Dossiers Publics 3/2018

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CAHIER ARCHITECTURE & INGÉNIERIE

Dossiers Publics

3/2018 – Septembre 2018

LE MAGAZINE DE TOUS LES ENJEUX PUBLICS

Stefan Cadosch LA CULTURE DE LA CONSTRUCTION

Philippe Pont ETAT DE VAUD: TROISIÈME INVESTISSEUR DE SUISSE

Enrique Zurita LE BÂTIMENT SUBIT UNE PRESSION DES PRIX

Jacques Melly VALAIS Les chantiers se comptent en milliards de francs



PAR PASCAL CLAIVAZ

Dossiers Publics IMPRESSUM 3/2018 – SEPTEMBRE 2018 RÉDACTION, ADMINISTRATION: QUORUM MEDIA SA Rue des Bains 35 – CP 5615 1211 Genève 11 Tél. 022 809 94 94 Fax 022 809 94 99 EDITEUR: Roland Ray

LA VILLE INTELLIGENTE

C

e numéro de Dossiers Publics se consacre aux enjeux de l’architecture dans le bâti contemporain. Bien sûr, il convient d’insérer l’architecture dans un contexte. Le nôtre sera essentiellement romand, avec les deux métropoles de Genève et de Lausanne et les développements dans d’autres centres plus modestes comme Fribourg, Sion ou Neuchâtel.

COORDINATEUR D’ÉDITION: Laurent Overney

Genève ne manque pas d’ambitions, comme nous l’expose son président du Conseil d’Etat Pierre Maudet. La métropole lémanique vit une sorte de renaissance, à travers ses transports publics, aériens, ses organisations internationales et la restructuration de son tissu urbain. Elle veut également remplir pleinement son rôle de centre de toute la région transfrontalière.

ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO: Pascal Claivaz, Lionel Marquis, Sandy Métrailler, Pamela Chiuppi, André Versan, Caroline Baud, Laurent Overney et J.C. Genoud-Prachex.

Genève est à l’étroit. La nouvelle s’étend à nouveau, tout en voulant obéir aux prescriptions de concentration de l’habitat. Lausanne vit également des mutations importantes avec de nombreux nouveaux quartiers d’habitations, de nouvelles infrastructures culturelles, une nouvelle gare.

RÉDACTEUR EN CHEF: Pascal Claivaz p.claivaz@quorum-sa.ch

PRODUCTION: Maryse Avidor PUBLICITÉ: Media Live SA Missionstrasse 82 4055 Bâle Tél. 061 561 52 80 Fax 061 601 1 1 3 1 Contact: Lila Maalem Directrice commerciale E-mail: ap@medialive.ch Conseillère commerciale­: Maryam Maalem GRAPHISME - MISE EN PAGE: Laurence Bullat, QUORUM MEDIA SA, Genève Photos: © DR sauf mention contraire La reproduction, même partielle, des articles, photos et illustrations parus dans Dossiers Publics n’est autorisée qu’avec l’accord formel de l’éditeur. L’éditeur n’assume aucune responsabilité pour les textes et les illustrations qui ne sont pas issus de la Rédaction du magazine.

ISSN: 2504-2246 PRIX AU NUMÉRO: CHF 5.– Sponsoring abonnements: prix sur demande © 2018, QUORUM MEDIA SA

/ Edito

En Valais, c’est toute la plaine du Rhône qui devient un enjeu d’agglomération. Le Conseiller d’Etat Chef de la mobilité, du territoire et de l’environnement Jacques Melly dirige un Département gérant des budgets se comptant en milliards de francs. Ils concernent notamment l’achèvement de l’autoroute dans le Haut-Valais et le réaménagement du cours du Rhône. Fribourg, de son côté, se développe de plus en plus comme plaque tournante entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Pour toutes ces agglomérations, la question environnementale est devenue centrale. La construction représente un enjeu très important dans les économies d’énergie. Les concepts les plus évolués vont dans le sens de «tours jardins» ou «tours fermières» avec potagers et vergers à tous les étages. Il y a également la «smart city» (ville intelligente) où les bâtiments sont capables de gérer et de se répartir l’énergie, pour éviter le gaspillage. La Suisse n’est pas en reste, avec ses constructions Minergie qui donnent le ton depuis des décennies. A l’heure actuelle, les écoles d’architecture comme les Hautes Ecoles (HES) planifient globalement. Ils envisagent au moins la dimension d’un quartier. Ou alors, comme le précise Stefan Cadosch président de la fameuse SIA (Société suisse des ingénieurs et architectes), la construction tourne autour des trois axes principaux que sont l’énergie, l’aménagement du territoire et la digitalisation. Enfin tout récemment nous avons le processus BIM, dont l’avantage est de permettre la visite de la maison ou du bâtiment avant qu’ils soient construits.

COUVERTURE: © DR

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Pilier public

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Sommaire

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10 11 À LA UNE

Jacques Melly En Valais, les chantiers se comptent en milliards de francs

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Focus Philippe Pont L’Etat de Vaud, troisième investisseur de Suisse

60

Edito Instantannés Suisse - Cantons - Villes Nominations

Distinction La tour Aglaya se met au vert

12

Conseil Communes: arrêtez d’informer, communiquez!

Smart City Smart City, un potentiel à explorer

14

Entretien Pierre Maudet Genève au centre des questions de sécurité internationale

49

Entretien Stefan Cadosch La culture de la construction au centre de l’évolution

Héritage Que reste-t-il de l’idéologie Le Corbusier, 50 ans après sa mort?

58

64 69

Vision Vision architecturale globale au service d’une société diversifiée Les éléments-clés d’un bon concept architectural

Urbanisme Genève: naissance d’une nouvelle ville dans la ville Recherche Test grandeur nature pour de nouvelles pistes de construction Minergie Formaliser et qualifier l’évolution de la construction

67 72

73

Vision Enrique Zurita Marché de la construction: le vent en poupe

Réalisations

26 Château Saint-Maire 30 Synathlon 32 Colline des Rêves En cours Plage des Eaux-Vives Centre de maintenance TPF

36 41

Ingénierie Le BIM, nouveau standard de demain

43

81 Projet en commun pour

minimiser les erreurs en amont

84 Salons & Forums 97 Utilitaires

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Instantanés

Deux-tiers des gares suisses pas adaptées aux handicapés. Sur les quelque 1800 gares de Suisse, 747 doivent être réaménagées par les CFF, les autres étant de la responsabilité des compagnies de transports régionales ou des collectivités. A ce jour, seules 435 ont été adaptées par la régie fédérale. En Romandie, Genève-Aéroport, Fribourg et Neuchâtel, par exemple, ne sont toujours pas conformes à la loi. Le délai d’adaptation est fixé à fin 2023. Pour un congé parental de 38 semaines. Les membres de la Commission fédérale de coordination pour les questions familiales (COFF) se basent sur 140 études scientifiques, publiées entre 2010 et 2017 pour proposer un congé parental de 38 semaines à répartir entre le père et la mère du nouveau-né. Le texte sur la souveraineté alimentaire jugé dangereux. En acceptant le contre-projet à l’initiative populaire pour la sécurité alimentaire, le peuple a clairement validé la politique agricole de la Suisse, selon Johann Schneider-Ammann, ministre de l’Agriculture. Ce texte remplit et dépasse déjà les revendications de l’initiative sur laquelle le peuple se prononcera le 23 septembre. Une nouvelle disposition constitutionnelle serait superflue.

SUISSE

Le sucre suisse en mode survie face à la concurrence de l’UE. Quelque 5000 betteraviers alimentent une production indigène qui ne survivrait pas sans subventions publiques. Mais la filière défend une activité locale, écologiquement plus "propre" que le sucre importé de l’Union européenne.

PETITS GLACIERS PERDUS, GRANDS GLACIERS PRÉSERVABLES Sans une mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat, tout fondra, selon un expert. Mais d’ici 2100, des mesures peuvent encore faire la différence entre deux scénarios: la disparition de tous les glaciers en Suisse ou la survie de quelques-uns. Quelque 30% du volume de glace présent dans le pays pourrait être préservé.

PLUS DE 2,8 MILLIARDS DE FRANCS EN LOTERIES ET PARIS

6,4% DE MOINS QU’EN 2016

Les loteries et paris suisses ont généré un chiffre d’affaires de 2,81 milliards de francs en 2017, soit 6,4% de moins qu’en 2016. Chaque Suisse a misé en moyenne 333 francs (contre 354 francs en 2016). Sur les 2,81 milliards de francs récoltés, 1,87 milliard ont été redistribués aux joueurs sous forme de gains. Par habitant, cela correspond en moyenne à 222 francs (contre 236 en 2016).

NOUVEAUX WAGONS-RESTAURANTS CFF POUR 30 PERSONNES Les nouveaux trains duplex FV-Dosto, seront mis en service le 9 décembre prochain. Les voituresrestaurants nouvelle formule, pouront accueillir une trentaine de personnes dans les trains à deux étages des grandes lignes. Les voyageurs de la ligne IC1 Genève - St-Gall en seront les premiers bénéficiaires.

Les mesures de surveillance en baisse de 7%. Les opérations de surveillance demandées par les autorités de poursuite pénale sont passées de 8551 en 2016 à 7950 à 2017. Parmi les cantons les plus gourmands en informations figurent Zurich, Vaud, Genève, le Tessin et Berne. Au 1er janvier 2018, la Suisse comptait 650 aménagements hydroélectriques d’une puissance supérieure à 300 kW. La puissance maximale au générateur a augmenté de 545 MW. La production d’énergie attendue a progressé de 63 GWh par an, pour atteindre 36 327 GWh par an (36 264 GWh en 2016). Selon la nouvelle loi sur l’énergie, l’hydroélectrique devrait atteindre 37 400 GWh d’ici 2035.

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Instantanés –

VAUD – Fin du glyphosate d’ici 2022. Comme c’est le cas déjà dans plusieurs communes du canton ou à Genève, le canton de Vaud veut se passer de cet herbicide controversé sur tous les terrains dont il est propriétaire. Il sera banni également sur les talus des routes cantonales. Le canton va devoir réaliser des essais pilotes pour trouver des produits de remplacement. NEUCHÂTEL – Les députés acceptent un postulat en faveur d’une monnaie locale. Le postulat demande au Conseil d’Etat d’étudier toutes les possibilités d’utilisation d’une monnaie locale par l’Etat, les collectivités publiques et les entités paraEtatiques. Le texte demande aussi que le Conseil d’Etat étudie la création de la nouvelle monnaie en partenariat privilégié avec la Banque cantonale neuchâteloise (BCN). GENÈVE – Contre les pertes fiscales. Munie de 9147 signatures alors que 7840 étaient nécessaires, l’initiative constitutionnelle «Zéro pertes» de la gauche genevoise vise à empêcher que la future réforme de l’imposition des entreprises ne péjore les prestations publiques. La nouvelle réforme fédérale sera soumise aux Chambres en septembre. Or, il reviendra aux cantons de l’appliquer en choisissant le taux d’imposition.

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CANTONS

GENÈVE –

Le Grand Genève reprend de l’élan. L’approfondissement de la collaboration sur la mobilité reste une des priorités du Grand Genève. Le prochain test grandeur nature de cette coopération est la mise en service du Léman Express. Car si les travaux sont lancés depuis un moment déjà, il s’agit désormais de s’entendre sur les aspects opérationnels.

JURA – Renforcement de la sécurité sanitaire. Il est notamment prévu de déployer un Concept cantonal de médecine d’urgence et de sauvetage (CCMUS). Les améliorations de la chaîne de sauvetage permettront de pratiquer plus rapidement un massage cardiaque et une défibrillation, avant l’arrivée des secours professionnels. Une réorganisation et une concentration des urgences intra-hospitalières à Delémont sont aussi prévues.

VALAIS – Nouvelle télécabine au Petit Cervin. Cette télécabine permettra de transporter jusqu’à 2000 personnes par heure au Matterhorn Glacier Paradise (Petit Cervin à près de 4000 mètres). Devisée à 52 millions de francs, cette nouvelle remontée mécanique sera inaugurée fin septembre. Dès l’hiver 2021, elle devrait permettre une liaison alpine directe entre l’Italie du Nord et Zermatt, sans devoir chausser les skis.

FRIBOURG – Une

fructueuse université.

L’Université de Fribourg rapporte plus d’argent au canton qu’elle ne lui en coûte. L’impact financier de l’université et des étudiants sur l’économie régionale est estimé à 85 millions de francs annuels. En tenant compte des retombées indirectes, la contribution de l’université à la valeur ajoutée du canton de Fribourg dépasse les 200 millions de francs par an.

FRIBOURG – Taux d’imposition de 13,72% pour toutes les sociétés. Fribourg maintient sa volonté d’abaisser le taux d’imposition de toutes les sociétés de 19,86% à 13,72%. Les pertes fiscales annuelles sont évaluées à 40,5 millions de francs pour le canton et à 33 millions pour les communes et les paroisses. Compensation partielle: le Conseil d’Etat propose une enveloppe de 30 millions de francs. VALAIS – Une loi pour sauvegarder les patois. L’allemand haut-valaisan, le saviésan et les autres patois valaisans feront désormais partie du patrimoine à préserver. L’Etat devra désormais définir ce qui fait partie du patrimoine local, communal et cantonal, puis en faire le recensement. NEUCHÂTEL – Vers une baisse générale des impôts. Au niveau des entreprises, le canton va supprimer les statuts spéciaux, abaisser le taux ordinaire d’imposition du bénéfice de 15,6% à 13,4%, rendre l’impôt sur le dividende compétitif (70%) et introduire des instruments de promotion des activités de recherche. Les personnes physiques ne seront pas oubliées. Par exemple, un couple marié avec un revenu imposable de 50 000 francs pourrait voir ses impôts diminuer de 11,1%.


Source: Etat de Fribourg

FRIBOURG – L’Etat de Fribourg

se dote d’un concept de lutte contre la violence au sein du couple.

Cause numéro un d’homicide pour les femmes en Suisse, la violence au sein du couple concerne toutes les couches de la société sans distinction ni d’origine, ni de niveau socio-économique. Le Conseil d’Etat a adopté le Concept cantonal de lutte contre la violence au sein du couple et ses impacts sur la famille. Les 33 mesures prévues ciblent aussi bien les personnes impliquées directement que les acteurs et actrices du réseau.

Dès le 1er septembre, pour la somme de 15 francs, les jeunes de moins de 30 ans pourront se procurer la nouvelle carte Avantages Jeunes 2018/19 région BEJUNE et bénéficier durant une année de diverses gratuités et réductions sur une multitude d’offres de loisirs et de divertissements. Cette carte, accompagnée d’une application «nouvelle génération» ludique et interactive, donne également accès à des avantages dans de hauts lieux culturels et sportifs de la région et plusieurs commerces et restaurants.

VALAIS – Le tir de deux loups ordonné. Dans la région de Conches, les cas de prédation se sont accrus fortement à partir de la mi-août 2018. Le conseiller d’Etat Jacques Melly a ordonné le tir de deux loups dans les régions de Conches et du Val d’Anniviers. Dans ces régions, au moins 34 moutons ont été tués durant l’été sur des alpages protégés et 87 autres sur des alpages non protégeables ou non protégés. Les autorisations de tir d’un loup dans chaque région s’appuient sur les dispositions de la loi fédérale sur la chasse et de son ordonnance.

Source: Etat de Neuchâtel

NEUCHÂTEL – Carte avantage jeunes


Instantanés –

VILLES

Mue de la gare de Lausanne

FRIBOURG – Augmenter la mixité dans les espaces publics. Les espaces publics urbains sont surtout aménagés pour les hommes, affirment des chercheurs. Face à ce constat, la ville de Fribourg veut réadapter ses rues et parcs pour tous les genres et toutes les générations. GENÈVE – Les bureaux peinent à devenir logements. Plus de 200 000 m2 de locaux inoccupés sont recensés à Genève. La loi votée en 2015, qui prévoyait de transformer certaines surfaces commerciales et bureaux vacants en logements, n’a pas eu les effets escomptés. Actuellement, seuls quelque 30 logements supplémentaires ont vu le jour. FRIBOURG – Solaire sans frais pour l’Etat. Une entreprise locale a conclu un accord avec le gouvernement fribourgeois pour tester un nouveau modèle économique sans frais pour l’Etat. Cinq bâtiments publics vont être équipés de centrales solaires. Ce projet pilote est né d’une offre spontanée de l’entreprise Soleol, basée à Estavayer-leLac.

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Des améliorations apportées au projet de transformation de la gare de Lausanne ont nécessité une mise à l’enquête complémentaire, qui vient de se terminer. Les changements proposés concernent la façade sud de la gare de Lausanne. Mais aussi trois autres améliorations: le système d’évacuation des eaux, l’amélioration d’accès pour les piétons et les passages inférieurs de la gare élargis de 3 à 5 mètres.

BIENNE – 51e édition du festival

international d’échecs

Bienne a accueilli, le 20 juillet dernier, le festival international d’échecs. L’élite mondiale, dont le champion du monde en titre Magnus Carlsen, était présente à ce tournoi. Le Suisse Nico Georgiadis complétait le tableau. Le 31 juillet, c’est l’Azéri Shakhryiar Mamedyarov qui a remporté ce tournoi, battant le champion du monde Magnus Carlsen.

MONTHEY – Quelle densité pour Monthey en 2030? A Monthey, la population est passée de 13 000 à 18 000 habitants entre 1990 et 2018. Aujourd’hui, la ville de Monthey compte plus de 9000 emplois. Pour faire face à cette croissance, elle s’est dotée depuis 2013 d’un schéma directeur de densification. Celui-ci comporte des limites, qui confirment que le coteau sera peu densifié, au profit de la plaine, plus propice.

GENÈVE – Au CERN, un plasma pour l’accélérateur de particules du futur. Faire surfer des électrons afin d’accroître leur vitesse, et ainsi étudier les composants fondamentaux de la matière: c’est le principe de l’expérience Awake du CERN, qui présente ses premiers résultats dans la revue "Nature". NEUCHÂTEL – Un financement participatif pour adopter les loups de l’exposition Rivalta. Les Neuchâtelois peuvent participer à l’achat collectif d’animaux sculptés de l’artiste Davide Rivalta. Le montant total espéré est de 84 000 francs correspondant à l’achat de trois loups et d’un agneau. FRIBOURG – Un important potentiel d’amélioration à l’Hopital Fribourgeois (HFR). Menés entre février et juin 2018 par l’Inspection des finances (IF), deux audits, que le Conseil d’Etat publie dans leur intégralité, révèlent un important potentiel d’amélioration. Le Conseil d’Etat a demandé un calendrier de mise en œuvre dès le mois d’août dernier.


PAR PASCAL CLAIVAZ

/ Info

Les poubelles performantes de Pfeiffelmann Elles sont transparentes, compatibles Vigipirate, ne rouillent pas, ne se corrodent pas. Leur prix est modeste et les sacs se changent en 16 secondes. Pfeiffelmann, société créée en 1944, s’attaque au marché romand avec ses poubelles Arkéa.

P

feiffelmann SA désire développer sa clientèle en Romandie. «De la montagne à la plaine», précise son directeur Pierre Grelly. Cet entrepreneur dynamique a également une deuxième casquette d’enseignant des sports de neige sur le domaine des Portes du Soleil. Son ambition actuelle est d’assurer la propreté du sommet des pistes en y implantant des poubelles Arkéa. Le patron de Pfeiffelmann a déjà fait œuvre de pionnier en installant de petites poubelles aux départs et aux arrivées des télécabines, afin d’éviter au maximum le jet de déchets durant les montées. L’idée fait son chemin. Pourquoi nos stations de montagnes ne bénéficieraient-elles pas, elles aussi, d’un savoir faire éprouvé en matière de collecte de déchets? Crans-Montana a choisi cette option. Dans la station du Valais Central au panorama inégalable, l’installation de poubelles gris métal à l’esthétique étudiée vient de se terminer. Zermatt, la grande station valaisanne de prestige au pied du Cervin veut également conserver son environnement le plus propre possible. Elle a donc opté pour les modèles Pfeiffelmann. Quelques-unes de ces poubelles sont d’ores et déjà installées aux arrivées des remontées mécaniques, à Sunnegga et au Petit Cervin.

Une société innovante Pfeiffelmann SA est un créateur et un concepteur de mobilier urbain et alpin de récupération des déchets qui s’adapte aux besoins des stations, des villes et des communes. Ses poubelles Arkéa sont dotées de sacs à déchets transparents de 110 litres. Il existe également un modèle caréné, avec armature acier thermolaquée anthracite où l’on peut apposer son logo, un sigle ou un décor personnalisé (comme par exemple les décors existants «Poya» ou «Pays Propre»). Une perforation latérale permet le contrôle visuel du contenu. Le modèle standard est constitué d’un grand volume sur pied, en acier électrozingué poudré polyester. La fixation se pratique par scellement au sol en 4 points. L’installation résiste à la rouille et aux corrosions dues aux salages. Fort de son savoir-faire, l’entreprise Pfeiffelmann a déjà convaincu nombre de stations de montagne, puisqu’elle a installé des poubelles Arkéa au Titlis, au Säntis et jusqu’aux Grisons. I

PFEIFFELMANN SA 1874 Champéry Tél. 024 445 02 02

www.pfeiffelmann.ch DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Nominations

– Marc Devaud –. Nouveau directeur de l’Hôpital de Fribourg

Marc Devaud est le nouveau directeur général du HFR. Choisi parmi 45 candidats, ce Fribourgeois de 55 ans assume l’intérim à la tête de l’établissement depuis fin février 2018, suite au départ de Claudia Käch. Le Conseil d’Etat salue ses compétences pointues en matière de gestion hospitalière, sa maîtrise des dossiers et sa personnalité rassembleuse. Il est de langue française et s’exprime aisément dans la langue allemande.

– Laurent Balsiger –. Dirigera la Société des forces électriques de l’Aubonne Chef de l’énergie au sein de la Direction générale de l’environnement depuis 2013, Laurent Balsiger a été recruté par la Société Electrique des Forces de l’Aubonne, qui était à la recherche d’un nouveau directeur depuis le limogeage du titulaire en mars. Le Canton, lui, salue le travail de Laurent Balsiger et sa «détermination à faire de l’Etat de Vaud un acteur de premier plan de la transition énergétique».

– Antonio Guterres –. Une Suissesse nommée à un haut rang par le secrétaire général de l’ONU Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a nommé l’ambassadrice suisse Mirjana Spoljaric Egger au poste d’administratrice assistante du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ce qui équivaut à un poste de sous-secrétaire général de l’ONU. Mirjana Spoljaric Egger dirigera le Bureau régional du PNUD pour l’Europe et la Communauté des Etats indépendants, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qui salue cette décision.Le PNUD travaille dans plus de 170 pays et territoires afin de contribuer à l’éradication de la pauvreté et à la réduction des inégalités et de l’exclusion.

– Dominique Schaffner –. Directeur des finances de l’Hôpital du Jura

Dominique Schaffner a été nommé Directeur des finances de l’H-JU. Il occupait déjà cette fonction ad intérim depuis la nomination de Thierry Charmillot à la Direction générale. Le Docteur Vincent Muehlethaler reprendra, lui, le poste de médecin chef du service de pédiatrie.

– Michèle Righetti –. – Veronika Schoe –. Directrice de la Recherche et des Relations internationales Veronika Schoeb a pris ses nouvelles fonctions en août. Elle est au bénéfice d’un diplôme de Physiothérapie (Lucerne - CH), d’un Master en Healthcare Administration du Simmons College de Boston (USA) et d’un doctorat en Sociology and Social Policy de l’Université de Nottingham (UK). Elle a été professeure et chercheuse à la Haute Ecole de Santé Vaud, entre 2002 et 2018.

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Nouvelle chancelière de l’Etat de Genève.

Le Conseil d’Etat a nommé Michèle Righetti nouvelle chancelière d’Etat. Elle est actuellement directrice générale adjointe des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Genevoise, Michèle Righetti (47 ans) est titulaire du brevet d’avocat et d’un Certificate of Advanced Studies en leadership organisationnel.


