Revue Vie Chrétienne n°26

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Se former

école de prière

Ce qui m'empêche de prier Parfois, il est difficile de prier parce que diverses pensées nous agitent. Et si ce qui nous empêche de prier devenait l'objet de notre dialogue avec le Seigneur !

H

Hier soir, en vue de ma prière de ce matin, j'ai prévu le cadre, l'horaire, la durée, le texte, le lieu et je me suis préparé le cœur. Et ce matin, impossible de me rendre disponible pour ce rendezvous : je suis troublé, encombré et empêché, envahi par le souci. Contre mon gré, ma tête est ailleurs, mon cœur est trop inquiet, mon corps est agité. J'ai beau demander que mes actions et mes opérations soient orientées vers le Seigneur, je n'y parviens pas. Impossible de chasser le souci, de prier ici et maintenant. Que faire ? La tentation est si forte de renoncer et de faire autre chose. Et si je faisais mien le conseil qu'Ignace donne en pareille circonstance ? Ignace conseille en effet de s'en tenir à la décision prise : je fais donc mémoire de ce que j'avais prévu la veille, quant aux conditions très concrètes que j'avais envisagées. Voici ce que je peux re-décider en signe modeste mais précieux de mon désir d'être partenaire de l'Alliance que Dieu me propose au long de mes jours : je ne déserte pas, je me tiens « ici et mainte-

nant » conformément à ce que j'ai décidé hier. Mais cette fidélité au cadre ne fait pas disparaître comme par enchantement le souci, voire l'obsession qui m'assaille. Comment tenir compte de mon état intérieur si pesant ? Et si je choisissais de faire de mon souci la matière de ma prière ? Ne serait-il pas aujourd'hui préférable de faire de mon état intérieur - y compris dans ses aspects affectifs et psychologiques - le support et la matière de ma prière et de renoncer au texte de l'Écriture que j'avais prévu ? Il s'agit de considérer ma vie comme une page de l'écriture, qui se prête à la Lectio Divina. Rappelons-nous comment commence le dialogue des deux pèlerins qui fuient Jérusalem avec Jésus qui les a rattrapés et qui les encourage à dire en toute franchise leur grand espoir déçu. Je demanderai alors la grâce de me remémorer telle ou telle parole consolante : « Vous tous qui ployez sous le fardeau » « Oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur » Comme à Paul, le Seigneur me dit

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« Ma grâce te suffit » Je ne peux pas m'en convaincre par ma seule force, ma seule volonté. Mais je peux le demander : ce sera ma demande de grâce pour ce temps d'examen de ma situation. Je peux maintenant mettre des mots sur la situation et sur l’objet de mon trouble. Il m'appartient de décrire les faits aussi objectivement que possible. Mais je sais aussi que je ne peux échapper à mes « constructions mentales ». Je dois donc porter une grande attention au mode sur lequel est construit mon récit et à la diversité de mes pensées. En voici quelques-unes auxquelles il est bon que je me rende attentif quand les choses ne vont pas très bien. Ce seront des repères éclairants : L'hypothèse, la supposition : - Et si je perdais mon emploi - Et si j'étais vraiment malade - Et si mon enfant était handicapé Le pronostic - La réconciliation est impossible, après ce qui s'est passé - Ça ne pourra aller que de mal en pis


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