Vision Djibouti - N°14

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CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE DE LA COMMISSION DE L’UA

“Une vision audacieuse et ambitieuse pour L’avenir de L’Afrique”

Mahmoud Ali Youssouf

Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale

Editorial

Une Nation, qu’elle soit petite par sa taille ou par sa démographie, dès lors qu’elle jouit de sa souveraineté, est sur le même piédestal que les autres nations. La candidature de notre pays au poste de la présidence de la Commission de l’Union Africaine est enracinée dans cette légitimité originelle. Pour le reste, il revient à notre candidat son Excellence le Ministre des affaires étrangères, monsieur Mahmoud Ali Youssouf de convaincre de sa prééminence sur les autres challengers. Les Djiboutiens, quant à eux, font preuve d’un optimisme contagieux pour soutenir leur champion. Non seulement à leurs yeux «il n’a aucune chance de perdre» mais il apparait comme le candidat dont «le profil est de loin le plus en adéquation avec le poste». Reste que ce ne sont pas les Djiboutiens qui votent et qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. L’intéressé en est le plus conscient. C’est pourquoi il fait campagne; avec une détermination sans faille. Et épaulé en cela par le Président de la République qui sacrifie pour la cause africaine «le meilleur d’entre nous». Mahmoud Ali Youssouf, celui que d’aucuns appellent affectueusement, le Serguei Lavrov de la région, sa compétence, son expérience, sa conviction, tout milite pour son triomphe. Dans un monde en plein reconfiguration où la domination unipolaire d’obédience occidentale est battue en brèche, l’Afrique doit se frayer son chemin pour être au rendez-vous de la multipolarité. Pour ce faire, le continent doit se débarrasser des turbulences et des belligérances qui le saignent. Il doit intégrer dans le paramètre du développement son immense potentiel que constitue sa jeunesse. Il doit investir tous les champs d’innovation pour booster son économie. C’est ainsi que notre continent pourra s’assumer et rompre avec les atavismes de toutes sortes. C’est ainsi également que le leadership de Monsieur Mahmoud Ali Youssouf à la Présidence de la Commission de l’Union africaine constitue une chance pour notre continent.

Le Président Guelleh

procède à l’inauguration d’un important Parc technologique

Le Président Ismaïl Omar Guelleh a inauguré un parc technologique ap ‐partenant à TO7 Network, en parte‐nariat avec Wingu Africa. Situé sur l'ancien site de l'abattoir de Djibouti, ce parc comprend une station d'atter‐rissement de câbles sous ‐ marins et un centre de données. La station peut accueillir jusqu'à cinq câbles sous ‐marins, dont ceux de Google, et le centre de données offre un héberge‐ment sécurisé pour les informations numériques. Le projet, qui utilise 60% d'énergie solaire, vise à transformer

Djibouti en un hub digital, créant des emplois et atti rant des investi sse‐ments internationaux.

“Une vision audacieuse et ambitieuse pour L’avenir de L’Afrique”

Transparence, intégrité et liberté sont là des valeurs auxquelles nous sommes grandement attachés. Et c’est justement ce qui fait la force de ce Magazine "Visio n ".

DIRECTRICE DE LA PUBLICATION

Souban Isman Omar

DIRECTEUR ARTISTIQUE

Ismael M. Madar

REDACTION

Ali Mohamed

Souban I. O.

HOA

K. Aramis

LOGISTIQUE

Arkan M. Kamil

PHOTOS A bou

DJIBOUTI

DOSSIER DU MOIS

06 Une vision audacieuse et ambitieuse pour l'avenir de l'Afrique

10 Réactions...

14 MAY : BIO EXPRESS

SANTÉ

16 Le Diabète à Djibouti

18 Musculation

20 Allô Pharma

ÉCONOMIE

22 Forum de coopération des Ports de la route de soie maritime

24 Etre jeune et entrepreneur à Djibouti

26 AMOYTA l'entrepreneur qui a transformé un besoin familial en success story

36 «Le dérèglement» du mariage

37 Le mariage 2.0

INTERNATIONALE

56 TRUMP II Retour vers le futur

58 La Palestine une tragédie humaine

60 Les BRICS+ vers un nouvel équilibre mondial

LE SAVIEZ-VOUS ?

63 La communauté indienne

UN HOMME / UNE HISTOIRE

27 De l'Informatique au Tourisme

28 Le savon : Made in Assajog !

29 Des glaçons bien lucratifs !

INTERVIEW DU MOIS

30 Idyl Ali Moussa, Cheffe de l’Antenne de l’UNESCO à Djibouti

34 Le XEER CISSE à l’honneur !

SOCIOLOGIE DU MARIAGE

DJIBOUTIEN

35 La polygamie : l'exception qui confirme la règle

38 Entretien avec Dr Sagal M. Djama, enseignante‐chercheure en anthropologie sociale

SOCIÉTÉ

44 La CNC renforce les capacités des médias nationaux

45 Entretien avec Patrick Robert

46 Dougoum

PUBLIREPORTAGE

48 La poste de Djibouti monte en flèche !

52 Interview du directeur de la poste, M. Bahnan A. Maidal

65 Absieh Bouh, Un nationaliste souverainiste LITTÉRATURE

67 La finesse de Waiss

68 Lancement du nouveau

Café Littéraire Barbera

42 Chroniques DJIBOUTIENNES

54 Chronique DU MONDE

62 BILLET DE Abdo Maki

MAHMOUD ALI YOUSSOUF

CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE DE LA COMMISSION DE L'UA

SA VISION POUR L'AFRIQUE

ET SON AMBITION POUR UN

CONTINENT INTÉGRÉ, PROSPÈRE ET PACIFIQUE

«J’ai l’honneur de vous présenter une vision audacieuse et ambitieuse pour l’avenir de l’Afrique, que je porte en tant que candidat expérimenté, déterminé et visionnaire au poste de Président de la Commission de l’Union Africaine» c’est ainsi que le candidat Mahmoud Ali Youssouf introduit sa feuille de route «pour une Afrique intégrée, prospère et pacifique». En voici quelques extraits sur:

Gouvernance et démocratie: «La démocratie est essentielle pour garantir la participation citoyenne et la protection des droits fondamentaux. Les modifications constitutionnelles doivent respecter les procédures démocratiques afin de maintenir la stabilité et la légitimité des gouvernements. Le respect des institutions démocratiques est crucial pour assurer une gouvernance équitable et transparente. En tant que président, je m’engage à

défendre ces principes fondamentaux pour l’avenir de l’Afrique».

Promotion de la paix et de la sécurité: «La paix et la sécurité sont des piliers essentiels pour le développement durable de l’Afrique. Face aux défis sécuritaires persistants à travers notre continent, il est impératif que l’Union africaine intensifie ses efforts pour prévenir les conflits et promouvoir la stabilité.

En tant que candidat à la présidence de la Commission de l’Union africaine, je reconnais l’ampleur de ces défis et m’engage à intensifier nos actions pour y faire face. Le programme phare de l’Union Africaine qui est de faire taire les armes d’ici 2030 guidera nos actions dans ce domaine».

Développement économique et social: «De nombreuses communautés en Afrique continuent de faire face à des obstacles majeurs tels que la pauvreté, la malnutrition, le manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé de base, ainsi que les inégalités sociales et économiques. En tant que candidat, je m’engage à attaquer ces défis de front en resserrant les liens entre la Commission et les Communautés économiques Régionales et en adoptant une approche holistique et inclusive pour promouvoir le développement économique et social en Afrique».

Développement des infrastructures: «Je suis déterminé à poursuivre les projets stratégiques déjà engagés par mes prédécesseurs à la présidence de l’Union Africaine, en mettant l’accent sur le succès de la Zone de Libre­Échange Continentale Africaine (ZLECAf) et le développement des infrastructures, tels que le chemin de fer intégrateur et le barrage hydroélectrique. Je compte sur la collaboration avec le secteur privé pour mobiliser les ressources nécessaires à leur réalisation. Mon objectif est de stimuler la croissance économique à travers le marché des transports et l’électrification, afin de créer un avenir plus prospère pour tous les Africains. Je crois fermement que ces initiatives auront un impact significatif sur la vie de millions de citoyens africains et appelle à une action collective pour concrétiser ces ambitions».

Défis environnementaux: «Des phénomènes tels que la déforestation, la désertification, la pollution de l’air et de l’eau, ainsi que les changements climatiques, menacent la sécurité alimentaire, la santé publique et la stabilité économique de la région. Pour surmonter ces défis, il est crucial de promouvoir des politiques et des initiatives qui favorisent la transition vers une économie verte et résiliente. Cela implique d’investir massivement dans les énergies renouvelables, de renforcer la protection des écosystèmes fragiles, de promouvoir une agriculture durable et de développer des infrastructures résistantes aux changements climatiques».

Jeunesse: «Je crois fermement que la jeunesse africaine est l’avenir de notre continent et il est impératif que nous off rions à nos jeunes des opportunités significatives ici, sur le sol africain. Nous devons veiller à ce que nos jeunes ne périssent pas dans les océans à la recherche d’opportunités ailleurs. Mon objectif est de créer des opportunités d’éducation de qualité, d’accès à l’emploi et d’entrepreneuriat pour chaque jeune africain, afin de libérer leur plein potentiel et de les positionner comme des leaders dans tous les domaines».

Genre: «Je suis déterminé à promouvoir l’égalité des genres en Afrique. Cela signifie garantir l’accès équitable à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à la participation politique pour tous, indépendamment du genre. Nous devons travailler ensemble pour mettre fi n aux discriminations et aux violences basées sur le genre et créer un continent où chacun peut s’épanouir librement».

RÉACTIONS...

Les Djiboutiens sont unanimes à plébisciter la candidature de notre ministre des affaires étrangères. De l’homme politique à la société civile, en passant par les citoyens lampda, ils sont tous derrière MAY.

SEM Abdoulkader Kamil Mohamed, Premier Ministre :

«Je voudrais que tout le peuple uni soutienne la candidature de notre ministre des Affaires Etrangères, SEM Mahmoud Ali Youssouf à la Présidence de la Commission de l’Union Africaine. Diplomate, dynamique et chevronné, il pourra certes porter les espoirs de tout un continent pour un avenir, où la paix et la démocratie permettront de soutenir un développement social et économique, dans un environnement meilleur pour tous les Africains. Et il sera aussi la fierté de tous les Djiboutiennes et les Djiboutiens».

M. Ilyas Moussa Dawaleh, Ministre de l'Economie et des Finances :

«Le Ministre Mahamoud A. Y. fait partie de ces personnes qu’on aime avoir comme ami et partenaire.

J’ai eu la chance de l’avoir comme ami depuis notre jeunesse estudiantine et collègue depuis 13 ans. Autant vous dire qu’il est resté le même : affectueux, très respectueux, Courtois et très fidèle en amitié.

Toujours souriant et modeste. Il a une capacité exceptionnelle de d’apprentissage et de maitrise des dossiers. D’une culture générale inégalée, il est très attaché à ses racines et ses valeurs. À mes yeux, C'est l'un des diplomates les plus brillants et les plus efficaces de l'histoire du continent africain et certainement le meilleur diplomate de notre région. Contre toute attente, il a représenté dignement Djibouti et son Président en faisant entrer son pays dans l'ère de la multipolarité. Il a hissé la diplomatie djiboutienne très haut. C’est notre champion et nous sommes fiers de l’offrir à l’Afrique pour la servir et la faire briller en tant Président de la Commission UA. Je suis sur que son dynamisme, son

expérience et son énergie seront des atouts pour l’UA. L’UA a besoin d’un nouveau sang et d’une jeunesse qui s’assume. La commission ne doit être pas être un lieu de repos ou de retraite. C’est mon avis personnel».

M. Aboubaker Omar Hadi, Président de l'Autorité des ports et des zones franches :

«La candidature de notre ministre des Affaires étrangères honore notre pays. Pour le reste c’est un ami personnel. Ses compétitions et sa maitrise des grands dossiers du continent plaide en sa faveur. En tant que chef d’entreprise je suis persuadé que la Commission de l’Union Africaine a besoin d’un leadership renouvelé qui fait de l’intégration des économies du continent la priorité des priorités. Notre ministre des affaires étrangères est l’homme de la situation».

«En ma qualité de Président de la Chambre de commerce, je tiens à exprimer mon soutien à votre candidature au poste de président de la Commission de l'Union africaine. Votre riche expérience, marquée par près de 20 ans en tant que ministre des Affaires étrangères de Djibouti et plus de trois décennies dans la diplomatie, témoigne de votre engagement profond en faveur du multilatéralisme et du développement du continent.Votre rôle déterminant dans la résolution de crises régionales, notamment au Soudan, en Somalie et au Soudan du Sud, illustre votre capacité à promouvoir la paix et la stabilité, qui sont des piliers essentiels pour favoriser une intégration continentale réussie en matière de commerce et d’investissement. En tant que dirigeant de la communauté économique, je mesure pleinement l’importance d’un environnement pacifique pour libérer le potentiel du marché unique africain et concrétiser les ambitions de la Zone de libre­échange continentale africaine (ZLECAf).Les défis que vous avez à cœur d’aborder –paix, sécurité, développement, changement climatique et migration – sont intrinsèquement liés à la prospérité économique de l’Afrique. Votre vision, combinée à votre engagement pour la coopération économique est un atout pour construire un continent où la collaboration

commerciale transcende les frontières, permettant aux entreprises et entrepreneurs africains de se développer.Avec le soutien unanime de Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh, du gouvernement, du peuple djiboutien et de la communauté économique, je suis convaincu que votre leadership contribuera à façonner un avenir pacifique et florissant pour l’Afrique. Je vous adresse mes vœux les plus sincères de succès pour cette élection d’une importance capitale.».

SEM Moussa Mohamed Omar, Ambassadeur Chargé de la communication du candidat

«Je suis heureux de constater que la campagne en faveur de la candidature de Mahmoud Ali Youssouf progresse avec succès sur plusieurs fronts (médiatique et diplomatique notamment). Cette candidature témoigne de la place grandissante de Djibouti en tant qu’acteur clé dans la diplomatie africaine, et nous sommes fiers de voir notre pays proposer un candidat d'une telle envergure pour le poste du Président de la Commission de l'Union Africaine. Les signaux que nous recevons des dirigeants africains sont particulièrement prometteurs. Ils renforcent notre confiance dans les chances de réussite de notre candidat. Nous restons déterminés à intensifier nos efforts pour faire entendre ce message de progrès, de renouveau et de transformation pour l'Afrique. La mobilisation de la société djiboutienne derrière la

candidature de Mahmoud Ali Youssouf témoigne de notre unité et de notre volonté collective de contribuer activement à l’avenir du continent.

Cette campagne bénéficie d’un soutien solide, nourri par l’engagement indéfectible du Président de la République, de l’ensemble de la société djiboutienne et de notre équipe de campagne. Mais surtout, elle est portée par la puissance des idées et la vision audacieuse de Mahmoud Ali Youssouf, qui incarne une dynamique nouvelle et porteuse d’espoir pour notre continent. Sa vision résonne avec des millions d'Africains qui aspirent à une Afrique plus intégrée, plus forte et plus prospère. Nous avons là une occasion unique de faire briller notre pays et de contribuer à un avenir meilleur pour l'Afrique en plaçant avec fierté l'un de ses meilleurs fils à la tête de la Commission de l'Union Africaine».

M Omar Houssein Omar Président de la région de Tadjourah et président de l’ANCD :

«En ma qualité de président de la région de Tadjourah et président de l'Association Nationale de Collectivités Djiboutienne, je peux affirmer que toute la région de Tadjourah est derrière le Ministre Mahmoud Ali Youssouf pour sa candidature au poste du président de la commission de l’Union Africaine. Mahamoud Ali Youssouf en sa qualité de Ministre des affaires étrangères et ministre

RÉACTIONS...

de la région a contribué dans plusieurs domaines à savoir, l'habitat, la lutte contre la soif, le chômage et le désenclavement dans ma région. Son expertise internationale sur le plan diplomatique, ses connaissances plurielles des affaires de l'Afrique en particulier et du monde en général vont, sans aucun doute, le porter à la tête de cette organisation pour encore servir plus le continent Africain dont il faut relever plusieurs défis. Et il en est capable».

M Idriss Yousouf Écrivain :

«L'Afrique se trouve à un tournant décisif, en quête d'un leader visionnaire pour présider la Commission de l’Union Africaine. Parmi les figures éminentes en lice, se distingue Monsieur Mahamoud Ali Youssouf, actuel ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République de Djibouti, mon pays. Diplomate chevronné, M. Mahamoud Ali Youssouf incarne l'intégrité, la disponibilité, et une écoute attentive, déployant ses talents face à chaque situation diplomatique et géopolitique avec une finesse rare. Sa sagesse, alliée à un humanisme profond, se reflète dans chacune de ses actions, toujours orientées vers

le service de sa nation et la défense des intérêts de ses concitoyens.

Il est indéniable que Djibouti s’apprête à voir partir l’un de ses plus brillants représentants sur la scène internationale. Cependant, une fierté incommensurable m’habite à l’idée que mon pays offre à l’Afrique l’un de ses fils les plus talentueux. Ensemble, sous la houlette de Monsieur Mahamoud Ali Youssouf, l’Afrique pourrait s’affirmer plus forte, unie et prospère. À la tête de la Commission de l’Union Africaine, il saura, j’en suis certain, magnifier l’intelligence collective et la force intrinsèque de notre continent, en portant haut les aspirations de chaque nation qui le compose. Plus qu’un homme, c’est une vision pour une Afrique unie, souveraine et résolument tournée vers un avenir lumineux».

DERE INSTITUTE :

«DERE Institute reconnaît que l'élection à la présidence de la Commission de l'Union Africaine constitue un enjeu majeur pour la société djiboutienne. C'est en effet la première fois que Djibouti présente un candidat à un poste aussi important au sein des instances de l'Union Africaine.

Le candidat, M. Mahamoud Ali Youssouf, bénéficie d'un large soutien de la part de ses concitoyens. C'est donc tout naturellement que DERE Institute a organisé un espace de débat (DERE Talk) autour de cette candidature, qui s'est tenu le 19 octobre 2024 au palais du peuple. Ce DERE Talk a montré que la société djiboutienne est pleinement consciente des enjeux mondiaux actuels et les défis que fait face l’Afrique. Bien que Djibouti soit un petit pays, il dispose d'un levier diplomatique important dans la région de la Corne de l'Afrique, en Afrique et sur la scène internationale. Beaucoup ne le réalisent peut­être pas, mais ceux qui suivent de près les affaires internationales en sont bien conscients».

Fahima Mohamed Influenceuse :

«En tant qu'influenceuse, activiste environnementale, je tiens à exprimer mon soutien indéfectible à la candidature de Mahamoud Ali Youssouf à la présidence de la Commission de l’Union Africaine. Cet homme chevronné de la diplomatie, polyglotte et engagé, est exactement ce dont Djibouti a besoin pour galvaniser

notre position sur la scène continentale. Sa candidature offre une occasion unique de faire briller notre pays et d'attirer l'attention sur nos enjeux. environnementaux et socioéconomiques. En soutenant Mahamoud Ali Youssouf, nous ne faisons pas seulement le choix d’un leader compétent pour Djibouti, mais également d’un défenseur des valeurs qui nous touchent tous. Nous pouvons transformer cette opportunité en une véritable avancée pour notre nation».

Choukri Abdillahi Mohamed, Fondatrice l’ISCAE et Présidente des femmes d’Affaires :

«Porte d’entrée de la route de la soie dans le continent africain, Djibouti, grâce à ses multiples infrastructures, est aujourd’hui un hub international qui peut être plus efficacement connecté au reste du continent au delà des partenariats ancrés et solides avec les organisations régionales telles que l’IGAD et le COMESA. Que Djibouti représente tout le continent africain est en soi magique, un exploit qui doit être soutenu par une campagne permanente et intempestive tant par les politiciens, les acteurs de la société civile et les opérateurs économique afin que notre aura complète cette reconnaissance tant attendue. Que notre ministre des Affaires Etrangères brigue la présidence de la Commission de l’Union Africaine permettra indubitablement à notre pays de représenter non seulement

toute l’Afrique à l’échelle internationale mais de mettre la lumière sur Djibouti canalisant ainsi beaucoup d’opportunités dont notre pays n’a nullement disposé et profité jusqu’à présent. Notre diplomatie active, qui a dernièrement brillé avec la cause palestinienne, saura pencher la balance en faveur de Djibouti Insh ALLAH».

Guessod Abdo Hamarghod, artiste :

«En tant que patriote djiboutien, j’apporte mon soutien inconditionnel et sans faille à la candidature de notre ministre des Affaires Etrangères. Je sais qu’il peut énormément apporter pour l’Afrique en général et pour la Corne de l’Afrique en particulier en manque de visibilité en vue d’attirer les investissements étrangers, des centres de recherches, des sociétés très connues ailleurs dans le reste de l’Afrique mais pas dans la corne. Je voudrais surtout qu’il mène cette bataille pour la culture de la paix qui fait tant défaut à notre région larvée par conflits et des catastrophes naturelles engendrant de l’instabilité politique, économique et sécuritaire dont sont victimes aujourd’hui la Somalie, le Yémen et l’Ethiopie. Havre de paix, au delà du rôle important dont jouit Djibouti au niveau de l’IGAD et du COMESA, endosser la responsabilité de la présidence de la Commission Afri­

caine ne fera que renforcer l’image d’un pays, havre de paix, îlot de stabilité dans un espace en mutations. En tant qu’artiste, je me ferai une joie de lui proposer quelques idées sur la valorisation de la musique, des arts, du cinéma et de la culture en général à Djibouti en drainant des fonds qui pourraient nous permettre de créer des événements culturels tels que des festivals ou des foires ou de créer des centres des arts et financer l’industrie musicale afin d’ex tirper l’artiste de sa condition d’infortune conjoncturelle».

Fardoussa Ibrahim

Hassan, élue locale :

«En tant que chef du bureau régional du ministère des Affaires sociales et de la Solidarité, j’apporte mon soutien à Mahamoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères pour sa candidature au poste de président de la commission de l’Union Africaine. J’aimerais que mon pays profite de son influence, de son engagement et de son dévouement pour la promotion du multiculturalisme. Pourquoi ne pas chercher évidemment à faire de Djibouti une plaque tournante du milieu des affaires africaines vu que nous disposons déjà de plusieurs types d’infrastructures portuaires et ferroviaires et d’une Zone France Internationale».