PAR PASCAL CLAIVAZ

/ Distinction

La tour se met au vert Voici la première tour jardin de Suisse. Elle se nomme Aglaya et se dressera à Zoug. Elle a reçu l’un des prix de l’Arc-Award 2018 qui, avec une dotation de 52 000 francs, est l’un des prix d’architecture les plus prestigieux de Suisse.

C

omme les années précédentes, les six catégories du prix d’architecture Arc-Award 2018 présagent un niveau de qualité élevé des projets de candidature. Ces catégories concernent les Bâtiments publics, industriels et commerciaux, les Bâtiments d’habitations, La première construction, Next generation, Innovation BIM et Collaboration BIM. L’acronyme BIM vient de Building Information Management (gestion de l’information de construction). Il s’agit d’une méthode systématique de plus en plus répandue dans le bâtiment et le génie civil.

70 mètres, 21 étages Nous présentons ici le très original projet qui a remporté la médaille d’or Innovation BIM 2017. Il s’agit de la tour d’habitation jardin Aglaya à Zoug, de 70 mètres de haut. C’est le premier immeuble du genre en Suisse et son inauguration est prévue pour 2018. Sur 21 étages, il comprendra 85 appartements en copropriétés. Chaque appartement coûtera entre 600 000 francs et 2,8 millions de francs. Chacun disposera de plusieurs pièces extérieures qui sortiront comme des tiroirs d’une commode. Arbres, buissons et autres plantes seront placés sur la façade extérieure de manière à fusionner harmonieusement l’espace extérieur et intérieur. Le promoteur du projet Aglaya est la société Zug Estates AG. Coût de la construction: 15 500 000 francs. La tour comprendra également des bureaux, des locaux pour artisans et un restaurant. Elle suit la nouvelle tendance mondiale des jardins verticaux. Les deux premiers bâtiments du type de celui de Zoug se trouvent à Milan. Ils portent le nom de «Bosco Verticale» et sont porteurs de prix internationaux. Une tour semblable (la Tour des Cèdres) de 117 mètres de haut devrait voir le jour en 2020 à Chavannes-près-Renens, mais le projet est La future tour jardin Aglaya de Zoug. © DR actuellement en panne. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Conseil /

Communes: arrêtez d’informer, communiquez! Que l’on se place du côté de l’exécutif ou du législatif, rares sont les communes, hormis les grands centres, à disposer d’une structure permanente de communication. Or, la commune est une entité communicante comme les autres et elle évolue dans un territoire de communication qui dépasse le simple tracé géographique. Dès lors pourquoi ne pas intégrer de manière systématique la communication dans la conduite des affaires. Plaidoyer.

A

l’instar d’autres secteurs, les fronts se durcissent pour les collectivités publiques. L’accès aux canaux de communication est de plus en plus facile. Fake news, réseaux sociaux, démarches participatives, citoyens-reporteurs, l’univers de l’information au sens «circulation d’éléments» en vue de former une opinion publique n’a jamais connu de mutation aussi profonde que ces dernières années. Les élus locaux ne sont pas en reste et font face, eux aussi, à des défis majeurs sur des questions liées à la pression démographique, la loi sur l’aménagement du territoire (LAT), les enjeux fiscaux, le maintien et développement des infrastructures, la péréquation financière, l’accueil de jour, ou encore le développement économique. Dans ce contexte, pas étonnant que de plus en plus d’histoires noircissent les pages des quotidiens et excitent les pixels des blogs et des réseaux sociaux. Pensez au nouveau Centre d’accueil EVAM à Nyon, au Quartier Schenk à Rolle, à l’annulation d’un scrutin à Genève suite à une irrégularité dans le matériel de vote.

Cédric Jacot-Guillarmod.

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Pour le citoyen-électeur, se «forger une opinion» n’est pas devenu chose plus aisée et ce, malgré un accès décuplé «aux sources». Pas simple dans ce bruit de prendre la bonne décision quant à la destinée de sa communauté. La compréhension d’un dossier est ainsi souvent la résultante d’un agrégat de sources fragmentées: notification push, canaux divers, print, digital, bouche-à-oreilles, tout-ménage, mailing, séances d’informations, réseaux sociaux. Ce changement de paradigme l’information doit venir à moi versus je vais cher-


Conseil

Adopter la bonne hygiène et oser l’ouverture

cher l’information - implique de repenser la façon de communiquer des communes et des collectivités publiques. Cela ne signifie pas nécessairement plus d’outils, ni plus de moyens. En revanche, cela implique une rigueur et une systématique plus grande afin d’appréhender cette complexité et optimiser les ressources. Nos héros d’antan, le chirurgien, le pilote, le notaire, sont questionnés et Google vient, par patients, passagers, acquéreurs interposés, défier leur savoir. L’effet «blouse blanche» a vécu. Il est temps d’appréhender ce changement comme une richesse et non comme un blocage. Au lieu de craindre le spécialiste qui siège au conseil général du village, il est temps de l’impliquer. L’intelligence collective doit permettre de fixer comme règle absolue que 1+1 > 2. Intégrer quant il se doit, comme il se doit, ceux qui souhaitent participer et leur permettre d’amener leur vision, leur expertise, dans la co-construction d’un vivre ensemble doit désormais être le scénario privilégié. Et en cela, les «What’s app» et consorts sont une opportunité à saisir et non des menaces à ignorer. Ces plate-formes viennent compléter les méthodes de concertation qui ont déjà fait leur preuve. Le nouveau gouvernement français n’at-il pas mis en place un rendez-vous hebdomadaire entre les Français et son premier ministre via Facebook live? Pas besoin de recourir au logiciel «nation builder» qui a contribué au succès électoral d’Obama pour activer de manière utile les nouveaux moyens de communication.

Contributeur: Cédric JacotGuillarmod, Fondateur du cabinet conseil INCITO.

L’expérience nous a démontré par l’action que le simple fait d’aborder une question permet d’esquisser des solutions et d’identifier rapidement des opportunités prises dans leur acceptation positive. Une bonne manière pour démarrer consiste à réduire la complexité. Comment présenter le projet? Avec quel granularité de détail? Quelle image utiliser? Ensuite, il s’agit de mettre en place des processus simples en vue de fluidifier et d’institutionnaliser les échanges entre les porteurs de projets, les citoyens et les autres parties prenantes. Les moyens et les méthodes existent et ne nécessitent pas de ressources exorbitantes. Ajoutez simplement à l’ordre du jour de chaque séance de Municipalité le «point communication». Ainsi, les élus se poseront systématiquement la question: «comment, auprès de qui, avec qui communiquons-nous ce dossier, cette évolution, cette nouvelle contrainte, cette opportunité»? Instaurer une telle hygiène fluidifiera la gestion des dossiers, diminuera les oppositions et augmentera de manière significative le sentiment d’acceptation d’être conduit par une classe politique légitime. Confucius, que l’on aurait de la peine à qualifier de digital native, ne disait pas autre chose lorsqu’il écrivait: «Dis-moi et j’oublierai, montre-moi et je me souviendrai, implique-moi et je comprendrai». Et à nous d’ajouter aujourd’hui «… et je te soutiendrai». I

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Smart City / PAR LAURENT OVERNEY

Smart City, un potentiel à explorer Dans son rapport – 21st Century Cities, Global Smart Cities Primer – Bank of America Merrill Lynch, dévoile le potentiel commercial lié à l’implantation de projets «SmartCity» qui, selon son estimation, devrait générer un marché de 1,3 à 1,6 trillion de dollars à l’horizon 2020.

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ne smart city est une ville centrée sur l’innovation. Elle utilise, entre autres, les technologies de l’information et de la communication (TIC) à des fins d’amélioration de la qualité de vie, d’efficacité de l’opérativité des services urbains et de développement de la compétitivité des villes. Une ville intelligente est sensée répondre aux générations actuelles et futures, tout en respectant les aspects économiques, sociaux, environnementaux, d’une part, et les facteurs culturels, d’autre part. Les villes intelligentes se construisent autour de l’idée que les éléments urbains, fixes ou mobiles,

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puissent être plus intelligents, facilitant la connexion et l’information en temps réel. C’est ce que l’on nomme l’Internet des objets (Iot – Internet of thing). Cette connectivité permet à une ville de réaliser des gains énergétiques, de fluidifier les processus, de surveiller, de dialoguer ou encore de contribuer à l’automatisation de flux et à l’autonomie des espaces urbains.

A l’heure du numérique, les villes doivent se positionner.

La croissance démographique, le niveau de l’activité économique, les questions environnementales et la pression financière exercée sur une ville et ses citoyens, qui doivent faire plus avec moins, sont des éléments déclencheurs d’une volonté de tendre vers une ville intelligente. Chaque ville, à


Smart City

son niveau, intègre des éléments liés au concept de «smart city», mais certaines y investissent des sommes colossales, reflétant leur dynamisme en matière d’implantation de projets. C’est le cas de la Chine, de l’Inde, des Emirats Arabes Unis (UAE) et de de Singapour dont les investissements se chiffrent en milliards (73 milliards de dollars pour la Chine). Plus modestement, mais plus ciblés, les Etats-Unis ont investi 165 millions de dollars dans la «smart mobility», toute comme Barcelone, qui se distingue au niveau européen avec ses 90 millions de dollars.

Qu’en est-il de la Suisse en comparaison internationale? Selon Didier Faure, spécialiste en technologies de l’information et de la communication appliquées à des projets smart city: «à niveau de développement similaire, la Suisse semble prendre du retard; elle a aussi d’excellentes cartes à jouer, mais il faut qu’elle trouve sa voie. Des projets comme Songdo ou Madsar City correspondant à des attentes d’un territoire, mais les modèles ne sont pas exportables ici. Tout comme Singapour qui a une approche très Top Down, avec un «citoyen» plutôt «consommateur». Une tendance que l’on voit beaucoup en France actuellement est liée à la dynamique Open Data; cela pourrait être une approche plus adaptée pour le modèle Helvète». Si la réalité des villes suisses est bien différente, certaines communes ou certains territoires sortent toutefois du lot à l’image de Porrentruy ou du canton de Genève. Chaque commune ou canton adapte et interprète différemment son niveau de «smartitude». Le succès d’une initiative smart city n’est pas lié à la taille du territoire. Il est d’ailleurs plus simple d’utiliser un petit territoire pour lancer des expérimentations. L’un des premiers projets de gestion de la mobilité à Pully et à Montreux en est la preuve. Ces deux villes vaudoises ont commencé, respectivement en 2015 et en 2016, une collaboration dite Smart City avec Swisscom. Le dispositif permet de connaître heure par heure les habitudes de circulation sur les axes publics grâce aux données de téléphonie mobile de l’opérateur. Il s’agit d’une solution plus précise que des comptages ponctuels. L’analyse des flux de circulation a par exemple permis de mettre de côté des projets non pertinents, comme celui du tunnel sous la Grand-Rue de Montreux. Didier Faure de conclure: «A l’heure du numérique, les villes doivent se positionner, les industriels aussi et nous devons tous apprendre à mieux collaborer. Plusieurs entreprises ont créé l’association Cityzen pour mettre en commun leurs différentes compétences dans le smart city». I

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L’éclairage public à Davos avec les luminaires LED dotés de l’architecture SR.

Sécurité d’investissement dans l’éclairage public Ces prochaines années, dans les rues, des centaines de milliers de luminaires seront remplacés par des luminaires LED modernes qui resteront probablement en service pendant une durée nettement supérieure à 20 ans. Dans le même temps, le développement de systèmes modernes de gestion de l’éclairage progresse à grands pas et offre en permanence de nouvelles possibilités de contrôle des luminaires LED en fonction des besoins. Il y a quelques années, les unités de commande autonomes représentaient la «référence absolue». Aujourd’hui, en plus des profils de contrôle en fonction de l’heure, d’autres concepts de contrôle de l’intensité lumineuse sont possibles, tels que les commandes en fonction des mouvements et les régulations en fonction du trafic. Dans ce contexte, pour garantir la sécurité des investissements à long terme, il est nécessaire de disposer d’interfaces standardisées et de systèmes ouverts. Ce n’est qu’à cette condition que l’on bénéficie de la souplesse technologique requise pour exploiter pendant des décennies ces infrastructures à grande longévité et pouvoir les adapter à de nouveaux besoins. 18     DOSSIERS PUBLICS 3/2018


Info Des interfaces standardisées, non propriétaires En décembre 2017, le consortium Zhaga a promulgué une nouvelle spécification pour les interfaces mécaniques et électriques entre le luminaire et le contrôleur. Lors du salon Light + Building de mars 2018, nous avons déjà vu une multitude de solutions chez divers fabricants basées sur Zhaga, ce qui témoigne d’un consensus à travers toute la branche: le Zhaga Book 18 a créé un nouveau standard pour l’éclairage public. En combinaison avec une nouvelle génération de driver LED, il en a résulté une nouvelle architecture appelée System Ready (architecture SR). Les luminaires LED dotés de l’architecture SR disposent de deux interfaces permettant la connexion de modules de communication et de capteurs de différents fabricants. Les constructeurs de modules certifiés SR sont ainsi sûrs d’avoir accès à un vaste marché pour leurs contrôleurs et leurs capteurs. L’architecture System Ready autorise ainsi la mise en place d’une plateforme d’innovation indépendante des fournisseurs qui sert de base à un développement continu de nouvelles solutions et possibilités d’utilisation.

Le luminaire DigiStreet avec l’architecture System Ready. la région concernée lors d’une alarme incendie. Ainsi, l’intervention des pompiers est facilitée tout en augmentant la sécurité. Grâce à des interfaces logicielles et à un échange d’informations automatisé entre le système de gestion de l’éclairage et la centrale de contrôle de la circulation ou des interventions, il est possible de réaliser de telles applications avec relativement peu d’efforts.

Echange de données avec le système d’information géographique (SIG) existant

L’architecture System Ready. (Fig. 1)

Un éclairage individuel, adapté aux besoins Pour les communes et les villes, l’architecture System Ready (Fig. 1) représente un investissement durable dans un éclairage à l’avenir assuré. Grâce à la facilité de l’échange des modules SR, il est possible d’ajouter à tout moment de nouvelles fonctionnalités à l’éclairage, telles que la détection de mouvement, la mesure du trafic ou encore la saisie de données environnementales. Les données acquises rendent possible un éclairage dynamique en fonction des besoins. Toutefois, il n’est pas toujours nécessaire d’employer des détecteurs supplémentaires. Souvent, les données qui peuvent être utilisées pour le réglage de l’éclairage sont déjà collectées dans une autre application, par exemple le volume de trafic mesuré sur les installations de signalisation, la mesure de la fréquentation sur les places névralgiques d’une ville ou aussi les signaux d’alarme des organes de secours. Dans ce dernier cas, il est possible d’augmenter l’éclairage dans

Auteur: Frank Koster Chef produit chez ELEKTRON AG dans le domaine de l’éclairage, il s’occupe des systèmes de gestion de l’éclairage public. ELEKTRON AG 8804 Au (ZH) www.elektron.ch

En plus des applications servant au réglage de l’éclairage en fonction des besoins, il existe une multitude d’autres avantages qui peuvent être exploités au moyen d’un échange de données automatisé. L’échange de données avec un système d’information géographique (SIG) existant est une application qui a déjà été éprouvée dans de nombreux projets. Il permet de transmettre les informations d’exploitation des luminaires mis en réseau, telles que les heures de fonctionnement, la consommation d’énergie et le signalement automatique des perturbations en cas de panne. Il est ainsi possible de compléter en permanence la base de données centrale du SIG en lui fournissant les informations les plus récentes sur l’infrastructure d’éclairage. Les avantages pour l’exploitant sont significatifs: - Automatisation des processus internes et donc optimisation des efforts - Informations de grande qualité sur l’éclairage public grâce à l’amélioration de la cohérence et de la transparence des données - Prise de décision / planification budgétaire facilitée grâce à la nouvelle qualité des données

Conclusion Afin d’optimiser les investissements et d’assurer la continuité du développement de l’infrastructure d’éclairage, les communes et les villes suisses ont besoin d’approches extensibles et tournées vers l’avenir. Les interfaces standardisées au niveau des logiciels et des drivers offrent la souplesse technologique nécessaire à la pérennisation des investissements dans l’éclairage public. C’est pourquoi cet avantage à long terme doit être pris en compte dès à présent lors du passage aux luminaires LED. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Info /

Nouvelle ère pour les compteurs d’énergie Mesurer en temps réel sa consommation d’électricité permet de mieux gérer sa production, mais pas que. Petit tour d’horizon des nouveaux compteurs et de leur utilité.

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e compteur d’énergie devient un sujet d’actualité. En effet jusqu’à présent le compteur installé par votre fournisseur d’électricité était relevé une fois l’an et se rappelait à votre bon souvenir par le biais de la facture annuelle d’électricité. Aujourd’hui, grâce aux évolutions technologiques, les compteurs sont souvent équipés de système de lecture à distance et permettent aux usagers de connaître leur consommation quasi en temps réel. C’est utile pour mettre en évidence les besoins réels en puissance, par exemple une pompe à chaleur, une machine à laver le linge et une sécheuse qui se mettent en route au même moment provoquent une consommation instantanée élevée, alors qu’il suffirait de décaler l’enclenchement des ces consommateurs pour éviter cette pointe de courant. En mesurant en temps réel la consommation on peut gérer automatiquement qui consomme quoi et à quel moment.

Et comme tout évolue vite dans ce domaine, depuis le début 2018 le dégroupage des compteurs est devenu une réalité. Un immeuble équipé de panneaux photovoltaïque peut ainsi être équipé d’un seul compteur relié au réseau par lequel la compagnie d’électricité fourni le courant à l’immeuble et non plus à chaque appartement et rachète le surplus photovoltaïque. La répartition des consommations entre les appartements devient ensuite une affaire privée gérée par les copropriétaires. Là aussi des compteurs individuels connectés à un système de télémesure permet à chaque ménage de connaître sa consommation et la part «solaire» de sa consommation. Chacun pourra ainsi visualiser sur son smartphone en temps réel la disponibilité de courant solaire et enclencher ses appareils en conséquence. Les vaisselle et lessives gratuites sont à portée de clic! I

Une bonne connaissance de la courbe de charge quotidienne permet ainsi de mieux connaître les besoins réels et évite la souscription d’une alimentation trop élevée et de ce fait permet une économie substantielle. D’autre part le nombre croissant d’installations photovoltaïques amène des besoins nouveaux dans le comptage. Il faut en effet être capable de connaître la production solaire et comme cette production peut être consommée localement ou injectée dans le réseau, les compteurs bidirectionnels deviennent indispensables.

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/ Info

Domotique: la commande à distance par SMS

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Gérer son système domotique à distance est désormais possible, grâce à plusieurs modèles de télécommandes par SMS.

ans un système domotique il est agréable de pouvoir tout commander du bout des doigts, l’allumage de l’éclairage, l’ouverture de la porte du garage, la descente des stores. Mais dans la plupart des cas la distance entre la télécommande et le récepteur est limitée par la technologie utilisée (radio, Bluetooth, etc.) et ce n’est que de quelques mètres. La gamme des télécommandes SMS s’est élargie et elle offre deux modèles supplémentaires. Le SPM03 qui agit comme un thermostat à distance. Vous pouvez l’interroger pour connaître la température qu’il fait, modifier la température de consigne, et il maintiendra la température comme n’importe quel thermostat. Il peut aussi vous envoyer une alerte si la température a franchi une limite, par exemple si votre congélateur se réchauffe.

Ce n’est pas avec ça que vous allez mettre en route le chauffage de votre chalet à la montagne quelques heures avant d’y aller, ni être averti que le congélateur dégèle. Une solution simple à ce problème s’appelle SPM01. C’est la commande à distance par SMS. En effet quoi de plus simple que d’envoyer un SMS avec le message «CHAUFF.ON» puis de recevoir quelques secondes plus tard le message «CHAUFF.OK» qui vous assure une température agréable à votre arrivée? La télécommande par SMS offre également d’autres avantages: vous pouvez interroger à distance l’Etat d’un contact, par exemple savoir si l’éclairage extérieur est allumé, si le chauffe-eau ou tout autre appareil est enclenché. De plus la télécommande SMS peut agir comme alarme, c’est-à-dire vous envoyer un SMS si l’alimentation du congélateur est coupée ou si quelqu’un a ouvert votre porte d’entrée. Ces télécommandes par SMS sont vraiment simples d’utilisation: si vous savez envoyer un SMS, vous savez utiliser cette télécommande.

Il existe un troisième modèle, le SPM02, qui agit comme un portier. Il connait la liste des numéros de téléphone susceptibles de l’appeler. A réception d’un appel il peut allumer l’éclairage extérieur ou ouvrir le portail ou la porte du garage. Le SPM02 identifie simplement le numéro appelant et il n’est pas nécessaire de composer un SMS. La tenue à jour de la liste des numéros autorisés se fait là aussi très simplement par l’envoi de SMS.

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Ces télécommandes fonctionnent partout où il y a suffisamment de réseau GSM et nécessitent une carte SIM avec abonnement ou prépayée. Toutes les manipulations pour connaître le crédit restant et de recharge peuvent se faire à distance. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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PAR PASCAL CLAIVAZ

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L’Etat de Vaud, troisième investisseur de Suisse Le Service immeubles, patrimoine et logistique (SIPaL) remplit des tâches très diverses, en prise avec des objets qu’ils soient immobiliers ou mobiliers. Ce service, organisé et dirigé par Philippe Pont, fait désormais de l’Etat de Vaud le troisième investisseur du pays, après la Confédération et les CFF.

«

Courant 2005, l’Etat de Vaud décida de fusionner les monuments historiques et archéologiques avec les immeubles et la logistique. On m’en a confié l’organisation et la conduite. C’est devenu le SIPaL, le Service Immeubles, Patrimoine et Logistique», explique son chef de service Philippe Pont, architecte. Le SIPaL se compose de quatre entités principales, à savoir l’architecture et l’ingénierie, l’immobilier et le foncier, le patrimoine, qui regroupe l’archéologie cantonale, les monuments, sites et Philippe Pont. © Agence de presse ARC la centrale d’achats de l’Etat de Vaud. La section du développement durable complète l’organisation du service. En tout, le SIPaL emploie quelque 550 collaborateurs. En janvier 2011, l’Etat de Vaud se dotait d’une stratégie immobilière «lignes directrices à l’horizon 2020». Proposée par le SIPaL, validée par le Conseil d’Etat, celle-ci met l’accent sur la responsabilité particulière qui incombe à l’Etat en sa qualité de propriétaire de bâtiments. Lorsqu’il construit, rénove ou entretient, l’Etat doit faire

preuve d’exemplarité. Par sa manière de gérer son patrimoine immobilier, il se veut source d’inspiration pour les autres bâtisseurs du canton, privés ou publics. La stratégie immobilière du canton de Vaud repose donc sur cinq piliers: privilégier la propriété plutôt que la location, gérer le patrimoine de l’Etat de manière flexible, adopter les principes du développement durable, préserver et valoriser le patrimoine et promouvoir une architecture exemplaire.

1400 bâtiments Le service dirigé par Philippe Pont a donc la charge de la gestion, de l’exploitation, de la valorisation, de la transformation et de la construction d’un patrimoine immobilier et foncier important. Pour ce faire, il agit selon les règles des marchés publics, tant pour les infrastructures que pour la logistique. «La division immobilier et foncier a une mission capitale, celle de loger les services de l’Etat dans les immeubles qui sont sa propriété. Sans quoi, DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Focus

nous serions contraints d’installer nos bureaux chez des prestataires tiers. Or l’Etat de Vaud est propriétaire de 1400 bâtiments. Malgré tout, cela ne suffit pas. Le canton est engagé à plus de 47 millions de francs de location par année. La stratégie immobilière 2020 veut que nous soyons propriétaires plutôt que locataires. Il faut donc que nous trouvions des locaux pérennes pour loger des services œuvrant dans le cadre de missions de base de l’Etat, soit les secteurs de l’enseignement, de la santé, du social ou de la sécurité.» Ainsi, par exemple, par l’intermédiaire du SIPaL, le canton a acheté le Tribunal de Montbenon et sa bâtisse historique emblématique de Lausanne, sur l’esplanade du même nom. Il a également acheté l’immeuble où se trouve notamment le SIPal à la place de la Riponne, dont tous les étages de bureaux sont occupés par des services du canton. «C’est typiquement le genre d’initiative que nous voulons concrétiser. Dans le même registre, nous avons acquis le bâtiment de la Radio Télévision à la Sallaz».

