Eglise à Lyon n°83 - Juin 2025

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ÉGLISE À LYON

L’ACTUALITÉ DU DIOCÈSE DANS LE RHÔNE ET LE ROANNAIS

VIE DE L'ÉGLISE

Pape Léon XIV : Ses premiers discours

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(MATTHIEU 6. 24)

VIE DU DIOCÈSE

Mgr Gabriel Sayaogo en viste à Lyon

PAGE 8 / lyon.catholique.fr

DE: RELEVER DES DEFIS

VIE À L'ÉCOLE

Enseignement catholique : nouvelle campagne de communication

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EDITO

Le mois de juin, traditionnellement « mois du SacréCœur », est aussi celui des ordinations. Le saint Curé d’Ars résumait le sacerdoce en une formule très belle et très dense : « le sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus ». Les deux compréhensions possibles de cette expression sont acceptables : il s’agit essentiellement pour le prêtre d’aimer le Cœur de Jésus (« ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour », comme l’enseignait Jésus à sainte Marguerite-Marie Alacoque il y a 350 ans) ; mais on comprend aussi que le Cœur de Jésus, aime particulièrement le sacerdoce, puisque c’est pour lui le moyen de continuer à aimer les hommes en se donnant à eux.

Les ordinations sont une source de joie, mais facilement aussi d’inquiétude : le nombre de prêtres et de diacres semble tellement insuffisant ! Cela ne devrait pas nous surprendre, puisque Jésus lui-même faisait le constat que « la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » (Lc 10, 2). Cela ne semblait pas poser problème à Jésus, qui poursuivait avec deux recommandations : « priez » (le maître de la moisson, d’envoyer des ouvriers), et « allez » (évangéliser). La prière pour les vocations est donc un commandement de Jésus, que nous honorons. Mais l’envoi en mission est tout aussi important ; et les 72 disciples que Jésus envoya en mission ce jour-là n’étaient pas des prêtres ou des évêques ! Si les 12 peuvent être considérés comme prédécesseurs des évêques, les 72 sont tout simplement les disciples de Jésus, les chrétiens qui ont décidé de suivre Jésus.

S’il faut se réjouir que certains soient appelés à vivre une intimité particulière avec le Cœur de Jésus, on peut aussi se réjouir du grand nombre de chrétiens qui, à notre époque, entendent cet appel à la mission et osent y répondre, parfois en modifiant leur rythme et leur mode de vie, en constatant à quel point la moisson est aujourd’hui abondante. Seigneur, envoie des ouvriers !

Père Matthieu Thouvenot, Vicaire général

SOMMAIRE

PAPE LÉON XIV Ses premiers discours

8

KOUPÉLA

Visite d'une délégation à Lyon 4

VIE DU DIOCÈSE

Retour en images 6

ARTS CULTURE & FOI C'est à lire 7 9

THÉOLOGIE

Demandez une formation à votre curé

ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE Nouvelle communication 11

14 DOSSIER APPELÉ À DEVENIR PRÊTRE ?

20 AGENDA DES ÉVÊQUES

OFFICIEL 22

Prochain numéro publié en juillet 2025

Éditeur : Association diocésaine de Lyon/SEDICOM - 6 avenue Adolphe

Max 69321 Lyon Cedex 05 - Tél. 04 78 81 48 54 - Mail : redaction.eal@lyon. catholique.fr - Directrice de la publication : Joséphine Brun - Responsable de la rédaction : Christophe Ravinet-Davenas - Rédaction : Père Matthieu

Thouvenot - Christophe Ravinet-Davenas - Inscrit à la Commission paritaire des publications et agences de presse sous le n° 0924 L 86273 Dépôt légal imprimeur : juin 2025 - Date de parution : juin 2025 - Crédit photographies : ADL - tekoaphotos - Adobestock - Mise en page : Service communication ADL – Impression : Imprimerie Champagnac 15000 Aurillac Prix au numéro : 3 € - Mensuel, abonnement à l’année : 30 €.

LES PREMIERS PAS DU PAPE LÉON XIV

Depuis un mois déjà, Léon XIV a été élu pape. Chaque jour, le pape honore de nombreux rendez-vous et prononce des discours. Certains peuvent déjà nous donner un éclairage sur les priorités données. Le 16 mai dernier, le pape s’est exprimé devant les membres du Corps diplomatique près le Saint-Siège. En voici quelques extraits.

