LUNDI 28/08
VENDREDI 06/10

2023
En partenariat avec Michel Wiedemann, photographe
LUNDI 28/08
VENDREDI 06/10
2023
En partenariat avec Michel Wiedemann, photographe
Amateur de photographie, passionné de patrimoine, ou simplement curieux, vous avez franchi les portes de la Maison diocésaine Saint-Louis-Beaulieu, et vous vous trouvez devant une expérience inédite, mettant en valeur le patrimoine religieux des églises de Gironde, et plus particulièrement celui de l’époque baroque.
Grâce à Michel Wiedemann, photographe amateur des églises de Gironde depuis plus d’une dizaine d’années, le diocèse possède maintenant l’une des plus grandes photothèques de son patrimoine, et il est heureux de vous en présenter une partie aujourd’hui.
Dans le hall, cette exposition vous offre l’occasion de découvrir la richesse et la diversité des œuvres baroques de nos églises, très souvent liées à l’histoire de la région, de par les artistes qui y ont travaillé et les familles qui ont passé commande, ou la mise en avant des saints locaux, racontant ainsi quelque chose de la Gironde. Entre objets d’art, architecture ou ferronnerie, laissez-vous toucher par la beauté des œuvres présentées et valorisées par ces clichés esthétiques.
Lorsque vous continuez dans le cloître, vous y découvrez une mise en perspective de notre patrimoine. En suivant le parcours que nous vous proposons, vous suivrez le chemin qui mène à la rencontre avec Dieu, partant de l’extérieur du bâtiment qu’est l’église pour aller progressivement jusqu’à l’autel, puis ressortir et être envoyé en mission : telle est l’expérience que nous souhaitons vous faire vivre grâce à l’esthétisme de ces photos. La rencontre avec Dieu passe par l’émerveillement : nous avons voulu mettre en valeur des œuvres auxquelles nous ne faisons plus attention aujourd’hui. Arrêtez-vous et regardez comment les artistes ont essayé de rendre Dieu présent, au milieu de nous.
Que vous soyez croyant ou non, nous vous souhaitons une belle découverte de notre patrimoine. Nous espérons que votre âme s’émerveillera devant ces œuvres. “L’amour du beau conduit au ciel.”, disait Platon en son temps. Nous vous invitons à vivre cette expérience !
REZ-DECHAUSSÉE
RUE DE SAINT-GENÈS
ENTRÉE
ENTRÉE DES VOITURES (par la rue de Saint-Genès)
Bordeaux au début du xviie siècle est une ville jésuite. La Compagnie de Jésus, arrivée pour lutter contre le protestantisme en éduquant les élites sociales, y dispose du collège de La Madeleine depuis 1572, du noviciat de la province d’Aquitaine depuis 1607 et d’une maison professe, résidence du Père provincial, rue des Ayres, depuis 1624. Les Jésuites achètent à la ville la Mairerie en 1662, et construisent à côté leur église, ils concurrencent par la qualité de leur enseignement l’université et le collège de Guyenne.
« La renaissance catholique issue de la réforme tridentine, soutenue à Bordeaux par l’action des grands prélats que furent François (1599-1628) et Henri de Sourdis (1629-1645) ainsi qu’Henri de Béthune (1646-1680), s’exprima par l’essor sans précédent des communautés religieuses tant masculines que féminines, qui passèrent de six, en 1572, à vingt-six, en 1684. Les milieux bordelais dévots — familles nobles ou parlementaires — marqués par les courants les plus actifs de la spiritualité française, soutinrent par le mécénat l’implantation ou l’affirmation des ordres religieux
où entrèrent nombre des leurs. Ce profond mouvement de foi explique l’importance et la qualité des bâtiments religieux et singulièrement des églises qui restent le plus bel ensemble de la parure architecturale du xviie siècle à Bordeaux. », comme l’écrit Christian Taillard.
Bordeaux doit à des ordres religieux les quatre églises du xviie siècle que nous présentons :
• Saint-Bruno aux Chartreux,
• Saint-Paul-&-Saint-François-Xavier aux Jésuites,
• Saint-Joseph à la Société des Sœurs de Saint-Joseph,
• Notre-Dame aux Dominicains.
Ces édifices, auxquels il faut ajouter la chapelle des Filles de Notre-Dame, affectée en 1805 aux protestants et devenue le temple du Hâ, sont des constructions caractéristiques de la Contre-Réforme catholique et importent en Aquitaine des formes inspirées de l’architecture romaine et parisienne que connaissait le cardinal François de Sourdis : recherche du mouvement et de l’impression de masse puissante, de richesse décorative et d’émotion.
Cette église est l’ancienne chapelle du couvent des Chartreux fondée sous le patronage de saint Bruno grâce au legs d’Ambroise de Gascq en 1608, enrichie par l’archevêque de Bordeaux et cardinal François de Sourdis (1599-1628) qui fit assécher ce quartier marécageux à ses frais, qui furent considérables. La première pierre fut posée en 1611 par le gouverneur de Bordeaux, le prince de Condé. Elle fut consacrée par François de Sourdis le 29 mars 1620 sous le nom de NotreDame-de-Miséricorde, d’où l’inscription où il s’en dit fondateur et la statue de la Vierge sur la façade. Après la Révolution et la destruction du couvent, elle est devenue église paroissiale en 1820 sous le patronage de saint Vincent et saint Bruno.
Sur la façade, inscription latine :
FRANCISCVS SRE PBR ET CARD.
DE SOURDIS AD GLAM OMPTIS
LAVDEM VERO B.V. MARIÆ MATRIS
MIÆ FECIT 1619
François de Sourdis, prêtre et cardinal de la sainte Église romaine, a bâti en 1619 à la gloire de Dieu tout-puissant et à la louange de la bienheureuse
Vierge Marie, mère de la miséricorde.
Dans la niche, statue de la Vierge à l’enfant, en pierre de Taillebourg, décapitée à la Révolution et restaurée au xixe siècle, ainsi que les armoiries du cardinal, comme l’indique Marionneau en 1861.
On voit répété tout en haut et plus bas à droite le blason écartelé de la famille de Sourdis, sommé d’une croix patriar-
cale et d’un chapeau de cardinal, d’où pendent de chaque côté six glands. À gauche, les armoiries familiales sont remplacées par un emblème, une urne enflammée, symbole de la charité. Sur les contreforts latéraux se retrouvent le monogramme FS de François de Sourdis et ses emblèmes, des urnes flammifères avec la devise :
Quæ sursum sapite.
Ayez le goût de ce qui est d’en haut1.
Près de la façade, du côté sud, ancienne porte du cloître, remarquable par ses moulures et ses ornements.
Les bâtiments du couvent ont été démolis, quelques morceaux sont remployés de l’autre côté de la rue aux portails du cimetière de la Chartreuse.
mur 1, photo 1 5, place du 11-novembre.mur 1, photo 2
58 - 60, rue Paul-Louis-Lande
Chapelle de la « Société des Sœurs de Saint-Joseph pour le gouvernement des filles orphelines de la ville de Bordeaux », congrégation constituée en 1638 et approuvée par l’archevêque Henri de Sourdis.
L’église est entreprise en 1663, construite de 1666 à 1671, probablement œuvre de l’architecte bordelais Julien Foucré, grâce aux libéralités de Jean-Baptiste Lecomte de la Tresne, président au Parlement de Bordeaux, et de son épouse Marie-Anne
de Pontac. Elle contient un retable de pierre en l’honneur de la Vierge. Les vantaux de la porte sont ornés de bas-reliefs à l’effigie de Joseph et de Marie. Une statue de saint Joseph occupait la niche centrale, aujourd’hui vide.
L’édifice, longtemps inutilisé, a été mis à la disposition de l’Église orthodoxe roumaine qui y a installé des icônes de tradition orientale, réalisées par le peintre bordelais Philippe Labèque.
glise des Dominicains ou Jacobins, édifiée de 1684 à 1707, à la suite de la destruction de leur couvent pour l’agrandissement du château Trompette sur ordre de Louis XIV. Les architectes en sont l’ingénieur du roi Pierre Duplessy-Michel, qui meurt en juillet 1693 avant la fin des travaux, et le frère Léon Maupeau, puis le frère Jean Fontaine.
