Dossiers Publics_ED. 03.2017

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40 PAGES SPÉCIAL CANTON DE VAUD

Dossiers Publics

3/2017 – Septembre 2017

LE MAGAZINE DE TOUS LES ENJEUX PUBLICS

GRAND ENTRETIEN AVEC

Charles Juillard Ministre des finances du canton du Jura

––––– SPECIAL VAUD –––––

Entretiens

les nouveaux élus au Conseil d’Etat livrent leur vision

Nuria

ECOQUARTIERS, INFRASTRUCTURES SPORTIVES

Métamorphose 2030 Lausanne

Gorrite convaincre puis agir



ÉDITO

Dossiers Publics IMPRESSUM

Préserver notre bien le plus cher

3/2017 – septembre 2017 Rédaction, administration: Quorum Media SA Rue des Bains 35 – CP 5615 1211 Genève 11 Tél. 022 809 94 60 Fax 022 781 14 14 Editeur: Roland Ray Rédacteur en chef: Philippe Belin phbelin@quorum-sa.ch Coordinateur d’édition: Laurent Overney Ont collaboré à ce numéro: Philippe Belin, Isabelle Reitz Arnaud Faller, Lucas Vuitel, Sophie Valard, Christophe Depardon et Pascal Claivaz. Production: Maryse Avidor Publicité: Media Live SA Missionstrasse 82 – 4055 Bâle Tél. 061 561 52 80 Fax 061 601 11 31 Contact: Lila Maalem Directrice commerciale E-mail: ap@medialive.ch Conseillère commerciale­: Maryam Maalem Quorum Media SA Rue des Bains 35 – CP 5615 1211 Genève 11 Tél. 022 809 94 55 Fax 022 809 94 99 Photolitho - Mise en page Prépresse: Bullat Laurence / Quorum Media SA / Genève Photos: © DR sauf mention contraire La reproduction, même partielle, des articles, photos et illustrations parus dans Dossiers Publics n’est autorisée qu’avec l’accord formel de l’éditeur. L’éditeur n’assume aucune responsabilité pour les textes et les illustrations qui ne sont pas issus de la Rédaction du magazine.

ISSN: 2504-2246

Je me souviens d’une conversation avec un patron suisse. Je lui disais que l’on pouvait être tout de même un peu inquiet pour l’avenir économique de la Suisse. Il m’avait répondu: «Nos réserves sont tellement importantes qu’il n’y a aucun souci à se faire, les cantons peuvent être confrontés à tous les déficits possibles, ils seront tous comblés, nous sommes et resteront toujours l’une des plus grandes puissances mondiales». Dans ce numéro, tous les ministres que nous avons rencontrés disent le contraire et certaines fois avec une virulence à laquelle on ne s’attendait pas. Charles Juillard le ministre des finances du Canton et République du Jura exprime ses inquiétudes face aux charges qui ne cessent d’augmenter tandis que Philippe Leuba, le ministre de l’économie du canton de Vaud, affirme que «la population suisse a un problème de riches» et qu’elle ne se rend pas compte que rien n’est jamais acquis. Avec tous les entretiens que nous avons réalisés, on s’aperçoit également que l’incompréhension entre Berne et la Suisse romande est parfois vive et que les retards de la Confédération pour la prise de certaines décisions inquiètent. La votation du 9 février, par exemple: Berne n’arrive pas à fédérer autour d’une solution pour minimiser l’impact de cette votation, alors que sans l’immigration, sans les travailleurs frontaliers, l’économie de la Suisse romande n’est pas viable. Et puis la réforme fiscale, refusée par le peuple; si elle n’est pas vite remplacée par une autre loi, c’est la compétitivité de la Suisse qui sera mise à mal mais, là aussi, on attend toujours un nouveau texte… Ce numéro consacre une grande place au canton de Vaud. Il y a Lausanne, capitale de l’Olympisme et son école polytechnique, l’une des meilleures du monde. Il y a les multinationales installées dans tout le canton et qui prouvent son dynamisme. Enfin, les plus importantes start-up, à l’avenir plus que prometteur, choisissent de s’installer sur ce territoire. Beaucoup d’atouts, mais aussi des dossiers délicats à gérer pour les ministres que nous avons rencontrés. Vous constaterez que nous n’avons pas interrogé la ministre de l’éducation car nous prévoyons, pour un prochain numéro, un important dossier sur l’éducation et la formation dans toute la Suisse romande. C’est l’un des plus gros défi à relever dans les années à venir. Mais dans un avenir proche, pourra-t-on encore débattre avec les ministres dans la presse? Alors qu’ils ne connaissent pas de soucis financiers, les grands groupes préfèrent se délester de leurs titres déficitaires en Suisse romande. On commence par fusionner les rédactions, puis on supprime l’un des titres. La stratégie se répète de plus en plus régulièrement. Qu’il faille réformer le modèle économique de la presse, personne ne le conteste, mais pas au détriment de la pluralité de l’information qui permettait le débat d’idées. Celui-ci est en danger et il va falloir trouver des solutions pour le préserver. Sans débat et avec une information à sens unique, le risque est grand de voir survenir des dérapages préjudiciables pour une démocratie participative. En ce moment, le patron milliardaire de l’UDC rachète à tout va les journaux qui s’offrent à lui. Vu ce que cela lui coûte, son objectif ne peut être de sauver la presse, puisqu’il sait très bien qu’il y perdra de l’argent. Là aussi il y a de quoi être inquiet.

Prix au numéro: CHF 5.– Sponsoring abonnements: prix sur demande © 2017, Quorum Media SA

Philippe Belin

Couverture: © DR

Rédacteur en chef

Dossiers Publics 3/2017

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SOMMAIRE

© CFF

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EDITORIAL

Préserver notre bien le plus cher

Suisse – Cantons – Villes

INFRASTRUCTURE

12 CEVA: la future gare des

Eaux-Vives prend forme

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Dossiers Publics 3/2017

de l’énergie est consommée par les bâtiments

INSTANTANÉS

11 NOMINATIONS

MINERGIE Martial Bujard: plus de la moitié 20

Pourquoi la station d’épuration de Vidy va servir de modèle?

POLITIQUE Charles Juillard: il faut accroître la collaboration intercantonale et Etat-communes

L’écoquartier «Les Vergers» 21 de Meyrin représente une première suisse

24 Hôpital Riviera-Chablais: contrôle énergétique du mastodonte

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SPÉCIAL VAUD

Le Canton de Vaud à l’offensive sur tous les fronts

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PROJET

Lausanne va se métamorphoser!


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GRAND ENTRETIEN

Nuria Gorrite: nous avons un immense devoir d’explication et de transparence

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ERRATUM

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© OTV / L. Ryser

Dossiers Publics

INTERVIEW ierre-Yves Maillard: l’état ne P peut pas seul régler tous les problèmes éatrice Métraux: il n’y a pas lieu B d’imaginer aujourd’hui une baisse de l’effectif policier ascal Broulis: il est urgent que P les chambres fédérales bouclent le programme fiscal 17

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J acqueline de Quattro: nous devons remettre l’intérêt général au centre de notre réflexion

60 Philippe Leuba: je pense qu’une

large partie de notre population a des soucis de riches

SALON

67 Suisse public, l’édition 2017 du

plus grand salon suisse du secteur public a attiré 20’000 visiteurs à Bernexpo

70 Le matin des chefs au salon des ressources humaines

TPG, nouveau Centre de maintenance secondaire Voici quelques précisions, suite à l’article paru dans notre dernier magazine «Dossiers Publics 2_2017» à propos de l’important chantier du nouveau CMS des Transports publics genevois (TPG). Ce nouveau CMS (Centre de maintenance secondaire) d’En Chardon, sur le territoire de la commune de Vernier, offrira une surface de plancher utile de 71’280 m2. Le site occupera jusqu’à soixante personnes à 100% et jusqu’à 400 personnes issues du personnel affecté à la conduite. A l’horizon 2020, les TPG disposeront d’un parc de 96 trams, de 93 trolleybus, de 223 autobus, pour un total de 412 véhicules. Le budget alloué se monte à 310 millions de francs. La mise en service est prévue pour le deuxième trimestre 2019. Dossiers Publics 3/2017

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I N S TA N TA N É S

En Suisse, 23% des habitants auraient renoncé à se faire soigner pour des raisons financières l’an dernier, selon un sondage. La tendance pourrait avoir des répercussions financières importantes à long terme. L’économie suisse est en bonne santé. Telle est la conclusion que l’on peut déduire du développement du marché des véhicules utilitaires au cours des six premiers mois de 2017. Le nombre de voitures de livraison (+2,4%) et de véhicules de transport de personnes (+6,8%) immatriculés en Suisse est sensiblement plus élevé que pendant la même période de l’année précédente. Les camions atteignent même une croissance à deux chiffres (+12,7%). Le Conseil fédéral réduit le tarif médical ambulatoire de 470 millions de francs à partir de 2018 et freine ainsi la prochaine hausse des primes de 1,5%. La décision du Conseil fédéral est d’une ampleur moindre que ce qui avait été annoncé ce printemps. Le nombre de véhicules électriques a dépassé le 2 millions d’unités en 2016, ce qui représente une hausse de 60% par rapport à l’année précédente.

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SUISSE

Les faillites d’entreprises sont en augmentation en Suisse. Au cours des sept premiers mois de l’année le nombre de procédures a atteint 2735, en hausse de 3% sur un an. L’augmentation est particulièrement forte dans l’Espace Mittelland, qui regroupe Fribourg, Neuchâtel, le Jura, Berne et Soleure. Elle y atteint les 15%. Il faut cependant moduler ses résultats en fonction du fait que dans le même temps les créations d’entreprises ont gagné 4% au cours des sept premiers mois pour atteindre le chiffre de 25’636.

Le pont suspendu le plus long du monde se trouve en Suisse sur la voie européenne de randonnée Europaweg menant de Grächen à Zermatt (VS). Le pont, long de 494 mètres pour 65 centimètres de large permet une traversée qui s’effectue à 85 mètres de hauteur en son point le plus haut.

POLITIQUE

Doris Leuthard ne briguera pas un nouveau mandat au gouvernement suisse. Elle quittera le Conseil fédéral au plus tard à la fin 2019.

CULTURE

L’Office fédéral de la culture s’est prononcé: le Musée Ariana, musée suisse de la céramique et du verre et institution de la Ville de Genève, fait partie des 13 musées en Suisse qui bénéficieront d’un soutien financier de la part de la Confédération pour la période 2018-2022.

Le premier salaire minimum de Suisse a été instauré à Neuchâtel. Fixé à 19,70 francs de l’heure, il sera réadapté chaque année en fonction de l’inflation. Pour un employé qui travaille 42 heures sur 12 mois, cela correspond à une paie brute de 3585 francs par mois. La société zurichoise IAZI a établi le classement des communes les plus attractives de Suisse. Arrive en tête Rüschlikon (ZH). En Suisse romande, trois localités se hissent dans le top 20 des plus attractives du pays: les communes genevoises de Chêne-Bougeries (9e) et de Cologny (20e) ainsi que la vaudoise Lutry (10e).


INFO

AJS:

gestion coordonnée du trafic de l’agglomération Lausanne-Morges Une centrale de gestion du trafic composé par le périmètre de centre, ou périmètre compact, comprend tout ou partie des communes de Belmont-surLausanne, Bussigny-près-Lausanne, Chavannes-près-Renens, Cheseauxsur-Lausanne, Crissier, Denges, Echandens, Echichens, Ecublens, Epalinges, Jouxtens-Mézery, Lausanne, Le Mont-sur-Lausanne, Lonay, Lully, Lutry, Morges, Paudex, Préverenges, Prilly, Pully, Renens, Romanel-surLausanne, Saint-Sulpice, Tolochenaz et Villars-Sainte-Croix de l’agglomération. L’objectif principal de la GCTA est de répondre aux défis majeurs en termes de mobilité de l’agglomération Lausanne – Morges, tout en utilisant au maximum les infrastructures actuelles.

Pour ce faire, la nouvelle centrale de trafic sera aménagée à Lausanne d’ici 2020. Celle-ci intégrera un poste opérateur intelligent, connecté aux carrefours à feux et éléments stratégiques de l’agglomération. Depuis ce poste de contrôle, les opérateurs auront une vision continue de l’état du trafic et pourront agir à distance par l’intermédiaire de plan de gestion intégré de la mobilité prédéfinis, sur les infrastructures connectées pour informer, rediriger ou réguler le trafic. Le rôle de AJS ingénieurs civils SA est d’apporter assistance au Maître d’Ouvrage avec notre savoir-faire dans le choix du mandataire et le développement du projet.

Par l’intermédiaire de la GCTA, la gestion mobilité dans l’agglomération lausannoise sera facilitée et il sera possible d’apporter une solution rapide, pragmatique et coordonnée aux nombreux défis à venir.

AJS ingénieurs civils SA Rue de la Place-d’Armes 5 Case postale 1733 CH - 2001 Neuchâtel T +41(0)32 720 01 00 F +41(0)32 720 01 01

ajs@ajs.ch

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I N S TA N TA N É S

Vaud, les arrivées de chômeurs en fin de droit ont explosé ces dernières années passant de 180 personnes par mois en 2009 à plus de 420 personnes en 2016. Soit une augmentation de 133% en sept ans. Genève: Le Conseil d’Etat a adopté à l’intention du Grand Conseil un projet de loi ouvrant crédit d’étude de 6,3 millions de francs pour le financement d’une première tranche des études d’avant-projet de la traversée du lac, du bouclement autoroutier et des mesures d’accompagnement. Vaud: Au 1er juin 2017, 3650 logements sont annoncés vacants dans le canton, dont 995 disponibles uniquement à la vente. L’offre, encore faible, augmente par rapport à l’année dernière (+470 logements). Cela fait monter le taux global de vacance de 0,8% à 0,9% sur l’ensemble du parc de logements vaudois. Fribourg: Le centre d’hébergement provisoire pour requérants d’asile de Guin va fermer à la fin du mois de septembre. Ouvert en 2013 dans l’abri de protection civile de Leimacker, il avait vu son existence prolongée à deux reprises.

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CANTONS

VALAIS: Le vendredi 29 septembre prochain, la 58e édition de la Foire du Valais ouvrira ses portes pour 10 jours d’exposition, d’exploration, de découvertes et de rencontres dans l’ambiance culte de la plus grande Foire de Suisse romande.

JURA

La Birse et la Scheulte seront réaménagées sur la commune de Courroux pour prévenir les crues. Le projet, estimé à quelque 7,4 millions de francs, prévoit notamment d’élargir le lit des deux cours d’eau pour permettre le passage d’une crue centennale, tout en favorisant le développement écologique et morphologique des milieux. Le Parlement jurassien est appelé à se prononcer sur une subvention de près de 679’570 francs pour ce projet, qui répond pleinement aux objectifs sécuritaires et environnementaux du Canton.

un crédit au titre de subvention cantonale d’investissement de 15,7 millions de francs pour financer la mise en œuvre d’infrastructures agricoles durables.

GENÈVE

Afin de faciliter la vie des entrepreneurs, la DG DERI lance un nouveau portail regroupant toutes les e-démarches et informations utiles aux entreprises. Issu d’une démarche participative, le portail sera complété avec chaque nouvelle prestation numérique développée par l’Etat.

ÉNERGIE

Dans le Valais, le lac des Toules va se recouvrir de panneaux photovoltaïques. Installé par Romande Energie, ce parc solaire flottant de démonstration se composera d’un tapis de 36 flotteurs arrimés aux rives du lac réservoir, qui pourront s’élever et s’abaisser en même temps que le niveau d’eau. Ces flotteurs accueilleront 2 240 m2 de panneaux solaires qui produiront près de 750 000 kWh par an.

Rte de la Gruyère 14 CP 95 - 1723 Marly 1

Ingénieurs conseils pour les techniques du bâtiment.

Domaines d’activités:

Études énergétiques globales prenant en compte l’efficacité énergétique et l’impact sur l’environnement. Construction, transformation et optimisation des installations CVC. Énergies renouvelables: bois, solaire, PAC, etc. Systèmes couplage chaleur-force (CCF). Systèmes de régulation MCR. Constructions MINERGIES®. Accréditation ENERGO®. Expert CECB®.

Genève: Le Conseil d’Etat a adopté un projet de loi visant à prolonger de cinq ans, soit jusqu’au 31 décembre 2022, la loi 10850 ouvrant

Tél.: 026 436 25 22 Mobile: 079 607 73 40 Téléfax: 026 436 25 32

E-mail: info@energil.ch Web: www.energil.ch

Jura: Le canal de Bellevie, entre Courrendlin et Courroux, sera réaménagé sur une longueur de près de 2 kilomètres. Le projet s’inscrit dans le cadre des mesures compensatoires écologiques de l’A16. Il vise à la fois à augmenter la qualité écologique du ruisseau lui-même et à améliorer son rôle de couloir de migration pour la faune aquatique et terrestre. Il permettra également de lutter efficacement contre les crues dans ce secteur. Genève: L’Etat versera 4,8 milliards de francs à la caisse des fonctionnaires (CPEG) pour faire remonter immédiatement son taux de couverture à 80%.



I N S TA N TA N É S

VILLES

GENÈVE: Fribourg: A l’étroit, le service de cardiologie de l’hôpital fribourgeois bénéficiera bientôt de nouveaux locaux pour les coronographies et l’électrophysiologie. D’autres services profiteront également du futur bâtiment, qui verra le jour au troisième trimestre 2018. Coût total du projet: 8 millions de francs. En 2018, les tarifs d’électricité des usagers genevois vont baisser en moyenne de 4% par rapport aux tarifs 2017. Cette baisse reflète la diminution des coûts d’approvisionnement des SIG. Elle intègre également une baisse du prix du transport de très haute tension facturé par le gestionnaire de ce réseau, Swissgrid. Le concours pour la sixième édition de Lausanne Jardins est officiellement lancé. Il s’adresse aux paysagistes, designers, architectes, concepteurs et artistes du monde entier, pour créer une vingtaine de jardins sur le thème de la pleine terre. Des jardins qui viendront s’insérer dans l’espace urbain au cours de l’été 2019, sur un parcours qui traverse la ville d’ouest en est. L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 29 septembre 2017.

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Le chantier de réaménagement de la place des Grottes a débuté. Les travaux se termineront en mai 2018. Toute la surface de la place sera remise à neuf, jusqu’à l’amorce des rues voisines. L’espace central sera laissé libre pour accueillir le marché hebdomadaire et diverses manifestations. La fontaine sera déplacée dans la perspective des rues adjacentes. De nouveaux arbres seront plantés sur la place. Ils seront entourés chacun d’une plate-bande et d’un banc. Un nouvel éclairage sera également installé.

«VEVEY, VILLE EN MOUVEMENT»

Le slogan choisi par la Municipalité veveysane pour sa législature 20162021 se décline désormais avec dix machines de fitness en plein air. Disposées au bord du lac et accessibles toute l’année à un large public, ces installations visent à permettre aux Veveysans, comme aux visiteurs de la ville d’images, de s’adonner aux joies du sport d’extérieur.

LE FUTUR SIÈGE DU CIO

La Maison olympique regroupera dès 2019 les 600 employés qui sont aujourd’hui dispersés sur quatre sites à Lausanne Le rez-de-chaussée accueillera les salles de réunion et un restaurant. Trois étages de bureaux ont été prévus. Le bâtiment de 17 mètres de haut sera très efficace au niveau énergétique puisque seront installés des panneaux solaires, que l’eau du lac sera pompée et les eaux de pluie récupérées.

Morges: Avec le site www.morgesavenir. ch, la Ville informe des projets urbains actuels et à venir, y compris les renseignements pratiques. La Ville de Vevey soumet à l’enquête publique son projet de construction d’un nouveau collège dans le quartier de Gilamont. Fruit d’études et d’analyses détaillées, ce dossier apporte les compléments d’information aux trois points précis demandés en 2016 par la Cour de droit administratif et public. Le collège au nord de la ville est destiné à accueillir 800 élèves et, prévu dans le quartier de Gilamont, cet établissement de cycle secondaire permettrait à Vevey de remplir ses obligations en matière d’accueil scolaire pour une ville qui a récemment franchi la barre des 20’000 habitants. Genève: Afin de concrétiser sur le terrain la mise en œuvre de sa politique sportive, la ville s’est dotée d’un plan directeur des équipements sportifs 2017-2030. Il présente 46 mesures à mettre en œuvre d’ici 2030. Morges: Dans le cadre du réaménagement des espaces publics de la gare, la Ville planifie la réalisation d’une vélostation de 400 places. Afin de mieux cerner les besoins des futurs utilisateurs, une enquête est menée à ce sujet en partenariat avec le Büro für Mobilität.


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ÉPANDAGE FACILITÉ POUR LA ROMANDIE Un nouveau produit de notre assortiment pour la Romandie: La ZÜKO est la nouvelle distributrice pour Un nouveau produit de notre assortiment pour la Romandie: La les saleuses Kugelmann en Suisse Romande. Ce « héros hivernal » de la maison Kugelmann sont de ZÜKO est laultra nouvelle distributrice pourprésente les saleuses en Tous les super produits légers étant donné que le boîtier un grandKugelmann élément en plastique. épandeurs sont propres àCe cause de son convoyeur à visde enfermé et nécessite par cela pas d’entretien Suisse Romande. «héros hivernal» la maison Kugelmann majeur. La faible hauteur de cette construction offre une visibilité panoramique parfaite et son centre de sont bas de beaucoup super produits légers étantKugelmann donné que leenboîtier gravité de sécurité etultra de stabilité. Les produits existent plusieurs grandeurs et dimensions.un grand élément en plastique. Tous les épandeurs sont présente

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NOMINATIONS – Edi Estermann –.