Le futur Campus Santé est budgétisé à 300 millions de francs.

92 projets en cours L’Etat de Vaud pilote actuellement 92 projets architecturaux. Ils totalisent 2,87 milliards de francs d’investissements. «Nous nous retrouvons ainsi au troisième rang helvétique des constructeurs, derrière la Confédération et les CFF. Nous voulons être des investisseurs propriétaires. Nous ne souhaitons pas intégrer de PPE par souci de liberté de manœuvre. Nous acquérons, nous vendons. Pour la vente, nous procédons systématiquement à des appels d’offres publics». Depuis dix ans, l’Etat investit beaucoup dans des bâtiments dédiés à l’enseignement. La construction de nouveaux gymnases à Renens et à Nyon est terminée et l’Etat travaille aux futurs gymnases d’Echallens et de l’Est vaudois, dans la région d’Aigle. En outre, l’Etat a réorganisé son patrimoine de terrains. Il s’est séparé de certains, et en a acquis d’autres. Pour le gymnase d’Echallens. par exemple, il a acheté une parcelle de 1,5 hectare. Au niveau de l’enseignement post obligatoire les investissements sont également conséquents: «pour l’Université de Lausanne, il y a le bâtiment des sciences de la vie, 145 millions de francs, de même que la rénovation du bâtiment de l’Amphipôle, budgétisé à 44 millions. Nous venons de terminer le nouveau bâtiment du Synathlon et nous œuvrons sur l’extension de la bibliothèque de l’Université pour 77 millions de francs. Précisons que le site de la Bourdonnette, sur 10 hectares, est propriété de l’Etat de Vaud. Il va y construire le Campus santé pour un coût de 300 millions de francs. Nous sommes en phase d’avant-projet». Un autre projet emblématique est le Vortex, la

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future nouvelle maison pour étudiants: «mon service a organisé le concours d’architecture, l’avant-projet et le projet, jusqu’au permis de construire. Le complexe Vortex a été vendu à la Caisse de Pension de l’Etat de Vaud, qui en est devenu propriétaire et qui le réalise. Il sera prêt pour les JO de la jeunesse, en janvier 2020. Il sera ensuite utilisé, dans sa seconde fonction, dès la rentrée académique de 2020». Vortex pourra héberger un millier d’étudiants (entre 1000 et 1100 ndlr), à quoi s’ajoutent 75 logements pour les hôtes académiques de l’UNIL. Sur le plan financier, le chantier a été budgétisé en fonction du coût de la location des chambres que les étudiants seront en mesure de payer. Toujours dans le domaine de la construction, après trois ans de travaux, la restauration du Château cantonal s’est terminée en avril 2018. En avril 2017 ce fut l’inauguration du nouveau Parlement. Le domaine culturel n’est pas en reste. Le nouveau pôle muséal, Plateforme 10, situé dans le quartier de la gare CFF à Lausanne, abritera le musée cantonal des Beaux-Arts, le musée de la photographie de l’Elysée et le musée de design et d’arts appliqués contemporains. Le premier coûtera 82 millions de francs et son ouverture est prévue pour avril 2019. Quant aux deux autres, ce sont des projets à 100 millions de francs, qui seront ouverts au public en octobre 2021.

L’Etat de Vaud pilote actuellement 92 projets, pour un montant de CHF 2.8 milliards

Enfin, dans le domaine pénitentiaire des investissements sont également réalisés ou vont l’être. Le projet relatif à l’agrandissement des capacités pénitentiaires des établissements de la plaine de l’Orbe (EPO) est budgétisé à 185 millions de francs en première étape. Ce projet est à l’étude. Sa mise à disposition est prévue à l’horizon 2025. A terme, le nouveau projet offrira un total de 410 places supplémentaires.


Focus

L’extension de la bibliothèque de l’Université coûtera 77 millions de francs.

Obligation de résultats Comment expliquer cette impressionnante troisième place d’investisseur en infrastructures, au niveau suisse? «Les choix politiques du canton donnent une impulsion conséquente, notamment en terme de promotion économique. Le canton est attractif et attire, chaque année, de nouveaux habitants. En effet, l’arc lémanique, depuis plusieurs années, est particulièrement attrayant, ce qui n’est pas étranger à ce succès. S’ajoute à ces données politico-économiques, au niveau du service, une équipe performante et motivée, capable de répondre aux nombreux défis qui se posent en termes de planification et de construction notamment, dans des délais toujours très courts».

Vue intérieur de la future Plateforme 10.

Chaque semaine de nouveaux projets voient le jour. Les besoins des services de l’Etat font que le SIPaL a, au quotidien, une obligation de résultats. «Au-delà des nouvelles constructions précédemment évoquées, des stratégies complémentaires sont mises en œuvre, notamment le regroupement planifié de services dans des bâtiments communs, comme ce fut le cas pour l’Office des poursuites à Pully et la préfecture de Cully. Un bâtiment propriété de l’Etat va être réaménagé à Cully pour les accueillir. En outre, il n’est pas rare de vendre des bâtiments devenus obsolètes aux besoins de l’Etat, tels que des immeubles d’habitation ou encore le poste de gendarmerie de Nyon».

Enfin, il y a le domaine de la préservation et de la conservation du patrimoine. Pour l’archéologie cantonale, «il n’y a pas d’hésitations», selon le chef de service du SIPaL. «Le service d’Etat ordonne les fouilles, puis rédige les rapports d’après-fouilles. Une très riche revue annuelle est éditée, faisant Etat des découvertes et des mises en valeur».

Jusqu’en 2025 Ces investissements, pour un total de 2,87 milliards de francs, se répartissent sur les dix prochaines années. Précisons que «les propriétés de l’Etat de Vaud vont du chalet d’alpage au bâtiment universitaire. En outre, l’Etat est également pro-

priétaire de plusieurs glaciers sur le site des Diablerets, dont ceux de Pierredar et du Sex Rouge, qui représentent une superficie de 1000 hectares, de même que des forêts du Risoux, 1300 hectares».

L’Etat de Vaud est propriétaire de 1400 bâtiments.

Quant à la préservation du patrimoine historique du canton de Vaud, des projets de rénovation et de sauvegarde d’importance sont au cœur de l’activité des conservateurs, dont celui de la cathédrale de Lausanne, l’église de Grandson, propriétés de l’Etat. Le canton possède également l’abbatiale de Romainmôtiers ainsi que le château et le domaine de Chillon, qui nécessitent un travail de préservation soigné et important. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Réalisation / PAR ANDRÉ VERSAN

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Réalisation

Château Saint-Maire: plus beau qu’avant Siège du conseil d’Etat vaudois qui l’occupe depuis 1803, rénové de fond en comble pour 23 millions de francs, il a requis nombre d’exploits techniques. Le Château Saint-Maire est paré pour le 21e siècle.

C’

est un vrai bijou médiéval qui orne l’entrée nord de la cité historique de Lausanne et qui sert de siège du Conseil d’Etat vaudois. On l’appelle communément «Le Château» dans la région. Pour les historiens, c’est le Château Saint-Maire, du nom du premier évêque de Lausanne. Sa construction a démarré en 1397. Rénové de fond en comble, il a été inauguré en avril passé. Le gouvernement vaudois qui y siège depuis 1803 a pu y retourner dans des conditions idéales. La prise en main de sa réhabilitation a été le fait de trois architectes: Christophe Amsler, Danilo Mondada et Nicolas Delachaux.

Un château bien carré C’est un vrai château carré avec un plan très simple, deux murs de refend et un étage de combles ainsi qu’un chemin de ronde en briques. En 2015, les vieux murs étaient dans un Etat de dégradation avancée, à la limite des possibilités de restauration. Quelques mâchicoulis étaient fissurés et pouvaient tomber. Mais il n’y avait pas de gros problèmes de statiques. Le corps de logis ne présentait pas de défauts structurels majeurs. En revanche tous les aménagements à l’intérieur, les revêtements de sol, les accès étaient dans un Etat de vétusté et de délabrement extrême. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Photos: © Photographie Rémy Gindroz

Réalisation

Pour le château Saint-Maire, les dernières grosses campagnes de restauration ont eu lieu entre la fin du 19e et le début du 20e siècle. Les architectes et maîtres d’ouvrages ont décidé quatre interventions majeures. Tout d’abord, le retour aux volumes médiévaux, qui a impliqué la réoccupation des caves. On a débarrassé les anciennes archives et le volume libéré permet d’accueillir une salle de presse et une cafétéria attenante. Dans le chemin de ronde, on a procédé à la simplification du plan pour les grands secrétariats de la chancellerie et du Département des institutions et de la sécurité (DIS). Une salle de réunion polyvalente a été souhaitée dans les combles du corps de logis.

Le mur ascenseur Et enfin, les architectes ont procédé au percement d’un ascenseur dans le mur de façade. Car ces murs font 2,70 mètres d’épaisseur. De chaque côté, les parements en molasse mesurent 40 centimètres. A l’arrivée il en restait à peu près 1,90 mètre, juste la trémie pour installer un ascenseur. L’ascenseur a représenté le premier défi technique. Il a été percé des caves au deuxième étage. Le deuxième exploit est la salle polyvalente dans les combles. C’est un polyèdre de verre avec une

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élégante armature en bois clair. Il s’agit d’un verre isolant fourni par les Verreries de Moutier. Une fois achevé ce joli prisme transparent, dont la pose a été digne d’une haute voltige architecturale et technique, les usagers peuvent admirer la charpente médiévale, mise en valeur par un éclairage très étudié. C’est devenu la salle de réception du Conseil d’Etat, tout comme un espace à l’usage des utilisateurs du château. Enfin, cette salle des combles donne accès par un platelage à la tourelle ouest, petit belvédère en surplomb de la ville. I


Réalisation

Source: PUBLICATION DU SERVICE IMMEUBLES, PATRIMOINE ET LOGISTIQUE 10, place de la Riponne CH - 1014 Lausanne

Page de gauche: Détails architecturaux. A droite de haut en bas: Salle des communes et Chemin de rondes.

DaujouVit et pa simus re, sint, si dolestio te volum unt ex eum facerate rem. Tas expeliq DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Réalisation / PAR CAROLINE BAUD

Synathlon, une cathédrale de verre pour le sport Inauguré en avril dernier sur le campus de l’Université de Lausanne, le Synathlon est dédié au sport international, à la formation supérieure et la recherche de pointe. Ce bâtiment tout en transparence est certifié SméOEnergie + environnement.

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e nom, Synathlon, issu de l’association entre les préfixe et suffixe grecs syn- «ensemble» et -athlon «concours», n’est pas simple à prononcer. Du moins aujourd’hui car dans quelque mois, il fera partie du vocabulaire courant, exactement comme le bâtiment auquel il est associé et dont l’architecture, à la fois discrète et affirmée, s’intègre sans heurt dans son environnement du campus de Dorigny. Les débuts de ce projet remontent à 2012. Il a été voulu par les autorités vaudoises afin de renforcer l’image de Lausanne en tant que ville d’accueil des fédérations, organisations sportives internationales, de manifestations et congrès sportifs internationaux. La parcelle nécessaire à la construction du bâtiment a été mise à disposition par le Conseil d’Etat qui a participé à son financement à hauteur de 15,5 millions de francs sur un budget total de 28,9 millions. Le reste de la somme ayant été amenée par les copropriétaires: l’Académie internationale des sciences et techniques du sport (AISTS) et la Fédération internationale du sport universitaire (FISU).

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Le bâtiment regroupe dans ses murs quatre entités liées au sport: le ThinkSport, premier réseau créé par le canton de Vaud, la Ville, la Confédération et le CIO vise à faciliter la création de partenariats, favorisant le partage des connaissances, ainsi que les projets innovants dans le monde du sport, complété par l’Institut des sciences du sport, de l’Université de Lausanne (ISSUL), l’Académie internationale des sciences et techniques du sport (AISTS) et la Fédération internationale du sport universitaire (FISU).

4400 mètres carrés Situé sur une parcelle de 6000 m2 à l’entrée sud du campus de l’université, qu’il rend ainsi facilement repérable notamment depuis la route cantonale, le Synathlon comprend plus de 4400 m2 de surface utile répartie sur cinq niveaux. Il est l’œuvre du bureau d’architecte zurichois Karamuk Kuo dont l’élégant projet intitulé «ruche» avait séduit le jury lors de la mise au concours en 2013. Le cahier des charges mettait l’accent sur la dimension emblématique du projet, qui devait se traduire dans l’architecture du bâtiment, mais également


Réalisation

© UNIL Fabrice Ducrest

Excellent élève

sur l’importance donnée au développement durable, tant sous l’aspect économique qu’environnemental et social. Extérieurement, l’édifice à la forme presque cubique, présente une silhouette moderne, mais sobre. C’est, en effet, à l’intérieur que réside l’originalité de la démarche créative. Les architectes ont envisagé le «cœur du bâtiment tout à la fois comme noyau des infrastructures et lieu d’expériences collectives». Ainsi, le noyau central perméable, entouré par la couronne de bureaux, devient un espace d’échanges dynamiques. Une série de volumes en béton superposés hébergent tous les espaces de service de chaque étage – noyaux verticaux, ascenseurs, escaliers, salles d’archives et laboratoires de test physique – forment un paysage de terrasses permettant d’improviser des zones d’activités et de réunion informelles, reliées par une promenade d’escaliers. Les espaces de l’atrium, qui peuvent être modulés dans des configurations intimes ou très vastes, deviennent ainsi la toile de fond de la vie communautaire du bâtiment. Les possibilités d’aménagement sont presque infinies.

D’un point de vue environnemental, le Synathlon fait figure d’excellent élève. Son enveloppe très performante, sa production d’énergie utilisant l’eau du lac, la mise en place d’un nombre de panneaux photovoltaïques supérieur au minimum requis par la loi, réduisent ainsi fortement l’impact CO2 de cette construction, avec un indice pondéré d’énergie calculé de 17 kWh/m2 par an, soit une valeur de 60% inférieure aux exigences. Les aspects de confort pour l’utilisateur - lumière naturelle, acoustique, climat intérieur - ainsi que les impacts environnementaux (choix des matériaux et énergie grise) ont été définis qualitativement grâce à la démarche SméO, tant en phase de projet que lors de la réalisation. En 2009, la Ville de Lausanne et le Canton de Vaud avaient mis à la disposition des planificateurs et maîtres d’ouvrages publics et privés l’outil d’aide à la décision SméO, une plateforme web open source et libre d’accès dont la plus-value réside dans la prise en compte exhaustive des critères de durabilité, tant à l’échelle du quartier que du bâtiment. La création du label SméO datant d’octobre 2017, le Synathlon a donc pu obtenir le premier label SméOEnergie + environnement. I

PATRICK ALBERTI: «LE SYNATHLON ÉTAIT UN CHANTIER COMPLEXE ET PASSIONNANT» Le bureau lausannois Alberti ingénieurs est intervenu sur le chantier du Synathlon en tant que mandataire ingénieur civil rattaché à l’entreprise générale HRS Real Estate, située à Saint-Sulpice. Patrick Alberti, directeur du bureau Alberti ingénieurs, dresse le bilan de ce chantier d’importance. «Vu de l’extérieur, le bâtiment peut donner une impression de simplicité alors qu’il s’agit, en fait, d’une structure très complexe. L’une des principales difficultés réside à l’intérieur de l’édifice avec le grand atrium. Celui-ci tourne d’un quart de tour à chaque niveau, ce

qui fait que de nombreux porteurs sont interrompus dans leur verticalité. Il a donc fallu mettre en place différents artifices techniques tels que murs voiles, précontrainte et dalles de répartition. Du fait de la présence d’un sol médiocre, le choix des fondations a fait l’objet d’une étude approfondie qui a abouti sur la réalisation d’un renforcement du terrain par colonnes ballastées. Enfin, les architectes, le bureau zurichois Karamuk Kuo Architekten GmbH, avaient privilégié un béton apparent de haute qualité, ce qui a demandé une planification des étapes de bétonnage hors norme, compte tenu

de la géométrie très compliquée de l’atrium. Le bâtiment étant réalisé selon les directives du label SméO ENERGIE + ENVIRONNEMENT, nous avons aussi dû nous adapter en ce qui concerne le choix des matériaux avec, notamment, l’utilisation de béton recyclé. Les délais, très serrés pour un édifice de cette importance, étaient un challenge supplémentaire, mais l’excellente collaboration entre les différents prestataires a contribué à la réussite totale de cette réalisation». DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Réalisation /

Colline des Rêves à Epalinges Situé sur un terrain de 2,5 hectares, autrefois demeure de l’écrivain Georges Simenon, le nouveau quartier Colline des Rêves actuellement en cours de finalisation, matérialise un complexe processus dirigé par l’architecte Gabriele Rossi et son atelier Archilab pour la société Best House SA, maître de l’ouvrage. 32     DOSSIERS PUBLICS 3/2018


Réalisation

C

onstitué de douze nouveaux bâtiments pour un total de 108 logements de différentes tailles, le quartier garde l’esprit d’une zone résidentielle de faible densité, avec une disposition du bâti bien aérée, formant un éventail, favorablement adapté à la forme et à la déclivité naturelle du terrain. L’attention particulière consacrée aux aménagements extérieurs vise à établir un équilibre entre espaces publics et privés, préservant la vue sur le lac et les montagnes.

Harmonie Les douze bâtiments s’insèrent dans leur milieu retrouvant les proportions et la typologie des villas locatives du XIXe siècle, avec neuf loge-

ments organisés sur deux étages et un attique. L’autonomie de chaque logement est assurée par le jeu d’avant-corps et loggias, qui créent des espaces extérieurs individuels en extension de l’espace de vie intérieur. Les amples baies vitrées ainsi que la succession d’espaces intermédiaires tels que pergolas, balcons, loggias et terrasses définissent la limite intérieurextérieur, intégrant le paysage environnant à l’intérieur de chaque appartement. À l’exception des studios - qui tous disposent d’un jardin privatif - les autres logements ont des terrasses encadrées par des saillies en béton et des lames brise-soleil métalliques. L’orientation sud des appartements offre ainsi le meilleure de la vue.

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Réalisation

La qualité des finitions et l’attention portée aux détails se prolongent à l’intérieur des bâtiments. La qualité des matériaux et des solutions choisies s’écartent radicalement de l’ordinaire et du standard locatif. Du point de vue de la construction, chaque immeuble se caractérise par une structure en béton armé avec parties précontraintes pour le contrôle des déformations. Les éléments en béton préfabriqué qui marquent les différents niveaux et les contours des avant-corps font eux aussi partie active de l’organisme statique. Les bâtiments présentent des performances acoustiques et énergétiques accrues, certifiées par le label Minergie, avec une production de chaleur par PAC et géothermie, complété par une importante surface de panneaux photovoltaïque en toiture. I

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PAR PASCAL CLAIVAZ

/ Info

Des exemples de l’efficacité de Didier Steimer DS SA

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Climatisation, station de pompage des eaux usées ou fontaine pour le Paléo de Nyon, Didier Steimer SA assure également la coordination technique et la demande d’autorisation.

eux réalisations peuvent illustrer l’efficacité de l’entreprise. La première concerne l’alimentation automatique en eau du lac de 2 groupes de climatisation. La station de pompage se base sur 3 pompes au maximum qui travaillent en parallèle et simultanément. La quatrième est une pompe de réserve. Le débit est assuré par 1, 2 ou 3 pompes selon les besoins et toutes les 3 sont pilotées par des convertisseurs de fréquence. Grâce à cette infrastructure, on peut atteindre des débits de 340 m3 par heure jusqu’à 1000 m3 par heure. Pour ce chantier, DS-SA a encore rempli le mandat de coordination technique entre les différents corps de métier, la réalisation de l’automation, la gestion du dossier technique, les calculs hydrauliques et le dimensionnement des pompes. La deuxième est la rénovation d’une ancienne station de pompage d’eaux usées sans interrompre les affluents. Il a fallu remplacer les vannes d’entrée tout en maintenant le fonctionnement. Le béton a également été réhabilité. L’entreprise a maintenu les pompes actuelles tout en réduisant significa-

tivement la consommation électrique. Au programme également: le remplacement de la cellule de commande. Débits 2 x 50 l/s à 8 mCE. Le mandat comportait une demande d’autorisation, les calculs hydrauliques, le dimensionnement des pompes, la gestion du dossier technique et l’établissement des dessins techniques. Il comprenait également la coordination technique entre les différents corps de métier, la réalisation de l’automation et le suivi du chantier.

Fontaines Mais n’oublions pas l’expertise de DS-SA dans les pompes pour jardins et agréments. L’entreprise s’est notamment occupée des réalisations du Paléo 2016 à Nyon, de la Fontaine de Miremont, de la Fontaine du Temple à Carouge, de la Fontaine La Vendée à Lancy, de l’arrosage des parcs des Eaux-Vives et de La Grange à Genève et de la Fontaine des Pommiers au Grand-Saconnex, Genève. I

www.ds-sa.ch DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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En cours / PAR PASCAL CLAIVAZ

A la plage des Eaux-Vives en 2019 Le chantier lacustre de la future plage-jardin des Eaux-Vives impressionne par sa taille. Entre Baby-Plage et la Nautique, elle s’étendra sur 400 mètres et pourra accueillir jusqu’à 8000 personnes dès l’été 2019.

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ranck Pidoux chef de projet de la plage des Eaux-Vives et du secteur cantonal de la renaturation des cours d’eau fait l’Etat des lieux, en ce milieu d’été: «nous avons fini d’installer les palplanches en avril-mai 2018. Nous allons remblayer les espaces que nous avons creusé à l’intérieur». A la fin, ces palplanches

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seront enlevées. Elles auront servi à constituer un barrage provisoire et permis de vider, puis de remblayer les différentes zones. On en a posé 4500 au total, pour 2,5 kilomètres linéaires. Les palplanches ont été enfoncées jusqu’à 10 mètres de profondeur et cette opération a requis une précision sans faille, de l’ordre du centimètre.


En cours

Après les palplanches, les pieux Selon Franck Pidoux, la presque totalité qui concernent la plateforme des bateaux dériveurs étaient plantés en août. La pose des pieux du môle s’est terminée en ce mois de septembre. Le bâtiment des pêcheurs se posera également sur des pieux fichés dans le lac. Enfin, la structure métallique de la plateforme des dériveurs sera terminée au cours du premier trimestre 2018.

Pelouses pour juin Il le faut car l’ouverture de la plage est pévue pour juin 2019. Le remblayage du parc est déjà réalisé à 60%. A terme, 65 000 m3 de remblais seront déversés pour le créer. Et 25 000 m3 de matériaux naturels alluvionnaires serviront à constituer la plage de galets. Il est prévu que le remblayage soit terminé pour décembre prochain. Les pelouses seront ensemencées au premier trimestre de l’année prochaine, pour un usage en juin 2019.

La future roselière. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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En cours Le parc des Eaux-Vives

Partie portuaire

Le parc des Eaux-Vives avec sa pelouse s’étendra sur 2,5 hectares. Il mesurera 60 mètres de large. La grève en contrebas aura une largeur de 15 mètres. Le parc sera également ombragé d’arbres et il comportera des chemins aménagés. Derrière la pelouse, on construira une roselière, refuge pour l’avifaune. Les palissades installées près du rivage, elles, demeureront. Coupées à ras et recouvertes d’enrochements, elles maintiendront compact le matériau de la plage. Trois digues de protection du nouveau port public parachèveront le dispositif.

La partie portuaire sera en service en 2020 ou 2021. Le port futur de la société nautique sera construit en parallèle. Les délais auront été respectés, ce qui est remarquable compte tenu des dimensions du chantier. Le port proprement dit, avec ses trois estacades pour 226 places d’amarrages, comprendra donc également une esplanade pour la pêche et une plateforme pour les dériveurs avec 245 places. Le port de la Société nautique de Genève, étendu vers le large comportera, lui, 400 places d’amarrages supplémentaires. I

Enfin au bout de la plage, un môle avec sa terrasse permettra d’admirer les voiliers sur le lac. Il comportera également une buvette ouverte toute l’année. Genève Plage ne sera pas oubliée, avec une digue et une grève naturelle végétalisée.