Ils s’inspirent de la façade de l’église du Gesù à Rome. L’église a trois nefs, sans transept. La façade de 1707 est
mur 1, photo 3 1, rue Mably
divisée horizontalement en deux étages. Le rezde-chaussée est d’ordre corinthien, divisé par six colonnes et quatre pilastres qui soutiennent un entablement avec frise à rinceaux. Le premier étage reprend la même structure et soutient un fronton triangulaire. Des volutes l’élargissent. Entre les colonnes de l’étage se trouvent des médaillons à l’effigie de Dominicains : Benoît XI, saint Antonin, Pie V, saint Albert. Au-dessus de la porte, un bas-relief représente la Vierge donnant le rosaire à saint Dominique. De chaque côté des bas-reliefs d’anges, portant livre, palmes, encensoirs, vases sacrés. On attribue cette décoration abondante aux frères Pierre II et Jean Berquin. Entre les colonnes du rez-de-chaussée, des niches où se dressent quatre statues de pères de l’Église, Ambroise, Grégoire, Jérôme, Augustin, par le sculpteur Edmond Prévôt (1866).
Église des Jésuites implantés à Bordeaux depuis 1572, placée à l’origine sous le patronage de saint François Xavier, renommée Saint-Paul en 1791 en souvenir d’une église disparue rue de Ruat, fermée sous la Révolution, église paroissiale intitulée Saint-Paul-et-SaintFrançois-Xavier depuis 1842, confiée aux Dominicains de la province de Toulouse depuis 1992. Sous la direction du frère Mathurin Biziou, architecte, et grâce aux dons d’Olive de Lestonnac, propriétaire avec son frère du Château Margaux, l’église est édifiée entre 1661 et 1673. Le 22 mai 1676, elle est consacrée à saint François Xavier par Mgr Henri de Béthune, alors archevêque de Bordeaux.
La façade reprend avec une largeur et un luxe moindres le schéma de l’église jésuite Saint-Paul de Paris et de l’église du Gesù à Rome, due à Giacomo della Porta (1568-1584) : deux étages séparés par une corniche et un bandeau, divisés par des pilastres, simples à Bordeaux, doubles à Rome, surmontés d’un fronton triangulaire, une fenêtre haute à l’étage, flanquée de deux niches, mais une seule porte à Bordeaux au lieu de trois à Rome. Faute d’argent, le décor de la façade est inachevé, la coupole prévue à la croisée du transept n’est pas construite. Le monogramme IHS des Jésuites est martelé à la suppression de l’ordre des Jésuites en 1763. Le buste de saint François Xavier au-dessus de la porte est détruit en 1793. Le clocher est surélevé par l’architecte bordelais Burguet en 1853-1855.
Les grilles ont pour fonction de séparer des espaces ; elles sont utiles pour définir une limite entre un espace public et une zone privée. Elles servent aussi de garde-corps dans les escaliers, les balcons. Dans l’église, elles délimitent l’espace du chœur réservé aux clercs, de l’évêque au servant de messe, et le séparent de l’espace ouvert au public baptisé. Aux premiers temps de l’Église, on n’admettait pas les catéchumènes non baptisés dans l’église, ils restaient dans un espace avant l’entrée, le nar-
thex, et les baptistères étaient des bâtiments distincts des églises, comme on le voit à Pise, Florence, Poitiers… Il en est resté l’usage de séparer la partie où se trouvent les fonts baptismaux par une grille du reste de l’église. Dans la nef elle-même, une grille séparait le chœur où évoluaient les clercs et l’espace où se trouvaient les fidèles. Les deux se rencontrent pour la communion qui se donnait aux fidèles agenouillés devant un « banc de communion » qui était souvent une grille de fer.
Elles sont l’œuvre du serrurier bordelais Jean Moreau qui les met en place avant le 29 octobre 1781. « Jusqu’en 1851, le maître-autel fut relié aux piliers par des grilles en fer forgé d’un travail remarquable. Elles furent déplacées en même temps que l’autel et ferment aujourd’hui les arcades qui font communiquer le chœur liturgique avec les bas-côtés2 »
Au sommet se trouvent deux groupes en fer repoussé et doré, l’Ascension du Christ et l’Assomption de la Vierge Marie.
C'est un maître serrurier de La Réole, le plus remarquable du pays bordelais par son originalité, ses inventions et la qualité de leur exécution. Il est né le 6 janvier 1717 à Velars-sur-Ouche, à douze kilomètres à l’ouest de Dijon, où existaient des forges et fourneaux à fonte. Fils de manouvrier, il a quatre frères et sœurs. Il arrive en 1741 à La Réole, il se marie le 22 juin 1744 avec Françoise Gaüzes, originaire de Beguey. Elle dicte son tes-
tament en 1780. Blaise Charlut se remarie le 7 août 1781, âgé de 64 ans avec Jeanne Gude, qui en a trente. Il n’a pas d’enfant et prend pour aide et pour héritier Pierre Martin, neveu de sa première femme. Il meurt le 2 juillet 1792 à La Réole. On ne sait rien de sa formation, mais il est un maître tôt reconnu.
Marie-France Lacoue-Labarthe a fait un catalogue de ses œuvres, dont nous présentons ici les plus fameuses.
C’est la première œuvre connue de l’atelier de Blaise Charlut, on possède des documents précis sur ses fournitures. L’ouvrage a été achevé en 1751 comme l’indique une plaque de fer fixée à la grille :
MRS DE BLANC ET DE LAVIE SYNDICS
/MRS LAROCHETTE ET DUVERGIER GRANDS OUVRIERS/L’AN 1751.
Les termes de syndic et de grand ouvrier n’ont pas leur sens actuel : c’étaient des fonctions dans le conseil de fabrique qui administrait les finances de l’église.
À l’origine, la grille était en fer poli, brillant. Quatre ans plus tard, la rouille oblige
à peindre la grille. Du point de vue esthétique, elle relève du style Louis XV rocaille par ses courbes et contre-courbes.
porte sud
Datée de 1773 par une petite plaque fixée à l’extérieur, elle se découpe sur un fond de ciel. C’est le chefd’œuvre de Blaise Charlut. La composition des battants est originale et comporte trois niveaux de frises séparés par du barreaudage simple. Le métal est travaillé avec des pleins et des déliés. La symétrie de l’imposte est parfaite. C’est un « registre Louis XV ou rocaille de mouvement exacerbé, jeu de pleins et de vides où c’est le mouvement qui devient ornement3 ».
porte nord
C e travail plus tardif de Blaise Charlut ferme l’accès à une galerie du cloître sans en ôter la vue. La composition est claire, elle montre du mouvement, de la fluidité dans un dessin net, sans les ornements adventices qui compli-
mur 1, photo 7 mur 1, photo 8 3. Lacoue-Labarthe Marie-France, Le maître du fer, p. 72.quaient la grille de la chapelle Saint-Clair. Les palmettes, les vagues, les gouttes, les courbes et contrecourbes sont les éléments caractéristiques du style rocaille dont la faveur se prolonge dans les milieux religieux.
Son originalité tient à ce que les panneaux ne sont pas répétés à l'identique.
L'utilisation judicieuse de matériaux et de détails complexes reflète la maîtrise technique et artistique de l'époque baroque, faisant de cet escalier une pièce d'art fonctionnelle et esthétique.
Le bénitier est une sorte de bassin ou de vase destiné à contenir l’eau bénite dont les chrétiens se servent pour faire le signe de la croix. Le bénitier est souvent placé de part et d’autre des portes d’entrée et, en entrant dans l’église, les fidèles trempent le bout des doigts de la main droite dans l’eau bénite, puis se signent, c’est-à-dire qu’ils ébauchent un signe de croix.
Le bénitier est large et peu profond. Il est en matière dure, souvent en pierre de taille et l’intérieur est en marbre ou en albâtre. On utilise parfois un gros coquillage exotique appelé justement, pour cette raison,
bénitier. Le bénitier peut être réalisé avec un socle, ce qui en fait un objet mobilier, ou être incorporé à la construction. Dans les églises baroques, les bénitiers peuvent être richement décorés (Wikipedia).
On doit distinguer l’eau bénite ordinaire, des bénitiers d’église ou particuliers, de l’eau baptismale qui est préparée spécialement lors de la vigile pascale. Les croyants font le signe de croix sur eux-mêmes en entrant dans l’église. On se sert aussi d’eau bénite pour les aspersions du peuple lors des messes et des bénédictions diverses.