– Sarah Kreienbühl –.

Sarah Kreienbühl (46 ans) rejoint Migros et prend la tête du département RH, Affaires culturelles et sociales, Loisirs. Elle succédera le 1er janvier 2018 à Fabrice Zumbrunnen, lequel reprendra à cette date la présidence de la direction générale de la FCM. Sarah Kreienbühl a étudié la psychologie appliquée à l’université de Zurich et travaillé pendant cinq ans en tant que psychologue à Swissair. Après avoir exercé la fonction de conseillère chez Amrop International, spécialiste mondial du recrutement de cadres, elle a développé un modèle global de gestion des ressources humaines au sein du groupe Tecan, l’un des leaders mondiaux de l’automatisation de laboratoires. Sarah Kreienbühl travaillait depuis 2004 pour Sonova SA où elle a occupé le poste de membre de la direction générale et responsable des ressources humaines du leader mondial des systèmes auditifs qui emploie plus de 14 000 collaborateurs dans le monde.

– Georges Grbic –. Georges Grbic, comédien, metteur en scène et directeur de compagnies, a été nommé au poste de directeur du Théâtre Benno Besson (TBB). Il a pris la succession de Thierry Luisier le 1er septembre dernier. Georges Grbic a suivi une formation théâtrale au Conservatoire de Lausanne et a obtenu son diplôme avec le prix d’interprétation en 1987. Il a assumé la Présidence du Syndicat Suisse Romand du Spectacle de 2004 à 2008. Plus récemment, il s’est essayé à la mise en scène, avec succès, montant deux productions, «Perplexe» de Marius von Mayenburg et «Les trois petits cochons» de Noëlle Revaz, pièce destinée au jeune public et jouée à plus de cent reprises, notamment au Théâtre Benno Besson.

Edi Estermann endossera les fonctions de responsable du service de presse de la SSR et de porte-parole du directeur général au 1er octobre. Il succédera à Daniel Steiner, qui part à la retraite. Agé de 52 ans, Edi Estermann a dernièrement occupé le poste de Chief Communications Officer au sein de l’entreprise média Ringier, dont il était responsable de la communication interne et externe. Il sera le conseiller direct du directeur général de la SSR.

– Marie-Amélie Dupraz-Ardiot –. Marie-Amélie Dupraz-Ardiot sera la nouvelle responsable du développement durable pour le canton de Fribourg. Elle prendra ses fonctions le 1er novembre prochain et sera chargée d’élaborer la nouvelle stratégie cantonale en matière de développement durable. Elle aura aussi la tâche de poursuivre les actions lancées dans le cadre de la précédente stratégie, notamment les plans de mobilité de l’Etat, l’assainissement des bâtiments, la réalisation d’un quartier durable à la Poya ou encore les achats et les marchés publics responsables. Marie-Amélie Dupraz-Ardiot est titulaire d’un diplôme en géologie de l’Université de Fribourg et d’un master en gestion de l’environnement de l’Ecole Polytechnique de Lausanne.

– Beat Ris –. L’Association Cerebral Suisse réorganise sa direction. Le Comité central a élu Beat Ris comme co-directeur. Il assumera la responsabilité des finances et fera essentiellement office de «ministre des affaires internes». Beat Ris, 52 ans, est entré en fonction le 17 juillet. Il était co-directeur, responsable des finances et de l’administration dans une institution bilingue pour les personnes en situation de handicap psychique dans le canton de Berne.

– Martin Vetterli –. L’initiative multisectorielle Digitalswitzerland a nommé à sa présidence Martin Vetterli, le président de l’EPFL. Créée en 2015, cette initiative multisectorielle de soutien à l’innovation a mis en place deux projets de formation: une plateforme regroupant des offres de formation continue numériques et des camps d’été visant à susciter l’intérêt des enfants et des jeunes pour l’innovation numérique: «educationdigital» est un pool qui regroupe les offres de formation numérique, 350 cours proposés par plus de 20 prestataires. «next generation» organise des camps d’été en Suisse allemande et à Lausanne, qui visent à susciter l’intérêt des 5-19 ans pour encourager chez eux une bonne compréhension du monde numérique et entrepreneurial qui pourra être approfondie par une formation. Dossiers Publics 3/2017

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INFRASTRUCTURE

CEVA: la future gare

des Eaux-Vives prend forme Les travaux de l’émergence route de Chêne sont terminés. Ceux de l’émergence Frank Thomas ont démarré début avril et s’achèveront fin décembre. Aux abords de la future gare CEVA, les travaux des chantiers immobiliers ont démarré. On commence à pouvoir très bien imaginer à quoi ressembleront la gare et ses alentours. Si l’on se projette en 2020, 14 000 personnes devraient la fréquenter chaque jour mais à terme les utilisateurs seront beaucoup plus nombreux, sans doute plus de 30.000 dès 2030. Beaucoup d’usagers prendront ensuite le tram dans un très vaste espace d’attente du nouvel arrêt qui se situera juste devant une des façades de la gare. Ce qui devrait le plus surprendre dans la nouvelle gare, ce sont les gigantesques panneaux de 5,4 sur 2,7 mètres, formés de quatre couches de verre superposées de respectivement 6 et 12 millimètres. Leur finalité est d’amener la lumière dans la gare souterraine dans le but d’éviter l’effet «métro». En sous-sol, la luminosité sera accentuée par des néons qui seront

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installés derrière les parois vitrées. La direction locale de ses travaux a été confiée à la société EMCH+BERGER. Elle est spécialisée depuis plus de 60 ans dans la planification, le conseil et le management pour l’ensemble des phases d’un projet. Particularité de cette entreprise lausannoise: elle est entièrement aux mains des collaborateurs. Son rôle sur ce chantier est très important. Construire une gare souterraine n’est jamais simple, d’autant plus qu’un centre commercial est prévu à l’étage. Les travaux sont bien avancés, mais ils ont nécessité une très grande technicité. Il a fallu dans un premier temps mettre en place des soutènements provisoires. Des injections de ciment depuis la surface ont également été nécessaires. Ensuite, on a pu effectuer le pré-terrassement pour pouvoir réaliser

les parois moulées. Enfin, on a creusé la gare, pour permettre la construction de la dalle inférieure ainsi que des porteurs verticaux. C’est un chantier immense: la gare fera près de 300 mètres de long sur 30 mètres de large. ■

le CEVA? Combien va coûter En tenant compte de certains dépassements déjà constatés, la facture finale devrait être de 1617 millions de francs. Cependant, divers imprévus toujours possibles à ce stade du chantier, pourraient alourdir la note de 188 millions de francs. Le chantier est financé à 56% par la Confédération et à 44% par le canton de Genève.



INFRASTRUCTURE

Lausanne

Pourquoi la station d’épuration de Vidy va servir de modèle? C’est la station d’épuration de Vidy qui est chargée depuis 1964 de traiter les eaux usées de près de 200.000 habitants de Lausanne et de ses environs. D’importants travaux sont en cours. Non seulement il faut traiter les micropolluants en fonction des nouvelles normes imposées, mais comme la population va grandement augmenter dans les années à venir, la station doit se préparer à fournir l’eau qui lui sera nécessaire. Un chantier de plus de 300 millions de francs. Le plus gros défi de ce chantier est l’obligation d’assurer la fourniture d’eau, alors que dans le même temps il faut détruire et construire. Une prouesse quand, en plus, vous découvrez des

vestiges archéologiques de l’époque romaine! Les fouilles d’un côté, les camions et les bétonneuses de l’autre, et l’eau qui continue à couler dans les robinets…

Step Vidy. © DR

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BG Ingénieurs Conseils, qui travaille sur ce chantier nous en explique son ampleur: «Les nouvelles exigences des autorités nécessitent une refonte complète de la filière de traitement, passant par la nitrification complète des eaux par biofiltration, le traitement poussé des matières en suspension, un traitement des micropolluants, l’hygiénisation des eaux, le traitement des boues par digestion anaérobie et la valorisation du biogaz produit». Lorsque la nouvelle station de Vidy sera achevée, n’en doutons pas, elle sera visitée par beaucoup de responsables de stations d’épuration. Car si Lausanne était peut-être en retard dans le domaine de l’épuration, elle va prendre à présent une très confortable avance. En effet, nombre de pays viendront s’inspirer de cette réalisation unique, destinée à traiter les micropolluants à une échelle jamais atteinte jusqu’à présent. ■


POLITIQUE

Charles Juillard:

il faut accroître la collaboration intercantonale et Etat-communes

Le ministre des finances de la République et canton du Jura en est convaincu, pour éviter de trop importants déficits les cantons comme les communes doivent unir leurs forces. Que ce soit dans le domaine de la santé ou encore dans celui de l’informatique, des économies très importantes peuvent être réalisées grâce à des rapprochements et une mutualisation des moyens. Encore faut-il trouver des terrains d’entente et ce n’est pas si simple. Quand on regarde les prévisions budgétaires de certains cantons et les déficits qui en ont découlé on se dit que les imprévus sont de plus en plus difficiles à maîtriser. Charles Juillard: Plus la taille du canton est grande et plus il est difficile de faire des prévisions fiables. C’est l’avantage de la taille d’un canton comme le Jura parce que nous pouvons avoir une assez bonne approche des recettes. Les surprises sont parfois bonnes comme les versements des bénéfices de la BNS supérieurs à nos prévisions ou les résultats de l’amnistie fiscale qui étaient largement sous-estimés par rapport à ce que ça nous a rapporté. Réaliser de bonnes prévisions pour ce qui concerne les rentrées fiscales c’est

encore possible, en revanche au niveau des charges, c’est plus délicat. On se fonde sur les moyennes historiques des dernières années, mais prévoir l’évolution de ces charges est difficile. Parce que les coûts de la santé augmentent, qu’il faut rénover des bâtiments, que l’aide sociale coûte de plus en plus cher? C. J.: Les coûts de la santé par exemple augmentent de 4% en moyenne par année, alors que les revenus augmentent globalement de 1,5 à 2%. C’est un domaine qui nous inquiète le plus avec l’action sociale, où nous constatons également Dossiers Publics 3/2017

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POLITIQUE

des augmentations de charges que nous avons de la peine à maîtriser en fonction notamment des décisions prises par la Confédération. Des décisions qui ont des influences sur votre budget? C. J.: Le Conseil Fédéral, mais aussi les chambres fédérales, ne prennent pas suffisamment en compte les conséquences de leurs décisions sur les collectivités publiques de rangs inférieurs, cantons et communes. Les communes sont différemment impactées selon la manière dont sont réparties ces tâches et ces charges dans les cantons. Au niveau de la santé, par exemple, si on reste au niveau cantonal et qu’on englobe canton et communes dans le même paquet, il y a de quoi s’inquiéter. Les chambres fédérales ont décidé d’alléger les caisses maladies et cela a de lourdes conséquences. La prise en charge des coûts et des soins hospitaliers par exemple par les collectivités publiques à hauteur de 55% décharge les caisses maladies sans pour autant faire baisser les prix, mais cela a pour conséquence d’affecter grandement les finances des collectivités publiques. Des solutions? C. J.: Il ne faut pas mélanger l’investissement et le fonctionnement. Pour l’investissement, nous devrions trouver assez facilement des investisseurs prêts à financer des installations que ce soit

un hôpital, une maison de santé ou des appartements adaptés. C’est au niveau du fonctionnement que cela coince, car nous sommes confrontés à une augmentation de la consommation de soins. Nous avons procédé à une planification hospitalière qui définit clairement les rôles. Nous n’aurons jamais d’hôpital universitaire dans le Jura, ce n’est même pas souhaitable, il y en a assez en Suisse. Donc je pense qu’il faut mieux répartir les rôles pour éviter les doublons et ce n’est pas assez le cas. D’autre part ce qui nous pénalise ici dans le Jura, c’est le libre choix de l’hôpital. Un patient a le droit d’aller dans un hôpital qui coûtera parfois plus cher pour des soins dont il pourrait bénéficier chez nous à l’hôpital de Jura, à meilleur compte et à qualité égale. Il y a un gros effort de sensibilisation à faire et cela passe par le médecin de famille qui va conseiller son patient. Il est important de faire comprendre aux médecins jurassiens qu’il y a un intérêt majeur à utiliser au maximum les capacités de l’hôpital du Jura, parce que cela nous coûtera moins cher et nous permettra d’investir encore plus dans le domaine de la santé. Hormis les soins, il y a toutes les autres prestations d’intérêt général. Celles-ci sont plus ou moins importantes en fonction du taux de l’activité de l’hôpital. Plus le taux est élevé et plus la part des prestations d’intérêt général diminue. Cela permet un meilleur financement sur l’ensemble des prestations.

Hopital du Jura. © Philippe Posso

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Canton de Genève et canton de Vaud se rapprochent dans le domaine de la santé avec un objectif, mutualiser leurs forces, une bonne idée d’aprèsvous? C. J.: Nous avions lancé une réflexion pour une collaboration accrue dans l’arc jurassien, le canton du Jura, le Jura bernois et Neuchâtel. Pour différentes raisons, principalement politiques, cette collaboration a été freinée. Cela est en partie lié à la question jurassienne. Mais nous pourrions reprendre les discussions, car le sort de Moutier a été réglé et l’hôpital du Jura bernois devra trouver sa place entre ces deux cantons que sont Berne et du Jura. On pourrait imaginer aussi l’étendre à Neuchâtel, mais pour cela il faut une volonté politique forte. Et en attendant que faites-vous? C. J.: Nous essayons d’accroître notre collaboration avec Bâle. Nous faisons déjà venir des médecins de ce canton dans nos hôpitaux et nous en envoyons. C’est parfois paradoxal, car certains patients vont se faire soigner à Bâle et ils se retrouvent avec un praticien jurassien! Je pense que cette collaboration peut aller encore plus loin. Les techniques médicales ont aussi évolué et, dans ce contexte, on est au début d’une réforme profonde de notre système de santé. On ne sait pas jusqu’où on ira mais les frontières cantonales seront à mon avis très rapidement dépassées. La médecine de pointe et le matériel qui va avec vont coûter de plus en plus cher, d’où l’intérêt de mutualiser! C. J.:  Bien sûr! Nous ne voulons pas d’hôpital universitaire pour cette raison non plus. Il faut que nous ayons une collaboration avec des échanges. Le canton de Bâle-Ville, par exemple, n’a pas de centre de réadaptation puisqu’il collabore avec ses voisins et même avec l’Allemagne. Puisque nous alimentons l’hôpital universitaire bâlois pourquoi, lui, n’alimenterait-il pas le centre de réadaptation qui fonctionne très bien à Porrentruy et qui est bénéficiaire? Oui, il doit y avoir des discussions entre cantons pour trouver des synergies.


Dans certains cantons, les rentrées fiscales sont à la baisse, l’aide sociale à la hausse et les poursuites en sont une des causes puisque les dossiers à traiter sont de plus en plus nombreux que ceux-ci ne prennent pas en compte les impôts. C. J.:  Je ne suis pas très optimiste quant au fait qu’on puisse modifier la loi sur les poursuites et admettre que les impôts soient à prendre en compte, et pourtant il n’y a pas de raisons de privilégier d’autres créanciers que l’Etat. Dans le Jura il n’y a pas vraiment moins de personnes qui payent des impôts, l’évolution est assez standard en terme relatif comme en terme absolu. Mais pour nous, même si nous sommes en dessous de 3% d’impôts qui ne rentrent pas, cela représente une somme importante, alors que pour un canton plus grand que le nôtre même s’il se trouve au-dessus de ces 3% cela ne représente pas le même challenge. Je reviens aux poursuites car vous avez raison, si vous enlevez les primes des caisses maladies et les impôts vous pouvez réduire de moitié les effectifs des offices de poursuite et les transférer dans des services qui ont besoin de personnel. Parfois, les autres créanciers font en plus appel à des sociétés de recouvrement qui utilisent des méthodes que je qualifierais d’un peu limites. Mais voilà, c’est la loi aujourd’hui, elle ne sera modifiée que s’il y a une volonté politique forte. Certes nos impôts rentrent, mais je n’oublie pas qu’il nous a fallu 7 ans pour inverser la courbe.

automatiser d’avantage certaines procédures, mais c’est très compliqué de parvenir rapidement à trouver les bons leviers d’autant qu’il nous faut le soutien des citoyens avec auparavant un consensus politique. Dans les années passées vous êtes parvenu très souvent à l’équilibre. Sur l’année 2016 d’accord vous avez acté un déficit de 7,4 millions, mais vous n’avez pas dû puiser dans vos réserves. Pour 2017 vous prévoyez effectivement un déficit, même chose pour 2018? C. J.:  Oui, on s’attend pour 2018 et 2019 à des chiffres rouges. 2016 finalement s’est plutôt bien passé. Nous avions un budget prévisionnel déficitaire de 6,5 millions qui s’est soldé par un déficit supérieur d’un million, mais dans le budget nous avions prévu d’utiliser 9 millions de notre réserve et nous n’avons pas eu à le faire. Globalement nous sommes parvenus à une amélioration de 8 millions, c’est important pour un petit canton comme le nôtre avec nos 930 millions de charges! Cependant nous restons tout de même déficitaires. En plus, dans les années futures, il faudra intégrer la réforme de l’imposition des entreprises et les modifications qui interviendront dans la péréquation financière fédérale et nous allons encore être perdant. Je pense que pour nous comme pour le Valais, Neuchâtel ou encore Fribourg les situations sont, disons, très compliquées. Ceci dit l’abolition des statuts fiscaux ne se discute plus, on se doit d’y renoncer. Il faut comprendre cela comme un investissement. Nous devons conserver nos emplois et de la masse fiscale. Certains avaient dit que la RIE II allait coûter des milliards. En fait personne ne sait!

Ceci dit vous allez avoir un autre challenge à relever car manifestement les charges vont augmenter, sans doute lourdement. C. J.:  Oui. En 11 ans d’exercices budgétaires nous avons connu deux années où ces charges ont baissé. Ce sont les deux années où nous avions introduit un programme Pourquoi? d’économies et celui-ci nous avait permis de compresser C. J.: Parce que depuis que cette réforme a été engagée, les nos charges. On ne peut pas le faire continuellement ou recettes de l’impôt fédéral direct n’ont fait qu’augmenter. alors il faut renoncer à un certain nombre de prestations. Nous, les ministres des finances, disons plutôt que s’il n’y avait Lesquelles? Il est toujours très difficile sur pas eu cette réforme nous aurions perdu le plan politique de se mettre d’accord davantage car il y aurait eu certainement sur les prestations que l’on pourrait supmoins de bénéfices. C’est une constante primer. Mon idée, c’est que ce sont les depuis des années, quand on allège l’imNOUS ALLONS DEVOIR prestations pas encore offertes qui sont position des entreprises celles-ci sortent les plus faciles à supprimer! Le Parlement FAIRE FACE À UNE PLUS davantage de bénéfices et globalement comme le Gouvernement ont toujours des après un creux d’une année ou deux on GRANDE CONCURRENCE bonnes idées, mais nous sommes souvent s’aperçoit que le rendement de l’impôt QUE PAR LE PASSÉ confrontés à des problématiques impodes personnes morales redevient aussi bon sées par la loi et la Constitution. Dans ces qu’avant, il est même parfois supérieur. conditions comment financer ces bonnes Il devrait en être de même avec le projet idées? C’est souvent très compliqué car si fiscal 17. effectivement les recettes directes comme les impôts et les taxes stagnent, les charges augmentent et les recettes de la Mais l’environnement international a changé, beaucoup de péréquation financière fédérale vont baisser, car les cantons pays vont suivre l’exemple de la Suisse. contributeurs se plaignent de trop payer. Nous allons au C. J.: C’est vrai, la France va baisser son taux d’imposition, devant de sérieux problèmes si nous ne trouvons pas très l’Angleterre avec le Brexit va faire de même, tout comme rapidement des solutions et pour le moment force est de l’administration Trump. Cela signifie que nous allons devoir constater que nous ne les avons pas trouvées. faire face à une plus grande concurrence que par le passé. Des pistes existent pourtant, la mutualisation, la numérisaLes taux d’imposition moyens prévus de 16% ne nous rendent tion, des prestations que l’on pourrait légèrement diminuer, pas plus concurrentiels. Il faut donc avoir d’autres arguments Dossiers Publics 3/2017

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POLITIQUE

série de petites réformes pour faire en sorte que la classe moyenne et les familles voient leur fiscalité allégée. Cette diminution est toujours de 1% par année jusqu’en 2022. Globalement en 10 ans nous aurons baissé les impôts de plus de 15%.