Au premier plan de la future Plage des Eaux-Vives: Baby-Plage, les palplanches des casiers des futurs jardin et nouvelle plage, prolongés par le môle. Derrière la nouvelle plage: la future roselière, puis le grand espace d’eau réservé aux pieux qui porteront la plateforme des dériveurs, le bâtiment des pêcheurs. Plus loin, il y aura le nouveau Port-Noir et le Port de la Société nautique. Enfin, on distingue la digue nord qui abritera notamment la grève naturelle végétalisée de Genève-Plage. Photos: © Aerial Works, avril 2018.

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DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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PAR PASCAL CLAIVAZ

/ En cours

Les Transports publics fribourgeois centralisent à Givisiez

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Les TPF (Transports publics fribourgeois) sont au cœur d’une expansion économique et démographique. Pour dynamiser le marché, ils construisent un centre de maintenance mammouth à Givisiez. Dont la mise en service est prévue pour janvier 2019.

es TPF arrivent au bout de leur gigantesque chantier à Givisiez, à deux pas de la ville de Fribourg. Il est en effet devisé à 120 millions de francs. C’est le futur centre de maintenance et d’entretien, qui donnera du travail à près de 600 personnes sur un site de près de 7 hectares. Le complexe sera formé de quatre bâtiments, avec au total 43 000 m 2 construits. Le premier bâtiment sera dédié à l’entretien des trains des TPF et de ceux de l’entreprise bernoise BLS. Un autre abritera un dépôt et des ateliers pour véhicules routiers. Une halle servira à

la maintenance légère et au ravitaillement pour véhicules routiers. Enfin, le quatrième bâtiment accueillera l’administration et un dépôt pour les bus. La réception des ouvrages est prévue pour l’automne 2018 et la mise en service du site pour le 1er janvier 2019. Pourquoi ce projet mammouth? Parce que les Transports publics fribourgeois travaillaient jusqu’alors dans des lieux et avec des outils de production dispersés, parfois vétustes et superflus. A l’heure actuelle, on trouve les garages, dépôts ferroviaires et ateliers des TPF dans treize lieux du canton de Fribourg. L’administration, DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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En cours

Vues des futures infrastructures.

quant à elle, est répartie entre Fribourg et Givisiez. Autre point noir: certains ateliers et dépôts des TPF se trouvent dans des zones d’habitation, ce qui n’était pas le cas lors de leur construction. Il était donc nécessaire de les déplacer. Le rassemblement de la plupart des services sur un seul site doit apporter des solutions plus modernes et des économies d’échelle. Devenue Holding en un groupe de 4 sociétés en 2015, les TPF emploient plus de 850 personnes. Ils sont actifs dans le transport public, l’infrastructure ferroviaire et l’immobilier. Le nouveau centre de maintenance fait donc partie d’une réorganisation globale de la société.

Dimensionné en conséquence La première difficulté consistait à trouver plus de 60 000 m2 de terrain, implantés dans la zone industrielle de Givisiez. Le terrain remplit tous les impératifs: vaste, proche de Fribourg, il bénéficie d’un accès routier avec une connexion au réseau ferroviaire. Situé en zone industrielle, sans habitations à proximité immédiate, sa localisation est compatible avec le fonctionnement 24h/24 du site des TPF.

Les travaux de maçonnerie ont une capacité de coulage de 600 m3 de béton par jour. Les travaux pour le nouveau faisceau de voies sont en cours d’achèvement, le remblayage de la plateforme ferroviaire est, quant à lui, achevé.

Intégré à d’autres projets Placé sous le signe du développement durable, le projet intitulé «Givisiez ensemble» se dotera d’un espace vert à proximité des locaux administratifs. Agréablement arborisée, cette zone invitera à la détente. Les collaborateurs des TPF y trouveront un endroit ressourçant; les habitants du quartier voisin et les visiteurs de passage pourront également en profiter. Outre cette zone renaturée, le projet s’est attaché à réduire au maximum l’impact environnemental. La présence simultanée d’un gazoduc et de ruches, ainsi que la couverture d’un ruisseau, ont été des points déterminants de la réflexion. Avec un tissu local en pleine expansion, Givisiez foisonne de projets de construction: réalisation du pont du Tiguelet, déplacement de la gare de Givisiez, construction d’un grand bâtiment Movarco: tous ces ouvrages sont en train de transformer la commune en un véritable pôle urbain. I

Les terrassements se sont élevés à un volume de 25 000 m3 déplacés en 2800 heures de machines.

www.ray-sa-ag.ch 42     DOSSIERS PUBLICS 3/2018

Ray SA Rue Pierre-Yerly 1 CH-1762 Givisiez T +41 26 466 47 72


PAR CAROLINE BAUD

/ Ingénierie

Le BIM, nouveau standard de demain La numérisation s’invite chez les ingénieurs civils et les architectes sous la forme du Building Information Modelling (BIM), un système de maquettes numériques collaboratives bientôt incontournable.

«

Le BIM est en train de devenir un nouveau standard et il prend une place grandissante en Suisse même si cette dernière accuse un léger retard par rapport aux pays anglo-saxons et aux pays nordiques notamment, constate Patrick Alberti, à la tête du bureau lausannois Alberti ingénieurs. Aujourd’hui, cet outil est indispensable si l’on veut participer à des réalisations d’une certaine importance, tant dans le secteur public que privé.» Concrètement, le BIM est une méthode qui permet, à l’aide d’un logiciel, d’optimaliser le processus de conception, d’exécution et de gestion. Le bâtiment est représenté dans un modèle numérique 3D contenant toutes les informations utiles aux différents intervenants sur le projet. Cet «avatar» est créé par l’architecte puis il est modifié, adapté par les interventions des autres mandataires, ingénieurs civils et CVSE, tout au long du processus de planification. En phase d’exécution, l’ensemble des plans, vues, perspectives, situations et coupes sont ensuite extraits du modèle 3D. Il est clair que les livrables, pour l’exécution sur le chantier, sont toujours des plans et schémas 2D, directement issus de la maquette numérique.

D’où un gain de productivité et une diminution du risque d’erreur. «Il y a davantage de travail en amont d’un projet, mais ensuite le gain de temps est important. Il suffit d’apporter une correction sur la maquette et toutes les informations liées sont immédiatement mises à jour. Une fois l’ouvrage terminé, le facility manager dispose d’une base de données complète qui lui permet, par exemple, d’identifier rapidement quels types d’installations techniques, produits, etc, doivent être remplacés pendant la durée de vie du bâtiment.» Seule ombre au tableau, il existe une foule de logiciels sur le marché qui permettent de faire du BIM, et le transfert des fichiers au format d’échange IFC (Industry Foundation Classes) entre ces différents logiciels entraîne malheureusement encore une petite perte ou imprécision des informations. Du côté de la formation, celle-ci reste encore à la charge des entreprises. «Le BIM commence lentement à être intégré dans les cours des cursus universitaires, EPF et HES, remarque Patrick Alberti, car l’intérêt est bien réel. Ce thème fait de plus en plus l’objet de présentations et de conférences dans le milieu des métiers de la construction.» I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Info / PAR PASCAL CLAIVAZ

Le Clos du Merisier a vu le jour en juillet à Cossonay La commune de Cossonay, propriétaire d’une parcelle située dans le quartier des Chavannes, a choisi de remédier à la pénurie de logements protégés. Pour ce faire, elle a divisé son terrain dans le but d’octroyer à la Coopérative PrimaVesta un droit distinct et permanent de superficie (DDP) d’une durée de 70 ans.

L

a Coopérative PrimaVesta vient d’achever un nouveau bâtiment de 4 niveaux comprenant 41 logements protégés, certifié Minergie®. Les locataires ont emménagé dès le 1er juillet 2018. Le Clos du Merisier offre aux étages une buanderie et un espace de rencontre favorisant les contacts et l’aide entre les résidents. Le rezde-chaussée comprend des logements, une salle communautaire, ainsi que les locaux du centre médico-social (CMS). Des potagers surélevés verront le jour afin de permettre aux futurs locataires de cultiver leurs fruits et légumes à leur guise et en toute convivialité. Ces logements viennent combler la volonté de la commune de Cossonay qui, en introduction dans son bulletin d’information Coss Info, explique la volonté de construire depuis plusieurs années des appartements protégés.

Chez soi Bail, clé, boîte aux lettres permettront l’indépendance de chaque résident. Evidemment, les appartements répondent

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à des normes pratiques en adéquation avec les besoins de chacun. Ces appartements protégés sont aisés d’accès et disposent d’un ascenseur. L’équipement de la salle de bain et de la cuisine est adapté. Leur objectif est d’aider les aînés à vivre «chez eux» le plus longtemps possible et d’avoir une vie sociale positive et enrichissante, dans un encadrement sécurisant, avec notamment la présence d’un interphone à l’entrée de l’immeuble et la possibilité de se raccorder à un système d’appel d’urgence. La référente sociale est au centre du dispositif, avec un cahier des charges spécifiques pour permettre la bonne intégration des nouveaux locataires. La référente facilitera également les contacts sociaux et offrira des activités à la salle communautaire (discussions, gym douce, repas, jeux, séances d’information) ou à l’extérieur (excursions, repas). Elle assurera les liens avec les proches, la gérance et le centre médico-social (CMS).


Info

Loyers modérés De par ses statuts, la Coopérative PrimaVesta a pour but de fournir à ses membres des logements à loyers modérés et de les conserver. Elle vise à offrir des logements pour toutes les couches de la population, mais plus particulièrement pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite. La construction de logements protégés demande un savoir-faire spécifique, ainsi qu’une méthodologie particulière. Ceci d’un point de vue technique, mais également dans la gestion administrative des immeubles. La coopérative a acquis ce savoir-faire depuis plus d’une dizaine d’années de développement de ce type de logements. Actuellement, elle a construit près de 200 appartements protégés sur le territoire vaudois. I

Le projet Le Clos du Merisier à Cossonay est exemplaire et il répond à un réel besoin. Car la Suisse compte toujours plus de seniors, qui sont ouverts à de nouvelles formes d’habitat leur permettant de rester chez eux aussi longtemps que possible et même jusqu’à un âge avancé. La Confédération soutient cette évolution à travers l’action de plusieurs offices chargés directement ou indirectement des questions ayant trait à la vieillesse dans notre pays. De son côté, la Coopérative PrimaVesta a le soutien de l’Etat de Vaud, qui lui accorde des prêts sans intérêts remboursables sur 20 ans. La coopérative a également signé une convention avec l’Etat, pour que les bénéficiaires de prestations complémentaires puissent être remboursés des frais d’encadrement sécurisant.

www.primavesta.ch

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PAR PASCAL CLAIVAZ

/ Info

La Voie verte d’AJS entre Genève et Annemasse La Voie verte à Genève est une réalisation qui sort de l’ordinaire. Il s’agit d’une liaison piétonne et cyclable entre le lac et Annemasse. En tout, cela fait 5 km de route sans voitures, du jamais vu dans ces dimensions-là.

A

près 4 années de construction de la tranchée couverte et un peu plus d’une année d’aménagement en surface, la Voie verte a été officiellement inaugurée le vendredi 27 avril 2018. Déjà mise partiellement à disposition de la population depuis décembre 2017, ce nouvel axe de mobilité douce sur le toit de la tranchée couverte CEVA (métro Cornavin-Eaux-Vives-Acacias) est dorénavant entièrement en service. Elle s’étend entre la future gare de Genève-Eaux-Vives et celle d’Annemasse. Le tronçon mesure 3,6 km du côté suisse et 1,4 km du côté français. C’est la société AJS qui en a eu la charge. Son bureau genevois fait partie du Groupe V3-CEVA, se partageant l’ensemble des lots concernés. AJS a réalisé un chef d’œuvre d’ingénierie dans un environnement urbain très dense. Commençons par le bas, tout proche du bord du lac avec le chantier considérable de la Gare des Eaux-Vives. Il a fallu excaver une tranchée profonde sur 3,6 km tout le long du parcours entre Eaux-Vives et le Foron, à la frontière française. Elle s’est prolongée sur 1,4 km jusqu’à la gare française d’Annemasse. AJS a également planifié et supervisé les travaux de la dalle intermédiaire, puis ceux de la tranchée peu profonde. Enfin ceux de la tranchée de Grange-Falquet-Montagne, du Pont sur la Seymaz, de la Tranchée couverte de Bel-Air et de la Halte de Chêne-Bourg.

Mobilité douce La Voie verte par-dessus le CEVA s’articule autour de deux axes: l’écologie et la mobilité douce. Cet espace de verdure aménagé au cœur de la ville constitue un corridor écologique pour la faune. Il permet de recréer les milieux naturels qui existaient aux abords de l’ancienne voie de chemin de fer. L’espace libéré en surface, suite à l’enfouissement de la ligne de chemin de fer, a été rendu aux habitants sous forme de promenade mixte combinant une piste cyclable et un cheminement piétonnier.

En haut: Voie verte de Genève à la frontière. En bas: De la frontière à Annemasse.

Le CEVA constitue un trait d’union entre Annemasse, ChêneBourg et les Eaux-Vives, faisant naître de nouveaux quartiers le long de la ligne. La mobilité douce sera également un maillon de la Voie verte du Grand Genève, qui traversera à terme l’agglomération transfrontalière sur 38 km, de Bonne (Haute-Savoie) à Saint-Genis (Ain), en passant par la Cité de Calvin.

Nouveau pôle C’est vers la gare CEVA des Eaux-Vives qu’on a construit l’immense bâtiment de la nouvelle Comédie, futur théâtre de la Ville de Genève. La Voie verte disposera également d’une nouvelle Halte élégante à Chêne-Bourg. Dans ses alentours, on va ériger les 2300 appartements des communaux d’Ambilly. Sans oublier le quartier des Grands-Esserts de Veyrier, qui ambitionne lui aussi d’offrir 1200 logements. De l’autre côté de la frontière, Annemasse disposera d’une nouvelle gare, qui assurera le relais avec Genève. 37 000 habitants supplémentaires devraient venir habiter le secteur, une moitié côté Genève et l’autre moitié côté Annemasse. Enfin, plus de 12 000 emplois seront créés, 70% côté Genève et 30% côté Annemasse. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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ENTRETIEN PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL CLAIVAZ

Genève au centre des questions de sécurité internationale

© Etat de Genève. Photo Vincent Calmel

Le Conseiller d’Etat Pierre Maudet assume la charge de Président du Conseil d’Etat et celle de chef du département de la Sécurité (DS). A ce titre, il endosse la responsabilité de l’aéroport de Cointrin, des Organisations internationales et de la région transfrontalière. En bonne entente avec ses voisins et la Confédération, le canton maîtrise sa sécurité. Il a également étendu son expertise à la cybersécurité nationale et internationale. Pierre Maudet répond à nos questions. Dossiers Publics: La sécurité s’améliore à Genève. Sur les six dernières années, les statistiques le démontrent. Allez-vous maintenir cet effort, Monsieur le Conseiller d’Etat? Pierre Maudet: Durant six ans, j’ai posé des jalons, défini des objectifs, augmenté les moyens techniques et les résultats sont là. Mais on ne peut pas se contenter de moyenne, en matière sécuritaire il y a des phénomènes cycliques et il faut en tenir compte. On constate que tous les pays d’Europe ont dû prendre des mesures drastiques dans les années 2010. Il y a eu le Printemps arabe et des flux migratoires relativement importants. Puis dès 2015, suite aux vagues terroristes, tous les pays d’Europe ont renforcé leur arsenal policier. La lutte contre le terrorisme requiert une présence policière accrue dans la rue et un renforcement du renseignement. La volonté politique conjuguée à un contexte soumis à de vives tensions sécuritaires ont rendu la population plus ouverte à accepter des dispositifs tels que la vidéoprotection.

Pierre Maudet Conseiller d’Etat, Président du Conseil d’Etat et chef du département de la Sécurité DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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ENTRETIEN D P: Les effectifs seront-ils encore renforcés? P M: Oui, ces quatre dernières années, les effectifs ont progressé d’environ 150 postes, soit une augmentation de 10% en ce qui concerne les policiers. La police genevoise compte environ 2000 personnes, dont 1500 policiers et 500 collaborateurs administratifs. Il est prévu de les renforcer encore dans certains secteurs, comme la criminalité économique, la criminalité informatique, la protection diplomatique, la police internationale, incluant l’aéroport et la migration.

D P: Vous voulez donc continuer à améliorer la qualité de la sécurité… P M: Oui, parce que nous avons atteint un palier. Il s’agit maintenant d’atteindre le suivant. De nouvelles menaces se font jour, qui imposent de travailler davantage sur un plan intercantonal. Cela concerne la lutte contre la cybercriminalité, facteur d’instabilité et d’insécurité de la place économique. En ma qualité de Président du Conseil d’Etat, j’affirme que nous devons fonctionner différemment. Il faut mutualiser les moyens et les dispositifs trop onéreux au niveau cantonal. Nous devons travailler en collaboration avec Vaud et d’autres cantons.

D P: Et il y a également un intérêt international sur la cybercriminalité… P M: Oui en amont, pour la prévention ou pour

D P: Que faites-vous dans ce domaine-là, précisément? P M: Quand une entreprise se fait hacker ou

fixer les règles. Il y a un intérêt majeur qui se matérialise à Genève. C’est là qu’on en discute pour élaborer le code de bonne conduite des entreprises que sont les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Cela concerne aussi les Etats, sachant qu’il y a aujourd’hui des éléments troublants, bien recensés et documentés qui montrent l’utilisation faite par des Etats d’éléments de déstabilisation informatique. Donc c’est tout ça qui doit être aujourd’hui discuté, élaboré en termes de règles et de codes de conduite. Ensuite, il faut introduire le contrôle de gestion.

voler des données, il y a souvent des erreurs humaines ou des défauts dans la cuirasse. Il faut donc mener un travail de prévention sur les comportements et la prise de conscience. Il faut aussi qu’en cas d’attaque, les personnes morales déposent plainte. Les gens ont souvent honte; les dirigeants d’entreprises ne veulent pas reconnaître un vol de données, ils craignent pour la réputation de leur société. La criminalité informatique est potentiellement plus élevée que ce que révèlent les chiffres. Nous avons besoin de recenser ces phénomènes, pour pouvoir traquer les criminels. C’est un deuxième aspect. Le troisième aspect consiste à renforcer notre capacité de travail judiciaire. Dans ce cas, nous devons outiller des juges, obtenir des éléments techniques de dernier cri pour, par exemple, faire du tracking. Ces moyens ne sont pas gratuits.

D P: Dans ce contexte, parlez-vous de Genève, de la Romandie ou de la Suisse? P M: Je parle de Genève à travers ce que l’on peut observer sur cette place économique forte et je parle au niveau romand pour la réponse à adresser. Mais je parle également au niveau du pays, puisque je préside maintenant la Conférence suisse des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police. Je vois bien que l’enjeu nous pose un défi au niveau national.

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D P: Qu’en est-il des Geneva Digital Talks, dont on parlait l’automne passé? P M: Les Geneva Digital Talks se sont déroulés

Nous sommes un canton où se concentrent passablement de risques, mais aussi passablement de moyens. Pierre Maudet

de septembre à décembre 2017. C’est un projet de longue haleine que nous poursuivons avec l’ONU, avec la Mission suisse à Genève et avec le DFAE (Département fédéral des affaires étrangères). Il a connu un regain d’intérêt en avril dernier, lorsque Microsoft a réuni autour de lui les GAFA. La multinationale en avait exprimé le besoin, tout en souhaitant que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. En février 2017, Brad Smith (President and Chief Legal Officer de Microsoft, ndlr) avait déjà donné une première impulsion.

D P: Genève occupe-t-elle le centre des discussions sur le sujet? P M: Ce serait prétentieux de dire que nous sommes au centre. Nous sommes naturellement un centre de discussions, un épicentre. Nous


ENTRETIEN concordance, étonnamment et c’est paradoxal, entre la vision des grandes entreprises actives dans le domaine et celle des Etats. Les Digital Talks dépendront surtout de la volonté de ces Etats de s’investir dans ce domaine. Et puis, il y a une dimension humanitaire. Il existe une tradition genevoise avec le CICR: nous avons des traités de désarmement, des traités de non-prolifération d’armes nucléaires, mais nous n’avons rien sur le «désarmement numérique». Et il n’existe pas le début d’un traité dans le domaine des armes numériques.

D P: Pour en revenir à Genève et peut-être aussi à Lausanne, on a l’impression que certains décideurs sont favorables à la légalisation des drogues et d’autres à la répression. Ils se retrouvent peut-être entre deux chaises. Qu’en est-il exactement? P M: On est clairement dans un système de

sommes un canton où se concentrent passablement de risques, mais aussi passablement de moyens. Nous sommes naturellement appelés à jouer ce rôle de canton pilote pour toute une série de projets. Il importe à la fois de se montrer audacieux sur les technologies de l’information, tout en restant prudents sur leur encadrement et les risques afférents.

prohibition et c’est ce système-là qu’on applique. Par analogie, ce n’est pas parce qu’il y a prohibition de la violation des règles de la circulation routière qu’on ne les viole plus. Ce n’est pas parce qu’on a identifié un phénomène et qu’on lutte contre celui-ci qu’on va l’éradiquer totalement. Celui qui croit à une société sans drogues est un doux rêveur. La police lutte sur plusieurs fronts et elle lutte avec efficacité. Les saisies, nombreuses, sont là pour le prouver. Maintenant, si l’attente du citoyen est l’éradication totale du marché, je n’aurais pas d’autre issue que de le décevoir.

D P: Canton pilote en Suisse… Et par conséquent, la Suisse est-elle un pays pilote au plan international? P M: Nous espérons être davantage qu’un pays

D P: Mais à Lausanne la population en a marre de ce problème envahissant des dealers de drogue. Qu’en pensez-vous? P M: Je la comprends. Un seuil de tolérance a

pilote, parce que nous ne nous contenterons pas de faire nos expériences en Suisse. Nous sommes un pays qui a une tradition d’accueil des organisations internationales et qui est un terreau pour celles-ci. Donc, s’il y a des discussions sur une nouvelle agence onusienne en matière de régulation d’internet, nous pouvons faire en sorte que cela se passe ici, car tous les acteurs sont déjà présents. De surcroît, nous sommes en terrain neutre.

été franchi à Lausanne. On l’a connu à Genève, mais il est redescendu. Maintenant, cela revient de manière cyclique. Ce qui me frappe dans ces débats, c’est que l’on oublie systématiquement de s’interroger sur les consommateurs. Une simple analyse des eaux usées en produits stupéfiants révèle une progression assez substantielle, notamment de la consommation de cocaïne. Mais pour Genève, je considère que la situation est sous contrôle, même si ce n’est pas encore satisfaisant. Nous avons des effectifs et des moyens mis en regard d’une situation qui est connue et sur laquelle nous maintenons une certaine pression. I

D P: En l’occurrence, qu’est-il ressorti de ces Digital Talks? P M: Pour le moment, une volonté confirmée et avérée de la part des entreprises privées d’avoir un cadre régulatoire clair et appliqué. Mais c’est une volonté qui est plus difficile à percevoir de la part des Etats. Notamment parce que les grands Etats, et je pense ici particulièrement aux EtatsUnis, sont sur des préoccupations complètement différentes. Si l’un des enjeux est la neutralité du web: est-ce qu’on la maintient ou pas? Pour eux, la réponse est non. Donc il n’y a pas forcément de

La SUITE de notre INTERVIEW sur

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Ils ont choisi Dossiers Publics pour le dire.

