L’ÉPOQUE OÙ LA VIOLENCE LIÉE AU GENRE EN MILIEU SCOLAIRE PASSAIT INAPERÇUE EST RÉVOLUE Baguma Filbert Bates UNATU (Syndicat national des enseignant.es de l’Ouganda)
Je suis actuellement secrétaire général de l’Uganda National Teachers’ Union (UNATU). Je suis né à Kigezi, la célèbre Suisse de l’Afrique. J’ai grandi dans une communauté rurale typique où j’allais à l’école. Il se produisait à l’école toutes les sortes de violences fondées sur le genre imaginables. Les hommes allaient au bar dès le matin tandis que les femmes travaillaient et s’occupaient de leur famille. Comme si cela ne suffisait pas, les hommes vendaient les récoltes du ménage pour s’acheter à boire. Toute femme qui s’opposait à ce genre de comportement était frappée puis chassée de la maison pour une nuit, parfois plus. Telle était la terrible souffrance de la femme en milieu rural. Imaginez une femme qui porte son enfant sur le dos, un panier de patates douces sur la tête et du bois de chauffe, en tirant une chèvre par une corde. Qu’il pleuve ou qu’il vente, c’est ce qu’elle faisait. Les femmes avaient une vie très difficile ! On m’avait fait croire que les femmes étaient censées effectuer toutes les tâches ménagères et nourrir leur famille, alors que la tâche des hommes consistait à boire de l’alcool et battre les femmes jusqu’à satiété. Je croyais que les femmes devaient s’asseoir sur des nattes alors que les tabourets et les chaises étaient réservés aux hommes. Jeune garçon, j’ai commencé à imiter ce que je voyais et je refusais de m’asseoir sur une natte. Chaque fois qu’on me
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