FEV. 2019
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Think Dare Share La newsletter pédagogique de l’École Jeannine Manuel
LE BIEN-ÊTRE AU SEIN DE L’ÉCOLE JEANNINE MANUEL : UNE APPROCHE HOLISTIQUE En plaçant l’ensemble de ses élèves au cœur des apprentissages, l’École Jeannine Manuel fait de leur bien-être une priorité et développe depuis sa création des méthodes centrées sur leurs besoins. Alors que l’on constate une orientation de la psychologie vers l’étude des déterminants du bien-être et les dispositions permettant de faire face aux défis des individus et de la société, l’établissement a été l’un des premiers en France à mettre en place un programme complet de Well-being. Après s’être d’abord penché sur le programme SEAL (Social and Emotional Aspects of Learning) chez les tout petits, il a ensuite adopté un programme de Well-Being du CM1 à la 5ème à partir des travaux d’Ilona Boniwell, scientifique renommée dans le monde de la psychologie positive. D’autres projets et initiatives destinés à l’ensemble de sa communauté éducative ont depuis été créés.
GARANTIR UN CLIMAT DE CONFIANCE FONDÉ SUR LA BIENVEILLANCE Afin de développer les conditions favorisant la joie d’apprendre et de transmettre, l’École Jeannine Manuel s’est attachée à créer un cadre bienveillant et structuré. A l’image de la charte anti-harcèlement et de celle sur la protection de l’enfance, les School Policies mises en place par l’école donnent une marche à suivre en cas de problème. Elles permettent de préserver un climat de confiance pour que l’ensemble de sa communauté éducative puisse évoluer sereinement et arrive à faire face aux éventuelles difficultés. Ces règlements sont consultables en ligne, dans la partie publique du site Internet de l’école. Pour rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages, l’École Jeannine Manuel n’a de cesse d’encourager leur autonomie et de soutenir leur créativité et leur curiosité. L’enjeu est de les éveiller tout en leur donnant des ressources pour qu’ils aient confiance en eux et qu’ils parviennent à surmonter leurs inquiétudes. Ils apprennent ainsi à mieux se connaître et se comporter dans leur relation à autrui. Si la maîtrise des compétences académiques est essentielle, la question du bien-être est la clé de la réussite. Comme le souligne Elisabeth Zéboulon, Directrice Générale de l’école : « Nous accordons autant d’importance à l’accomplissement du
potentiel intellectuel de nos élèves qu’à leur développement personnel et leur bien-être. Dans la mesure où l’intelligence émotionnelle influence grandement les apprentissages, ces compétences de vie sont une aide considérable aux apprentissages. Porteuses de sens, elle s’inscrivent dans la lignée du Growth Mindset à l’œuvre dans les classes ».
Science du fonctionnement humain optimal, du bien-être et des forces humaines, la psychologie positive, dont Martin Seligman est l’un des pionniers, cherche à construire ce qui rend fort. Psychologie des ressources et science du bonheur, elle ne nie pas les problèmes et n’évite pas les émotions désagréables, mais permet de les accueillir pour mieux les gérer ensuite et les surmonter.
Chloé et Capucine : “On s’entraîne à être plus gentils avec le Kindness Boomerang. Quand on est gentil au quotidien envers les autres, eux aussi deviennent plus gentils. C’est comme une maladie de la gentillesse”.
Application de la psychologie positive dans le champ éducatif, l’éducation positive repose sur deux piliers mis en place au sein de l’École Jeannine Manuel : l’apprentissage des compétences du bien-être (programme de Well-being) d’une part et de celles de la résilience (Programme SPARC) d’autre part.