Une vision audacieuse et ambitieuse pour l'avenir de l'Afrique

MAY BIO EXPRESS

Formation Académique et Professionnelle

Mahmoud Ali Youssouf a suivi un parcours académique de haut niveau dans plusieurs établissements prestigieux, ac‐quérant une éducation appro‐fondie et diversifiée. En 1990, il a obtenu une Maîtrise en Langues Étrangères Appli‐quées (Anglais et Arabe) à l'Université de Lyon 2, en France. Pour compléter sa for‐

Nom : Mahmoud Ali Youssouf

Nationalité : Djiboutienne

Statut marital : Marié et père de famille

Business School au Royaume‐Uni ainsi qu'un Cer tificat de niveau en Arabe à l'Institut Bourguiba des Langues Vivantes en Tunisie.

Expérience

Gouvernementale et Diplomatique

mation, il a suivi un Pro ‐gramme de Formation Didac ‐tique en Management Public à l'École Nationale d’Administra‐tion Publique (ENAP) en 1995. En outre, il a réussi The Oxford Examination in English as Foreign Language à l'Université d'Oxford en 1989. En 1988, il a obtenu un Certificat de traduc‐tion Ang/Fr‐Fr/Ang, critique de la traduction et Relations Internationales à la Liverpool

Mahmoud Ali Youssouf occupe depuis 2005 le poste de Minis‐tre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internatio‐nale, ainsi que celui de Porte‐Parole du Gouvernement de Djibou ti. À ce titre, il a dirigé les relations diplomatiques du pays à l'échelle mondiale, pro‐mouvant la coopération inter‐nationale et représentant le pays avec distinction. Il a conduit une restructuration majeure du Ministère des Affaires Étrangères pour une meilleure efficacité et coordi‐nation.

De mai 2001 à mai 2005, il a été Ministre délégué chargé de la coopération internationale auprès du Ministre des Affaires Étrangères et de la Coopéra‐tion Internationale. Il y a supervisé et coordonné les

programmes de coopération internationale, contribuant à renforcer les partenariats straté‐giques de Djibou ti. Il a égale‐ment participé activement à des négociations bilatérales et mul‐tilatérales, défendant les intérêts nationaux et favorisant la coopé‐ration régionale.

En tant qu'Ambassadeur Pléni ‐potentiaire et Extraordinaire résident de Djibou ti en Égypte et auprès de la Ligue des États Arabes de 1997 à 2001,

Mahmoud Ali Youssouf a négo ‐cié des accords diplomatiques clés et renforcé les relations bi‐latérales. Il a aussi représenté Djibou ti en tant qu'Ambassa‐deur non résident au Liban, au Soudan, en Libye, en Syrie et en Turquie, jouant un rôle clé dans le renforcement des relations di‐plomatiques et politiques. Entre 1996 et 1997, il a été

Directeur du Monde Arabe, supervisant les affaires diploma‐tiques et les échanges commer‐ciaux avec les pays arabes.

Auparavant, il a été Sous Direc‐teur de la Direction des Organi‐sations Internationales de 1993 à 1995, où il a coordonné effica‐cement les activités au sein des organisations internationales.

Contributions en tant que Conférencier et Panéliste

Mahmoud Ali Youssouf est un conférencier et panéliste expéri‐menté, ayant collaboré avec divers experts et institutions pour promouvoir des solu tions efficaces et des stratégies de développement, de paix et de sécurité pour Djibouti, la région et l'Afrique. Il a contribué à des discussions sur des thèmes va ‐riés tels que la diplomatie, la géopolitique, l'intégration régio‐nale, et le changement clima‐tique.

Participation à des Sommets et Forums Internationaux

Pendant plus de deux décennies, Mahmoud Ali Youssouf a été engagé activement dans une vaste gamme de conseils exécu‐tifs et de sommets internatio‐naux, incluant l'Union Africaine, la Ligue des États Arabes, l'Orga‐nisation de la Coopération Islamique, et les Assemblées Générales des Nations Unies, entre autres.

Expérience Politique

Depuis 2015, Mahmoud Ali Youssouf est membre du Comité

Exécutif du Parti RPP (Rassem‐blement Populaire pour le Pro ‐grès) et Secrétaire Général

Adjoint du parti. Il est également député à l’Assemblée Nationale depuis février 2023.

Aptitudes et Compétences

Mahmoud Ali Youssouf se dis ‐tingue par son leadership straté‐gique, sa prise de décision éclairée, son innovation et son adaptabilité, ainsi que ses com‐pétences en diplomatie et en né‐gociation. Il a prouvé sa capacité à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies efficaces, à analy‐ser des situations complexes, à promouvoir les intérêts natio‐naux sur la scène internationale, et à faciliter des dialogues constructifs pour la résolution de conflits.

Réalisations et Accomplissements

En 2012, il a conduit une restruc‐turation majeure du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale et a fondé l'Institut des Études Diplo‐matiques. Il a joué un rôle clé dans la médiation de conflits ré‐gionaux et internationaux, la ré‐conciliation entre la Somalie et la

Somaliland, et l'adoption d'ins ‐truments juridiques internatio‐naux comme le Pacte mondial pour les migrations et le Pacte mondial pour les réfugiés. Il a également contribué à l'adop ‐tion et à la mise en œuvre de la Zone de Libre‐Échange Conti‐nentale Africaine (ZLECAF) et d'autres initiatives régionales.

Engagement

Communautaire et Développement

Mahmoud Ali Youssouf a fondé le village de Sourat, comprenant 65 logements, une école et une mosquée, et a mis en place des infrastructures essentielles pour garantir un accès durable à l'eau et à l'électricité. Il est également engagé dans des ini tiatives d'approvisionnement en eau potable et est membre d'hon‐neur de plusieurs associations de bienfaisance.

Décorations

Il a été décoré Commandeur de l'Ordre National de la Grande Étoile de Djibou ti en 2012 et a reçu une distinction de l'Union Européenne en 2023 pour ses services rendus aux opérations Atalanta de lutte contre la pira‐terie.

Centres d'Intérêt

Mahmoud Ali Youssouf est pas‐sionné par la lecture, l'écriture, l'histoire, la pêche, la natation et la randonnée pédestre. Ces acti‐vités lui permettent de maintenir un équilibre entre sa vie profes‐sionnelle exigeante et son bien‐être personnel.

Mahmoud Ali Youssouf continue de servir son pays avec distinc‐tion, apportant son expertise et son dévouement à la diplomatie djiboutienne et à la coopération internationale.

LE DIABÈTE À DJIBOUTI

UN MAL QUI PROGRESSE EN SILENCE

Largement sous-diagnostiqué, le diabète s'impose à Djibouti comme un défi majeur de santé publique. Nombreux sont les citoyens qui ignorent qu'ils en sont atteints. Pourtant, des avancées significatives, tant sur le plan des infrastructures qu’au niveau des traitements, sont réalisées. Entre initiatives locales et collaborations internationales, des solutions commencent à germer en vue de mieux cerner cette maladie qui progresse en silence.

Le diabète, cette maladie souvent prise à la légère par beaucoup de nos concitoyens, affecte pourtant un nombre de plus en plus croissant de la population. Selon le ministère de la Santé, «beaucoup de Djibou tiens ignorent qu'ils sont diabétiques». Abdoul, un trente ‐naire habitant au Q7 dans la commune de Boulaos, est de cela. Passionné du khat, il pas‐sait presque tous les après ‐midis jusqu’à très tard le soir dans un Mabraz, (lieu de consommation de khat), non loin de chez lui. Buvant quelques 2 litres d’eau et 4 bouteilles de Coca‐Cola, il ne se doutait jamais qu’il était diabétique. Il n’a même pas re‐marqué qu’il avait pourtant les symptômes : soif excessive, envies fréquentes d'uriner et fatigue permanente. Des signes qu'il attribuait à sa consommation d’eau, à l’effet du khat et au manque de som‐

meil, à chaque fois que ses amis du Mabraz, lui faisait la remarque.

Ce n'est qu'après plusieurs mois de malaise persistant qu’il décide un jour, d’aller voir un médecin. Après des ana‐lyses le verdict tombe. Abdoul est diabétique. Mais il pré ‐sente également selon son médecin traitant des complica‐tions rénales graves. En effet, ses reins, sur‐sollicités pendant des mois par des niveaux de glucose non contrôlés, sont malheureusement endomma‐gés. Ce diagnostic tardif lui a non seulement coûté une bonne partie de sa santé ré‐nale, mais a aussi transformé son quotidien. Il est désormais sous traitement lourd.

Le mode de vie sédentaire combiné à une mauvaise ali ‐mentation est certainement la cause de son diabète.

«Je n’avais jamais imaginé que j’avais le diabète. Personne dans ma famille n’a le diabète. Pour moi, c’était juste de la fatigue à cause du manque de

sommeil et du climat. Je ne savais pas que c’était aussi grave. J’ai toujours pensé que le diabète, c’était pour les personnes âgées», nous confia‐t‐il, en‐core sous le choc de la nou ‐velle.

De nombreux jeunes djibou ‐tiens comme Abdoul vivent avec le diabète sans le savoir. En général, les djibou tiens se rendent rarement dans un centre de santé pour se diag‐nostiquer. Ils préfèrent pren‐dre un comprimé ou une gélule contre les douleurs ou les malaises, lesquels sont pro‐bablement des signes révéla‐teurs d’une maladie et ne partent à l’hôpital que lorsque les choses se compliquent.

La situation d’Abdoul aurait pu être bien différente s’il avait ef‐fectué un dépistage plutôt. Pourtant le pays a réalisé des avancées dans ce domaine, avec l’ouverture en janvier 2022 à Balbala d’un centre spécialement conçu pour les jeunes atteints de diabète.

Des avancées majeures…

Géré par le Dr Abdourahman Moumin Dousieh, le Centre des Jeunes Diabétiques (CJD) est un pilier de la lutte contre le diabète chez les jeunes. «La prévention est un volet essentiel», souligne le chef de ce centre, insistant sur la nécessité de lancer une cam‐pagne de dépistage massif et d’information dans ce domaine. Le centre, qui accueille près de 400 jeunes de tous les genres offre gratuitement du matériel médical essentiel comme des glucomètres et de l’insuline. En plus des soins médicaux, il pro‐pose un sou tien psychologique pour aider les jeunes à vivre plei‐nement leur vie. Abdoul fait par‐tie de ces bénéficiaires et témoigne du sou tien précieux qu'il reçoit : «Grâce au centre, je sais comment contrôler ma glycémie et éviter les complications. Avant, je pensais que ma vie était en danger, mais maintenant, je me sens beaucoup plus rassuré».

Djibou ti franchit également un cap dans la gestion du diabète

avec l’introduc tion de la Mé‐thode ITF (Insulino ‐Thérapie‐Fonctionnelle), une approche novatrice adoptée en février 2024. Cette technique révolu‐tionne le traitement du diabète en offrant une meilleure préci‐sion dans le contrôle de la glycé‐mie post‐prandiale (après les repas). En personnalisant l'admi‐nistration de l'insuline, cette mé‐thode vise à améliorer le risque de complications.

Le Dr Abdourahman Moumin Dousieh, chef de ce centre, se fé‐licite de cette avancée, qu’il considère comme une étape cru‐ciale pour les jeunes patients diabétiques : «Avec cette approche, nous donnons aux patients les moyens de mieux gérer leur maladie et de vivre plus sereinement. C’est un pas de géant pour la prise en charge du diabète à Djibouti».

La nécessité d’une campagne massive pour mieux cerner le diabète

La situation d’Abdoul met en lu‐mière un défi majeur : la néces‐

sité de sensibiliser la population aux risques du diabète et à l'im‐portance du dépistage. Bien que des avancées majeures aient été réalisées, le combat contre le diabète à Djibouti est loin d’être terminé. Le défi réside désor‐mais dans la sensibilisation pour espérer un changement de men‐talité au niveau de nos conci ‐toyens. Le ministère de la Santé et les associations locales sont unanimes sur ce point : une ap‐proche préventive basée sur la sensibilisation d’une part et de l’autre une meilleure alimenta‐tion, la pratique régulière d'une activité physique et une surveil‐lance plus rigoureuse des fac ‐teurs de risque constituent selon les spécialistes, les facteurs clés pour freiner l'expansion de la maladie. La mise en place d'ini‐tiatives communautaires, telles que des journées de dépistage et des conférences dans les écoles contribuerait certes à sensibiliser davantage de Djiboutiens. Abdoul, désormais mieux armé face à son diabète, est l'exemple vivant que le dépistage précoce et une prise en charge adéquate peuvent sauver des vies. «Si je n’avais pas fait ce malaise, je ne sais pas où j’en serais aujourd’hui. Je suis reconnaissant au centre de m’avoir pris en charge. Il faut que tout le monde sache qu’on peut vivre normalement avec le diabète, mais il faut se faire dépister et se soigner à temps».

Les efforts pour lutter contre le diabète à Djibouti ne cessent de s’intensifier. Mais le chemin vers une prise de conscience collec‐tive est encore long. Abdoul est aujourd’hui une voix parmi tant d’autres, témoignant de l’impor‐tance de la prévention et du suivi médical dans ce combat contre cette maladie silencieuse mais omniprésente.

MUSCULATION

QUAND L'OBSESSION DU CORPS PARFAIT VIRE AU CAUCHEMAR

Face à la pression sociale et à des rêves d’embauche dans les agences de sécurité, certains jeunes Djiboutiens se lancent dans la voie risquée pour une transformation rapide de leur corps. C’est le cas de Mahdi, un jeune homme de 22 ans qui dans sa quête de perfection musculaire tombe malheureusement dans le cercle vicieux des produits chimiques. Ce phénomène, de plus en plus courant sous nos cieux, cause de graves problèmes sanitaires qui souvent mettent en péril la vie de beaucoup de nos jeunes.

L’histoire de Mahdi est celle de nombreux jeunes obsédés par l’idée d’avoir une musculature impressionnante. Âgé de 22 ans, Mahdi rêvait de devenir agent de sécurité, un métier pour lequel il s’était fixé un ob‐jectif précis : sculpter un corps imposant, signe de force et d’autorité. Pour atteindre ce but, il s’inscrit dans une des nombreuses salles de muscu‐lations. On en dénombre une soixantaine sur l’ensemble du territoire national, dont la ma‐jorité est concentré à Djibouti‐ville.

Dès son plus jeune âge, Mahdi était fasciné par les figures de pouvoir et de force di ffusées dans les médias. Des agents de sécurité musclés aux héros de films d’action, il voyait en eux un symbole de réussite et de respect. «Je me disais que si je pouvais avoir ce physique, per­

sonne ne me manquerait de respect, et je pourrais facilement trouver un travail», nous confie‐t‐il.

Ayant quitté très tôt sa scola‐rité et sans quali fication pro‐fessionnelle, le secteur de la sécurité privée était son seul espoir pour subvenir aux be ‐soins de sa femme, une jeune fille à peine deux ans plus jeune que lui, qu'il venait tout juste d'épouser.

La pression sociale combinée à une vision erronée de ce que doit être un agent de sécurité, a conduit Mahdi à se lancer dans la musculation. Une disci‐pline qui exige un entraine ‐ment intensif et une alimentation rigoureuse.

Au départ, tout semblait se dé‐rouler selon son plan. Il s’en ‐traînait six jours par semaine, suivant des programmes rigou‐reux et modifiant son alimen‐tation pour maximiser sa prise de masse. Cependant, malgré

ses efforts, les résultats tar‐daient à se manifester. «Passais des heures à la salle, mais je ne voyais pas les muscles comme je les imaginais dans ma tête», nous raconte‐t‐il. Ce sentiment de frustration a pro‐gressivement fait germer l’idée qu'il devait faire plus.

C’est à ce moment‐là que Mahdi a commencé à chercher des solutions «miracles» pour accélérer le processus. In‐fluencé par certains habitués de la salle de musculation et par des publicités menson ‐gères largement diffusées dans les réseaux sociaux, il a décidé d’essayer des stéroïdes anabo‐lisants, convaincu qu’ils lui per‐mettraient d’atteindre plus rapidement son objectif.

«On m’a dit que c’était sans danger si je respectais les doses, et que ça allait me donner le corps que je voulais», nous confie‐t‐il. Ce qu'il igno ‐rait, c’était l’envers du décor de

ces produits : une dépendance progressive et des effets secon‐daires parfois irréversibles. En quelques semaines, Mahdi a effectivement constaté une prise de masse impressionnante. Ses muscles se dessinaient comme jamais auparavant, lui donnant l’illusion que tout allait bien. Mais très vite, des symptômes inquiétants ont commencé à ap‐paraître : de violentes poussées d’acné, des sautes d’humeur in‐contrôlables, et surtout, une hy‐pertension artérielle qui a failli lui coûter la vie. «J’ai commencé à me sentir de plus en plus mal, mais je ne voulais pas arrêter, car je voyais les résultats», nous explique‐t‐il.

L’usage des produits chimiques, un raccourci dangereux

Le recours aux stéroïdes est mal‐heureusement de plus en plus répandu parmi les jeunes qui cherchent à transformer rapide‐ment leur physique. Ces pro ‐duits, qui sont souvent achetés sur le marché noir ou en ligne, peuvent avoir des effets dévasta‐teurs sur la santé à long terme. Les conséquences vont bien au‐delà des transformations muscu‐laires rapides.

Les stéroïdes anabolisants per‐turbent gravement, selon les médecins spécialistes, le fonc ‐tionnement hormonal du corps.

«Chez les hommes, cela peut entraîner des troubles de la fertilité, une atrophie testiculaire, voire des dysfonctionnements érectiles. Sur le plan psychologique, les utilisateurs peuvent développer une agressivité excessive, ainsi que des troubles de l’humeur, allant de l’anxiété à la dépression sévère» nous pré‐viennent les notices médicales.

Mahdi en a fait l’amère expé‐rience. Après plusieurs mois d’utilisation de ces produits, il a dû être hospitalisé pour des complications liées à sa tension artérielle. À cela s’ajoutaient des problèmes cardiaques naissants, qui ont contraint les médecins à le placer sous surveillance médi‐cale stricte. «J’étais à deux doigts de tout perdre, y compris ma santé. C’est à ce moment que j’ai réalisé que je devais arrêter», se remémore‐t‐il avec regret.

L’histoire de Mahdi n’est mal ‐heureusement pas un cas isolé. De plus en plus de jeunes, confrontés à des standards de beauté et de performance inat‐teignables, se tournent vers des solutions chimiques pour trans‐former rapidement leur corps, sans prendre en compte les risques pour leur santé.

Cette obsession de la perfection physique, souvent amplifiée par des publicités mensongères dans les réseaux sociaux, pousse nos jeunes à adopter des comporte‐ments extrêmes.

«Je pense que beaucoup de jeunes comme moi se sentent piégés. On nous fait croire que pour être respecté, il faut être musclé et imposant. Mais on ne nous dit jamais à quel prix », conclut Mahdi, qui espère que son histoire servira d’avertisse‐ment pour d’autres.

Un appel à la prévention et à la sensibilisation

Les autorités de santé et les salles de sport ont un rôle crucial à jouer pour mieux informer les jeunes sur les dangers des pro‐duits dopants et promouvoir une approche plus saine da la mus ‐culation. Il est essentiel de rap‐peler que la construction d’un corps en bonne santé prend du temps et que les résultats dura‐bles sont ceux obtenus naturel‐lement, sans compromettre sa santé.

Concernant le secteur de la sé‐curité privée, il ne suffit pas d’avoir une apparence physique intimidante pour être un bon agent, contrairement à ce que beaucoup de jeunes pensent. La formation et la capacité à gérer les situations de manière intelli‐gente et efficace l'emportent souvent sur les aspects pure‐ment physiques.

L’histoire de Mahdi est un exem‐ple poignant des dangers aux‐quels sont exposés de nombreux jeunes Djiboutiens, prêts à tout pour atteindre un idéal phy‐sique. Il est urgent d’agir pour sensibiliser nos jeunes et les dé‐tourner de ces pratiques, afin qu’ils puissent opter pour un chemin plus sain pour avoir un corps sain. Car avoir une muscu‐lature idéale, passe par la persé‐vérance et non par des raccourcis dangereux.

ALLÔ PHARMA

LIVRAISON DES MÉDICAMENTS À DOMICILE

Tout est parti d’une situation bien réelle. Un docteur prescrit une ordonnance avec 4 médicaments à un octogénaire. La famille a farfouillé toutes les pharmacies de Djibouti. Elle finit par mettre la main sur trois médicaments, le 4 ème est en rupture.

C’est lui qui va fonder Allô Pharma en août 2023 réalise alors que le temps c’est de l’argent mais c’est aussi la santé. Lui qui tra‐vaillait à l’époque dans une pharmacie de la place a l’idée d’inverser l’équation. Et si on faisait en sorte que les patients atteints des maladies chro ‐niques ou handicapantes ne perdent pas leur temps à cher‐cher des médicaments. Bingo! Allô Pharma voit le jour. L’idée en soi n’est pas révolution‐naire puisqu’il s’agit d’une des déclinaisons de livraison à do‐micile, comme kiki drop pour les repas. Mais elle s’intègre dans un domaine prioritaire de santé publique pour le gouver‐nement : l’offre de soin. À première vue, cela peut pa‐raitre insolite de livrer des mé‐dicaments à domicile. Mais détrompez‐vous. Dans notre pays où souvent les médica ‐ments frôlent la pénurie où la rupture, ce n’est pas une mau‐vaise idée de compter sur un service qui vous fait gagner du temps. En effet le fondateur d’Allô Pharma et son associé

ont une parfaite connaissance du milieu médical des pharma ‐cies. Leur atout c’est d’être au courant en temps réel des médi‐caments disponibles et surtout dans quelle pharmacie. Dès qu’ils reçoivent l’ordonnance du patient un jeune à moto se met en branle et livre le patient illico presto. Aujourd’hui la demande a dépassé l’offre et la petite en‐treprise, victime de son succès, cherche les moyens de se déve‐lopper. D’autant plus qu’elle a élargi son offre avec d’autres produits de soin. En effet Allô Pharma propose aussi des soins à domicile. Pour cela elle s’ap ‐puie sur des infirmiers diplômés d’état.