Delémont, Hôtel du gouvernement du Jura. © DR

que simplement celui de la fiscalité pour conserver les entreprises en Suisse et en attirer de nouvelles. Nous avons des arguments. L’innovation, nos capacités de réaction et contrairement à d’autres pays nous ne travaillons pas par la planche à billets, mais nous développons des programmes d’économie qui nous permettent d’augmenter la rentabilité. En ce qui concerne les citoyens, faut-il baisser leurs impôts, est-ce possible avec les déficits que vous prévoyez? C. J.: C’est un pari difficile. Nous avons deux exemples en Suisse qui sont antinomiques. Obwald et Lucerne. Obwald a fait le pari d’une baisse très forte de la pression fiscale que ce soit pour les personnes morales ou physiques. Le pari semble réussi. Ce canton plus faible financièrement que le nôtre deviendra contributeur en 2018. Cependant sa situation est différente de la nôtre. C’est un peu un canton «coucou» qui vit dans le nid des autres. Les hôpitaux, les théâtres, les formations se font ailleurs. A Lucerne aussi on a voulu baisser la fiscalité et ils ne savent plus comment s’en sortir. Certes il y a eu un afflux d’entreprises, mais pas suffisamment pour compenser la baisse des impôts. Ils ont bien tenté de les augmenter, mais le peuple a dit non. En ce qui nous concerne, nous avons renoncé dans la législature précédente à une baisse drastique. Cela ne signifie pas que nous n’avons rien fait. Nous avons réalisé toute une

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Parlons de Moutier à présent qui a décidé de rejoindre le canton du Jura, c’est une bonne nouvelle mais cette intégration ne sera pas forcément simple à mettre en place. C. J.: Moutier va devoir reprendre la législation jurassienne, ce qui va entraîner bien évidemment des changements qu’il faudra faire comprendre aux citoyens de Moutier, mais sur le fond il n’y a pas de grandes différences. En revanche ce sera plus compliqué en interne, car en ce qui concerne l’administration, nous allons devoir reprendre des contrats, citoyens-Etat, citoyens-communes, communes-Etat, etc… Oui il va y avoir beaucoup de travail à engager d’ici le 1er janvier 2021 pour que la ville de Moutier puisse trouver sa place de manière pleine et entière dans la République et Canton du Jura.

DOIT-ON CONTINUER DE LA MÊME FAÇON QUE DEPUIS 1979?

Ceci dit c’est une bonne nouvelle pour votre canton. C. J.: C’est quelque chose d’exaltant et cela va nous permettre de réfléchir, de nous remettre en cause. Doit-on continuer de la même façon que depuis 1979? Dans le programme de législature du Gouvernement, on trouve un important volet réorganisation, modernisation et digitalisation de l’administration. Il y a aussi un volet institutionnel qui consiste à réformer la circonscription électorale. Il faudra intégrer Moutier en se posant la question de savoir si nos trois districts sont encore pertinents. Faut-il faire un cercle électoral unique sur l’ensemble du can-

ton, de nouveaux découpages? Toutes ces questions vont à mon avis booster la classe politique. Je suis convaincu que ce coup de projecteur qui a été donné à l’occasion de cette votation va, au niveau économique, nous apporter d’importantes retombées. Cette intégration va dynamiser la région, lui donner un sacré coup de fouet. Le fait d’avoir été capable de mener à bien un projet comme celui-là prouve que nous pouvons en mener d’autres aussi ambitieux au niveau économique, culturel ou touristique. Pour conclure, comment allez-vous vous organiser face aux déficits que vous prévoyez? C. J.: Il va falloir accroître la collaboration inter-cantonale, la collaboration Etatcommunes. Nous nous rapprochons d’autres cantons et les communes devraient en faire de même, entre autre au niveau informatique. Dans un canton de la taille du nôtre, on devrait avoir pour les collectivités publiques une informatique uniforme. On y gagnerait énormément, mais c’est un message difficile à faire passer car les communes y voient une emprise trop forte sur leur autonomie. Pourtant nous pourrions partager nos outils. Nous avons choisi un ERP qui s’adresse aussi bien à l’Etat qu’aux communes, mais aucune d’entre elles n’a saisi cette opportunité. Dans beaucoup de domaines il existe beaucoup de synergies à développer. C’est un des leviers pour réduire nos dépenses, sans baisser la qualité de nos services. Ensuite je pense que nous devons être encore plus attractifs pour augmenter le nombre de contribuables. La Suisse, malgré la cherté du franc, a encore beaucoup d’avantages à faire valoir. Pensons également au tourisme doux, l’un de nos atouts, car de plus en plus de personnes cherchent l’authenticité. Lorsque le franc coûtait de plus en plus cher aux touristes étrangers, l’arc jurassien a beaucoup moins souffert que les Alpes ou l’arc lémanique parce que notre tourisme est meilleur marché. Nous avons donc différents leviers qui doivent nous permettre d’équilibrer nos comptes, encore faut-il les utiliser rapidement. ■



MINERGIE

Martial Bujard:

plus de la moitié de l’énergie est consommée par les bâtiments Après l’approbation par le peuple de la stratégie énergétique 2050, les normes imposées par la loi vont un peu plus se rapprocher de celles qui permettent d’obtenir un des label Minergie. Cela ne peut que réjouir Martial Bujard, le responsable de l’agence Minergie de Suisse Romande. Qui sont les membres de Minergie? Martial Bujard: Beaucoup d’entreprises qui sont actives dans le bâtiment et l’immobilier ainsi que des collectivités publiques. Nous avons également ce que l’on appelle des partenaires spécialistes. Ces professionnels ont subi des tests qui démontrent qu’ils maîtrisent bien un ou plusieurs domaines permettant d’obtenir une certification Minergie. Quelles sont les exigence d’une certification? M. B.: Il existe trois labels. Minergie s’adresse aux maîtres d’ouvrage dont le niveau d’exigence est supérieur à la moyenne et aux lois. Avec Minergie-P c’est surtout le confort qui est vérifié, il faut que l’isolation soit très bien faite pour que les constructions consomment peu d’énergie. Enfin, Minergie-A est plus exigeant que les deux autres labels, puisqu’il veut une indépendance énergétique maximale grâce à des installations photovoltaïques.

Martial Bujard. © DR

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Qu’apporte une certification Minergie? M. B.: L’avantage pour un maître d’ouvrage d’obtenir un label c’est de démontrer qu’il respecte des normes et des exigences élevées. Dans ces conditions les architectes, lorsqu’ils doivent faire des propositions, se retrouvent devant un cadre précis, qui leur donne un fil rouge très bien défini. Une entreprise proposant des matériaux qui permettent de respecter les normes demandées par Minergie obtient-elle aussi une sorte de certification? M. B.: Oui, on appelle cela des modules. Nous garantissons la qualité de l’élément de construction. Un maître d’ouvrage qui n’utilisera que des matériaux des modules Minergie sera certain d’obtenir la certification. Les normes imposées par Minergie sont très supérieures à ce que demande la loi? M. B.: Le premier label Minergie exige un peu plus, mais au fil des ans les normes imposées par la loi se rapprochent de plus en plus des nôtres. En revanche pour Minergie-P, nous sommes beaucoup plus exigeants notamment pour l’isolation. Quant à Minergie-A, la production d’énergie demandée est beaucoup plus importante que celle imposée par la loi. La stratégie énergétique 2050 a été approuvée par le peuple, c’est réjouissant pour vous! M. B.: C’est une très bonne chose. Il faut savoir que plus de la moitié de l’énergie consommée l’est par les bâtiments.

Bâtiment Minergie. © DR

Si avec une baguette magique on transforme tous les bâtiments pour les certifier Minergie, eh bien, la stratégie 2050, c’est fait! Certaines constructions ont vu le jour quand la consommation d’énergie n’était pas une préoccupation, loin de là. Beaucoup de bâtiments ne pourront pas obtenir l’une de vos certifications. M. B.: Oui ce sera difficile, mais pour ce genre d’ouvrages nos exigences peuvent être revues à la baisse. Effectivement, certaines fois il y a des choses impossibles à rattraper ou alors il faudrait tout casser! Pensez-vous que les aides accordés par l’Etat dans le domaine de la rénovation soient suffisantes? M. B.: En gros les subventions représentent 10 à 15% des coûts de la rénovation mais il ne faut pas oublier l’aspect fiscal. Un particulier peut déduire le coût de ses travaux parfois jusqu’à 35%. Si vous additionnez subventions et impôts, vos travaux peuvent être pris en charge jusqu’à 50%. Il faut communiquer sur ce fait et nous nous y employons. ■


MINERGIE

L’écoquartier

«Les Vergers» de Meyrin représente une première suisse

L’Ecoquartier Les Vergers préfigure un concept exemplaire où les futurs habitants participent à une démarche innovante à Genève. Projet ambitieux élaboré par la ville de Meyrin en collaboration avec l’Etat de Genève, des propriétaires privés, ainsi que sept coopératives, il vise la construction de plus de 1300 logements, de surfaces commerciales et d’équipements publics sur une superficie d’environ 160’000 m2. Il représente également le premier projet suisse de cette ampleur respectant les normes Minergie A. Hélène Vivenot, responsable Rénovations au département Urbanisme, travaux publics et énergie (UTE) de la Mairie de Meyrin, répond à nos questions. __ Pascal Claivaz Est-ce que les équipement scolaires seront mis aux normes Minergie A, qui constituent les plus hautes exigences dans ce domaine? Hélène Vivenot: La commune vise une labélisation Minergie ECO pour l’Ecole aux Vergers. Les 30 autres bâtiments composant le quartier seront Minergie A. Cette norme Minergie-A combine des exigences supérieures en terme de qualité et une indépendance énergétique maximale. Quelles seront les technologies adoptées du point de vue énergétique (cellules solaires par exemple)? Pourriez-vous les décrire? H. V.: Afin de répondre aux exigences de Minergie ECO, dans le cadre de la construction de l’école, nous nous sommes pliés aux normes Minergie relatives. Les matériaux utilisés répondent aux normes décrites par Minergie: béton recyclé, bois FSC, produits se trouvant dans la liste Lignum approuvant l’emploi desdits matériaux, produits ou l’utilisation de produits labellisés. Enfin, récupération d’eau de pluie pour le réseau

sanitaire (chasse d’eau) et pose de panneaux solaires sur l’ensemble des toitures. Quels sont les moyens retenus pour satisfaire à des exigences supérieures en terme de qualité: une technique spéciale, des aménagements, des matériaux spéciaux? H. V.: Nous prévoyons une gestion de l’eau naturelle par des noues, une réduction du taux de stationnement et une mobilité active favorisée. Il y aura une gestion des eaux pluviales, une gestion des terres (en partie réutilisées sur place), une présence forte du végétal, une gestion des déchets, une alimentation du quartier en énergies non fossiles et, bien entendu, la performance énergétique des constructions. On utilisera des matériaux de construction locaux et/ou recyclés. Nous aurons recours à des entreprises locales de manière à limiter l’énergie grise. Enfin, nous ferons usage de LED pour les locaux communs. Un bon niveau de confort hygrothermique et acoustique intérieur sera assuré par un choix judicieux des matériaux et par des dispositifs de construction. Dossiers Publics 3/2017

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MINERGIE

A combien revient le groupe scolaire avec crèche et salles de réunions? Comment s’insère-t-il dans le cadre du vaste projet d’écoquartier des Vergers? H. V.: La planification générale du quartier est définie par le PLQ (Plans localisés de quartier), avec emplacement réservés pour les équipements publics. Situé entre les terrains de foot et les abords du quartier d’habitation, il est bordé de franges végétales et arborisées. Des cheminements piétonniers au travers du quartier permettent des accès de toutes parts à l’école.

projet: le sport, l’alimentation et la vie sociale sont en effet des moteurs dans la conception de l’espace public offert à tous les habitants de la commune. La mutualisation de tous les espaces de dépendance permet de dégager de larges zones dont une partie sera entretenue en tant que zone de maraîchage, incluant ce que l’on appelle aujourd’hui agriculture urbaine dès la conception des espaces libres du quartier. Des activités de boulangerie, de boucherie et de laiterie, prises en charge par les coopératives, complètent cette conception. Elle débouche également sur la création d’une nouvelle offre en matière de distribution alimentaire, sur le modèle de la Park Slope Food Coop de Brooklyn ou celui de la Louve à Paris.

Photos: © Widmann Architectes

Comment décrire cet écoquartier? Qu’amène-t-il dans le contexte urbanistique de Meyrin? H. V.: Après être resté longtemps un village de tradition rurale, Meyrin a connu des phases de développement successives, par grandes vagues, accompagnant le développement de Genève et mutant ainsi rapidement vers une identité bien plus urbaine. La création de la Cité dans les années soixante, suivie par celle des Champs Fréchets 10 ans plus tard, ont chacune constitué des apports massifs de population sur des temps très courts. La consolidation du réseau de transports publics, l’accroissement de l’offre de services et d’équipements, notamment culturels et sportifs, font aujourd’hui de Meyrin un élément prenant totalement part à

la vie de Genève, dont l’hypercentre ne se situe du reste qu’à une quinzaine de minutes de tram. Dans un tel contexte, la mutation d’un espace agricole bien délimité et circonscrit permet de valoriser pleinement les infrastructures existantes, mais encore de les compléter par un apport de nouveaux équipements et par une trame d’espaces publics enrichie. Sur un plan démographique, les arrivées de population ont fait l’objet de réflexions spécifiques, de manière à éviter un quartier trop mono-générationnel. On constate par ailleurs à plus grand échelle que cet apport rééquilibre la balance emplois / logements, cette dernière catégorie devenant progressivement sous représentée dans la ville de Meyrin qui accueille de larges parts de zone industrielle sur son territoire. En matière d’aménagement, la construction de plus de 1300 logements s’accompagne d’une ambition plus large: il ne s’agit pas simplement d’accueillir plus d’habitants, mais aussi de repenser l’espace public urbain, tout en mettant en valeur la culture rurale et agricole de la commune. La construction du lac des Vernes reconstitue par exemple une part du milieu humide qui était encore présent au début du XXe siècle, tout en contribuant à la régulation des eaux sur un territoire bien plus grand. La dimension santé est abordée dans les racines mêmes du

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L’ensemble Ecoquartier Les Vergers mesure 16 hectares. Comment Meyrin a-t-elle réussi à faire passer ce projet géant, selon les normes actuelles? La ville a-t-elle trouvé la panacée pour faire passer un aussi gros morceau d’urbanisme? H. V.: C’est peut-être la nature foncière agricole préexistante qui a justement pu protéger les parcelles concernées d’un morcellement prématuré. Une fois franchi l’obstacle de la maîtrise du sol par la collectivité, la marge de manœuvre devient bien plus grande pour agir sur la configuration du projet et même sur ses acteurs. L’acquisition des terrains par la commune a ainsi constitué un levier pour accueillir des projets coopératifs, mobilisant ainsi des acteurs intéressés à développer une vie locale et collective. La part restant en mains privées a, bien entendu, été un autre vecteur de développement. Une des difficultés de la démarche a justement été de matérialiser tout l’ensemble sur un temps court, dans la mesure ou’ la plupart des obstacles étaient levés en amont. Aujourd’hui, les premiers habitants sont déjà là et le chantier reste bien présent sur une part conséquente du périmètre. D’autre part la commune a dû consentir un effort considérable de coordination pour articuler entre eux des dizaines de projets développés simultanément et les amener vers une écriture urbaine. ■


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MINERGIE

Hôpital Riviera-Chablais:

contrôle énergétique du mastodonte Le Maître d’Ouvrage Hôpital Riviera-Chablais, Vaud-Valais, (HRC) construit actuellement un très grand bâtiment en bordure de l’autoroute A9, sur le territoire de la commune de Rennaz. L’Hôpital RivieraChablais, Vaud-Valais, représente une surface de référence énergétique de plus de 63’000 m2 (plus de 6 hectares). Son volume Brut atteint les 285’000 m3, pour un coût total de 315 millions de francs. Le coût CVC/MCR, chauffage, ventilation, désenfumage, froid s’élève, lui, à 25 millions de francs. __ Pascal Claivaz

Weinmann-Energies est le bureau d’ingénieurs-conseils EPFLSIA-USIC qui a développé les installations techniques, chauffage, froid, ventilation, régulation (CVC-MCR). Ils ont également réalisé le volet énergétique du dossier d’enquête. Son équipe accompagne le maître de l’ouvrage dans la planification des installations techniques, avec pour objectif l’efficacité énergétique du bâtiment. Cette société est forte de plus de 80 collaborateurs hautement qualifiés. Elle a été créée en 1980 par Charles Weinmann. Elle a son siège à Echallens et deux succursales à Genève et à Neuchâtel. Céline Grange est Cheffe de projet pour la physique du bâtiment HRC (Hôpital Riviera-Chablais). Elle explique: «il faut obtenir le confort optimal pour les utilisateurs avec une consommation énergétique minimale, en utilisant les ressources locales et si possible renouvelables. Le bâtiment a le label Minergie provisoire. Ceci implique une enveloppe thermique plus efficace qu’une enveloppe standard telle qu’exigée par la loi sur l’énergie. Ceci se traduit par une épaisseur d’isolation plus importante et la pose de vitrages performants. Ainsi, les besoins d’énergie pour chauffer le bâtiment sont diminués, et par conséquent, la consommation d’énergie». Le standard Minergie préconise également un renouvellement de l’air

L’Hôpital Riviera Chablais (HRC), une fois terminé. Vue d’architecte. Photos: © DR

Le chantier mammouth du HRC en bordure d’autoroute A9, à Rennaz.

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contrôlé par une ventilation mécanique, dans le but de garantir le renouvellement hygiénique de l’air sans avoir à ouvrir les fenêtres et être tributaire des utilisateurs. Pour HRC, des monoblocs de ventilation munis de batteries de chaud et de froid, sont installés. Ils permettent de pulser de l’air à une température égale à celle des locaux. Ce système permet d’économiser l’énergie qui serait perdue si l’aération se faisait par les fenêtres et qui impliquerait en hiver l’entrée d’air froid dans les locaux. De plus, ces monoblocs de ventilations sont munis de récupérateurs de chaleur. Ces derniers permettent, par un système de plaques métalliques, de chauffer l’air neuf extérieur avec l’air vicié extrait des locaux et d’économiser environ 80% de l’énergie nécessaire pour chauffer l’air.Tout est contrôlé, mais on n’empêche pas les utilisateurs d’ouvrir les fenêtres en cas de besoin», conclut Céline Grange. Contraintes Damien Bœuf est le chef de projet en charge des installations techniques (CVC-MCR). «Nous avons eu pour mandat de conceptualiser les installations CVC-MCR et de réaliser les appels d’offres», explique-t-il. «Aujourd’hui nous avons pour mission de contrôler que la construction respecte le cahier des charges». Le futur HRC sera approvisionné par un chauffage à distance avec, comme source d’énergie, le bois et le biogaz. Deux chaudières à gaz ayant une fonction de secours sont également prévues. La production de froid se fait avec des machines à régimes variables de dernière génération. Les spécialistes de Weinmann-Energies se chargent de concevoir des installations avec la plus grande efficacité énergétique possible, domaine dans lequel ils excellent. «Nous répondons aux exigences, du point de vue sécuritaire également. Le HRC est l’un des rares hôpitaux construit totalement à neuf. Les contraintes sont tout de même nombreuses. La première est dimensionnelle, la deuxième est la coordination de tous les réseaux et installations techniques». Certaines zones sont complexes comme les blocs opératoires ou les laboratoires de la pharmacie, qui requièrent une climatisation adéquate et un traitement d’air pointu. La pression de certains locaux doit aussi être contrôlée. «Enfin, nous devons faire le maximum pour répondre aux exigences qu’impose un ouvrage comme celui-ci», conclut Damien Bœuf. ■


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INFO

La Gravière

de la Claie-aux-Moines produit du béton qui respecte l’environnement Située en périphérie de Lausanne, la Gravière de la Claies-aux-Moines (GCM SA) propose un important catalogue de produits et une grande diversité de services. L’entreprise est très renommée pour sa production de béton et son recyclage de matériaux de déconstruction. Rencontre avec son directeur Laurent Dorthe. Depuis quand travaillez-vous pour la Gravière de la Claie-aux-Moines? Laurent Dorthe: J’ai une formation d’ingénieur civil HES et en 2000, j’ai été engagé en qualité de responsable technique et de production. Par la suite, j’ai obtenu mon diplôme EMBA en gestion d’entreprise et repris de ce fait la direction en 2012. GCM SA est une société anonyme qui appartient à un actionnariat d’entreprises de la construction. Vos capacités de productions sont importantes, quelle organisation avezvous mis en place pour y parvenir? L. D.: Nous couvrons tout le cycle de vie du béton : exploitation de gisements, production de graves et de bétons, et recyclage de matériaux issus de la déconstruction. Sur notre site de Savigny, nous avons deux lignes de production de béton, une gravière comprenant les installations de lavage et depuis 2013 une installation dernier cri pour le recyclage de déchets de chantier minéraux. Nous prônons la « gravière de proximité » car très bien située géographiquement avec des accès proches de l’autoroute. Aussi, Nous renouvelons continuellement nos installations, comme en 2016 où nous avons remplacé notre 1ère ligne de production de béton et ainsi pu diminuer le temps de chargement de 50%. Ce qui nous permet de produire très rapidement et de livrer immédiatement. Vous avez été précurseur dans le recyclage du béton… L. D.: Pas que, on recycle également les matériaux mélangés avec de la brique rouge et dans une moindre mesure les enrobés bitumineux. Mais effectivement, en 1984 nous étions précurseurs en

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Laurent Dorthe.

