Cahiers EcoHabitat nº 3

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Construction, Développement Durable et Innovation

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e GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts pour l’étude du climat) dans son dernier rapport a identifié les changements climatiques à venir comme pouvant avoir des répercussions gravissimes, de fait il s’agit pour les pays déjà industrialisés de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le secteur du bâtiment et des travaux publics est donc une des cibles privilégiées des politiques publiques. Ce dernier étant le premier consommateur d’énergie – équivalent à 70 millions de tonnes de pétrole – émet en conséquence 120 millions de tonnes de CO2 (ADEME). Ce sont 50% des consommations de ressources naturelles, 40% des consommations énergétiques et 16% des consommations d’eau qui sont concernés par le bâtiment et les travaux publics. Donner une sobriété énergétique et une qualité environnementale à ce secteur s’avère être une nécessité. La définition de la « qualité environnementale » donnée par l’OTUA (Office Technique pour l’Utilisation de l’Acier) distingue l’aspect extérieur (maîtriser les impacts sur l’environnement) et l’aspect intérieur (créer un environnement sain et confortable au sein du bâtiment). Pour compléter cette définition, nous donnerons les éléments récurrents des différentes grilles d’analyses environnementale que l’on peut trouver (tel notamment celle du CeRCAD Midi-Pyrénées) : • Choix opérationnels et gestion : réfèrent à tous les choix effectués dans le processus constructif (concertation, gestion des déchets nuisances du chantier par exemple, etc.) et après la livraison (maintenance, sensibilisation…). • Éléments urbanistiques : insertion dans l’environnement extérieur (proximité avec transports collectifs, etc.) et gestion de la parcelle (% sols imperméabilisés, terrassement…). • Conception architecturale : éléments tels l’ombre portée, la flexibilité des espaces intérieurs, la prise en compte du bio-climatisme, etc. • Choix des matériaux : de l’énergie grise au coeffi-

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cient de transmission U, en passant par les matériaux bio-sourcés… • Confort et santé : prise en compte du confort thermique, acoustique, lumineux, etc. comme réflexion les circulations des volumes d’air ou l’émission de COV (Composants Organiques Volatiles). • Énergie et eau : tout ce qui a trait aux consommations d’énergie et d’eau du bâtiment. • L’aspect social : recours à des entreprises locales, sous-traitance raisonnée, mixité des activités au sein du bâtiment, etc. • Aspect économique : pour une démarche viable économiquement (délais tenus, prix dans la moyenne…). Une analyse rapide de ces critères nous montre que les secteurs de la construction et du bâtiment sont des acteurs clés pour réussir à répondre à de tels enjeux environnementaux. La construction est un domaine composé de divers corps professionnels (architectes, bureaux d’étude, artisans…) dont la règlementation nationale a cherché à modifier le comportement en imposant tout un ensemble de normes (production de kW/m2) et d’incitations (labels, fiscalité, etc.). Les enjeux de la qualité environnementale dans la construction sont aussi corrélés à la question de l’innovation. Ce dernier terme devant être entendu selon la définition qu’en donne l’OCDE dans le Manuel d’Oslo à savoir : « la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise. ». Les innovations techniques (relatives à la qualité environnementale) au sein de la construction existent, c’est en revanche la généralisation de leur mise en œuvre qui pose problème (problème organisationnel, règlementaire, frilosité des assurances et des bureaux de contrôle…).


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