«Nos prestations de soin se font sur ordonnance du médecin» précise son président. D’ailleurs, l’équipe comprend en son sein deux médecins qui peuvent se rendre à domicile pour consulta‐tion. Mais souvent aussi il arrive que les infirmiers d’Allô Pharma fassent du suivi pour les per‐sonnes âgées ou les personnes en situation d’handicap.

Des soins très appréciés par les intéressés, soulagés d’éviter les attentes interminables dans les hôpitaux.

«Nous avons une fois soigné la plaie d’un patient diabétique qui ne pouvait pas se déplacer. Nous lui avons évité une gangrène qui aurait pu déboucher sur une amputation» nous raconte un des infirmiers qui a rejoint Allô Pharma dès le début. Prise de sang, perfusion, prise de ten‐sion, Allô Pharma offre tout une gamme de service à domicile.

À l’avenir la demande de soin à domicile augmentera sensible ‐ment, surtout dans la population âgée.

Allô pharma s’y prépare. «La prochaine étape pour nous c’est la mise en place de l’application Allô Pharma qui facilitera l’accessibilité et la rapidité de nos interventions» nous explique son président.

Bonne chance à ces jeunes qui proposent une offre de soin de proximité et de qualité!

MPF-2024

FORUM DE COOPÉRATION DES PORTS DE LA ROUTE DE LA SOIE MARITIME

Le management de PDSA / DMP a participé au forum de coopération portuaire de la route de la soie maritime qui s’est tenu à la ville de Ningbo en Chine. Ce forum d’une ampleur inégalée a réuni plus de 1600 participants en provenance de 40 pays qui ont rejoint le MPF 2024. Cet événement a eu pour objet la consolidation de la coopération mutuelle et l’échange d’expériences portuaires.

Cette conférence de coopération portuaire de la route de la soie maritime (MFP‐2024) dont le thème cette année est : l’amélioration des services portuaires et du transport mari time a pour objec tif de galvaniser la construction d’une plateforme clé pour la collaboration et l’échange entre les ports et le transport maritime.

Le Directeur Général de PDSA/DMP a eu l’honneur de faire un discours dans cette conférence sur «la chaîne d'approvisionnement mondiale et la coopération portuaire», suivie par «une présentation de nos Ports en tant que plateforme régional et international».

Enfin le Directeur Général a participé à une table ronde de haut niveau sur les ports et le transport maritime de la route de la soie.

Cette conférence a permis de nouer des liens solides avec nos partenaires Chi ‐nois dans le domaine por‐tuaire.

Egalement, nous avons pu fructifier notre portefeuille de clientèles par di ffé‐rentes rencontres B2B avec des nouvelles lignes mari ‐times Chinoises pour l’utili‐sation du Port de DMP.

Ces rencontres d’affaires nous ont permis de mettre en place des protocoles de signatures de contrats et des MOU de services por‐tuaires avec des lignes ma‐

ritimes spécialisées dans le transport de marchandises

«Break bulk et Dry bulk».

En outre, nous avons ren ‐contré la China Merchants Port General Bulk Center sur la mise en place de pro‐gramme de formation spé‐ci fi que pour le personnel portuaire.

Finalement, nous avons eu le grand plaisir de rencon‐trer la Haute Direction de la China Merchant Port Groupe pour des échanges et des discussions très pro‐metteurs sur notre collabo‐ration.

Le Directeur Général de PDSA/DMP prononçant son discours lors de cette conférence
Signatures des MOU avec ZHONGHANG INTL Minerals & Resources Co., Ltd
Echange de cadeaux avec Nanjing Ocean Shipping Co

ETRE JEUNE ET ENTREPRENEUR À DJIBOUTI

Parcours de galère ou parcours de combattants ? Les deux mon Capitaine. On ne nait pas entrepreneur, on le devient. Heureusement. A Djibouti, depuis que la loi a assoupli la création d’entre‐prises, beaucoup de jeunes n’hésitent pas à se rendre au Guichet Unique sur le boulevard de Gaulle pour créer une entreprise. Mais malheureusement, souvent faute de moyens, de vision stratégique ou de plan bu‐siness, nombre de jeunes

déchantent et voient leur rêve fracassé par la dure réalité du business. Résul ‐tat, certains jettent l’éponge dès les premières tracasseries. Bon an mal an; l’Etat à travers des structures dédiées telles que le CLE essaie de mettre en place des dispositifs de conseil ou d’accompagne ‐ment. A travers notam‐ment des stages en immersion, des renforce‐ments de capacité ou d’au‐tres apprentissages. « Ces efforts portent ses fruits

mais pas su ffisamment pour transformer les pépinières en arbres fruitiers», reconnait un consultant na‐tional qui est sollicité régu‐lièrement. Il faut dire que dans notre pays, le par‐cours d’un entrepreneur novice est semé d’em‐bûches. Ses seules armes sont souvent sa volonté et son ambition. Pas suffisant contre les exigences des banques de la place pour l’accès au crédit. Pas effi‐cace aussi contre les len ‐teurs bureaucratiques.

Le Président de la République à la rencontre de jeunes entrepreneurs

On l’aura compris, nos jeunes entrepreneurs pa‐taugent dans un écosys ‐tème qui ne leur permet pas facilement de s’épa ‐nouir et de concrétiser leurs projets.

L’Etat veut certes impulser la culture du privé. Mais ce n’est pas une mince affaire, et cela prend du temps, dans un pays longtemps bi‐beronné à la fonc tion pu ‐blique.

Il se trouve heureusement des jeunes entrepreneurs éveillés à tous ces problé ‐matiques. Ils essaient de s’organiser pour avoir une stature institutionnelle dans l’écosystème business organisé en forme de duo‐pole : la chambre de com‐merce d’un côté et les hommes d’affaires du Free Zone de l’autre côté. L’idée de créer un club des jeunes entrepreneurs de Djibouti a germé au tout début, le 28 mai 2015 exactement, dans l’esprit de Mohamed Guirreh. Ce dernier est déjà à l’origine de jeune Cham‐bre Internationale de Com‐

merce en 2012. Une ren‐contre avec le Président de la République, fi nit de le persuader de transformer la JIC en club de jeunes entrepreneurs. Peu im‐porte si les «crocodiles» de la Chambre du Commerce voient les membres du club comme des concurrents potentiels. Le Président fondateur et ses amis com‐mencent alors à semer. Et finissent par essaimer! Car aujourd’hui, le club peut se targuer d’avoir plus de 300 adhérents sur l’ensemble du territoire national ! «Les critères d’adhésion à notre club sont simplifiés à l’extrême pour permettre à tous les jeunes entrepreneurs de considérer le club comme un agora de réfl exions et de propositions», confirme Mohamed Guirreh. Une façon impli ‐cite de reconnaitre les in ‐suffisances et les manques de structuration de l’organi‐sation. Mais pour l’instant, les jeunes se concentrent sur l’essentiel : augmenter la visibilité, chercher des

partenariats, devenir crédi‐ble. Comme le dit un adage tout vient à point à celui qui sait attendre. Une première victoire a été obtenue puisque le club compte enfin un représentant dans l’assemblée plénière de la Chambre de Commerce.

«La prochaine étape ; être membre du bureau de la Chambre de Commerce pour faire entendre la voix des jeunes entrepreneurs», nous explique, optimiste, le Président fondateur.

Dans notre pays où le chômage des jeunes consti‐tuent un fl éau national, nous avons plus que besoin de jeunes entrepreneurs, de leur esprit d’innovation et de créativité.

L’Etat et ses di fférentes institutions doivent encou‐rager les jeunes entrepre‐neurs. Car ils sont les promesses d’un secteur privé dont le dynamisme pourrait irriguer aussi bien le développement écono‐mique que le développe‐ment social.

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Comme partout dans le monde on a fini par perdre nos illusions, en effet s'il y'a unanimité a Djibouti c'est sur le fait de penser que la fonction publique, donc l’État, ne peut pas tout en matière de politique d'emplois, ce sont les entreprises, donc le secteur privé, qui peuvent lutter contre le chômage. D'où l'intérêt de mettre en place des mécanismes d'incitation à la création d'entreprises. Les jeunes qui se lancent dans la création d'entreprises, c'est la promesse d'un avenir pour le développement du secteur privé dans notre pays. Portraits de quatre entrepreneurs qui ont osé...

L'ENTREPRENEUR QUI A TRANSFORMÉ UN BESOIN FAMILIAL EN SUCCESS STORY

Dato a contracté très tôt le virus de l’entre‐preneuriat. A tel point qu’il démissionne de son poste de Chef de bureau du PAM à Obock pour s’y consa‐crer entièrement. Celui qui a goûté au secteur privé en com‐mençant par une papeterie, une cafeteria et un studio photo, se lance alors à fonds perdu dans une aventure à l’is‐sue incertaine et «même risquée», d’après ses amis. C’est son bébé de 4 mois, Amoyta, qui lui souffle l’idée. Ce dernier fait des allergies et des rou‐geurs avec les couches, car il a la peau sensible. Il n’en faut pas plus pour que le père, épaulé par la mère d’Amoyta, se mettent à la recherche des couches adaptées au profil du bébé. Le couple creuse l’idée et finit par la transformer en produit commercial. La marque des couches AMOYTA

voit ainsi le jour. Au début grâce, au Fonds de Garantie mis en place par l’Etat, il com‐mande un container.

Rapidement et à l’aide d’une communication très ciblée, la marque Amoyta est connue dans tous les foyers Djibou ‐tiens. Le succès commercial est au rendez‐vous puisque Amoyta est distribué sur l’en‐semble du territoire national.

La petite entreprise compte se développer rapidement grâce à la levée de fonds dans le cadre de crowdfunding mis en place par le Fonds Souverain. Dato ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Il compte dans un premier temps diversifier son offre avec des couches médi‐cales mais aussi des serviettes hygiéniques pour les femmes.

DE L'INFORMATIQUE AU TOURISME

L'AVENTURE ENTREPRENEURIALE DE MOHAMED GUIRREH

Il a la boulimie des entre ‐prises. Jugez‐en vous‐même. Mohamed Guirreh a créé 4 entreprises dans un espace de temps record. Pour‐tant rien ne prédestinait ce jeune Okarois au monde du business. Détenteur d’un mas‐ter en électronique indus ‐trielle, Mohamed Guirreh range dans un placard son di‐plôme pour se consacrer entiè‐rement à sa passion. Celui qui a l’esprit d’entreprise chevillé au cœur commence au début par fonder Méga Vidéo. « A l’époque, l’internet n’était pas assez développé. Je copiais des séries américaines sur CD ou clé USB», se rappelle‐t‐il. En parallèle, il voit le désarroi des jeunes entrepreneurs et dé‐cide de mettre en place le club des jeunes entrepreneurs. Et dans la foulée crée Startup fac‐tory, une plateforme spéciali‐sée dans l’accompagnement des entreprises. Mais c’est sur‐tout Optimus Jubtech, qui voit le jour en Mai 2018, qui va lan‐cer son business. L’entreprise se taille rapidement une noto‐riété dans l’offre progicielle aux PME et aux grandes socié‐tés du pays. Avec déjà plus de 100 clients à son portefeuille. Les perspectives sont au beau fixe. Dans son escarcelle, des sociétés aussi prestigieuses que la CNSS, l’Autorité des

Ports ou encore la Chambre de Commerce. Depuis 2019, notre jeune entrepreneur a décidé de se diversifier avec une nouvelle société Trip2Djib dans le domaine du Tourisme. Le jeune président qui a com‐mencé par ressusciter de ses

cendres les activités du char à voile dans le petit Barra à l’en‐trée d’Ali‐Sabieh parie beau ‐coup sur le potentiel du tourisme dans notre pays, en‐core sous exploité. Souhaitons‐lui bonne chance !

Une vision audacieuse et ambitieuse pour l'avenir de l'Afrique

LE SAVON MADE IN ASSAJOG !

Une amazone au pays des Assajog. Ma‐dame Fathia est une combattante comme elle aime se définir. Elle fait partie de ces femmes qui ne baissent pas le bras devant la pauvreté. Recru‐tée en 2008 par l’ONG Toostan comme formatrice sociale, elle décide de donner l’exemple elle‐même en passant de la théorie à la pratique. C’est ainsi qu’avec la création de son entreprise Halgan Djibouti en 2016, elle teste l’entrepreneu‐riat. En montant une petite unité artisanale pour confec ‐tionner des savons couleur lo‐cale. La concurrence des savons importés de l’étranger à très bas prix ne la décourage pas. Car elle a des arguments en bêton armé. «Les savons que nous fabriquons sont tous bio ; rien à voir avec les savons chimiques» tient‐elle à préci‐ser en exhibant avec fierté son produit à base d’avocat, du lait, de clous de girofle et d’autres fruits. L’idée n’est pas passée inaperçue, puisque Madame Fathia recevra le Grand Prix du Chef de l’Etat en 2019. Une consécration mais aussi un coup de pouce budgétaire qui lui permettra de pérenniser son entreprise. Et malgré les années Covid qui ne seront pas facile, Halgan Djibou ti conti‐nue à se développer.

DES GLAÇONS BIEN LUCRATIFS !

Nous sommes à Obock, en pleine canicule estivale. Les réfugiés Yéménites qui ont fui la guerre fratricide de l’au‐tre côté, cherchent désespéré‐ment des glaçons pour étancher leur soif. Il n’en faut pas plus pour convaincre Mo‐hamed Abdo, natif de la ré‐gion, que mettre des glaçons sur le marché peut être une entreprise lucrative.

Et comme tout entrepreneur «qui a confiance tout d’abord lui­même en son idée», ce der‐nier démissionne de son poste de chef de service clientèle dans une société basée au Free‐Zone. Et se met en quête de financement. Le destin met sur son chemin un membre du «business angels» qui non seu‐lement valide son projet mais en plus lui trouve le finance‐ment nécessaire pour acheter les matériels. C’est ainsi que Ice Cub vole de ses propos ailes en 2017. Aussitôt, son PDG met à profit son Master en management et marketing obtenu en France pour faire la publicité de son produit. Au ‐jourd’hui Ice cub inonde le marché de la capitale de ses glaçons. « Nous fournissons plus de 60% de restaurants» nous explique‐t‐il, visiblement très satisfait. Et l’entreprise grandit avec l’acquisition d’une nouvelle machine grâce au soutien du «fonds de garantie». Celui qui assure au ‐

jourd’hui la présidence du club des jeunes entrepreneurs en a la certitude. «C’est le secteur privé qui créera des emplois et luttera contre le chômage des jeunes», un message sublimi‐nal à l’endroit des responsa ‐bles et des autorités pour soutenir les jeunes entrepre‐neurs ? Pour Ice Cub, l’avenir s’annonce radieux. La société se sent déjà à l’étroit dans le complexe commercial de Dora‐leh. Et compte installer une grande unité de production sur un terrain déjà acquis.

INTERVIEW DU MOIS DE LA CHEFFE DE L’ANTENNE DE L’UNESCO

À DJIBOUTI

L’Antenne de l’UNESCO a réouvert à Djibouti après une période d’interruption de quelques années. Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir avec la nouvelle Cheffe de l’Antenne.

L’UNESCO est de nouveau présent à Djibouti après une période d’éclipse. Voilà une nouvelle réjouissante ?

Vous savez, l'UNESCO n'a ja‐mais vraiment quitté Djibouti. Même si l’antenne locale a été inactive pendant une période, notre engagement envers Dji‐bouti est resté constant. Ce re‐tour marque une nouvelle phase de la longue et fruc ‐tueuse collaboration entre Dji‐bouti et l'UNESCO qui dure depuis son adhésion en 1989. Nous avons mené de nom‐breuses initiatives conjointes dans tous les domaines de compétence : l'éducation, la culture, les sciences et la com‐munication. Aujourd’hui, notre

objectif est d’apporter l’exper‐tise partager l'expertise ac‐quise dans d'autres pays de la région et du monde, afin de renforcer les connaissances et les capacités des acteurs natio‐naux, qu'ils soient décideurs, chercheurs, enseignants, jour‐nalistes, membres de la so‐ciété civile, jeunes ou femmes. Ce retour témoigne de notre engagement renouvelé et de cette dynamique commune vi‐sant à bâtir, ensemble, un ave‐nir fondé sur la paix, la connaissance et la coopération internationale.

Depuis 2018, c’est la commission nationale de l’UNESCO présidée par le Ministère de l’Education

Nationale qui comblait le vide. Cela a créé une confusion sur le mandat de l’UNESCO.

Permettez‐moi de saisir cette occasion pour rappeler le rôle fondamental des Commissions nationales, qui ont été créées dès les débuts de l'UNESCO pour associer les intellectuels, les scientifiques, les éduca‐teurs et les créateurs aux pro‐cessus décisionnels de l'Organisation. Elles sont nées d’un débat et d’un compromis fécond entre ceux qui vou ‐laient une organisation stricte‐ment intergouvernementale et ceux qui plaidaient pour une approche plus ouverte, in ‐cluant les communautés sa ‐vantes et la société civile. Cette spécificité confère à l’UNESCO une position unique au sein du système des Nations Unies, en permettant aux Commissions nationales de jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre des programmes et la diffusion des valeurs de l'Organisation. Ces Commissions sont des ins‐titutions nationales à part en‐tière, non des entités de l'UNESCO, et leur mission est de coordonner les efforts entre les différents ministères et ins‐titutions locales afin de définir les besoins et d'articuler la

Mme Idyl Ali Moussa, Cheffe de l’Antenne de l’UNESCO à Djibouti

coopération avec l'Organisation. Pendant l'absence de l’antenne, la Commission nationale de Dji‐bouti a assuré avec brio son rôle de facilitateur pour maintenir le lien avec l'UNESCO et veiller à ce que les programmes soient inté‐grés dans les priorités natio‐nales. Parallèlement, le bureau régional de l’UNESCO à Nairobi, soutenu par un réseau d'instituts spécialisés, a également pour‐suivi la mise en œuvre des pro‐jets. Aujourd'hui, notre antenne à Djibou ti renforce cet ancrage local et veille à adapter ses acti‐vités aux besoins spécifiques du pays, en collaboration étroite avec la Commission nationale.

L’objectif ultime de l’UNESCO est d’instaurer ou de pérenniser une culture de paix. Une ambition louable mais pas facile à concrétiser. La paix est comme une fleur dé‐licate qui se cultive patiemment, jour après jour, et l'UNESCO, avec la modestie d'un jardinier,

sème des graines là où les condi‐tions sont propices. La force de l'UNESCO réside dans son rôle de catalyseur, de laboratoire d'idées permettant aux acteurs locaux de partager et d'expéri‐menter des solutions durables. Dans les années 1990, l’organisa‐tion a d’ailleurs rompu avec l’idée de la paix comme simple absence de guerre, en élaborant le concept de "culture de la paix" : une démarche active et dyna‐mique qui s’enracine dans l'édu‐cation, le dialogue interculturel, la valorisation des patrimoines et le renforcement de la cohé‐sion sociale. Ce programme vise à promouvoir le respect, la di‐gnité humaine et la justice so‐ciale à travers l'éducation, la culture, les sciences et la com‐munication. Les sciences hu ‐maines et sociales, qui constituent un secteur à part en‐tière à l’UNESCO, jouent un rôle central dans cette démarche, en étudiant et mobilisant les prin ‐cipes, valeurs et pratiques des communautés pour renforcer le

dialogue interculturel, l’inclusion et le respect mutuel.

À Djibouti, nous aimerions donc œuvrer à "cultiver la paix" à tra‐vers la transmission des savoirs oraux, la promotion des tradi‐tions, le dialogue interculturel et le soutien aux industries cultu ‐relles et créatives. Car, nous le savons, les contes et légendes, la poésie, le théâtre, les chansons, les œuvres d'art sont de puis‐sants moyens de faire passer ces messages contribuant à l'édifica‐tion de la paix.

L’UNESCO est reconnu à travers le monde pour la défense de la diversité culturelle. Comment maintenir cette exigence avec la mondialisation et ses corollaires, notamment l’uniformisation ?

La diversité culturelle est dans l'ADN de l'UNESCO depuis sa création en 1945, au cœur de grands programmes comme les Histoires générales, les Routes de la soie, ou le patrimoine cul‐turel de l'Humanité. Ces ini tia‐tives visent à montrer les contributions des peuples au progrès de l’Humanité. Nous considérons que la diversité cul‐turelle est aux sociétés hu‐maines ce que la diversité biologique est à la nature : un moyen de survie, d’enrichisse‐ment et de durabilité. C’est une valeur universelle car toutes les sociétés humaines ont eu besoin de générer cette diversité, dans les langues, les pratiques, les ha‐billements, la nourriture.

La mondialisation, malgré ses paradoxes, nous permet de prendre conscience de l'urgence de préserver cette richesse, au‐jourd'hui de plus en plus mena‐cée. Djibouti, terre d’échange et

La Directrice Générale de l’UNESCO avec le Ministre des Affaires étrangères

de rencontre, en est un exem‐ple concret. Le défi est de conserver cette diversité sans la figer. Ce n'est pas seulement une question de conservation, mais aussi d'innovation : un vi‐vier de solutions nouvelles pour les défis d'aujourd'hui. En documentant les tradi tions orales des peuples nomades et en soutenant les jeunes créa‐teurs via les industries cultu ‐relles et créatives, nous luttons contre l'uniformisation, l'oubli, et la perte de ces patrimoines. Ces industries créatives et cul‐turelles (ICCs) représentent également un formidable le‐vier de croissance écono‐mique, tout en offrant des espaces d'expression, de par‐tage, et de cohésion sociale.