Ouvrage en pierre datant de 1609, aux armes de G. de Birex.
Bénitier en pierre calcaire, cuve à godrons, aux armes de François de Sourdis, archevêque de Bordeaux (15991628) et fondateur de la Chartreuse. L’écu divisé en quatre quartiers écartelés est surmonté d’une croix patriarcale et d’un chapeau de cardinal d’où pendent des glands.
Bénitier en pierre calcaire, incorporé au mur, cuve à godrons, décorée d’un crâne couronné de feuilles de laurier au-dessus de tibias entrecroisés. Les couronnes de laurier sont accordées aux triomphateurs de la terre, mais ne les garantissent pas de la mort. Le bénitier devient un rappel des fins dernières et de la vanité des gloires humaines.
mur 2, photo 1 mur 2, photo 3Un confessionnal désigne un isoloir clos, disposé dans les églises catholiques afin que le confesseur, un prêtre, y entende derrière un grillage la confession du pénitent. Une session du concile de Trente sur le sacrement de pénitence promeut son usage pour la première fois. C’est sous l’impulsion de Charles Borromée, archevêque de Milan (1538-1584), que le confessionnal est apparu au xvie siècle.
« Traditionnellement, en France, ce mobilier liturgique (la plupart du temps confectionné en bois) se compose d’une loge centrale, munie d’une porte, permettant au prêtre d’y accéder, ainsi que de deux compartiments, placés de chaque côté de la loge, pour y accueillir les pénitents, compartiments qui sont garnis d’un agenouilloir, d’une tablette et généralement fermés par un rideau. Historiquement, dans les autres nations européennes catholiques (notamment l’Espagne ou la Belgique) ce mobilier est nettement plus dépouillé et le prêtre reste à découvert4. »
Lutrin du xviiie siècle, en bois de noyer, de style Louis XVI. Ce lutrin double permet de supporter deux grands antiphonaires ouverts, reposant sur les ailes étendues de chaque aigle. Placé au milieu du chœur entre les deux rangées de stalles, il permet aux religieux de chaque côté de suivre la partition de l’hymne, imprimée en très gros caractères. Il provient vraisemblablement d’une abbaye importante.
Saint-Médard-en-Jalles, xviiie siècle mur 2, photo 4 mur 2, photo 5Le tabernaculum est une tente en latin et les Hébreux sortis d’Égypte ont transporté un sanctuaire itinérant, tente faite de tapis cousus ensemble. Le tabernacle chrétien est une construction imitant le tabernacle décrit dans le livre de l’Exode (XXV, 18 - 22) : Les chérubins étendront les ailes pardessus couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et se faisant face l’un à l’autre ; les chérubins auront la face tournée vers le propitiatoire.
Les anges sont placés sur les colonnes des autels pour signifier qu’ils assistent en personne aux redoutables sacrifices de la messe, comme le déclarent excellemment Ambroise, Chrysostome et Innocent III3.
Ces chérubins sont des êtres fabuleux ayant une face d’homme et des ailes, selon le début de la vision du prophète Ezéchiel, dont les autres traits ont été négligés. Le sculpteur Jean Baptiste II Péru y a
travaillé entre 1744 à 1759, irritant les Dominicains par ses lenteurs. Christian Taillard écrit à leur sujet qu’ils « évoquent les amours mutins et insoucieux de Boucher et expriment une sensibilité religieuse gaie, mais bien superficielle4 » Sur la porte métallique du tabernacle et de maints autres de cette époque est représenté un symbole de Jésus, sous la forme d’un agneau sacrifié, étendu sur le livre aux sept sceaux mentionnés dans l’Apocalypse de Jean (V, 5 - 6). Les sept sceaux retiennent les fléaux qui vont se déclencher à la fin des temps : guerre, peste, famine, tremblement de terre, chute des étoiles… Selon le texte, l’agneau a « sept cornes et sept yeux qui sont les esprits de Dieu envoyés sur toute la terre ». Sujet difficile à représenter, encore que des artistes médiévaux l’aient tenté à Tahull. L’artiste a préféré la figure d’un agneau ordinaire tel que nous pouvons le voir.
mur 2, photo 6 3. in Molanus, Traité des saintes images, p. 445.Le retable date de la fin du xviie siècle (comme l’autel) avec les statues en bois de saint pierre (à gauche) et de saint paul (à droite). Le retable fut réalisé par des artistes itinérants qui, leur travail terminé, cherchaient d’autres mécènes dans les châteaux ou les églises, ce qui explique qu’on trouve, ailleurs, d’autres ouvrages de même facture. Sa partie supérieure représente Dieu le père entouré d’angelots. Dominant le tableau, une mitre dorée, rappelant que saint aubin était évêque, est soutenue par la coquille SaintJacques du pèlerin et par un écu orné de lettres entrelacées où certains croient voir le « S » et le « A » de saint Aubin.
Le tableau central, du xviiie siècle, montre le saint dans sa gloire, revêtu de ses ornements pontificaux, entouré d’anges et de nuées indiquant qu’il monte vers le ciel.
L’autel fait partie de l’ensemble. Sur la porte du tabernacle, on voit le Christ tenant le globe du monde.
De part et d’autre de l’autel, deux colonnes cannelées sont surmontées chacune d’un chérubin joufflu embouchant sa trompette. Au bas des panneaux latéraux, s’ouvrent deux portes, ornées des monogrammes du Christ et de Marie, par lesquelles on accède à un sarcophage situé derrière l’autel.
On note aussi, tout en haut de chaque côté, deux corbeilles de fleurs finement sculptées.
mur 2, photo 8Cadillac est le siège d’un château appartenant à Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’Épernon, favori d’Henri III, rallié à Henri IV, gouverneur militaire de Guyenne de 1622 à 1638, décédé en 1642 à Loches, mais enterré à Cadillac. Il a pour épouse Marguerite de Foix-Candale.
Le duc a ajouté à la collégiale gothique Saint-Blaise une chapelle (1606) où il a voulu être enterré sous un monument à colonnes magnifique, sommé d’une statue de la Renommée sonnant de la trompette. Ce monument a été détruit. Le duc a également pourvu cette église d’un retable luxueux, dont seul le fronton est ici présenté.
Le fronton brisé soutenu par deux colonnes ioniennes entoure un buste de Dieu le père bénissant, tenant le globe crucigère et reposant sur une nuée, couronné par deux angelots. Au même niveau, étendus sur les rampants, deux anges musiciens jouant de la harpe à gauche, du luth à droite. Encore plus haut, le tétragramme divin en lettres hébraïques est entouré de chérubins et d’anges musiciens : l’un joue du violon, l’autre de la harpe, les deux autres chantent. Enfin tout en haut, un ange joufflu, doré, cache le pied de la croix.
Le retable a sans doute profité de la présence des sculpteurs employés au château à la décoration des cheminées, il sert par le choix des personnages célestes à la glorification du duc et de son épouse.
Les anges sont des messagers de Dieu, voire Dieu lui-même quand il est question de « l’ange du Seigneur ». Ils sont de purs esprits sans corps et sans sexe (Matthieu, 22, 30) : « À la résurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme les anges dans le ciel. ».
