L
Culture et mercantilisme
en venir à bout. Théoriquement, un e film « pornogra- faciles. phique » financé par le La vraie culture et le vrai art doivent accord unanime réduirait à néant la
contribuable marocain (SNRT et CCM…) et réalisé par un certain Nabil AYOUCH qui fait partie du conseil économique et social et dont la seule ambition est l’argent a, en dépit de sa médiocrité artistique affligeante, déclenché un tollé émotionnel général. A cet effet, j’ai cru opportun de donner mon point de vue global sur le rapport entre l’art et la culture d’une part, et le mercantilisme de l’autre, qui ne s’entendent pas toujours bien. Ils ne font pas bon ménage. Car l’esprit mercantile qui rogne sur sa vie et celle des autres pour le plaisir d’arnaquer en vue d’amasser et d’accumuler de l’argent, ne se hasarde pas pour entreprendre dans l’intérêt de l’art et de la culture inventifs et créatifs.
poursuivre leur route au milieu des obstacles accumulés par la mauvaise volonté de la société qui est au service du mercantilisme. La société fait la sourde oreille dès qu’il s’agit de venir en aide à l’homme de pensée et à l’artiste. Elle ne met pas de capitaux à leur disposition ; elle les laisse se débattre seuls au milieu des difficultés de l’existence. Pour l’artiste et l’écrivain qui n’ont pas le temps de s’user en démarches en cherchant
Normalement, nous ne devons pas considérer l’art et la culture comme une marchandise, mais comme un bien à l’usage de tous. Car ceux qui font de l’art et de la culture un commerce ne savent qu’inventer des combinaisons mercantilistes pour vendre, et ce aux dépens des intérêts de la société tout entière.
Art, culture et mercantilisme Les mercantilistes ne soutiennent pas l’art et la culture dans le but de la pensée et de la créativité, mais dans celui d’accumuler. C’est ainsi que leur appui et leurs capitaux vont à la « mauvaise » culture qui convient à la société des médiocres. Au lieu de venir au secours de l’art et de la culture, l’argent les combat en vue de les exterminer. Les artistes et les gens de la culture ayant l’esprit créatif ont souvent contre eux la société qui est domestiquée par la gent du grand capital : les politiciens, les fonctionnaires corrompus, les trabendistes, les parvenus, etc. Ceux-ci n’apportent leur appui qu’à ce qui est mal pensé, mal écrit ; car il leur faut des œuvres mesquines destinées à domestiquer, à abêtir les gens, et à leur permettre des gains
mauvaise volonté des mercantilistes et leurs combinaisons financières. Mais les écrivains et les artistes sans talent qui sont les plus puissants parce qu’ils sont les plus nombreux, travaillent pour les intérêts des mercantilistes et leur public. Ils flattent ceux-ci dans leurs penchants en ne leur vendant que du faux-art et de la mauvaise culture sans pensée, sans consistance et sans idéal. Ainsi permettent-ils aux mercantilistes de réaliser de gros bénéfices.
des relations et en imaginant des combinaisons avec le mercantilisme, la tâche n’est pas du tout facile. Toutefois, en dépit de la dictature de l’argent qui abaisse la créativité culturelle et artistique à ses petites conceptions, le vrai penseur et le vrai créateur ne s’y soumettent jamais. Alors, comment chasser ce mercantilisme qui livre un si rude assaut à l’art et à la culture ? Par quels moyens le vaincre ? Malheureusement il y a trop peu d’esprit courageux pour
Ne devrions-nous pas laisser les mercantilistes se débrouiller, se dépêtrer seuls ? Nous n’avons rien à gagner à leurs combinaisons financières. Ce n’est pas à nous de venir en aide à ces spéculateurs et prédateurs sans scrupule pour lesquels l’art et la culture ne sont qu’un moyen, la pensée et la créativité qu’un rendement. Ils essaient de lancer des œuvres d’art et de culture et ils exploitent les auteurs de ces œuvres. Un artiste trouvera-t-il un jour quelqu’un qui, sans l’exploiter, prendra ses intérêts et les confondra avec les siens, saura lui donner la « gloire », le succès qu’il mérite ?
Saïd CHATAR https://goo.gl/wzSQge