Périodes_Manuel de l'élève

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L’alliance franco-amérindienne 137 Une alliance marquante à Tadoussac en 1603

« Le 27

jour [du mois de mai], nous fûmes trouver les Sauvages à la pointe de Saint-Mathieu, qui est à une lieue de Tadoussac, avec les deux Sauvages que mena le sieur du Pont pour faire le rapport de ce qu’ils avaient vu en France. […] L’un des Sauvages que nous avions amenés commença à faire sa harangue, de la bonne réception que leur avait fait le roi, et le bon traitement qu’ils avaient reçu en France, et qu’ils s’assurassent que sadite Majesté leur voulait du bien et désirait peupler leur terre et faire [la] paix avec leurs ennemis (qui sont les Iroquois) ou leur envoyer des forces pour les vaincre […]. e

»

Samuel de Champlain, explorateur, Des Sauvages, 1603, texte établi et annoté par Alain Beaulieu et Réal Ouellet, Éditions Typo, 1993.

138 Le récit de voyage de Champlain Dès son retour en France, Samuel de Champlain publie le récit de son premier séjour en Nouvelle-France en 1603.

En 1603, le roi Henri IV donne un nouveau monopole à l’un de ses conseillers, Aymar de Chaste. Celui-ci confie l’organisation de l’expédition à François Gravé Du Pont. Ce navigateur d’expérience n’en est pas à son premier voyage en Nouvelle-France. D’ailleurs, l’année précédente, il a amené en France deux jeunes Innus afin de leur apprendre le français et de les présenter au roi. Il les ramène maintenant en Amérique. Parmi les membres de l’expédition se trouve aussi un observateur mandaté par le roi pour lui faire un rapport. Il s’appelle Samuel de Champlain. Trois navires jettent l’ancre à Tadoussac au printemps 1603. Gravé Du Pont et Champlain débarquent et vont à la rencontre de centaines d’Amérindiens campés tout près. Ils arrivent au moment d’un grand festin, appelé « tabaguia » en algonquien, mot francisé par Champlain par le terme « tabagie ». Les Innus, avec leurs alliés malécites et algonquins, célèbrent une victoire militaire remportée sur leurs ennemis des Cinq-Nations iroquoises. Les Français sont reçus par Anadabijou, le sagamo (chef algonquien). Les deux jeunes Innus revenus de France racontent à leurs pairs qu’ils ont été très bien traités par le roi Henri IV. Les Amérindiens estiment qu’une alliance avec les Français leur serait profitable. En plus de fournir d’excellents produits, les Français pourraient s’avérer de puissants alliés militaires. Environ deux semaines plus tard, une seconde « tabagie » se conclut par une alliance entre tous les groupes en présence : Français, Innus, Malécites et Algonquins. Les Français obtiennent la permission de s’installer sur le territoire en échange d’un appui à la lutte contre les Iroquois. Les membres de l’expédition française n’ont jamais rencontré d’Iroquois, mais considèrent cette entente comme avantageuse, car leurs nouveaux alliés sont de grands fournisseurs de fourrures.

139 L’alliance franco-amérindienne de 1603 S’adaptant aux coutumes autochtones, les Français participent à la tabagie en fumant du tabac et en mangeant de la viande d’orignal, d’ours et de castor.


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