Entretiens avec J.Chancel. Les cinéastes à la radio

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TAGEBLATT Date : 09 MAI 17 Page de l'article : p.21 Journaliste : L.B.

Périodicité : Quotidien OJD : 17294

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Des hommes de cinéma Huit jours avant CANNES Jean-Pierre Melville, François Truffaut, Claude Chabrol, Louis Malle, Claude Lelouch : cinq réalisateurs au micro de Jacques Chancel, pour une heure d'entretien dans une célèbre émission, « Radioscopie », qui aura marqué le paysage sonore français de 1968 à 1982. Retranscription pour une édition réussie publiée par La Table ronde.

On ne peut faire autrement, en feuilletant cet ouvrage d'entretiens conduits par Jacques Chancel avec cinq grands réalisateurs français, dont les films restent omniprésents dans le cinéma d'aujourd'hui, que de chercher dans sa mémoire (puis sur Internet...) l'écho du générique de l'émission phare de la radio de service public signé Georges Delerue. Pour certains, les voix de Chancel et de l'invité du jour, énonçant tour à tour leur identité sur les notes enveloppantes de la musique, demeureront irrémédiablement attachées à l'heure des tartines, dans une cuisine de formica où France Inter était en-

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core l'envie d'« écouter la différence ». Les moins sujets à l'attendrissement de la nostalgie se souviendront aussi des questions tordues de Chancel, de son indélicatesse récurrente, de ses mauvaises références et de ses idées fixes, parfois déplacées, qu'il poursuivait à travers des questions, posées chaque jour cle la semaine de 17 à 18 heures, à tout ce que la culture, mais aussi les sciences et la politique, comptait alors de célébrités. Parmi les artistes reçus en abondance, les cinéastes forment sans doute une tribu particulière de « Radioscopie », et au sein de cette tribu, le quintette Melville, Truffaut, Chabrol, Malle, Lelouch, promet des échanges qui ne déçoivent pas. L'intérêt de cette publication est aussi de proposer des entretiens qui « datent », puisqu'ils vont du 24 juin 1969, avec François Truffaut, au 21 janvier 1982, avec Claude Lelouch. Un temps où la carrière des cinéastes est en train de se faire, et donc en décalage avec l'image construite depuis par l'ensemble de la trajectoire des films, les succès, les

échecs, et toute l'histoire du cinéma. Il y a donc grand intérêt à lire ces propos qui possèdent une vivacité particulière, et parlent d'un temps où Brigitte Bardot était « la star » et Catherine Deneuve une simple « vedette », où L'Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville sortait dans les cinémas et suscitait des queues devant les salles, où Claude Chabrol s'avouait profondément marxiste, enfin... dans un genre qui lui est propre : « Vaut mieux manger du bon fromage que du mauvais, et le but d'une révolution ne consiste pas à ce que tout le monde soit dans la misère, ce serait plutôt le contraire. » Jean-Pierre Melville, lui, était « entièrement »de droite, et, à la surprise de son interlocuteur, il ne s'en cachait aucunement, alors qu'un peu plus d'un an seulement était passé depuis mai 68... Son entretien, qui ouvre le volume, est parmi les plus impressionnants de l'ouvrage, tout en sobriété et en rigueur, à l'image de l'œuvre de l'auteur du Cercle rouge, de Bob le Flambeur et du Samouraï.

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