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Dossier: état des eaux

L’Etat du Jura se doit d’être exemplaire

Luc Barthassat

Dominique de Buman LE PDC EST OUTILLÉ POUR AIDER LA CLASSE MOYENNE

Créer l’habitude de collaborer sur des projets transversaux

4

numéros / an + hors série

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TOURISME Genève face à un changement de ton, de rythme et d’échelle

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À LA UNE PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL CLAIVAZ

En Valais, les chantiers se comptent en milliards de francs Interview du Conseiller d’Etat Jacques Melly, chef du Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement, au sujet des projets mammouths qui s’échelonnent entre lac Léman et Glacier du Rhône: autoroute, troisième correction du Rhône, assainissement des sites industriels, LAT, notamment. Dossiers Publics: Pour quelle date est prévue l’ouverture définitive de l’autoroute dans le Haut-Valais? Jacques Melly: Actuellement, à l’exception de la traversée du Bois de Finges, tous les tronçons de l’autoroute A9 dans le Haut-Valais sont en phase de construction ou d’exploitation. Les travaux de construction de la tranchée couverte de Rarogne ont débuté au printemps de cette année et environ 80% des travaux de bétonnage dans le tunnel de Viège sont terminés. En outre, le percement des deux galeries du tunnel de Riedberg est en cours. Il est toutefois difficile d’avancer une date d’ouverture de l’ensemble de l’autoroute A9 entre Sierre et Brig-Glis. Forts de nos expériences passées, nous savons que cela dépendra de nombreux facteurs. Ce qui est certain, c’est que tous les acteurs du projet travaillent jour après jour pour faire en sorte que la construction de l’autoroute A9 s’achève le plus rapidement possible.

Jacques Melly Conseiller d’Etat, chef du Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement

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À LA UNE D P: Quel sera l’apport d’une A9 complètement utilisable entre le Valais romand et le Haut-Valais? J M: A une échelle locale, la réalisation de l’A9 dans le Haut-Valais constitue un enjeu majeur de notre cohésion cantonale, car notre canton vit au quotidien le défi de faire cohabiter plusieurs langues et plusieurs cultures dans une seule entité politique. Une fois l’A9 achevée, l’industrie et le tourisme de notre canton pourront s’appuyer sur une infrastructure routière adaptée, efficace et moderne. Nous investissons ainsi dans notre avenir et celui de nos enfants. De plus, n’oublions pas que l’A9 a l’ambition d’être, aussi, un instrument de mobilité au service de la Suisse et de l’Europe. Elle contribue d’ailleurs à placer le Valais au cœur de ce dispositif en reliant les grands pôles économiques et industriels européens.

D P: Le conseil d’Etat est-il satisfait de l’évolution du dossier de l’assainissement du site pollué dans les environs de l’usine Lonza à Viège? J M: Depuis l’accord sur les coûts, le traitement du dossier mercure s’effectue de manière beaucoup plus sereine. Actuellement, il s’agit d’un dossier impliquant une collaboration étroite entre le Service de l’environnement, les citoyens concernés, les spécialistes chargés du projet et les personnes en charge chez Lonza. Outre de nombreuses séances, le traitement des résultats des très nombreuses investigations et le suivi des travaux d’assainissement sont assumés avec professionnalisme et efficacité.

avons ainsi pu tester passablement de méthodes différentes et développer un savoir-faire considérable dans les domaines de l’investigation et de l’assainissement des sites contaminés.

D P: Le canton s’est doté en début d’année d’une nouvelle loi sur les constructions. Quels sont les changements majeurs apportés? J M: La nouvelle législation sur les constructions (loi et ordonnance cantonales) est entrée en vigueur le 1er janvier 2018. Elle met en œuvre les objectifs de l’aménagement du territoire, en particulier la densification de qualité. Elle actualise la répartition des compétences entre autorités communales et cantonales et adapte les prescriptions matérielles telles que les hauteurs et les indices. Surtout, la nouvelle législation précise la compétence de la Commission cantonale des constructions (CCC) pour les projets communaux et l’habilite à statuer sur les projets situés en zone de mayens. La CCC instruit désormais ces dossiers dès le début de la procédure, c’est-àdire lors de la réception et de la mise à l’enquête publique. Les communes maintiennent leur compétence en zones à bâtir et disposent dorénavant d’une plus grande marge de manœuvre dans la détermination des prescriptions matérielles. Une fois que le nouveau Plan directeur cantonal ainsi que la loi d’application sur l’aménagement du territoire seront en force, en 2019, les autorités compétentes en matière de droit public de la construction disposeront des outils nécessaires et pourront adapter les dispositions communales en matière d’aménagement du territoire et de construction.

D P: Dans ce contexte, comment évoluent les demandes d’autorisation de construire? J M: Depuis le 1er janvier 2018, le Secrétariat cantonal des

Jacques Melly, un homme de terrain.

D P: Quelles leçons le canton tire-t-il des assainissements de sites industriels qu’il a conduits sur le territoire: Lonza à Viège, Alusuisse à Steg et Chippis, la décharge du Pont Rouge à Monthey? J M: Dans les domaines de la chimie et de la métallurgie l’héritage industriel remonte à des activités qui se sont déroulées durant tout le 20e siècle dans six régions distinctes réparties le long de la plaine du Rhône. A cela s’ajoute encore le site de la raffinerie de Collombey. Les sites pollués en relation avec l’industrie lourde y sont nombreux et requièrent presque tous un assainissement. D’importantes mesures de confinement, d’excavation et de traitement in situ ont été mises en œuvre de telle sorte que les conditions favorables à une protection des ressources en eau potable soient rétablies. Nous

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constructions et police des constructions (SeCC) a ouvert 2074 nouveaux dossiers (Etat au 23 juillet 2018). Actuellement, 2286 dossiers sont en traitement auprès du SeCC, dont 1021 découlant de la compétence de la Commission cantonale des constructions (CCC), 527 découlant de la compétence des communes et 738 dossiers de police des constructions découlant de la compétence de la CCC. En comparaison sur les quatre dernières années, la hausse du nombre des dossiers se chiffre en moyenne à 5.95%. Depuis le changement législatif, le SeCC répond à des sollicitations multiples au bénéfice des communes et/ou des privés, ceci en lien avec le dépôt d’un dossier de demande d’autorisation de construire, des demandes de compléments d’informations, de documents, etc.

D P: Que se passera-t-il avec l’aménagement du territoire? Y aura-t-il assez d’hectares disponibles pour la construction, suite aux réductions importantes de terrains constructibles induites par la LAT? J M: Selon l’art. 15 LAT, les zones à bâtir qui dépassent les besoins pour les 15 années suivantes doivent être réduites. Le canton du Valais a toutefois introduit la notion de périmètre d’urbanisation qui comprend les surfaces de zones à bâtir nécessaires aux besoins prévisibles pour les 25 à 30 prochaines années. Ce périmètre d’urbanisation devra être délimité par chaque commune, sur la base de ses options de développement territorial et de la croissance projetée


À LA UNE proposant des produits locaux. La 3e correction du Rhône c’est d’abord la sécurisation de la plaine, mais c’est aussi un fantastique projet territorial au service de la population.

Quels sont les enjeux et les principaux défis à relever aujourd’hui? J M: Les enjeux sont principalement liés à

Redonner au Rhône son lit naturel.

Etapes principales de Jacques Melly,

Le conseiller d’Etat valaisan Jacques Melly vient du district de Sierre. En 1992, il est conseiller municipal PDC (parti démocrate-chrétien) de la ville de Sierre. Il est député du Grand Conseil valaisan en 2005. En 2009, il est élu au gouvernement du canton du Valais et dirige depuis le département des Transports, de l’Équipement et de l’Environnement. Le 5 décembre 2013, il devient président du Conseil du Léman. Le 19 mars 2017, il a été réélu Conseiller d’Etat valaisan pour la troisième fois consécutive.

La nouvelle LAT demande que le développement de l’urbanisation soit orienté vers l’intérieur du milieu bâti. Jacques Melly

de sa population ainsi que de ses emplois, en tenant compte des données disponibles les plus récentes. La réduction des zones à bâtir ne touchera que celles dépassant le périmètre d’urbanisation. Le canton conservera dès lors suffisamment de terrains constructibles pour répondre à la croissance de sa population et de ses activités économiques.

D P: La nouvelle LAT permettrat-elle une meilleure conservation des valeurs naturelles et des espaces verts? J M: Effectivement. Car en plus d’exiger une séparation claire entre les zones urbanisables et non urbanisables du territoire, la nouvelle LAT demande que le développement de l’urbanisation soit orienté vers l’intérieur du milieu bâti. Cette densification des zones urbanisables, souvent sous-utilisées en Valais, a pour objectif de lutter contre le mitage du territoire et permet d’éviter, ou du moins de réduire fortement, le grignotage progressif des terres agricoles et des espaces verts. Le Plan directeur du canton du Valais précise par ailleurs que toute nouvelle mise en zone à bâtir doit être exceptionnelle et ne peut porter atteinte aux continuités paysagères et agricoles régionales, de même qu’aux espaces ouverts.

D P: La troisième Correction du Rhône (R3) permettra-t-elle d’améliorer l’environnement naturel et la qualité de vie? J M: Oui, et de manière déterminante. Nos villes se rapprochent et les poumons verts diminuent. L’élargissement du Rhône va permettre non seulement de restituer aux Valaisannes et Valaisans un espace public de près de 2000 hectares, mais aussi d’améliorer la mobilité et le paysage dans la plaine. Imaginez des balades à vélo le long du fleuve réaménagé, une incursion sur un banc de gravier posé par le Rhône et une virée dans une ferme voisine

l’échelle du dossier. Politique d’abord puisque l’on doit coordonner les trois niveaux fédéraux, cantonaux et communaux, géographique ensuite puisque R3 s’étend sur 160 kilomètres, et temporel finalement car nous parlons de plus de 30 ans de travaux. A cela s’ajoutent les enjeux liés aux coûts, aux pertes de surfaces et aux opportunités gigantesques liées à cette occasion unique de repenser la plaine. Tout est à faire avec la 3e correction du Rhône. Il n’y a rien de comparable. C’est passionnant.

D P: Les stations de montagnes sontelles de nouveau une source d’espoir, grâce à ce dernier hiver enneigé? J M: Notre politique de développement économique positionne le Valais comme un canton doté d’un tourisme fort durant les quatre saisons. Il s’agit ainsi de favoriser la transition vers un tourisme moins dépendant de la neige, de valoriser et d’améliorer la compétitivité des remontées mécaniques en toutes saisons. Conscient de cet enjeu, le Grand Conseil valaisan a d’ailleurs accepté, lors de sa session de mai 2018, la loi sur l’encouragement aux remontées mécaniques, créant du même coup un nouveau fonds dédié à ces sociétés. Cette loi favorise notamment le développement de liaisons plaine-montagne ou la réunion de deux domaines skiables. Les sociétés de remontées mécaniques innovent elles aussi pour attirer et fidéliser une clientèle sur la durée, en proposant des abonnements, comme par exemple le Magic Pass, à prix réduit. Par ailleurs, nous attachons une grande importance à la gestion des dangers naturels afin d’assurer l’accessibilité aux vallées latérales, mais surtout la sécurité des résidents comme des hôtes de nos stations. Notre canton est un appartement témoin et nous développons constamment de nouveaux outils performants. L’ensemble permettra sans aucun doute aux stations touristiques de continuer à jouer un rôle moteur, été comme hiver, au bénéfice du tourisme et de l’économie de notre canton. I

DOSSIERS PUBLICS 3/2018 2/2018

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CAHIER SPÉCIAL

Architecture & Ingénierie Regards croisés sur la culture du bâti, son évolution, son enseignement et les réflexions en cours.

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Héritage /

Villa Savoye, 1931 – Le Corbusier.

Que reste-t-il de l’idéologie Le Corbusier, 50 ans après sa mort? Pour les uns, Le Corbusier a placé l’architecture au niveau de l’art. Pour d’autres, il est le premier architecte global dans sa réflexion et sa pratique. D’autres encore jettent un regard sombre sur le personnage.

L

e Corbusier s’est noyé en mer, le 27 août 1965, mais son œuvre lui survit. «Parce qu’il n’est pas un simple architecte, c’est une grande figure de la culture du XXe siècle», estime l’historien Jean-Louis Cohen. «Outre l’architecture, il y eut aussi l’écriture ou la peinture». Né à La Chaux-de-Fonds en 1887, naturalisé Français en 1930, Charles-Edouard Jeanneret doit notamment sa renommée à son énoncé des 5 points d’une architecture nouvelle – pilotis, toit-terrasse, plan libre, façade libre et fenêtre en longueur. Il invente un nouveau langage et l’architecture fait un bond considérable. Le Corbusier subit toutefois les effets de ses propres déclarations et provocations. Dans le sillage du vibrant éloge funèbre d’André Malraux proclamant: «Le Corbusier a changé l’architecture

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– et l’architecte», Jean-Louis Cohen voit plutôt, avec le recul et les critiques adressées à l’encontre de l’œuvre du Corbusier, «celui qui, aux yeux de l’opinion, porte sur ses épaules la responsabilité des grands ensembles et des périphéries dégradées, la responsabilité de la modernisation tout entière, y compris ses aspects oppressants et parfois violents»!

Que reste-t-il de ses idées sur l’urbanisme?

Le Corbusier a changé l’architecture – et l’architecte André Malraux

Selon le regard de l’historien, ses idées ne soulèvent plus guère d’intérêt. «Certes, des villes nouvelles, on continue d’en construire, et en grand nombre, en Chine. Mais aujourd’hui, ses généralisations rhétoriques, ses discours sur la clarté de l’organisation urbaine paraissent bien datés. Le Corbusier, qui prônait la séparation des fonctions, a négligé celle, fondamentale, de l’échange. On sait pourtant que les villes se sont constituées autour des marchés»!


Héritage

Toblerone House, Studio mK27 – Marcio Kogan São – Paulo, 2011.

Quel apport lui reconnaître aujourd’hui? Toujours selon Cohen, «Le Corbusier a élaboré un langage architectural que plusieurs générations successives ont ensuite consommé. Et ça continue! Il a donné naissance à une descendance des plus multiples, à commencer par la plus vulgaire, celle du néo-corbusianisme des années 1960 aux Etats-Unis, qui s’est contentée de reprendre ses formes. Un mouvement analogue s’est dessiné en Europe dans les années 19701990. Si ce type de postérité a fleuri, c’est que ses bâtiments ont paru, à tort, facilement reproductibles». Au Brésil, l’idéologie corbusienne a trouvé une résonnance de grande ampleur à travers Lucio Costa et Oscar Niemeyer, les constructeurs de Brasilia. Il convient de leur associer le paysagiste Roberto Max Burle, à qui l’on doit également les promenades fantaisistes du bord de mer à Rio de Janeiro, et Sergio Rodrigues pour ses magnifiques meubles à l’influence moderniste. Si Niemeyer et Costa, les ambassadeurs du mouvement moderne brésilien, se sont formés chez Le Corbusier, ils ont aussi canalisé et tropicalisé son influence, transmettant le témoin à la génération suivante dont Paulo Mendes da Rocha, en est l’illustre héritier (prix Pritzker en 2006). Les architectes brésiliens actuels, notamment Marcio Kogan, ne se gênent pas de le réinterpréter encore plus librement. I

Façade de l’architecte Ruy Othake, St. Paul Plaza Hotel, Brasilia.

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ENTRETIEN PROPOS RECUEILLIS PAR PAMELA CHIUPPI

La culture de la construction au centre de l’évolution Stefan Cadosch, président de la SIA, nous confie sa vision de la construction en termes patrimoniaux. Dossiers Publics: Qui est Stefan Cadosch? Stefan Cadosch: Je suis architecte à Zurich où j’emploie 9 collaborateurs, et président de la SIA à 50%. Ce qui m’anime réside dans l’apport culturel que représente la construction, une réelle valeur ajoutée pour notre pays. Je m’explique: les bâtiments et les constructions, plus généralement, sont ce qui reste gravé dans la pierre, dans l’histoire d’un pays. Le type de construction que conçoit et réalise un pays représente son patrimoine et témoigne également de son histoire politique. Par exemple, un pays vivant sous le joug d’un système dictatorial va le retranscrire au travers de bâtiments austères et pompeux, alors qu’une nation démocratique épanouie laissera la place à une expression créative et empreinte de fantaisie. Autre exemple, un petit village s’orientera vers des choix architecturaux fonctionnels pour sa communauté, édifiera des bâtiments qui s’harmonisent avec leur environnement. Cela renvoie des signaux indiquant que cette commune est prospère.

Stefan Cadosch Président de la SIA 60     DOSSIERS PUBLICS 3/2018


ENTRETIEN

Considérée ainsi, la culture de la construction va bien au-delà de la simple culture architecturale, puisqu’elle intègre tous les autres corps de métiers et aspects qui constituent son écosystème. Ainsi l’ingénierie a sa carte à jouer dans des questions sociales ou géologiques.

D P: Qu’est-ce qui vous motive particulièrement en tant que président à la SIA? S C: Entré en fonction en 2011, ce qui m’a tout de suite plu, c’est que le rôle de président requiert une vision globale des métiers qui forment le secteur de la construction. Cette approche holistique inclut la fonctionnalité, l’économie, l’écologie et la culture (selon une perspective sociétale). Au quotidien, j’incarne ce rôle avec autant d’optimisme que de sérieux, en ayant particulièrement à cœur d’insuffler cette approche de la plus-value culturelle dans la manière de construire. Elle intègre, en marge de la seule fonctionnalité d’un édifice, l’esthétisme qui le fera durer dans l’histoire d’un site, d’une ville, voire d’un pays. Cette volonté existait déjà à l’époque des hommes des cavernes, lorsque nos ancêtres nous ont transmis dans leurs peintures rupestres un narratif qui illustre toute une dramaturgie. L’Homme a toujours été en quête du beau. Il en témoigne toute la diversité d’expression que les architectes, les ingénieurs, et tous les corps de métiers qui les accompagnent, ont apporté à leurs réalisations à travers les âges. Qu’il s’agisse de savoir-faire ancestraux les plus mystérieux dans l’ancienne Egypte, ou dans la magnificence visuelle d’un édifice au design futuriste et toute la charge émotionnelle qu’il peut provoquer. Voilà ce que j’appellerais une prestation culturelle. Rassembler tous les acteurs principaux du bâtiment est une volonté fondamentale de notre association. Chaque corps de métier a son cahier des charges et ses problématiques spécifiques. Se rassembler autour d’une table est la clé: seul, on ne peut pas changer grand-chose. Notre association pèse suffisamment pour faire pencher la balance lors de décisions ou votations. Nos actions groupées gagnent en impact, elles sont capables d’influencer l’opinion publique et de faire bouger les choses. A mes débuts au poste de président, j’ai vite constaté le nombre foisonnant d’instruments, d’outils et d’évènements dont nous disposions. J’ai collaboré à leur organisation, à la mise en place de divers autres aides et supports, de mettre ma pierre à l’édifice de l’association SIA, ce qui m’a valu la reconnaissance de mes membres pour la somme de travail et l’énergie fournie.

Habitation individuelle à Villarlod (FR), Index Architectes Sàrl à Romont /Gex et Dorthe Ingénieurs Consultants Sàrl.

Sur le sujet de l’énergie, notre association a été très engagée en termes de lobbying, en prévision de l’importante votation sur la transition énergétique à l’horizon 2050. Stefan Cadosch

D P: Quels sont les sujets brûlants de la SIA? S C: A la base, la SIA a trois axes principaux à traiter: l’énergie, l’aménagement du territoire et de la digitalisation, en marge du jubilé des 10 ans des Journées SIA. L’association, qui existe depuis environ 180 ans, est très engagée politiquement depuis une dizaine d’années. Elle contribue à pousser des sujets importants, au lieu d’attendre que les sujets fassent leur chemin auprès des autorités. Sur le sujet de l’énergie, notre association a été très engagée en termes de lobbying, en prévision de l’importante votation sur la transition énergétique à l’horizon 2050. Nos différentes commissions ont travaillé dur sur l’élaboration de propositions concrètes et faisables et pour aller vers une société plus durable. L’aménagement du territoire est l’un des plus importants défis de notre époque en Suisse, vu la surface restreinte de notre territoire, car il y a de moins en moins de terrains libres à allouer à la construction. Cet espace confiné et diffus offre assez peu de possibilités, ce qui mène à une densification depuis l’intérieur des villes. Les limites entre les villes disparaissent peu à peu. L’ensemble de ces facteurs amène inévitablement le sujet de la consommation énergétique sur le tapis. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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ENTRETIEN tous les acteurs de la culture dans un grand projet et la culture de la construction est devenue un secteur à part entière de la culture de notre pays. Le jubilé des 10 ans des Journées SIA n’a pas été un grand évènement hypercentralisé. Chaque section cantonale avait la liberté de mettre en place ce qu’elle voulait en fonction de ses ressources et ses objectifs (performance ou créativité). L’idée générale suggérée était d’illustrer, par des exemples concrets et par des visites, comment la culture de la construction est intégrée aux différents projets de construction dans leurs cantons. Mieux vécu qu’un concept imposé, ce type de projet décentralisé permet d’obtenir un résultat bien plus vivant, que les sections animent à leur manière individuelle, chaque action convergeant dans un but commun de sensibilisation à la culture de la construction.

D P: Selon vous, comment arrivera-t-on satisfaire les défis de la transition énergétique à l’horizon 2050? S C: Les bâtiments représentent la moitié de

Une halle orientée sur le paysage à Vicques dans le Val Terbi (JU), Communauté d’architectes BURRI et Partenaires sarl + ARCHES 2000 SA, Delémont. ©: Pascal Burri

La culture de la construction est devenue un secteur à part entière de la culture de notre pays. Stefan Cadosch

La digitalisation n’est pas seulement un nouveau terme à la mode, le phénomène est devenu incontournable dans notre profession. Ces changements se reflètent dans la manière d’exercer notre métier et nous passons beaucoup de temps sur l’ordinateur. Le futur est partout, il s’empare de la rue et des immeubles d’habitation, ce qui complexifie la conception des bâtiments, voire des quartiers, ce qui a amené vers la méthode de planification BIM. Des simulations en réalité virtuelle, des modélisations par imprimante 3D, l’intégration des aspects domotiques toujours plus robotisés sont devenus notre quotidien. L’avantage de BIM est de pouvoir visiter sa maison avant même qu’elle ne soit construite. Sur ce modèle numérique, il est possible de corriger les erreurs avant de les constater sur le terrain, ce qui évite des surprises budgétaires parfois considérables. A la synthèse de ces trois éléments phares que je viens d’aborder, j’ajouterai mon ingrédient personnel qui est la culture de la construction. La Confédération s’est aperçue, il y a 6 ans, que la notion de culture ne tenait pas compte de la culture de la construction, mais uniquement le patrimoine. En 2016, en partie grâce à nos efforts de lobbying, elle a décidé de regrouper

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la consommation énergétique en Suisse. Les architectes portent la responsabilité, car ils opèrent sur un champ de possibilités multiples dans le cadre des dispositions légales et avec un potentiel créatif d’innovation dont ils savent faire bon usage. La tendance va vers le fait de produire de l’énergie, pour s’éloigner des énergies fossiles. L’objectif à atteindre, serait que 50% des bâtiments produise sa propre consommation d’énergie. L’idée est de rendre notre pays moins dépendant des énergies étrangères, une enveloppe de 10-12 milliards de francs qui pourrait être rapatriée via l’autoproduction.

D P: Les architectes et ingénieurs ont-ils embrassé le défi? S C: Les acteurs de la construction sont nombreux sur un projet, et même si les commanditaires et architectes sont versés vers la durabilité, les chantiers s’inscrivent toujours dans un cadre économique et temporel à respecter. Les avantages de la transition vers des bâtiments durables et rentables énergétiquement parlant sont nombreux, comme en témoignent les différents projets lauréats du Prix Solaire Suisse 2017 qui affichent des records solaires mondiaux entre les bâtiments à énergie positive (BEP). Par exemple, le centre de glace et de football TISSOT Arena, à Bienne (BE), dispose de l’infrastructure solaire la plus étendue jamais intégrée à un site sportif de ce type. I

www.sia.ch


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Vision / PAR PAMELA CHIUPPI

Vision architecturale globale au service d’une société diversifiée Les enjeux environnementaux, économiques et sociétaux de notre époque demandent à assouplir les dictats académiques, des normes inflexibles aux concepts standardisés.

F

lorinel Radu est à la fois architecte et urbaniste. Son parcours illustre le lien naturel entre ces disciplines pourtant longtemps considérées séparément. Rencontre avec cet enseignant actif dans un contexte de recherche appliquée et de développement durable, pour un habitat le plus adapté à l’environnement et à ses usagers.