La culture Djiboutienne se manifeste surtout à travers l’oralité qui est une spécificité des populations nomades. Comment éviter sa déperdition qui va de pair avec la disparition biolo-

gique de ceux et celle qui en sont les dépositaires ? L'oralité est la mémoire vive des peuples nomades, la sève nourricière qui relie les géné‐rations et raconte le monde avec poésie et enchantement. Pour éviter sa déperdition, il est essentiel de l'inscrire dans le présent et dans la moder‐nité. Cela passe d’abord par sa collecte rigoureuse, son archi‐vage et surtout la valorisation de ces savoirs comme source de fierté et d'inspiration. Le musée national de Djibou ti, projet chapeauté par l'ANPC, est un exemple des actions à engager dans ce sens. Il sera une vitrine vivante de la ri‐chesse de l’histoire du pays, des réalisations des diverses communautés qui la compo ‐sent et de leur mémoire orale. Le programme Mémoire du Monde de l’UNESCO, encore méconnu, vise à préserver le patrimoine documentaire de l'humanité, y compris les tradi‐tions orales, pour les généra‐

tions futures. Mais il ne s’agit pas uniquement de préserver : il faut aussi transmettre, faire vivre ces connaissances et pra‐tiques. Il est essentiel de cap‐ter l’intérêt des jeunes, les inciter à devenir les nouveaux conteurs, ceux qui porteront l'héritage de leurs ancêtres tout en l'adaptant aux réalités contemporaines et en les réin‐ventant. L'oralité ne doit pas se limiter à des archives figées, elle doit vivre sur scène, dans les écoles, dans les espaces pu‐blics, et faire partie intégrante de la dynamique culturelle ac‐tuelle. C’est ainsi que se construisent, jour après jour, l’identité nationale et la cohé‐sion sociale.

Une des priorités de l’UNESCO c’est l’Afrique. Comment votre institution compte promouvoir et mettre en valeur notre continent ?

L'Afrique est certes une prio‐rité stratégique de l'UNESCO,

Le Lac Abhe, futur candidat au patrimoine mondial de l'UNESCO ?

notamment depuis les «Assises de l’Afrique» en 1995, qui ont permis de définir les besoins et les attentes des pays africains envers l'UNESCO. Mais l’Afrique est aussi une source d'inspira ‐tion, car c’est un continent dont la diversité et la créativité peu‐vent contribuer à l’élaboration de solutions globales. L'ancien Directeur général de l'UNESCO, Makhtar Mbow, qui nous a quitté il y quelques semaines (A.R.), fut le premier Africain à diriger une organisation interna‐tionale de cette envergure. Il a joué un rôle fondamental l'émancipation intellectuelle et culturelle de l'Afrique à travers

toire dans les curriculums sco ‐laires. Cette démarche vise à fournir aux jeunes Africains une meilleure connaissance de leurs racines et des contributions de leurs peuples à la civilisation hu‐maine. L'objectif est de renforcer leur estime de soi et leur auto‐nomie de pensée, tout en re‐nouant avec la créativité de leurs ancêtres.

À Djibou ti, nous travaillons ac ‐tuellement, en collaboration avec la Commission Nationale et le ministère de l’Éducation Na‐tionale et de la Formation Pro‐fessionnelle, à intégrer les acquis de cette histoire dans les curri ‐cula. Pour soutenir cette initia‐

Ne pensez-vous pas qu’à

Djibouti il y a des sites qui méritent d’être répertoriés comme patrimoine mondial ?

Absolument, Djibouti recèle des trésors encore méconnus. L’UNESCO est bien sûr, disposée à soutenir la mise en lumière de la richesse des innombrables sites uniques du pays : des pay‐sages majestueux du Lac Assal ‐un des points les plus bas du continent africain et un paysage d'une beauté saisissante ; aux peintures rupestres d'Abourma ‐qui témoignent de la riche his ‐toire préhistorique de la région ; sans oublier les panoramas spec‐taculaires du Lac Abbé. Djibouti possède un patri‐moine culturel et naturel exceptionnel qui mérite d’être mieux connu et re‐connu pour figurer sur la liste du patrimoine mon ‐dial.

des projets monumentaux comme l’Histoire générale de l’Afrique. Ce projet, que vous connaissez bien, est un des témoignages les plus emblématiques de l’apport de l’Afrique à l’Humanité. Ce fut une aventure scientifique et in‐tellectuelle qui avait permis de redonner la parole aux Africains sur leur propre histoire, de re‐constituer une mémoire collec‐tive qui a souvent été fragmentée. Aujourd'hui, l'un des grands défis pour les pays africains est d'intégrer cette his‐

tive promue par l'Union africaine, l'UNESCO a élaboré des contenus pédagogiques et des guides destinés aux ensei‐gnants, facilitant ainsi l'intégra‐tion de ces connaissances dans les systèmes éducatifs africains. Nous soutenons également des programmes du ministère de la Jeunesse et de la Culture sur les industries culturelles et créatives pour stimuler l'innovation et la création d'emplois pour les jeunes, tout en célébrant l'iden‐tité africaine sous toutes ses formes.

Le potentiel de valeur uni‐verselle exceptionnelle est bien présent, et c'est à tra‐vers un travail collectif, im‐pliquant les communautés locales et les experts, que nous pourrons identifier et inscrire les sites les plus em‐blématiques. Ces sites, une fois inscrits, ne seront pas seulement des témoignages du passé, mais aussi des leviers pour l'avenir en tant que sources de fierté, mo‐teurs de développement touris‐tique durable, et symboles renforçant l'identité nationale et continentale. L'UNESCO est dé‐terminé à accompagner la Répu‐blique de Djibou ti dans ses démarches pour la reconnais ‐sance et la valorisation de ces patrimoines.

LE XEER CISSE

À L’HONNEUR !

Après le xeedho inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2023. L’UNESCO s’apprête à inscrire le xeer cisse au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La bonne nouvelle circule intensément sur les réseaux sociaux, avec un projet de décision à l’appui.

Après le xeedho inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’huma‐nité en 2023.

L’UNESCO s’apprête à inscrire le xeer cisse au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La bonne nouvelle circule intensé‐ment sur les réseaux sociaux, avec un projet de décision à l’ap‐pui.

D’après certaines sources, l’ins‐cription déjà validée en interne sera proclamée lors de l’assem‐blée au Paraguay début du mois

de décembre.

Pour rappel le xeer cisse est un ensemble de corpus oral du droit coutumier des communautés so‐malie issa d’Ethiopie, de Djibouti et de Somalie.

Il s’agit d’un système de gouver‐nance qui régit ces communau‐tés. Son inscription par l’UNESCO au registre de patrimoine imma‐tériel constitue un formidable plaidoyer pour sa conservation et sa préservation.

Notamment par la mise en place des mécanismes de transmission pour les générations futures.

Enfin, cette bonne nouvelle laisse présager un intérêt mani‐feste pour le patrimoine imma‐tériel de notre pays. La prochaine étape pourrait être le madxa, équivalent du xeer cisse dont est dépositaire la commu‐nauté afar de Djibouti.

LA POLYGAMIE L'EXCEPTION QUI CONFIRME LA RÈGLE

Y'a t-il un mariage made in djibouti?Pas très aisé de répondre à cette question si on part de principe que le mariage sert de tronc commun à toutes les sociétés. Ceci dit il y'a peut être une évolution du mariage à Djibouti. De la polygamie au mariage 2.0,récits des bouleversements du champ matrimonial national.

Mouktar vient tout juste de convoler en justes noces avec sa dulcinée. Et pour lui, il le jure à qui veut l’enten‐dre, sa première épouse sera aussi la dernière.

«Jusqu’à ce que la mort nous sépare» clame‐t‐il. Il est pourtant l’ainé de 18 frères et sœurs. Son père, ancien retraité de l’armée française avait trois épouses.

«Mon père a été élevé dans la croyance que la religion encourage la polygamie jusqu’à 4 femmes. Il avait le projet de prendre une quatrième épouse malgré son âge avancé avant qu’il ne succombe à la maladie». Au‐jourd’hui, les jeunes qui pensent comme le père de Mouktar, il y en a de moins en moins.

En effet, l’époque où les hommes, avec des arrangements plus ou moins intéressés, «s’emparaient» des filles plus jeunes pour entretenir leur libido et leur virilité, semble révolue. Même s’il reste encore des résis‐tances surtout dans l’espace rural où de nos jours encore les familles essaient de «caser» une fille qui a atteint la vingtaine, de peur qu’elle ne trouve pas un mari. La polygamie semble avoir encore bonne presse chez les religieux qu’on appelle les «Kourougman». Mais là aussi à part quelques‐uns qui peu‐vent se permettre financièrement, l’obstacle matériel décourage plus d’un. Est‐ce la fin de la polygamie pour autant ?

Difficile à dire.

Le nouveau code de la famille de 2002 pré‐conise l’assentiment de la première épouse si le mari a l’intention de devenir polygame. Ce dispositif, même s’il constitue une avan‐cée trop timorée, ne résiste pas à la pratique des hommes qui peuvent le contourner ai‐sément.

«Il faut que les leaders religieux s’engagent fermement dans leurs prêches et démon­

trent que la polygamie dans la religion est l’exception et non la règle» explique Mouktar qui pense que construire son projet de vie autour d’une seule famille est l’idéal dans le monde d’aujourd’hui. Une chose est sûre, la polygamie ne sera pas le modèle matrimonial prédominant dans le Djibouti de demain.

Le plaisir...

...L’addition

«LE DÉRÈGLEMENT» DU MARIAGE

Il fut un temps où dans notre société, entièrement nomade, le mariage obéissait à une codification rigoureuse. Car il s’insérait dans un fait social qui le produisait et le reproduisait.

Il était parti intégrant d’un modus vivendi qui avait pour finalité les co‐existences intercommunau‐taires ou intertribales.

L’anthropologue Lévi‐Strauss l’a bien décrit dans ce concept de mariage croisé où la femme, en passant d’une tribu à une autre ou d’une communauté à une autre était un «objet» pacifi‐cateur.

Tout le monde se souvient de l’excellente pièce de théâ‐tre Absouma des années 80.

L’acteur Abbas Dogale y joue le rôle du vieillard au crépus‐cule de son âge et qui contracte un mariage ar‐

rangé avec sa jeune cousine malgré la répulsion de cette dernière.

Elle finira par s’enfuir et re‐gagnera la ville où grâce à une association des femmes, elle fera l’apprentissage de la modernité. Cette pièce culte résonne encore dans la tête des générations, comme l’écho d’un ancien monde déjà en soupir. Aujourd’hui les jeunes filles sont de moins en moins piégées entre les mariages arrangés et les mariages forcés.

«J’ai rencontré mon mari dans un contexte professionnelle» explique Hasna sans complexe. Pourtant, que de chemin parcouru dans la conquête d’un mariage dé‐

L’AMOUR NE DURE QUE 3 ANS

barrassé de ses pesanteurs traditionnels.

S’il y a un secteur où la men‐talité nomade semble ré‐gresser à toute vitesse c’est bien celui du mariage. Les jeunes bousculent un ordon‐nancement qu’ils estiment privatif de leur liberté d’ai‐mer. L’espace urbain dans le‐quel vit la majorité de nos concitoyens a fini par détri‐coter les règles et les usages. Cette mutation, heureuse‐ment, s’établit sur le mode «peace and love», sans dé‐clencher la querelle des an‐ciens et des modernes.

«Le dérèglement» du ma‐riage traditionnel est symp‐tomatique de l’évolu tion sociologique en cours.

Tel est le titre du best seller d’un écrivain français Fréderic Beigbeder. Le succès du livre a été tel qu’il a été porté à l’écran. Le thème de l’auteur s’appuie sur un constat compilé à travers des statistiques dans beaucoup des pays occidentaux. Souvent, après trois ans de mariage, le charme du couple se dilue dans la rou tine et prépare la voie au divorce ou encore à l’infidélité. Perçue au début comme une anomalie, même comme une pathologie, le divorce s’est démocratisé dans les pays occidentaux. À tel enseigne qu’aujourd’hui avec le concubinage, le PACS et le mariage pour tous, ces sociétés ont mul tiplié les statuts matrimoniaux qui concurrencent le sacro‐saint mariage traditionnel. A coup sûr la société Djiboutienne n’a pas encore atteint ce stade de sophistication. Le mariage, dans sa version traditionnelle, reste l’unique cadre matrimonial légal. Néanmoins, ces dernières années il semble que la solidarité du couple est mise à rude épreuve par la recrudescence des divorces. «Autre époque, autre mœurs les jeunes d’aujourd’hui divorcent pour un oui ou pour un non». Constate avec amertume Houmed un vieux monsieur qui vient de célébrer sa soixantième année de mariage !

LE MARIAGE 2.0

Avec la révolution numérique et les facilités qu’offrent les technologies de communication (messageries instantanées), de plus en plus de couples djiboutiens contractent des mariages à distance. Ces couples peuvent maintenir un lien fort conjugal malgré la distance physique grâce à des applications comme Facebook, WhatsApp, etc.

Autre temps, autre mœurs. Traditionnel, forcé, arrangé ou de raison, le mariage, institution millénaire, n’échappe pas à l’évolution ni à l’ère numé‐rique de cette époque dans laquelle nous vivons. Dans notre sociologie du mariage, le mariage traditionnel semble dépassé aux yeux de nouvelles générations djibou‐tiennes qui optent pour le ma‐riage à distance – appelé aussi mariage 2.0. A l’heure des ré‐seaux sociaux et sous l’em ‐prise de nouvelles technologies, le mariage 2.0 n’est plus un tabou pour les jeunes djiboutiens et marque une nouvelle étape dans la manière dont les couples se forment et organisent leur union, loin des pesanteurs de la tradition.

La rencontre amoureuse : du hasard au digital Tout commence en ligne pour de nombreux usagers djibou‐tiens. Finies les présentations familiales ou les rencontres qui se faisaient souvent dans des cercles sociaux limités. Désormais, la rencontre amoureuse se fait sur les ré‐seaux sociaux (Facebook,

Snapchat, TikTok, WhatsApp) ou sur des applications telles que Tinder ou Meetic qui ont profondément bouleversé la manière dont les couples dji‐boutiens se rencontrent, s’ai‐ment et se marient. «J’ai rencontré ma dulcinée sur Facebook. Au début, notre relation a commencé sur un malentendu dans un échange de commentaires assez vifs. Après, j’ai géré la situation et lui ai écrit en privé pour engager la discussion. Au fil de nos échanges sur la messagerie instantanée, la relation devient très sérieuse et je tombe amoureux d’elle. Mais la distance nous séparait parce que j’étais au Canada et elle se trouvait à Djibou ti», relate Aden, un jeune marié. «Après un an, au­delà des frontières géographiques, j’ai contracté le mariage depuis un pays étranger. Grâce aux nouvelles technologies, tout a été possible. A distance, je me suis marié par écrans interposés et c’était vraiment incroyable», poursuit‐il.

Une nouvelle vision du mariage 2.0

Comme ces jeunes mariés, beaucoup de mariages sont issus de rencontres sur les ré‐seaux sociaux.

Cela montre que les dyna ‐miques traditionnelles du cou‐ple ont été bouleversées et que l’espace numérique est devenu un terreau propice aux relations amoureuses. C’est le cas de cet autre cou‐ple qui s’est rencontré sur Tin‐der et dont le mariage s’est contracté à distance. «J’ai rencontré mon mari – un fou d’applications – sur Tinder, une appli de rencontre peu utilisée par nos compatriotes. Et notre destin s’est joué sur un simple swipe. Cela a été tout de suite un coup de foudre numérique», nous confie Hameda. «Pour moi, le mariage 2.0 est comme un partenariat basé sur des valeurs modernes telles que l’amour, l’épanouissement personnel et le respect de l’individu. Ce que hélas le mariage tradi tionnel ne nous offre pas», dit‐elle.

Une vision audacieuse et ambitieuse pour l'avenir de l'Afrique

ENTRETIEN AVEC DR SAGAL M. DJAMA

ENSEIGNANTE-CHERCHEURE EN ANTHROPOLOGIE

SOCIALE

À L’UD

Est-ce qu’on peut aujourd’hui objectiver une évolution de la société Djiboutienne avec une trajectoire lisible ? Pour répondre à la question de l’objectivation de l’évolu‐tion de la société djibou ‐tienne et de sa trajectoire, il convient d’adopter une ap‐proche scientifique fondée sur des méthodologies quantitatives et qualitatives rigoureuses. La possibilité de tracer une trajectoire lisible repose avant tout sur la dis‐ponibilité de données fiables et représentatives, ainsi que sur des analyses longitudinales permettant d’observer les ten‐dances sur une période don ‐née.

Dans le cas de R.D Djibou ti, plusieurs indicateurs sociaux et culturels sont nécessaires pour éclairer les dynamiques ac‐tuelles, notamment autour des pratiques familiales, des sché‐mas matrimoniaux, des rôles de genre, de l’urbanisation, de l’éducation et de l’emploi. Par exemple, l’étude de l’institu‐tion du mariage, des alliances matrimoniales et de la réparti‐tion des rôles au sein de la fa‐mille pourrait être particulièrement éclairante. Cependant, l'accès limité aux données actuelles empêche une analyse systématique et approfondie.

La société djibou tienne pré‐sente des divisions structu ‐relles, notamment entre les milieux urbains et ruraux, ainsi qu’entre les différentes géné‐rations entre les ainés (struc‐ture égalitaire et masculine) et les cadets (structure libérale et genrée). Là encore les catégo‐ries d’âges qui caractérisent ces sociétés sont en débat au sein des chercheurs. En milieu rural, les structures collectives et les alliances ma‐trimoniales traditionnelles pré‐valent, tandis qu'en milieu urbain, on observe un glisse ‐ment vers des valeurs plus in‐dividualistes influencées par la modernité et des processus de socialisation liés à une pra ‐tique de l’Islam plus rigoriste.

Une étude scientifique sur la trajectoire sociale de Djibouti nécessite également une mise en perspective historique. En effet, la société djibou tienne est actuellement en phase de mutation vers une forme de postmodernité qui ne s’affiche pas encore pleinement. Les in‐teractions entre influences lo‐cales et globales («le glocale», A. Appadurai, 1995) façonnent cette société, remettant en cause des schémas culturels établis tout en créant de nou‐veaux modes de vie.

Est-ce que le mariage tel qu’il se pratique aujourd’hui peut-être pris comme un paradigme explicatif de l’évolution de notre société ?

Le mariage, en tant qu’institu‐tion sociale, incarne des normes et des valeurs qui re‐flètent les structures et les dy‐namiques internes de la société. Analyser le mariage comme paradigme explicatif de l’évolution sociale nécessite donc d’identifier en quoi ses pratiques actuelles traduisent des changements au sein de la société djiboutienne. Or, nous manquons de données pro ‐bantes et des études appro‐fondies sur ces thématiques en RDD. Nous ne pouvons que proposer quelques pistes de réflexions.

Dr. Sagal Mohamed Djama

En effet, la typologie des moda‐lités de mariage telles que les mariages endogamiques, exoga‐miques, mariages arrangés ou choix individuel peut fournir des informations sur la perpétuation ou la transformation des liens fa‐miliaux, des alliances claniques, et des réseaux de solidarité so‐ciale. Il s’agit d’un travail que nous sommes en train de mener au Centre de Recherche en Sciences Sociales de l’UD.

Voici quelques éléments de compréhension du phénomène sociétal :

‐La répartition des tâches do‐mestiques au sein du foyer, et des responsabilités au sein du couple redéfinissent les dyna ‐miques de pouvoir (genré) au sein de la société.

‐L’adoption de pratiques influen‐cées par des modèles extérieurs, comme la modernité occiden‐tale ou les normes islamiques globalisées, nous montre com ‐ment des facteurs exogènes peu‐vent influencent les valeurs locales et remodèlent les pra‐tiques du mariage. Pour répon‐dre aux défis économiques actuels, le mariage tardif (coût du mariage exorbitant), et le cé‐libat prolongé (longues études, carrières professionnelles), sont des phénomènes sociétaux qui indiquent que nous vivons dans une période de mutations des structures familiales en RDD. Enfin, La migration vers les cen‐tres urbains modi fie les struc‐tures sociales traditionnelles et expose les individus à des va ‐leurs et à des pratiques plus di‐versifiées.

Par conséquent, le mariage, en tant qu'institution flexible et évolu tive, peut effectivement servir de paradigme explicatif pour comprendre les change‐ments plus profonds dans la so‐

ciété djibou tienne. Toutefois, des recherches empiriques ap‐profondies et interdisciplinaires sont nécessaires pour valider ce modèle explicatif.

“ “
Le mariage intercommunautaire : une identité nationale intégrative

Il y a de plus en plus de mariage intercommunautaire. Cela augure un brassage qui peut consolider le vivre ensemble

Selon une approche anthropolo‐gique de la question, les ma‐riages intercommunautaires favorisent des réseaux de rela‐tions et de solidarités qui trans‐cendent les appartenances traditionnelles, comme les clans et les tribus. Ils peuvent égale‐ment encourager une identité nationale plus intégrative en mettant en avant les valeurs communes plutôt que les diffé‐rences d'origine entre les diffé‐rentes communautés vivant en RDD. En effet, en intégrant des valeurs et des pratiques issues de différentes communautés, ces familles créent des micro‐cosmes de diversité et d'adapta‐bilité sociale, contribuant à renforcer la tolérance et l'ouver‐ture dans les nouvelles généra‐tions. Enfin, les mariages intercommunautaires présen‐tent un potentiel de consolida ‐tion du vivre‐ensemble à Djibou ti, car ils favorisent le brassage culturel et la création de réseaux intercommunau‐taires, éléments essentiels de la

cohésion sociale. Cependant, cet effet positif dépend de la ma‐nière dont ces unions sont per‐çues et acceptées au sein des communautés et du soutien ap‐porté par les institutions éta‐tiques.

La polygamie régresse fortement dans notre société. Quelles en sont les causes et les conséquences ? Je ne saurai confirmer ou infir‐mer une telle affirmation. Pour ce faire, il est nécessaire de s’ap‐puyer sur des données sociolo ‐giques, économiques et culturelles longitudinale afin de comprendre l’évolution des dy‐namiques sociales et familiales en RDD. Toutefois, nous pouvons soulever quelques hypothèses de recherche.

Dans de nombreuses sociétés, la polygamie est traditionnelle‐ment associée à une prospérité économique permettant de sub‐venir aux besoins de plusieurs épouses et familles. Avec les transformations économiques et l’urbanisation accélérée que connait notre pays depuis ces 30 dernières années, les exigences économiques en milieu urbain sont devenues des obstacles à la polygamie, incitant de plus en plus de familles à adopter le mo‐dèle de la monogamie, plus éco‐nomiquement viables.