Suisse dans ce type d’activité. Dans un premier temps pour les graves routières et dès 2008, nous nous sommes positionnés en tant que leader dans les bétons recyclés de structure pour le bâtiment. Qu’est-ce que cela vous a apporté? L. D.: Nous économisons de la matière première sur notre site en revalorisant les matériaux de déconstruction. On y gagne en pérennité et également en image. Par la même occasion, nous apportons une solution aux collectivités pour la revalorisation de ces matériaux. On peut défendre l’environnement quant on produit du béton? L. D.: Depuis 30 ans nous nous sommes engagés dans une démarche éco-Responsable. Nous proposons des gammes d’Ecograves® et d’Ecobétons® qui sont conformes aux normes SN EN 206-1. De plus, elles remplissent pleinement les conditions pour l’obtention du label Minergie® ECO. L’Etat de Vaud est très exigeant pour tout ce qui concerne l’environnement!

L. D.: En exigeant des bâtiments Minergie® ECO, le canton de Vaud a été une locomotive pour le développement de nos Ecobétons de structure de bâtiment. Il n’en va pas de même malheureusement pour les graves recyclées qui sont confrontées à l’importation de graves depuis la France à des prix non concurrentiels. Nous avons pris également des mesures sur le site même de la gravière, telles que l’installation de panneaux photovoltaïques et le remplacement de plusieurs machines de chantier par des bandes transporteuses entre les unités de production. Nos efforts et les aménagements réalisés pour préserver des biotopes naturels ont été récompensés par l’obtention du label Nature et Economie. Cet été, nous avons constitué une butte à hirondelles de rivage qui a d’ailleurs été saluée par notre conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro. Nos activités et notre «gravière de proximité» rentrent clairement dans les objectifs de l’Agenda 21. Y compris pour vos nouveaux bâtiments? L. D.: Notre nouveau bâtiment administratif est conforme au standard Minergie ECO, il est construit en EcoBéton® blanc qui est composé de 40% de granulats recyclés et de ciment blanc. Pour nous ce fut une belle opportunité de tester et d’affiner la technique de fabrication de ce produit que nous avons récemment ajouté à notre catalogue. L’avenir du béton? L. D.: Le béton est indispensable, vous pouvez faire énormément de chose avec et, dans le domaine architectural, il reste irremplaçable; il est également présent dans tous les travaux d’infrastructure, un pont, un tunnel… ■



Le Canton de Vaud

à l’offensive sur tous les fronts C’est le plus grand des cantons de Suisse occidentale en taille et en population: 3’200 km2 (7.8% du territoire suisse) et plus de 700’000 habitants (3e canton suisse). Il accueille une population cosmopolite, puisque 32% de celle-ci est de nationalité étrangère. Sa capitale, Lausanne, est la 4e ville de Suisse avec environ 130’000 habitants. Une centaine de multinationales sont installées dans le canton de Vaud, dont des géants comme Cisco, Logitech, Philip Morris ou encore Nestlé.

Une nouvelle législature vient de s’ouvrir, elle s’achèvera en 2022. La feuille de route que s’est imposé le nouveau gouvernement est particulièrement chargée, son ambition est de mettre en place toutes les mesures et infrastructures nécessaires pour permettre au canton de devenir le plus rapidement possible l’un des plus attractifs de Suisse. Pour y parvenir, les défis à relever sont nombreux et la conjoncture économique incertaine nécessite toutefois d’avancer avec prudence.

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La présidente du Conseil d’Etat, Nuria Gorrite et plusieurs ministres nous ont reçus pour nous expliquer leurs stratégies, mais aussi nous dévoiler leurs craintes face à une économie mondiale toujours plus imprévisible. Elle impose à la Suisse et à ses cantons d’anticiper, dans bien des domaines, d’éventuelles crises, pour ne pas avoir à les subir de plein fouet si elles survenaient. Cette législature ne sera pas de tout repos, mais les ministres le savent et s’y sont préparés.


VAUD

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© : Lavaux Express

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STATISTIQUE VAUD Département des finances et des relations extérieures

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PROJET

Lausanne

va se métamorphoser! «Métamorphose, c’est l’ambition de répondre aux besoins de la population en matière de logements, d’activités et d’équipements sportifs, en favorisant des constructions écologiques, ainsi qu’une mixité sociale et intergénérationnelle.» C’est ainsi que les autorités de la ville de Lausanne ont défini l’un des projets les plus ambitieux des dernières décennies. La croissance démographique ne doit pas faire perdre à la ville son attractivité et sa qualité de vie. C’est pour cette raison principale qu’il a été décidé d’anticiper les futurs besoins en logements et en équipements, avec comme ambition de proposer un développement urbanistique responsable et performant. Métamorphose va permettre la réalisation d’équipements sportifs pour la capitale olympique. Deux écoquartiers vont également voir le jour, qui permettront d’accueillir 17’000 nouveaux habitants et emplois. Des axes forts de transports publics ont été décidés pour permettre une excellente desserte des différents sites. Cela permettra de

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restreindre la circulation individuelle. C’est aussi une implication des citoyens grâce à une démarche participative. Comme des petites villes Le site des Plaines-du-Loup accueillera, sur une surface d’environ 30 hectares, une «nouvelle» ville d’environ 12’500 habitants/emplois, des espaces verts,

ainsi que des installations sportives: tennis, patinoire et terrains de sport pour tous. On y trouvera aussi bien sûr des écoles, des garderies, des unités d’accueil pour enfants et une maison de quartier. A terme, ce sont plus de 9’000 habitants et 3’500 employés qui animeront le quartier.


Plaines-du Loup. © DR

ce site que vont être déplacées une partie des activités sportives actuellement présentes dans le secteur des Plaines-du-Loup. Un centre de football et d’entraînement d’athlétisme, un stade de football, un centre d’affaires et une interface de transport en commun vont venir s’implanter ici. Ils seront tous reliés par un espace public qui a été pensé comme un carrefour de ces réalisations.

L’écoquartier des Plaines-du-Loup • 38.5 hectares • 550’000 m2 de surface brute de plancher • Environ 3500 nouveaux logements • Des espaces verts • Des commerces • Des équipements publics • Des équipements sportifs de proximité.

Développement durable L’ambition affichée est que le quartier devra globalement atteindre le concept de «société à 2'000 watts». Les bâtiments respecteront donc les normes énergétiques et écologiques les plus récentes, aussi bien pour leur construction que pour leur exploitation. Le futur métro m3 permettra au quartier de bénéficier d’une excellente desserte en transports publics. Le programme de l’écoquartier est très ambitieux puisqu’il retient 26 mesures énergétiques adoptées par la Municipalité pour atteindre les objectifs de la société à 2000W. Mixité sociale et générationnelle Un soin particulier sera apporté aux liaisons avec les quartiers voisins, aux cheminements et aux espaces publics, afin de favoriser les échanges et la continuité. Le site de la Tuilière fait partie des 5 sites stratégiques de Métamorphose. C’est en effet sur

Le site est appelé à se développer en trois phases distinctes. La première étape a consisté à déplacer la route de Romanel le long de l’aéroport de la Blécherette. Cette réalisation, pilotée par le Canton en partenariat avec la Ville de Lausanne, a été finalisée le 25 octobre 2015. Peu après, le centre de football et d’entraînement d’athlétisme a été mis en chantier. Ce centre, composé d’un bâtiment, de 9 terrains de football, tout comme d’équipements pour les entraînements d’athlétisme, sera mis en service en 2018. Le chantier du stade de la Tuilière s’est ouvert. Ce nouvel équipement, d’une capacité de 12’000 places assises, sera dédié au football. Son inauguration est prévue en 2019. C’est l’arrivée du m3 sur le site qui apportera la touche finale en permettant la création d’un centre d’affaires et la finalisation de l’espace public. Toutes ces réalisations seront desservies par une colonne vertébrale de mobilité douce permettant de relier le nord et Dossiers Publics 3/2017

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PROJET

Stade de Coubertin © DR

sont: Métamorphose, ce • 70 hectares environ • 13’500 habitants et emplois • 3 zones sportives • 2 écoquartiers • Terrains propriété de la Ville de Lausanne • Mise à disposition des terrains en droits de superficie.

s Vision 2000 watt Intégration globale de l’ensemble des dépenses énergétiques depuis la construction jusqu’aux énergies d’exploitation, sans oublier l’énergie liée à la mobilité induite. Objectifs: Diviser par 3 les consommations d’énergie. Diviser par 7 les émissions de CO2. 36 |

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le sud. Le site est également bordé par une zone naturelle importante constituée du Petit-Flon et du cordon boisé. Ces éléments font l’objet d’une attention particulière afin de minimiser et compenser les impacts sur l’environnement Un stade multi-fonctions Le stade Pierre-de-Coubertin accueillera à la fois des manifestations sportives et des événements ponctuels avec des capacités pour un grand nombre de spectateurs sur le site de Vidy. Le stade a fait l’objet d’un concours d’architecture, d’ingénierie et de paysage pour sa transformation, afin d’accueillir 6000 spectateurs en tout temps et 6000 places supplémentaires provisoires pour les grandes manifestations. Le site de Vidy est un secteur majeur de valorisation paysagère dédié aux activités et aux équipements sportifs, ainsi qu’à la nature. Le projet lauréat a «pour ambition principale de préserver le paysage agréable le long du bord du lac, de calmer la pression sur les rives, de souligner les liaisons existantes et d’intégrer le stade dans l’environnement paysager et naturel.» Concernant le début de la réalisation elle n’est actuellement pas attendue avant 2025.

L’écoquartier des Prés-de-Vidy Si le nord de la ville aura son écoquartier aux Plaines-du-Loup, le sud n’est pas en reste puisqu’un écoquartier verra le jour dans le secteur Vidy/Bourdonnette. Véritable porte d’entrée de la ville, ce secteur est en même temps au cœur de l’agglomération. Il fait la transition entre les Hautes Ecoles et les divers quartiers résidentiels. Grâce à sa position stratégique entre les différents axes de transports et au développement prévu dans son voisinage, le site est adapté à une importante densification. Suite à diverses études de faisabilité et ateliers de travail, le développement du secteur des Prés-de-Vidy vise à accueillir, sur les terrains communaux des Prés-de-Vidy et de l’établissement horticole totalisant une surface au sol d’environ 14.5 hectares, un quartier urbain dense et mixte. Logements, activités, écoles, équipements sportifs entreprise et commerces vont permettre d’accueillir quelques 4’200 habitants et emplois. Les quartiers voisins se réjouissent Relié aussi bien à la Bourdonnette (arrêt du métro m1) qu’aux rives du lac (parc Bourget), l’écoquartier offrira de nouvelles liaisons. Autant les habitants du quartier, que ceux des Sablons et de la Bourdonnette, bénéficieront de la


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PROJET

qualité des espaces publics et paysagers qui seront créés. Le projet prévoit en outre une amélioration des cheminements de mobilité douce en direction du lac, de la Bourdonnette et des Hautes Ecoles. Patrimoine historique Lieu de vestiges connu, les Prés-de-Vidy possèdent un patrimoine historique remarquable. Depuis 2012, des fouilles archéologiques sont en cours sur le site. Deux mois par année, l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité de l’Université de Lausanne dépêche étudiants et spécialistes pour exhumer l’histoire de ce quartier emblématique des agglomérations de l’époque romaine. L’agglomération gallo-romaine de Lousonna s’est développée sur les terrasses lacustres de Vidy aux alentours de 30 avant J.-C. et elle a connu son plein essor au 2e siècle de notre ère. Les vestiges exhumés cet été montrent une succession de maisons particulièrement bien conservées à l’extrémité occidentale de la ville. L’exploration des trois parcelles d’habitat lors des fouilles de 2017 a également permis de mettre au jour plusieurs espaces artisanaux réservés à la production d’objets en fer.

Piscine olympique à Malley Lausanne, capitale olympique sans bassin olympique… Dans quelques années, cette remarque deviendra obsolète lorsqu’une piscine olympique se dressera à côté de la patinoire de Malley. A l’intérieur de l’édifice trois bassins, dont un de 50 m et un pour le plongeon, seront entourés de gradins pouvant accueillir jusqu’à 1500 personnes. Le bâtiment ne sera toutefois pas complètement dédié aux sports aquatiques, car des salles d’escrime et une halle de badminton y seront intégrées. Ce site qui permettra de créer des synergies entre la glace et l’eau, est appelé à devenir un pôle sportif régional. Avec ce projet Métamorphose, dont certains travaux ont débuté, la ville de Lausanne va se doter de nouveaux quartiers et d’équipements qui vont lui permettre de se développer et de s’embellir tout en restant exemplaire dans le domaine du développement durable. C’était un pari et il sera réussi, n’en doutons pas! ■

Les travaux du stade de la Tuilière ont débuté le 15 juin 2017 au nord de Lausanne selon le planning prévu par la Ville. La première pierre sera posée cet automne et la mise en service du stade est prévue pour l’été 2019. © DR

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Nuria Gorrite © ARC

Déterminée mais pas intransigeante, elle défend ses convictions mais reste toujours à l’écoute, féministe mais pas sectaire, la nouvelle présidente est une femme de caractère qui assume les critiques à condition qu’elles soient constructives. Une main de fer dans un gant de velours?

NOUS AVONS UN IMMENSE DEVOIR D’EXPLICATION ET DE TRANSPARENCE

Vu votre parcours professionnel, sans doute n’aviez-vous pas prévu de vous retrouver à la tête du Conseil d’Etat? Nuria Gorrite: Non, en effet... Dans ma vie, j’ai souvent été sollicitée, les surprises et les opportunités ont surgi et je les ai saisies. J’ai toujours manifesté de la curiosité et de l’intérêt pour les découvertes. Il est vrai que ma formation d’historienne de l’art spécialisée dans la période médiévale ne me prédestinait pas nécessairement à la présidence du Conseil d’Etat.

D’aujourd’hui à 2022, dates de la législature, en connaissant les challenges qui attendent le canton, surtout au niveau économique, on n’a pas l’impression que ce sera la législature la plus facile! N. G.: C’est une conviction assez forte. Il est vrai que nous avons vécu de belles années qui nous ont permis d’assainir notre dette qui tutoie le zéro aujourd’hui. Tant mieux car les perspectives à venir sont plus sombres. Mais nos finances sont saines et bénéficient d’une notation triple A par Standard Dossiers Publics 3/2017

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and Poor’s. Les perspectives positives sont durables et notre très forte capacité d’investissement est réelle. Il faut continuer à investir et préparer le canton aux défis à venir.

c’est énorme! Une perte de cette substance entraînerait des conséquences très graves. IL FAUT CONTINUER Cette réforme a aussi été conduite pour D’INVESTIR DANS les PME. Les multinationales vont payer davantage d’impôts et les entreprises qui L’ATTRACTIVITÉ vont véritablement bénéficier de la réforme DU CANTON Un grand challenge est lié à vos rentrées sont les PME qui dégagent des bénéfices. fiscales. Ces rentrées baissent dangereuCela leur permettra d’investir dans une sement au niveau des particuliers dans adaptation technologique de l’entreprise, bon nombre de cantons. dans une augmentation des secteurs d’activités... C’est N. G.: Nous n’avons pas sur le canton de Vaud de chute mais donner un peu d’air, de souffle à tout notre tissu économique. un tassement de l’augmentation. On continue de dégager de D’autre part nous nous sommes dotés de fonds d’investisl’ordre de 600 millions d’excédents de revenus par année, sements pour l’innovation; pour le secteur industriel, nous c’est plutôt bien! Cela nous permet d’investir sans augmenter avons facilité au niveau foncier la création ou l’augmentation la dette. La santé financière du canton de Vaud est saine, il y de zones d’activités industrielles. Il est important d’avoir des a néanmoins des points de vigilance. biotechnologies chez nous. Il faut continuer d’investir dans Le taux de chômage est stable mais nous ne nous en contenl’attractivité du canton, on le fait notamment au travers de la tons pas. La réforme que nous venons de faire sur les déparmobilité car c’est l’un des volets fondamentaux et l’un des tements nous permet de renforcer les moyens d’action entre critères important des agences de notation mondiales. On les CSR et les ORP, car le taux de chômage ne baisse pas alors agit sur tous les plans. Une action limitée à la fiscalité serait même que le canton connaît une augmentation importante du insuffisante; en revanche se doter d’une véritable stratégie nombre d’emplois. Cela veut vraisemblablement dire qu’il y foncière, poser les bases d’une accessibilité pour les biens, a une inadéquation entre les postes créés et les compétences les personnes, les marchandises est une avance qu’on peut disponibles sur le marché de l’emploi. Il va falloir sur ces poser pour l’avenir. On peut se faire rattraper avec une 5 prochaines années poser un diagnostic et comprendre compétitivité fiscale, mais pas avec les investissements, tout pourquoi, alors que nous sommes un canton qui génère des ce qui fait que nous sommes attractifs. C’est une avance créations d’emplois importantes, on n’arrive pas à baisser compétitive moins volatile que la fiscalité. structurellement le taux de chômage. C’est une des grande réforme qui nous attend. Au sujet de l’aide sociale, proporLe projet «Métamorphose 2030» va dans ce sens!
 tionnellement le nombre de personne bénéficiant de l’aide N. G.: Oui, absolument! On connaît ce projet, car il est basé sociale dans le canton de Vaud a diminué. Pour la première sur la capitale vaudoise, mais il y a des projets similaires fois, on a réussi à infléchir la courbe grâce à toute une série sur tout le canton, à moindre échelle mais qui s’apparentent de mesures. C’est une bonne chose car cela représente des à
«Métamorphose». Toutes les communes de moyenne grosses dépenses pour les collectivités publiques. Le plus grave reste la désespérance dans laquelle on place les gens. Par l’action volontariste des pouvoirs publics et des mesures plus adaptées, ciblées, il faut parvenir à éviter puis à sortir les gens de l’aide sociale. Les parcours des bénéficiaires sont très différents et chaque parcours nécessite une mesure particulière. Un jeune qui n’a pas 25 ans et qui se retrouve à l’aide sociale se verra plutôt offrir une bourse pour suivre une formation et acquérir des compétences qui lui permettront de se placer sur le marché du travail alors qu’une personne de 60 ans n’aura pas besoin des mêmes mesures. Il faut donc avoir un regard et une action ciblée sur les typologies de parcours. Pour que le secteur de l’emploi soit radieux, il faut que les entreprises s’installent ou que celles existantes puissent se développer. L’attractivité du canton de Vaud est-elle suffisante? N. G.: La population a voté à plus de 87% la réforme fiscale des entreprises. Nous sommes convaincus que pour attirer et garder les entreprises il faut nécessairement avoir une compétitivité fiscale. La population a très bien compris les enjeux. Rien que le secteur dans le canton de Vaud des multinationales représente 24 000 emplois directs ou indirects,

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et grande importance réfléchissent à leur développement qualitatif et tirent les leçons de l’acceptation populaire de la LAT, la loi sur l’aménagement du territoire. On va potentialiser, densifier les quartiers proches des transports publics avec un soin du développement durable, avec une préoccupation liée à la qualité de la vie, aux espaces publics, aux espaces verts. La densification s’accompagne aujourd’hui d’une haute exigeante de qualité de vie. Cela se passe à Morges, Renens, Aigle... c’est l’avenir. Cela prend du temps car les planifications sont contraignantes, parfois contestées par les citoyens. Le temps entre la conception et la réalisation est malheureusement trop long! Indiscutablement ces projets sont une très belle vitrine pour le canton et Lausanne a toujours été le phare pour beaucoup de politiques publiques qui se sont déclinées dans d’autres villes du canton.

© ARC

Quelle est votre vision des rapports avec l’Europe, en fonction notamment de la votation du 9 février? N. G.: Nous sommes là au cœur d’une politique fédérale... nos compétences sont cantonales et nous sommes tributaires de cette politique. J’ai bien évidemment un avis personnel et le

Conseil d’Etat s’est exprimé à ce sujet, clairement contre cette initiative et ce pour bon nombre de motifs. D’abord, cette initiative nous semblait précisément difficile à mettre en œuvre, entre autre au niveau des délais, et ensuite elle était contreproductive pour notre canton. Nous avons évoqué le vieillissement de la population: sans personnel, qui va assurer la prise en charge de nos personnes âgées? Nous avions pris position contre cette initiative contraire aux intérêts d’un canton au cœur de l’Europe, d’un canton exportateur et importateur et en très grande interdépendance avec ses voisins. Pour affronter les défis qui nous sont lancés, nous devons avoir la capacité de continuer à générer de la croissance tout simplement! Par exemple face au doublement du nombre de personnes âgées de 80 ans et plus d’ici 2040, nous devrons être en mesure de les prendre en charge. Il faudra bien dégager de la croissance pour financer ces politiques publiques. La solution de mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse proposée par les Chambres fédérales nous semble la moins dommageable et la plus sensée. Certaines choses sont sensées. Si une part de notre population résidente, étrangère ou Suisse est au chômage et que des postes se créent ou se libèrent, essayons dans un premier temps de leur attribuer ces postes. Cependant, les formations n’étant pas toujours adéquates, je pense que pour répondre à la question du 9 février, on devra passer par un investissement en matière de formation. C’est un immense enjeu! Cela nécessite notamment, au niveau fédéral, de ne pas couper dans ces budgets. D’autre part, comment faire pour que les populations se réconcilient avec l’idée de l’étranger, apaiser cette escalade de haine et du rejet de l’autre? Car le 9 février c’est aussi la peur de l’inconnu, de tous ces éléments liés à la croissance qu’on pensait forte alors qu’elle se tasse et entraîne des licenciements, des délocalisations et les peurs engendrées par des extrémismes politiques et religieux. Il va falloir répondre de manière concrète aux préoccupations bien légitimes de notre population.