[…] Dans notre dialogue, je voudrais que le sentiment d’appartenance à une famille prenne toujours le pas. En effet, la communauté diplomatique représente toute la famille des peuples, partageant les joies et les peines de la vie ainsi que les valeurs humaines et spirituelles qui l’animent. La diplomatie pontificale est, en effet, une expression de la catholicité même de l’Église et, dans son action diplomatique, le Saint-Siège est animé par une urgence pastorale qui le pousse non pas à rechercher des privilèges, mais à intensifier sa mission évangélique au service de l’humanité. Il combat toute indifférence

et rappelle sans cesse les consciences, comme l’a fait inlassablement mon vénérable prédécesseur, toujours attentif au cri des pauvres, des nécessiteux et des marginalisés, mais aussi aux défis qui marquent notre temps, depuis la sauvegarde de la création jusqu’à l’intelligence artificielle.

[…] Dans notre dialogue, je voudrais que nous gardions à l’esprit trois mots clés qui constituent les piliers de l’action missionnaire de l’Église et du travail diplomatique du Saint-Siège.

Le premier mot est paix. Trop souvent, nous considérons ce mot comme “négatif”, c’est-à-dire comme la simple absence de guerre et de conflit, car l’opposition fait partie de la nature humaine et nous accompagne toujours, nous poussant trop souvent à vivre dans un “état de conflit” permanent : à la maison, au travail, dans la société. La paix semble alors n’être qu’une simple trêve, une pause entre deux conflits, car, malgré tous nos efforts, les tensions sont toujours présentes, un peu comme des braises qui couvent sous la cendre, prêtes à se rallumer à tout moment.

[…] La paix se construit dans le cœur et à partir du cœur, en déracinant l’orgueil et les revendications, et en mesurant son langage, car on peut blesser et tuer aussi par des mots, pas seulement par des armes.

[…] À partir de ce travail, auquel nous sommes tous appelés, il est possible d’éradiquer les prémices de tout conflit et de toute volonté destructrice de conquête. Cela exige également une sincère volonté de dialogue, animée par le désir de se rencontrer plutôt que de s’affronter. Dans cette perspective, il est nécessaire de redonner un souffle à la diplomatie multilatérale et aux institutions internationales qui ont été voulues et conçues avant tout pour remédier aux conflits pouvant surgir au sein de la Communauté internationale. Bien sûr, il faut encore la volonté de cesser de produire des instruments de destruction et de mort, car, comme le rappelait le pape François dans son dernier Message Urbi et Orbi, « aucune paix n’est possible sans véritable désarmement [et] le besoin de chaque peuple de pourvoir à sa propre défense ne peut se transformer en une course générale au réarmement ».

Le deuxième mot est justice. Poursuivre la paix exige de pratiquer la justice. Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai choisi

VIE DE L'ÉGLISE

mon nom en pensant avant tout à Léon XIII, le Pape de la première grande encyclique sociale, Rerum novarum. Dans le changement d’époque que nous vivons, le SaintSiège ne peut s’empêcher de faire entendre sa voix face aux nombreux déséquilibres et injustices qui conduisent, entre autres, à des conditions de travail indignes et à des sociétés de plus en plus fragmentées et conflictuelles. Il faut également s’efforcer de remédier aux inégalités mondiales, qui voient l’opulence et la misère creuser des fossés profonds entre les continents, entre les pays et même au sein d’une même société.

Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile ». En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, de l'enfant à naître à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant.

Mon histoire est celle d’un citoyen, descendant d’immigrés, lui-même émigré. Au cours de la vie, chacun d’entre nous peut se retrouver en bonne santé ou malade, avec ou sans emploi, dans sa patrie ou en terre étrangère : cependant sa dignité reste toujours la même,

celle d’une créature voulue et aimée de Dieu. Le troisième mot est vérité. On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au sein de la Communauté internationale, sans vérité. Là où les mots revêtent des connotations ambiguës et ambivalentes ou le monde virtuel, avec sa perception altérée de la réalité, prend le dessus sans contrôle, il est difficile de construire des rapports authentiques, puisque les prémisses objectives et réelles de la communication font défaut.

Parution début juin 2025

Le numéro #15 de la revue Documents Épiscopat se consacre à la figure d’Alfred Ancel, Pradosien et évêque auxiliaire de Lyon, continuateur de l’œuvre du P. Antoine Chevrier, fondateur du Prado.