A ce facteur économique, s’ajoute le fait que les femmes de plus en plus instruites et éco‐nomiquement autonomes ont tendance à préférer la monoga‐mie, car elle offre plus de stabi‐lité et de reconnaissance personnelle et un statut social enviable. Il existe également, la pression internationale en fa‐veur des droits de la femme et de l'égalité des genres, qui in‐fluencent cette régression.

SOCIOLOGIE DU MARIAGE DJIBOUTIEN

De nombreux États et organisa‐tions internationales promeu‐vent la monogamie comme un modèle familial plus adapté aux idéaux contemporains. Enfin, la diminution de la polygamie en‐traîne un changement vers des structures familiales plus nu ‐cléaires. Elle modifie la réparti‐tion des responsabilités au sein du couple, et modèle de l’édu‐cation des enfants. Dans les sociétés où la polyga‐mie servait de moyen de conso‐lidation des alliances familiales et claniques, sa diminu tion peut affecter les stratégies de soutien et de coopération entre groupes. Les familles doivent adapter et réinventer leurs stra‐tégies de solidarité, avec une redistribution de l’entraide sur d'autres formes de liens so‐ciaux. Enfin, la régression de la polygamie dans la société dji ‐boutienne semble résulter d’une convergence de facteurs à la fois économiques, éduca ‐tifs, culturels et législatifs. La valorisation du statut juridique et législatif de la femme sous la présidence de Ismaïl Omar Guelleh, a indubitablement accéléré le changement social

PROFIL

en RDD. Cette évolution reflète un tournant vers des valeurs plus égalitaires, en phase avec des modèles familiaux globali‐sés. Les conséquences de cette transition sont nombreuses, allant d’une redéfinition des structures familiales et des rôles de genre à une révision des stratégies de solidarité.

Il y a un phénomène nouveau qui pointe à l’horizon : le mariage via WhatsApp ou des sites de rencontre. Cela favorise une déperdition de tous les rituels et toutes les liturgies qui accompagnaient le mariage.

N’est-ce pas le signe d’une acculturation qui guette notre société ?

L’essor des mariages numé‐riques via des plateformes comme WhatsApp et des sites de rencontre est révélateur de l’influence des nouvelles tech‐nologies sur les pratiques ma‐trimoniales dans la société djibou tienne. Ces applications permettent d’établir des relations au‐delà des frontières géographiques et des cercles sociaux locaux, et ouvrent la

voie à des modes de rencontre et de choix marital indépen ‐dants des réseaux familiaux et communautaires.

Ce phénomène pourrait être interprété comme une accultu‐ration, si l’on considère qu’il implique une perte de symboles et de rituels tradition‐nels (les différentes étapes des cérémonies, les moyens de transmission des valeurs). Néanmoins, il est possible de le percevoir également comme une adaptation culturelle, où les individus créent de nou‐velles normes et pratiques adaptées aux besoins de la société (les jeunes générations peuvent conserver des éléments de la culture locale tout en intégrant des aspects des technologies modernes). Pour évaluer pleinement l’impact de cette transforma‐tion, des études sociologiques et anthropologiques longitudi‐nales seraient nécessaires pour analyser comment ces mariages numériques influen‐cent la transmission culturelle et la cohésion sociale dans la société djiboutienne.

Dr Sagal MOHAMED DJAMA est enseignante‐chercheure en anthropologie sociale à l’Université de Djibouti. Elle a une formation de base en histoire des civilisations arabo‐musulmanes à l’époque médiévale. Elle a également été formée au traitement des sources historiques anciennes, aux techniques de conservation du patrimoine culturel matériel et immatériel. Madame MOHAMED DJAMA est spécialiste de l’anthropologie historique et de l’histoire médiévale de la Corne de l’Afrique. Elle travaille notamment sur des questions portant sur le changement social, les systèmes socio‐politiques des sociétés traditionnelles Est‐Africaines, de ses modalités de transmission et de patrimonialisation. Ses travaux de recherche portent également sur les dynamiques culturelles à Djibouti et dans la Corne de l’Afrique depuis plus de 10 ans. Elle est actuellement directrice du Centre de Recherche en Sciences Humaines, Langues et Littératures (CrSHSLL) de l’Université de Djibouti

Once completed, the Djibouti Towers will be the tallest complex of skyscrapers in Africa. The 43-story building is comprised of three volumes, each one honoring the national symbols of the country. The towers are excepted to become a high-rise cultural and business center, hosting boutiques, restaurants, cinemas, a hotel, and concert and exhibition halls.

CHRONIQUES DJIBOUTIENNES

IL EST TEMPS PEUT-ETRE POUR NOS CHERCHEURS DE SE SAISIR DE L’OBJET SOCIAL

“Toute société évolue. C’est une règle qui ne souffre pas d’exception. Sauf que dans notre pays où les phénomènes sociaux sont rare‐ment quantifiés, compilés et in‐terrogés, il est plus que difficile de dresser une cartographie des évolutions sociologiques et so ‐ciétales en cours. Il est plus que difficile de «publiciser» ces évo‐lutions.

Pour mieux conscientiser la po‐pulation sur ses impacts et ses conséquences. Quelques fois, une étude, commanditées par la banque mondiale ou par je ne sais quelles autres institutions, nous réveille de notre torpeur et nous donne à voir sur les chan‐gements «socioéconomiques». Le reste du temps, nous retour‐nons à nos ténèbres. Nous man‐quons de grilles de lecture, d’instruments pour explorer les entrailles de notre société. Or sans thermomètre ni baro‐mètre comment s’enquérir du corps social? Comment être éveillé à ses soubresauts, à ses régressions comme à ses pro‐gressions?

Aujourd’hui la mode est aux ré‐seaux sociaux. Sans nous renseigner sur la pro‐fondeur et les tendances lourdes, ses snipers, ses influen‐ceurs et ses followers nous plon‐gent dans «l’ère de l’éphémère».

Un accident, un mariage, un décès, tout est happé en instan‐tané, créant une émotion, aussi fugace que superficielle et indui‐sant ainsi l’illusion d’une com ‐munion. Les réseaux sociaux fonctionnent comme un im‐mense masque uniformisant, plaqué sur la complexité de notre société.

Il est temps peut être pour nos chercheurs de se saisir de l’objet social et d’en dégager les diffé‐rents paradigmes qui structurent sa trajectoire. De voir ainsi peut être l’hybridation de notre so‐ciété, tiraillée dans sa double identité : nomade et urbaine à la fois. De décrire ainsi les méca‐nismes en œuvre qui luttent contre les pesanteurs tradition‐nels, sans pour autant céder à l’apesanteur de la modernité. De se rendre compte enfin que les cadres étriqués des communau‐tés s’imbriquent, doucement mais surement, dans un cadre plus large et plus aéré, de com‐munauté nationale. Ces conclu‐sions sont de l’ordre de ressenti Elles ne sont étayées par aucune statistique, par aucune étude quantitative ou qualitative. Elles peuvent néanmoins servir d’hypothèses de travail pour nos jeunes chercheurs, à l’université ou ailleurs.

A bon entendeur salut !

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DIRECTION DE LA POPULATION

LA CNC RENFORCE LES CAPACITÉS DES MÉDIAS NATIONAUX

Du 12 au 19 novembre dernier s’est déroulé dans l’enceinte de la Commission Nationale de la Communication un atelier de formation pour les photographes et les pilotes de drones. La formation était décernée par un photographe international de renommé monsieur Patrick Robert.

Pendant huit jours, les photographes et les pilotes de drones ont alterné les cours théoriques avec des activités pratiques sur le terrain. De l’avis des bé‐néficiaires eux même, la for‐mation leur a permis de se familiariser avec des tech‐niques qui leur faisaient dé ‐faut «j’ai beaucoup appris surtout sur le cadrage et l’utilisation de la lumière» nous explique Saïd photographe à

la Nation.

De même que pour les photo‐graphes, les dronistes eux aussi ont pu bénéficier des cours sur la configuration de leurs appareils complétés par des activités pratiques sur le terrain «grâce à cette formation je maitrise plusieurs paramètres qui rentrent en considération dans le pilotage d’un drone pour produire différents plans vidéo» s’enthou‐siasme houssein.

Outre les aspects techniques, la formation a été l’occasion, surtout pour les pilotes de drones, de se familiariser avec les règles de sécurité et les normes prudentielles. L’atelier a aussi servi d’occasion pour les participants de découvrir les innovations technolo ‐giques comme l’assistance par l’intelligence artificielle ou des logiciels et autres applications qui facilitent le travail de pho‐toreporter.

ENTRETIEN AVEC PATRICK ROBERT

Vous avez animé un atelier de formation pour les photographes et les pilotes de drone du 11 au 19 novembre. Quelle est votre impression d’ensemble ?

J’ai été surpris par le nombre de participants et par la grande at‐tention qu’ils ont manifestés. J’ai remarqué beaucoup de motiva‐tion et une grande soif de connais‐sances techniques. Ils avaient beaucoup d’interrogations parfai‐tement légitimes, et j’ai essayé d’y répondre au mieux. Bien que le matériel de prise de vues dont ils disposent est assez ancien et dis‐parate, il y a moyen d’exploiter au mieux leurs caractéristiques. Il se‐rait souhaitable d’harmoniser cet équipement et de le mettre à jours, mais avoir un matériel plus récent ne dispense pas de connaî‐tre les fondamentaux de la photo‐graphie. On peut être un mauvais photographe avec un matériel neuf !

Quel était le contenu de cette formation ?

Comme le niveau de connaissance était assez variable d’une per‐sonne à l’autre, je suis parti des fondamentaux de la photogra ‐phie, qui s’appliquent aussi à la vidéo et au drone.

Comprendre les principes tech‐niques de base permet de pouvoir

résoudre par soi‐même les pro‐blèmes qui peuvent se poser par la suite. Ils sont donc incontour‐nables. Nous avons vu comment configurer son appareil et la fonction des différents boutons de réglage. Nous avons abordé également les problèmes liés à la lumière, à l’éclairage. Com‐ment tenir compte de la lumière existante, en tirer profit, et si né‐cessaire, comment en ajouter. Nous avons aussi étudié les rè‐gles de cadrage, de mise en va‐leur du sujet, de prêter attention aux perspectives, aux lignes fortes, à l’équilibre des volumes. Il est également utile d’apprendre à éditer ses reportages pour sélec‐tionner les images importantes afin de servir la narration de l’his‐toire, et savoir les corriger avec son ordinateur pour qu’elles soient parfaites. Il faut aussi organiser ses archives dans un système cohérent pour pouvoir retrouver les images faci‐lement dans le futur, et les sauve‐garder sur d’autres support. Pour les dronistes, nous avons abordé ses problèmes de configuration, les réglages divers de la machine et aussi des appareils photo/vidéo embarqués. Nous avons aussi dé‐crit les différentes manœuvres existantes pour produire des plans vidéo utilisables dans un repor‐tage télévisé ou un documentaire. Il faut aux dronistes faire beau ‐coup d’exercices afin de maitriser ces manœuvres très délicates.

Tout cela est très technique et constitue une large gamme de connaissances incontournables quand on est professionnel.

Aujourd'hui avec internet et les réseaux sociaux l'image prend une place centrale dans la communication. Est ce que cela impacte la façon de prendre des photos ?

Mis à part le fait que les réseaux sociaux utilisent principalement des images verticales en format «portrait», les fondamentaux de la photographie sont incontourna‐bles. Cependant les réseaux so ‐ciaux utilisent surtout des contenus provenant de l’appareil photo des smartphones, qui sont optimisés pour cela. Les images produites par les téléphones sont flatteuses et suffisantes sur un petit écran, mais ne sont pas utili‐sables en impression dans la presse car leur capteur est trop petit et les fichiers trop légers. Les influenceurs tournent leurs contenus sans aucune connais ‐sance de la photographie, et pour‐tant ils sont de bonne qualité technique. Les grands groupes in‐dustriels qui communiquent sur les réseaux sociaux utilisent du personnel affecté uniquement à cela, et travaillant avec des smart‐phones. Mais ils u tilisent aussi souvent des images produites par des photographes professionnels.

DOUGOUM, UN MODÈLE D’ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE

A17 km de la ville blanche, en bifur‐quant à gauche de la route Tadjourah‐Balho vers Randa, le village exotique de Dougoum, archétype de déve‐loppement local intégré, in ‐terpelle. Par le passé, Dougoum était autrefois un paisible village où la vie pastorale se confondait harmonieusement dans un décor panoramique excep‐tionnel. La spécificité de ce vil‐lage réside dans sa préservation de son héritage culturel, traditionnel, artisa‐nal et son mode de vie ances‐tral tout en préparant les prémisses et les voies vers un développement intégré ac‐compagné. Aujourd’hui, en peu de temps, la donne a changé. Tel un miracle, Dou ‐goum est devenu une localité autonome de référence et in‐contournable grâce à son ac‐tivité touristique, son puits, son école, son usine de fro ‐mage naturel de chèvre, son

périmètre agricole et son arti‐sanat.

Masso-Daoud, le maestro de Dougoum Ce développement n’aurait pas vu le jour sans l’implica ‐tion et l’abnégation de cer‐tains acteurs locaux engagés pour la cause du village dans un dépassement de fonction. Quand il y’a une entente cor‐diale entre notables, femmes et jeunes, la mécanique du développement d’un espace promu s’enclenche de son propre gré. Une fois sur le chemin, plus rien ne peut es‐tomper la marche inexorable vers le progrès.

Parmi les pièces maitresses de cette épopée d’un village amené à supplanter les locali‐tés voisines dans un proche avenir, mention spéciale à Daoud Ahmed connu sous le sobriquet de Masso ‐Daoud, président légendaire de l’as‐sociation des habitants de Dougoum fondée en 2013.

Par son esprit de résilience, de persévérance et un trop plein d’optimisme débon‐naire, Daoud reflète à lui seul le corps, l’esprit et l’âme du village de Dougoum. Daoud Ahmed est donc l’ambassa‐deur de ce village de charme qu’il a su nouer et renouer au monde entier de par son aura et son humilité envoutante. Loin d’être une tare, son dou‐ble handicap, handicapé et hémophile, constitue au‐jourd’hui plutôt une force pour persévérer, percer et perdurer malgré les sirènes du désespoir qui résonnaient dans ses tampons toutes les fois où ses doléances res ‐taient lettres mortes.

Daoud Ahmed s’est magistra‐lement illustré d’une manière ou d’une autre dans le déve‐loppement de son village quelque soit le domaine en question. De la fromagerie, à la création du forage en pas‐sant par les autres activités communautaires, cet homme est le symbole de l’action so‐ciale d’utilité publique. En dé‐marchant individuellement, en toquant des portes des hauts responsables politiques et institutionnels, posant des courriers ça et là dans n’im ‐porte quelle instance et le tout au gré des navettes occa‐sionnelles et difficiles opérées entre la capitale et le village, le destin pour Dougoum s’est accompli de lui‐même comme une félicitée. A Daoud revient

tout le mérite. A tout seigneur, tout honneur ou encore mieux, à cœur vaillant, rien d’impossi ‐ble.

Des traces visibles de développement local et communautaire

Dans le paysage entrepreneurial djibou tien, le fromage de Dou‐goum fait figure d’exception à cause de sa production natu ‐relle. Ce type d’initiative original est encore une idée de génie de Daoud qui rappelle comme un leitmotiv « Je préfère ce fromage à la vache qui rit, ou aux autres fromages importés ». Toutefois, afin de donner un sens à ce reve, il faut transcender le simple stade de la production artisanale et locale du fromage et lui oc ‐troyer avec le temps une dimen‐sion industrielle. Grace au fromage naturel de chèvre, les habitants de Dougoum rempor‐tent le Grand Prix du Chef de l’Etat.

Dougoum est aussi un modèle de développement, un village où développer des pratiques et des cultures d’autonomie sont pré ‐pondérantes pour la commu ‐nauté telles que les jardins communautaires, le tourisme in‐tégré, l’artisanat et l’apiculture. Ainsi, le but est de chercher à proposer aux habitants un style de vie éco‐responsable de ma‐nière consentie et naturelle. Par exemple, des poubelles ont été installées devant chaque maison pour y mettre des ordures, dé‐chets plastiques et autres objets néfastes pour le bien‐être com‐munautaire et pour améliorer l’hygiène de vie.

Quant au jardin communautaire, il est la propriété de toute la communauté de Dougoum. 23 femmes se partagent ce jardin et

gèrent des petites parcelles où elles cultivent ce que bon leur semble. Des foins nourrissent le cheptel, la culture maraichère devient une évidence, la culture des fruitiers n’est pas en reste. L’inauguration d’un forage tou ‐jours attendu permettra à la po‐pulation de se lancer dans des activités agricoles plus larges au point où la localité de Dougoum risque de voler la vedette aux autres en devenant le premier grenier de la région par sa proxi‐mité avec la ville de Tadjourah, surtout grâce à l’engagement sans faille de sa communauté. Enfin, un conteneur frigorifique fonctionnant à l’aide de l'énergie solaire a été installé par l'Al ‐liance Solaire Internationale, l’ISA. D'une capacité de 3 KWC, cette salle froide dispose d’une autonomie de batteries de plus de 10 heures. A l’avenir, elle va permettre le stockage dans le froid de plus de 2 tonnes de pro‐duits laitiers, fromagers, fruitiers et maraichers ainsi que les viandes. Etancher la soif des ha‐bitants en fournissant de l’eau fraiche en période estivale est aussi une opportunité dont peut se targuer le village. Le conte‐neur frigorifique bénéfique à la population locale va aider à dé‐velopper des activités généra‐trices de revenus dans le village, notamment dans la produc tion de fromage de qualité.

L’Association les abeilles de Dougoum

De par son rayonnement et son aura qui l’a propulsé au devant de la scène nationale, le village de Dougoum dispose au ‐jourd’hui de plusieurs associa ‐tions amies dans le pays et à l’extérieur, surtout en France où l’association les abeilles de Dou‐

goum fondée par Jean‐Marie Marie‐France Claudé, originaires du village français de Châte ‐laillon‐Plage, travaille d’arrache‐pied pour aider le plan de développement local de Dou‐goum. Dougoum‐Châtelaillon est donc une histoire d’amitiés soli‐daire qui s’est prolongée dans le temps et dans l’espace et qui a bénéficié d’un vaste réseau de relai d’amis français résidents à Djibouti. En 2011, les fondateurs de l’as‐sociation acceptent d’enseigner à l’école de La Nativité à Djibouti. Leur premier passage à Djibouti datait des années 70. C’est Fran‐çois Turpin, leur collègue qui leur parle en premier de Dougoum, un village au nord du golfe de Tadjourah qu’il avait découvert au cours d’un trek. C’est à partir de ce moment qu’un système de solidarité sera mis sur pieds pour drainer toute forme d’aide vers le village de Dougoum et dans tous les domaines, à savoir la promotion de l’école, de l’artisa‐nat, la quête de l’eau par la créa‐tion des forages, la valorisation des potagers, etc.

Par le biais de cette ONG fran‐çaise, Dougoum va bénéficier de la visibilité médiatique qui lui permet de s’appuyer sur un ré‐seau de relai solidaire. Les ac ‐teurs de ce village, encensés par conséquent, ont du trouver par eux même des voies et moyens pour se renforcer. A cet élan, s’ajoutent la mobilisation et la prédisposi tion des acteurs éta‐tiques et autres institutions telles que le ministère de l’Ener‐gie prêt à aider à tout moment ou encore l’ONG Al‐Rahma Inter‐nationale de l'état du Koweït qui vient d’inaugurer tout récem‐ment dans le village la cité rési‐dentielle d’Al‐Houda.

LA POSTE DE DJIBOUTI

MONTE EN FLÈCHE

!

Selon un rapport réalisé par un cabinet d’audit et d’expertise juridique de renommée mondiale, la Poste de Djibouti s'est distinguée en se classant à la 21ème place parmi 198 opérateurs postaux. Cet exploit remarquable mérite d’être salué, tant pour leur audace à se positionner parmi les géants du secteur postal, que pour leur ambition affichée de ne pas se laisser impressionner, mais à l’inverse, de devenir un modèle de leadership sur les marchés régional et international. Cette reconnaissance est, en grande partie, due au Directeur Général de la Poste de Djibouti, M. Bahnan Ali Maidal.

En effet, grâce à une vision définie par le Président de la République et sou‐tenu par l'ensemble des postiers, postières et usagers Djibou tiens, le Directeur Maidal n'a pas ménagé ses efforts, ses 10 dernières années, pour satisfaire notre po‐pulation et faire rayon‐ner notre pays.

Cela s'est traduit par des investissements significa‐tifs dans les infrastruc ‐tures et les technologies, mais aussi par l'ouver‐ture de l'institution à des partenariats stratégiques pour accroître son im ‐pact à l’échelle mondiale.

RETOUR SUR LES NOMBREUSES INITIATIVES À L’ORIGINE DE CE SUCCÈS

Vers une modernisation des infrastructures

Fournisseur de services postaux depuis 1882, la Poste de Djibouti n’a cessé d’évoluer avec les réalités économiques et sociales du pays. Et avec l’usage massif d’Internet et la multiplication de dispositifs tactiles de tout genre, notre agence postale a fait le choix de moderniser ses infra‐structures pour répondre aux besoins des usagers et pouvoir continuer d’agir sur un marché devenu de plus en plus compéti‐tif.

Pour ce faire, 3 grandes actions seront mises en place : l’accent sur le service clientèle, l’installa‐tion de systèmes d’information et le respect des normes en vigueur en termes de services postaux. Lorsqu’on circule en ville, la façade orangée du bâti‐ment de la Poste de Djibouti est

un décor qui ne passe pas inaperçu. L’architecture mo‐derne est à l’image de ce que l’institution veut transmettre, un service moderne et de qualité. Et c’est dans ce sens que l’aspect clientèle est une partie inté‐grante du changement car l’agence postal veut faire des usagers, une part intégrale de leur réussite et en offrant une assistance beaucoup plus appuyée dans un cadre plus bienveillant, le mot circule que la Poste est pour les Djibou tiens avant tout !

Dès l’entrée, une équipe de buraliste dans un décor portant les couleurs familières de la Poste, accueillent le grand public avec une efficacité sans précè‐dent et un savoir‐faire qui allient convivialité et professionna ‐lisme.

Tout est structuré au sein des bureaux de Poste en ville, comme dans les régions, pour fa‐ciliter les démarches administra‐tives du quotidien. On y entre aussi rapidement qu’on en sort

et cette nouvelle façon de consommer fait écho à notre réalité accélérée et tout numé‐rique.