Les anges ont des fonctions diverses. Il y a une hiérarchie entre eux : les anges, les archanges, les dominations, les puissances… Au vie siècle après J.-C., le pseudo Denis l’Aréopagite a imaginé dans sa hiérarchie céleste neuf ordres d’anges. Comment représenter des êtres sans corps ? Les chrétiens ont emprunté les formes de la Victoire ou Nikè des païens, dont l’exemple le plus connu est la Victoire de Samothrace. Sa tête est perdue, mais on voit bien à ses seins sous le vêtement que c’est une personnification féminine, désignée en grec comme en latin par un nom féminin. Une statue de la Victoire était placée depuis Actium dans la salle du Sénat romain, d’où l’empereur Constance II l’évacua au motif que c’était une divinité païenne. Les anges ont le costume drapé, les ailes d’oiseau de la Victoire. Mais dans son manuel L’Art de la Peinture (1649), le peintre Francisco
Pacheco, chargé par l’Inquisition « du soin particulier de veiller à la peinture des choses sacrées et de les visiter dans les ateliers et lieux publics », consacre un chapitre à la peinture des anges :
« Il est bon de traiter en second lieu des anges à cause de la perfection de leur nature et parce qu’ils sont l’image fidèle de leur créateur. Des peintres les peignent avec le visage et le corps d’une femme et non seulement avec la tête ornée de boucles et de tresses, mais aussi avec des seins, ce qui est indigne de leur perfection. »
Il apparaît à travers les textes divins et cela est approuvé par les conciles, que leur aspect et visage est celui d’un homme et non d’une femme et pour cela on leur donne le nom de viri, communément, dans la sainte Écriture. […] On doit donc les représenter jeunes, entre dix et vingt ans, ce qui est l’âge médian, et qui selon saint Denis correspond à la force et à l’élan vital qui reste toujours aussi vigoureux chez les anges, jeunes gens imberbes aux visages beaux et plaisants5, aux yeux vifs et brillants — bien que le
regard viril, la chevelure épaisse et brillante, blonde ou châtain, de belle allure et proportion, soit signe extérieur de la beauté de leur âme, comme le rapporte saint Augustin de l’apparition de l’archange Gabriel quand il vint en ambassade auprès de la très sainte Vierge… On doit les peindre ordinairement avec de magnifiques ailes aux couleurs variées, à l’imitation de la nature, non pas parce que Dieu les a faits ainsi, mais afin de faire entendre
leur caractère aérien, l’agilité et la vélocité dont ils sont dotés, comment ils descendent du ciel, libres de toute pesanteur corporelle, l’esprit toujours fixé sur Dieu, parmi les nuages, parce que le ciel est leur propre demeure et afin qu’ils nous communiquent doucement l’inaccessible lumière dont ils jouissent. »
S urplombant le maître-autel en marbre, quatre anges aériens et délicats, viennent illustrer le style baroque caractéristique de l'église Notre-Dame.
La chaire en bois d’acajou et en marbre est datée de 1753, l’abat-son est surmonté d’une statue de saint Michel enchaînant le démon. On ne connaît pas l’auteur de ce groupe sculpté, on sait que l’ébéniste qui a façonné l’ensemble du meuble se nommait J. Feyneau, et habitait la rue Sainte-Croix. Les fonds nécessaires ont été offerts par M. Tennet, secrétaire du roi et syndic de la paroisse, aussi bien pour la chaire que pour la tribune des orgues, plus tardive (1785). La chaire, placée d’abord au second pilier, a été déplacée sur le troisième. À l’époque, les auditeurs écoutaient les sermons assis sur de la paille.
La statue de saint Michel porte une cuirasse romaine, telle que l’imaginait le xviiie siècle. Elle répond aux consignes de Francisco Pacheco sur la peinture des anges :
« Il arrive que les anges, de par la volonté du Seigneur, les nécessités humaines et la variété des ministères qu’ils exercent, prennent le costume de capitaine, de soldat en armes, de voyageur, de pèlerin, de guide ou de pasteur, de gardien ou d’exécuteur de la justice divine, d’ambassadeur ou de messager de bonnes nouvelles, de consolateur,
musicien utilisant les instruments selon le mode qu’il convient. Il en va ainsi de saint Michel luttant contre le démon, de celui qui garde la porte du paradis, de celui qui tua les premiers-nés. […] Et je tiens à préciser, et c’est chose entendue parmi les docteurs, que les anges, les vertus et les Hiéroglyphes dans les histoires anciennes, doivent être peints revêtus d’armes et de cuirasses romaines et que l’on doit fuir tout ce qui se fait de nos jours6. »
Le sculpteur a choisi d’illustrer un passage de l’Apocalypse (xx, 1-2) : « Alors j’ai vu un ange qui descendait du ciel ; il tenait à la main la clé de l’abîme et une énorme chaîne. Il s’empara du Dragon, le serpent des origines, qui est le Diable, le Satan, et il l’enchaîna pour une durée de mille ans. »
Quant à la figure du démon, elle a une tête à peu près humaine, mais cornue et grimaçante, des bras humains et une queue de reptile terminée par une pointe triangulaire, conforme à l’iconographie médiévale du diable.
Une paire d’anges adorateurs est fréquemment disposée de part et d’autre de l’autel. Cet usage fréquent à l’époque baroque suit les modèles du sanctuaire itinérant de Moïse et du temple de Salomon, tels qu’ils figurent dans la Bible7 : Qui ignore que, dans la Loi, Dieu lui-même a commandé de réaliser des images des saints anges, et même de les placer dans le saint des saints du Temple ? Tu mettras aux extrémités de l’oracle deux chérubins d’or battu… ils se regarderont l’un l’autre, le visage tourné vers le propitiatoire… ; du milieu des chérubins qui seront au-dessus de l’arche du Témoignage, je te donnerai mes ordres pour les enfants d’Israël [Exode 25, 18 - 22]. Salomon fit donc faire dans le saint des saints deux chérubins en bois d’olivier… il les mit au milieu du Temple intérieur… et les recouvrit d’or (1 Rois 6, 23 - 28)
Œuvre en marbre blanc du sculpteur avignonnais JeanBaptiste II Péru, dont l’oncle était domini-
le 6 octobre 1744, l’autel est mis en place en 1751, mais le sculpteur, plus de sept ans après, n’a pas achevé son ouvrage, retard qui a mené les Dominicains à le menacer d’un procès. Les plis mouvementés de leurs vêtements à l’antique, les jambes nues qui en sortent donnent une impression de mouvement. Leur visage est moins jeune et plus plein que celui de Gabriel par le Bernin, les ailes moins longues et plus massives, le nez grec, dans le prolongement du front. La chevelure longue est flottante, ondulée. Les plis des vêtements drapés sont anguleux, excessivement nombreux et profonds, comme les creux de la chevelure. Le geste des mains jointes est celui de la prière à l’époque médiévale ou moderne.
Bordeaux, église Notre-Damemur 3, photo 3 Autel du côté nord, xviiie siècle, en bois.
Annonciation en deux statues de marbre se faisant pendant : l’archange Gabriel attribué à Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin ou le cavalier Bernin (1598-1680), et Marie, attribuée à son père Pietro Bernini, vers 1670. Les armoiries
du cardinal François de Sourdis qui figurent sur le socle des deux statues du groupe de l’Annonciation rappellent qu’il en fut le commanditaire et le donateur8
La Vierge est assise, un livre ouvert sur ses genoux. Que ce livre soit un codex est un anachronisme courant depuis le Moyen Âge. Selon les exégètes médiévaux, Marie lisait au moment de l’arrivée de l’ange la prophétie d’Isaïe qui annonçait sa propre grossesse et qui allait se réaliser aussitôt après son acceptation. Elle a les cheveux longs et bouclés, dénoués, retombant sur les épaules, sans les cacher sous le voile que portent les femmes mariées. Pensive, elle incline la tête tout en faisant de la main posée sur son cœur un geste d’étonnement.
L’ange est jeune, la bouche entr’ouverte, presque souriant. Il correspond exactement aux consignes de Pacheco. Les cheveux bouclés, agités, les plis obliques du vêtement, l’inclinaison de l’aile (unique) suggèrent le mouvement.
Daté du dernier quart du xviie siècle, le retable, d’auteur inconnu, comporte un buste de Dieu le père appliqué sur le fond de planches.
Dieu est figuré comme un vieillard barbu, tenant dans la main gauche un globe bleu entouré d’un équateur doré et d’une ligne verticale qui le divisent en trois. De la main droite, il fait un geste de bénédiction. Un manteau jaune posé sur ses bras flotte autour de sa tête comme agité par le vent. Les cheveux, la moustache et la barbe sont symétriques, mais ondulent, suggérant le souffle qui les agite.
« Ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour. » (Genèse, 3, 8). Le rendu des mains, des muscles du bras est très fidèle et montre une grande connaissance de l’anatomie chez ce sculpteur. Le globe est une représentation du cosmos héritée des empereurs romains païens, il est divisé en trois zones qui représentent les trois continents alors connus, Europe, Asie, Afrique. Mais ce globe est ambigu, car la couleur bleue indique qu’il s’agit de la sphère céleste plutôt que d’un globe terrestre.
