L’avenir civique et politique des Belges Musulmans ? 1964 – 2020 : 56 ans de présence en Belgique Un demi-siècle, c’est un sacré parcours étalé sur 3 générations, parfois 4 et qui nous interpelle dans un contexte de coronavirus mais également d’un racisme décomplexé ou les discriminations ne cessent d’augmenter. Malgré certaines avancées, la situation reste délicate d’où la nécessité de partager avec vous mes craintes et aspirations. Si nous voulons avoir une idée de l’implication des Belges Musulmans au sein de la société belge et en faire une radioscopie concise, nous devons utiliser plusieurs paramètres pouvant nous indiquer si ces multiples communautés musulmanes trouvent une place au sein de la société: • • • • • •
Là encore plusieurs facteurs sociologiques (bien plus que culturels, par ex la 1ère génération pensait retourner au pays d’origine avec l’achat de biens immobiliers) doivent nous aider à dépoussiérer les causes. Il y a aussi et à l’évidence une cause politique majeure, l’état belge n’a pas investi sur la seconde génération, alors que la 3ème arrivait dans un contexte de « clash des civilisations » qui n’a pas permis à nos dirigeants d’impulser des dynamiques politiques véritables. L’approche était soit sécuritaire, très souvent ou préventive avec des projets paternalistes ou sans reliefs, n’aidant ni à l’émancipation, ni à la responsabilisation de chacun.
Belgo-maghrébines Belgo-tucs Belgo-indo-pakistanaises Belgo-subsaharienne Convertis Autres (Moyen-Orient, etc…)
Probablement que l’échec le plus cuisant est d’ordre scolaire. Que faire ? Comment en sortir ?
Disons-le, ces communautés restent encore et après plus d’un demi-siècle encore cantonnées dans les quartiers populaires, dans les écoles « ghettos » avec un taux de chômage bien plus élevé que la moyenne nationale. Il y a également une présence trop importante dans les prisons, comme pour les Afro-américains aux USA. Ainsi, le lieu de résidence dans des quartiers populaires par non choix (économique ou liés à des discriminations), le non choix dans des écoles à discriminations positives très pénalisant couplé à des difficultés pour trouver un emploi (à cause des discriminations ou de manques de qualifications ajouteront certains) donnent à ces communautés une « image » avouons-le, plutôt négative.
La communauté musulmane en Belgique ou plutôt les communautés musulmanes sont plurielles et divisées, originellement, ethniquement, culturellement, idéologiquement, politiquement, etc… C’est d’ailleurs le lot de toutes les communautés importantes, mais ici, la pluralité qui devrait être une richesse, devient une difficulté supplémentaire, là où le groupe doit faire bloc pour constituer une force, il se fissure au moindre débat polémique et stérile en nous démontrant surtout l’immaturité politique de ses leaders, si ce n’est de casser dans l’œuf toutes idées de constituer un « groupe » fort et dynamique pouvant être un interface crédible face à nos élites politiques, économiques ou médiatiques…
Si on y ajoute, le taux très important d’emprisonnements en nous basant sur le régime alimentaire ou l’origine ethnique, nous pouvons sans conteste ajouter que le bilan est assez problématique voir très inquiétant. La question est de savoir pourquoi ? Pourquoi après un demi-siècle, ces communautés plurielles et diverses sont et restent souvent à ce point dans le fond du panier ?
5 Magazine mensuel Dounia News - septembre 2020