

Stéphane Krebs L’arbre, modèle de civilisation
La sagesse des végétaux au service des humains
Stéphane Krebs
L’arbre, modèle de civilisation
La sagesse des végétaux au service des humains
Éditions Favre SA
29, rue de Bourg
CH-1003 Lausanne
Tél. : (+41) 021 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com
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Dépôt légal : novembre 2025
Imprimé par Sepec.
Lot : 01
Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite.
Mise en page : SIR
ISBN : 978-2-8289-2318-1
© 2025, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse
Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2020-2025.
TABLE DES MATIÈRES
« Et pourtant, elle tourne ! » – Galilée le soutenait, l’arbre le vivait .........................
L’arbre ne cherche pas à briller, il cherche la lumière ........................................................
L’instinct du vivant, agir juste, sans savoir ..........................................................................
Les acacias du Transvaal, une
L’arbre, symbole de fertilité, de longévité et de
les
Le feu, pactiser avec la destruction............................
L'allélopathie, le langage chimique du pouvoir végétal ............................................................
L’art de manipuler le règne animal .................................
L’acacia et les fourmis, pacte guerrier et équilibre subtil ........................................................
Le figuier et sa guêpe : une symbiose millénaire au cycle orchestré ....................................
Le pin sylvestre, l’arbre qui appelle
Les arbres fruitiers et les mammifères, nourrir pour mieux voyager .....................................
Le chêne pédonculé, entre séduction, ruse et explosion démographique............................
Le tilleul, maître-horloger de la pollinisation
Le marula, l’ivresse comme stratégie
L’arbre et le respect des délais, une rigueur vitale .............................................................
L’arbre-monde, les Objectifs de Développement Durable en un seul organisme ......................................................
La prospérité générale, croître ensemble, durablement ......................................................................
La résignation de l’arbre, quand grandir ne suffit plus...........................................
Ce qui renaît après la fin ...................................................
Conclusion – Pour une prospérité vivante, régénérative et alignée avec le vivant...........................
L’arbre, modèle de civilisation
Synthèse de mise en œuvre et propositions de mesures ....................................... 197
Intégration – Le jardin du leadership vivant ............................................................................. 217
Épilogue – Ce que l’arbre nous
L’ARBRE, MODÈLE DE PROSPÉRITÉ
POUR NOTRE AVENIR. ET SI NOTRE SOCIÉTÉ
S’EN INSPIRAIT ?
Introduction
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de vous présenter quelques-uns des plus emblématiques parmi mes compagnons de toujours. Des êtres remarquables, des arbres tutélaires, sentinelles du temps qui, année après année, m’enseignent leur sagesse silencieuse. Ils ne m’ont jamais parlé avec des mots. Mais chacun d’eux m’a transmis une leçon, un secret enraciné dans le temps, une vérité dans la matière vivante du monde. Leur présence m’a nourri. Leur mémoire m’a façonné. Leur esprit m’a inspiré. Et bien souvent, leur exemple a guidé mes pas, et bien évidemment, les chapitres de ce livre.
Je vous les présente, avec respect, en commençant par les plus anciens, pour terminer par un coup de cœur.
Pando – Populus tremuloides
Dans la forêt nationale de Fishlake, en Utah (ÉtatsUnis), vit un être unique au monde. Né il y a environ 12 0 00 ans, Pando n’est pas un simple arbre, mais un
L’arbre, modèle de civilisation
peuplement, cloné à partir d’un seul et même individu originel de peuplier faux-tremble.
Son corps se compose de plus de 47 0 00 troncs apparents, mais tous partagent le même code génétique, un ADN identique, émanation d’un unique système racinaire souterrain. Pando, ce géant discret, incarne une seule âme végétale, une souche-matrice, une intelligence collective enracinée, résiliente et des plus patientes, aux ramifications infinies. Il est la preuve vivante qu’on peut durer, non pas en dominant, mais en se multipliant sans se diviser, en partageant une mémoire souterraine au service du tout.