Ce numéro est publié sous la responsabilité de Mgr Olivierde gerMay, archevêque de Lyon, et a été coordonné par

Pour sa part, l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants. Ainsi, la vérité ne nous éloigne pas, mais au contraire elle nous permet d’affronter avec plus de vigueur les défis de notre temps comme les migrations, l’utilisation éthique de l’intelligence artificielle et la sauvegarde de notre Terre bien-aimée. Ce sont des défis qui exigent l’engagement et la collaboration de tous, car personne ne peut penser les relever seul. […]

"DOCUMENTS ÉPISCOPAT" CONSACRÉ À MGR ALFRED ANCEL

vincent FerOldi, prêtre du diocèse de Lyon, et guy rOugerie, prêtre du diocèse d’Angoulême, modérateur de l'Institut des prêtres et laïcs consacrés du Prado de France.

Le numéro 15 de la revue Documents Épiscopat se consacre à la figure d’Alfred Ancel, Pradosien et évêque auxiliaire de Lyon, continuateur de l’œuvre du père Antoine Chevrier, fondateur du Prado.

Lyonnais par ses origines familiales, son incardination presbytérale et sa responsabilité d’évêque auxiliaire, Mgr Alfred Ancel (1898-1984) a été tout à l’écoute du monde, « véritable disciple » du Christ, à la suite du bienheureux Antoine Chevrier, fondateur du Prado. Il a mis ses qualités intellectuelles, spirituelles et humaines au service non seulement de l’Église, mais aussi de la formation des prêtres, du monde ouvrier et de ses contemporains, qu’ils soient militants syndicalistes ou politiques, migrants ou simples voisins.

Très actif pendant le concile Vatican II, il a été un pont avec de nombreuses Églises locales des différents continents, en particulier dans sa responsabilité de supérieur général de l’Association des prêtres du Prado.

Ce numéro est publié sous la responsabilité de Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, et a été coordonné par Vincent Feroldi, prêtre du diocèse de Lyon, et Guy Rougerie, prêtre du diocèse d’Angoulême, modérateur de l'Institut des prêtres et laïcs consacrés du Prado de France

Lyonnais par ses origines familiales, son incardination presbytérale et sa responsabilité d’évêque auxiliaire, Mgr Alfred Ancel (1898-1984) a été tout à l’écoute du monde,« véritabledisciple » du Christ, à la suite du bienheureux Antoine Chevrier, fondateur du Prado. Il a mis ses qualités intellectuelles, spirituelles et humaines auservicenon seulementde l’Église,mais aussi de la formation des prêtres, du monde ouvrier et de sescontemporains,qu’ilssoientmilitantssyndicalistes ou politiques, migrants ou simples voisins. Très actif pendant le concile Vatican II, il a été un pont avec de nombreuses Églises locales des différents continents, en particulier dans sa responsabilité de supérieur général de l’Association des prêtres du Prado. ■

Pour vous procurer ce numéro de Documents Épiscopat, deux possibilités s’offrent à vous:

RETOUR EN IMAGES

Des jeunes migrants accompagnés par plusieurs paroisses

Parmi les migrants qui campaient dans le square du Béguin (Lyon 7e) depuis janvier 2024, environ 160 ont été accueillis par la mairie de Lyon dans un gymnase en janvier dernier. Dans le même temps, le diocèse de Lyon en a accueilli 24, répartis au sein de plusieurs paroisses à Sainte-Thérèse à Villeurbanne, SaintMaurice à Lyon 8e et encore au centre En Guedi à Gerland. En mai dernier, Patrick Deveraux, qui coordonne cet accueil avec Régis et Florian, en lien avec Axelle Saint-Paul et Aude Corvaisier-Riche, du pôle diaconie dans notre diocèse, a organisé une journée festive à la campagne pour les jeunes accueillis et les bénévoles qui les aident. « Je garderai le sourire de N’Faly retrouvé pour quelques heures après son refus de reconnaissance de minorité, celui de Mamadou pour qui cette campagne rappelait son village quand il s'occupait de surveiller les bêtes… « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie » : c’était le cas aujourd’hui… », se réjouit Patrick Deveraux.