Dossiers Publics: Quelques mots sur votre parcours? Florinel Radu: Roumain d’origine, naturalisé Suisse, j’ai étudié l’architecture et l’urbanisme à l’université de Bucarest, partant du postulat que ces deux dimensions sont liées. J’y ai enseigné et accompli mon doctorat, puis je suis venu en Suisse travailler à l’EPFL pendant 4 ans. Depuis 2005, j’enseigne à la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HES-SO) en tant que Professeur HES. J’ai contribué à la mise en place du programme de Master dans lequel je dispense mes cours. Je suis aussi responsable de l’Institut d’architecture «TRANSFORM» où je mène des recherches interdisciplinaires sur (l’architecture, l’ingéniérie, l’économie, la sociologie, le paysagisme, etc.) notamment pour ce qui touche l’interaction entre lieux et usagers, un domaine où l’humain est central.

D P: Quelle est votre vision de l’architecture actuelle et de son enseignement? F R: L’humain a longtemps été considéré de manière générique et abstraite, comme si nous étions pareils, donc tous avec les mêmes besoins. Aujourd’hui, nous allons plus loin, en étudiant plus en profondeur les préférences des usagers, leurs façons d’habiter, de travailler, de s’exprimer et de se divertir, dans le but de tendre vers une meilleure

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compréhension de l’humain dans l’espace. Notre institut fait partie du «smart living lab» depuis le début et occupe des bureaux à la Blue Factory, à Fribourg.

Florinel Radu.

La notion d’écosystème est centrale pour notre école. Tout le monde parle de développement durable, d’énergie, etc. Beaucoup d’argent est investi, mais très peu d’actions dépassent un seul domaine (économie, écologie, société). Nous cherchons à comprendre la complexité qui nous entoure, avec toutes ses interactions. On vit dans un système de relations, de lieux et d’activités qui nous structurent et nous permettent de nous positionner. Nous rendons visible leurs connexions sous la forme d’une réalité globale. Notre approche pédagogique s’éloigne de l’élitisme, avec une vision d’écosystème plus large et inclusive, où chacun à sa place. Pour nous, il n’y a pas de hiérarchie de principe. Chacun a sa propre légitimité. Pour se détacher des idéologies, il faut faire fi des a priori et se dégager de leurs influences. L’enseignement est le point de départ pour comprendre le potentiel de l’étudiant et l’aider à trouver sa propre voie.

L’humain a longtemps été considéré de manière générique et abstraite, comme si nous étions pareils, avec les mêmes besoins. Florinel Radu

D P: Quels sont les piliers d’une formation HES-SO en architecture en 2018? F R: Nos deux formations professionalisantes, le Bachelor et le Master, sont conditionnés par les principes liés à l’institution HES-SO. Le bachelor enseigne les bases du métier. Une approche très concrète qui se focalise sur le fonctionnement des bâtiments, les aspects techniques et culturels, voire artistiques. Il est important qu’après trois ans d’études, tous les diplômés de niveau bachelor puissent déjà travailler dans un bureau.


Vision

Au niveau master, nous créons les conditions pour développer une réflexion plus large et questionner les choses. Cela donne de très bons résultats en cinq ans. J’ai participé dès 2005 à l’articulation de ces deux cycles de formation. Je suis convaincu de leur pertinence. Depuis 2005, le master se fait en collaboration avec la Berner Fachhochschule et l’HEPIA de Genève.

D P: Quels types de personnes optent pour cette formation? F R: La population des étudiants a connu une mutation. En 2005, il y avait au bachelor 4 à 5 filles sur 60 étudiants, la plupart avec une maturité professionnelle. Aujourd’hui, 30 à 40% ont une maturité gymnasiale, et les filles représentent environ 50% des élèves. Leurs aspirations et comportements ont aussi évolué vu les moyens restreints de certaines familles et des étudiants qui travaillent en parallèle. C’est une population plus liée à la réalité. 20% des diplômés continuent avec le master, les autres entrent dans la profession, souvent par manque de moyens. Pour le master, certains étudiants sont tout juste diplômés et d’autres déjà au bénéfice d’une expérience professionnelle. Notre école rayonne sur Fribourg, Berne et Genève, offrant ainsi une belle diversité culturelle.

Atelier avec des étudiants en architecture.

D P: Vous êtes responsable de l’institut d’architecture TRANSFORM, quelques mots sur votre expérience? F R: C’est une opportunité extraordinaire. On a construit l’institut TRANSFORM en parallèle au smart living lab qui s’intègre dans la globalité du projet. La recherche appliquée et le développement, spécialité de la formation HES, vise à appliquer des nouvelles connaissances dans des actions qui influencent la réalité. Cette posture complète celle de l’EPFL et de l’UNI FR, plus proches de la recherche fondamentale. Nous faisons la transition vers la réalité avec des partenaires de terrain, en étant sensibles à leurs besoins.

D P: La créativité des architectes est-elle bridée ou plutôt stimulée par les impératifs fonctionnels, comme l’efficacité énergétique? F R: Depuis toujours, l’architecte a dû compo-

D P: Comment voyez-vous l’architecture durable à l’horizon 2050? F R: L’habitat sera plus diversifié, car les îles

ser avec les contraintes (structure, climat, budget, etc.) pour arriver à un cadre de vie cohérent. Cela requiert une vision globale, systémique et qualitative. Aujourd’hui, les contraintes émanent d’un cadre formel de normes qui ne s’inscrivent pas dans une globalité. Les étudiants en master développent un regard critique, se questionnent, se positionnent et recherchent des solutions aux défis posés par certaines contraintes.

«monoprofils» ne peuvent pas être durables. Il y aura une culture multiple, intégrant zones industrielles et zones d’habitat, des formes de travail plus proches et intégrables. Des espaces où logement, loisirs, culture et travail se côtoieront. Inutile de vouloir modéliser l’écoquartier standard idéal. Il n’y en a pas. L’écoquartier idéal est celui qui profite des qualités et contraintes du lieu mais aussi de l’environnement dans lequel il s’inscrit. I

D P: L’architecture va-t-elle passer du design du bâtiment au design de quartiers entiers en termes de conception et de réalisation? F R: Oui absolument, c’est l’échelle sur laquelle nous travaillons le plus avec les étudiants. Les thèmes liés au «quartier durable» sont fondamentaux et déterminants. A ce niveau, on traite les enjeux personnels, familiaux et sociétaux mais aussi les interactions humaines et personnelles. La dimension humaine et donc bien présente. L’échelle du quartier est sans aucun doute la démarche la plus pertinente, puisqu’elle débouche sur une modélisation des interactions humaines, qu’elle œuvre en faveur des économies d’énergies et laisse l’espace pour l’intégration des activités économiques et culturelles. Ces questions aujourd’hui ont une résonnance particulière, me renvoyant à

mes débuts, lorsque j’étais professeur assistant en urbanisme à l’université de Bucarest, il y a 30 ans.

Dans le master, nous créons les conditions pour réfléchir, pour développer une réflexion plus large, pour questionner les choses. Florinel Radu

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Info / PAR PASCAL CLAIVAZ

DS SA maîtrise les stations de pompage Didier Steimer DS SA, c’est l’excellence dans les stations de pompage clé en main. L’entreprise offre la capacité de canaliser des mètres cubes d’eau à la seconde.

D

idier Steimer DS SA est issue d’une fusion ancienne avec une entreprise de tradition, celle de Samuel Mathez, qui avait ouvert ses portes en 1964 à Aïre. Ce bureau d’ingénieur spécialisé avait fourni du matériel de pompage à l’ensemble du territoire genevois durant 22 ans. Reprise en 1987 par Didier Steimer, elle est devenue depuis «Didier Steimer DS SA», la raison sociale actuelle. L’entreprise DS SA à Vernier/Genève se veut évolutive. Forte de 10 collaborateurs, elle est un bureau d’ingénieurs spécialisé dans le domaine des pompes toutes catégories. Depuis plus de 20 ans, elle est à même d’offrir des stations de pompage clé en main (conception et réalisation). Elle procède à des projets, études et calculs de dimensionnement. Elle est également spécialisée dans la résolution de problèmes hydrauliques, les systèmes de commande et de régulation, la réparation et les pièces de rechange. Le domaine de travail de DS SA s’applique aux pompes en général, pour des usages spéciaux, pour les eaux chargées, les eaux usées, ainsi que pour la chimie et l’industrie alimentaire, textile, pétrolière et pharmaceutique. Il faut également préciser que DS SA peut offrir ses services à tous. I

Didier Steimer DS SA est spécialisé dans la résolution des problèmes hydrauliques.

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www.ds-sa.ch


PAR LAURENT OVERNEY

/ Urbanisme

Genève: naissance d’une nouvelle ville dans la ville Dans le cadre de la table ronde «Quels développements pour l’économie locale et l’innovation dans le PAV» (quartiers de la Praille, des Acacias et des Vernets), organisée par le département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (ancien DALE) de l’Etat de Genève, il a notamment été question de la manière de «fabriquer» une nouvelle ville.

L’

immense secteur de la Praille, des Acacias et des Vernets (PAV), en plein cœur de l’agglomération, est un laboratoire urbain expérimental. Le projet PAV représente le plus grand potentiel de logements du canton de Genève. A terme, ce seront 12’400 appartements, des surfaces de bureaux, des places publiques et un parc de 6 hectares en bordure de la commune de Carouge qui verront converger et cohabiter travailleurs et résidents. Une opportunité de développement unique en plein cœur de la ville. Le PAV n’est pas un quartier, ce sont quatre quartiers et quatre ambiances, pour une nouvelle ville mixte. Le défi est à la mesure de l’ampleur de cette friche industrielle et artisanale composées d’éléments structurants tels que le centre commercial de la Praille, le Parking de l’Etoile, le stade de la Praille, l’hôtel adjacent avec son centre de convention, ainsi que les deux gares du Léman Express.

Depuis 2005 Yves Cretigny, directeur général de la Fondation pour les terrains industriels de Genève (FTI), rappelle que l’idée de la création d’une nouvelle ville a émergé en 2005. «Fabriquer une ville est un processus long et compliqué, surtout à Genève». Des concours d’architecture aux travaux des urbanistes, le caractère de chaque quartiers s’est clairement affirmé avec le temps. Les premières autorisations de construire ayant été délivrées, la mutation est déjà visible aux portes sud et ouest sur les chantiers des deux gares Léman Express et des nouveaux bâtiments qui les entourent. Au-delà de l’émergence d’une nouvelle ville, il s’agit également de construire une vie de quartier. C’est là que rentre en scène l’ingénierie sociale: le digital pour se connaître, l’organisation d’événements pour animer, des restaurants pour se rencontrer et partager. Ce qui fait le quartier, c’est aussi l’aspect associatif et ses activités. Dans le cas du PAV, la mixité des espaces favorise le co-working et la mutualisation de certaines infrastructures, dans une philosophie de partenariat public-privé et de droit de superficie. Le droit de superficie contribue à l’implantation de la mixité, notamment en exploitant les rez-de-chaussée de certains immeubles à des fins commerciales et sociales concertées.

Illustration de la nouvelle ville du PAV.

Vie culturelle Dans la phase de planification des quartiers, une attention toute particulière sera portée à la vie culturelle. Il est prévu de maintenir des espaces culturels existants mais aussi de créer de nouveaux espaces, notamment dans le quartier de l’Etoile avec sa place de l’Etoile qui accueillera le Palais de justice. Le projet prévoit des espaces ouverts, points de convergence de la scène culturelle du PAV. Créer des quartiers vivants et éviter de reproduire ce qui se passe dans les rues basses, tel est la volonté d’Antonio Hodgers, Chef du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE). Le Conseiller d’Etat a insisté sur les responsabilités de l’Etat vis-à-vis des entreprises intégrées dans la zone du PAV: «l’Etat devra être clair sur les délais de construction et offrir les conditions cadres les plus souples possibles». La question de l’accessibilité, donc du moyen de transport et du nombre de véhicules, invite à une réflexion sur le stationnement. «Les stationnements devront être mutualisés et répondre aux besoins des entreprises, mais dans des conditions de centre-ville». S’agissant d’un projet complexe et exigeant, déployé au cœur même d’une ville, le développement du périmètre PAV s’effectuera par étapes successives et se poursuivra le long des décennies à venir. Dans dix ans, on parlera de Grosselin, des Vernets, de l’Etoile et non plus du PAV. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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PAR PAMELA CHIUPPI

/ Vision

Les éléments-clés d’un bon concept architectural Quelques éléments de réflexion au cœur de l’enseignement d’une discipline aussi artistique que conceptuelle.

L

orsque l’on aborde des questions conceptuelles, il vaut mieux ne pas s’attendre à des recettes de cuisines prêtes à l’emploi. Voici les impulsions recueillies auprès de François Joss, chargé de cours à la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia), qui sont au cœur de son enseignement.

Quelle est l’intention? Un projet architectural, qu’il s’agisse de dessiner une table, de concevoir une nouvelle construction ou de valoriser un bâtiment existant, part toujours d’une intention précise. La clarifier dès le départ avec le donneur d’ordre permet de construire des fondements d’une collaboration entre le mandataire et l’architecte. Cela aidera à définir au plus juste le genre d’approche que l’architecte va employer pour amorcer sa conception. Savoir sublimer un lieu et être à même de transcender ce qui s’est déjà fait dans l’histoire de l’architecture fait partie de la culture approfondie qui est demandée aux étudiants en architecture. Il s’agit de questionner l’histoire de l’architecture tout en se documentant sur ce qui s’est déjà fait. Une manière à la fois très intellectuelle mais aussi très poétique de rendre un lieu meilleur à travers un projet artistique, une construction qui restera dans le temps.

François Joss, inspire ses élèves tout en les sensibilisant à l’importance de l’histoire de l’architecture.

schéma qu’elles forment ensemble qui confère une sorte de rythme au projet architectural. L’idée peut amener à valoriser un site existant par une construction, comme cela a été fait à Santiago de Compostelle. Toute forme d’art est incluse dans les influences architecturales.

Sans idée, pas de projet

Inspirantes contraintes

Des idées, tout le monde en a. La lecture de François Joss part du fait qu’un concept architectural comprend des composantes incontournables. Le projet s’articule autour d’un lieu précis, selon un thème prédéfini, et de ces éléments naît l’idée. Souvent, ce sont les lieux eux-mêmes qui inspirent les idées, leur situation géologique comme un terrain en pente ou la proximité d’une forêt, ou des éléments architecturaux du voisinage, comme la structure visuelle des maisons, par exemple, toutes très basses et éparses, ou le

«Au début de la réflexion, je conseille à mes étudiants de mettre de côté les contraintes pour laisser émerger l’idée», dit François Joss. Le brainstorming laissant place à différents axes d’approche d’un projet ou d’une thématique à résoudre, les contraintes s’invitent inévitablement à un moment de la réflexion. Parfois même, ce sont les défauts d’un lieu, comme un élément non déplaçable, qui finit par devenir un point central du projet. Dans le cas de la Maison des Etudiants, l’élément incontournable était la voie de chemin DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Vision

L’architecture, ou la recherche de l’équilibre entre rationalité et imagination. Illustration F. Joss/hepia).

de fer, à laquelle s’adosse finalement le bâtiment côté coursive, alors que les pièces à vivre sont orientées à l’opposé, loin du passage des trains. Le cadre à la fois moderne et industriel s’illustre dans le choix des matériaux comme le béton, à l’honneur également à l’intérieur des appartements.

Accompagner la création De la même manière qu’un médecin ausculterait un patient et écouterait son motif de consultation, l’architecte écoute en quelque sorte le projet. Ainsi, l’idée qui émerge peut révéler quelque chose sur l’intention ou l’interprEtation du thème d’un projet. L’intuition, elle aussi, a sa place dans ce processus créatif. Modeler l’existant demande toutefois de savoir rêver, tout en gardant les pieds sur terre. Enfin, lorsqu’il passe en phase de concrétisation, l’architecte doit être capable de tenir un cap avec constance, fort des principes fondamentaux parfois séculaires qu’on lui aura enseigné, sous les regards de Platon et d’Aristote. Toutefois, comme le souligne avec bienveillance François Joss, les ratés font aussi partie du jeu. Ils permettent de comprendre le processus de création, d’affiner son écoute, et surtout de rester humble.

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Provoquer une émotion Le métier d’architecte a cela de particulier qu’il requiert chez qui veut l’exercer des facultés techniques et conceptuelles approfondies, mais aussi un esprit artistique qui sait faire fi de l’ordre établi. Selon François Joss, il s’agit de laisser opérer le sentiment artistique, et pourquoi pas la magie, à travers les yeux et les doigts de l’architecte. Sa culture de l’histoire de l’architecture et des constructions déjà édifiées constitue un socle fiable et solide pour laisser libre cours à l’imagination. La beauté du projet à venir est un levier fort de motivation pour les étudiants. Et une fois l’édifice construit, la satisfaction de l’œuvre accomplie peut être source de joie pour quiconque sait regarder. I



Recherche / PAR SANDY MÉTRAILLER

Test grandeur nature pour de nouvelles pistes de construction Face aux défis de la transition énergétique suisse à 2050, le Smart Living Lab teste en grandeur nature les composants des constructions de demain.

L

Plus concrètement, «Le bâtiment du smart living lab a fait l’objet d’une recherche préalable permettant d’identifier les méthodes et recommandations pour atteindre en 2020 les objectifs 2050 de la société à 2000 watts.» dit Anne-Claude Cosandey, Directrice Opérationnelle - EPFL Fribourg et Coordinatrice smart living lab. «Un mandat d’étude parallèle va être lancé prochainement pour que des équipes pluridisciplinaires puissent concevoir un projet qui intègre ces récents développements. Ce bâtiment proposera une grande flexibilité dans sa conception, permettant le remplacement de certains composants et à des entreprises de venir tester certains développements, comme par exemple des systèmes de stockage de l’énergie ou de nouveaux vitrages. Ces entreprises pourront bénéficier d’un suivi scientifique de leur performance et de leur perception par les utilisateurs». Début des travaux en 2020.

a population suisse a décidé de réduire de moitié sa consommation énergétique à l’horizon 2050. Le monde académique s’enquiert des sujets de recherche qui gravitent autour de ce défi, pour trouver des solutions de construction à la hauteur de cet enjeu. Une occasion rêvée de rapprocher le monde de l’éducation, souvent qualifié d’abstrait, du terrain et de ses problématiques, aussi concrètes qu’urgentes.

Projet grandeur nature Réunissant l’EPFL, la Haute Ecole d’Ingénierie et d’Architecture de Fribourg et l’UNI FR, le projet smart living lab est une expérimentation de terrain sur laquelle collaborent des étudiants et des experts sous la forme d’équipes pluridisciplinaires pour des solutions innovantes dans le domaine de l’habitat. Ce centre de recherches permet d’expérimenter in situ les questions qui se posent, sur la base d’observations et de mesures tests, et de réunir un groupe de personnes aux compétences différentes et complémentaires pour réfléchir à la question de fond de l’habitat de demain. Les encadrants s’accordent à dire que l’opportunité d’expérimenter les différentes hypothèses et matériaux dans la vie réelle est une chance unique et une méthode pédagogique motivante et efficace qui mobilise plusieurs dizaines d’étudiants.

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Stocker les énergies renouvelables

La durabilité est au cœur de la construction du futur.

Une halle est mise à disposition pour effectuer une batterie d’expérimentations qui visent deux objectifs: le premier est d’imaginer le design de ce bâtiment du futur, et le deuxième est l’innovation, via des collaborations entre des partenaires économiques et les Hautes Ecoles. La finalité est d’optimiser l’utilisation des énergies renouvelables.


Recherche

Réseau énergétique et économie.

La problématique du stockage de l’énergie à l’échelle d’un bâtiment intéresse particulièrement l’équipe de smart living lab. Sur le toit de la halle, des panneaux solaires assurent la production énergétique, dont les nouvelles générations (blancs ou semi-transparents) vont permettre une meilleure intégration architecturale de ces dispositifs, jadis visuellement encombrants. Pour mesurer le confort, un prototype a été construit qui comprend deux pièces construites avec des matériaux différents. Le module est truffé de capteurs (température de l’air intérieur, température des murs) qui mesurent en temps réel l’efficacité énergétique de ces matériaux, tels que la brique, par exemple, qui est capable de stocker la chaleur durant la journée et la restituer pendant la nuit ou le bois.

La durabilité est au cœur de la construction du futur. «C’est autour de problématiques bien définies et de projets concrets que les chercheurs collaborent en couvrant des aspects économiques, sociaux ou environnementaux.» dit Anne-Claude Cossandey. «Il s’agit par exemple de développer des algorithmes et des interfaces qui permettent à un propriétaire de choisir à un moment donné, en fonction de critères environnementaux et économiques, s’il veut consommer, stocker ou vendre l’électricité produite par ses panneaux solaires. La vente peut se faire auprès d’un grand distributeur, mais aussi à son voisin.» Cette approche qui intègre les perspectives d’un écosystème complet assure une vision globale et durable. Elle témoigne d’une réelle évolution dans la perception de la construction et de sa place dans la société. I

Espace de bureaux modulaires de la blueFACTORY, Fribourg. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Vision / PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE BAUD

Marché de la construction: le vent en poupe Situation globalement positive en Suisse romande, en particulier sur l’Arc lémanique, où les activités sont très fortes.

A

vec l’ouverture de plusieurs chantiers d’importance, le marché de la construction en Suisse romande se porte globalement bien, comme le constate Enrique Zurita, président de la SIA-Vaud. Une bonne santé qui s’accompagne cependant d’une forte pression sur les prix et d’une inquiétude sur les conditions de travail.

Dossiers Publics: Quelle est la situation du marché en Suisse romande? Enrique Zurita: Elle est globalement positive, malgré des inégalités en fonction des régions. Sur l’arc lémanique, par exemple, les activités sont très fortes. Les cantons de Genève et de Vaud ainsi que le Chablais et, dans une moindre mesure les grandes agglomérations fribougeoises, connaissent des chantiers importants liés à la croissance démographique et aux renouvellements des infrastructures routières, mais également à la construction d’hôpitaux et d’écoles, notamment. Dans le canton de Vaud et rien qu’à Lausanne nous assistons à l’émergence de travaux d’envergure comme Plateforme 10, le site du futur quartier lausannois des arts qui comprendra le futur musée cantonal des Beaux-Arts (mcb-a), mais aussi un nouveau bâtiment pour le musée de l’Elysée consacré à la photographie et pour le mudac, dédié au design. Il y a également le chantier de la gare de Lausanne, dont le réaménagement est devisé à un milliard de francs au total et des nouveaux quartiers comme les Plaines du Loup dont les projets vont bientôt sortir de terre. Enfin, la construction dans le canton de Vaud bénéfice d’une hausse constante de la démographie depuis quelques années, ce qui entraîne, bien sûr, un besoin d’infrastructures adaptées.

D P: Ces chantiers sont-ils soumis à une forte concurrence? E Z: Il est certain que les entreprises subissent une vraie pression sur les prix. Les cantons limi-

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Enrique Zurita, Président de la SIA-Vaud.

trophes tels que Genève et Vaud doivent aussi faire face à une nouvelle forme de concurrence. Celle-ci ne se présente pas sous la forme d’un bureau d’architecte étranger qui viendrait démarcher en Suisse. Il s’agit davantage d’une concurrence entre bureaux installés en Suisse, mais qui sous-traitent à l’étranger une partie des prestations avec l’impossibilité de vérifier les conditions dans lesquelles le travail est effectué. Le canton de Vaud va se doter prochainement d’une nouvelle


Vision

convention collective à force étendue qui donnera un cadre légal identique à tous les bureaux d’architectes et d’ingénieurs travaillant dans le canton. A l’exemple du canton du Tessin, qui a déjà introduit une CCT, une concurrence plus saine devrait voir le jour.

Plateforme 10, le site du futur quartier lausannois des arts qui comprendra le musée cantonal des Beaux-Arts, le musée de l’Elysée et le mudac.

dant aux critères définis par la loi sur les marchés publics, il y a une mise en concurrence obligatoire et le meilleur projet ou la meilleure offre est retenue. Dans le cas de mandats d’architecture, le concours garantit l’anonymat et offre des avantages indiscutables en termes de diversité de projets et d’idées. Dans le cas de marchés privés la mise en concurrence est libre.

