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Les quatre mégatendances
LA DÉCARBONISATION DE LA SOCIÉTÉ
Cette tendance, déclenchée par les objectifs sociaux et politiques de lutte contre le changement climatique, est mue par l’intégration de volumes croissants de renouvelable dans le système énergétique ainsi que par l’électrification grandissante de la société. Selon la loi européenne sur le climat, entrée en vigueur en juillet 2021, tous les États membres doivent prendre les mesures nécessaires au niveau européen et national en vue d’atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050. Le rôle clé de la finance durable dans cet objectif politique a été reconnu, menant à la création de la taxinomie de l’UE (voir la section « Évolutions politiques » ci-dessous). Cependant, la forte hausse de la production renouvelable et les besoins supplémentaires en électricité ont des répercussions importantes : le besoin de transport d'électricité (longue distance) augmente (étant donné que les zones disposant d’importantes SER sont souvent éloignées), tandis que des zones présentant des schémas de production différents et complémentaires doivent être reliées. Le mix de renouvelable et la hausse de l’électrification offrent de la flexibilité au système, et donc de nouvelles opportunités pour le piloter et le stabiliser.
LA DÉCENTRALISATION DE LA PRODUCTION ÉLECTRIQUE ET L'APPARITION DE NOUVEAUX ACTEURS
En ligne avec la décarbonisation de la société, la progression vers des sources de production plus dispersées, plus petites et locales (principalement raccordées aux réseaux de plus basse tension) va probablement se poursuivre, même si des installations de production renouvelable plus grandes comme les parcs éoliens offshore devraient aussi jouer un rôle majeur dans le futur système. Les prosumers seront de plus en plus nombreux, encouragés par les technologies digitales qui leur permettent de jouer un rôle plus prépondérant dans le système énergétique. Les nouvelles technologies, l’électrification accrue et le couplage des secteurs encourageront également l’émergence de nouveaux acteurs tels que des fournisseurs de services ciblant les consommateurs finaux. Les consommateurs (tant l’industrie que les ménages) offriront par conséquent une flexibilité supplémentaire au système électrique. Ils participeront ainsi activement au secteur de l’énergie et bénéficieront d’une valeur et d’un confort accrus.
COORDINATION SUPRANATIONALE
Cette tendance découle en grande partie des deux précédentes. La part croissante des énergies renouvelables dans le mix énergétique, le passage à une production de plus en plus décentralisée avec bien plus d’acteurs ainsi que le couplage du secteur de l’électricité avec d’autres comme le gaz, le chauffage ou la mobilité rendent le comportement du système électrique plus variable et complexe. En outre, dans toute l’Europe, le développement des réseaux prend du retard par rapport aux évolutions rapides dans le domaine de la production d’énergie renouvelable. Cela entraîne des problèmes de congestion (et donc des coûts) dans certains pays. Étant donné le degré déjà élevé d’interconnexion et d’intégration du système et des marchés électriques européens, faire face à ces défis nécessite souvent une approche supranationale. Cela peut se faire au niveau des régions européennes, comme les initiatives de coordination régionale en faveur de la sécurité ( Regional Security Coordination Initiatives ou RSCI), ou de tout le continent, comme c’est le cas pour le plan de développement décennal du réseau ( Ten-Year Network Development Plan ou TYNDP) élaboré par ENTSO-E (European Network of Transmission System Operators ou Réseau Européen des Gestionnaires de Réseaux de Transport d’Électricité). Une telle approche permet à des régions complémentaires de tirer profit de leurs avantages respectifs, garantissant ainsi l’adéquation entre l’offre et la demande en énergie renouvelable, et offre aux industries et citoyens européens un système électrique plus résilient et efficace en termes de coûts.
LA TRANSFORMATION DIGITALE
La transformation digitale, et en particulier la digitalisation du secteur de l'énergie, est déjà en bonne voie : les nouvelles technologies (comme les véhicules électriques, les batteries domestiques et les pompes à chaleur) modifient rapidement la manière dont nous produisons, transportons et consommons l’électricité. Cela accélère notre transition vers une énergie propre, permettant ainsi aux acteurs de marché d’offrir aux consommateurs des services qu’ils souhaitent tout en leur faisant bénéficier de la transition énergétique. En effet, ils pourront par exemple mieux aligner leurs schémas de consommation avec les moments où une grande quantité d'énergie renouvelable est disponible sur le réseau. Par ailleurs, les gestionnaires de réseau sont plus aptes à gérer un système énergétique à faible émission de carbone, et ce, grâce à la contribution croissante de la flexibilité décentralisée offerte par les consommateurs. De nouvelles évolutions digitales comme les big data, le cloud computing, l’intelligence artificielle (IA) et la blockchain sont déjà couramment utilisées dans notre secteur. Le défi consiste à suivre le rythme de ces évolutions digitales. Un autre défi se pose également : faciliter l’accès aux données tout en garantissant que des pratiques efficaces en matière de gestion du consentement et de sécurité des données sont en place.