Jubilé des jeunes collégiens pour les personnes handicapées aussi ! À l’occasion du jubilé des jeunes collégiens qui a rassemblé 350 jeunes en avril dernier à Rome, de nombreux jeunes porteurs de handicap ont pu participer à cet événement, parmi lesquels des jeunes de l’association L’Arche de Villeurbanne.

Rassemblement des jeunes en liturgie

Le 8 mai dernier, 250 jeunes en liturgie se sont retrouvés à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste autour de Mgr Olivier de Germay, pour un temps de rencontre festif et enrichissant. L’occasion aussi pour ces jeunes de s’adonner à quelques exercices pratiques pour parfaire leur service lors des célébrations dominicales. Un événement organisé par la pastorale des 11-17 ans.

Devant Saint-Pierre de Rome, quatre membres de l'Arche

DEUX PRÊTRES JÉSUITES ORDONNÉS À LYON

Entourés de leurs familles et amis, de prêtres amis et d’une cinquantaine de jésuites venus de toute l’Europe à cette occasion, Paul Catherinot et Perrin Lefebvre ont été ordonnés prêtres jésuites le 17 mai dernier à la chapelle du Centre scolaire Saint-Marc à Lyon, par Mgr Loïc Lagadec, évêque auxiliaire de la capitale des Gaules.

DEMANDEZ UNE FORMATION THÉOLOGIQUE À VOTRE CURÉ

La formation théologique initiale prend en compte les dimensions intellectuelle, spirituelle, humaine et pastorale. Au cœur de la formation sont vécues les cinq dimensions essentielles

de la vie chrétienne que sont la prière, le partage, le service, l’annonce... et évidemment la formation !

Vous êtes tous invités à vous former que ce soit pour une journée ou pour

l’ensemble du parcours. Ce parcours de formation initiale est constitué de 23 journées, les mardis pendant la période scolaire au sein de la Maison Saint-Jean-Baptiste. Vous pouvez aussi suivre une ou plusieurs journées pour approfondir tel ou tel point qui pourrait vous intéresser.

Plusieurs prêtres de notre diocèse interviennent au cours de cette formation : pères Thouvenot, Charrier, Labadens, de Nattes, Peytou dans des domaines tels que la Bible, l'ecclésiologie, la morale, l’eschatologie.

Cette formation s’adresse aussi bien aux salariés du diocèse et des paroisses, qu'aux laïcs bénévoles engagés au service de leur paroisse.

Infos : formation-lyon-catholique.fr

PÈLERINAGE DES PÈRES DE FAMILLE LYON PROCESSION DE LA FÊTE-DIEU

Prenez le temps de souffler et de vous ressourcer avant l’été ! Le pèlerinage des pères de famille du Rhône revient cette année les samedi 28 et dimanche 29 juin 2025. Quoi de mieux que de marcher ensemble pendant 36 heures, au cœur des magnifiques paysages du Beaujolais, autour de Villié-Morgon ? Nous aurons, comme chaque année depuis maintenant 15 ans, la joie d’écouter des enseignements spirituels riches et variés donnés par des prêtres de notre diocèse. Contact : pelerinagepapa.lyon@gmail.com

La Fête du Saint-Sacrement, célébrée le 2e dimanche après la Pentecôte, est un appel à approfondir le sens de la présence de Jésus-Christ dans le sacrement de l’eucharistie. À cette occasion plusieurs paroisses du centre-ville de Lyon proposent une procession du Saint-Sacrement dans les rues de Lyon de l’église Saint-Nizier (rue Edouard Herriot, Lyon 2) à la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. La procession sera présidée par Mgr Patrick Le Gal. Pendant la procession de la Fête-Dieu, le prêtre porte l’eucharistie au milieu des rues et des places. On abrite le Saint sacrement sous un dais en marchant sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement.

MGR GABRIEL SAYAOGO : « L’ÉGLISE

DE LYON NOUS INSPIRE

PAR SA VITALITÉ ET SA MARCHE SYNODALE »

En visite à Lyon du 26 mai au 2 juin, une délégation du diocèse de Koupéla (Burkina Faso) est venue raviver les liens d’un jumelage historique initié en 1956. À la tête de cette délégation, Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupéla depuis 2019, partage son regard sur l’Église lyonnaise, les défis pastoraux de son diocèse, l’importance des catéchistes en terres de mission, et évoque une coopération renouvelée entre les deux Églises sœurs.