D P: L’écologie reste-t-elle une priorité? E Z: Oui, indiscutablement. Les efforts à

D P: Le BIM – Building Information Modeling – a pris une importance croissante ces dernières année. Quel est a été son impact? E Z: Il marque indiscutablement un grand chan-

Mais aujourd’hui, la réalité est que la plupart des projets d’importance sont réalisés avec une maquette BIM. On peut utiliser le BIM de manière basique ou très pointue, mais cet outil est par-

D P: Vers quel style de bâtiments s’oriente-t-on? E Z: Les grandes façades vitrées semblent laisser la place à quelque chose de plus minéral et de plus sobre. Le bois apparaît de plus en plus souvent lors de la conception de projet. Les bâtiments de quinze étages et plus sont toujours encore assez rares en Suisse. Ils sont encore trop souvent associés à l’image d’une tour, dans une vision un peu dévalorisante de ce style d’édifice. Cela dit, la Suisse reste un pays où la qualité architecturale est bien présente même si elle se montre parfois un peu trop traditionnelle alors qu’il peut être bénéfique pour un pays d’avoir des bâtiments emblématiques forts.

D P: La concurrence touche-t-elle de la même manière les marchés publics et privés? E Z: Oui. Dans le cas de marchés publics répon-

gement. Jusqu’à présent, l’architecte faisait le plan en intégrant les informations des différents corps de métier. Aujourd’hui, avec le BIM, on travaille sur une maquette en 3D, déposée sur un serveur et accessible à tous les intervenants qui peuvent y ajouter leurs informations au fur et à mesure de l’avancement du projet. Ce système, s’il est bien utilisé, peut être très efficace, mais il demande un investissement financier important pour les bureaux, alors qu’ils sont déjà mis sous pression avec les prix. Par ailleurs, il faut aussi former les collaborateurs à cet outil.

ticulièrement bien adapté aux projets relevant d’une grande complexité.

consentir sont encore très importants même si nous sommes déjà allés très loin avec les normes environnementales et les certifications diverses. Actuellement, la question s’oriente vers une approche plus globale où l’énergie grise, la durabilité et le recyclage des matériaux entrent en ligne de compte.

D P: Le savoir-faire suisse en architecture et en ingénierie est-il toujours plébiscité à l’étranger ? E Z: Oui, car les formations sont très bonnes

La construction dans le canton de Vaud bénéfice d’une hausse constante de la démographie. Enrique Zurita

et les architectes et les ingénieurs suisses sont reconnus pour leur minutie et le soin apporté aux détails. Ce savoir-faire s’exporte bien, mais il faut s’investir davantage dans la formation des jeunes pour sauvegarder ce savoir-faire. Les grandes écoles investissent dans la formation des nouvelles technologies de pointe, ce qui se traduit par un léger désintéressement des jeunes pour les disciplines de la construction. I DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Minergie / PAR SANDY MÉTRAILLER

Formaliser et qualifier l’évolution de la construction Précurseur des normes d’habitat de demain, Minergie fête ses 20 ans. Bilan d’un écosystème romand au service de l’efficacité énergétique.

L’

heure est au bilan. Entretien avec Nelson Fuentes, responsable du pôle technique du Bureau EHE SA à Yverdon, responsable de la certification Minergie en Suisse romande.

rons avec les principaux acteurs de la transition énergétique (Suisse Energie, Minergie, Swisssolar) et contribuons à des évènements tels que Rénover Futé (mandat de la Conférence Romande des Délégués à l’Energie) et Les Journées du Soleil (mandat de la SSES). Nos trois experts internes traitent les questions de certification énergétique CECB.

Dossiers Publics: L’Association Minergie dont vous êtes le responsable romand, a fêté ses 20 ans. Quel bilan en a-t-il été tiré? Nelson Fuentes: Minergie est un fer de lance de la politique énergétique. En allant au-delà des exigences légales, Minergie prouve qu’il est possible de réaliser des bâtiments plus performants. Les autorités s’alignent ensuite à ces exigences accrues qui deviennent alors le standard. Par exemple, le défi Minergie 2017 avait pour objectif le respect des exigences du MoPEC 2014 (modèle de prescription énergétique des cantons), un package de base de lois communes à différents cantons, qui n’était pas encore en vigueur. Suite à ce défi, l’office romand de certification avait reçu, en 2017, 980 demandes de certificats, tous labels confondus.

Nelson Fuentes est le responsable de l’antenne romande de Minergie. ©: Bureau EHE SA)

EHE est l’abréviation d’Energie Homme Environnement. Basé depuis 2006 à Fribourg, notre cabinet s’est relogé au Centre St-Roch à Yverdon il y a 2 ans, auprès de la HEIG-VD, un rapprochement stratégique en termes d’écosystème. Nous opé-

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D P: La santé est un aspect souvent négligé dans le concept de durabilité. N F: Le projet bâti-santé Suisse Romande met l’accent sur la pollution de l’air intérieur. Le groupe initiant est composé de représentants de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR), de Losinger Marazzi, du Bureau EHE SA et d’Amstein+Walthert, avec le soutien expert de Médieco en France. La conférence «Concevoir, construire et exploiter un bâtiment sain», le mardi 6 novembre 2018 à Lausanne, s’adresse aux professionnels de la construction et de l’immobilier.

D P: Quelle est votre vision de la transition énergétique et quel est le rôle du Bureau EHE SA dans ce contexte? N F: Je pars de l’idée que chacun mérite de se sentir bien chez lui, en faisant en sorte que les constructions soient saines, confortables et durables. Deux facteurs doivent être considérés, en termes d’impact. La raréfaction des ressources naturelles et le dérèglement climatique, dont la responsabilité nous incombe. Les statistiques de l’OFEN (Office fédéral de l’énergie) prouvent que le CO2 émis par les énergies fossiles entraîne le réchauffement, dont 50% est consommé par les bâtiments.

Nous effectuons des comparaisons d’installations solaires pour la plateforme d’information de l’Office fédéral de l’énergie, SuisseEnergie. Cet outil web permet à un particulier de soumettre 3 offres d’installateurs de panneaux photovoltaïques que nous étudions pour déterminer laquelle est la plus complète et en dispensant nos conseils.

D P: Les autorités romandes ont-elles répondu favorablement à cette nouvelle conception des bâtiments? N F: Certaines autorités comme le Canton de

Notre plateforme de formation continue fe3.ch esr devenue une référence pour tout le secteur du bâtiment. Nelson Fuentes

Vaud se veulent exemplaires, et visent le label Minergie-P (on traite l’enveloppe du bâtiment et on réduit à fond la consommation du bâtiment) et le complément ECO axe sur la durabilité et les aspects santé (matériaux, produits sans formaldéhyde, ni solvant cancérigène, apport de lumière naturelle, protection contre le bruit). Construire durable est aussi une préoccupation de l’Armée suisse. Des organisations internationales font également l’effort dans le cadre des Buts du Développement


Minergie

Durable. Le bâtiment colossal de l’ONU situé à la Rue de la Paix 8 et 14 est en train d’être rénové et va être certifié Minergie (labels GE-1619 et GE-1620).

D P: Et pour les propriétaires privés, concevoir et réaliser un projet immobilier aux exigences Minergie est-il facilement compris? N F: Pour les nouvelles constructions, cela fonctionne facilement. En rénovation, c’est souvent coûteux. Dans le cadre de la certification CECB Plus, un expert examine la consommation du bâtiment et priorise les changements à opérer. Pour les labels Minergie, pas besoin de construire des maisons chères. Les investisseurs privés peuvent construire de petits immeubles en Minergie, Minergie-P ou A, à des prix très abordables.

D P: Quels projets sont actuels, quelles actualités autres? N F: Nous avons constaté que, parmi les principaux défauts

La Sarlettaz, Au Fil de la Sionge (Bât. A et B), certifié Minergie P-ECO en 2018 dans le canton de Fribourg, affiche des performances énergétiques excellentes. (F.Ducret-Lutz Architectes - Photos: Corinne Cuendet)

de construction, la ventilation joue un rôle important. En effet, la technique de la ventilation est subtile et demande un savoirfaire pointu qui doit être sans cesse renouvelé. Pour répondre à ce besoin de maîtrise et de renouvellement, la plateforme fe3 propose au total 12 cours sur le thème de l’aération. L’association QualiVentil va informer les professionnels sur les problèmes de ventilation et va mettre en place des cours pour la rentrée en septembre. Ces cours seront basés sur un banc de démonstration pratique. Notre plateforme sert également à relayer l’information au sujet des formations existantes dans les différents sujets liés à la construction et à l’énergie.

D P: Quels services propose Minergie pour les communes et les collectivités? N F: En Romandie, les communes et collectivités qui construisent ou rénovent ont bien compris que construire durable est un gage d’importantes économies financières, mais aussi que c’est la manière de réduire au maximum notre impact écologique. Parmi les derniers projets ayant obtenu la certification définitive, la Sarlettaz à Riaz (FR-009-P-ECO) affiche d’excellentes performances énergétiques. Depuis 2013, la plateforme Minergie en ligne permet que les acteurs du bâtiment échangent des documents en vue de la certification. Les communes peuvent avoir un compte d’administrateur pour avoir une vue d’ensemble sur l’actualité des bâtiments, les leurs et ceux des particuliers, utile pour les permis de construire et les permis d’habiter. En juin dernier, nous avons eu un séminaire «Construire selon Minergie-ECO» à Moutier, avec des conférences et la visite de la ferme Derrière-les-Crêts. Cette ferme est une rénovation exemplaire certifiée Minergie-A, Minergie-P et leur complément ECO. Ce bâtiment d’habitation à haute performance énergétique a été réalisé dans un esprit durable et dans le respect de la santé des occupants, de son environnement naturel et bâti. Un cycle de conférences, suivi d’une visite du bâtiment (BE-086-P-ECO et BE-013-A-ECO) a permis d’appréhender les enjeux d’une construction selon Minergie-ECO.

La ventilation est l’un des principaux défauts de construction à traiter. (Banc d’essai QualiVentil – Photo DR)

pose plus de 70 cours ouverts à tous les corps de métier dans le secteur du bâtiment. Chaque année, près de 400 participants s’inscrivent à nos cours. Le Bureau EHE SA organise et dispense les différents cours Minergie en Suisse romande et quelques-uns avec Swisssolar.

D P: Prochains cours adressés aux professionnels? N F: La HES-SO offre un nouveau CAS concernant les «réseaux intelligents». Cette formation continue a l’intention de rapprocher tous les acteurs des réseaux d’énergies, que ce soit gaz, eau, chauffage à distance ou électricité. Le cours, d’un jour par semaine sur un année, permet de connaître les marchés de l’énergie et leurs régulations, de se perfectionner dans les techniques de conversion d’énergie, d’acquérir les nouvelles connaissances sur les réseaux (eau, gaz, électricité et chaleur à distance), leur fonctionnement et les nouvelles technologies envisageables. Chaque année le Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP) organise une série de formations professionnelles sur les pompes à chaleur. En 2018, ces formations auront lieu à Sion, Yverdon-les-Bains, Fribourg et Genève. De plus, comme chaque année, certains cantons soutiennent leurs installateurs en finançant jusqu’à 100% de la formation. I

D P: Qu’en est-il de la formation continue? N F: Notre plateforme de formation continue fe3.ch est devenue une référence pour tout le secteur du bâtiment. Elle proDOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Info /

Ainsi, votre projet immobilier ne sera pas un cauchemar Beaucoup se lancent dans des projets de construction qui souvent s’avèrent une source importante de soucis, de perte de temps et d’argent. Pour éviter que leur projet ne se transforme en cauchemar, il est utile de prendre certaines précautions.

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our que votre projet immobilier fonctionne, il y a une méthodologie à respecter. En effet si l’on est inexpérimenté, on ne se lance pas impunément seul dans un domaine aussi compliqué. La situation actuelle dans le domaine de la construction incite à la prudence. Aussi bien en construction neuve qu’en rénovation, on constate une détérioration de la qualité des prestations fournies par les entreprises. L’encadrement technique insuffisant, voire inexistant, l’emploi d’une main d’œuvre peu qualifiée, l’achat de matériaux moins chers, l’avidité à gagner toujours plus en moins de temps en sont les principales causes. La Fédération Fribourgeoise des Entreprises, qui a commandé une étude sur la qualité des constructions en Suisse, le confirme: la qualité générale et le savoir-faire sont en baisse régulière! Une étude de l’EPFZ estime qu’il y a, en moyenne, environ une quinzaine de malfaçons sur chaque construction!

Ma maison malfaçon Avant de se lancer dans des travaux immobiliers, le futur Maître d’Ouvrage devrait regarder attentivement l’excellent reportage diffusé par

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Une étude de l’EPFZ estime qu’il y a,environ une quinzaine de malfaçons sur chaque construction.

«Temps présent» le 8 décembre 2016 intitulé: «Ma maison, du rêve au cauchemar». Ce reportage impartial dresse, à partir de cas réels, un constat implacable de la situation suisse actuelle dans la construction Un premier couple se fait construire une maison par des entreprises locales et est victime d’un ferblantier qui va générer deux sinistres. Un deuxième couple se fait construire une maison «clés en mains» par une entreprise générale défaillante: une véritable escroquerie. Certains travaux seront payés 2 fois, d’autres ne seront jamais faits ou jamais terminés! Un troisième couple achète un appartement dans un immeuble labellisé MINERGIE, construit par l’un des leaders suisses de la construction. Impressionnant quand on voit la qualité désastreuse de l’appartement que cette entreprise réputée leur a livré!

Rester vigilant Ce reportage montre que, quel que soit le schéma retenu pour réaliser ses travaux, par des entreprises locales, par une entreprise générale, ou par une entreprise nationale réputée, le Maître d’Ouvrage doit toujours rester extrêmement vigilant s’il ne veut pas que son chantier vire au fiasco!


Info

En Suisse le consommateur est moins bien protégé que dans nombre de pays voisins. Nous avons notamment une loi sur les faillites qui est trop laxiste et trop favorable aux escrocs, spécialistes des faillites à répétition!

Se faire assister Dans cette jungle, la plus élémentaire des précautions consiste à se faire assister par un spécialiste! Curieusement on constate que beaucoup se lancent seuls dans leur projet, certainement par souci d’économiser les honoraires d’un spécialiste. Le plus souvent, cette économie va leur coûter très cher! En effet, les entreprises n’ont pas pour vocation de faire de la conception: elles Villa certifiée MINERGIE P, à énergie positive, construite en 2016 à Moiry (VD). sont là pour construire, et non pour concevoir. Si elles construisent sans défaut c’est déjà bien: il ne faut pas leur en demander plus, et surtout pas une conception intégrant plusieurs corps d’Etat! En l’absence d’un Maître d’Œuvre professionnel, qui fera la conception d’ensemble? Qui organisera la consultation des entreprises? Qui rédigera les contrats d’entreprise? Qui établira et fera respecter le planning des travaux? Et ce n’est qu’un début. On peut également se demander qui fera le contrôle qualité des travaux, qui arbitrera les conflits entre les entreprises, qui contrôlera les factures des entreprises et qui fera la réception des travaux et annoncera les éventuelles réserves. Sans conception d’ensemble, on risque d’avoir des travaux présentant des lacunes difficiles, Rénovation MINERGIE d’un immeuble de 1952, voire impossibles à corriger après coup. C’est par qui a vu sa consommation d’énergie divisée par 4. exemple le cas des fenêtres neuves sans grilles de ventilation intégrées, posées dans un immeuble l’autre qui, faute de pouvoir intervenir, partira sur ne comportant pas d’installation de VMC. On un autre chantier. Le délai de réalisation s’allonrisque aussi d’avoir des limites de prestations gera de façon importante et non maîtrisée, alors entre entreprises conduisant à des redondances qu’un planning précis permettra de rédiger des ou à des oublis de prestations. Ces travaux mal contrats d’entreprise comportant des délais impéconçus coûteront aussi cher que des travaux bien ratifs, assortis de pénalités de retard. conçus, et génèreront des problèmes. Sans contrôle rigoureux des travaux, ce sera la Éviter la pagaille porte ouverte à de nombreuses malfaçons. Sans un contrôle des factures, et des contrats bien Sans consultation bien organisée des entreprises, il rédigés, le propriétaire paiera des suppléments sera difficile de comparer leurs prix respectifs. Certaines chiffrent des prestations plus complètes, ou de travaux atteignant vite 10%. Le Maître d’Œuvre de meilleure qualité, que les autres: la seule compermet au propriétaire d’économiser plus que le paraison de leur prix final ne sera pas pertinente. montant de ses honoraires : le propriétaire bénéSans contrat d’entreprise, le Maître d’Ouvrage ficie ainsi d’une construction moins chère et de meilleure qualité! I devra signer les devis proposés par les entreprises. Or il est bien connu que celui qui rédige le contrat le rédige toujours à son avantage. Le Maître d’Ouvrage avisé ne signera donc jamais les devis des AUCLAIR S.A.R.L entreprises, mais leur fera signer les contrats d’enExpertises et Rénovations Immobilières treprise que son Maître d’Œuvre aura rédigés. Ces contrats prévoiront des prix forfaitaires! 41 A, Rue de l’Hôpital – C.P 12 Sans planning précis des travaux, ce sera la pagaille sur le chantier, une entreprise retardant

CH 2114 Fleurier Tél. 032 861 32 52 – 078 401 50 37 – sarl@auclair.ch www.auclair.ch DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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PAR PAMELA CHIUPPI

/ Ingénierie

Projet en commun pour minimiser les erreurs en amont L’approche collaborative BIM révolutionne la gestion de la construction, optimise les projets et œuvre au patrimoine numérique.

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i la surprise fait partie du quotidien des métiers de constructeurs, certains chantiers complexes voient leur coût exploser suite à des problèmes non identifiés auparavant. D’origine anglo-saxonne, la méthode BIM visait surtout à optimiser les diverses phases de la construction, donc la performance de projet. La vision de Redouane Boumaref, professeur HES.SO à la filière architecture de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, va au-delà du simple outil de productivité. Pour lui, l’enjeu est d’harmoniser la manière de travailler et de redéfinir des rôles dans une organisation plus horizontale des intervenants d’un projet, via un ensemble d’outils qui permettent d’identifier les erreurs et de les corriger avant les phases de réalisation.

D P: Redouane Boumaref, comment définiriez-vous l’approche BIM? R B: C’est un processus d’élaboration d’un projet, basé sur des concepts, une méthode et des objectifs. L’approche diffère selon les regards. Par exemple la SIA, de son point de vue normatif, positionne BIM comme une méthode. D’autres utilisateurs le qualifieront de processus, puisqu’il intègre toutes les étapes d’un projet, du concept à la réalisation. Mais au-delà de l’outil, il y a une idée Redouane Boumaref, professeur HES.SO. à défendre. BIM collecte des informations pour optimiser la performance – stylistique, énergétique ou financière – d’un projet. L’outil n’est pas dogmatique, il permet au contraire une visualisation totalement différente et flexible d’une idée. BIM n’est pas forcément applicable entièrement à tous les projets. Souvent, on utilise un BIM partiel, pour analyser une étape précise de la construction. Dans des projets très complexes, avec des corps de métiers de tous bords et très différents, la méthode s’impose d’elle-même.

D P: Le mythe que les budgets et les délais sont souvent dépassés est-il fondé? R B: Ce n’est pas vrai sur tous les projets, mais cela arrive assez souvent pour retenir l’attention. Le non-respect des délais n’est pas volontaire. L’analyse d’un projet prend en compte un système complexe d’éléments. Par exemple, les facteurs humains, dans un pays démocratique comme la Suisse, les oppositions peuvent aboutir à un dépassement des délais, et chaque jour de plus a un coût. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Ingénierie D P: Comment les différents corps de métier réagissent-ils à cette méthode collaborative? R B: Le processus traditionnel est déjà obligatoirement collaboratif, c’est la manière de collaborer qui évolue. La pyramide de responsabilités s’horizontalise et le commanditaire s’implique davantage. Les craintes font partie de l’évolution modélisée par Idriss J. Aberkahn (cf. biomimétisme), et je pense que l’utilité de BIM sera bientôt une évidence. Ceux qui ont accepté d’investir sont conscients que leur investissement sera rentabilisé au moment de l’optimisation des mécanismes, bien plus tard. A chaque bureau d’évaluer la pertinence de BIM pour lui, selon l’échelle des projets gérés.

D P: Où en est-on à ce jour dans la formation et la certification? R B: Le CAS est en place (coordinateur BIM

Les débordements financiers sont souvent liés à des problèmes de coordination: la gestion des erreurs survenant sur le chantier coûte bien plus cher que sur papier dans les phases de conception! BIM, et les méthodes qui en font partie, propose une gestion de projet globale, tout en amont du projet pour harmoniser la gestion et la détection des problèmes dès le début. Les parties-prenantes sont intégrées tour à tour et interagissent de manière collaborative, ce qui réduit les risques d’erreur. Chacun endosse un niveau de responsabilité équivalent à la complexité des tâches qui lui incombent. Optimiser un projet revient à trouver un équilibre pour la bonne coordination des corps de métier. Si toutes les surprises ne peuvent pas être anticipées (météo, réactions du voisinage, etc), BIM permet de réduire les aberrations quand elles se présentent sur l’avatar numérique partagé du projet, d’une part. D’autre part, elle favorise une certaine standardisation des éléments de construction permettant une optimisation des procédés de construction, sans impacter la liberté artistique et conceptuelle du projet.

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certifié – seule formation BIM normalisée en Suisse romande). Il a convaincu les étudiants et les partenaires (4 écoles romandes l’ont intégré, HEIA, HEPIA, HEIG-VD et EPFL, sous la tutelle de la HEIA). La SIA nous a soutenu dans les réflexions en termes de normalisation et le CRB du côté de la rationalisation. Un DAS est en cours de montage et un MAS est en réflexion, du même niveau que l’Ecole des Ponts et Chaussées à Paris ou du master proposé en Angleterre. Pour les responsables de projets ou les politiques, un outil est développé pour que des maires ou des maîtres d’ouvrage aient accès à BIM. Une formation de 3 jours de «User commanditaire BIM» leur permettra de comprendre leurs droits et obligations, les opportunités, les manières de décider, les mécanismes d’une maquette numérique… Cela permettra de voir évoluer les contrats de construction et d’urbanisme, d’attirer l’attention sur le patrimoine numérique et de pérenniser le travail accompli. I


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Salon / PAR SANDY MÉTRAILLER

Salon RH: globalisation et thèmes affiliés La 12e édition du Salon RH Suisse, les 3 & 4 octobre à Palexpo, abordera les thèmes du GTA, des assureurs et du portage salarial.

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ette manifestation dédiée aux spécialistes RH des secteurs publics et privés en Romandie et France voisine annonce deux journées au rythme soutenu pour les 2800 visiteurs attendus et les 150 exposants des domaines du SIRH, recrutement, formations, conseils, assurances, Gestion des Temps et des Activités (GTA) et du coaching. De nombreuses interventions auront lieu dans 3 forums et 2 ateliers des exposants, les forums dédiés aux workshops et tables rondes, ainsi qu’au Meeting Point et à l’Espace Start-ups.

Santé en entreprise De plus en plus d’entreprises ont compris l’avantage de contribuer au bien-être physique et psychique de leurs employés. Le Salon RH Suisse, en partenariat avec Promotion Santé Suisse, place cette thématique au cœur de la manifestation. La dizaine de conférences et ateliers sur ce thème apporteront des pistes et solution pour les responsables RH: savoir par où commencer, quelles mesures et stratégies ont fait leurs preuves et comment les intégrer à un plan RH annuel. Des sujets qui touchent de très près celui de la culture d’entreprise et des valeurs affichées et parfois incarnées.

Portage salarial Le sujet du portage salarial est l’une des clés de la transition professionnelle, soit pour pallier aux problématiques de chômage, ou encore pour faciliter le passage au statut d’indépendant. Le Salon RH propose pour la première année le «Village du Portage», pour aller à la rencontre de cinq acteurs de cette industrie en pleine croissance. Un forum sera à disposition pour rencontrer ces spécialistes, et des exposés de 15 minutes animeront le village.

