la machine à etre

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...la raison rompue émiettée, l’être triste, l’âtre frêle et branlant, j’arrive au bout de ce que je peux faire et meurs aplati ...gueule ouverte suffoquante... idées fixes éviscérantes... obsessions tordues térébrantes...(97) ...souffle flûté, voix éteinte, trouille éreintante...(98) ...ou bien je remonte le cours de la vie, au contraire de la plupart des hommes (le chemin qu’ils disent faire)... voilà comment je fais : je m’assois à ma table, seul, désœuvré, hagard, la langue bien pendante, les couilles dégagées détendues, ça travaille, c’est comme une longue, laborieuse et profonde digestion, une bulle parfois remonte, j’émets un je gémissant... dents découvertes, babines soulevées, bave dégoulinante, ma poitrine, mes seins se soulèvent, ma cage s’écarte, mes côtes se séparent pour faire de la place à mes poumons gonflés, je me remplis d’un air anonyme, rendu usé, nauséabond, lourd, je rends par la bouche, par les lèvres écartées, je rends par le nez, je me vide de mes mots jusqu’à ne rien pouvoir articuler...(99) ...parvenu à l’extrême limite de mon être, je pus constater qu’au-delà s’étendait l’infini (seule fois où je le vis)...(100) ...j’ai vécu dans l’espace entre moi et nul...(101) ...fourmillant dans les creux à chaque nouvelle contrariété, me dispersant en d’innombrables corps, en d’innommables leurres (il y en a mille, je ne peux les compter) je ne compte que sur moi : noyau noir impénétré, un jusqu’à la fin, bizarrerie compacte...(102) ...c’est au moment où ma vie se débouche qu’elle se perd... le trou bée vacant... j’ai revécu...(103)

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