Quel regard portez-vous sur le diocèse de Lyon ?

En arrivant à Lyon pour mon 3e séjour, je suis frappé par le dynamisme de cette Église. Lyon depuis longtemps est en marche dans le sens synodal, où le pape invite à intégrer toute la composante de l’Église. Hier, j’ai vu une dame assise à l’entrée de l’archevêché. Elle m’a dit qu’elle était déléguée générale. J’ai été surpris !

J’ai été frappé aussi que Mgr Olivier de Germay, Mgr Loïc Lagadec et le père Matthieu Thouvenot, vicaire général, vivent sous le même toit. Ils forment une communauté de vie et de prière ; tout cela va dans le sens synodal.

J’étais présent pour l'installation de Mgr Olivier de Germay en 2020, comme archevêque de Lyon, puis pour la remise de son pallium. Quand j’entends que les adultes reviennent à la foi et demandent le baptême, je vois là le signe d’une Église vivante. La vivacité d’une Église ne se mesure pas au leadership de ses responsables, mais à l’action de l’Esprit saint.

Comment percevez-vous l’élection du nouveau pape Léon XIV ?

L’élection du pape Léon XIV a été un signe pour l’Église et pour le monde entier. Nous attendons de Léon XIV qu’il soit un pasteur. Il reste bien sûr à ce qu’il définisse sa manière de gouverner, de collaborer, qu’il rassemble l’Église, qu'ii l’édifie par ses enseignements comme l’Église l’a demandé à Pierre. Je forme le vœu que la dimension de chef d’état ne prenne pas le dessus. Il est d’abord un pasteur dans son ministère pétrinien.

Quelle est la situation de votre archidiocèse de Koupéla ?

Le diocèse de Koupéla est toujours une terre de mission. Sur un 1,2 million d’habitants, 150 000 environ sont baptisés. Une grande partie de la population ne connait pas JésusChrist. Les protestants sont très peu nombreux. La majorité de la population est animiste ou musulmane.

Le premier défi, c’est l’annonce de Jésus-Christ. Nous avons besoin que les prêtres acceptent de se donner.

Le 2e défi, c’est l’ancrage de la foi. La terre de Koupéla a accueilli les pères blancs missionnaires en 1900, nos premiers baptisés, s’ils vivaient encore, auraient 120 ans. Nous commençons à devenir une vieille Église. Certains sont nostalgiques… « Au temps des pères blancs, ce n’était pas comme ça… » Les grands-pères et grands-mères ont des difficultés à transmettre la foi aux enfants et petitsenfants.

Le 3e défi est celui des vocations à la vie sacerdotale et religieuse. L’archidiocèse de Koupéla peut se glorifier d’un certain nombre de vocations. C’est un défi car il nous faut les accompagner et les former. Cette année, nous accueillons 265 petits séminaristes, accompagnés par 7 prêtres. Ils ne peuvent les connaître individuellement. Cela pose des difficultés.

Le 4e défi de notre diocèse est l’auto-prise en charge. Les anciens conservent leurs habitudes, selon lesquelles c’est au prêtre de tout faire vivre. La participation des laïcs à la vie de l’Église est croissante mais il nous reste un travail de sensibilisation à mener.

À l’heure où nous redécouvrons le ministère du catéchiste en Europe, que pouvez-vous nous en dire, alors que ce personnage revêt une place centrale dans l’organisation de vos communautés ?

Les catéchistes sont des fidèles baptisés auxquels nous demandons d’être auxiliaires des prêtres dans les paroisses. Nous avons de grandes étendues territoriales et paroissiales. Dans ces conditions, difficile de demander au prêtre d’allier administration civile et administration des sacrements. (Au Burkina Faso, l’Église se charge des registres d’état civil). C’est un homme généralement marié qui vit dans le village de la même manière que le villageois. Nous le formons pendant 4 ans au sein d’un centre de formation des catéchistes. Première possibilité : entrer célibataire. Il suit alors deux ans de formation, au terme desquels nous le renvoyons dans son village pour se marier. Le futur catéchiste est ensuite rappelé pour poursuivre sa formation pendant deux années avec son époux ou son épouse. Deuxième possibilité, être déjà marié. Le couple vient alors se former pour une durée de quatre ans. A la fin, tous deux sortent catéchistes. Ils sont alors envoyés tous les deux dans un même village. Et l’épouse anime ellemême un village. Une fois dans le village, le catéchiste est vraiment un prêtre en miniature. Pour un problème de foi, aucun chrétien n’a le droit de passer outre le catéchiste avant de rencontrer le prêtre. Il ne dispense toutefois pas lui-même les sacrements. Le dimanche, il dit la prière en l’absence du prêtre et explique la parole selon ses possibilités. Selon les villages, il peut faire communier les fidèles grâce à la réserve eucharistique. Parallèlement, le prêtre passe toujours par le catéchiste pour donner une information.