ON DEVRA PASSER PAR UN INVESTISSEMENT EN MATIÈRE DE FORMATION

Parlons des femmes, comment expliquez-vous que dans un pays comme la Suisse, l’inégalité entre les hommes et les femmes, en particulier au niveau salarial, soit encore si criante? N. G.: Je suis une féministe militante depuis longtemps et cela fait partie de mes combats. À travail égal, salaire égal... Dans le secteur public, on s’en approche. En étant à mon arrivée en charge des ressources humaines de l’Etat, j’ai tenu à réaliser un diagnostic de l’égalité salariale et le résultat a été positif: le système salarial respecte l’égalité. Par ailleurs, nous venons de déposer un projet de loi au parlement avec ma collègue chargée de l’égalité pour aller plus loin. Il ne suffit pas de dire que l’Etat respecte l’égalité salariale, il faut que l’Etat agisse là où il est en mesure de le faire, à savoir là où il donne de l’argent. Nous sommes acteurs en matière de subventions aux entreprises et nous attribuons des mandats en marchés publics. C’est un bon levier de contrainte. Ce projet de loi qui sera débattu à la rentrée, dit en substance que l’Etat de Vaud doit vérifier avant de donner de l’argent que les entreprises respectent en leur sein l’égalité de salaire homme/femme. Et des sanctions sont prévues! Les entreprises qui ne respecteraient pas l’égalité des salaires pourraient être exclues des marchés publics. Elles sont de toutes façons en infraction avec la loi fédérale qui date de 1996. Il est temps de vérifier au niveau cantonal que cette loi est bien appliquée. En ce qui concerne votre département, celui des infrastructures, c’est sans doute l’un des plus compliqué à gérer, car c’est celui qui peut rencontrer le plus d’imprévus! N. G.: Oui, mais j’ai la chance d’être dans un département où il y a de grandes compétences avec des gens Dossiers Publics 3/2017

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très engagés. Ils ont l’habitude de gérer de grands chantiers et les imprévus font partie des chantiers. Je relève que mes équipes maîtrisent très bien les difficultés et que nous tirons toujours les leçons des problèmes rencontrés par le passé. Ainsi, sur le percement du tunnel du LEB, on a déjà fait des sondages préalables, mais on va effectuer des sondages exploratoires avant que la foreuse ne progresse. Nous avons une meilleure connaissance des enjeux géologiques et nous avons précisément choisi un tracé, en l’occurrence sur la molasse. Il est moins évident car nous faisons un arc par le nord, mais le terrain nous paraît meilleur. Nous avons aujourd’hui une expérience, un savoir-faire et des technologies qui nous permettent de mieux cerner les difficultés liées à la conduite des chantiers. Les imprévus sont davantage liés, non à la technique, mais aux oppositions, aux recours, tous ces éléments qui font que cela retarde les chantiers d’une manière importante. Avec comme corollaire de ne pas apporter rapidement de solutions de mobilité à la population. Par exemple, pour le projet de tram, les retards liés aux recours font que 11 millions d’usagers par année sont entravés dans leur mobilité ... pour un recours de 5 personnes! Mais c’est un gros souci pour les entreprises aussi. Quand on adjuge un mandat à une entreprise, une date d’engagement des travaux est fixée et les recours empêchent les travaux de débuter au moment prévu. Donc l’argent ne rentre pas, certaines entreprises ont refusé d’autres mandats pour pouvoir réaliser celui-ci et se retrouvent obligées de se réorganiser en permanence. Cette situation peut les mettre en danger. Nous avons la préoccupation de donner les mandats à des entreprises locales, ce ne sont pas de grandes holdings qui peuvent attendre et se refaire ailleurs! Un petit recours peut donc avoir des conséquences importantes, non seulement sur les solutions qui tardent à venir pour la population, mais aussi en terme de gestion opérationnelle et donc de liquidités pour nos entreprises.

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Une solution? N. G.: Non, malheureusement. En terme légal, c’est impossible. On ne peut pas limiter les droits populaires ou les droits individuels face à l’Etat. C’est le fondement de notre pays! Il est évident qu’il est sain de pouvoir déposer des recours, je suis une démocrate convaincue. Je pense qu’il faudrait que nous renouions avec le sens collectif en se disant: «mes problèmes ne trouveront des solutions que dans le collectif». Donc il faut accepter de se décentrer par rapport à soi-même et tolérer une petite nuisance, car l’enjeu nous dépasse. La communication est peut-être à améliorer? N. G.: Je suis de celles qui communiquent beaucoup. Si l’on revient sur le dossier du tram, le projet a été mis à l’enquête lorsque je suis arrivée en 2012. Je n’avais donc pas conduit la procédure de rencontre avec les opposants potentiels. Nous nous sommes retrouvés avec 130 oppositions. Nous avons, avec les municipalités, eu plus de 200 entretiens pour faire retirer ces oppositions et il en est resté 5. Pour le LEB, nous avons pu conduire la procédure en amont du processus, nous avons signé des conventions avec les propriétaires et le dernier opposant a finalement retiré son recours, ce qui nous a permis de commencer les travaux dans les temps. C’est un travail de terrain, il faut aller écouter pour comprendre quelles sont les préoccupations de la personne qui fait opposition ou recours. Il y a des raisons légitimes, d’autres sont plus politiques... En tant que cheffe du département, chaque décision prise est une responsabilité par rapport à la mobilité de demain, vous y pensez lorsque vous décidez d’engager tel ou tel projet? N. G.: Oui! C’est une préoccupation au quotidien, j’ai demandé à l’observatoire de la mobilité de faire une stratégie 2050 et de réfléchir aux enjeux notamment liés aux nouvelles technologies. Toutes les décisions que nous prenons se doivent d’être pertinentes pour aujourd’hui, mais nous devons aussi

considérer que nous sommes dans un secteur où l’innovation va vraisemblablement apporter quelques révolutions. Nos manières d’appréhender les déplacements des gens, nos investissements, les réseaux se doivent d’être compatibles avec l’idée de l’avenir. Cela va toujours moins vite que ce que l’on croit. Du côté des CFF, il y a aussi de grandes responsabilités! L’entretien à venir d’une grande partie de leur réseau représente un gros challenge qui va coûter des milliards, certaines dessertes seront sans doute à réétudier. Il y a une sacrée collaboration à entretenir avec les CFF quand on dirige un canton comme le vôtre! N. G.: La difficulté de mon département est effectivement dans l’interaction avec de nombreux partenaires: L’Office Fédéral des Transports puisque c’est lui qui, avec les cantons, somme les commanditaires du trafic régional; toutes les entreprises de transport, les CFF bien sûr mais aussi 12 autres compagnies vaudoises de transport public. Aucune ne doit être négligée. Nous avons créé des synergies, pour que ces entreprises de transport puissent échanger et collaborer plus étroitement. Je pense qu’il y a des gisements d’optimisation. L’entretien des véhicules par exemple. Il est inutile que chaque entreprise ait sa petite cellule d’entretien. Ils sont donc en train d’imaginer des mutualisations. Même chose pour les commandes de matériel roulant pour les entreprises ferroviaires régionales, elles ont été mutualisées. Nous allons de plus en plus vers une plus grande collaboration entre entreprises de transports, comme dans le domaine de la santé.

11 MILLIONS D’USAGERS PAR ANNÉE SONT ENTRAVÉS DANS LEUR MOBILITÉ... POUR UN RECOURS DE 5 PERSONNES


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Dès 2040, une ville qui interdit d’autres véhicules que des électriques, l’idée a été lancée, cela vous semble-t-il être une solution envisageable? N. G.: Non, l’électricité n’est pas toujours propre non plus, on l’oublie trop souvent! En matière de mobilité, toute solution qui consiste à renverser la table ne marchera pas. Il faut accompagner les évolutions technologiques que proposent les fournisseurs, les constructeurs. Il faut inciter, ce que nous faisons avec le Service des Automobiles avec des taxes allégées etc... mais toute solution un peu définitive et excessive va générer des oppositions et, au lieu de progresser sur le chemin vertueux, j’ai le sentiment qu’on va retourner vers des postures confrontantes. C’est une très forte conviction que j’ai, surtout en matière de mobilité, car on touche au quotidien des personnes qui doivent continuer d’avoir le sentiment de choisir en toute liberté. Donc inciter, favoriser! Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer notamment au travers des subventionnements ou des taxes. Mais décréter ce qui est bon ou mauvais, à mon avis, ne fonctionnera pas.
On s’aperçoit que lorsque on améliore l’offre en transports publics, que l’on double les cadences sur certaines lignes, qu’on améliore le confort, la population est plus que réceptive. À Lausanne, avec le M2, ce qui s’est passé est spectaculaire. Nous n’avons rien interdit, mais nous avons offert une alternative crédible. Nous constatons aujourd’hui que plus de la moitié des lausannois ne possèdent pas de véhicule. Ce qui veut dire que lorsque les gens ont le choix, ils modifient leur façon de faire! Mais par ailleurs, il faut comprendre qu’une personne qui habite Avenches, qui travaille à Lausanne, qui prend le train, change à Payerne, attend 20 Minutes et a ensuite 1 heure de trajet décide de prendre sa voiture. Qui le lui reprochera? L’offre n’est pas égale sur le territoire, nous avons voulu amener les transports régionaux dans toutes les régions, doubler les cadences, améliorer le matériel roulant, amener du confort, offrir une vraie alternative!

Vous êtes très présente sur le terrain, vous écoutez beaucoup, vous expliquez, rencontrez... Cependant les citoyens sont de plus en plus méfiants à l’égard des autorités, des politiques. N’est-ce pas inquiétant? N. G.: Sans doute, mais le politique n’a pas fait tout juste non plus! Certains scandales, surtout en France, ont entraîné cette forme de défiance. Nous avons un système démocratique en Suisse, qui nous préserve. Il y a un contrôle de proximité qui est à mon avis le gage d’une transparence de l’action publique, qui nous préserve de dérives. Mais oui, on observe une défiance à l’égard des élites, des décideurs, qu’ils soient politiques ou pas, je le corrèle à l’insécurité que les gens rencontrent dans leur vie quotidienne. Les hommes et les femmes politiques doivent continuer à agir concrètement, être à l’écoute des préoccupations de la population sans les déconsidérer, car certains concitoyens ont véritablement des préoccupations légitimes. Ne pas trouver d’appartement ou de travail, de place d’apprentissage pour son enfant, ne pas pouvoir payer ses primes d’assurance maladie... ce sont de vrais soucis! Et nous ne pou-

vons que comprendre que certains développent une forme d’acrimonie à l’égard de ceux considérés comme étant les puissants qui ne font rien pour eux.
Nous avons un immense devoir d’explication, de transparence. J’ai la conviction qu’on ne peut plus faire de la politique comme on le faisait dans le passé. Ce n’est pas aux politiques de décider parce qu’ils savent mieux que les autres, ils se doivent de prendre des décisions après concertations. On a à construire de nouvelles formes de gouvernance avec la population. C’est ma manière de concevoir la politique depuis toujours. Nous devons montrer que nous sommes des hommes et des femmes avec nos difficultés, nos doutes, nos parcours de vie et expliquer les décisions que nous prenons. Cela veut-il dire que si on évite la paupérisation de la société, on peut gagner?
 N. G.: C’est le combat qu’on doit gagner. Lutter contre l’exclusion, les ignorances, le décrochage. Chacun a et doit avoir une place dans notre société et nous construisons ensemble des possibles meilleurs. ■

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INTERVIEW

Conseiller d’Etat vaudois depuis 2004, il a présidé aux destinées de ce Conseil pour la législature 2012/2017. Cet enseignant d’histoire et de géographie est devenu l’un des grands spécialistes du système de santé suisse. Il se projette dans l’avenir pour imaginer ce qu’il sera demain, non sans quelques inquiétudes.

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Pierre-Yves Maillard L’ETAT NE PEUT PAS SEUL RÉGLER TOUS LES PROBLÈMES

Les travaux de l’hôpital Riviera-Chablais à Rennaz sont bien avancés, cet établissement sera le plus important du canton après le CHUV. C’est toute l’organisation de la santé dans le canton qui va devoir être repensée? Pierre-Yves Maillard: Pas vraiment car cet établissement va reprendre des missions qui existaient auparavant. A côté de lui on trouvera des prestations para-hospitalières, on regroupe donc des services que l’on trouvait déjà sur la région, il va donc falloir que l’hôpital soit bien desservi par les transports publics.

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Vous avez récemment posé la première pierre du futur hôpital psychiatrique de Cery. Une bonne nouvelle, car votre canton se devait d’agir dans ce domaine! P-Y M.: Oui l’ancien bâtiment était très vétuste et pour se refaire une santé mentale ce n’était pas l’idéal. Nous avons également modifié le nombre de lits dans les chambres pour plus de confort, car dans l’ancien établissement il n’était pas rare que les patients se retrouvent à quatre dans le même espace! De plus, nous allons renforcer l’équipe mobile pour que l’on puisse multiplier les soins à domicile.


des responsabilités supplémentaires dans le domaine ambulatoire.

LE PARLEMENT FÉDÉRAL A PRIS DES DÉCISIONS QUI VONT À L’ENCONTRE DU BON SENS

Un chiffre, inquiétant. Dans certains cantons plus de 10% de la population n’aurait plus accès aux soins, comment enrayer ce phénomène qui ne cesse de croître? P-Y M.: S’il y a une accélération c’est tout simplement parce qu’en 2012 le Parlement Fédéral a pris des décisions qui vont à l’encontre du bon sens puisqu’elles ont favorisé l’augmentation des coûts des assurances. Depuis cette date elles ont augmenté de 3% par an et aujourd’hui nous sommes proches des 4%. Calculez, en cinq ans, ce que cela représente! Mais pour stopper cette envolée les moyens des cantons sont limités, car cette intensification de la croissance se passe principalement dans le champ ambulatoire et là c’est du domaine de régulation de la Confédération. Alors, Alain Berset et le Conseil Fédéral ont enfin agi cette année en modifiant le TarMed, puisque les partenaires tarifaires en étaient incapables. C’est ce qu’il fallait faire, car ce sont 470 millions d’économie que l’on attend pour 2018. Nous, nous disposerons enfin de l’autorité de l’approbation des tarifs. Mais dans notre canton, les médecins et les assureurs ne se sont pas mis d’accord pour 2017. Si c’est le même scénario qui se reproduit en 2018, nous aurons toutefois des possibilités de réduire les tarifs et c’est ce que nous ferons. Nous leur demanderons de se mettre d’accord sur la maîtrise du volume facturé. Cela veut dire, qu’en fonction de l’accroissement du volume, le prix est modifié. Et si le volume est plus important que prévu, eh bien la valeur du point devra être revu à la baisse. Ce sont des techniques comme celles-là qu’il faut adopter ou alors donner aux cantons

Ceci-dit, quand une personne gagne moins qu’une autre, elle prend une franchise très élevée, alors que celle qui gagne plus en prendra une qui lui permettra d’être remboursée, souvent dès les premiers soins. On ne peut pas parler d’égalité devant la maladie. P-Y M.: On a trouvé une solution qui sera certes coûteuse, c’est de mettre dans la loi sur les subventionnements publics de l’assurance maladie un objectif social. Et que l’Etat soit contraint d’avoir une politique de subsides de la LAMal qui garantisse que les citoyens ne payent pas plus que 10% de leurs revenus. C’est calculé sur la base d’une franchise moyenne de 1000 francs. Dans ces conditions pour ceux qui prennent cette franchise, tout ce qui dépasse sera payé avec des subventions. C’est décidé, c’est dans la loi pour le 1er janvier 2019. On aide déjà 27% de la population pour leurs primes. On va monter à plus de 40%. Il nous fallait réagir à l’incapacité du système à maîtriser sa croissance, en faisant subir les conséquences aux citoyens. Les coûts de la santé augmentent chaque année de 4% et les besoins en personnel vont se multiplier. Comment anticipez-vous cette forte croissance? P-Y M.: Déjà il faut démultiplier les soins à domicile, notamment pour les personnes âgées. Le diagnostic peut se faire à l’hôpital ou à domicile, mais quand c’est possible on est soigné à la maison. En plus c’est moins de stress, l’état de santé se dégrade plus facilement à l’hôpital. Pour cela, il faut que les médecins se déplacent et il faudra que l’on crée des postes avec le service qui va avec. Nous avons déposé un projet en ce sens et, comme on s’y attendait, le Grand Conseil n’a pas vu d’un très bon œil que l’on souhaite la création d’une institution publique. Mais notre idée a été retenue et on trouvera les moyens pour la mettre en œuvre, avec ou sans une institution publique. En ce qui concerne les besoins en personnel, nous avons beaucoup augmenté nos

capacités de formation, en particulier pour les infirmières, nous avons mis de gros moyens. Nous devons tout mettre en œuvre pour permettre à des jeunes de se former aux métiers de la santé. Dans le canton, nous avons à peu près 3000 jeunes qui sont à l’aide sociale. On en sort 400 à 500 par an, mais ce qu’il faut faire c’est éviter que des jeunes rentrent à l’aide sociale. La santé est l’un des secteurs qui va recruter et donc l’un des leviers pour l’emploi de ces jeunes. Un dossier vous inquiète: les chômeurs en fin de droit. Ils ne sont pas comptabilisés comme des personnes sans-emploi, cela fausse les chiffres. A quoi ça sert de se voiler la face? P-Y M.: C’est cela! On se gargarise, on ne veut pas voir la réalité en face. On annonce des chiffres de chômage stables, mais on ne veut pas voir l’explosion du chômage en fin de droit. Dans notre canton il y a dix ans, on avait chaque mois 200 personnes qui sortaient des ORP et se retrouvaient en fin de droit. Aujourd’hui, elles sont 400. En clair en moins de dix ans, leur nombre a doublé! Avec une loi, encore une, nous avons perdu 120 jours d’indemnisation, cela représentait 120 jours supplémentaires pour retrouver du travail. Cela ne fait pas faire d’économies aux cantons, puisque ces personnes se retrouvent à l’aide sociale. Cela représente aussi l’aveu d’un échec. Les ORP parviennent à réinsérer les plus qualifiés, pas les autres. Là, nous sommes en face d’un vrai problème. Il y a pourtant des moyens à disposition, mais on ne les utilise pas. En plus, l’aide sociale demande à la personne de se réinscrire à l’ORP. C’est un retour à l’envoyeur, qui va appliquer les mêmes méthodologies pour lui retrouver un travail qu’elle ne lui avait déjà pas trouvé! Alors, nous avons développé un concept qui

LES ORP PARVIENNENT À RÉINSÉRER LES PLUS QUALIFIÉS, PAS LES AUTRES ➤ Dossiers Publics 3/2017

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INTERVIEW

LES PARTIS POLITIQUES TENTENT DE PROUVER LEUR FORCE PAR LEUR CAPACITÉ DE NUISANCE.

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loppement des assurances sociales, le développement des infrastructures c’est pourtant ce qui a fait le succès de la Suisse. Dans certains cantons, dont le nôtre, nous avons des partenaires de centre-droit qui fort heureusement ont une autre vision. Mais en Suisse, l’éclatement des rapports de force et les logiques partisanes font que nous rencontrons de grandes difficultés pour dégager de bons compromis. Et, sur chaque grand projet, les partis politiques tentent de prouver leur force par leur capacité de nuisance. La gauche sur la RIE III, aujourd’hui la droite sur l’AVS,… A la longue cela aura des effets très négatifs. Dans le domaine de la santé, c’est aussi très préjudiciable. Le monde de l’assurance impose sa loi avec, comme objectif, de déréguler le système. Et Berne ne réagit pas, ce qui explique que quasiment rien de bon ne soit proposé dans ce domaine par la Confédération.

consiste à ce que les conseillers ORP travaillent de concert avec les assistantes et assistants sociaux de l’aide sociale et se rencontrent et on essaye d’alléger les critères d’aptitudes au travail. On peut manquer de rendez-vous d’embauches, en est-on forcément responsable en fonction de sa qualification? Il faut aussi que les patrons nous aident, qu’ils réservent une partie de leurs emplois à ces catégories. C’est ensemble que l’on peut s’en sortir. Si les entreprises donnent une chance d’un an, ce salarié recouvrera ses droits pour un an supplémentaire. Et si cela ne suffit pas, alors nous devons imaginer pouvoir proposer aux plus âgés une vraie pré-retraite. Il est indécent d’imposer à quelqu’un, qui a parfois travaillé plus de 40 ans, de déposer un

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dossier chaque mois pour pouvoir survivre. En plus si les entreprises font un effort dans la formation professionnelle, cela ira beaucoup mieux. Car si une personne, qui exerçait un métier voué à disparaître, n’a pas été formée dans un autre, elle ne pourra jamais retrouver du travail. L’Etat ne peut pas seul régler tous les problèmes. Je travaille sur tous ces sujets et ils me préoccupent grandement. Lors de cet entretien, je vous ai senti assez critique vis à vis de Berne. Où est le problème? P-Y M.: C’est un problème politique. La droite depuis quatre ou cinq ans a complètement tourné le dos au concept de l’Etat régulateur, de l’Etat stratège, ce n’est plus du tout son projet. Le déve-

Pas simple, dans ces conditions, cette nouvelle législature qui vient de s’ouvrir dans votre canton… P-Y M.: Ça c’est sûr… Pourtant, dans ce canton, nous arrivons à nous entendre au niveau politique. Mais certains élus ou certains journalistes ne cachent pas leur souhait que cela castagne à nouveau. Vous ne pouvez malheureusement pas empêcher ceux qui veulent s’écharper de le faire. Ça aura lieu, je le sens déjà, car les projets passent de plus en plus difficilement. Si ça doit cartonner, eh bien nous irons au front. L’Etat de Vaud va devoir être fort pour défendre des valeurs comme l’égalité, la justice, le respect de la démocratie. Les cantons sont en première ligne, car je suis convaincu que, dans ces domaines, la Confédération ne fera rien. ■


INTERVIEW

Béatrice Métraux © By SA Ludovic Péron

Juriste et écolo, les compétences de Béatrice Métraux, la ministre des institutions et de la sécurité ne se résument pas qu’à cela. Elle a souvent eu des dossiers délicats à gérer et force est de constater qu’elle les a toujours menés à bien. La loi sur le logement qu’elle a défendu lors de la précédente législature a finalement été adoptée avec une confortable majorité malgré la forte opposition de l’UDC; peut-être que ce parti souhaitait mettre l’un de ses membres à sa place… Béatrice Métraux est toujours là et elle vient d’enregistrer un nouveau succès avec les chiffres de la criminalité qui sont en baisse dans le canton de Vaud.

