"Fin de parcours"-"Schlussrunde", de Jean-Pascal Muller

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FIN DE PARCOURS SCHLUSSRUNDE


J.-P. Muller

FIN DE PARCOURS SCHLUSSRUNDE Nouvelles Kurzgeschichten

Vom Autor aus dem Französischen ins Deutsche übersetzt und von Frau Susanne Lötscher lektoriert


Édition et mise en page: Éditions à la Carte Impression: Calligraphy.ch N° 1686 – Mai 2016 – ISBN 978-2-88924-269-6 www.editions-carte.ch


Table des matières Détente Entspannung

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Guet-apens Hinterhalt

21 195

Stabat mater Mater dolorosa

29 203

Concours Wettbewerb

37 213

Braderie Ausverkauf

43 219

Déclic Auslöser

53 231

Miracle Wunder

61 241

Pari Wette

69 251

Casse-tête Knacknuss

77 261

Révélation Enthüllung

85 271

Aller-retour Hin und zurück

101 289


Vision Vision

109 299

Surprise Überraschung

121 313

Récidiviste Wiederholungstäter

131 325

Joie de vivre Lebensfreude

145 341

Vive la vie Gelobt sei das Leben

157 355

Oraison pacifique de jeunes filles contre la barbarie mâle (non traduit)

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Avant-propos Il se trouva que l’année de ma préretraite et donc de ma cessation d‘activité dans l’enseignement coïncida avec celle du 50e anniversaire du lycée où j’eus la chance de travailler pendant un quart de siècle. Comme les festivités s’étendant sur toute l’année à travers une série d’événements socio-culturels ne m’incitaient pas à prendre une part active dans l’organisation de l’événementiel sans pour autant y être indifférent, je décidai d’y apporter ma contribution personnelle sous une forme toutefois plus discrète, celle de l’écriture. Je me mis à écrire des nouvelles avec pour seules contraintes de les insérer dans un contexte purement scolaire et d’établir une parité numérique entre hommes et femmes quant aux protagonistes de mes histoires. Tout le reste se fit de fil en aiguille avec un souci constant, celui de retravailler mes nouvelles, jusqu’à ce qu’elles me donnent satisfaction et pour le fond et pour la forme. Inspiré d’un côté par le don de l’observation, de l’autre par la force de l’imagination, je me fis un jeu de créer des personnages insolites pour les camper dans un cadre scolaire en grande partie fictionnel et les laisser agir à leur guise. 7


Professeur de français langue seconde, grand adepte de la traduction, dernier bastion de l’enseignement traditionnel à se faire déconstruire et à laquelle je voulus rendre un dernier hommage, je m’employai, autant par défi que par plaisir, à les traduire une à une le mieux possible de la langue de Molière dans la langue de Goethe. Restait à résoudre le problème avec le chiffre 50, promu au rang de chiffre emblématique par la direction de l’école et le comité d’organisation des festivités. Trônant au-dessus de moi comme un spectre sans grâce ni merci, plutôt que de le chasser, je me fis un devoir de l’apprivoiser, soutenu que je fus par un concours de circonstances providentiel. Les attaques terroristes dans Paris, un samedi 13 novembre m’ayant plongé comme tant d’autres gens dans un deuil profond, je repris mon travail le lundi suivant avec une classe de vingt-trois jeunes filles à qui je demandai d’écrire ce qu’elles, elles ressentaient après les attentats. Dix-sept d’entre elles déposèrent leurs feuilles sur mon pupitre, une dix-huitième, gardant l’anonymat, suivit le lendemain. À partir de là, mes comptes furent vite faits : M’étant arrêté à quatorze nouvelles, chiffre porte-bonheur de feu mes parents, j’en rajoutai deux et trouvai un moyen d’intégrer à 8


ma dernière nouvelle les contributions des dixhuit élèves qui avaient bien voulu me remettre leur petit travail écrit. Professeur qui a grandi dans une autre tradition d’enseignement que celle qui a pignon sur rue aujourd’hui et qui peut être considéré comme vieux jeu, je me suis toutefois appliqué en permanence à vivre avec mes classes la pédagogie de la main tendue, la seule qui permette vraiment d’avancer ensemble, les uns avec les autres, dans un état d’esprit sain et constructif.

