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Croisement de regards
Le regard de Catherine Avril 2015...le couperet tombe, après de nombreux examens, l’annonce est claire « Madame vous êtes atteinte d’une Sclérose Latérale amyotrophique, plus communément appelée Maladie de Charcot. »
J’étais alors, tant dans ma vie de femme et mère de 3 enfants que dans ma vie professionnelle au zénith... !
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Je voulais alors continuer de croire que la vie quotidienne serait un peu ralentie mais très vite je me suis rendue à l’évidence, l’évolution m’enlevait mes jambes, mes bras et les mains mais surtout l’élocution... puisque la principale atteinte de la maladie est les muscles de la langue donc problèmes de déglutition et parole !
Aujourd’hui, je me déplace en fauteuil et toujours accompagnée pour parler à ma place...
C’est dans ce contexte que je voudrais témoigner des nouveaux regards sur moi !
Le fauteuil d’abord ; quoi de plus désagréable d’avoir un fauteuil dans les petits magasins de centre-ville.... Mais bon ça c’est désagréable mais le pire c’est quand je demande à un vendeur un renseignement comme il ne comprend pas il se tourne vers mon accompagnateur et là je n’existe plus ! Le vendeur s’adresse à mon
accompagnateur et répond à mes questions sans même me regarder, si je parle avec difficulté je suis débile...
Je crois que le pire est arrivé à un rendez-vous médical à l’hôpital ... je suis arrivée comme d’habitude accompagnée, et pendant tout le rendez-vous le médecin ne m’a pas regardé une fois et a discuté de mes problèmes avec mon amie et s’il y avait des réponses à ses questions il attendait la réponse par mon amie...
Mon premier pèlerinage à Lourdes avec l’hospitalité en tant que « malade » a été tellement doux. Plus de réflexion sur la présence de mon fauteuil, des commerçants qui vous accueillent à bras ouverts des hospitaliers bienveillants qui vous écoutent avec attention … j’avais retrouvé mon intégrité et je me sentais...comme avant !
J’ai trouvé une seconde famille et quand mon regard croise celui des hospitaliers, je ne vois que de l’amour ...
Le regard de Virginie Qui de nous tous n’a jamais détourné les yeux pour éviter le regard d’un mendiant, d’une personne âgée, d’un malade, d’une personne handicapée ?
Nous avons des emplois du temps surchargés, nous courrons tous et quand il nous arrive de « rencontrer » une personne sans domicile fixe qui fait la manche dans la rue, soit nous détournons les yeux pour ne pas croiser les siens, soit nous fouillons fébrilement dans
nos poches pour lui donner une petite pièce qui apaisera notre bonne conscience. Quand prenons-nous le temps de la rencontre avec les plus fragiles, les plus démunis, les plus demandeurs d’un peu de notre attention, de notre humanité, de la lumière que nous sommes censés porter et transmettre ?
En décidant d’aller à Lourdes, en bloquant du temps pour cette semaine dédiée aux autres et en revêtant ma robe de service, j’ai le sentiment de redonner du sens et de la lumière à ma vie, lumière reçue le jour de notre baptême.
Chacun retrouve son identité, est considéré par l’autre à part entière, avec ses fragilités, ses fêlures, ses forces et ses faiblesses.
De VRAIS échanges, des échanges d’exception ont lieu sous le regard aimant de Notre Dame de Lourdes.
Puissions-nous chaque jour, oser croiser le regard des personnes qui attendent un peu de notre amour.