Le nouveau roman Époque 1950-1980 Les années 1950 et suivantes sont celles d’une transformation fondamentale de la société, transformation amorcée par les surréalistes et les philosophes existentialistes, qui remirent en question la nécessité de la guerre et en dénoncèrent l’illogisme (voir le tableau sur l’existentialisme, p. 140-141). Les auteurs de cette période vont rejeter toutes les formes de structures vraisemblables, et le genre narratif sera transformé par le pullulement des thématiques reliées à l’absurde. Autour d’Alain Robbe-Grillet et des Éditons de Minuit naitra une nouvelle école littéraire expérimentale, nommée le nouveau roman, qui rejettera la forme du roman traditionnel et toute notion d’intrigue et de personnages, afin de transformer radicalement l’expérience de l’écriture et de la lecture. Genres privilégiés Le récit est privilégié par de nombreux écrivains français. Toutefois, cette même quête esthétique et ces nouvelles thématiques seront aussi manifestes dans le cinéma français que l’on appela cinéma de la Nouvelle Vague, qui se développera de concert en exploitant les mêmes thématiques que celles du nouveau roman. Principaux représentants En France : Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Michel Butor, Marguerite Duras. Au Québec : Hubert Aquin. Caractéristiques générales Dépersonnalisation des personnages
• Personnages dépersonnalisés, réduits à l’anonymat. • Antihéros qui semblent se dissoudre à mesure qu’avance l’intrigue. • Sentiment d’absence d’une issue possible.
Enlisement de l’intrigue
• Intrigues qui tournent en rond, évènements répétitifs donnant l’image d’un monde chaotique. • Renonciation au schéma actanciel habituel de l’intrigue, qui comprend l’exposé d’un problème, le nœud de l’action et une réponse au dénouement. • Attente d’évènements qui ne se produisent pas ou qui n’ont pas les effets attendus. • Absence de progression (de suspense) avec un dénouement signalant que tout ne fait que recommencer, que tout est toujours pareil ou que rien n’est soluble.
Thématique de la déconstruction identitaire
• Thème de l’angoisse, de l’errance, sentiment de non-communication entre les êtres humains se traduisant par des dialogues décousus, incohérents, un regard hyperréel posé sur le monde. • Thématiques de la souffrance et de la solitude en filigrane.
Écriture de silence plutôt que d’éloquence
• Style volontairement neutre. • Conversation truffée de moments d’hésitation. • Emploi fréquent d’une catégorie de monologue intérieur : le stream of consciousness, ou flux de conscience (discours ininterrompu de la conscience, souvent sans ponctuation). • Mise en abyme et écriture réflexive.
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L’Abrégé • Partie 3 – LES COURANTS LITTÉRAIRES