Dans une chapelle du côté nord, ordinairement fermée au public, se trouve le monument funéraire de deux membres de la famille du fondateur : François de Sourdis, lieutenant général des armées du roi et gouverneur de Guyenne, et son épouse Marie-Charlotte Béziade d’Avaray. Le buste du soldat, portant la cuirasse et une écharpe de commandant, est coiffé d’une perruque bouclée à la mode Louis XIV, qui laisse voir le double menton de l’homme arrivé. Derrière lui, les étendards de l’Empire romain germanique vaincu. De l’autre côté, le buste de la jeune épouse montre un visage arrondi, des cheveux longs et bouclés, descendant plus bas que les épaules, un manteau par-dessus une chemise de dentelle. Entre les époux, une figure allégorique du Temps, vieillard chauve, barbu, ailé, tenant une faux cachée dans les plis de son voile. À ses pieds, un sablier porté en équilibre sur un crâne couronné de lauriers porté
par des ailes de chauve-souris. Allégories du temps et de la mort qu’on trouve dès l’Antiquité païenne.
À l’étage inférieur, une plaque de marbre noir entourée d’atlantes féminins entièrement voilés qui jouent le rôle de pleureuses porte l’épitaphe du couple :
L'an de grâce 1691
Dans ce saint lieu reposent les cendres de Dame Marie-Charlotte Béziade d’Avaray. Une mort si peu attendue si précipitée fait bien voir que la naissance, la beauté, la fidélité, la sagesse, toutes les vertus qui font l’ornement de son sexe, ne sont que de foibles d’inutiles deffences contre la fatale nécessité. Elle fut enlevée de ce monde à la fleur de son âge. Mais elle vit encore dans le gage précieux qu’elle a laissé de son heureux mariage et dans le souvenir de son illustre époux Messire François d’Escoubleau de Sourdis, lieutenant général des armées du Roy, commandeur de ses ordres, gouverneur de la Beauce, commandant en chef dans la province de Guyenne et Pais circonvoisins, lequel a fait ellever ce monument pour une marque a jamais durable de sa douleur sensible et de sa constante amitié. C’est dans ce tombeau Qu’il désire estre un jour réuni à celle dont une rigueur adorable l’a séparé et que leurs cendres y soient mêlées jusques à une résurrection bienheureuse.
Cette toile de140 x 103 cm fut découverte en 1966 dans la sacristie, par l'abbé Ferbos ; le motif était alors couvert par une autre peinture. Décapée, on découvre qu'elle est de Zurbaran, authentifiée par la signature et la date sur un billet peint en trompe-l'œil en bas à gauche. Ce billet corné aux angles arrête sur le nom de l'artiste et la date de l'œuvre les yeux qui entrent dans l'espace fictif du tableau et dénonce l'image comme un artifice de la peinture. Œuvre de la fin de la vie de l'artiste, qui meurt à Madrid, presque oublié. Redécouvert au xixe siècle, il est connu pour « ses séries de religieux, de vierges vêtues comme des princesses et portant la palme du martyre » comme le rappelle à l'Académie Montesquieu, le 12 octobre 2021, Philippe Loupès, dont nous suivons l'étude. Le sujet de ce tableau est « une Vierge en méditation s'élevant dans le ciel, une parfaite illustration du dogme de l'Immaculée Conception ». L'immaculée conception signifie que Marie a été exempte du péché originel. Objet d'intenses controverses,
cette affirmation soutenue par les Franciscains, combattue par les Dominicains, et par le plus illustre saint Thomas d'Aquin, est l'objet d'une intense campagne de promotion en Espagne où elle devient un article de foi. Des Espagnols veulent le faire admettre par le concile de Trente, mais en vain. Ce dogme a été proclamé en 1854 et celui de l'assomption de marie seulement en 1950.
La Vierge est figurée ici très jeune, inclinée d'un côté, mais équilibrée par son manteau bleu flottant dans le vent. Elle prend appui sur la lune conformément à l'Apocalypse et sur une base faite de têtes d'anges. Dans une autre Immaculée Conception conservée à Séville dans l'église Saint-JeanBaptiste, Zurbaran avait encore représenté la Vierge en rouge et bleu. Il opte plus tard pour le blanc et le bleu conformément aux visions de sainte Beatriz da Silva, fondatrice en 1489 de l'ordre de l'Immaculée Conception et aux avis de Pacheco. Sans décor, sans paysage sous ses pieds, sans accessoire aucun, cette représentation est remarquable par sa simplicité.
Ces deux tableaux anonymes forment une paire, une annonciation en deux volets. Ils proviennent du couvent de l’Annonciade. Attribués au départ à Jean Daret, on considère à présent qu’ils ont été peints par un élève ou un suiveur de Simon Vouet (1590-1649), selon Jacques Fourcaud9.
Les deux personnages sont représentés à mi-corps. L’ange, surgi d’un nuage, porte un ample manteau orange agité par le vent, il retient une toge violette de la main gauche et présente de l’autre main une fleur de lys, symbole de pureté. Ses ailes sont monochromes, contrairement aux prescriptions de Pacheco.
La Vierge est dans un intérieur sombre évoqué par un rideau brun-rouge. Elle porte une tunique rouge retenue par une ceinture et un manteau bleu, elle est coiffée d’un voile brun clair qu’elle retient d’une main. De l’autre, elle a les doigts engagés entre les pages d’un petit livre de poche, évidemment anachronique, les livres des Juifs de l’époque étant des rouleaux. On ne saurait dire si elle est assise ou agenouillée devant une petite table couverte d’une nappe brune, elle semble se retourner vers l’ange et vouloir se couvrir de son voile. Le peintre, à la suite de bien d’autres,
postule que la Vierge savait lire et la possession d’un livre la situe parmi les dames de qualité, c’est-à-dire de la haute société.
Selon Paul Roudié10, il est raisonnable de penser que c’est une œuvre du peintre Juan de Valdes Leal (Séville, 16221690), proche d’autres tableaux du même sujet qu’on lui doit. « Au moins une fois, on trouve Joan de Baldes au bas d’un de ses tableaux conservé en l’église San Francisco de Cordoue et daté de 1649. » Le tableau de La Réole est classé depuis 1908. Il n’est pas vraisemblable qu’il ait été depuis le xviie siècle dans cette église, qui a été vidée à la Révolution. Il a pu être donné au xixe siècle, mais P. Roudié n’a trouvé aucun document sur sa provenance.
Le sujet du tableau est absent des évangiles canoniques, où rien n’est dit de ce qui se passe entre l’annonciation et le déplacement à Bethléem en vue du recensement ordonné par Auguste.
L’histoire du mariage de Marie et Joseph, qui a connu une grande diffusion et inspiré des tableaux célèbres au Pérugin et à Raphaël, provient d’un apocryphe, texte latin postérieur au ixe siècle, s’inspirant du pseudo-Matthieu, le Livre de la nativité de Marie, chapitres VII et VIII :
VII. Le grand-prêtre ordonna donc, d’après cette prophétie, que tous ceux de la maison et de la famille de David qui
seraient nubiles et non mariés, vinssent apporter chacun une baguette sur l’autel, car l’on devait recommander et donner la Vierge en mariage à celui dont la baguette, après avoir été apportée, produirait une fleur, et au sommet de laquelle l’esprit du Seigneur se reposerait sous la forme d’une colombe.
VIII. Il y avait parmi les autres de la maison et de la famille de David, Joseph, homme fort âgé, et tous portant leurs baguettes selon l’ordre donné, lui seul cacha la sienne. C’est pourquoi, rien n’ayant apparu de conforme à la voix divine, le grand-prêtre pensa qu’il fallait derechef consulter Dieu, et le Seigneur répondit que celui qui devait épouser la Vierge était le seul de tous ceux qui avaient été désignés qui n’eût pas apporté sa baguette. Ainsi Joseph fut découvert. Car lorsqu’il eut apporté sa baguette, et qu’une colombe, venant du ciel, se fut reposée sur le sommet, il fut manifeste pour tous que la Vierge devait lui être donnée en mariage.