DES PROGRAMMES ET INITIATIVES ADAPTÉS AUX BESOINS DES ÉLÈVES Well-being et Résilience du primaire à cinquième Sous l’impulsion de Joëlle Fitzpatrick, l’école a tout d’abord mis en place le programme SEAL (Social and Emotional Aspects of Learning) de la Grande Section au CE2. À partir de thèmes travaillés en classe et portant sur le vivre ensemble tels que « c’est bon d’être moi », « être et avoir un ami » ou « la solidarité », les élèves se réunissent en assemblée et présentent le travail accompli sur ce thème. Ce rendu peut prendre des formes multiples, des travaux manuels aux saynètes en passant par le chant ou la poésie. Lorsqu’elle était enseignante au sein de l’École Jeannine Manuel, Laure Reynaud, qui a depuis fondé ScholaVie1 – Pour une éducation positive en 2015, a eu pour mission de mettre en place un programme bâti sur les apports de la recherche en psychologie positive, validé scientifiquement. Construit avec de vraies fiches pédagogiques séquencées et détaillées qui prennent en considération l’élève dans sa globalité et donnent au professeur les outils nécessaires pour accompagner l’élève, le programme de Well-being a d’abord été expérimenté en CM1 / CM2. Cette expérimentation s’est étendue aux niveaux suivants, avec des professeurs principaux l’enseignant pendant les heures de vie de classe. Permettant de travailler les compétences de bien-être et du mieux-vivre ensemble en développant la confiance en soi, la créativité, la persévérance, la gestion des émotions et du stress, la motivation et l’engagement dans les activités, ce programme favorise en outre la construction d’un état d’esprit plus flexible, optimiste et altruiste, en développant les compétences sociales et émotionnelles des élèves. Il se présente sous la forme d’un répertoire de 6 à 36 leçons, organisées en six séquences et abordant le bien-être sous les angles suivants : physique, psychologique et social. « Chaque séance s’appuie sur des exercices concrets et donne lieu à des 1. www.scholavie.fr
discussions. Ces ateliers ont permis de créer une vraie approche, un cadre scientifique et pédagogique rigoureux, auquel tous les enseignants ont été formés. Leurs retours sont sans appel : le climat de classe est selon eux plus positif, ils connaissent davantage leurs élèves, avec leurs forces et leurs faiblesses mais aussi leurs émotions et leurs difficultés. Ils les trouvent en outre plus souriants et confiants », explique Laure Reynaud.
Noam “Ca m’aide à être plus sûr de moi. Quand il y a quelque chose qui me stresse, je ferme les yeux et je respire. Après, ça va mieux.” Convaincue qu’il était nécessaire de poursuivre l’accompagnement des élèves afin de les aider à préparer l’adolescence, l’école a adopté un programme de résilience ordinaire pour les 5ème. Élaboré par les psychologues Ilona Boniwell et Lucy Ryan, ce programme a été conçu
autour de l’acronyme SPARC : Situation – Perception – Affectivité – Réaction – Conséquences. Il donne aux élèves les ressources leur permettant d’apprendre à gérer et à surmonter les situations de stress et les difficultés quotidiennes. Respiration et Méditation de pleine conscience pour les plus grands À Paris, des ateliers de méditation de pleine conscience ont également été mis en place pour les élèves de 1ère et de Terminale. Selon Célia Bibard, professeure d’EPS à l’origine de cette initiative : « La méditation de pleine conscience est un outil puissant qui permet d’apprendre à mieux se connaître et de se poser quelques instants. C’est en effet en mettant en pause le pilote automatique de notre cerveau que l’on parvient à prendre du temps pour soi et pour les autres. In fine, l’objectif est d’appréhender la vie d’une manière plus douce avec un bien-être général durable ».
Dès le mois de février, les élèves de 1ère et de Terminale qui le souhaitent pourront à leur tour enseigner ces méthodes aux élèves de 3ème et de 2nde, permettant de valider leurs acquis et de former à leur tour. Dans la lignée du peer teaching, la mindfulness prend ainsi toute sa puissance dans à la création d’un lien fort entre générations. L’ensemble des collégiens et des lycéens participe en outre deux fois par an à des ateliers de respiration. Organisées juste avant les compositions groupées, ces séances permettent aux élèves d’évacuer le stress éventuel généré par les épreuves.
l’impact des pratiques méditatives sur la neuroplasticité, l’attention et le bienêtre, et Laurence de Gaspary, Présidente de l’association Enfance et Attention a parlé de la méditation de pleine conscience pour les enfants. Suite à cette série de conférences, les membres de l’école ont été invités à participer à des séances de lâcher-prise. Mélange de hatha yoga et de pleine conscience, ces ateliers de 45 minutes ont constitué un espace d’initiation à la recentration, à l’ancrage ici et maintenant à travers une approche reposant sur des étirements, des respirations, des exercices de pleine conscience et de méditation.
Pour le staff aussi ! Lors du dernier séminaire pédagogique qui portait sur la méditation, trois spécialistes ont partagé avec les enseignants et membres du personnel administratif le fruit de leurs recherches en apportant chacun un éclairage différent sur le sujet : Marion Frenette, directrice et formatrice MBSR, a présenté les origines bouddhistes de la méditation, le scientifique Antoine Lutz, directeur de recherche à l’INSERM et spécialiste des neurosciences a traité de
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L’ensemble du personnel de l’école s’est en outre vu offert l’opportunité de suivre des séances axées sur le développement personnel, proposées en français ou en anglais par des membres de l’école spécialistes, autour des 3 thématiques suivantes : • « La Sophrologie à l’école » avec Solange Isidore – initiation à la méthode à travers une relaxation dynamique, de pleine conscience et de méditation par l’activation du corps et de l’esprit ;
• « Formation aux Bases de la Méditation de Pleine Conscience » avec Célia Bibard – découverte des principes pour optimiser ses capacités d’attention et se sentir apaisé ; • « Lunchtime meditation-mindfulness » avec Barry D’Souza – introduction à la méditation et présentation de ses bénéfices.