Un centre d’appel sera ainsi mis en place pour réceptionner les réclamations ou toute autre question des clients, un critère non négligeable et qui explique en partie le rang que la Poste oc‐cupe dans le classement mondial Mais ce n’est pas tout. Le travail de forme n’est qu’une partie de l’iceberg.

En coulisse, des solutions inno‐vantes sont mises en place pour placer le numérique au cœur des performances.

En effet, pour améliorer leur per‐formance en termes de sécurité, de gestion et de fiabilité, la Poste se dote de plusieurs systemes d’information et d’appuis locales.

Un système digital de suivi sera, par exemple, mis en place pour suivre en temps réel les colis et ainsi, renforcer la traçabilité et accroitre la confiance des usa‐gers

Mais également, en travaillant étroitement avec les autorités douanières, la Poste va amélio‐rer les délais de livraison. Ce qui se traduit, sur le terrain, par la présence en continu d’une équipe douanière au sein des locaux.

Une collaboration fructueuse, à notre plus grand bonheur et qui a permis aussi de fluidifier le flux de colis dans la ville.

Qualité des services, innova‐tion technologique, efficacité opérationnelle, autant de conditions réunies pour répon‐dre efficacement aux normes de l’union Postale Universelle et en général, aux meilleures pratiques universelles en vi‐gueur.

C’est pourquoi, son rang a la 21eme place sur le classement CWR est à la fois un indicateur de performance et un symbole de son engagement à se posi‐tionner et à impacter à l’inter‐national.

Classement publié par le CWR / La Poste de Djibouti

Un impact international et régional renforcée

En plus de recevoir cette dis‐tinction par laudit CWR, la Poste de Djibouti mise toute sa stratégie sur la négociation avec des partenaires locaux et internationales en faveur du grand public.

Le lancement de e‐souq en est une preuve : grâce à ce service innovant, les Djiboutiens peu‐vent désormais être connecté aux entreprises internationales qui proposent des produits par

le biais de plateformes en ligne. Une ini tiative louable qui renforce la relation client et le e‐commerce à Djibouti. Dans le même genre, l’agence postale a lancé cart’in djibouti Amazone : un service destiné à faciliter les achats en ligne en commandant directement sur amazon.fr.

Sur le plan local, la Poste s’est également associé avec des banques de la place dont no ‐tamment CAC BANK, pour faci‐liter le paiement en ligne a travers des cartes prépayées.

Leur contribution impacte, par ailleurs, considérablement l’ar‐tisanat local grâce à la mise en vente de produits locaux sur les guichets de la Poste. Cette action est renforcée par l’orga‐nisation de journées portes ouvertes où les artisans sont invités à présenter leur savoir‐faire au grand public.

Ces événements, qui attirent, chaque année, une forte parti‐cipation des Djibou tiens,

offrent également l’opportunité de présenter les artisans aux dé‐légations internationales en poste ou en visite à Djibouti. A travers ces nombreuses réali‐sations, la Poste de Djibouti illus‐tre la vision d’un pays qui aspire à être à l'avant‐garde de l'inno‐vation tout en préservant ses sa‐voir‐faire traditionnels.

Participation à la concrétisation du Plan national Egouv Cette vision est celle élaborée par le Président de la République sous le plan national Egouv pour amener Djibouti vers la mutuali‐sation des ressources informa‐tiques : une stratégie complète de digitalisation des services pu‐blics qui vise à faciliter l’accès aux documents administratifs

aux Djibou tiens dans tout le territoire.

L’ANSIE va ainsi accompagner la Poste de Djibouti et mettre en‐semble en place des mesures concrètes.

Parmi ces mesures, nous retrou‐vons la mise à disposition du site de la poste d’Eingella chargé de la délivrance de documents judi‐caires ou autres (Préfecture, ANPH) mais aussi la création du tout premier et seul guichet en ligne dédié a la gestion et l’obtention des documents administratifs. Ces ini tiatives marquent une étape importante dans la modernisation des services publics à Djibou ti, et positionnent la Poste comme un acteur clé du développement du pays.

Pour soutenir davantage la poli‐tique nationale de digitalisation, l’institution a également signé un partenariat avec Lleida, une multinationale spécialisée dans l’identification numérique, afin de mettre aux normes euro‐péennes les activités tradition‐nelles de la Poste.

Toutes ces avancées sous le signe de l’innovation n’ont qu’un seul objectif : faire de la Poste de Djibouti un levier de développe‐ment économique et sociétal et le faire savoir !

Plus qu’une agence, la Poste veut marquer les esprits et la trajectoire du pays.

C’est pourquoi celle ‐ci, sous la Direction d’un leader motivé, continue d’évoluer et aider notre pays à atteindre des sommets… insoupçonnés.

INTERVIEW DU DIRECTEUR DE LA POSTE M. BAHNAN ALI MAIDAL

Selon l’audit 2024 du cabinet PWC, votre institution a été positionnée à la 21e place dans le classement mondial des services postaux. Qu’est-ce que cela représente pour vous et votre équipe ?

C'est un immense honneur et une grande fierté pour toute l'équipe de La Poste de Dji ‐bouti. Passer de la 180e place en 2013 à la 21e place en 2024 sur 198 pays membres est une reconnaissance importante de notre travail. Ce classement met également en évidence notre 5e position en Afrique et notre 5e position parmi les pays du groupe arabe, ce qui souligne notre progression re‐marquable au niveau régional. Cela récompense les efforts déployés par nos équipes pour moderniser nos infrastruc‐tures, améliorer la gestion des délais de livraison et renforcer notre service client. Ce classe‐ment nous motive à maintenir notre position et à poursuivre notre évolution.

Depuis la création du site «Maison du citoyen», vous œuvrez sans relâche pour nous tenir informés en ligne des nouvelles prestations de services disponibles. L’information semble être d’une importance capitale pour vous. Pourquoi ?

Pourquoi l’information est‐elle si importante ? Parce qu’un ci‐toyen bien informé est un ci ‐toyen autonome, c'est pour cette raison que nous avons fait de la communication et de la transparence des priorités dans toutes nos démarches. Permettez‐moi d'expliquer pourquoi. Lorsque nous avons conçu le Centre de Services aux Citoyens (CSC), notre idée de base était de répondre à un besoin pressant : améliorer l'accès aux services publics, surtout pour ceux qui vivent dans des zones éloignées ou mal desservies. Vous le savez, avant, nos citoyens devaient souvent se déplacer d'une ins‐titution à l'autre pour obtenir des documents ou accéder à

des services spécifiques. Cela créait des inégalités et beau‐coup d’inconforts.

C’est là que l'information prend tout son sens. En four‐nissant des informations claires, actualisées et accessi‐bles via des plateformes comme « Maison du citoyen », nous permettons à tous les ci‐toyens, qu’ils soient dans les villes ou dans les régions plus reculées, de savoir exactement quels services sont disponi ‐bles, comment y accéder et quelles démarches ils doivent effectuer. Cela leur permet de se préparer en amont, de ré‐duire leurs déplacements, et même, pour certains services, de tout faire en ligne.

Nous avons ainsi renforcé cette démarche avec nos par‐tenariats stratégiques, notam‐ment avec l'Agence de Réhabilitation Urbaine et du Logement Social (ARULOS) par l’utilisation des guichets de La Poste afin d'intégrer les ser‐vices et procédures de Cession amiable de titre foncier aux usagers dans le but d'accroitre l'accès desdits services au ni ‐veau de la Capitale de Djibouti et le mécanisme de gestion des plaintes (utilisation d’une hotline pour la gestion des Plaintes) et intégration des opérations de Suivie et évalua‐tion pour ADR, grâce a notre service POST‐CALL qui facilite la communication directe entre les citoyens et l’Agence des Routes, assurant un traite‐ment rapide et efficace des plaintes.

“ “

Notre ambition est claire : devenir le coursier officiel de l'État et des entreprises, en leur offrant des services logistiques de premier plan, adaptés aux défis de demain.

Tout cela renforce encore plus notre rôle de facilitateur entre les citoyens et l’administration.

La mise à disposition de produits artisanaux pour la vente au grand public dans les bureaux de poste et ce, depuis 2023 témoigne de votre réel engagement en faveur de nos artisans Djiboutiens. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le sujet ?

Effectivement, depuis 2019, La Poste de Djibouti a pris des ini‐tiatives importantes pour soute‐nir les artisans locaux. Nous avons commencé par offrir aux artisans djibou tiens une vitrine dans nos bureaux de poste, leur permettant d'exposer et de ven‐dre directement leurs produits aux guichets. En 2020 et 2021, nous avons également abrité, dans nos locaux, la première et la deuxième édition du "Marché des Artisans", un événement qui a rassemblé les artisans pour promouvoir leurs créations au‐près du public. Ces éditions ont été un véritable succès, renfor‐çant notre engagement à les soutenir.

Cette année, La Poste de Djibouti innove en offrant aux Djiboutiens la possibilité de commander sur

Amazon, sans avoir besoin d'une adresse à l'étranger. Un service révolutionnaire pour un marché où les livraisons directes étaient jusqu'ici limitées. Comment pensez-vous que cette nouvelle offre influencera le quotidien des consommateurs locaux. Oui, la Poste de Djibouti a effec‐tivement franchi une étape im‐portante cette année en signant un partenariat stratégique avec CART'IN, un prestataire logis‐tique partenaire d'Amazon. Grâce à cet accord, les Djibou‐tiens ont désormais accès à plus de 300 millions d’articles dispo‐nibles sur Amazon, sans avoir besoin d'une adresse à l’étranger pour recevoir leurs commandes. Ce nouveau service permet aux consommateurs locaux d’acqué‐rir des produits qui ne sont pas disponibles sur le marché dji ‐boutien, et cela à des tarifs com‐pétitifs. En outre, toutes les commandes respectent les ré‐glementations douanières et de transport, ce qui garantit une li‐vraison sécurisée et fiable. Cette initiative contribue à diversifier l’offre de produits, mais aussi en facilitant l’accès à des biens qui étaient auparavant hors de por‐tée. Elle permet également aux Djiboutiens de profiter des avan‐tages du e‐commerce mondial, tout en restant connectés aux réalités locales en matière de lo‐gistique et de transport.

Enfin, comment envisagezvous, Monsieur le Directeur, l’avenir de la Poste de Djibouti dans les 5 ans à venir, en tenant compte des défis liés à l’ère digitale ?

L’avenir de La Poste de Djibouti s'inscrit dans une vision ambi ‐

tieuse, avec des projets inno‐vants pour renforcer notre rôle dans le développement écono‐mique du pays. En 2025, nous prévoyons de lancer une banque postale. Ce projet nous permet‐tra de devenir un véritable pôle public bancaire, accessible à tous les Djiboutiens, en particu‐lier ceux qui sont en dehors du système bancaire traditionnel. Notre objectif est d'offrir des services financiers adaptés aux besoins de la population et des entreprises locales, en apportant des solutions modernes et inclu‐sives.

Parallèlement, nous souhaitons devenir un pôle logistique ma‐jeur pour le e‐commerce, en ren‐forçant notre rôle dans l'acheminement des colis à tra‐vers notre réseau international. Nous voyons un grand potentiel dans l'expansion du commerce électronique à Djibouti et envi‐sageons d'établir des entrepôts pour des plateformes parte‐naires, telles qu'Amazon ou AliExpress, pour faciliter la vente vers les territoires voisins. En of‐frant des solu tions de livraison rapides et fiables, nous soute ‐nons non seulement la crois ‐sance du e‐commerce, mais également le positionnement stratégique de Djibou ti dans la région.

Enfin, La Poste de Djibouti pour‐rait également explorer la créa‐tion d’un pôle d’assurance public, offrant des services d'as‐surance accessibles à la popula‐tion. Cela s'inscrit dans notre vision de diversification des ser‐vices publics et de contribution au développement économique global du pays.

CHRONIQUE DU MONDE

DE L’EN-SOI AU POUR-SOI DE LA CULTURE AFRICAINE

La culture en question

La culture n'est pas une caractéris‐tique innée chez l'être humain ; elle ne réside pas dans son patri‐moine génétique. L'humanité d'un individu ne se manifeste pas sim‐plement par ses gènes, mais par l'héritage culturel qu'il reçoit et in‐tègre. Pour prétendre à l'état d'homme accompli, il est néces ‐saire de s'approprier cet héritage culturel qui, en un sens, le déna ‐ture de sa condition purement na‐turelle.

Elle est également profondément liée à l'action. L'individu accompli doit pouvoir assumer librement ses responsabilités ; il n'y a pas d'épanouissement humain sans cet effort continu pour compren ‐dre les enjeux sociaux, culturels, économiques et politiques, et pour y participer. La culture intervient comme un filtre qui transforme et enrichit nos comportements innés. Cependant, l'ethnocentrisme met en lumière les différences entre les cultures et tend à hiérarchiser les individus en fonc tion de ces dis ‐tinctions. C'est pourquoi certaines civilisations, notamment occiden‐tales, considèrent la différence cul‐turelle comme un indicateur de développement, évaluant la valeur d'autres cultures selon leurs pro ‐pres critères.

L’acculturation en réponse

Les principaux processus d’accultu‐ration en jeu dans les rencontres interculturelles sont le décalage culturel, la résistance et l'intégra‐tion. Ils sont complexes et multidi‐mensionnels, influencés par des facteurs tels que le pouvoir, la do‐mination culturelle, les politiques d'assimilation ou de multicultura‐

lisme, et les attitudes individuelles envers la diversité.

En 1964, l'Université de la Sor‐bonne a reconnu l'importance cru‐ciale de ces efforts en créant une chaire dédiée à l'«Histoire de l'Afrique». La même année, l'UNESCO a souligné la nécessité impérative de créer une collection intitulée « Histoire générale de l'Afrique ». Il s'agissait de corriger les distorsions et les omissions du passé, en valorisant les civilisa ‐tions, les empires, les traditions orales et les contribu tions du continent à l'histoire mondiale. Mais comme le soulignait avec élo‐quence l’écrivain nigérian Chinua Achebe, « Tant que les lions n'au‐ront pas leur propre historien, l'histoire de la chasse glori fiera toujours le chasseur ». Cette cita‐tion rappelle l'importance cruciale pour les Africains de prendre en main la narration de leur propre histoire, afin de rompre avec les ré‐cits unilatéraux qui ont trop sou ‐vent glorifié les colonisateurs tout en minimisant les cultures et en dénigrant les réalisations afri ‐caines.

À l'ère actuelle, l'acculturation prend des formes nouvelles, impli‐cites, insidieuses et sournoises, se déployant à travers une variété de supports et d'accords rédigés avec la plume du chasseur. Ces méca ‐nismes subtils infiltrent nos socié‐tés par le biais de médias divers, de poli tiques culturelles et d'en ‐tentes internationales, façonnant les mentalités sans que l'on en soit pleinement conscient. Cette acculturation moderne est d'autant plus pernicieuse qu'elle se présente sous le masque de la mondialisation, du progrès ou de

la coopération internationale. Les accords écrits toujours avec la plume du chasseur symboli‐sent cette asymétrie. L'accultu‐ration contemporaine, bien que moins visible que par le passé, n'en est pas moins in ‐fluente. Elle agit en profondeur, modi fiant les structures so‐ciales et les imaginaires collec‐tifs.

L’arbre à palabres

L'Afrique possède un système de prise de décision ancestral : la décision sous l'arbre à pala‐bres. Ce lieu emblématique, vé‐ritable symbole de sagesse collective et d'échange démo‐cratique, incarne une forme de gouvernance participative où la parole est donnée à chacun, fa‐vorisant le consensus et l'har‐monie sociale. Le système de la palabre est le reflet d'une phi‐losophie sociale où le dialogue, l'écoute et le respect mutuel sont primordiaux. Les décisions ne sont pas imposées de ma ‐nière unilatérale, mais résul‐tent d'une concertation approfondie, où les avis de tous les membres de la commu‐nauté sont pris en compte. En redécouvrant et en valorisant cet héritage culturel, l'Afrique a l'opportunité de renforcer ses institutions tout en honorant ses traditions ancestrales. Ce processus de prise de déci‐sion ne se limite pas à l'Afrique ; il s'observe égale‐ment dans d'autres sociétés, notamment au Japon, où pré ‐domine le système du ringisei. Ce modèle décisionnel japonais met l'accent sur la participation collective et le consensus à tous les niveaux hiérarchiques, reflétant une culture profondé‐ment ancrée de collaboration et de respect mutuel.

FALASTINE !

La force du Japon réside avant tout dans sa richesse culturelle, qui imprègne profondément tous les aspects de la société, y compris le monde des affaires. Cette puissance n'est pas le ré‐sultat d'une occidentalisation ou d'un abandon de leurs tradi‐tions ancestrales. Bien au contraire, la culture japonaise demeure une référence incon‐tournable en matière de capa‐cité à organiser, à informer, à réfléchir et à agir.

La culture-développement

La culture, nul n'en doute, a joué un rôle déterminant dans la libération de l’Afrique, et un véritable développement s’avère de plus en plus intrinsè‐quement lié à sa promotion. On établit, presque instinctive‐ment, un lien étroit entre la cul‐ture et le développement, non seulement en Afrique, mais également à l'échelle mon‐diale. La culture ne se limite pas donc à un ensemble de tradi ‐tions ou de coutumes ances ‐trales ; elle englobe également les valeurs, les savoirs, les modes de pensée et les expres‐sions artistiques qui façonnent l'identité d'un peuple, pour au‐jourd’hui et pour demain. Elle est le socle sur lequel peut s'édifier un développement au‐thentique et durable, en har‐monie avec les aspirations profondes de la société. La ré‐silience, dans ce contexte, doit être comprise comme la capa‐cité remarquable d'une per‐sonne ou d'un groupe à, non seulement, bien se développer, mais aussi à continuer à se pro‐jeter positivement dans l'ave‐nir, et ce, malgré la présence d'événements profondément déstabilisants, de conditions de vie ardues ou de traumatismes

parfois sévères. Elle implique la faculté de transformer les épreuves en opportunités de croissance et d'épanouisse ‐ment. Pour cela, il faut se libé‐rer des chaînes invisibles de l’oppression intellectuelle.

De l’en-soi au pour-soi L’esprit entreprend un voyage vers l'autonomie de la pensée. Distinct de l'en‐soi, qui repré‐sente l'existence brute et non consciente des choses, le pour‐soi désigne ce qui confère à un être la conscience de sa propre existence, et est donc intrinsè‐quement lié au recentrage de l'être sur sa singularité, sur sa particularité propre. Il incarne la prise de conscience indivi ‐duelle, l'affirmation de soi en tant qu'entité unique, dotée d'une histoire, d'une culture et d'une identité distinctes. Ce cheminement vers une liberté intérieure, où l'individu, affran‐chi des contraintes aliénantes, peut s'affirmer pleinement et participer activement à la construction d'un monde plu ‐riel et harmonieux. La décolonisation mentale re‐présente donc un processus crucial d'émancipation intellec‐tuelle et spirituelle, où l'indi ‐vidu se libère des schémas de pensée imposés par les sys‐tèmes coloniaux et néocolo ‐niaux. Cette démarche est une affirmation de la liberté intrin‐sèque de l'homme, telle que décrite par les philosophes existentialistes comme Jean‐Paul Sartre. L'homme n'est pas simplement un objet passif soumis aux déterminismes ex‐ternes ; il est un sujet actif ca‐pable de transcender son état actuel, de créer ses propres va‐leurs et de donner un sens unique à sa vie.

TRUMP II RETOUR VERS LE FUTUR

“ “ Une élection qui bouleverse les équilibres mondiaux, où chaque promesse et chaque politique de Donald Trump résonnent bien audelà des frontières américaines, redéfinissant les relations internationales et les dynamiques de pouvoir.

De quoi est le nom l’élection de Donald Trump ? Celui que les médias mains‐tream ne cessaient de diaboliser, le comparant même à Hitler pour certains, a fini par remporter haut la main le suffrage des américains.

Face à lui, Kamala Harris candidate démocrate de substitution dont le programme se résumait à être la première femme noire à devenir pré‐sidente des Etats Unis. Après Obama qui a été le premier président noir au pays qui avait ins‐titutionnalisé l’esclavage et la ségrégation ra‐ciale ! C’était visiblement trop maigre face à un Donald Trump revanchard qui voulait laver l’af‐front des élections de 2020 où il avait été battu par Biden.

Comme souvent, l’élection du président amé‐ricain est attendue et analysée dans le monde entier.

Car l’orientation politique américaine, la pre‐mière puissance mondiale, peut avoir des ré‐percussions en cascades aussi bien en Europe, en Asie qu’en Afrique.

Le Président Trump, durant la compagne, n’a pas hésité à affi‐cher une approche protection‐niste et isolationniste. Rompant ainsi avec la ligne des démo ‐crates sur beaucoup de dos‐siers.

À commencer par la guerre en Ukraine qu’il affirme vouloir ré‐gler en 24h. Bien que pro‐israé‐

lien, le monde arabe espère aussi que Trump mettra fin à la tragé‐die palesti‐nienne. Sa volonté de désengager l’Amérique du reste du monde pour mieux se concentrer sur la chine fait de Trump un Prési ‐dent potentiellement «messager» de la paix. Trump fait peur aussi à la veille Europe. Sa promesse d’augmenter les tarifs douaniers fait craindre une guerre commerciale. Son exigence pour que l’Europe paye plus pour sa sécurité dans

le cadre de l’Otan est aussi source de préoccupation. Et concernant l’Afrique que Trump I avait déjà qualifié «des pays de merde», le continent a tout à craindre du caractère im‐prévisible du nouvel hôte de la maison blanche.

La Chine elle aussi doit s’atten‐dre à une guerre commerciale impitoyable puisque le nou ‐veau président veut résorber le déficit commercial abyssal avec l’Empire du milieu.

En Amérique aussi l’avènement de Trump II donne des sueurs froides à certains pays comme le Mexique, ciblé pour être le déversoir de l’immigration clan‐destine. On l’aura compris l’élection de Trump change la donne pour le monde entier !

