zola, Germinal NIVEAU 4 Gustave Flaubert, Madame Bovary Victor Hugo, Les Misérables Honoré de Balzac, Père Goriot


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