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INTERVIEW

IL N’Y A PAS LIEU D’IMAGINER AUJOURD’HUI UNE BAISSE DE L’EFFECTIF POLICIER

Quels sont les facteurs qui expliquent que la baisse de la criminalité se poursuive dans votre canton? Béatrice Métraux: La baisse de la criminalité d’un tiers en 3 ans est le résultat d’une série de facteurs, notamment l’augmentation du nombre de places de détention, puisque nous en avons créées 250 nouvelles en 3 ans dans le canton, ce qui a permis une politique de sanction beaucoup plus dissuasive. Cette situation positive montre également que la politique poursuivie, basée sur trois piliers indissociables – coordination, prévention, répression – porte ses fruits et je m’en réjouis. En matière de coordination, celle que j’ai mise en place lors de la création du Département des institutions et de la sécurité en janvier 2014, avec tous les acteurs de la chaîne pénale, permet indiscutablement de trouver des solutions rapides et efficaces pour assurer la sécurité de la population en ajustant continuellement les pratiques et en ouvrant des canaux de discussion. La baisse de la criminalité est également imputable à l’opération STRADA de lutte contre le trafic de rue par un système de flagrant délit. J’ai souhaité le pérenniser puisque le bilan demandé après 3 ans a révélé que cet outil est essentiel pour la chaîne pénale, que sa structure est efficace en mettant la pression sur le deal de stupéfiants. Parallèlement, des actions policières contre les trafics de rue menées avec les polices intercommunales, et à leur demande, ont eu lieu notamment à Bex ou encore à Yverdon, avec des bilans très satisfaisants. De même, la lutte contre les cambriolages s’est poursuivie. La police a, par ailleurs, été très active avec le dispositif ARCS (Action répressive cambriolages sériels) de même qu’avec la prévention en la matière. Force est de constater là encore que le canton enregistre une nouvelle baisse des cambriolages. Enfin, en matière de prévention, la visi-

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bilité policière et l’action de la police de proximité se sont encore renforcées ces dernières années. Nous avons notamment inauguré en 2016 un nouveau poste mobile de Gendarmerie qui sillonne les différentes régions du canton. Le but est d’augmenter la visibilité de la Gendarmerie dans les communes sans poste de police et d’assurer le lien de proximité avec la population. Il n’y a toutefois pas de solutions miracles dans la lutte contre la délinquance et nous savons que toute une série de facteurs, allant de la situation géopolitique internationale à une politique sociale et économique donnée, ont une influence sur la criminalité. Ainsi, nous continuerons à la combattre avec l’ensemble des partenaires de la chaîne pénale dans la limite de nos moyens et de notre périmètre d’action.

TROIS PILIERS INDISSOCIABLES: COORDINATION, PRÉVENTION, RÉPRESSION

Certains cantons qui ont connu également une baisse de la criminalité ont réduit leurs effectifs de police, une décision que vous pourriez prendre? B. M.: Au vu de l’augmentation constante de sa population, le canton de Vaud avait un retard à rattraper en termes d’effectif policier. Ainsi, une convention a été signée en 2012 entre les syndicats et le Conseil d’Etat. Elle prévoyait 94 postes supplémentaires à la Police cantonale entre 2012 et 2017. Les effectifs des polices communales et intercommunales ont également augmenté. Cela a contribué a accentuer la présence policière sur le terrain, élément indispensable de la prévention et de

la répression. Les projections démographiques font état de la poursuite de l’accroissement de la population pour les prochaines années. Il n’y a donc pas lieu d’imaginer aujourd’hui une baisse de l’effectif policier. De plus dans le contexte international actuel, dans lequel les actes terroristes se sont multipliés chez nos voisins, il s’agit de protéger la population et de dissuader les intentions criminelles. Dans cette optique, j’ai par exemple doublé les effectifs du service de renseignements de la Police cantonale l’année passée et j’ai obtenu des moyens financiers visant à équiper les policiers de manière adéquate pour y faire face. Députée en 2009 vous aviez combattu le dossier de la police coordonnée lui préférant une police unique. Est-ce que votre avis a évolué? B. M.:  J’ai en effet soutenu la police unique en tant que députée en 2009. Toutefois, la population vaudoise a décidé, en votation, de soutenir un autre modèle. Je me dois aujourd’hui en tant que magistrate de respecter la volonté populaire. La cybercriminalité se développe de plus en plus, les escrocs qui s’attaquent au grand public le font le plus souvent depuis l’étranger, comment les poursuivre dans ces conditions? B. M.: La poursuite en tant que telle est de la compétence du Ministère public et non du politique, je ne me prononcerai donc pas à ce sujet. Mais en tant que conseillère d’Etat chargée de la sécurité dans mon canton, je souligne, comme dans d’autres domaines de la criminalité, l’importance de la prévention et de la formation. Il est essentiel d’informer le plus possible le grand public sur les dangers de l’internet. Par exemple, des conseils ont été émis au niveau suisse par les milieux de prévention. Pour moi, la coordination fédérale est essentielle


à ce sujet. D’ailleurs, je salue la volonté exprimée cet été par le conseiller fédéral Guy Parmelin de créer un centre de compétence dédié à la cyber criminalité. C’est un domaine pointu, qui évolue sans cesse. Il est primordial de rationaliser et partager les ressources en la matière. Cette cyber criminalité n’impose-t-elle pas de créer une unité dédiée à la lutte contre ce phénomène? B. M.: Oui, la Police de sûreté vaudoise a récemment réorganisé sa structure afin de «coller» aux enjeux actuels en matière de cyber criminalité. Elle a notamment créé une unité dédiée à ces phénomènes, la Brigade d’analyse des traces technologiques (BATT). Cette brigade travaille en collaboration avec la police scientifique et les spécialistes forensiques. L’utilisation numérique laisse des traces. Il s’agit d’analyser les données, ce qui représente un important travail.

Les administrations sont aussi des victimes potentielles, vos services ont-ils un droit de regard pour s’assurer qu’elles sont bien protégées? B. M.: Dans le canton de Vaud, ces questions sont gérées par la Direction des systèmes d’information (DSI) qui se trouve dans le département de ma collègue Nuria Gorrite. Au niveau de mon département, la police se charge de l’enquête poli-

NOUS TRAVAILLONS SUR UN PROJET DE RÉVISION DE LA HAUTE SURVEILLANCE DES AUTORITÉS JUDICIAIRES

cière lorsqu’il y a dépôt de plainte. Quant au Service de la sécurité civile et militaire (SSCM), il mène une réflexion plus large concernant les cyber risques en lien avec la protection de la population. Virus informatique, piratage de données, vol, espionnage, terrorisme: le SSCM organise d’ailleurs en novembre une conférence en collaboration avec la DSI et l’Institut du risque et des crises autour de ces thèmes. Il s’agira de sensibiliser tous les acteurs - privés et publics - aux risques et conséquences d’attaques de type cyber, ainsi que de comprendre le comportement et le fonctionnement des cybercriminels. Vous êtes aussi en charge des institutions, quels sont les grands chantiers à venir dans ce domaine? B. M.: Beaucoup de dossiers importants sont à l’agenda de cette législature qui débute. Concernant le logement tout d’abord, suite au succès de la Loi sur la préservation et la promotion du parc locatif (LPPPL) en votation en février, le règlement d’application de cette loi est en phase préparatoire. Il sera adopté par le Conseil d’Etat cet automne. La LPPPL pourra ainsi entrer en vigueur et permettre aux communes de lutter plus efficacement contre les effets néfastes de la pénurie de logements. Autre grand dossier: la révision de la Loi sur l’exercice des droits politiques. Suite au dépôt de différentes interventions parlementaires qui a suivi les dernières échéances électorales vaudoises, il est apparu que cette loi nécessitait des adaptations. Mon but est ici de faire en sorte que le nouveau texte soit adopté avant les prochaines élections. Nous travaillons également sur la réforme de la curatelle imposée dans le canton. Le souhait du Conseil d’Etat est de passer à un système qui allie 50% de curateurs professionnels et 50% de curateurs volontaires. Nous avons donc lancé une vaste campagne de communication destinée à faire jouer les solidarités et recruter de nouveaux curateurs volontaires. C’est un changement de culture important dans le canton de Vaud, qui était le dernier à imposer la curatelle à ses citoyens. Cette campagne a donné des résultats qui vont au-delà de nos attentes. C’est une réforme que j’ai lancée il y a plus de 3 ans de cela et je me réjouis de la voir aboutir. Par ailleurs, nous travaillons sur un projet de révision de la haute surveillance des autorités judiciaires. Enfin, cela concerne moins les institutions, mais un autre grand dossier est essentiel à mes yeux dans mon département. C’est celui de la poursuite du développement des infrastructures pénitentiaires, tel qu’annoncé en juillet 2014. Voilà pour quelques grands chantiers, pour reprendre votre expression, que j’aurai plaisir de mener durant cette nouvelle législature qui s’ouvre. ■ Dossiers Publics 3/2017

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INTERVIEW

Pascal Broulis Sa carrière, il l’a débutée dans la banque, mais de la politique il en fait depuis plus de trente ans. La réduction de la dette du canton de Vaud, c’est lui. Avec une méthode qu’il a su imposer, la sienne. Difficile de lui demander de conseiller les autres cantons très endettés aujourd’hui, alors on pose une question détournée: «Vos méthodes pour réduire une dette sont-elles toujours applicables aujourd’hui?». La réponse fuse, pleine de détermination: «Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas!». Rencontre avec un homme de conviction.

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INTERVIEW

IL EST URGENT QUE LES CHAMBRES FÉDÉRALES BOUCLENT LE PROGRAMME FISCAL 17

Lorsque vous avez pris la direction des finances vaudoises en 2002, le canton était très endetté (plus de 8 milliards de francs). Vous êtes parvenu en dix ans à rétablir la situation. Aujourd’hui votre dette est d’un peu plus de 1 milliard ce qui est normal et tout à fait supportable mais cette réduction drastique de votre dette n’a t-elle pas trop pénalisé votre capacité d’investissement? Pascal Broulis: A l’évidence non, puisque le rythme moyen de nos investissements consentis et programmés pour la période 2011-2025 est de l’ordre de 1 milliard de francs par an (montant brut). En ce qui concerne ses propres réalisations, l’Etat de Vaud est actuellement clairement parmi les plus gros constructeurs du pays avec la Confédération, le canton de Zurich et les CFF. C’est aussi la réduction de la dette qui permet un tel positionnement, car c’est elle qui nous donne des marges de manœuvre. Au début des années 2000, Vaud a versé jusqu’à 316 millions de francs d’intérêts par an aux banques. Environ 500 francs par habitant, nouveau-nés compris. Se délester de ce poids était essentiel.

L’ETAT DE VAUD EST L’UN DES PLUS GROS CONSTRUCTEURS DU PAYS

Les méthodes que vous avez utilisées pour parvenir à réduire la dette sontelles encore applicables aujourd’hui? P. B.: Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas! La dette a été réduite sans brutalité, sans coupes linéaires, sur la base d’un large consensus politique,

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avec quelques principes simples. Par exemple une attention soutenue portée aux dépenses; l’attribution de toutes les recettes extraordinaires au désendettement comme celles provenant de l’or de la BNS; un significatif renforcement institutionnel dont la pierre angulaire est le frein constitutionnel à l’endettement; et une recherche déterminée et systématique de notre diversification économique en utilisant les outils qui existaient alors, comme l’arrêté Bonny. Tout cela a permis, en dix ans, de passer d’une note financière «A» en 2003 – au niveau de celle du Botswana – à «AAA» en 2013, qui est la meilleure note possible que seule la Confédération, Argovie, Zurich et Schwyz détiennent également. Il faut maintenir cette vigilance, il sera toujours plus simple de maintenir l’équilibre qui est le nôtre aujourd’hui que devoir le regagner… Vous aviez anticipé dans votre budget les réductions de recettes que devait provoquer la RIE III. Cette réforme n’a finalement pas été approuvée par le peuple. Vous avez revu votre budget ou vous vous êtes dit: «faisons comme si la RIE III était passée et prenons de l’avance pour supporter encore mieux la prochaine réforme de la fiscalité»? P. B.: La RIE III a impacté le budget 2017 de moins de 35 millions sur un total de dépenses de 9,3 milliards. Dans la planification du Conseil d’Etat il a toujours été clair, et annoncé, qu’elle ne déploierait ses effets principaux que lors de la mise en œuvre de la réforme fédérale. Et le Conseil d’Etat a précisé dans tous les textes légaux adoptés par le Grand Conseil, et ratifiés à 87% des voix par la population au terme du référendum de février 2016, qu’il se réservait la possibilité d’adapter son calendrier. Mais ce qui nous donne un avantage c’est que notre réforme est

aujourd’hui prête, qu’elle peut déployer ses effets comme prévu dès le 1er janvier 2019, pourvu que le Chambres fédérales s’accordent maintenant sur Projet Fiscal 17. En ce qui concerne les rentrées fiscales qui proviennent des entreprises, une tendance se confirme dans certains cantons avec de plus en plus de PME qui ne parviennent plus à payer leurs impôts. Comment peut-on enrayer ce phénomène? P. B.: Ce n’est pas le cas dans le canton de Vaud. Le taux net d’imposition des bénéfices dans le canton a déjà été abaissé par étape – de 23% en 2012 à 20,95% pour 2017 – ce qui profite aux entreprises. Malgré cela le rendement de l’impôt sur les personnes morales (bénéfice et capital) augmente puisqu’il a atteint 770,8 millions aux comptes 2016 contre 728,6 millions aux comptes 2013. La croissance du PIB cantonal est enfin régulièrement supérieure à celle du PIB suisse depuis dix ans et les perspectives restent bonnes. Or des entreprises en bonne santé n’ont pas de difficulté à s’acquitter de leurs contributions. Mais il est clair que leurs possibilités d’investir et de se développer seront stimulées avec la baisse du taux à 13,79% comme le prévoit la RIE III vaudoise largement approuvée en 2016.

LA CROISSANCE DU PIB DU CANTON DE VAUD EST RÉGULIÈREMENT SUPÉRIEURE À CELLE DU PIB SUISSE


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Pour les particuliers vous avez mis en place deux mesures phares. La première c’est de leur permettre de payer leurs impôts par de multiples acomptes; la deuxième consiste à subventionner les caisses d’assurances-maladie pour diminuer les coûts des primes, primes pour lesquelles vous avez en plus accordé une augmentation des déductions fiscales de 400 francs. Les effets de ces mesures ont-ils été positifs? P. B.: Introduit en 2003, le système postnumerando annuel avec ses acomptes mensuels est complètement entré dans les mœurs. Je crois que personne ne souhaiterait aujourd’hui revenir en arrière. Les subsides à l’assurance-maladie n’ont rien à voir avec les impôts, mais avec la politique sociale. Quant à l’augmentation des déductions fiscales, elle fait partie des mesures d’accompagnement inclues dans la RIE III vaudoise, prévues pour entrer en vigueur avec la réforme fédérale, en principe en 2019. Pour augmenter vos recettes il existe un autre levier, l’installation de nouvelles entreprises. Le canton de Vaud n’est pas très bien classé dans ce domaine. Pour quelles raisons d’aprèsvous et que comptez vous faire pour inverser la tendance?

P. B.: De façon globale l’attractivité de la région lémanique reste bonne, mais il est vrai que nous n’avons malheureusement plus l’efficace instrument de promotion qu’était l’arrêté Bonny et que ce dernier n’a pas été remplacé. Il importe d’être concurrentiel dans la compétition mondiale qui existe dans ce domaine et la mise en œuvre de la RIE III vaudoise me paraît ici absolument nécessaire. Il est urgent que les Chambres fédérales bouclent le programme fiscal 17 et prévoient sa mise en œuvre rapide. Comment anticipez-vous les risques de dérapages budgétaires qui se profilent à l’horizon? Le coût de la stratégie énergétique 2050, le vieillissement de la population, l’augmentation des coûts de la santé ou encore, au niveau de l’aménagement du territoire, avec le nombre impressionnant de rénovations à effectuer. Les factures à venir semblent très lourdes, trop lourdes! P. B.: La stabilité budgétaire reste heureusement un objectif largement partagé et peut s’appuyer sur les freins à l’endettement qui existent tant au niveau fédéral qu’au niveau du canton de Vaud. Mais l’énumération que vous faites reste inquiétante et démontre qu’il faut toujours se soucier des coûts,

non seulement pour chaque projet pris séparément mais en conservant une vision d’ensemble. La logique des besoins qui consiste à répondre à chaque sollicitation particulière est dangereuse, c’est la logique des moyens qui doit être suivie.

LA CONFÉDÉRATION DEVRAIT DÉJÀ ÉVITER TOUT REPORT DE CHARGES SUR LES CANTONS Quel rôle doit jouer la Confédération pour aider les cantons à relever ces défis liés à l’augmentation inévitable des charges et des coûts? P. B.: Elle devrait déjà éviter tout report de charges sur les cantons en faisant particulièrement attention aux charges dynamiques qui augmentent avec le temps. Elle doit ensuite laisser aux cantons le loisir de s’organiser en renonçant à des normes trop perfectionnistes. Ce que les cantons attendent, c’est une saine perception de notre fédéralisme. ■

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La révolution BIM en marche! BIM: Building Information Modeling (ou Management)

Non, le BIM n’est pas un logiciel mais un processus qui va favoriser la coopération entre tous les acteurs autour d’une maquette numérique structurée, basée sur des standards, à chaque étape de son cycle de vie: conception, réalisation, exploitation & maintenance. Ce nouveau processus va permettre: - Améliorer la performance par métier avec les cas d’usage BIM: revue de projet, coordination 3D, détection de conflit, production de plan 2D, quantitatif, création de visuels commerciaux, simulation de construction 4D, modèles 3D tel que construit, lien avec l’exploitation et maintenance, vérification d’exigence règlementaire, support de communication, calculs, scan des conditions existantes. - Définir le niveau de détail nécessaire dans la phase concernée. - Créer un environnement favorable aux échanges avec les processus BIM, avec les Plans d’exécution BIM, le guide de production BIM, assurance qualité BIM, les gabarits de projet, le recrutement BIM, les formations BIM, le partage et le suivi des modèles BIM. Les 4 niveaux de maturité du BIM vont permettre aux projets BIM de faire correspondre les fonctionnalités recherchées, les standards et le type de collaboration. Cette démarche collaborative et simultanée va nécessiter une conduite aux changements et l’émergence de nouveaux métiers comme le BIM Manager, le coordinateur BIM et le BIM designer, de nouveaux standards et nouveaux outils. L’accompagnement des universités et des écoles d’ingénieurs va devenir primordial pour permettre le développement des compétences. AMSTEIN+WALTHERT bureau de Lausanne, avec des prestations d’ingénierie en technique du bâtiment et de consulting en énergie et environnement les plus pointues, est aussi un leader dans le développement du BIM.

Pour relever ces nouveaux défis technologiques, AMSTEIN+WALTHERT s’adjoint les services d’un responsable BIM, expert en systèmes d’information technique, Malcolm EBARA. Nos clients valident cette nouvelle compétence avec plusieurs missions: AMO (assistance au Maître d’Ouvrage) BIM pour développer le BIM au sein du groupe, BIM management pour la rénovation d’un bâtiment pharmaceutique en cours d’exploitation et maitrise d’œuvre pour la conception des études CVSE. Ce projet montre déjà l’utilisation des nouvelles technologies pour visualiser le projet en réalité virtuelle avec les lunettes Oculus. Les objectifs sont fixés sur l’utilisation des données BIM pour l’exploitation et maintenance. L’accompagnement vers cette révolution numérique BIM est un challenge que A+W Lausanne réalise avec succès sur de nombreux projets avec de la formation interne et externe.