LA PALESTINE UNE TRAGÉDIE HUMAINE

Une

Histoire en perpétuel conflit

L'histoire de la Palestine, bien plus ancienne que le mouvement sioniste, remonte à une so‐ciété arabe autochtone ayant vécu sous la do‐mination ottomane. Cependant, la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle la Grande‐Bre‐tagne a soutenu l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif » en Palestine, a marqué un tournant. Cette déclaration, faite sans consultation des populations locales, a semé les premières graines d’un conflit dura‐ble. En 1947, l’ONU propose de partager le ter‐ritoire en deux États. Ce plan, bien accueilli par les dirigeants sionistes, est rejeté par la majo‐rité des Palestiniens et des pays arabes. La création de l'État d'Israël en 1948 provoque la «Nakba» (catastrophe), marquée par l'exode de plus de 700 000 Palestiniens.

“ “ Un voyage à travers les racines et les ramifications d'un

conflit séculaire,

chaque décision politique et chaque acte de violence résonnent à travers les générations, façonnant un avenir incertain pour des millions de vies.

Depuis, les tensions n'ont cessé de croître, rythmées par des guerres (1956, 1967, 1973), des intifadas et des tentatives de négociation. La situation reste un problème international épineux. En 2023, l’Assemblée générale de l’ONU a exhorté à la fin de l'occupation, mais sans effet. Le 7 octobre 2023, le Hamas lance une attaque contre Israël, entraînant une esca‐lade de la violence dans la bande de Gaza et exacerbant la crise humanitaire.

Lutte pour une survie politique

La situation s’inscrit dans une lutte acharnée pour la survie politique. Pour le Hamas, accep‐ter un accord qui serait perçu comme une concession mineure est inconcevable, surtout au vu des lourdes pertes et souffrances endu‐rées par la population de Gaza depuis la soirée du 7 octobre 2023, marquant le début de l'une des pires périodes de violence dans la région depuis plusieurs années.

Du côté israélien, le premier ministre Benya‐min Netanyahou avance sur une ligne de crête instable. Englué dans des procès pour corrup‐tion qui entament sa crédibilité et face à des sondages incertains quant à une éventuelle élection, Netanyahou doit ménager une coali‐tion d'extrême droite exigeante et diversifiée. Sur le plan international, des discussions au

Conseil de sécurité des Nations unies se sont conclues sans consensus sur une résolu tion de cessez‐le‐feu, illustrant les divisions profondes au sein de la communauté internationale. Alors que les États‐Unis conti‐nuent de soutenir fermement Israël, d’autres acteurs comme la Russie et plusieurs pays eu‐ropéens appellent à des me‐sures immédiates pour éviter une déstabilisation régionale accrue. Dans cet environne‐ment tendu, chaque camp joue sa survie politique, dictée par des circonstances qui ne lais ‐sent que peu de place au com‐promis.

Un avenir incertain

Quel avenir pour l’humanité ?

Cette question, vaste et cru‐ciale, trouve un écho particu‐lièrement poignant dans les événements actuels au Proche‐Orient. Le sort des Pa‐lestiniens demeure l’un des su‐jets les plus urgents et tragiques. Avec le gouverne‐ment israélien d’extrême droite qui redouble de me ‐sures coercitives, les perspec‐tives d’avenir semblent plus sombres que jamais pour le peuple palestinien.

Les chiffres parlent d’eux‐mêmes. Selon des rapports ré‐cents, le nombre de morts et de blessés lors des affronte‐ments a grimpé à des niveaux inédits, touchant de manière disproportionnée des civils, y compris des enfants. Pour les Palestiniens, l’avenir se dessine souvent sans perspectives claires, entre un présent confiné par l'occupation et l'exil imposé à de nombreux proches. Cette situation, loin d’être une simple question ré‐gionale, reflète les interroga‐tions sur les choix de l’humanité face à l'oppression et aux violations des droits fon‐damentaux.

Quels choix seront faits dans les décennies à venir pour ceux qui se trouvent, aujourd’hui encore, au centre de ce tour‐billon d’iniquités ? L’avenir de l'humanité, loin d’être un concept abstrait, se façonne dans les décisions prises main‐tenant, dans les zones de conflit où l'espoir et la paix pei‐nent encore à se faire enten‐dre.

Un dilemme arabe

L'affaire est entendue. Malgré un déferlement inouï de vio ‐lence contre les populations ci‐viles et la destruction sans précédent des infrastructures urbaines depuis le début des hostilités le 7 octobre 2023, la quasi‐totalité des États arabes ne porteront pas secours aux Palestiniens, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou au Liban. L'ancien « front du refus» est aujourd'hui dis ‐persé. Cela s'explique par di ‐vers facteurs : l'éloignement géographique dans le cas de l'Algérie, les guerres civiles, l'effondrement de l'État dans les cas de l'Irak, de la Libye, de la Syrie ou du Yémen ou les ac‐cords entre des Etats arabes et Israël.

Quant aux monarchies du Golfe, au‐delà d'une solidarité de façade ou de silences gênés, leurs dirigeants allient dupli ‐cité, complexe d'infériorité mi‐litaire et fascination à l'égard d'Israël, sans oublier la volonté de défendre leurs propres inté‐rêts stratégiques. D’ailleurs, lors de la réunion de la Ligue arabe le 15 octobre 2023, les déclarations se sont limitées à des appels à la désescalade et à l'aide humanitaire, sans en‐gagements concrets pour sou‐tenir militairement ou politiquement les Palestiniens. La léthargie arabe complexifie davantage la résolution du conflit et laisse les populations

affectées dans une situation précaire, sans perspective im‐médiate de paix. Il était une fois la ligue arabe.

Une question morale pour l’humanité

La Palestine représente un défi moral pour le monde entier, un symbole de la complexité de l’histoire humaine et de l'inca‐pacité à résoudre les conflits malgré les progrès scienti‐fiques et techniques. Bien que l’ONU ait adopté plusieurs ré‐solutions, dont la résolu tion 242 en 1967 après la guerre des Six Jours, pour demander le retrait des territoires occu‐pés, ces appels sont restés sans effets concrets. Les Accords d’Oslo de 1993 avaient briève‐ment nourri l'espoir d’une so‐lution à deux États, mais cet espoir s'est éteint face aux blo‐cages politiques et aux opéra‐tions militaires.

La Palestine incarne cette im‐puissance collective : malgré des avancées technologiques permettant l'exploration spa‐tiale ou la manipulation du gé‐nome, l’humanité n’a pas réussi à pacifier une région aussi disputée. Ce paradoxe montre que la justice et la paix ne dépendent pas de la tech‐nologie mais de la volonté po‐litique et de la justice sociale.

Un appel à l’équité et à la justice

Tant que cette réalité prévau‐dra, la Palestine continuera d’incarner un défi moral pour l’humanité tout entière, un rappel amer que la technologie et la science, aussi avancées soient‐elles, ne remplacent ja‐mais la volonté politique et la justice sociale. La paix, sans équité et sans reconnaissance mutuelle, reste un rêve ina‐chevé, suspendu dans un hori‐zon sans cesse repoussé.

LES BRICS+ VERS UN NOUVEL ÉQUILIBRE MONDIAL

Les BRICS+ forment au‐jourd’hui un bloc in ‐fluent sur l’échiquier géopolitique, regroupant neuf nations aux parcours di ffé‐rents, mais animées par des objectifs communs : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, et les nouveaux membres de 2024 – Iran, Égypte, Émirats arabes unis, et Éthiopie. Ce groupe, né sous l’acronyme «BRIC» en 2001 pour désigner quatre grandes économies émergentes, s'est structuré pour devenir un acteur clé, avec des réunions annuelles et une vision de coopération in‐ternationale.

En 2011, l’ajout de l’Afrique du Sud a étendu le BRIC vers l’Afrique, puis l’extension de 2024 a intégré des acteurs stra‐tégiques apportant des res‐sources naturelles, un potentiel énergétique considé‐rable, et des routes commer‐

ciales majeures comme le canal de Suez et les voies ma‐ritimes du Golfe Persique. Avec ces nouvelles adhésions, les BRICS+ représentent en 2024 près de la moitié de la popula‐tion mondiale et 36 % du PIB mondial, affirmant leur ambi‐tion de rééquilibrer l’ordre mondial et de devenir une pla‐teforme politique influente.

Les défis économiques d'un bloc multipolaire

Le BRICS+, alliance élargie in‐carnant une force économique colossale, redéfinit aujourd'hui les équilibres de l'influence mondiale. Fort d’une coalition de neuf nations – représentant environ 42 % de la population mondiale et générant près de 31 % du PIB global – le groupe propose une alternative puis‐sante aux modèles écono‐miques occidentaux. Il regroupe principalement des

économies émergentes à la croissance dynamique, ani ‐mées par une ambition affir‐mée de rééquilibrer les rapports de force mondiaux en défendant des modèles de dé‐veloppement plus inclusifs et autonomes.

En s’unissant sous l'étendard d'une coopération renforcée, le BRICS+ érige les bases d’un nouvel ordre économique où la solidarité et la souveraineté des États occupent une place centrale. Cette alliance s’inscrit dans une vision ambitieuse de transformation des relations économiques internationales, visant à favoriser l'autonomie financière et à diversifier les al‐liances. Grâce à ce dynamisme, des projets d'infrastructure transcontinentaux, comme des corridors de commerce et des réseaux de transport intégrés, pourraient voir le jour, renfor‐çant les liens entre les conti‐nents et stimulant le

développement économique de manière équilibrée.

En outre, le BRICS+ œuvre à l'in‐dépendance financière par des initiatives de dédollarisation, vi‐sant à diminuer la dépendance monétaire envers le dollar amé‐ricain, ce qui pourrait remodeler les transactions internationales. Cette stratégie inclut l’adoption de devises locales dans les échanges intra‐bloc et le déve‐loppement de mécanismes fi‐nanciers alternatifs, autant d’outils destinés à affirmer une souveraineté économique col‐lective.

Une contestation de l’ordre géopolitique actuel

Sur la scène politique, les BRICS incarnent l'ascendance des puis‐sances émergentes, formant une plateforme où ces nations peuvent exprimer leur mécon‐tentement face au système mondial actuel. Le groupe se po‐sitionne comme un contrepoids à l'ordre international tradition‐nellement dominé par les États‐Unis et leurs alliés, illustrant une volonté de restructurer les rè‐gles du jeu géopoli tique mon‐dial.

Un aspect central de l'engage‐ment des BRICS réside dans leur critique ouverte des institutions financières internationales, no‐tamment le Fonds monétaire in‐ternational (FMI) et la Banque mondiale, dont le pouvoir est traditionnellement concentré entre les mains des économies occidentales. Depuis des décen‐nies, les BRICS dénoncent leur sous‐représentation dans ces or‐ganisations, ainsi que leur part limitée des droits de vote, en dépit de leur contribution crois‐sante au PIB mondial. En ré ‐ponse, les BRICS ont lancé des initiatives alternatives, comme la création de la Nouvelle Banque de développement (NBD), également connue sous

le nom de «Banque des BRICS», visant à financer des projets d'infrastructure et de dévelop‐pement dans les pays émer‐gents sans les condi tions rigoureuses imposées par le FMI.

Cette stratégie alternative se traduit aussi par une diversifica‐tion des alliances, les BRICS cherchant à élargir leur in‐fluence par des partenariats avec d'autres pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine.

Cette ouverture permet aux BRICS de renforcer leur pouvoir diplomatique et d’accroître leur résilience face aux pressions économiques et politiques exer‐cées par les nations occiden‐tales. En Afrique, par exemple, la Chine et la Russie investissent massivement dans les infra‐structures, tandis que le Brésil et l’Inde renforcent leurs liens commerciaux avec des pays du Sud global, consolidant ainsi l’in‐fluence des BRICS dans des ré‐gions stratégiques.

En tant que coalition de nations aux intérêts divers, les BRICS symbolisent aussi la montée d’un ordre multipolaire, où les décisions géopolitiques ne sont plus exclusivement dictées par une seule puissance dominante. Cette diversification des pôles de décision se reflète dans les ambitions des BRICS de créer un système financier alternatif, et de réduire leur dépendance au dollar américain, notamment par la promotion de transac‐tions en monnaies locales et de mécanismes de paiement indé‐pendants.

Un enjeu social pour une coopération intergouvernementale

Les BRICS ne se limitent pas à l'économie et la poli tique ; ils mettent également l’accent sur la protection sociale. Depuis 2011, en partenariat avec l’Orga‐nisation internationale du Tra‐

vail (OIT) et l’Association inter‐nationale de la Sécurité sociale (AISS), les BRICS ont lancé un Bureau de liaison virtuel pour promouvoir la Sécurité sociale dans les pays membres. Ces ef‐forts visent à renforcer la pro‐tection sociale des populations et à améliorer les politiques d’emploi. Cet engagement social incarne l’aspiration des BRICS à bâtir une coopération durable en matière de sécurité sociale.

Vers un monde plus équitable et un espoir de prospérité partagée

Lors du 15e Sommet des BRICS en août 2024 à Johannesburg, en Afrique du Sud, des avancées significatives ont été réalisées vers une coopération Sud ‐Sud renforcée, marquant l’émer‐gence d’un ordre multipolaire plus équilibré. Ce sommet a per‐mis de dégager un nouveau consensus en faveur d’une colla‐boration internationale plus in‐clusive, prônant le respect mutuel et le soutien réciproque pour construire un futur de prospérité partagée.

Le 16e sommet à Kazan, en Rus‐sie, a réaffirmé les priorités et engagements communs du bloc, témoignant de la volonté des BRICS de renforcer leur autono‐mie par des initiatives comme le système de paiement transfron‐talier et un mécanisme de réas‐surance indépendant. Ces outils incarnent la détermination des BRICS à poser les fondations d’une coopération qui s’inscrit dans la durée et à créer un monde plus juste et autosu ffi‐sant.

En se projetant vers un monde plus inclusif, les BRICS espèrent inspirer de nouvelles alliances et renforcer des partenariats fon‐dés sur l'unité et le progrès, of‐frant ainsi une alternative prometteuse pour les généra‐tions futures.

LE BILLET D’HUMEUR LE BILLET D’HUMEUR

D’ABDO MAKI

LA GIFLE D’HONNEUR

Mala est malade. Depuis deux bonnes semaines, notre épineux est alité. Il est au plus mal. Il ne sort plus de chez lui ; ni pour un brin de causette autour du café, ni même pour ses prières à la mosquée. L’homme sent d’atroces douleurs au ventre et d’insupportables maux de tête. Il est sujet à des crises de fièvres qui arrivent souvent la nuit. La maladie de Mala se répandit dans tout le village comme un écho. On extrapole sur le degré de sa maladie. Mais, si Mala, lui‐même se dit : très malade, nul ne sait d’où exactement, puisqu’il se plaint de toutes les parties de son corps. Voilà que depuis trois jours son mal semble s’envenimer, puisqu’il ne quitte pratiquement plus son lit, sauf pour faire ses besoins. Il dit qu’il ne sent plus l’arôme de la nour‐riture et qu’il n’a plus goût à rien. Même sa nourriture préférée, une galette de doura et un grand bol de lait de vache qu’il prenait chaque soir, il les a en horreur. Notre épi‐neux a perdu l’appétit. Parfois sous la contrainte de sa femme, il essaye de mettre un peu dans son ventre. Mais à peine a‐t‐il avalé un demi ‐verre de lait, mâchouillé une cuille‐rée de riz, où croqué dans une portion de galette, que notre homme se met tout de suite à vomir comme la queue d’un chien. Et Vomir, c’est ce qu’il redoute le plus. Excédé il repousse tout de la main et s’emporte, grondant sa femme et l’accusant de le nourrir exprès pour le voir vomir. Cette dernière eut beau essayer tous les remèdes de grand‐mère, ceux qu’elle connait et ceux qu’on lui conseille, mais rien n’y fit.

Même le lait de chamelle ne servait à rien. Mala continuait de se plain‐dre de son ventre et de son bas ven‐tre. L’homme avait du mal à uriner et n’avait pas déféqué depuis plu ‐sieurs jours. Bien que notre homme n’aime pas en parler, son mal avait tout l’air d’une constipation aigue. De jour en jour, notre malade devint de plus en plus nerveux, agressif et acariâtre. Il n’aimait plus que ses pairs viennent lui rendre visite. Et à Chaque visiteur, sa bonne femme était bien obligé de mentir en disant : «mon mari se porte mieux ce matin, mais comme il n’a pas fermé l’œil de la nuit, il dort maintenant». Pourtant la maladie l’avait tellement affaibli que les villageois crai ‐gnaient, que ne soit venue la der‐nière heure pour Mala. On chargea alors son petit neveu de dix ans, de l’emmener en ville, à l’hôpital pour voir le docteur blanc. Mais, il fut dif‐ficile de convaincre notre épineux ! Il n’aimait pas l’hôpital. Deux jours durant, il jura, pesta, fit de pieds et des mains, préférant mourir plutôt que d’aller à l’hôpital. On le supplia, on le conseilla, on évoqua même les prémices de la mort qu’on voyait sur son visage. Mala fini par accepter d’y aller, toute fois, il jura à son petit neveu, qu’il n’allait pas «le laisser piquer aux fesses» ! Mala arriva chez le docteur blanc. Ce dernier commença par poser au neveu des tas de questions, concer‐nant le patient. Mala, assis le regar‐dait du coin de l’œil. Il interpella son neveu : «n’oublie pas de lui dire que je ne veux pas de piqûre !» Après l’avoir ausculté, le docteur désigna un brancard et chargea le neveu de demander à Mala de s’y allonger

dessus, sur le dos et de tenir ses jambes sans les plier. Le neveu expliqua à Mala qui s’exécuta, repliant sa fouta qu’il ajusta pour ne pas laisser à découvert ses jambes. Après cela, le docteur blanc demanda au neveu de faire comprendre à l’oncle qu’il allait procéder à un examen plus appro‐fondi. Tout en parlant, le praticien se lava les mains, les essuya et enfila des gants. Malgré l’explication du neveu, qui lui expliqua que le blanc allait bien le soigner, notre Mala n’était pas rassuré, sur les intentions du docteur. Il rappela à son neveu, de ne pas oublier de lui dire qu’il ne veut pas être piqué. L’enfant tradui‐sit au docteur qui esquissa un sou‐rire à Mala, en agitant son index et en promettant de ne pas lui admi‐nistrer une piqure. Ensuite, le docteur fit sortir l’enfant. Aussitôt après, on entendit des cris, suivis d’un juron à vous glacer le sang, la porte s’ouvrit sur une scène de plus extraordinaire ; Mala de‐bout accroché à son pagne défait. La bouche écumeuse, bafouillant on ne sait quoi, par terre entre le brancard et les chaises renversées, le docteur totalement sonné, tenant sa main sur sa joue rouge vive et grommelant de frayeur : pro….pros…ta….te… Vous comprendrez sans doute, que le malheureux docteur s’était aventuré à effectuer un toucher rectal histoire de voir si ce n’était pas la prostate qui en était la cause. Mais malheureusement, il ne savait pas que, que chez les épineux, sous nos cieux, cette impertinence se répare par une magistrale gifle d’honneur.

LE SAVIEZ-VOUS ? LA COMMUNAUTÉ INDIENNE

C’est tout à son honneur si notre capitale incarne de nos jours l’idéal d’un cos‐mopolitisme réussi et décom‐plexé, en parfaite symbiose avec son environnement rap‐pelant du moins le brassage opéré jadis dans les grandes cités comme Babylone, Alexan‐drie, Athènes ou Rome et ce tour de magie réussissait si bien à Djibou ti ville au tout début du XXè siècle émergeant ainsi comme la première agglo‐mération issue d’un brassage religieux, ethnique et culturel en Afrique de l’Est, d’autant plus en terre nomade, et comme étant surtout une des rares colonies à avoir été expo‐sée à la riche et diverse immi‐gration tous azimuts mais efficiente.

Parmi toutes les communautés ayant afflué d’autres recoins de l’Afrique (Ethiopie, Somalie, Erythrée, Soudan, Egypte), de l’Europe et de l’Arabie, nous avons notamment celle qui provient essentiellement de l’Asie, la communauté hin ‐doue, pour ne pas dire in ‐dienne afin d’éviter l’amalgame qui n’a pas été épargné par le conquistador Christophe Co ‐lombe à la fin du XVè siècle. Une communauté de pérégri‐nation qui traverse l’Océan In‐dien ayant peuplé les Seychelles, les Comores, la Réunion ou encore Madagas ‐car et ayant aussi transité par l’Arabie heureuse au détour de San’a et d’Aden afin d’échouer finalement sur les rives du golfe de Tadjourah.

L’arrivée de la communauté indienne à Djibouti Djibou ti porte la marque du brassage des peuples euro‐péens, arabes, hindous, afri ‐cains par sa population mais

aussi par ses ac tivités cultu‐relles économiques et sociales. Colette Dubois décrit en ce sens dans son ouvrage Dji ‐bouti, héritage ou frustration, cette politique de brassage cul‐turel et ethnique insufflée par l’administration coloniale . «L’arrivée des Européens a favorisé les brassages de populations qui ne se connaissaient pas auparavant. La C.F.S qui connaît un développement rapide des activités d’import­ export et attire un certain nombre de commerçants ou de travailleurs... ».

Quant à la provenance de la communauté indienne, nous avons deux pistes menant en premier lieu dans une région de l’Inde : la Pondichéry fran‐cophone. Pondichéry ou Pou ‐doucherry est l’ancienne capitale des Établissements français de l'Inde, fondés peu après 1664. Le territoire ob‐tient son indépendance de la France en 1954 bien après l’in‐dépendance de l’Inde en 1947. Cette proximité culturelle in ‐cite les originaires de cette par‐tie méridionale, orientale et littorale de l’Inde à s’implanter dans la ville de Djibouti afin de prospérer en milieu d’affaires.

Il y’a aussi les banians qui vi ‐vent déjà parmi les commu‐nautés nationales dès cette époque. Les pakistanais sont aussi présents à Djibou ti bien avant la naissance de leur état musulman.

La seconde hypothèse est la forte présence de la commu‐nauté hindoue dans la ville d’Aden, capitale du Yémen, protectorat britannique, par la‐quelle transitent tous les na ‐vires européens traversant le nouveau canal de Suez. Cette certitude de la présence hin ‐doue au Yémen nous est ap ‐portée par Natoo Muljee, commerçant hindou sikh, qui possède des concessions à Aden avant d’atterrir sur Dji‐bou ti. Le style de maison in ‐dienne qui existe à Djibouti est inspiré de celui de la région de Pondichéry.