Perché sur le haut plateau karstique de Fulufjället, en Dalécarlie (Suède), Old Tjikko défie le temps depuis plus de 9567 ans.
Vénérable épicéa, il est le clone vivant d’un arbremère disparu, dont le bois mort repose encore sous ses
Pando – Populus tremuloides
Old Tjikko – Picea abies
Rafael Novais/Shutterstock.com
L’arbre, modèle de prospérité pour notre avenir racines. Grâce à un phénomène naturel de reproduction végétative, il continue de renaître à partir du même système racinaire, génération après génération.
Bien que son tronc visible ne soit qu’un des nombreux visages qu’il a incarné au fil des millénaires, son patrimoine génétique est resté identique, traversant les âges sans interruption.
Old Tjikko est un survivant discret, une sentinelle des âges glaciaires, un miroir génétique du passé qui murmure encore les secrets de l’Ancien Monde à ceux qui savent écouter les arbres silencieux.

Gran Abuelo (l’Arrière-Grand-Père) – Fitzroya cupressoides
Aussi appelé Alerce Milenario, il veille depuis plus de 5487 ans sur ses congénères, cyprès de Patagonie, au cœur du parc national Alerce Costero dans la région de Los Ríos, au Chili.
Old Tjikko – Picea abies
Photo prise par l'auteur
L’arbre, modèle de civilisation
Certifié comme l’arbre vivant issu de semis naturel, respectivement génétiquement unique, le plus ancien du monde à ce jour, il incarne la patience du vivant, enracinée dans les Andes australes.
Son tronc massif est un véritable parchemin de bois, chaque cerne enroulé autour du précédent comme une page d’histoire. Il y est inscrit, année après année, le récit fidèle et silencieux des climats, des saisons et des tremblements du monde.

Gran Abuelo ne parle pas, mais il se souvient. Dans l’épaisseur de son bois, il conserve les archives d’un temps que nul homme n’a vu naître, une mémoire érigée, plus ancienne que les pyramides d’Égypte, plus tenace que les royaumes oubliés.
Gran Abuelo (l’Arrière-Grand-Père) – Fitzroya cupressoides
Alex Maldonado Mancilla/Shutterstock.com
L’arbre, modèle de prospérité pour notre avenir
Mathusalem – Pinus longaeva
Né il y a 4857 ans, Mathusalem est un pin de Bristlecone enraciné dans la forêt nationale d’Inyo, en Californie, aux États-Unis.
Longtemps considéré comme l’arbre non clonal le plus vieux du monde, il trône à 3350 mètres d’altitude, dans le silence aride des White Mountains, là où les roches parlent plus souvent que les hommes.

Mathusalem – Pinus longaeva
Son corps tordu, presque pétrifié par le temps, est un monument d’endurance. Son bois dense, lentement sculpté par le gel et la sécheresse, conserve en son sein les archives de près de cinq millénaires de climats, d’étoiles, de vents et d’éclairs.
Invisible au grand public pour sa propre protection, Mathusalem est une relique vivante, un ermite de haute montagne, un témoin du monde antique qui continue,
dlhca/Shutterstock.com

L’Arbre prend son temps, l’Homme le perd
Les arbres apprécient tout particulièrement ce que nous appelons… la lenteur. Là où l’humanité glorifie la vitesse, la performance instantanée, la réaction immédiate, l’arbre lui s’autorise le temps. Il pousse sans se presser, développe ses racines avant d’élever sa cime et concentre son énergie avant d’offrir ses fruits. Il sait que l’essentiel ne se gagne pas en courant, mais en s’ancrant. L’arbonité ne cherche pas à aller plus vite, elle cherche à aller juste. Elle fait du temps un allié, pas un ennemi. Toute société qui s’inspire du vivant devrait réapprendre cette sagesse du rythme. Ralentir pour comprendre. Mûrir avant d’agir. Cultiver avant de récolter. Car ce qui grandit trop vite ne tient pas, et ce qui dure commence toujours par prendre son temps.
L’arbre, modèle de prospérité pour notre avenir