De ce texte sont issus les baguettes tenues par certains assistants éconduits, la fleur de lys au sommet de la baguette de Joseph, le Saint-Esprit volant au-dessus des partici-
pants. Mais au lieu de placer cette scène dans une lointaine Antiquité reconstituée, Valdes Léal l’a imaginée dans un décor et un temps contemporain. L’architecture du bâtiment est classique, les costumes de Joseph et de Marie sont du xviie siècle, les ornements et la mitre du grand prêtre, lisant l’office dans un missel, les soutanes et les surplis de ses acolytes sont des projections sur l’époque du Christ des rites de la messe catholique du xviie siècle. Enfin contrairement aux paroles du Magnificat : « Il a jeté les yeux sur son humble servante. », Marie est vêtue de tissus brodés de fil d’or, couverte d’un manteau bleu, couleur luxueuse à l’époque, et ornée d’un bijou et d’un collier de perles. Joseph son époux, n’est pas « fort âgé ». Le tableau est donc une fantaisie qui témoigne de la tendance illogique à situer les personnages de l’Histoire sainte
dans le luxe des classes supérieures de la société, en dépit des textes qui les disent pauvres. Mais on a tenté de justifier théologiquement cet usage :
« Le temple de Dieu est une figure et une image des cieux… Puisque les saints à l’œuvre dans le ciel, comme chacun sait, jouissent déjà d’une immense gloire, tout l’or et l’argent, les pierres précieuses, les cierges, les vêtements, les couronnes dont on les embellit ne sauraient suffire à décrire la moindre parcelle de la gloire que Dieu leur prodigue dans la vie éternelle11. »
10. Paul Roudié, « Note sur un tableau espagnol de l'église de La Réole », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 1961, 10-1, p. 119-122. 11. Nicolas Sanders, De honoraria imaginum adoratione, cap. 8, cité par Molanus, chap. 40, p. 237-238Puisant dans les 19 000 images d’églises de Gironde publiées depuis dix ans sur le site du diocèse, nous avons réuni autour du cloître des photos des parties de l’église qui d’une part retracent le parcours du fidèle, d’autre part présentent les fonctions de ces parties : le portail, le parvis, le bénitier, la nef, l’ambon, la chaire, l’autel, l’armoire eucharistique, le baptistère, les voûtes et vitraux, la chapelle de dévotion, la croix de cimetière et le médaillon de consécration.
Saint Paul parle souvent de l’Église comme d’un édifice. Mais les pierres vivantes dont elle est construite ne sont autres que les baptisés, et la pierre angulaire est le Christ lui-même.
Entrer dans une église, c’est comme arriver au terme d’un voyage pour rencontrer une personne : Jésus-Christ. Grande ou petite, historique ou récente, elle est bâtie par les chrétiens pour vivre cette rencontre suivant la promesse de Jésus : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18, 20)
Nous vous souhaitons une belle visite de ce parcours à la fois architectural et catéchétique !
Pour retrouver ces photos sur le web :
• https://bordeaux.catholique.fr/agir-et-echanger/art-et-culture
• https://www.flickr.com/photos/cathobordeauxpatrimoine/albums
L’église est souvent, dans nos pays, bâtie pour les occupants d’une villa romaine. Elle est alors entourée de maisons. Il arrive que du fait des destructions lors des guerres ou de l’évolution économique, les habitants se déplacent vers un site plus commode, comme un carrefour de routes, ou une gare sur une voie ferrée, laissant leur vieux village, leur cimetière et leur église à l’écart.
Le portail par lequel on accède à l’église a une importance particulière, c’est là que se concentrent les images qui instruisent le fidèle illettré, c’est là que se passent des rites importants.
Pour commencer, lors de la consécration d’une église, on place de chaque côté de la porte un lit de cendres, l’évêque doit, du bout de sa crosse, y tracer dans les cases prévues à cet effet toutes les lettres de l’alphabet grec d’un côté de la porte et de l’alphabet latin de l’autre côté. Le sens de ce rite est que la parole de
Depuis plus de deux mille ans, l’Église (du grec ekklêsia, assemblée) rassemble les chrétiens. Lieu de communion, de prière et parfois de supplications, ces églises de pierres témoignent de la foi des hommes qui les ont construites. Elles demeurent le lieu premier de la Vie communautaire des chrétiens, sous la dénomination d’église paroissiale.
Blasimon, canton du Réolais et des Bastides, église abbatiale Saint-Nicolas
Dieu se lit dans les deux langues grecque et latine de la même façon, et que l’église est une, d’orient en occident.
De nos jours encore, on célèbre à chaque vigile pascale la bénédiction du feu nouveau devant la porte de l’église : « Sanctifiez ce feu nouveau tiré de la pierre pour notre usage et par ces fêtes pascales accordez-nous d’être enflammés de célestes désirs. »
Les portails transmettent aussi un message sur le sens de la vie, du monde, de l’homme. La façade principale est ordi-
nairement tournée vers l’ouest : elle ouvre sur la cité et ses ambigüités, et s’éclaire vers le soir. Pour les chrétiens, Jésus est le seul chemin qui mène au Père et qui donne accès à la vie éternelle.
La vie que m’offre le Christ est parfois difficile mais elle est aussi pleine de satisfactions. Nous sommes invités à passer par cette porte qui nous donnera le repos et la joie.
Sur ce portail gothique tardif, le tympan est une surface nue, soutenue par un arc en anse de panier. Le décor sculpté comporte un lion et un taureau, symboles des évangélistes Marc et Luc, mais on ne voit pas à quelle symbolique biblique rattacher les deux personnages qu'on trouve au-dessus. Il était d’usage au xiii e siècle de placer de chaque côté du portail une tête d'homme et une tête de femme coiffés à la mode de leur temps. En est-ce la trace ?
Avant d’entrer dans une église, on se tient sur le parvis. Le parVis primitif était une étroite bande de terrain déjà incorporée à la zone sacrée. Son nom l’indique : « parvis » signifie « paradis », parce qu’on y jouait le Mystère de la Passion du Christ.
L’église n’est pas un lieu fermé, ni un lieu pour les initiés. La beauté de nos églises est une invitation à la contemplation, au recueillement, mais aussi à la rencontre de celui qui nous appelle, le Christ. Pour le trouver, il faut d’abord choisir de « chercher », et de se laisser guider Vers sa lumière ; un acte d’humilité et de confiance.
Àl’entrée de la chapelle ou de l’église, le bénitier – vasque ou récipient en pierre, en métal, en coquillage – contient l’eau bénite. L'eau bénite n'est pas une eau quelconque… En effet, l’eau bénite, c’està-dire l’eau bénie par un prêtre, et son usage dans la liturgie ou la vie chrétienne, font partie des sacramentaux : les rites ou signes (tels que les bénédictions, consécrations, autels, médailles…) institués par l’Église pour l’obtention de grâces particulières.
Il s’agit d’aider les fidèles dans leur vie quotidienne : protection des personnes ou des lieux, combat contre les tentations… Plus largement, pour aider le chrétien à être fidèle à la grâce de son baptême, et à devenir un saint. En entrant, les fidèles se signent,
après avoir trempé le bout des doigts dans l’eau du bénitier : c’est un symbole de purification qui exprime la pureté de cœur aVec laquelle on doit s’approcher de dieu ; c’est aussi un rappel de l’eau baptismale et de la dignité d’enfant de Dieu.
L’eau bénite rappelle l’eau de notre propre baptême qui a coulé sur notre front. Par le baptême, nous sommes entrés dans la famille des enfants de Dieu. Chaque fois que nous prenons de cette eau pour faire le signe de croix, nous rendons grâce au Père pour son don immense d’amour, nous lui demandons de nous garder dans le sacrement du baptême que nous avons reçu.
Bayon-sur-Gironde, canton de Bourg, église Notre-Dame © MWLa nef est l'espace de l'église où se tiennent les fidèles baptisés. On lui donne le nom de nef signifiant navire parce que les églises couvertes de charpente ou de voûtes ressemblent à des coques de bateaux renversées. Les catéchumènes n'étaient pas admis dans la nef à l'époque paléochrétienne, ils restaient dehors ou dans un porche nommé narthex. Le peuple était séparé du clergé, dans les grandes églises, par un jubé, galerie de maçonnerie qui s'ouvre par une seule arche vers l'autel. Les jubés ont été détruits au xviie siècle dans presque toute l'étendue du royaume de France, sauf en Bretagne et en Alsace. Autrefois, il n'y avait pas de bancs ni de chaises pour le commun des assistants – les églises orthodoxes ont conservé cet état de choses. Ils suivaient les offices debout ou apportaient leur siège, ou louaient des bottes de paille pour supporter la longueur des prônes (sermons du dimanche). Avaient un banc ou un siège fixe les membres de la fabrique (organe de gestion du temporel de la
paroisse), le seigneur du lieu et les héritiers des fondateurs installés dans leur chapelle privée, les membres du clergé et les officiants dans le chœur. Dès l'Ancien Régime, les fabriques tirent des revenus de l'adjudication annuelle des chaises aux fidèles. L'espace de l'église n'est donc pas uniforme, il est divisé selon les catégories sociales et les statuts ecclésiastiques.