A Djibouti, la communauté in‐dienne, musulmane et hin ‐doue confondue, fait partie du chainon social intégré écono ‐miquement dans le cercle ur‐bain et vertueux d’une capitale en ébullition.

Après les arabes, les grecs ou les juifs, ils constituent l’une des composantes majeures dans la configuration de la car‐tographie ethnographique de l’agglomération urbaine nais ‐sante. Natoo Muljee, sikh, est changeur de monnaie et pos ‐sède comme propriété un joyau de l’architecture éclec‐tique, un mélange de style hin‐dou, anglais et français tout comme Mohamed Ali Golan, musulman, qui se trouve être le plus grand commerçant de la place.

Il a plusieurs concessions com‐merciales à Aden, en Ethiopie et à Djibouti. Il fait partie des principales figures de la vie so‐cioéconomique.

Restaurant Le Santal

Les hindous exercent plusieurs activités

A l’instar des grecs, des juifs, des arméniens et des arabes, les indiens vivent au cœur de la ville entre la place Lagarde (ac‐tuel jardin public) et la place Ménélik (Place du 27 juin) pour ceux qui ont en les moyens en tout cas. Ils s’autorisent donc à édifier des bâtiments colossaux autour des principales artères de la capitale, des édi fices qui constituent parallèlement leurs lieux d’activités sociales. Dans ces bâtiments, les rez‐de‐chaus‐sée sont réservés aux activités commerciales tandis que les étages sont habités par leurs fa‐milles.

Quant aux ac tivités exercées par les indiens dans la ville de Djibouti au tout début du XIXè, ils sont à la fois chauffeurs, tail‐leurs, coiffeurs et changeurs. Ils mènent des activités où le tra‐vail et la famille sont souvent associés. En marge des autres diversités djibou tiennes qui composent dans la cohésion et la diversité plurielle, les indiens tentent de difficilement de s’in‐tégrer.

En vérité, ils ne s’essayent que très peu avec le politique de l’intégration. Pour l’instant, l’adhésion à la cité ne leur confère que le statut de travail‐leurs passagers et intermittents contrairement à toutes les au‐tres composantes communau ‐taires qui se sont intégrées de facto dès leur arrivée. L’attache‐ment aux us et coutumes, à la culture du mariage, aux croyances spirituelles et au mode de vie alimentaire singu‐lière constitue quelque part pour les indiens de Djibouti un frein à leur épanouissement de la plénitude de l’exercice de leur citoyenneté assumée bien qu’ils soient les plus respectueux des lois et réglementations régies

par l’administration coloniale.

A l’indépendance de l’Inde en 1947, les indiens djiboutois vont rejoindre la mère patrie et quit‐ter Djibouti pour l’Inde. Les bâ‐timents seront revendus aux djiboutiens ayant les moyens de s’en procurer. Aujourd’hui, aucun indien n’est propriétaire d’un bâtiment, sis centre ville. Dire qu’au cours des années 20, 30 et 40, ils en possédaient quelques uns autour de la place Ménélik parait aussi bien fictif qu’invraisemblable. Se débar‐rasser du joug colonial anglais a reproduit la nostalgie de la dias‐pora indo‐djiboutienne et a per‐

mis d’éveiller la fibre patrio‐tique enfouie dans les décom ‐bres de la servitude de l’occupation.

Plus que présents aujourd’hui

Les indiens sont plus que jamais présents et manifestent un re‐tour en force ces derniers temps, surtout au cours des trois dernières décennies. En plus d’être changeurs et coif‐feurs, ils sont aujourd’hui très présents dans la construction, la restauration dans les grands hô‐tels et les services de transport maritime. Dans un récent passé, Kothary a su consolider les liens entre la communauté djibou ‐tienne et la communauté in ‐dienne. Consul honoraire de l’Inde à Djibouti, Kothary a écrit un parcours biographique ra ‐contant le passage de sa famille à Djibouti au début du XXè siè‐cle. Grâce à cette affection qu’il a su préserver avec Djibouti, beaucoup des jeunes djibou ‐tiens ont pro fité des bourses pour faire des études en Inde. Bien que leur intégration socié‐tale tant souhaitée tarde à se concrétiser concrètement, cer‐taines familles indiennes se sont djiboutianisées depuis des lus‐tres, éparpillées ça et là entre le Bender Djedid et le Bender Salam. Calpèche, propriétaire de la librairie Discorama, Metha, gérant de Zivraj ainsi que celui du restaurant indien le Santal, font par tie de cette génération d’hommes ayant choisi Djibou ti par‐dessus‐tout comme mère‐patrie. Des nouveaux indiens sont au‐jourd’hui présents sur le plan économique puisqu’une nou ‐velle vague d’entrepreneurs vient de se frayer un chemin. La tradition des coi ffeurs indiens se perpétue à Djibouti depuis la nuit des temps.

Bijouterie ZIVRAJ
La maison indienne
Salon de Coiffure indien

UN HOMME, UNE HISOIRE

ABSIEH BOUH, UN NATIONALISTE SOUVERAINISTE

Absieh Bouh est une fi‐gure de proue de la lutte anticoloniale qu’il a su incarner avec force morale et courage au sein des mouvances indépendantistes qui aspiraient avant l’heure à l’idéal de l’auto‐détermination au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Evoquer l’homme, c’est aussi évoquer une époque, des hommes et surtout un pan de l’histoire nationale où les djibou‐tiens faisaient bloc commun contre l’oppression coloniale et voulaient s’émanciper d’un sou‐bresaut qui perdurait près d’un siècle. Il se démarque des autres leaders djibou tiens par sa per‐manente volonté de vouloir à tout prix mener la lutte pour l’in‐dépendance contre l’oppression coloniale dans l’unité des com ‐munautés et la cohésion sociale du peuple djibou tien sans les‐quelles toute volonté d’émanci‐pation de l’ordre colonial serait caduque et vouée à l’échec, d’où

des liens solides ami‐caux tissés avec Or‐bisso Gaditto.

Un visionnaire avant l’heure Absieh Bouh fait par‐tie de cette généra‐tion des jeunes idéalistes souverai ‐nistes dont le seul hé‐ritage poli tique fut d’observer passive‐ment et amèrement, car étouffé dans l’œuf, le déclin pré‐maturé des mouve‐ments sociopolitiques et économiques nés au lendemain de la Seconde Guerre Mon‐diale dont le Club Somali Dankali en 1946 ainsi que les mouve ‐ments syndicaux. Il fait partie de cette génération marquée par Mahamoud Harbi, Hanfaré Has‐san, Said Ali Coubèches et d’au‐tres leaders indépendantistes de la première heure de la lutte an‐ticoloniale.

Né en 1932 à Ali Sabieh, Absieh Bouh Abdallah devient le pre ‐mier président du PMP fondé le 6 octobre 1960 marquant l’éveil des mouvements indépendan ‐tistes à partir des années 60 où beaucoup des pays accèdent à leur indépendance nationale, y compris la Somalie voisine. C’est l’occasion rêvée pour ces jeunes leaders africains d’emboiter le pas du souverainisme qui s’offre à l’horizon de la géopolitique in‐ternationale marquée par un monde bipolaire et par des luttes idéologiques prônées par ces mouvements syndicaux, es‐tudiantins et politiques. Faisant partie des pères‐fondateurs du

PMP, il devient son 1er vice‐pré‐sident lors de la formation du premier bureau poli tique, puis président du par ti au début de l’année 1962.

Après son obtention du Certifi‐cat d’Etudes Primaires, il tra‐vaille au service de la Sûreté Générale avant d’être muté au ministère des Travaux publics en raison de sa par ticipation très active à la manifestation organi‐sée par le Parti du Mouvement Populaire le 27 janvier 1961 à l’occasion de la venue à Djibouti de Robert Lecourt, ministre de la France d’Outre‐mer. Accusé d’être responsable des manifes‐tations organisées par les mou‐vances syndicales au 1er mai 1962, Absieh est licencié, puis extradé au poste de Moulhoulé à Obock comme prisonnier où il entame une grève de faim. Muté à Dikhil, il est finalement libéré en février 1964.

A partir de 1964, aussi bien dans la capitale que dans les régions de l’intérieur, il mène une lutte active contre la présence colo‐niale française et participe à l’éveil des consciences de la jeu‐nesse indépendantiste. En outre, il prend contact avec la FLCS afin d’étendre le réseau de la cause souverainiste au delà de la frontière vers la Grande Soma‐lie, pays frère, soutien indéfecti‐ble. Durant la même année, Jacques Foccart reçoit avec mé‐pris les autochtones. Par consé‐quent, cette attitude hautaine motive Absieh et ses compa‐gnons à redoubler d’effort et à se rendre compte qu’il ne peut y avoir qu’une seule issue, arra‐cher vaille que vaille l’autodéter‐mination.

UN HOMME, UNE HISOIRE

Plutôt l’autodétermination que l’autonomie S’entourant des jeunes ani ‐més par la même ferveur de la fièvre indépendantiste tels que Djamah Guedi, Idriss Farah Abaneh ou encore Me‐raneh Amareh, il incite dès l’année 1961 le Parti du Mou‐vement Populaire à provo ‐quer une rupture idéologique avec l’aile modérée diligentée par Ahmed Farah Aden alias Daliyé souhaitant une autono‐mie dans le maintien au sein de la Communauté de l’Union Française. Il est d’ailleurs le porte‐parole de cette aile ra‐dicale désireuse d’une indé ‐pendance immédiate, sans concession et totale. Absieh Bouh Abdallah orga ‐nise des réunions et des ma‐nifestations publiques pour le compte du parti. Son cheval de bataille est le tribalisme contre lequel il mène une croisade. À travers des corres‐pondances très acerbes qu’il entretient au moyen des presses écrites et des cour‐riers officiels expédiés à l’en‐droit de l’administration coloniale entre 1962 et 1963, il est dans le collimateur de cette dernière, ce qui lui vaut une condamnation le 30 mai 1963 à 9 mois de prison, dou‐blée d’une amende de 800 francs pour défaut de déclara‐tion de publication d’un pé ‐riodique et pour diffusion de nouvelles fausses de nature à troubler l’ordre public.

Pas de combat politique sans unité nationale

Durant la présidence d’Absieh Bouh à par tir de 1962, nous entrons dans une lutte multi‐forme qui s’accompagne des courriers adressés aux autori‐tés coloniales et des manifes‐tations sur place publique.

En refusant de s’allier avec l’Union Démocratique Issa di‐rigée par Omar Farah Iltireh en rupture avec sa vision ré‐publicaine et sa ligne poli ‐tique, il noue une solide alliance avec Orbisso Gaditto, président du Parti de l’Union Démocratique Afar afin d’en‐voyer un message aux djibou‐tiens sur la nécessité de former un seul bloc coalisé pour revendiquer d’une même voix l’indépendance nationale, sinon qu’elle sera repoussée chaque fois à une date ultérieure à cause des dissensions internes. C’est dans cette quête de l’unité nationale contre la po‐litique de diviser pour mieux régner qu’il va porter la voix de l’indépendance avec son binôme et son compère à l’hexagone et dans le monde arabe dans l’union et la plura‐lité. D’ailleurs, il déclare dans le quo tidien yéménite El Ayam son souhait de « l’auto‐détermination » pour la C.F.S. Par ailleurs, dès leur arrivée à Paris au cours de l’été 1962, tels des pestiférés, seuls des hommes de gauche acceptent de les recevoir, y compris à publier leurs revendications brossant le diagnostic critique de la CFS dans les presses écrites gauchistes telles que Libération ou L’humanité. Des publications suivies d’une in‐terview à la radio B.B.C. En 1965, il scelle une alliance poli tique avec l’UDA de son ami de toujours Orbisso Ga ‐ditto dans le cadre d’un Co ‐mité de Coordination de l’opposition.

C’est avec cette alliance scel‐lée qu’ils vont infliger le plus grand camouflet humiliant au Général de Gaulle écœuré par les indépendantistes djibou ‐tiens du 25 au 26 aout 1966. Cet événement va non seule‐ment retarder le processus de l’obtention de l’indépendance par le changement du statut de territoire qui passe de la CFS au TFAI mais inaugure une période sombre pour le territoire français. On entre dans l’ère du barrage de la honte, des répressions, des tortures et des contrôles de population au sein de la capi‐tale, avec l’imposi tion des couvre‐feux jusqu’en 1974. Après la manifestation organi‐sée conjointement avec l’UDA contre la visite du Général de Gaulle, les deux mouvements sont rayés définitivement de la vie politique en 1968. En re‐vanche, Absieh Bouh et Or‐bisso Gadi tto demeurent animés par cette ferme vo‐lonté d’en découdre avec le diktat colonial qui maintient le TFAI dans l’obscurantisme. Suite à l’accession du pays à l’indépendance, Absieh Bouh Abdallah poursuit une car‐rière de diplomate chevronné et passe ses derniers jours au‐près de sa famille dans le pays avant de rejoindre son sei ‐gneur. Le pays a perdu une grande figure avec sa dispari‐tion. Son héritage demeure à reconstituer par bribes dans le cadre des enquêtes des personnes ressources qui se‐raient les derniers mohicans d’une époque des révolution‐naires révolus.

Une vision audacieuse et ambitieuse pour l'avenir de l'Afrique

LA FINESSE DE WAISS

L'ouvrage intitulé «La Finesse de Wais» de l’auteure Dr Amina Nouh Bouh, publié cette année par la prestigieuse Maison d’Édition Deeqsan, se distingue comme un livre trilingue en afar, français et somali. S'inspirant de la chanson culturelle emblématique «Aaabo iyo Hooyo, Maanta adhigeena…», ce livre propose une immersion profonde et enrichissante dans les traditions et la culture locales de Djibouti.

“La Finesse de Wais» est bien plus qu’un simple livre ; c’est un outil péda‐gogique ludique et éducatif conçu pour transmettre et pré‐server le patrimoine culturel indigène. En offrant le contenu en trois langues principales parlées à Djibou ti, Dr Amina Nouh Bouh facilite une com ‐préhension accessible et inclu‐sive pour un large public. Cette approche trilingue permet aux parents et aux élèves de parta‐ger une lecture parallèle, ren‐forçant ainsi les liens

intergé ‐néra ti on ‐nels et favorisant une transmis ‐sion fluide des connais ‐sances cultu ‐relles.

L’ouvrage se posi ‐ti onne comme une res‐source précieuse pour l’éduca ‐tion mo‐derne, combinant des éléments empiriques issus des traditions locales avec des mé‐thodes pédagogiques contem‐poraines. Grâce à «La Finesse de Wais», les lecteurs peuvent non seulement découvrir les ri‐chesses culturelles de Djibouti, mais aussi engager des discus‐sions enrichissantes qui mè ‐nent à une compréhension partagée et approfondie. Ce processus d’échange fructueux contribue à une éducation ho‐listique, où les valeurs tradi ‐

tionnelles se marient harmo ‐nieusement avec les exigences du monde moderne.

Afin de célébrer la publication de cet ouvrage remarquable, une conférence a été organi‐sée le 9 octobre 2024 à 9h30 dans la salle de conférence du CREFA de l’OIF. Lors de cet évé‐nement, Dr Amina Nouh Bouh a présenté «La Finesse de Wais» devant un public en ‐thousiaste composé de pas ‐sionnés de li ttérature, d’éducateurs et d’étudiants. La conférence a également inclus une séance de dédicaces, of‐frant aux participants l’oppor‐tunité unique de rencontrer l’auteure, de discuter de ses inspirations et de s’approprier personnellement un exem‐plaire de son œuvre.

En somme, «La Finesse de Wais» s'impose comme une contribu tion signi ficative à la littérature trilingue et à l’édu‐cation culturelle à Djibou ti. Grâce à la vision et au dévoue‐ment de Dr Amina Nouh Bouh, cet ouvrage promet de devenir une référence incontournable pour ceux qui souhaitent ap ‐profondir leur connaissance des traditions locales tout en embrassant une éducation moderne et inclusive.

LANCEMENT DU NOUVEAU CAFÉ LITTÉRAIRE BARBERA

C’est dans une ambiance chaleureuse et conviviale que le Café littéraire Barbera a été lancé le 13 octobre dernier dans la cafétéria

Barbera située au Zone industrielle, marquant le début d’une série de rencontres littéraires passionnantes entre les amoureux du livre et les écrivains djiboutiens. Cet espace convivial a été accueilli avec enthousiasme par un public intéressé composé de lecteurs passionnés et se veut un lieu de partage, de débat et d’échanges autour des livres, tout en servant de tribune aux écrivains nationaux.

Le lancement du Café littéraire Berbera a sus‐cité un vif intérêt au ‐près des passionnés de culture et de lecture, répon‐dant ainsi à un besoin culturel ressenti dans le paysage litté‐raire et redynamisant la cul‐ture djibou tienne. De nombreux participants ont exprimé leur enthousiasme

pour cette nouvelle initiative qui enrichit la vie culturelle et contribue à la promo tion de l’art djiboutien. Cet événement a réuni des hautes personnalités, comme la représentante de l’UNICEF, de la représentante de l’OIF, de l’ambassadeur Araita Ahmed, de l’ambassadeur du Royaume‐Uni à Djibouti, de la dramaturge Aicha Mohamed Robleh, du poète Chehem

Watta, de l’écrivain et éditeur Idriss Youssouf Elmi, de l’ins‐pecteur de français Abdallah Hanfareh, mais aussi des étu‐diants, des universitaires, des enseignants ainsi que des amoureux du livre. Umberto Rizzo, le gérant du Café Barbera et grand amou‐reux de la culture djibou ‐tienne, a pris la parole pour accueillir chaleureusement le public et a exprimé sa grati‐tude à l’égard de ceux qui ont répondu présent à cette soi‐rée de lancement. «Ce Café littéraire a pour but de mettre de mettre en lumière les auteurs djiboutiens et de discuter de leurs œuvres dans une ambiance conviviale », a‐t‐il dit dans son discours d’ouver‐ture. Il a souligné également que cet espace se veut un lieu d’échanges autour de la cul ‐ture djiboutienne et des arts, tout en donnant une tribune aux auteurs nationaux.

Une tribune pour les écrivains nationaux et un tremplin pour la culture djiboutienne Pour sa part, l’ambassadeur Ahmed Araita, coordinateur de l’initiative, a vivement re‐mercié l’ensemble des parti‐cipants de cet événement et salué cette initiative louable qui o ffre une vitrine aux écrivains locaux et à la pro‐motion de la culture djibou‐tienne. Il s’est réjoui de cette grande aventure littéraire qui ne fait que commencer et qui, il en est convaincu, va se pérenniser au regard de l’engouement qu’elle suscite déjà chez les amoureux du livre. «Je crois que ce genre de retrouvailles entre générations permet de nourrir l’échange et d’approfondir les liens culturels, tout en renforçant le socle des valeurs qui nous unissent», a‐t‐il déclaré.

Le poète nomade Chehem Watta– «l’aîné de la littérature djiboutienne», ainsi que l’appelle affectueusement son ami et « jumeau li ttéraire» Idriss Youssouf Elmi–fut le premier invité d’hon‐neur du Café li ttéraire. La lecture des extraits des poèmes de son dernier re‐cueil par deux jeunes am ‐bassadeurs de la Francophonie a su captiver et émouvoir le public. Le poète a exprimé sa recon‐naissance et sa fierté d’avoir reçu le prix Gonzo pour l’en‐semble de son œuvre poé‐tique et en particulier pour son dernier recueil intitulé

Les Corps sales qu’il a pré ‐senté au public.

Un cri d’indignation contre les violences à l’égard des femmes et des migrants Dans ce recueil de poèmes au titre évocateur, le poète aborde la violence à l’égard des femmes et des migrants. Le corps, affirme‐t‐il, est un espace de mutilations géni‐tale féminines et de souf‐frances. Son langage poétique, qui est un profond cri d’indignation, dénonce la violence sexuelle, écono‐mique et sociale dont sont injustement victimes les femmes.

Ses poèmes déclamés sur les violences faites aux femmes ont nourri le débat et permis aux participants d’interagir avec l’auteur. Cela a suscité des question‐nements et un débat pas ‐sionnant entre le poète et le public animé par le talen ‐tueux poète Aboyta. Les participants ont pu échanger avec le poète et lui ont posé des questions sur son œuvre, sur son proces‐sus créatif, sur la poétique du silence («une contradiction et un partage chez les Nomades») qui traverse ses textes, sur son rapport à la langue française (« une langue d’ouverture sur le monde qui est venue habiter sa bouche») et sur sa conception de la littérature.

Mme Beate Dastel, la coor‐dinatrice de l’UNICEF, a ex‐primé son plaisir de participer au lancement de cet événement et a remer‐cié le poète pour son enga‐gement courageux sur la question des violences faites

aux femmes. Elle a évoqué les témoignages des femmes et des hommes vic‐times de violence et d’injus‐tice de genre qu’elle a reçu.

Héritier moderne

des Salons littéraires du XVIIIe siècle

Quant à la représentante de l’OIF, elle se dit réjouie de cette initiative qui cherche à promouvoir la li ttérature djibou tienne d’expression française et à rapprocher les auteurs nationaux de leurs lecteurs, tout en discutant autour de leurs œuvres. Elle a rappelé que le café li tté‐raire est une tradition pro ‐fondément ancrée dans la culture francophone, qu’il trouva sa source dans les salons li ttéraires parisiens du XVIIIe siècle etqu’il offre un espace de bouillonne ‐ment culturel, de débat et d’échange d’idées.

Le Café littéraire, quia attiré de nombreux passionnés de lecture, aspire à devenir un rendez‐vous dominical mensuel qui se pérennise avec l’invitation d’autres écrivains.

Un amoureux du livre nous confie : «C’est vraiment un lieu convivial où l’on peut prendre le temps de se poser, de lire des livres djibou tiens, et surtout de rencontrer d’autres lecteurs. Désormais, les amateurs de littérature et de café ont un nouveau lieu à découvrir, où les pages tournent au rythme des tasses de café fumant et peuvent jouer du piano».

Visite Djibouti

Mort et devastation, jusqu’à quand ?

Nous sommes tous des

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