VIE DU DIOCÈSE

Le catéchiste reçoit une rémunération par le diocèse : la scolarisation de deux de ses enfants est soutenue, il reçoit une somme de 91 euros par année et lorsqu’il part à la retraite, il perçoit environ 460 euros. (Le salaire minimum au Burkina Faso est de 68 euros par mois). Pour le reste, les catéchistes vivent de leur travail.

Cette année, le 15 mai dernier, j’ai envoyé 15 nouveaux catéchistes en mission, et le centre de formation en regroupe une soixantaine qui suivent les quatre ans de formation.

Dans le domaine interreligieux, quelle expérience pouvezvous partager aux fidèles du diocèse de Lyon ?

La grande majorité sont adeptes de religions traditionnelles ou de l’Islam. Par nature, l’Église est dialogue. Le message évangélique est pour tout le monde ! Une commission est mise en place pour dialoguer avec les religions traditionnelles, dialoguer avec l’islam et dialoguer dans l’œcuménisme ; un prêtre à la tête de cette commission me représente auprès des leaders religieux et chefs coutumiers. À la différence peut-être de l’Europe, le dialogue interreligieux est vécu à la base de la société, au sein des familles, et non pas seulement entre responsables. Pour nous une famille est la somme de plusieurs couples qui se regroupent pour former une concession. Au sein d’une concession, il est très fréquent que quatre groupes religieux se côtoient. Il est donc habituel pour tout catholique de dialoguer avec une personne d’une autre confession.

Comment expliquer les tensions religieuses, parfois violentes qui nous sont reportées par les médias ? Evidemment, il existe des frictions malgré cette cohésion sociale, dues à des individus ou des groupes formés. Aujourd’hui par exemple, un groupe est en train de renaitre : il s’agit des panafricanistes. Ils attaquent l’Église de front et l’accuse d’accaparer les terres et de ne pas les exploiter comme elles devraient l’être. Les propriétaires terriens sont donc incités à reprendre les terres qu’ils ont confiées à l’Église.

Certains n’accueillent pas les messages de paix que l’Église délivre, au prétexte qu’elle ne devrait pas se mêler d’affaires de l’état. Dans tous les secteurs, il y a des extrémistes. Mais de manière générale, la cohésion sociale, le vivre ensemble harmonieux est une réalité au Burkina-Faso.

Quelles sont vos espérances pour redynamiser le vieux jumelage entre les diocèses de Koupéla et de Lyon ?

Premier jumelage diocésain mondial, il a été institué en 1956 à l’initiative du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, qui a consacré Mgr Yougbaré, premier évêque originaire de l’Afrique de l’ouest et premier titulaire du siège épiscopal de Koupéla. Un jumelage informel était alors créé. En 2006, le cardinal Barbarin et Mgr Rouamba ont formalisé ce jumelage. Avec l’archevêque de Lyon, j’essaie de poursuivre ce que nos prédécesseurs ont entrepris.

Certains de nos prêtres pourraient être envoyés en mission à Lyon. Parallèlement, la collaboration pourrait être renforcée pour soutenir la formation de nos prêtres et laïcs. Certains de nos villages sont dépourvus d’écoles catholiques. Des projets pourraient naître en ce sens… Nous pourrions également relancer les visites d’amitié entre entités jumelées, écoles et paroisses, afin que chacun redécouvre la réalité de l’autre. Un mot pour conclure ? J’aimerais féliciter le diocèse de Lyon, qui a vu Pauline Marie Jaricot béatifiée. Cela nous montre combien l’Église de Lyon est vivante tout au long de son histoire. C’est une joie d’être témoin d’une renaissance de la foi, ce qui témoigne de la vivacité de la vie chrétienne de votre diocèse. Que Lyon garde jalousement ce patrimoine spirituel qui est aussi entré dans le patrimoine culturel. Je pense là à Notre-Dame de Fourvière, à la maison de Lorette, que notre délégation a eu la joie de visiter. Je remercie enfin le comité de jumelage et en particulier Yves Chevalet pour son accueil et les nombreuses découvertes qui nous sont données de vivre.