Aujourd’hui, rassemblée dans la nef, la communauté chrétienne rend grâce à Dieu, prie ensemble, chante, retrouve et rencontre des amis dans la foi. Cette prière communautaire est le signe vivant de la présence de Dieu dans nos vies.
Bordeaux, basilique Saint-SeurinL’ambon est l’emplacement surélevé où montent ceux qui, dans la liturgie, spécialement au cours de la messe, ont à faire une lecture ; c’est là aussi que se place celui qui fait l’homélie ou qui doit adresser la parole à l’assemblée. Dans l’antiquité, l’ambon était le lieu de la parole, réservé aux lecteurs et aux chantres. L’évêque et les prêtres jouissaient de la liberté de s’adresser au peuple du haut de l’ambon, ou bien à partir des marches de l’autel, ou bien encore de l’emplacement, surélevé lui aussi, de leur siège. Tout ceci reste vrai à l’heure actuelle.
Dans la liturgie chrétienne, la proclamation, l’écoute, la méditation, le commentaire homilétique des textes bibliques prennent tout leur sens en fonction de la foi en la présence du Christ ressuscité, au cœur de l'assemblée. Comme le note la Constitution de Vatican II sur la liturgie (n° 7) : « Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’église les saintes Écritures12 . » C’est dire toute l’importance que revêt l’ambon au sein de l’église.
Le mot chaire est ambigu : employé seul, il désigne une cathèdre, siège de célébrant ou de professeur dans une université. Le lieu d'où parle le prédicateur est appelé chaire à prêcher. Les chaires à prêcher sont des constructions de bois ou de pierre placées au milieu de la nef pour que le prône soit mieux entendu par les fidèles. Les chaires à prêcher sont souvent surmontées d'un abat-son qui rabat la voix du prédicateur vers l'auditoire. On y figure souvent le Saint Esprit sous la forme d'une colombe au-dessus du prédicateur, qui voit en face de la chaire un crucifix.
Si la chaire est avant tout fonctionnelle, elle peut symboliser l’invitation faite par le Christ aux disciples et à tous les chrétiens d’aller « proclamer l’Évangile à toute la création ».
Nous pouvons crier l’amour de Dieu par notre vie et nos paroles, en sortant de nous-mêmes avec courage et générosité, pour offrir à tous, avec délicatesse et respect, les trésors de notre foi en Jésus Christ.
Bordeaux, cathédrale Saint-André © Jean de Malet Saint-Michel-de-Rieufret, canton des Landes des Graves, église Saint-MichelLes autels sont les supports des sacrifices, déjà chez les païens. Les Hébreux en ont élevés qui étaient des amas de pierres. Chez les chrétiens, les premiers autels, du temps des réunions secrètes dans les catacombes, étaient les tombes des martyrs. De là l'habitude de célébrer sur des autels, tables de bois ou de pierre qui contiennent des reliques de saints, scellées sous la pierre d'autel au moment de la consécration de l'église. Mais on employait aussi au Moyen Âge des autels portatifs de 20 cm contenant des reliques. Les aumôniers militaires ou scouts en campagne en usent encore de nos jours. Pour qu’un autel soit digne de célébrer le sacrifice du Christ, il doit être consacré. Lors de la consécration, le prêtre verse du saint-chrême sur la table — une huile sainte bénie par l’évêque le lundi saint — pour marquer son rôle sacré. Cinq croix sont également tracées sur l’autel, une au centre et à chaque angle, pour symboliser les cinq plaies du Christ.
Lieu essentiel de la liturgie eucharistique, l’autel est aussi la table où Dieu et la communauté des fidèles se partagent les aliments, en signe de communion. C’est en effet sur l’autel que sont consacrés le pain et le Vin, qui deviendront le Corps et le Sang du Christ.
forme ancienne du tabernacle.
Rare exemple du style Renaissance, combiné avec une présentation médiévale, héraldique et profane des instruments de la Passion : en haut, dans une coquille, Dieu le père tenant le globe du monde, dessous un ange tenant une couronne d'épines, imposée à Jésus par les soldats de Pilate. Dessous, s'ouvre l'oculus vitré permettant l'exposition de l'hostie consacrée, et enfin un socle où deux anges présentent les armoiries de Jésus, un écu renaissance chargé des trois clous de la crucifixion.
Pendant la messe, par l’eucharistie, le Christ est rendu présent ; par la consécration, le pain et le vin deviennent vrai Corps et vrai Sang du Christ. Après la messe, les hosties consacrées sont déposées dans le tabernacle ; cette demeure sacrée permet à Dieu de rester présent en permanence au cœur de l'église, prêt à être adoré et révéré par les croyants.
La communion eucharistique est le moyen que nous a offert le Christ pour demeurer en relation intime avec nous. Celui qui participe à l'Eucharistie demeure en communion avec lui et bénéficie de sa présence spirituelle dans sa vie.
Soulignac, canton de Targon, église Notre-Dame © MWAu temps des premiers chrétiens, le baptistère était un bâtiment ou une pièce hors de l'église. Il servait à baptiser les catéchumènes, c'est-à-dire ceux qui se préparaient au baptême. Le baptême se faisait à l'époque par immersion ; le futur baptisé descendait quelques marches, déposait ses vêtements, traversait le baptistère rempli d'eau, recevait le baptême en étant plongé dans l'eau et remontait par l'autre côté tout comme le peuple d'Israël avait traversé la Mer Rouge et le Jourdain pour entrer dans la Terre promise. La cérémonie avait lieu lors de la vigile pascale ou à la Pentecôte. On remettait au nouveau baptisé une aube blanche. Il pouvait enfin entrer dans l'église afin d'y être confirmé par l'évêque.
Peu à peu, ce sont les baptêmes d'enfants qui ont été les plus courants. Les baptistères ont alors été placés à l'entrée de l'église dans une chapelle latérale. L'enfant
est porté au-dessus de ce qu'on appelle habituellement les fonts baptismaux et est baptisé par aspersion. Quand il n'y a plus de baptistère dans une église, on se sert d'une cuve en pierre ou en bronze que l'on place dans le chœur le jour du baptême.
Le mot « baptême » vient d’un verbe grec qui signifie « plonger, immerger ». Être baptisé, c’est être plongé dans la mort et la résurrection du Christ, c’est un rite de passage. Le baptême est le sacrement de la naissance à la Vie chrétienne : marqué du signe de la croix, plongé dans l’eau, le nouveau baptisé renaît à une vie nouvelle. Devenu chrétien, le nouveau baptisé peut vivre selon l’Esprit de Dieu.
Bordeaux, église Sainte-Croix, xixe siècle © MW« Le "déambulatoire" (du radical latin deambulatio, "promenade" avec le suffixe -orium) est une galerie autour du rond-point qui double le chœur et l'abside d'une église. C’est un "collatéral tournant" qui peut être entouré d'un nombre variable de chapelles absidiales. Il peut exister plusieurs déambulatoires (simple, double, triple). Le déambulatoire favorisait les processions liturgiques et, dans les églises de pèlerinage, structurait le tracé de visite des pèlerins autour du chœur et de la crypte qui abritaient ou exposaient les corps saints et les reliques particulièrement insignes. » (in Wikipedia, s.v. Déambulatoire).
Le déambulatoire existe déjà dès la fin de l'époque carolingienne et on en a de multiples exemples à l'époque romane : Tournus, Chartres, Le Mans… Celui d'Uzeste remonte au temps de Clément V, pape de 1305 à 1314, alias Bertrand de Got, ancien archevêque de Bordeaux, qui a fait ajouter à l'église préexistante le chœur et le déambulatoire dans le style du xive siècle pour y placer son tombeau. Ce déambulatoire est couvert de Voûtes sexpartites, c'est-à-dire de voûtes qui couvrent à la fois deux travées sous une seule clef où se rejoignent les trois ogives qui soutiennent la voûte. Ce procédé apparaît vers 1115 dans l'Abbaye-aux-Hommes de Caen.