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Détente

Madame Sandrine Revelli, il lui restait une année au bahut, après ce serait terminé à tout jamais. Elle voulait donc bien préparer sa sortie. C’était une prof sévère, exigeante aussi, mais ses classes l’acceptaient, parce qu’elles se sentaient toujours respectées par elle, même quand elle rendait des travaux avec de mauvaises notes, parce que ses élèves avaient mal ou pas assez travaillé ; ils savaient que les autres profs dans cette situation auraient laissé éclater leur frustration et leur dépit en leur faisant la morale. Il faut dire qu’elle en avait usé des mines rouges de stylo pour corriger les copies d’élèves. Si au moins cela avait servi à quelque chose, mais non, puisque les élèves refaisaient les mêmes fautes qu’elle s’évertuait en vain à bannir de leur écriture. Elle s’était mise à douter de sa vocation pédagogique, pensant qu’elle s’acquittait mal de sa mission, qu’elle ennuyait ses élèves parce qu’elle enseignait mal, elle se sentait vulnérable face à ce collectif qui cherchait parfois à s’amuser et ne faisait pas assez d’efforts pour améliorer ses performances. 11


Communicative de nature, Sandrine ne s’était pas empêchée de parler de ses déboires à ses collègues qui tentaient de la rassurer en lui disant qu’elle était une bonne prof, que si les élèves ne voulaient pas apprendre, ce n’était pas elle, mais eux qui étaient dans leur tort, mais elle les regardait, incrédule, prenant tout sur elle. La motivation de continuer l’abandonnait, mais elle ne démissionna pas, même si l’envie de le faire l’avait saisie à plusieurs reprises. Elle ne comptait plus les nuits blanches dues aux peurs des lendemains de devoir faire face à ses classes ni ses cauchemars dans lesquels ses élèves quittaient la salle en signe de protestation, en l’invectivant parce que ses cours étaient trop nuls. L’effet des anxiolytiques qu’elle prenait s’était vite estompé, les paroles de sa psychologue ne parvenaient plus vraiment à l’apaiser et l’on envisagea sérieusement de la mettre en arrêt maladie, ce à quoi elle se laissa persuader, non sans mal il est vrai, car elle craignait, en cas d’abandon passager, qu’elle passât auprès des parents d’élèves et auprès de toute la société pour une ratée qui avait lamentablement échoué dans une profession qui défendait une noble cause. Sandrine consacra son congé à se détendre et à se ressourcer à la montagne, dans une station thermale. Massages, bains de fange, sauna et séances dans le salon de beauté lui 12


permirent de faire peau neuve et de se refaire une santé. Avant de reprendre les cours, elle s’était juré d’exercer sa profession avec plus de légèreté et de ne plus faire de cas de l’attitude nonchalante de certains de ses élèves. Elle avait rejoint un groupe de paroles conduit par un professeur à la retraite, où l’on débattait de préoccupations qui étaient les siennes. Il fallait oser quelque chose de radicalement nouveau, quitte à choquer l’opinion publique et à avoir mauvaise presse dans les média. Si on voulait connaître la réussite, il fallait aussi apprendre à se débarrasser de la charge écrasante qui terrassait grand nombre d’enseignants, et une fois cela réalisé, la confiance en soi reviendrait progressivement. Nourrie de tant de bonnes résolutions, elle voulait saisir l’occasion de sa dernière chance, comme elle disait, afin d’être appréciée des élèves comme bonne pédagogue et de se sentir réhabilitée dans le collège. Prévoyante, elle demanda à la direction de la soutenir dans ses démarches, sans pour autant dévoiler ses véritables intentions. « Vous me laissez faire et je vous garantis que l’école ne sera pas déçue ni de moi ni des élèves ni de leurs résultats », avait été la dernière phrase de son long plaidoyer qui lui avait permis de vaincre les dernières réticences du collège et de la direction. 13


Madame Revelli en avait vécu des formes d’enseignement et des méthodes de travail différentes : cours magistral, travaux dirigés, ateliers, activités en groupes, apprentissage autonome, occupations interactives. On ne cessait d’ailleurs d’en vanter les mérites spécifiques sans pour autant évoquer les aspects négatifs, dans des rapports d’évaluation creux et inflationnistes, non, il fallait enfin prendre son courage à deux mains et faire table rase de ce fatras d’idées fondamentalistes sorti de la plume de soi-disant pédagogues, assis à leurs bureaux à accoucher de trucs qui ne correspondaient en rien aux besoins des professeurs, qui ne se laissaient guère mettre en pratique parce que la réalité intramuros était tout à l’opposé de celle qu’ils imaginaient et qui, au bout du compte, n’avaient aucun effet mesurable sur le développement des capacités intellectuelles des élèves. Elle cibla son public en désignant sa terminale comme classe cobaye. Dans une circulaire, elle informa les parents des élèves concernés du bien-fondé pédagogique de l’expérience que la classe ferait avec elle, qu’elle-même n’était pas une révolutionnaire qui voulait tout chambarder, mais qu’elle restait profondément convaincue qu’une nette amélioration de la qualité de l’enseignement passerait obligatoirement par une réforme 14