INTERVIEW WITH REBECCA GREENWAY, WELL-BEING & PSHCE COORDINATOR IN LILLE When was the Well-being program created and why?
It all began with a reflection upon giving greater use and importance to the Homeroom sessions, with the creation of Personal Social Health and Citizenship Education (PSHCE). This was a bespoke program diagnosing the needs of each year group following a consultation with students, teachers and support staff. Once this programme had been successfully implemented we were approached by Laure Reynaud, who had created her educational association Scholavie. The work she had done fitted in perfectly with what had already been started. It has been several years now that the ‘Well-being’ and ‘Resilience’ program has been taught to the primary and collège students. Since the program has been established, what benefits have you observed for both students and teachers?
The students have the skills to rebound faster and to look after themselves physically and emotionally. By learning how to ‘check in’ with themselves they pause, reflect and slow down to acknowledge their emotions. It’s about finding a sense of balance and providing them with the tools so that they can
flourish within the school community and thrive in the outside world. Teachers appreciate the importance of having happy, healthy students who are keen to learn. Self-confidence and having a growth mindset to overcome obstacles can only enhance learning. How does this program allow students to develop their «soft skills»?
The world of tomorrow will present unprecedented challenges for young people. It is crucial that they know themselves very well in order to re-invent themselves again and again to remain relevant. The programs teach the students what their individual strengths are, the importance of health, sleep, positive relationships, mindfulness and much more! It is incredibly rich and varied. The students take away so much knowledge which is not just content to pass a test but the (soft) skills they can use to navigate though life as successfully as possible.
CREATING A SAFE AND POSITIVE SPACE FOR LEARNING Student well-being in school policies Student well-being is at the heart of École Jeannine Manuel’s pedagogical approach. While honing students’ academic skills remains key to the school’s mission, the school has a duty to provide students with a healthy and nurturing environment in which they can develop the “soft” skills crucial to their future success.
Lucie “We talk about about things that can happen and that can annoy us on any given day. We’ve learned that people react differently and we discuss how we can react in a better way. When things don’t go well, we try and think positively. I’m trying to test this at non-stressful times so that I can practice.”
As an establishment with CIS (Council of International Schools) and NEASC (New England Association of Schools and Colleges) accreditation, the school adopts rigorous standards with regards to its child protection policies. Standard 12c (Health and Safety Indicators) of the NEASC Standards for Accreditations and Indicators states that schools must have “appropriate services and personnel to support the
emotional, social and psychological needs of the students”.1 Our school’s Child Protection Policy requires us to have a Child Protection Officer which must be a senior member of staff; Elisabeth Zeboulon, Head of School, currently serves in this role. Our school nurse, Sylvie Girier, serves as her coofficer in questions regarding student health and well-being. In their roles as Child Protection officers, both Ms. Zeboulon and Ms. Girier undergo a specific training every two years. NEASC standards also require that schools “thoroughly and regularly educate and train all personnel in the legal requirements of mandatory reporting, appropriate emotional and physical boundaries and healthy relationships.” Our school policy outlines the definitions and outward signs of physical, sexual, or emotional abuse so that staff can recognize them if need be in students. The formal procedures for reporting potential cases of abuse are also clearly outlined in various sections of the school’s Child Protection policy. The school equally adopts a zerotolerance approach to bullying, detailed in its “Anti-bullying” policy. The policy clearly outlines the different forms that bullying can take and trains staff in recognizing bullying when it does occur and in appropriately responding to it. School procedures with regards to bullying encourage communication and mutual trust between students, staff, parents and the School.
By incorporating students’ well-being into its formal school policies, the school aims to provide a safe and positive learning environment for its students. Having a clear framework in place not only allows the school to remain compliant with accreditation standards, but also helps students and staff alike deal successfully with potentially harmful situations.