Matinée internationale Fort du succès rencontré en 2017, le Salon RH met en avant l’International Morning. Digitalisation, robotisation, big data, cloud, autant de termes

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qui témoignent d’une transformation de fond du monde du travail, demandant aux RH d’y répondre de manière durable et éthique. L’International Morning affiche cinq conférences en anglais. L’occasion de découvrir les tendances RH internationales, présentées par Swissstaffing, Happy at Work, Performant, LinkedIn et l’IHRC, International Human Resource Community, Deloitte. Un must. I

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LE COUP GAGNANT DANS VOTRE STRATÉGIE RH www.salon-rh.ch #SalonRH

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3 & 4 octobre 2018 | Palexpo Genève 12ème Salon Solutions Ressources Humaines PARTENAIRES

PARTENAIRES MÉDIAS PRINCIPAUX

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SPONSORS OR


PAR NICOLAS WEBER

/ Info

Formation: solution performante pour satisfaire aux exigences énergétiques Fort de son expérience, l’Institut de Génie Thermique (IGT) de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud (HEIG-VD) apporte des solutions réalistes et durables dans le domaine de l’énergie. Cela grâce aux différentes prestations de R&D, d’expertises et de son programme de formation. Afin d’assumer ces prestations, plus de 30 collaborateurs de l’IGT œuvrent sur une surface de 2200 m2 de laboratoire.

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i la sagesse prône l’usage inconditionnel des énergies renouvelables, force est de reconnaître que les difficultés d’acceptation sont encore présentes, surtout pour des aspects émotionnels et de méconnaissance. La clé pour atteindre les objectifs énergétiques, est de s’assurer que les acteurs disposent des connaissances et des outils nécessaires pour produire et consommer de manière rationnelle l’énergie. La Direction de l’Energie du Canton de Vaud l’a bien compris et soutient, au travers de son programme cantonal des «100 millions pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique», les projets de formations continues de l’IGT liés aux énergies des Industries et des Collectivités publiques. Dans ce cadre, l’IGT offre une palette de formations continues riches et complémentaires.

CAS Optimisation Energétique dans l’Industrie Depuis des années déjà, les industries mettent en place des solutions afin d’abaisser leur intensité énergétique. Néanmoins, les pressions économiques et politiques nécessitent l’engagement de spécialistes pour l’implémentation de nouvelles solutions pertinentes et durables. Cette formation introduit notamment des outils informatiques permettant une approche systématique et globale de l’optimisation énergétique. Les installations des laboratoires énergétiques de la HEIG-VD offrent la possibilité aux participants de tester et de diagnostiquer des installations. Fort du succès précédent, la 2e volée a débuté courant mai 2018.

CAS Chauffage à Distance La mutualisation des installations de production de chaleur et la distribution de l’énergie au travers d’un chauffage à distance (CAD) est en voie de se démocratiser. Que ce soit pour des villes ou des regroupements industriels, la question du CAD est d’actualité et offre un fort potentiel de dévelop-

pement et de rationalisation. Ces installations concernent autant des réseaux à basse qu’à haute température avec des producteurs de chaleur de technologies diverses. C’est aussi un réseau de conduites, un fluide caloporteur, une régulation saisonnière, sans omettre l’étude de l’ensemble des critères économiques.

CAS Bois-Énergie Abondant en Suisse et totalement renouvelable, le bois se profile comme une alternative à la production d’énergie électrique et/ou thermique. Des particuliers, des collectivités publiques ou des industriels sont de plus en plus nombreux à installer des chaudières à bois. Le commerce et la combustion du bois soulève cependant des problématiques d’ordre économique et réglementaire qui seront notamment traitées dans cette formation.

Formation des auditeurs énergétiques aux techniques spécifiques Organisé sous forme d’ateliers de 12 périodes chacun, cette formation a pour objectif d’améliorer la qualité des audits énergétiques dans l’industrie, en tenant compte des spécificités de l’outil de production de l’audité et de ces procédés. Cette formation peut être une suite logique du CAS Optimisation Energétique. La problématique énergétique est beaucoup trop importante pour faire la fine bouche et de négliger et/ou de refuser certains systèmes. La situation actuelle nous impose de maintenir une attention soutenue et raisonnable sur l’ensemble des moyens de production énergétique pour le domestique, l’industrie et la mobilité. Mais pour cela nous devons maintenir un niveau de formation performant et innovant. I

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/ Salon

SECURITÉ LAUSANNE 2018 et FORUM SECURITE 2018 Événement le plus important et le plus complet du secteur de la sécurité en Suisse romande, Le salon SECURITE LAUSANNE et FORUM SECURITE, qui a lieu tous les deux ans, se déroulera sur 3 jours, du 14 au 16 novembre prochain à Expo Beaulieu Lausanne.

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e salon spécialisé jouit d’un grand prestige auprès des acteurs romands de la branche. Sa formule hybride qui permet tant aux visiteurs de découvrir des solutions en matière de sécurité, au sens large, que de participer des forums d’experts, avait attiré 2300 visiteurs en 2016, soit une augmentation significative de participants, en hausse de 14% en comparaison de l’édition 2014.

Des professionnels très qualifiés L’expertise des professionnels étant de haut niveau, FORUM SECURITE en marge du salon, constitue l’un des piliers de SECURITE LAU- FORUM SECURITE SANNE. Cette plateforme d’échange et de retour est la plate-forme de d’expériences offrira un large choix de thèmes et réseautage idéale. des interventions de grande qualité. Les exposés porteront par exemple sur les tendances en matière de planification et de technique de sécurité, les aspects de la sécurité au travail et pendant les loisirs, l’intégration des risques liés aux aléas naturels dans les projets de construction, les techniques et le principe de la proportionnalité en matière de protection incendie ainsi que les Trois jours placés sous conséquences du virage numérique sur les sysle signe de la sécurité. tèmes d’alerte. Un autre module sera consacré à l’état actuel de la menace en Suisse. Les intervenants sont tous des experts reconnus dans leur domaine, forts d’une grande expérience pratique, et ont à cœur de transmettre leurs connaissances en mettant l’accent sur la résolution des problèmes. Comme pour les années précédentes, les principales associations professionnelles participeront à la conception des blocs thématiques; plusieurs d’entre elles accorderont d’ailleurs des points de formation continue pour la participation au FORUM SECURITE 2018.

La participation aux exposés est gratuite pour les visiteurs du salon. L’organisation en modules d’une demi-journée permet de combiner idéalement visite du salon et participation au FORUM SECURITE le même jour. Pendant le FORUM SECURITE, l’ECA Vaud proposera son propre programme avec des exposés spécialisés, suivis d’un apéritif propice au réseautage. Pour s’inscrire au FORUM SECURITE 2018 et obtenir les programmes détaillés, rendez-vous sur www.securite-expo.ch. I

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Salon / PAR PAMELA CHIUPPI

Utilexpo 2018 présente les services aux entreprises Du 11 au 13 octobre prochain, Palexpo accueillera la 7e édition du salon bisannuel romand dédié au transport, à la manutention, à la logistique et aux utilitaires: Utilexpo.

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réé en 2006, Utilexpo est le salon suprarégional et la plus importante vitrine de la région lémanique en matière de transports, de manutention, d’équipements, de logistique et de services aux entreprises. La précédente édition avait attiré plus de 4’100 visiteurs, majoritairement professionnels, et accueilli une cinquantaine d’exposants dans un espace propice aux échanges et aux affaires. Cette année encore le débat animé par le président de la manifestation, Michel Balestra, le 12 octobre devrait susciter beaucoup d’intérêt. Utilexpo s’adresse avant tout à un public helvétique ainsi que français, soit quatre millions de consommateurs dans un rayon de 200 km. C’est de plus une occasion unique pour les exposants de présenter à un public de professionnels hautement qualifiés leurs derniers modèles, les dernières technologies et leurs éventails de services.

«Services aux entreprises» Cette septième édition, qui se tiendra à Palexpo du 11 au 13 octobre, a pour objectif de permettre aux professionnels de se faire connaître et de présenter leur savoir-faire en matière de transport,

de manutention, d’équipements, de logistique et de services aux entreprises. L’organisateur a réparti ces cinq thèmes en deux catégories, soit: transport, manutention et équipements, d’un côté; logistique et services aux entreprises, de l’autre. Côté transport, manutention et équipements, on retrouve les habituels véhicules utilitaires du plus légers au plus lourd. Autres motorisés présents à cette septième édition, les engins de manutention et de levage ainsi que les incontournables machines de chantier, sans oublier leur sœur cadette, les machines de nettoyage. Carrosseries et équipements seront également du voyage, tout comme les échafaudages et les remorques.

Entrée gratuite vendredi 12 octobre jusqu’à midi.

UTILEXPO

Transport – Services aux entreprises Manutention – Equipements – Logistique

11-13 OCTOBRE 2018 PALEXPO | utilexpo.ch

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Côté logistique et services aux entreprises, les entreprises de formation seront présentes, de même que celles actives dans les nouvelles technologies durables, l’efficience énergétique et le recyclage. Mobilier, habillement, signalétique, et bien sûr sécurité, seront également de la partie. Sans oublier les services et les conseils. I

www.utilexpo.ch


/ Info

La propreté : une valeur suisse transformée en savoir-faire Si la Suisse est aujourd’hui considérée comme un modèle de propreté, elle le doit en partie à certaines de ses entreprises qui, comme Grellor, ne vendent pas uniquement des produits, mais avant tout des solutions professionnelles de nettoyage.

E

n Suisse, la propreté est aujourd’hui élevée au rang de valeur nationale. Elle est même devenue l’un des attributs de son image de marque. Pas étonnant donc que le pays compte une offre pléthorique en matière de produits, d’équipements et de services de nettoyage et que certaines de ses sociétés aient transformé l’exigence nationale du « propre en ordre » en véritable savoir-faire. C’est le cas de l’entreprise genevoise Grellor, qui a inscrit la propreté au cœur de son ADN et qui transmet son expertise de génération en génération depuis le lancement de ses activités en 1915.

Un service professionnel Mais ne vous y méprenez pas ! Vous ne trouverez pas chez Grellor les mêmes articles qu’ailleurs. Avec une offre qui s’adresse aux professionnels de la branche, comme aux particuliers exigeants, son magasin carougeois propose avant tout des solutions de nettoyage qui vont bien au-delà des simples besoins domestiques.

Des produits, du matériel et du conseil Vous y trouverez bien sûr une vaste gamme de produits à l’efficacité éprouvée – détachant, dégraissant, décapant, désinfectant et bien d’autres encore – mais aussi des machines professionnelles et des articles spécialisés pour toute opération de propreté. Le tout, avec le conseil en plus. Et c’est sans

Pierre Grelly patron de Grellor. doute cela qui fait toute la différence. Forte de son expertise, l’équipe de Grellor ne dispense pas en effet uniquement des recommandations avisées. Elle trouve, grâce à sa connaissance du métier, la solution la plus appropriée à un problème donné. Des murs au plafond, des fenêtres au jardin, des sanitaires au tri sélectif des déchets, il n’y a pas de questions de saleté qui ne trouvent auprès de Grellor des réponses « proprement » adaptées.

Un engagement pour une Suisse propre Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que Grellor s’est engagée depuis plusieurs décennies à maintenir la Suisse propre. Elle recherche dans ce cadre les solutions les plus durables et performantes en distribuant par exemple, dans de nombreuses communes de Romandie, des bornes de propreté et du mobilier urbain. De quoi faire rimer Grellor avec qualité suisse et propreté ! I

GRELLOR SA, Rue Baylon 8, 1227 Carouge Tél. 022 307 14 14 www.grellor.com DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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PAR SANDY MÉTRAILLER

/ Salon

Bâtiment+Energie 2018 Le rendez-vous des nouvelles tendances pour opérer la transition énergétique.

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a foire Bâtiment+Energie se tiendra du 15 au 18 novembre à Berne, avec son congrès et 300 exposants, qui donneront au public les bons filons pour une consommation énergétique réduite et plus responsable.

Thèmes brûlants

Le développement des énergies renouvelables est en stagnation, et après l’engouement général de ses débuts, la libéralisation du marché de l’électricité est en suspens. Mais une lueur d’espoir vient clarifier le tableau: la nouvelle Loi sur l’énergie (LEne) qui règle l’autoconsommation d’électricité et introduit une surveillance. Le séminaire d’automne plongera d’emblée au cœur de ce sujet brûlant et actuel. Dans leurs exposés, le Département fédéral de l’Énergie, des entreprises et des politiciens exprimeront leurs points de vue et tenteront d’élucider la question de savoir si la transition énergétique est

en crise, quel en sont les défis pour le domaine de la construction et dans quelles eaux vogue aujourd’hui le marché de l’immobilier. Des impulsions, des perspectives nouvelles et des exemples de réalisations illustreront les solutions existantes pour les secteurs de la construction et de l’énergie.

Des conseils spécialisés Minergie Suisse attirera l’attention du public sur les nouvelles solutions d’isolation et lui dispensera ses conseils en vue d’optimiser les installations, des mesures faciles à mettre en place chez soi. L’Allée des conseillers rassemblera sept organisations des cantons du Nord-Ouest de la Suisse qui proposent un «Conseil de mise en place pour les propriétaires immobiliers». I

bau-energie.ch

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SECURELEC case postale 2007 - 1227 CAROUGE

Tél. 022 308 16 20 Fax 022 308 16 30 securelec@securelec.ch

SECURELEC-VAUD case postale 297 - 1024 ECUBLENS

Tél. 022 632 80 20 Fax 022 632 80 25 securelec-vd@securelec.ch http://securelec.ch Organisme d’inspection accrédité depuis 2005


PAR JC GENOUD-PRACHEX

/ Utilitaires

E12 MECALAC Une pelle électrique pour chantiers urbains La version électrique de la 12MTX avait été prévue dans l’architecture de la version à moteur thermique. Elle matérialise la vision MECALAC de chantiers urbains toujours plus compacts, performants et respectueux de l’environnement.

L’

emplacement du moteur thermique réceptionne désormais une technologie de batteries LiFe PO4 – Fer Lithium Phosphate, avec une durée de vie largement supérieure aux batteries classiques, un temps de rechargement plus faible et une meilleure sécurité: pas de risque de feu, pas de fuite du liquide batterie. La MECALAC e12 relève avec brio trois défis majeurs: autonomie, performance et compacité. La source d’énergie, séparée de la tourelle, permet d’afficher une capacité record de 146kW/h, soit une autonomie inégalée de 8 heures.

Prix de la «transition énergétique» des Innovation Awards d’Intermat 2018, la e12 a été présentée en avant-première, en avril, lors du salon INTERMAT, au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. I

Données techniques: – 100 % électrique, capacité 146 Kw/H – Autonomie de 8 heures – Batteries rechargées en 6 à 7 heures – Durée de vie triplée, en comparaison des batteries classiques – Aucune émission de CO2 et de particules polluantes DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Info /

Une machine Heatweed contre les mauvaises herbes

A

Le 13 avril 2018, la commune de Pont-en-Ogoz, en Gruyère, a reçu une Heatweed de Mid série, commercialisée par Zimmermann AG. Le conseiller communal responsable de l’édilité, Jean-Jacques Reynaud, ainsi que son équipe, sont contents de cette nouvelle acquisition, pour éliminer les mauvaises herbes.

près deux années de location, le conseil communal a pris la décision d’acheter la machine. Le choix s’est porté sur une Heatweed de Mid série avec un réservoir d’eau de 1000 litres. Andy Schär, représentant de Zimmermann AG a posé quelques questions à Alexandre Mathys, employé communal.

Andy Schär: Quelles ont été les expériences avec la machine à eau chaude durant ces deux dernières années? Alexandre Mathys: L’expérience a été plutôt positive. Au début, nous étions un petit peu sceptique sur le fait de ne travailler qu’avec de l’eau chaude. Par la suite, nous avons vu que le système marchait bien. Je pense qu’il faudrait faire entre 3 et 4 passages par année. L’effet est encore accru en cas de temps chaud et sec.

ASC: Avez-vous testé d’autres systèmes écologiques contre les mauvaises herbes? Si oui lesquels et avec quels résultats? AMA: Oui, nous avons testé différentes choses. D’abord une machine d’une marque concurrente avec un système à eau chaude et avec de la mousse. Nous n’avons pas été convaincu par l’effet de la mousse. Et suite aux résidus de mousse, beaucoup de citoyens ont cru que c’était de la chimie. L’inconvénient de cette machine, c’est que nous ne pouvions pas l’utiliser pour autre chose que brûler les mauvaises herbes.

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Nous avons également essayé le gaz, qui brûle bien les feuilles des plantes. Toutefois ça ne va pas en profondeur, vers les racines. Le gaz est également un peu plus dangereux dans sa manipulation. Et par temps sec, il y a également le risque d’incendie.

ASC: Comment la machine est-elle utilisée? AMA: La machine est fixée sur une remorque. Pour faire les bords de routes, elle est tractée par un tracteur Iseki TG 5475 auquel nous avons fixé une rampe frontale sur le relevage avant. Le chauffeur peut ainsi brûler les bords de routes en restant dans le véhicule, sans dérouler de tuyaux. Nous prévoyons également d’utiliser la Heatweed pour le nettoyage des arrêts de bus, des WC publics, des poubelles, des toits et murs des bâtiments communaux. I


PAR PASCAL CLAIVAZ

/ Utilitaires

Utilitaires Kärcher Le WRS 200 nettoie tout

Confortable, maniable et écologique La nouvelle balayeuse MC 80, un modèle sœur de la MC 130, possède une motorisation moderne et écologique dont les valeurs d’émission de gaz d’échappement sont inférieures aux exigences de la norme d’émission stricte STAGE V – une condition préalable à l’homologation dans l’UE à partir de 2019. Le véhicule monoplace a été conçu exclusivement comme balayeuse de voirie et allie une puissance de nettoyage élevée et un grand confort de conduite ainsi qu’une utilisation et une maintenance faciles. En association avec ses dimensions compactes et sa conception articulée avec un rayon de braquage intérieur de seulement 910 mm, la MC 80 convient particulièrement à l’utilisation sur les voies piétonnes et partout où l’espace est insuffisant pour les machines plus grandes. L’empattement large de 1 500 mm assure une conduite stable tout en offrant une grande maniabilité.

Kärcher présente le WRS 200, un nouvel accessoire pour les engins municipaux permettant des applications haute pression à eau froide et chaude. Grâce à cet appareil polyvalent, les communes et prestataires seront pour la première fois en mesure de combattre les mauvaises herbes sans effort et sans produits chimiques en se servant des véhicules porte-outils plus petits et plus maniables de la catégorie 2,5 t. Il permet également une élimination simple des saletés tenaces. Sa conception étroite et son porte-à-faux réduit les manœuvres. La technologie employée facilite le travail et permet de gagner du temps. Le brûleur puissant de 105 kW chauffe l’eau jusqu’à 98°C en moins de deux minutes; il est ainsi opérationnel en un rien de temps. La pompe à haute pression offre 200 bar de pression afin de venir à bout des saletés incrustées et tenaces, que ce soit à l’eau froide ou à l’eau chaude, et permet ainsi un nettoyage à haute pression professionnel.

Après le MIC 42, le MIC 35 Après le lancement de l’engin municipal MIC 42, Kärcher présente un nouveau membre de la gamme compacte: à l’instar du modèle déjà disponible, le MIC 35 offre les qualités de la catégorie des 3,5 tonnes avec une plateforme plus petite. La motorisation puissante et le grand confort de conduite permettent un travail flexible et agréable. La conception compacte garantit une bonne maniabilité. De plus, le MIC 35 satisfait également aux exigences de la norme d’émission européenne STAGE V qui entrera en vigueur en 2019. Les applications quotidiennes, du balayage au service hivernal en passant par le désherbage, deviennent un jeu d’enfants grâce au concept de changement éprouvé. DOSSIERS PUBLICS 3/2018

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Info / PAR TECLA TOPITTI

Solution optimale pour le vidage des conteneurs enterrés L’introduction de points de collecte enterrés rend l’élimination des déchets plus facile et plus flexible. Les déchets d’un foyer peuvent être éliminés séparément et selon ses propres habitudes.

L

e sac de déchets peut être vidé quand il est plein au point de collecte et non pas attendre la collecte des ordures de la commune - un problème qui se pose juste avant les vacances pour de nombreux citoyens, par exemple. Plus de problème avec les jours fériés, les fêtes. Vous pouvez éliminer vos déchets selon vos besoins. Mais l’élimination des déchets des conteneurs enterrés est-elle également efficace pour l’entreprise de collecte? «Oui, en particulier lors de la vidange dans un compacteur embarqué directement sur camion», explique Peter Pfister, directeur général de l’entreprise de déménagement d’Oeschgen dans la vallée de la Haute Frick.

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Son directeur, Yvan Grepper.

Yvan Grepper, directeur de société Getag Romandie SA, spécialisée dans les solutions de collectes et de traitement des déchets, fournisseur de ce système, explique: «cette solution est optimale pour la vidange des conteneurs enterrés. En compactant le matériau pendant la collecte, il est possible de recueillir beaucoup plus de déchets que de les vider dans une benne en vrac. En conséquence, le nombre de voyages requis peut être réduit et les coûts de collecte peuvent être minimisés.» «Le compacteur embarqué sur camion est la solution optimale pour le vidage des conteneurs enterrés» affirme le responsable de la société Peter Pfister.


Info

Systèmes de conteneur enterrés. © Tecla Topitti

Avec ce nouveau système vous pouvez optimiser vos coûts de collecte des déchets. Yvan Grepper

Système flexible P. Pfister AG traite de plus en plus de points de collecte de conteneurs enterrés. L’entreprise a opté pour le nouveau système en 2017. L’hydraulique du véhicule est couplé avec celle du compacteur embarqué, de sorte que le compacteur utilise directement l’hydraulique du camion pour effectuer le compactage. La commande du compacteur embarqué est positionnée de manière à ce que le conducteur puisse l’utiliser depuis le sol. Le véhicule peut également être utilisé à d’autres fins, étant donné que le système de réception du compacteur est équipé d’un système classique multilift (crochet). Le compacteur lui-même peut également être placé sur n’importe quel emplacement; puis connecté à une prise électrique comme un compacteur conventionnel. Peter Pfister voit dans cette solution: «un système parfaitement flexible qui nous offre de nombreuses opportunités en tant que collecteur de déchets.»

Spécialiste des techniques de collecte des déchets La société Getag Entsorgungs-Technik AG a été créé en 1990 par Peter Grepper. Dirigée par M. Yvan Grepper elle s’appuie aujourd’hui sur une équipe de 22 salariés. La société Getag est une société commerciale indépendante, elle exerce son activité dans plusieurs secteurs: elle développe des solutions techniques dans les domaines du recyclage, de la collecte, du transport des déchets et leur traitement. Elle étudie et commercialise des produits adaptés aux besoins de chacun de ces secteurs. Le compacteur embarqué sur camion pour le vidage des conteneurs enterrés est dans sa gamme de produit depuis 2016. Getag offrant aussi les systèmes de conteneurs enterrés. I

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TYTANLED est un luminaire de la ligne NEXT GEN, la nouvelle génération de luminaires, qui est conçu pour la technologie LED. De par sa conception, ce luminaire propose de nouvelles solutions pour améliorer la répartition de la lumière et l'équilibre des couleurs. Les diodes d'un fabricant renommé ainsi que les nouvelles armatures assurent une excellente efficacité lumineuse de 150 lm/W, les LED étant directement intégrées dans le boitier du luminaire.

De ce fait le luminaire permet de fournir l’intensité lumineuse nécessaire tout en garantissant une réelle économie d’énergie. Le luminaire présente de nombreuses améliorations qui facilitent et accélèrent le montage: un système de suspension du boîtier avec supports réglables permettant une tolérance de montage de +/-40mm. En standard, il dispose de pinces robustes en acier inoxydable (INOX). Utilisation La lumière LED multifonctionnelle est conçue pour une utilisation dans les zones nécessitant une forte imperméabilité à la poussière et à l'eau. En particulier, leur application dans les zones industrielles (usines, laboratoires), entrepôts, parkings (souterrains et à plusieurs étages), stades de sport, terminaux de transport et passages inférieurs recommandés. Ce luminaire est idéal pour les nouvelles installations d'éclairage ainsi que le remplacement des lumières traditionnelles par des lampes à économie d'énergie en technologie LED, disponible de 2400lm à 10900lm. Leur construction permet le montage en applique ou suspendu.

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