Malcolm Ebara BIM Manager

Ingénieur chauffage-ventilation – régulation – AMSTEIN+WALTHERT Installations photovoltaïques LAUSANNE SA Engineering & Consulting Av. D’Ouchy Rue du Grand-Pré 54 52, CH-1006 Lausanne 1202 Genève Tél. +41 21 557 23 00 Tél. 022/749 83 80 www.amstein-walthert.ch/ Mail: infoge@amstein-walthert.ch Web: www.amstein-walthert.ch


INTERVIEW

Jacqueline de Quattro © www.emo-photo.com

Réélue au premier tour en avril dernier, la ministre du territoire et de l’environnement souhaite consacrer sa troisième législature aux thématiques de l’énergie et de l’environnement. Après s’être attaquée à l’épineux dossier de l’aménagement du territoire, Jacqueline de Quattro entend donc poursuivre son engagement dans des problématiques liées au climat, à l’eau et la transition énergétique.

NOUS DEVONS REMETTRE L’INTÉRÊT GÉNÉRAL AU CENTRE DE NOTRE RÉFLEXION Le développement durable impose des moyens financiers importants. La stratégie énergétique 2050 a été approuvée par le peuple. Le budget du département que vous dirigez va devoir être augmenté en conséquence. Les arbitrages s’annoncent difficiles, comment définir les priorités?

Jacqueline de Quattro: La force de notre pays et de notre canton réside dans sa culture du compromis. «Le patrimoine génétique de la Suisse» comme l’appelle certains. Et cette culture du consensus, de dialogue, passe par la pesée d’intérêt. Dans mon département, en charge de l’environnement et de Dossiers Publics 3/2017

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INTERVIEW

de l’aménagement du territoire, je dois constamment procéder à des arbitrages entre, par exemple, la protection paysagère et la garantie d’assurer l’approvisionnement énergétique de notre canton. Entre intérêts privés et intérêts publics. Entre différents intérêts privés. Entre différents intérêts publics. Entre villes et campagnes. Entre constructions et préservation. Entre liberté et contraintes. Des intérêts qui sont souvent contradictoires. Nous devons remettre l’intérêt général au centre de notre réflexion. Il doit guider notre action politique. Cette exigence demande courage, indépendance et désintéressement. Il est toujours plus facile de dire oui. Or, ce n’est pas toujours possible. Concernant la question financière, nous n’avons pas attendu le oui à la stratégie énergétique 2050 pour nous donner les moyens de notre politique. Nous avons ainsi introduit un programme de 100 millions pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. La loi sur l’énergie qui a été adopté par le canton de Vaud impose que toute nouvelle construction couvre 20% de ses besoins en électricité. En fait, le but final est de parvenir à ce que les nouvelles constructions produisent autant d’électricité qu’elles n’en consomment. Ce chiffre de 20% n’est-il pas trop bas dans ces conditions? J. de Q.: L’objectif, à long terme, est que les bâtiments neufs s’approchent de l’autonomie énergétique. Le chemin pour y arriver n’est pas facile. Une loi prescrit des normes à respecter, mais elle est avant tout l’expression d’une vision politique. La loi vaudoise sur l’énergie impose que les nouvelles constructions couvrent 20% de leurs besoins en électricité par une production renouvelable. Cette loi est pionnière en Suisse et en Europe. Ses effets sont encourageants, on constate que la couverture effective des besoins des nouveaux bâtiments est souvent largement supérieure à ces 20%. Cela signifie que notre vision est partagée. Ce seuil de 20% pourra sans doute être augmenté dès que les conditions le justifieront ou le permettront, par exemple lorsque les solutions de stockage de l’énergie seront disponibles à

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des prix abordables. Il faut aussi relever les efforts qui portent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique. Il est en effet indispensable de réduire la consommation actuelle en parallèle au développement de la production d’énergie renouvelable. A ce titre, nous avons pris une autre disposition en rendant obligatoire, dès le 1er janvier 2017, le Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB) lors de la vente d’un bien voué à l’habitation ou lorsqu’un propriétaire remplace un système de chauffage sans opter pour une installation alimentée par une source renouvelable.

JE DOIS CONSTAMMENT PROCÉDER À DES ARBITRAGES

Le canton de Vaud dépend de l’étranger pour son approvisionnement en matériaux de construction. Ce n’est pas très environnemental mais peuton inverser cette tendance? J. de Q.: Si la dépendance du canton vis-à-vis de l’étranger a progressé au cours des dernières années, en raison notamment d’un fort développement économique et démographique, nous utilisons plus de 60% de matériaux de construction issus de sites d’extraction vaudois. Ceci dit, nous devons éviter d’exporter les impacts environnementaux liés à l’essor de notre région. Ainsi nous avons ouvert de nouveaux sites d’extraction sur le territoire cantonal tout en encourageant des projets associant le transport par voie ferrée ou lacustre afin de diminuer l’impact sur l’environnement. Je pense en particulier à la carrière des Délices, qui est reliée au rail. La question ne porte toutefois pas que sur la disponibilité de la ressource. Elle est aussi économique. Il est en effet difficile pour les entreprises vaudoises de s’aligner sur les prix pratiqués par des fournisseurs étrangers. Cela s’observe aussi dans le domaine forestier où le matériau est abondant dans notre pays alors que les producteurs subissent

fortement la concurrence des prix très bas pratiqués à l’étranger. Il est dès lors de la responsabilité des collectivités publiques de montrer l’exemple. Le bois utilisé pour le toit du nouveau Parlement est issu des forêts cantonales, comme le sera celui qui servira à la construction de la future Maison de l’environnement de l’Etat de Vaud Les déchets sont de plus en plus souvent considérés comme une ressource énergétique en soi. Où en est le canton de Vaud dans ce domaine? J. de Q.: Cela fait de nombreuses années que la valeur énergétique de nos déchets est reconnue, et cela dans de nombreux domaines. A Lausanne, l’usine de valorisation thermique et électrique des déchets figure parmi les installations de pointe en Suisse. En 2016, en traitant plus de 180’000 tonnes de déchets incinérables, cette usine a alimenté en chaleur plus de 1000 immeubles de la région. Et elle a produit l’équivalent de la consommation électrique de près de 18’000 ménages. Les stations d’épuration vaudoises sont également devenues des pourvoyeuses d’énergie. Dans notre canton, 27 STEP valorisent le biogaz, qu’elles produisent en le transformant en électricité. Vaud étant également un canton agricole, nous devons aussi profiter des opportunités offertes dans ce secteur. Nous dénombrons, par exemple, neuf installations de biogaz agricoles sur l’ensemble du territoire, et des projets sont en cours. Quant aux déchets verts, en plus de fournir du compost de qualité, ils produisent également du biogaz dans les usines de méthanisation. Des analyses tendent à prouver que beaucoup de cours d’eau en Suisse romande sont pollués. Il semblerait qu’il soit urgent d’agir. Qu’a-t-il été fait sur ce dossier, qu’avez-vous prévu? J. de Q.: L’Etat de Vaud a lancé en 2015 un vaste plan de lutte contre les micropolluants dont l’objectif est, d’une part, de rationaliser et de renouveler le parc des stations d’épuration vaudoises et, d’autre part, de lutter contre les micropolluants. Avec la mise en œuvre de ce plan, les eaux usées de 90% de la population du canton bénéficieront d’un traitement


Le développement durable c’est aussi l’apparition de nouveaux métiers et donc le besoin de nouvelles formations. Pensez-vous que la Suisse soit capable, seule, de relever ce défi? Disposera-t-on d’assez de personnel pour répondre à la demande? J. de Q.: La Suisse est à la pointe de la formation dans ce domaine, notamment grâce aux compétences et filières proposées par les Hautes écoles du pays, et celles bien entendu du canton de Vaud qui sont reconnues à l’échelle internationale dans le domaine des Cleantech. Je constate par ailleurs que les nouvelles offres en filières de formation se multiplient, tant sur le plan académique que sur celui de la formation professionnelle. L’Etat de Vaud, dans le cadre de son programme «100 millions pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique» a ainsi participé au développement de trois CAS dans le domaine de l’énergie à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud. Cela dit, la lutte contre le réchauffement climatique est

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performant avant leur rejet vers les eaux superficielles. La qualité des cours d’eau et des lacs se verra ainsi renforcée au cours des vingt prochaines années. Le Grand Conseil a déjà validé un premier crédit de 80 millions de francs pour la concrétisation de ce vaste plan. Par ailleurs, nous avons des objectifs élevés en matière de renaturation des cours d’eau. La planification cantonale identifie quelque 150km de rivières devant faire l’objet de mesures prioritaires. Ces cinq dernières années, plusieurs projets ont été lancés ou ont été réalisés. La qualité de l’eau est justement au cœur des objectifs de la renaturation car celle-ci facilite l’épuration naturelle. Nous travaillons avec de nombreux partenaires, notamment le monde agricole, dans le cadre de la renaturation comme dans certains dossiers spécifiques. C’est le cas, par exemple, du projet mené sur le Boiron de Morges. Ce projet démontre que des mesures agricoles simples et modernes permettent de réduire le transfert de produits phytosanitaires dans les eaux superficielles. La qualité de la rivière s’en est trouvée largement améliorée.

une question à laquelle la Suisse ne peut pas répondre à elle seule, et cela vaut aussi dans le domaine de la formation. Le canton de Vaud a-t-il les moyens de produire seul, dans les trente ans à venir, l’énergie dont il a besoin? J. de Q.: Le canton produit actuellement un quart de l’électricité qu’il consomme. Dans ce contexte, l’autonomie constitue l’objectif à viser, mais à long terme, avec un horizon qui nous porte à la fin de ce siècle. Il faut rappeler que même la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération ne prévoit pas l’autonomie dans les 30 ans. La révision de la Conception cantonale de l’énergie, qui devrait se terminer dans le courant 2018, nous permettra de nous déterminer sur les moyens d’y parvenir concrètement. Le territoire vaudois est en tout cas riche de ressources énergétiques renouvelables, à l’image du solaire, de l’hydraulique, de l’éolien, de la géothermie et du bois. Mais l’autonomie ne sera jamais atteinte sans une maîtrise de notre consommation, que ce soit dans les bâtiments, mais aussi en matière de mobilité ou de processus industriels.

L’AUTONOMIE NE SERA JAMAIS ATTEINTE SANS UNE MAÎTRISE DE NOTRE CONSOMMATION

Il faut également réaliser des économies d’énergie. Plus 40% de cette énergie est consommée par les bâtiments. Seulement 1% d’entre eux sont rénovés chaque année. 100 ans seront donc nécessaires pour rénover l’ensemble de ceux-ci. Ce n’est pas en adéquation avec une stratégie à 2050… J. de Q.: Le taux de rénovation actuel des bâtiments peut et doit être amélioré, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons introduit le CECB. L’efficacité énergétique est un pan important de la stratégie globale. Le bâtiment constitue un important potentiel d’économie d’énergie. Pour parvenir à une croissance de ce taux de rénovation, nous devons travailler sur différents axes, par exemple sur un probable renforcement progressif des exigences légales en la matière. Mais je constate que beaucoup de propriétaires ne sont pas au courant des aides dont ils pourraient bénéficier. Nous avons donc renforcé la communication pour renseigner le grand public et avons constaté immédiatement une hausse de l’intérêt porté au programme de subventions. C’est réjouissant ! Pour terminer, dans les mois qui viennent quelles seront vos principales priorités? La politique intégrée de l’eau sera l’un des enjeux majeurs des prochaines législatures. Nous travaillons sur plusieurs axes, par exemple la lutte contre les micropolluants, la protection contre les crues – avec notamment la 3e correction du Rhône – la préservation des eaux souterraines ou encore la renaturation de nombreux cours d’eau. La maîtrise des objectifs fixés par les accords de Paris, la COP 21, est un défi qui nécessite que notre canton mette en œuvre une stratégie climatique. Elle aura un impact significatif dans de nombreux domaines comme la santé publique, la biodiversité, l’accès à l’eau potable et la gestion des ressources etc. Enfin, la mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2050, plébiscitée par près de trois Vaudois sur quatre, passera par l’élaboration de la Conception cantonale de l’énergie, laquelle fixera les objectifs et les mesures à prendre dans les années à venir. ■ Dossiers Publics 3/2017

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INTERVIEW

Philippe Leuba © ARC

Le ministre de l’économie et des sports du canton de Vaud possède son franc-parler, on le savait. Il alerte sans pour autant être pessimiste. La Suisse et son canton se portent bien, mais il n’entend pas baisser la garde car il estime que les défis à venir ne sont pas simples à relever. Il le sait et il le dit!

JE PENSE QU’UNE LARGE PARTIE DE NOTRE POPULATION A DES SOUCIS DE RICHES

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Débutons avec l’emploi, le taux de chômage stagne dans le canton de Vaud mais les chômeurs en fin de droit sont plus nombreux. Donc si l’on parle de personnes sans emploi, les chiffres sont à la hausse… Philippe Leuba: Ce qui est fondamental, c’est de regarder le taux de chômage des jeunes et il est en baisse. En revanche, nous devons valoriser la formation professionnelle et l’apprentissage. Si nous employons des travailleurs frontaliers, c’est parce que les entreprises ne trouvent pas la main d’œuvre qualifiée dont elles ont besoin. Revaloriser l’apprentissage, accompagner les reconversions, c’est ce que nous devons faire. Si vos chiffres sont bons sur le chômage des jeunes, ce n’est pas le cas pour les plus de cinquante ans… P. L.: Là, on a un vrai problème. Deux éléments. Le premier c’est le coût de la retraite, trouver un deuxième pilier quand vous êtes au chômage à plus de 50% ce n’est pas simple. Ensuite ce chômage des plus de 50 ans est souvent dû à une formation continue dont ils n’ont pas bénéficié et qui les a empêchés de s’adapter aux évolutions de l’économie. Nous devons tenir compte de ces éléments, les comprendre et inciter les entreprises à accentuer la formation professionnelle. Cela peut passer par la création d’aides supplémentaires? P. L.: Je pense que la formation doit-être proposée par les entreprises. Ce sont elles qui bénéficient immédiatement du savoir acquis par la personne, mais ce que vous dites mérite réflexion. Pourquoi pas? C’est une piste à ne pas négliger.

Zurich! Maintenant, nous devons travailler pour que ces jeunes pousses restent ici. Et pour cela, il faut leur permettre de passer d’une idée géniale à un projet économique et que celui-ci soit ancré dans le canton de Vaud. En ce qui concerne la réforme fiscale, le peuple a dit non, est-ce dû simplement à une mauvaise communication? P. L.: Je pense que la campagne n’a pas été bonne et des craintes de la population n’ont pas trouvé de réponses. Mais au risque de choquer je pense aussi qu’une large partie de notre population a des soucis de riches. Elle croit que le Suisse est né pour être heureux, qu’il ne peut rien lui arriver et que la prospérité de la Suisse est un acquis. C’est complètement faux. Je ne parviens pas à comprendre que l’on puisse penser que demain sera encore meilleur et que nous n’aurons pas à nous battre pour y parvenir. D’autant que si la dette de votre canton a été assainie ce n’est pas le cas d’autres états, les charges sont de plus en plus lourdes à supporter, les rentrées fiscales sont en baisse dans certains cantons, de quoi effectivement être inquiet… P. L.: Je suis d’accord avec vous, il y a beaucoup d’inquiétudes à avoir. Il faut regarder les difficultés que rencontrent nos voisins et travailler pour ne pas connaître les mêmes. Nous devons prendre conscience de la fragilité de notre succès économique et accepter les sacrifices et les contraintes que la prospérité économique exige pour être maintenue. Il faut par exemple continuer à valoriser le travail et ne pas le mépriser, comme l’a fait la France avec les 35 heures.

Pour l’emploi vous allez être confronté à beaucoup de challenges, le vieillissement de la population qui va nécesOu mettre à terre l’artisanat en voulant donner le Bac à siter beaucoup de personnel et dans des domaines comme tout le monde! la restauration ou le bâtiment vous êtes obligé d’embauP. L.: C’est une évidence. De gauche ou de droite, leurs cher des étrangers, c’est inéluctable? politiques se gargarisent lorsque le taux de réussite du Bac P. L.: Nous aurons toujours besoin de travailleurs augmente. Ce ne sont pas les chiffres du Bac frontaliers et d’autres venus de l’étranger qui qu’il faut regarder, mais encore une fois, ceux s’installent chez nous. Ceci dit, je suis convaincu du taux de chômage des moins de 25 ans! A SI PARTOUT VOUS que nos systèmes de formation et la voie de quoi cela sert-il d’avoir 99% de bacheliers si l’apprentissage doivent être revalorisés. Il n’est ÊTES NÉGATIF ALORS 30% des moins de 25 ans se retrouvent sans pas acceptable de vouloir pousser tout le monde emplois? LA BARQUE FINIRA aux études. Il faut que nous effectuions à moyen Je le dis à mes enfants, j’ai une fille de 14 ans PAR CHAVIRER terme un travail sur l’évolution de la société. et un fils de 11 ans, «je préfère que vous réusQuels seront les jobs dont nous aurons besoin sissiez et vous épanouissiez dans un métier demain? A quoi cela sert-il de former un marémanuel, plutôt que vous soyez journaliste ou chal ferrant aujourd’hui? C’est une boutade, avocat au chômage». Aujourd’hui avec l’évomais elle confirme le fond de ma pensée. Il nous faut une lution des métiers, avec la rénovation énergétique des bâtiformation professionnelle beaucoup plus proche du monde ments par exemple, nous allons avoir besoin de techniciens économique, pour qu’elle soit en adéquation avec son évoet donc des places d’apprentissage seront crées avec à la lution. Je suis convaincu qu’il nous faut mettre en place une clé de très beaux emplois. Eh bien oui, je préfère que mes importante réflexion sur ce sujet. enfants se retrouvent dans un secteur comme celui-ci avec un emploi solide et passionnant, plutôt qu’ils soient bardés Pour l’emploi vous disposez d’un autre levier, l’installation de diplômes et au chômage. de filiales d’entreprises et la création de nouvelles. P. L.: Nous avons mis en place un énorme programme en Autre risque pour la Suisse, sa compétitivité; d’autres pays faveur de l’innovation et ça marche. Pour les start-up nous vont baisser les impôts des entreprises… avons recueilli les plus gros investissements de Suisse, devant P. L.: C’est certain, la concurrence sera sévère. Si nous ne Dossiers Publics 3/2017

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INTERVIEW

NOUS CRÉONS PLUS D’EMPLOIS QUE NOUS N’EN PERDONS

réussissons pas notre réforme fiscale, nous nous retrouverons hors du champ concurrentiel et la catastrophe sera programmée avec à la clé moins d’investissement et moins de développement. Déjà nous devons faire face à la cherté de notre monnaie et nous avons en plus un niveau de salaire hors norme. Vous pouvez avoir un ou deux éléments moins compétitifs qu’ailleurs mais si partout vous êtes négatif alors la barque finira par chavirer. Il faut aussi pouvoir bien accueillir entreprises et salariés. Le plan Métamorphose 2030 de la ville de Lausanne avec la création de quartiers de près de 15.000 habitants et salariés, c’est une bonne initiative? P. L.: Qu’il faille construire bureaux et logements c’est une évidence. Le projet est intelligent et en plus, avec d’autres réalisations prévues, Lausanne, elle aussi va connaître une vraie révolution. Mais attention! Dans ces nouveaux quartiers, il faut privilégier une mixité sociale. Prenons garde à ne pas créer de ghettos. Il faut sur une même zone de la propriété et du locatif, avec des loyers qui concernent toutes les classes sociales. Je ne veux pas que Lausanne connaissent des quartiers comme en France ou en Angleterre avec des populations qui se replient sur elles-mêmes, où il n’est plus possible d’intégrer des populations étrangères dans certains quartiers avec pour

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conséquence de les retrouver ensuite dans des banlieues où l’insécurité et le chômage battent tous les records. Si dans les futurs quartiers de Lausanne la mixité sociale n’est pas installée, c’est notre cohésion sociale qui sera gravement menacée. Dans votre canton trois grandes entreprises viennent de procéder à des restructurations, cela vous inquiètet-il? P. L.: Toute perte d’emploi m’inquiète. Ceci-dit, il faut toujours regarder combien d’emplois ont été créés et combien ont été perdus. Depuis 12 ans, le canton de Vaud crée 4500 places de travail par an et personne n’en parle. Une entreprise licencie 50 personnes et les journaux en font leurs unes. Il faut bien comprendre également que certains métiers disparaissent et donc il faut travailler sur la reconversion qui permettra de créer d’autres places de travail. Dans le canton de Vaud, nous créons plus d’emplois que nous n’en perdons. Vous êtes aussi ministre des sports, beaucoup de nouveaux équipements vont sortir de terre, c’est indispensable d’après-vous? P. L.: Il nous manquait des équipements pour le sport de haut niveau. La réalité, c’est que nous ne disposons d’aucun stade qui respecte les normes actuelles. Il était donc indispensable

de construire une nouvelle enceinte. Prenez le football: aujourd’hui, la viabilité d’une grande équipe dépend de son stade. Il faut par exemple des loges pour accueillir les sponsors. Si vous n’avez pas de sponsors, vous n’avez pas d’argent, pas d’argent pas de grande équipe, pas de grande équipe, pas de spectateurs. Un grand club participe de plus à la cohésion sociale et je souhaite pour Lausanne un grand club, il fallait donc un stade… Notre patinoire était vieille, il fallait la rénover, un bassin de 50 mètres pour la natation était aussi indispensable… Vous soutenez la candidature de Sion aux JO d’hiver de 2026, certaines voix s’élèvent pour dire que cela coûterait trop cher, on parle d’un milliard et demi. P. L.: D’abord ce serait la première fois que la Suisse accueillerait des JO et, comme c’est la première fois, le CIO finance directement l’événement à hauteur de 800 millions. Ce n’est pas rien. Ensuite, il s’agira de savoir comment nous répartirons les coûts. Enfin, il faut savoir que la plupart des équipements existent déjà et nous souhaitons, comme le président du CIO, des jeux qui redeviennent à taille humaine. Le gigantisme des JO, c’est terminé. Le gigantisme à terme, ce serait la mort des JO. Vous n’auriez plus de candidatures. Le projet de Sion me semble aller dans le sens souhaité par le CIO. ■



