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TÉMOIGNAGES
CHILDFREE
Ces jeunes femmes qui ne souhaitent pas être mères Écoféministes convaincues, elles refusent de procréer pour préserver la planète. Une philosophie de vie qu’elles portent souvent dès leur plus jeune âge, quitte à ce que leur choix de vie soit tabou, dans une société où les injonctions à la maternité restent culpabilisantes. Trois d’entre elles nous confient leur cheminement personnel. Par Aurélia Dejond
Parce qu’elle ne conçoit pas le féminisme sans la mise en perspectives des questions environnementales, Bettina revendique son choix de ne pas enfanter, malgré des réactions d’incompréhension, parfois violentes, depuis qu’elle a annoncé que son mari et elle ne feraient pas de bébé. « C’est comme si le mariage, dans l’imaginaire collectif, était forcément la première étape d’un parcours balisé, modèle unique selon lequel le couple, une fois officiel, aurait pour vocation de se reproduire, dans une logique extrêmement bien huilée et communément admise. Après les félicitations d’usage vient rapidement la question que j’ignorais être aussi prévisible : “ Et le bébé, c’est pour quand ? ” C’est inquisiteur et culpabilisant, et rappelle à quel point, même en 2020, la femme est encore réduite à son rôle de reproductrice, au détriment de sa liberté de choix », regrette celle qui a d’ailleurs consacré un ouvrage à la question, Je ne veux pas d’enfant(1), puis, dans la foulée, un compte Instagram éponyme, suivi par quasiment 14 000 abonnés. EN BELGIQUE, une personne sur dix âgée de 25 à 35 ans ne veut pas d’enfant, 16 % chez les hommes et 11 % chez les femmes(2). Plusieurs raisons sont invoquées, qu’elles soient environnementales, économiques ou
d’inégalités genrées. Pour certains, le choix est exclusivement mû par des raisons écologiques. C’est le cas de Maya, 22 ans, étudiante en photo, effrayée de procréer dans un monde voué aux catastrophes naturelles et à une fin certaine. Comme des centaines de milliers de « Ginks » (Green inclinations, no kids) dans le monde, elle refuse de mettre un enfant au monde sur une « planète poubelle ». « Je prône une rupture totale avec la façon dont les sociétés évoluent aujourd’hui. J’en veux à la génération de mes parents de nous avoir obligés à vivre sur une planète gangrénée », déplore la jeune fille, dont le père refuse le positionnement radical. Même son de cloche chez Alice, graphiste namuroise de 25 ans, qui voit un psy depuis deux ans « pour faire plaisir à sa mère », certaine qu’elle regrettera son choix dans dix ou vingt ans et qu’elle a « sans doute un problème à régler, inconsciemment ». POUR CERTAINES, ÊTRE UNE FEMME EST UNE VRAIE PRISON
PSYCHOLOGIQUE. « Renoncer à procréer est probablement le signe le plus fort de la liberté féminine. La maternité est utilisée depuis des millénaires pour asservir les femmes. Étudier ou travailler, donc être indépendante, est impossible quand on ne maîtrise pas sa fertilité. Le corps des femmes est instrumentalisé pour assouvir les