La photosynthèse, un modèle d’autonomie énergétique
Les feuilles des arbres sont de véritables centrales solaires naturelles. Grâce à la photosynthèse, elles transforment l’énergie solaire, abondante, renouvelable et offerte par le grand maître du système solaire, en carburants organiques, principalement des sucres comme le glucose et le saccharose. Ce processus vital alimente la croissance, le métabolisme et la résilience du végétal.
À l’image de l’arbre, toute société performante sait capter l’énergie de son environnement, notamment les informations, les compétences, les relations et les opportunités, pour la convertir en valeur durable, redistribuée
L’arbre, modèle de civilisation
à ses habitants, ses membres, ses collaborateurs, ses clients et ses différentes entités.

La photosynthèse nous offre un modèle d’autonomie énergétique inspirant. Et si toute société du futur ne se contentait plus d’être sobre, mais devenait génératrice de ses propres ressources : non seulement en termes d’énergies renouvelables, solaires, hydrauliques et éoliennes, mais également en capital humain, intelligence collective, énergie sociale, etc. ? Une véritable prospérité vivante, créative et régénérative, à l’image de l’arbre.
L’arbre, modèle de prospérité pour notre avenir
Le cycle de Krebs, transformer l’énergie en valeur
Au cœur de chaque cellule, l’arbre orchestre un cycle d’une rare efficacité. Il transforme le glucose issu de la photosynthèse en énergie. Rien n’est perdu. Chaque molécule est traitée avec rigueur, chaque ressource est valorisée pour nourrir sa croissance, sa résilience et son renouvellement.

Ce modèle biologique est une leçon de gestion : savoir convertir ses ressources (personnelles, humaines, matérielles, énergétiques, financières, culturelles, etc.) en valeur durable, avec un minimum de pertes. Optimiser les flux, réutiliser les sous-produits et réinjecter l’énergie dans le système, sont la marque d’une prospérité régénérative.
L’arbre, modèle de civilisation
L’arbre nous montre comment bâtir une organisation où chaque effort compte, chaque ressource est reconnue, et où l’intelligence collective devient le moteur d’une croissance durable.
Les réserves, la sagesse de prévoir
Dans la nature, l’arbre ne vit pas au jour le jour. Il constitue des réserves de sucres et d’énergie qu’il stocke dans ses racines, son tronc et ses bourgeons dormants. Ces réserves métaboliques lui permettent de survivre à l’hiver, de redémarrer au printemps, de résister aux blessures ou de réagir rapidement aux stress environnementaux. Sans ces ressources internes, l’arbre serait vulnérable à la moindre variation.
Toute société doit, elle aussi, apprendre à gérer ses réserves avec lucidité, qu’elles soient financières, humaines, nourricières, matérielles, énergétiques, culturelles ou symboliques. Toute société résiliente ne consomme pas toutes ses ressources dans l’instant. Elle anticipe les cycles, se dote de marges de sécurité, conserve des libertés de manœuvre et crée des provisions pour les temps plus durs, à l’instar de l’écureuil. Ses réserves sont le terreau de son autonomie, la garantie de sa capacité d’adaptation et de sa liberté d’entreprendre.
Prévoir, ce n’est pas renoncer à l’élan : c’est le prolonger. À l’image de l’arbre, toute société bien gérée puise dans ses réserves non pour survivre, mais pour rebondir, investir et se régénérer.
L’arbre, modèle de prospérité pour notre avenir

Les mycorhizes, le réseau invisible de coopération
Sous nos pieds, dans l’humus silencieux, s’étend un réseau vivant d’une intelligence remarquable : les mycorhizes. Cette alliance intime entre les racines de l’arbre et les champignons du sol est une prouesse d’interconnexion naturelle. Elle permet à l’arbre de mieux capter l’eau et les éléments minéraux, d’échanger des signaux d’alerte, d’alimenter d’autres arbres affaiblis ou malades et de construire un véritable réseau internet végétal souterrain. Silencieux, mais d’une efficacité redoutable.
Ce modèle biologique nous enseigne une vérité majeure : la force ne réside pas uniquement dans ce qui
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