Entspannung

Frau Birgit Rösler durfte am Gymnasium noch ein Jahr dranhängen, danach würde endgültig Schluss sein, also wollte sie einen Abgang in Ehren. Sie galt als strenge Lehrerin, die mitunter von ihren Schülerinnen und Schülern viel verlangte, doch ihre Klassen akzeptierten dies, weil sie sich stets von ihr respektiert fühlten, selbst dann, wenn die Rösler ihnen ungenügende Arbeiten zurückgab, weil sie schlecht oder zu wenig gearbeitet hatten; sie waren sich voll darüber im Klaren, dass in solchen Situationen andere Lehrer ihrem Frust und ihrem Ärger Luft verschafft hätten, indem sie ihnen eine Moralpredigt gehalten hätten. Es sei an dieser Stelle erwähnt, dass Frau Rösler unzählige rote Kugelschreiberminen verbraucht hatte, um Proben zu korrigieren. Wenn das wenigstens etwas genützt hätte, aber nein, ihre Schülerinnen und Schüler machten ja genau wieder die Fehler, die auszumerzen sie sich vergeblich bemühte. So waren in ihr Zweifel an ihrer pädagogischen Berufung aufgekommen, weil sie dachte, sie werde ihrem Lehrauftrag nicht gerecht und langweile ihre Schüler, weil 183


sie schlecht unterrichte. Auch fühlte sie sich sehr anfällig gegenüber einem Klassengefüge, das es einfach manchmal nur lustig haben wollte und sämtliche Anstrengungen, um besser zu werden, von sich wies. Da Birgit von Natur aus sehr gesprächig war, hatte sie keinen Grund gehabt, nicht mit ihren Kollegen über ihre Enttäuschungen zu sprechen, und diese versuchten immer wieder, ihr Mut zuzusprechen, indem sie ihr versicherten, sie sei eine gute Lehrkraft. Sie sagten ihr auch, es liege nicht an ihr, wenn die Schüler nichts lernen wollten, sondern ausschliesslich an ihnen, aber dann starrte Birgit sie nur ungläubig an und nahm die ganze Schuld für das vermeintliche Scheitern auf sich. Ihre Motivation, weiterhin zu unterrichten, war am Schwinden, doch gab sie nicht auf, selbst wenn sie mehr als einmal das Gefühl überkam, dies zu tun. Sie hatte aufgehört, ihre schlaflosen Nächte zu zählen, geprägt von der Angst, am folgenden Tag wieder machtlos vor ihren Klassen zu stehen, ebenso ihre Alpträume, in denen ihre Schüler aus Protest das Klassenzimmer verliessen und sie beschimpften, weil ihr Unterricht mies sei. Die Wirkung angstlösender Psychopharmaka hatte nachgelassen, die aufbauenden Worte ihrer Psychologin konnten sie auch nicht mehr beruhigen, sodass man ernsthaft erwog, sie krankzuschreiben, wozu sie sich nach 184


anfänglichem Widerstand überreden liess, denn eigentlich fürchtete sie sich davor, nur schon im Falle eines befristeten Berufsausstiegs in den Augen der Eltern ihrer Schüler und überhaupt von der ganzen Gesellschaft als Gescheiterte zu gelten, die in einem Beruf versagt hätte, dem immer schon eine edle Aufgabe zugekommen war. In ihrem krankheitsbedingten Urlaub, den Frau Rösler in einem Kurort mit Thermalbad in den Bergen verbrachte, galt es für sie, sich zu entspannen und neue Lebenskräfte zu wecken. Massagen, Fangobäder, Sauna und regelmässige Besuche im Schönheitssalon liessen sie wieder jünger und gesünder erscheinen. Bevor sie den Unterricht wieder aufnehmen würde, hatte sie sich geschworen, ihren Beruf mit mehr Leichtigkeit auszuüben und sich nicht mehr über die bewusst provokative Haltung einiger Schüler aufzuregen. Auch hatte sie in einer Selbsthilfegruppe Anschluss gefunden, die von einem emeritierten Hochschuldozenten geleitet wurde und in der man ganz offen miteinander über all die Dinge sprach, die sie beschäftigte. Dabei kam heraus, dass man auch mal etwas völlig Neues wagen sollte, selbst auf die Gefahr hin, dass es in der Öffentlichkeit auf Unverständnis stossen und von den Medien als schlecht abgetan würde. Wenn man in die Erfolgsspur zurückkehren wollte, musste 185