INFO

VOLUMLIGHT ™

L’éclairage public piloté en fonction du volume de trafic! Le Défi Des objectifs ambitieux en termes d’économie d’énergie et des initiatives de réduction de coûts mènent les propriétaires d’éclairage public vers de nouvelles technologies. La détection de présences qui permet d’adapter l’éclairage juste avant le passage de l’usager a fait ses preuves dans les routes à faible fréquentation, mais n’est pas satisfaisante sur les axes à grande affluence. La version actuelle de la norme d’éclairage des routes autorise la modulation de l’intensité de la lumière en fonction du volume de trafic. Le Concept L’idée de tester une installation d’éclairage piloté en fonction du volume de trafic en temps réel est née. Une collaboration entre EKZ et Schréder Swiss pour réaliser une installation de test a été mise en place sur la route principale traversant Urdorf. Sur cet axe à fort trafic, le nombre de véhicules est compté en temps réel par un capteur optique et le niveau de l’éclairage est adapté en fonction du volume, tout en respectant la norme. Ce système permet de tenir compte des grandes variations de trafic observées sur cette route. Les résultats après une année de fonctionnement sont plus que satisfaisants, une économie d’énergie supplémentaire

de plus de 30% a pu être réalisée tout en diminuant les immixtions lumineuses. La Solution En partenariat avec la société Sixsq., Schréder Swiss a développé une solution qui fournit un système d’éclairage public intelligent flexible et autonome. En combinant le système d’éclairage intelligent OWLET avec une caméra de détection de trafic et la NuvlaBox équipée de son écosystème de software de la société Sixsq., Schréder fournit un système qui permet de réaliser plus de 30% d’économies d’énergie supplémentaires. L’éclairage s’adapte en permanence au volume de circulation, permettant des économies lors de faible circulation, mais aussi un éclairage adapté lors d’une augmentation exceptionnelle du volume de trafic. En effet, il offre une grande flexibilité de configuration et d’extension à de futures fonctionnalités permettant, entre autre, un contrôle et une mise à jour à distance, ce qui contribue à une réduction des coûts opérationnels.

Haut volume de trafic.

Exemple de volume de trafic lors d’un jour à faible fréquentation.

Faible volume de trafic.

A travers l’interface fournie, il est possible d’avoir un retour quant au nombre de voitures passées par heure et l’intensité lumineuse qui a été fournie. Exemple de volume de trafic lors d’un jour à fort fréquentation.

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www.schreder.ch



INFO

La nouvelle machine municipale MIC 42 est un véhicule puissant qui combine les propriétés d’un véhicule porte-outils et d’une balayeuse de voirie. © DR

Gamme de produits plus grande:

plus d’autonomie, plus de confort.

Débroussailleuse, taille-haie, batterie dorsale et nouvelle machine municipale MIC 42 de Kärcher. Début 2016, Kärcher a étendu sa gamme d’appareils sans fil avec un souffleur de feuilles et une tronçonneuse. Aujourd’hui, l’entreprise continue sur sa lancée avec une nouvelle débroussailleuse et un taille-haie. Une grande autonomie et des batteries Lithium-Ion de technologie 50 V évitent le changement et la recharge en cours de service, tout comme elles assurent la facilité d’exécution des travaux d’entretiens. Ces appareils sont sans fil et leur fonctionnement est 50% plus silencieux que les appareils à essence. La réduction des vibrations de 80% permet de travailler sans se fatiguer. Ces appareils sont capables de présenter un bilan CO2 neutre. La technologie 50 V réduit le temps de recharge de 50% et permet une augmentation de puissance pouvant atteindre 30%. Le moteur Brushless rend inutiles les travaux d’entretien. Ces appareils maniables et légers sont également faciles à

Le taille-haie avec une longueur de coupe de 65 cm, ainsi que la nouvelle débroussailleuse avec poignée à deux mains complètent la gamme de produits pour les travaux d’entretien dans les municipalités. Avec la batterie dorsale, les utilisateurs profitent d’une plus grande autonomie. © DR

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utiliser. La débroussailleuse avec poignée à deux mains est ergonomique et facilite un travail efficace. Le taille-haie, avec une longueur de coupe de 65 cm et une capacité de coupe de 33 mm, peut tailler même les branches d’arbres et les grandes haies. Des batteries de différentes puissances sont disponibles en fonction des besoins (100, 200, 375 et 1160 Wh). Elles sont toutes rechargeables avec le même chargeur. La débroussailleuse (ST 400 Bp), le taille-haie (HT 615 Bp) et la batterie dorsale (Bp 2400 Adv) seront disponibles à partir de l’automne 2017. La MIC 42 La nouvelle machine municipale MIC 42 (2,5 tonnes) est un véhicule puissant, qui combine les propriétés d’un véhicule porte-outils et d’une balayeuse de voirie. Elle répond à la norme sur les gaz d’échappement STAGE V. La grande cabine et la commande intuitive assurent une conduite confortable, avec un système de ventilation innovant et une fenêtre de chaque côté. Avec une puissance élevée (42 ch, couple de rotation de 130 Nm), la MIC 42 déplace facilement une charge utile d’une tonne et les outils équivalents. Elle dispose d’une hydraulique élevée. Son confort de conduite est très bon, grâce à une largeur de véhicule de 1,08 m, à un réservoir à saleté d’environ 800 litres et à un empattement de 1500 mm. Le concept de commande intuitive est celui de la machine MC 130 (3,5 t). La position des balais est réglable indépendamment à l’aide de deux joysticks. La machine MIC 42 permet de changer facilement d’outil et assure un accès rapide à tous les composants nécessaires. Ainsi, les travaux de nettoyage, d’entretien et de maintenance sont réalisables promptement. ■ www.kaercher.ch


SALON

Suisse Public,

l’édition 2017 du plus grand salon suisse du secteur public a attiré 20’000 visiteurs à Bernexpo

__ Pascal Claivaz

A noter: Le prochain salon

Suisse Public se tiendra du

18 au 21 juin 2019.

Lors du 23e Suisse Public de juin passé, la nouvelle place de démonstration sur le parc extérieur d’exposition de Bernexpo a été particulièrement bien reçue. Quant au nouveau parc en plein air, il a permis aux visiteurs de réaliser des essais sur route. Véhicules de sapeurs-pompiers et de police, grues et pelleteuses, ainsi que nouvelles technologies: durant quatre jours, les visiteuses et les visiteurs ont pu s’informer, découvrir les machines en direct et écouter des conférences passionnantes. «Nous sommes très satisfaits de cette édition de la Suisse Public», dit le directeur du salon Alain Caboussat. «Ces quatre jours nous ont permis d’accueillir près de 20’000 visiteuses et visiteurs sur le deuxième salon du parc d’exposition de Bernexpo, en termes de surface». Des exposants satisfaits Margaritha Dähler, directrice de Dähler, entreprise spécialisée en signalisation, explique: «Nous participons depuis 1972 au salon et nous sommes aussi satisfaits que le premier jour. Nous avons un excellent emplacement de stand, nous nous sentons bien pris en charge et gagnons toujours de nouveaux clients». Christian Bieri, conseiller technique de Hagenbucher déclare: «Cette année encore, notre stand était rempli, notre transfert d’image est remarquable sur le salon et nous serons certainement là en 2019». Claudia Brändle de Tony Brändli AG Wil, qui travaille dans le secteur de la construction de véhicules

pour les sapeurs-pompiers, la police et les organisations de sauvetage, est également satisfaite: «La Suisse Public est un temps forts de rencontres et un rendez-vous avec des clients de longue date et des amis. En dépit de l’aspect commercial, nous sommes ici entre amis et nous pouvons reprendre nos échanges à Berne tous les deux ans». Le parc vedette Le public s’est largement intéressé au nouveau parc de démonstration. Il a pu y découvrir différents véhicules et machines en direct et les tester lui-même. Ils ont été nombreux à saisir cette opportunité pour piloter eux-mêmes les machines. Outre le parc de démonstration, le forum Suisse Public était une nouveauté supplémentaire proposée aux visiteurs. Les expertes et les experts du secteur public y ont donné des conférences passionnantes sur des thèmes comme la Smart Resilience, la numérisation, l’élimination des déchets ou le réseau mobile. «Le lancement du forum Suisse Public a été un succès», affirme le directeur du salon, Alain Caboussat. «Les conférences et les présentations ont bénéficié d’une excellente frequentation. Ils ont séduit par la grande qualité de leurs contenus». Enfin, le parc d’exposition de Bernexpo avait accueilli le WaveTrophy avec plus de 100 équipes électriques. Les visiteurs intéressés de la Suisse Public ont pu examiner de près les différents véhicules électriques. Le Wave Trophy est le plus grand rally de véhicules électriques à l’échelle planétaire. ■ Dossiers Publics 3/2017

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INFO

Primayer c’est: la technologie

Les instruments Primayer sont utilisés avec des technologies novatrices pour former une approche intégrée de la gestion du système de l’eau. Nous offrons un large choix de produits pour résoudre des applications de routine complexe. Nous nous engageons à répondre aux besoins futurs de nos clients. Conception et fabrication Primayer dispose d’une équipe proactive de conception qui élabore continuellement de nouveaux produits pionniers et qui améliore les systèmes de maintien Primayer en tant que fournisseur de technologies pour l’industrie de l’eau. Notre usine de fabrication est conforme aux normes les plus élevées des meilleures pratiques, à toutes les étapes du processus de contrôle de la fabrication et de la qualité. Présence globale Primayer a une salle de conception et de fabrication modernes au RoyaumeUni. Elle détient également des points de ventes supplémentaires et des structures de soutien en France et en Malaisie. Nous avons des distributeurs dans plus de 40 pays à travers le monde, qui emploient un personnel hautement expérimenté. Le produit phare présenté au salon est le corrélateur de fuite d’eau Eureka 3, avec foltering des bruits parasites

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(Photo eureka 3+) offert à 15’000.- HT. Son petit frère, le Mikron 3, coûte 5’900.- HT, avec un rabais de 10% et une extention de 2 ans de garantie supplémentaire, soit 4 années.

d’eau. Notre produit fonctionne en 3g et les frais de communications sont infimes. Nous offrons sur ces appareils une garantie de 4 ans. ■ inoxsa

La nouveauté suisse est l’ENIGMA 3m de Primayer, le prélocalisateur de bruit corrélant. Finies les recherches infructueuses. Le maillage en réseau de nos logeurs donne la position de la fuite avec une grande précision. Finies les pertes de temps à chercher la fuite

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SALON

Le matin des chefs

au Salon des Ressources Humaines Le Salon RH Suisse se tiendra à Palexpo, Genève, les mercredi 4 et jeudi 5 octobre. Cet événement est le point de rencontre des professionnels de la branche RH (Ressources Humaines) des secteurs privés et publics en Romandie et en France voisine. Genève, ville internationale par excellence avec ses ONG, organisations internationales et multinationales baigne dans un monde internationalisé. La Suisse doit, elle aussi, compter avec les tendances du monde du travail et de celui des RH. Pour la première fois durant ce colloque, les participants auront l’occasion de rencontrer tous les intervenants pendant la session «Meet the Speakers». Un nouveau format – The International Morning Mercredi 4 octobre 2017, au Forum 3, Halle 2, on pourra découvrir une série de trois conférences (en anglais). Pour commencer de 10h00 à 10h30: «Recrutement 4.0», une table ronde organisée par Swissstaffing. Les participants seront: Leif Agneus, General Manager, Manpower Suisse, Robin Gordon, CEO, Interiman Group Services SA, Gérald Brandt, Director Human Resources, Kelly Services (Suisse) SA, Serge Shine, Global Practice Leader, Permanent Placement Professional Staffing, The Adecco Group et Irène Righetti, Responsable des Services internes, fondée de pouvoir, swissstaffing – Association suisse des services de l’emploi // Association des employeurs. Cette table ronde traite des nouveaux défis du recrutement, qu’il s’agisse de numérisation, de robotisation, de Gig-Economy ou de Big Data. De 11h30 à 12h15, le débat portera sur «Les différences de leadership entre l’Europe et l’Asie, mise en scène de managerama.tv.» par le Dr Guido Gianasso, Associate Dean and Professor at Nanyang Business School, Singapore. De 12h25 à 12h55, Deloitte présentera «L’avenir du travail», avec le Dr Tanguy Dulac: la technologie, la mondialisation, la

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démographie, les valeurs sociales et l’évolution des attentes personnelles de la main-d’œuvre ont un impact effroyable sur le paysage des talents. Enfin, de 13h05 à 13h35: «La thématique du recrutement des employés étrangers» sera présentée par l’IHRC (International Human Resource Community) et Dagmar Richardson, Owner, International HR Services AG. Conférence clé et Meeting Point «La transformation digitale, êtes-vous prêts?» sera la conférence clé du mercredi 4 octobre 2017, de 15h15 à 16h00, au Forum 2, Halle 2, avec Nathalie Bourquenod, Responsable Human Development, La Mobilière, Claudia Noth, Vice President Human Resources, LEM, Annika Månsson, Modératrice, Fondatrice, Happy at Work. Elles mettront en exergue les conséquences de la transformation digitale. Le Meeting Point proposera des présentations conçues par des DRH. Cette plateforme offrira une possibilité unique de partage dans une ambiance informelle. Elle sera animée par Annika Månsson, experte en Ressources Humaines. Les thèmes seront: «Comment la culture d’entreprise a-t-elle une incidence sur la croissance de l’entreprise et la satisfaction des employés et comment la mesurons-nous?», «Comment faire rimer diversité avec cohésion?», «Quelles actions sont efficaces dans une équipe multiculturelle de 15 personnes?», «Entreprise libérée; retour d’expérience d’une PME Suisse» et «Comment développer et encourager la mobilité interne dans les grandes entreprises et administrations publiques?». www.salon-rh.ch


INFO

Grellor sa

Engagée pour une Suisse propre et réfléchie Chez Grellor, PME genevoise spécialisée dans la conception et distribution d’articles, produits et machines de nettoyage pour tous secteurs, une devise fait foi: «Depuis 1915 la qualité est de rigueur et il en sera toujours ainsi!» Exigeante, dynamique et performante, cette société se veut engagée en faveur de la propreté à toutes les échelles tout en mettant l’accent sur le Swiss Made et le facteur humain. Zoom sur ses prestations et ses axes de développement.

i: Grellor c’est auss Un véritable supermarché du nettoyage

Plus de 1000 m2 de surface d’exposition dédiés à la présentation de ses articles de nettoyage. Une équipe compétente et pluridisciplinaire vous accueille avec professionnalisme pour vous guider dans votre recherche. www.grellor.com

Avec plus de 4000 références, c’est un gain de temps précieux pour tous les utilisateurs de ce portail internet de vente en ligne de fournitures pour le nettoyage, l’entretien et l’hygiène des bâtiments. Un site qui facilite vos achats avec une livraison qui intervient dans les 24 à 48 heures dans toute la Suisse. A noter la possibilité de livrer à l’étranger. Urbanett

Service dédié aux municipalités, urbanistes et architectes, le département Urbanett propose une large gamme de solutions de mobilier urbain pour la récolte des déchets. Grellor Drive

Un service qui permet de procéder à ses achats jusqu’à 16h30 sur le site internet, par email à l’adresse shop@grellor.com ou par téléphone au 022 307 14 14, et de passer chercher sa commande dans l’heure ouvrable. Le petit plus un parking à disposition.

Une vraie entité sur son marché Plus de 100 ans d’expérience au service du client marquent l’histoire de cette PME genevoise qui n’a de cesse de se développer et de faire évoluer les constantes d’un marché vital au développement d’un pays et au bien-être de ses habitants. Des idées novatrices, réfléchies et constructives, une gamme de produits de grande qualité déclinée sous toutes les formes, un sens du service unique et une vision novatrice, tels sont les moteurs de réussite de cette entreprise qui place l’humain au centre de ses préoccupations et se donne les moyens d’avoir à son échelle la possibilité d’interagir pour le développement d’un canton qui bouge. Une efficacité à toute épreuve Grellor, c’est aussi une équipe soudée de professionnels à l’écoute de ses clients qui met tout en œuvre pour trouver les solutions les plus adaptées pour satisfaire tous leurs besoins. Les attentes en matière de propreté étant toujours plus complexes et multiples, il s’agit pour cette société novatrice d’agir avec efficacité à un degré de qualité très élevé. Une qualité qui se reflète aussi bien dans l’accompagnement du client, dans le soin apporté au développement de sa gamme de produits, dans l’optimisation du rendement pourchaque utilisateur que dans la recherche constante de nouvelles solutions innovantes et réfl échies. Chaque produit, machine, matériel ou procédure fait l’objet d’un cahier des

Pierre Grelly, dirigeant.

charges précis, dicté par une volonté d’offrir un service haut de gamme. Une sensibilité marquée par l’écologie Conscient des enjeux et problématiques actuels liés à l’environnement, Grellor se veut acteur dans cette politique de protection et de développement de solutions en faveur de l’écologie. Des consommables biodégradables, à sa ligne de produits «Eco», elle offre des solutions compatibles avec l’éthique de tous ses clients. Son implication se traduit aussi par la pose de panneaux photovoltaïques sur la toiture de son bâtiment qui produisent 1.6 fois ses besoins en électricité, et par son implication dans la réduction de sa propre consommation d’énergie. Grellor s’investit aussi grâce à ses lignes de produits, comme c’est le cas avec sa ligne de bornes de propreté (poubelles), créées avec l’idée de donner au mobilier urbain de récupération de déchets une notion engageante en faveur du respect de l’environnement. ■ www.grellor.com Dossiers Publics 3/2017

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INFO

Zaugg-Steambeast: nouveauté mondiale

Technologie pionnière pour le nettoyage rapide, en douceur et efficace des sols fortement encrassés et critiques. Cette technique unique de nettoyage des sols permet de nettoyer les aires de circulation les plus variées de manière économique et rentable, elle garantit le maintien de la valeur des surfaces avec un rapport prix/performance absolument convaincant.

geant. Quel que soit le type de surface, cette dernière ne subit aucune usure ni dégradation, les joints ne sont pas arrachés sous l’effet du nettoyage. Après ce processus de nettoyage thermomécanique, les sols encrassés de chewinggum sont comme neufs.

Le Steambeast de la société Zaugg AG Eggiwil est un véhicule adapté à la circulation sur les routes et équipé à l’avant d’une tête de nettoyage spéciale constituée d’une brosse rotative permettant, à l’aide de vapeur chaude à basse pression, de détacher les différentes salissures du sol. La rampe d’aspiration située derrière la brosse aspire les crasses dissoutes ainsi que l’eau de condensation résiduelle. La machine ne nécessite que très peu d’eau et atteint une capacité de surface exceptionnelle.

Champs d’application spécifiques Gestion immobilière, entrepreneurs, prestataires de services, grandes entreprises, villes, aéroports, transports en commun (en particulier les gares), autorités, armée, stades sportifs, salles de spectacles, centres de voirie, centres commerciaux etc.

Avantages impressionnants par rapport à une technique conventionnelle L’efficacité du nettoyage est tout aussi impressionnante que celui-ci est ména-

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Technique de nettoyage Le procédé de nettoyage est un processus thermomécanique extrêmement silencieux. L’eau fraîche est préparée dans les chauffe-eau pour former de la vapeur basse pression. Celle-ci est appliquée sur la surface à nettoyer par le biais de la tête de nettoyage. Les salissures se dissolvent en douceur

puis sont enlevées mécaniquement de la surface à l’aide de la brosse en aval de la tête de nettoyage. La rampe d’aspiration située derrière la brosse aspire les salissures détachées ainsi que l’eau de condensation résiduelle. La vapeur basse pression humidifie et ramollit les salissures. Selon le type de salissures, on peut procéder à un traitement préalable. Pour traiter des surfaces difficilement accessibles, il est également possible de raccorder un nettoyeur haute pression ou un petit appareil similaire. ZAUGG AG EGGIWIL Technique communale - Holzmatt CH-3537 Eggiwil / Suisse T +41 (0)34 491 81 11 F +41 (0)34 491 81 71 info@zaugg.swiss

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