Membres de la délégation de g. à d. : Père Gilbert Kafando, vicaire épiscopal, Abel Kima, président du comité de jumelage, Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupéla depuis 2019 et Claire Rachel, membre du comité de jumelage

LES NEURONES ENCHANTÉS - LE CERVEAU ET LA MUSIQUE

Pierre Boulez dont nous célébrons cette année le centenaire, est un acteur majeur du paysage musical du XXe siècle. Grand travailleur, il a œuvré au service de la musique, toute sa vie durant. Au plan collectif en créant et dirigeant des institutions vouées au développement et à la diffusion de la création musicale. Au plan individuel, par son talent pédagogique, et par sa générosité, il a exercé sur les musiciens qui ont travaillé avec lui une influence déterminante, favorisant l’éclosion de leur talent.

Son action au sein de l’ensemble intercontemporain et l’IRCAM - grâce à une politique de commandes - a permis à de nombreux compositeurs de faire connaître leurs œuvres, et d’avoir des moyens financiers pour se consacrer à leur écriture. Il a également dirigé à plusieurs reprises des ensembles tels que l'Orchestre des jeunes Gustav Mahler ou celui de l’Académie du festival de Lucerne, s’adressant à de jeunes musiciens en voie de professionnalisation et leur offrant ainsi une expérience d’un niveau de qualité exceptionnel.

LA BIBLE, QU’EST QUE ÇA CHANGE ?

Un professeur du collège de France rend compte de son travail aux nonspécialistes, et c’est réussi.

Comme compositeur il apporte une importante contribution à l’écriture musicale en permettant le développement et la diffusion de la musique sérielle, de la musique électronique et de la musique aléatoire, et en partageant ses réflexions sur le langage musical et sur la création. Sa constante recherche, tout au long de sa vie produit dans son œuvre, une écriture en constante évolution.

Professeur au Collège de France, de 1976 à 1995, il occupe la chaire « Invention, technique et langage ».

On retiendra de lui, outre sa prestigieuse carrière de chef d’orchestre et de compositeur, son action engagée, son gout de la transmission et du partage, ses qualités pédagogiques, son oreille extraordinaire, sa rigueur et sa clarté d’esprit, et sa recherche permanente qui l’a fait toujours évoluer dans son cheminement créatif.

Les neurones enchantés, Pierre Boulez, Jean-Pierre Changeux, Philippe Manoury, éditions Odile Jacob 9,50€ en poche.

Une des originalités des textes bibliques réside dans leur réagencement durant leur rédaction-même, de sorte qu’ils portent la trace de leurs lectures anciennes. En conséquence, les couches successives d’écriture commandent le type de lecture aujourd’hui, histoire d’éviter tant l’anachronisme, le hors-sujet que le contre-sens. L’auteur ne décrit pas tant la Bible qu’il ne met au jour le rapport d'un texte et ses lecteurs anciens. La Bible, au premier-chef, n’existe pas indépendamment de ses lectures.

La lecture est un acte dangereux, d'abord pour le texte lui-même que l'on plie à ce qu'on pense. La pluralité de la collection de livres qu'est la Bible oblige à constater la diversité qui se fait dialogue. Le fait qu'il y ait quatre évangiles en est l'un des exemples le plus manifeste. On ne peut lire la Bible pour avoir une vérité première, ou dernière, dont on pourrait se servir comme d’une recette. La vérité n'est pas simple, pas plus que l'existence humaine. Recourir à un texte écrit sur plus de mille ans fait entrer dans la pensée qui n'est jamais la facilité d’un "y'a qu'à, faut qu'on".

Ni théologie même biblique, ni exégèse, l’ouvrage est de critique littéraire par l’histoire du texte. Ce n'est cependant pas un livre d'histoire mais plutôt de mise en évidence des questions auxquelles confronte la Bible, ce qu'est l'humain, le politique, le mal, la vie.

La Bible, qu’est que ça change ? Thomas Römer, Labor et fides, 2025, 10€

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Eglise à Lyon n°83 - Juin 2025 by Association diocésaine de Lyon - Issuu