Tribune Libre Vieillissement d’une génération
L
e dicton dit «La vieillesse serait la dernière des maladies». En effet nous y sommes plein dedans moi y compris et ce n’est pas une fatalité. D’un côté on devient plus sage et de l’autre côté plus vieux. A titre d’exemple seulement, l’année dernière, quatre hospitalisations, la plus longue en juillet, un mois. L’année actuelle a aussi mal commencée, début janvier une semaine d’hospitalisation. L’année dernière une cinquantaine de consultations. La prochaine consultation sera déjà la dixième cette année et la liste des médicaments s’accroît lentement. En tout cas, doucement mais sûrement depuis notre installation en Belgique nous atteignons petit à petit le bout du rouleau. Honnêtement, jeunesse oblige, personne n’y a jamais pensé auparavant qu’on vieillira ensemble comme on a vécu ensemble en tant qu’immigré dans notre pays d’accueil. Sans se rendre compte le temps passe vite et le retour hypothétique de vieillir au bled s’éloigne au fur et à mesure que nos rides de l’âge s’accélèrent. La nostalgie de notre cher pays natal s’amenuise encore plus à cause de la santé des seniors qui se détériore un peu plus chaque année et à cause des différentes maladies que nous traînons partout comme un boulet. Entre autres, les affections qui touchent les cellules nerveuses comme Alzheimer, sclérose en plaques, Parkinson , épilepsie, démence sénile, maladies psychosomatiques, insomnie, rêves et cauchemars, solitude, rhumatisme, diabète, arthrose, dénutrition, déshydratation, dépression, ostéoporose, fracture du col du fémur, incontinence, accidents vasculaires cérébraux, cancers, pneumonie etc. Et ce n’est que le petit bout visible de l’iceberg. Malgré toutes les opérations que j’ai subi, en particulier le cœur et la transplantation rénale je ne me plains pas. Jusqu’à aujourd’hui je peux me déplacer, me laver, m’habiller, lire et écrire,
utiliser l’informatique et l’internet, faire les couses, rouler, voyager. Malheureusement, ce n’est pas le cas de beaucoup de nos compatriotes que je rencontre régulièrement dans les couloirs de l’hôpital universitaire d’Anvers à Edegem. Justement, quand j’arrive à Tanger pour mes vacances cela me fait mal d’apercevoir mes compatriotes d’un certain âge, hommes et femme, descendre ou monter avec une très grande difficulté les escaliers rudes des avions ça me fait mal et m’attriste. Et, quand tu vois les chaises roulantes qui datent de l’époque de Louis seize, qu’on utilise pour les transports des malades m’indigne et me met en rage. Mes compatriotes méritent un meilleur traitement et un meilleur accueil surtout à leurs âges. Malgré le nombre croissant des voyageurs âgés je n’ai jamais vu la présence d’un médecin, d’un infirmier ou du croissant rouge à l’aéroport de Boukhalf, même pa une blouse blanche pour les show. L’absence insolente et méprisante de préoccupation des responsables marocains et en particulier ceux de la santé est très énigmatique et inquiétante. Vu l’absence d’intérêt, le vieillissement de notre diaspora n’est pas encore à l’ordre du jour des gouvernants nationaux ou locaux. Par contre, il est grand temps pour que les autorités sanitaires tiennent compte de « la lente émergence du troisième âge ». Il faut absolument que ces autorités sachent une fois pour toutes, que ce phénomène va prendre de l’ampleur et qu’ils prennent au sérieux, le plus vite sera le mieux, les mesures nécessaires parce que, d’un côté le vieillissement fait dorénavant partie intégrante de notre réalité actuelle et de l’autre côté, reconnaître et admettre que ce phénomène est iné-
luctable et irréversible. Après plus d’une demi siècle d’expatriation, la proportion des citoyens d’origine marocaine âgés de plus de 65 ans va s’accentuer irrémédiablement dans l’avenir proche. Le vieillissement de notre diaspora est un enjeu important que les deux pays protagonistes doivent sérieusement tenir compte pour mettre en œuvre des politiques adéquates de la vieillesse et de l’intégration des âges pour qu’ils puissent jouir des acquis concernant leur santé aussi bien en Belgique qu’au Maroc. Selon ma constatation amère ce qui n’est pas encore le cas. Quand on voit la très mauvaise qualité des soins partout au Maroc, beaucoup de membres de notre diaspora et aussi beaucoup d’européens préfèrent ne pas s’y aventurer. Cette semaine encore, la Cour des comptes a vivement critiqué la gestion du ministère marocain de la Santé. Finalement, notre diaspora a été pendant plusieurs décennies au service de notre pays d’origine dans la contribution de son développement économique et de son bien être. Il est grandement temps, urgent et impérieux que notre p&ays d’origine se mette à son tour à la disposition de notre population de personnes âgées. Il est légitime de notre part d’exiger avant qu’il soit trop tard, dans les aéroports et les ports du royaume la création de centres sanitaires pour les personnes âgées et pour les femmes en compagnie d’enfants en bas âge. Comme il est primordiale de créer dans toutes les provinces du royaume, des maisons de repos et d’hôpitaux gériatriques* spécifiques pour cette nouvelle catégorie des MRE. Notre pays nous a baptisé en tant que MRE quand nous étions jeunes, aujourd’hui nous sommes devenus vos MRE un peu vieillis, néanmoins nous avons pleinement mérité le droit inaliénable d’un meilleur accueil avec plus de dignité et que, l’État marocain a le devoir et l’obligation de créer incessamment une infrastructure spécifique pour un accueil digne, respectable et louable. (Sarie Abdeslam)
*(Pour plus d’informatin sur le viellissement cliquez: http://dounia-news.com/cgi-bin/weblog_basic/index.php?p=1105)