Well-Being at EJM: mirroring and adapting a global trend The school’s Well-Being curriculum mirrors the latest developments in education, with similar programs taking hold in the UK and USA. In recent years, social-emotional learning (SEL) programs (also called whole-child education) have rapidly gained visibility and credibility in the US private and public education sector. SEL programs in US schools focus on developing children’s “non-academic” or “soft” skills, such as cognitive regulation, social and interpersonal skills, and emotional processes. One of these programs, the Yale RULER approach, developed by the Yale Center for Emotional Intelligence, is an evidence-based approach for
1. NEASC: New England Association of Schools and Colleges Commission on Independent Schools, « Standards and Indicators ». https://cis.neasc.org/resources/self-study.
integrating social and emotional learning into schools. It is currently used by more than 1500 schools both in the United States and other countries. The RULER approach focuses on developing students’ and teachers’ capacity to recognize, understand, and manage their emotions - skills that impact a child’s overall development and teachers’ effectiveness in the classroom. The acronym RULER stands for the five key emotional skills of “recognizing emotion in the self and others, understanding the causes and consequences of emotions, labeling emotions with a diverse and accurate vocabulary, expressing emotion constructively across contexts, and regulating emotions effectively.”2 Using a specific set of tools that incorporate emotional intelligence exercises into everyday classroom content (“Anchor Tools”), students and teachers alike work on their emotional self-awareness, emotional regulation, goal-setting, and conflict resolution.
Louise “We feel good just being ourselves. I feel comfortable in my own skin.”
Developing students’ emotional intelligence forms an equally important part of Well-Being programs at École Jeannine Manuel. The Well-Being and Resilience curriculum for students in lower school and up to 7th-grade incorporates emotional regulation exercises, while encouraging students to develop their empathy and other emotional intelligence skills. The SPARC program for 7th-graders focuses both on emotional literacy (the “situation” and “perception” components) and on emotional regulation (the “affect” and “reaction” components of SPARC). Emotional intelligence skills form the key building blocks for improving other “soft skills” such as social and interpersonal skills. Students with strong emotional intelligence skills perform better both in their academic and professional life, and are more likely to have positive relationships with their fellow classmates, colleagues, teachers, and family alike. By incorporating social and emotional learning aspects into its Well-Being program, the school equips
its students for success and happiness in their personal and professional lives.
GOING BEYOND EMOTIONAL INTELLIGENCE IN THE UK: PSHCE CURRICULUMS While programs in the US tend to focus on emotional intelligence, UK schools have adopted a more general and holistic approach with the Personal, Social, Health and Citizenship Education (PSHCE) program of study. The PSHCE program aims to help students develop the knowledge, skills and attributes they need to manage their lives, now and in the future.3 The program of study covers Key Stages 1 to 5 (grades K-12) and is based on three core themes: Health and Wellbeing, Relationships, and Living in the Wider World. The subject can cover anything from drugs and alcoholawareness to how to set a budget, the importance of a well-balanced diet, as well as what defines positive (and negative) relationships. Students in kindergarten and first grade might tackle topics such as personal hygiene, or how to communicate and recognize feelings, while students in grades 2-5 might reflect on what affects their physical, mental, and emotional health and grapple with issues such sex, gender identity and sexual orientation. Patricia Koncewicz, Head of PHSCE at École Jeannine Manuel Paris, stresses the all-encompassing nature of PSHCE classes at the school: “Well-Being is but one part of the PSHCE program at the school. Two particularly important topics that we cover in PSHCE include drug and alcohol awareness, as well as sexual and emotional health. When we have to deal with a particularly sensitive topic that is outside of our expertise, we call in
experts from the outside. For example, we recently had an association come in and stage an awareness-raising play on subjects relating to sexual health”. Other important themes included in the PSHCE curriculum include bullying (including cyber-bullying) and safe mobile and electronic device use. All students beginning in 7th-grade take a mandatory course taught by external non-profits or by specialized lawenforcement officers on the potential risks of connected devices. With regards to the benefits of a PSHCE curriculum, Ms. Koncewicz has already seen a marked improvement in the way students look out for one another: “There is an increased atmosphere of empathy and solidarity among the students. They no longer hesitate to come forward if they notice one of their classmates struggling with any of the issues discussed in PSHCE. They are much quicker to sound the alarm, and that allows staff to get involved at the right moment.” PSHCE programs of study require teachers to not only teach students about issues, but also how to manage them. PSHCE education consequently helps students work on their cognitive regulation (reacting to emotions and choosing helpful behavior) as well as their emotional processes and social skills. By addressing contemporary issues that students must tackle on a daily basis, PSHCE allows students to apply the skills they have acquired to real-life situations. 2. Nathanson, L. et al. (2016) ‘Creating Emotionally Intelligent Schools With RULER’, Emotion Review, 8(4), pp. 305–310. doi: 10.1177/1754073916650495. 3. PSHCE - https://www.pshe-association.org.uk/