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LIBÉRATION LUNDI 21 JUIN 2010

FRANCE Cergy et de Sarcelles, de la BAC (brigade anticriminalité) et de la compagnie d’intervention du Val-d’Oise ainsi que des compagnies de CRS 40 et 43. Près d’une centaine de policiers sont blessés par des tirs de fusils à pompe ou de chasse. Du jamais vu. Les syndicats de police s’émeuvent de «cette dérive à l’américaine», à l’instar de Patrice Ribeiro du syndicat d’officiers Synergie: «On sait que des millions d’armes circulent en France sous le manteau. On sait que les trafiquants et les délinquants des cités s’en servent entre eux . Il y avait donc fort à parier qu’ils retournent leurs armes un jour contre nous. Aujourd’hui, ils sortent les fusils. Un jour, on y aura droit.»

29 novembre 2007, trois jours après les émeutes, à Villiers­le­Bel. PHOTO JOEL SAGET. AFP LIGNE VERTE. L’Elysée et le ministère de l’Intérieur ont mis la pression sur les enquêteurs. Nicolas Sarkozy leur a ordonné d’aboutir : «Mettez les moyens que vous voulez, mais ça ne peut rester impuni.» Du coup, la police judiciaire de Versailles a distribué dans les boîtes à lettres des HLM un tract d’appel à témoins promettant de rétribuer les informateurs pour «tout renseignement

susceptible de faire avancer l’enquête et de préserver l’anonymat des témoins». La ligne verte a reçu une centaine d’appels et certains ont «balancé» pour la prime. Un témoin sous X baptisé «PT13/07» a mis les enquêteurs sur la piste de deux des accusés, les deux frères Kamara, Adama et «Abou», qu’il a présentés comme des leaders des affrontements

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tions : «Certaines informations qui nous venaient de sources sérieuses sont infondées. C’est regrettable dans une affaire aussi délicate. Il y a des dommages collatéraux.»

TÉMOIN. Cinq autres sont aujourd’hui renvoyés devant la cour d’assises. L’ordonnance de mise en accusation établie par la juge de Pontoise Magali Tabareau à l’issue de son instruction laisse Un témoin sous X a mis peu de place à les enquêteurs sur la piste une réaction colde deux des accusés, les lective spontanée deux frères Kamara. à Villiers-le-Bel après la mort des avec pour «objectif de tuer deux ados, mais décrit par le des policiers», puis les a menu «des violences organiaiguillés sur d’autres émeu- sées» par un meneur suptiers présumés. posé, Adama Kamara, armé «Œil pour œil, dent pour d’un fusil à pompe et équipé dent» selon un commissaire, d’un talkie-walkie pris à un mille policiers ont investi des policier : «Il s’en servait pour cités du Val-d’Oise le 18 fé- donner des instructions afin de vrier 2008 et arrêté «37 ob- prendre à revers les policiers», jectifs ciblés» : «Ils savaient a expliqué un jeune qui a bien qu’en provoquant la caillassé puis dénoncé, guerre avec des armes à feu, avant de se rétracter. Téon n’allait pas tarder à prendre moin assisté à ce procès, il notre revanche, avec des armes respecte désormais la loi du légales.» Cinq garçons incri- silence. Quant à «PT13/07», minés à tort ont été relâchés une agression au pied de son à l’issue de la garde à vue. La immeuble lui a causé une procureure de Pontoise a dé- perte de mémoire irréméploré ces fausses accusa- diable. •

LA COMÉDIE ROMANTIQUE DU MOIS.  . UNE ROMANCE LUMINEUSE. UN BIJOU Version Fémina Le Nouvel Obs

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

UNE COMÉDIE ISRAÉLIENNE AU CHARME TCHÉKHOVIEN. Télérama

Benjamin Rosoux, un jeune de Tarnac (veste marron), samedi à Pontoise. PHOTO V. NGUYEN. RIVA PRESS

iv Tel-Av

Vérité Justice manifestait samedi à Pontoise.

procès de la banlieue» A l’ordre du jour de la réunion de mercredi dernier, préparer la manif de samedi. Les journalistes et les élus de la ville, jugés «pas assez présents» à leurs côtés, sont laissés à la porte, mais pas les «Tarnacois», dont le collectif de Villiers-le-Bel s’est rapproché par l’entremise de Benjamin Rosoux, l’un des mis en cause, aux côtés de Julien Coupat, dans l’affaire de Tarnac. «Benjamin était en prison avec Maka Kante [l’un des accusés au procès qui s’ouvre aujourd’hui, ndlr]. Ils ont trouvé des similitudes dans leur affaire. Dans l’enquête de police, d’abord, avec les délations anonymes. Puis dans la manière dont leurs procès sont médiatisés et politisés», raconte Eric, du collectif RVJ. Armée. Samedi, lorsque le jeune épicier tarnacois fait son apparition en gare de Pontoise, les membres de Respect Vérité Justice l’étreignent chaleureusement. Benjamin Rosoux dit que «être là pour Maka est la moindre des choses». La venue de ceux que le ministère de l’In-

térieur qualifie «d’anarcho-autonomes» a visiblement donné des sueurs froides à la préfecture du Val-d’Oise. Celle-ci a levé une armée pour encadrer les 200 personnes présentes, dont certaines sont venues de Lille, Marseille, et même Genève. «Aujourd’hui, on est comme Sarko, on a les forces de l’ordre rien que pour nous», s’amuse un militant de la CNT. «La différence, c’est que nous, ils sont pas là pour nous protéger», lui répond, ironique, une jeune femme. Quand les manifestants investissent les marches du tribunal, Bachir prend la parole: «Nous ne voulons pas que le procès qui débute lundi soit celui de la banlieue. Nos amis ne doivent pas être sanctionnés pour l’exemple, mais le plus justement possible.» Dans la foule, les remarques fusent : «Comment un procès peut-il être équitable lorsque […] les assises ont été obtenues sur ordre du président de la République…»

ons de Chans

SS IN J O E DA RIÈRE R A B ALAIN MO ADA

à 5 heures de Paris un film de

Leon Prudovsky

23 JUIN

STÉPHANIE BINET et WILLY LE DEVIN

(Lire également en page 20) A5HDP_libé122x163.indd 3

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