man doch zuerst wieder lernen, sich von der grossen Bürde zu befreien, die eine Vielzahl von Unterrichtenden erdrückte, und erst wenn man das mal umgesetzt hätte, würde allmählich das eigene Selbstvertrauen wieder wachsen. Mit diesen guten Vorsätzen wollte sie sich ein letztes Mal so richtig ins Zeug legen, damit sie von der Schülerschaft endlich als gute Lehrkraft angesehen und innerhalb des Kollegiums wieder rehabilitiert würde. Da sie sehr vorausschauend war, bat Birgit die Schulleitung um Unterstützung, ohne jedoch ihre wahren Absichten zu enthüllen, und sagte nur: «Lasst mich einfach tun und machen, wovon ich überzeugt bin, und dann kann ich euch versichern, dass die Schule weder von mir noch von den Klassen noch von deren Prüfungsergebnissen enttäuscht sein wird» – eine Aussage, mit der es ihr gelungen war, auch die letzten Vorbehalte des Kollegiums und der Schulleitung aus dem Weg zu räumen. Auf jeden Fall brauchte man der Rösler in Sachen Unterrichtsformen oder Arbeitsmethoden nichts mehr beizubringen, sie hatte sie alle erlebt und angewendet: Frontalunterricht, beaufsichtigtes Lernen, Werkstattunterricht, Gruppenarbeiten, selbstorganisiertes Lernen, interaktive Beschäftigungen. Immer wieder wurden 186


deren Vorzüge angepriesen, ohne jedoch auf deren Schwachstellen hinzuweisen, und dafür wurden immer umfangreichere, jedoch wenig aussagekräftige Evaluationsberichte herausgegeben, nein, so konnte das nicht weitergehen, man müsste sich endlich ein Herz fassen und mit diesem Klimbim an fundamentalistischem Gedankengut aufräumen, das aus der Feder selbsternannter Pädagogen hervorgegangen war, die an ihren Bürotischen Dinge produzierten, die überhaupt nicht den Bedürfnissen der Lehrkräfte entsprachen und sich kaum umsetzen liessen, weil die Klassenzimmerrealität eine ganz andere war als diejenige, die sie sich vorstellten; Dinge eben, die am Ende gar keinen messbaren Einfluss auf die Entwicklung der intellektuellen Fähigkeiten der Schüler hatten. Sie wollte beim Auswahlverfahren ganz genau hinschauen und kam dann zum Schluss, die Schülerinnen und Schüler ihrer Abschlussklasse würden sich als Versuchskaninchen am besten eignen. In einem Rundschreiben, das Birgit Rösler an deren Eltern versandte, wies sie auf die pädagogische Rechtmässigkeit des Versuchs hin, den sie mit dieser Klasse machen werde. Ausserdem erwähnte sie, sie werde nicht einfach alles auf den Kopf stellen, sei jedoch zutiefst davon überzeugt, dass eine deutliche Qualitätsverbesserung 187


des Unterrichts nur mit einem radikalen Kurswechsel erzielt werde, der ausschliesslich auf lebensnahen Erfahrungen gründe, nicht aber auf ausgefallenen Hirngespinsten. Es war ihr auch ein wichtiges Anliegen, den Eltern mitzuteilen, dass sie keinen Grund hätten, sich über einen allfälligen Misserfolg ihrer Kinder an den Abschlussprüfungen besorgt zu zeigen, jedenfalls nicht in ihrem Fach, das zu unterrichten ihre Aufgabe sei, weil sie ihre Klasse ebenso ernsthaft darauf vorbereiten werde, wie wenn diese in einem Klassenzimmer wie Hühner in einer Zuchtfarm eingesperrt würde. Kaum hatte ihr die Schulleitung für ihr Projekt einen Nachmittag pro Woche zur Verfügung gestellt, machte sie sich daran, es umzusetzen. Frau Birgit Rösler bewohnte einen Steinwurf von der Schule entfernt ein zweistöckiges Reiheneinfamilienhaus, das ihr nach der Scheidung zugesprochen worden war und für sie allein jetzt viel zu gross war. Der Garten dahinter war von beträchtlichem Ausmass und bot eine wunderschöne Aussicht auf ein Rapsfeld, doch sein eigentlicher Anziehungspunkt war der majestätisch anmutende, achteckige Glasbau, der an den Jugendstil erinnerte. Dort wandte sie sich an ihre Schüler: 188


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