Les Vitraux des fenêtres hautes sont une innovation de l'architecture gothique. Mais les couleurs des vitraux médiévaux filtraient la lumière et les ecclésiastiques du xviiie siècle ont préféré en plusieurs endroits les remplacer par du verre blanc pour avoir plus de lumière. Au xixe siècle, retour au Moyen Âge suite à la vogue du Génie du christianisme de Chateaubriand, des romans de chevalerie de Walter Scott, de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, retour ensuite aux vitraux néo-gothiques. Ceux d'Uzeste sont des produits des ateliers de verriers bordelais du xixe siècle, qui ont profité des nombreuses constructions d'églises lancées par le cardinal Ferdinand Donnet (archevêque de Bordeaux de 1837 à 1882). Celui-ci s'est fait représenter sur un vitrail en pied, en costume de cardinal, tenant à la main une maquette de l'église d'Uzeste. Le cardinal n'a pas tenu dans ses mains une maquette réelle. Cette convention iconographique désigne le fondateur d'une église. On la retrouve dans les médaillons de consécration.
Le vitrail permet d'éclairer naturellement l'intérieur du bâtiment. De par sa transparence, il symbolise le christ lui-même qui conduit et éclaire son peuple. Cette lumière du Christ, nous la recevons tous ensemble lorsque nous sommes rassemblés dans son Église.
Sur les bas-côtés de l'église s'ouvre souvent une multitude de petites chapelles : on trouve des chapelles dite latérales autour de la nef. Elles possèdent chacune un autel où chaque prêtre autrefois célébrait sa messe du jour. Chacune est dédiée à un saint ou une sainte représenté par un tableau ou une statue. Un tronc recueille les dons et des ex-voto remercient des bienfaits reçus. Mettre un cierge est un acte sérieux pour le croyant qui l'accomplit, cette action est l'un des visages de la prière.
Cette chapelle de dévotion a été reconstruite en 1846 selon les plans de l'architecte bordelais Jules Robert, et reconstruite à nouveau en 1881-1883 par l'architecte Courau. Elle est en style néo-gothique. Quant au retable, son cadre architectural est dû à Baleyre, les statues sont du sculpteur Jabouin. Trois gables élevés surmontent les statues de saint jucundus tenant une épée, de saint fort vêtu en évêque et tenant un livre, de saint Veri tenant une hache.
De part et d'autre, sous des gables moins élevés, des femmes : à gauche sainte bénédicte tenant une croix sur son cœur et à droite la légendaire sainte Véronique tenant le voile sur lequel Jésus aurait imprimé son visage lors de son chemin de croix.
Née à Assise, bénédicte devint religieuse au monastère de Saint-Damien, fondé par sainte Claire, disciple de François d'Assise. Elle succédera à Claire comme abbesse des sœurs Clarisses, gouvernant leur fraternité jusqu'à sa mort le 16 mars 1260 (in site Nominis). « Une tradition chrétienne dont le plus ancien témoin connu semble être contenu dans des sermons de Bernard Gui (12611331) parle d'une Véronique (Bérénice) qui serait morte à Soulac dans le Bordelais. Elle serait venue en Gaule avec son mari Zachée (le Juste). Après la grande révolte juive et la prise de Jérusalem (70), Zachée et Bérénice auraient été exilés à Rocamadour. » (Wikipedia, s.v. Véronique). Quant à saint fort, fêté le 16 mai, « on l'a longtemps considéré comme le premier évêque de Bordeaux et il serait mort martyr. Sa personnalité et son culte ont soulevé bien des discussions. Aujourd'hui on serait enclin à penser qu'une série de confusions aurait abouti à personnifier la châsse de saint Seurin (le "feretrum", le "fort") sur laquelle les autorités bordelaises prêtaient les serments solennels. » (in site du diocèse). Quoi qu'il en soit, son tombeau dans la basilique Saint-Seurin a vu de nombreuses mères y porter leurs enfants afin de les "fortifier" et de les placer sous la protection du saint.
« Dans la Parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de « la sortie » que Dieu veut provoquer chez les croyants. Aujourd’hui, […] nous sommes tous appelés à cette nouvelle « sortie » missionnaire.
Tout chrétien […] est invité à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile14. »
En franchissant à nouveau la porte pour sortir de l’église, nous comprenons facile-
ment qu’elle signifie alors un enVoi en mission, une ouverture béante sur le monde pour y diffuser un amour qui doit rayonner, celui du Ressuscité.
Le Christ vivant qui nous a nourris est Celui qui nous fait quitter l’église le cœur brûlant comme les disciples d’Emmaüs. Nous étions attablés comme eux, et comme eux, nous quittons l’auberge-église pour aller faire éclater la Bonne nouvelle dans nos vies, il faut l’espérer, tout autant que dans nos paroles.
Cette croix de cimetière de style gothique tardif est composée d'un socle et d'une table, d'où s'élèvent quatre colonnes rondes flanquantes, surmontées de pinacles à crochets. Au-dessus, les chapiteaux de ces colonnes supportent les socles de quatre statuettes surmontées d'un dais. Les dais servent de socles aux statuettes de l'étage supérieur. Le troisième niveau est occupé par quatre écus héraldiques qui portent les symboles des quatre éVangélistes : ange (Matthieu), lion (Marc), taureau (Luc), aigle (Jean). La croix est sculptée sur les deux faces. D'un côté jésus crucifié, de l'autre un évêque mitré, sans doute saint seurin, patron de l'église. Les bras de la croix se terminent par des feuillages. Aux pieds de Jésus, un crâne qui est, selon la croyance médiévale, celui d'Adam, enterré sur le Golgotha, lieu du crâne qui rassemble l'auteur de la chute originelle et l'auteur du rachat de l'humanité. Au niveau inférieur, les statuettes représentent :
• sainte madeleine, aux longs cheveux dénoués tenant le pot de parfum qu'elle a versé sur Jésus,
• saint jean baptiste reconnaissable à l'agneau, car il disait de Jésus : « Voici l'agneau de Dieu. »,
• saint antoine, jeune et imberbe, tenant un bâton en forme de T et une clochette, car les porcs lâchés dans les champs par l'ordre des Antonites avaient seuls le droit d'y paître et se signalaient par une clochette,
• sainte catherine d'alexandrie, en princesse couronnée, portant l'épée qui a servi à sa décapitation finale, avec la roue qui devait servir à la broyer et qui s'est brisée.
• saint pierre, tenant dans la main droite ses deux clefs, symboles du pouvoir de lier et de délier,
• saint gabriel, ailé, mais vêtu en diacre,
• saint paul, portant l'épée qui a servi à son supplice,
• saint michel, ficelant le dragon selon le texte de l'Apocalypse.
à quoi sert une croix de cimetière ? Elle signifie que l'enclos du cimetière est une terre chrétienne où les corps des croyants attendent la résurrection. Les cimetières anciens sont des enclos autour de l'église, pour des raisons pratiques, mais surtout religieuses : les croyants veulent être
au plus près des saints auxquels l'église est dédiée. Sous l'ancien régime, le cimetière était réservé aux catholiques.
Pour les chrétiens, la croix est un symbole fort. En se laissant arrêter et placer sur la croix, Jésus a montré l’étendue de son amour. la croix symbolise le pardon, la rédemption, jésus accueillant le mal les bras grands ouVerts. Jésus vient se coller à la Croix, épouser la forme du mal pour le terrasser par son amour infini.
Bieujac, canton du Sud-Gironde, église Notre-Dame © MWLes apôtres ont été choisis spécifiquement par le Seigneur JésusChrist pour transmettre son message, établir le fondement de l'Église et répandre la Bonne nouvelle du salut dans le monde. Ils sont les piliers de l’Église.
Lors de la consécration d’une église, l'évêque doit oindre en forme de croix les piliers de l'édifice. Or les apôtres étant métaphoriquement les piliers sur lesquels l'Église repose, on les représente dans un médaillon de pierre faisant partie du pilier, notamment à Sainte-Croix de Bordeaux et à La Sauve-Majeure.
Ici, l'apôtre saint matthieu est figuré debout, tenant une maquette d'église d'une main et un attribut de l'autre, quelquefois il écrase un adversaire. Des inscriptions dans le champ et sur la bordure permettent de l'identifier. À une époque ultérieure et dans des édifices mieux pourvus, les apôtres sont représentés par des statues en pied adossées aux piliers. Par exemple, à Paris dans la SainteChapelle de saint Louis, imitée par maintes autres, et en Gironde par la chapelle néogothique de l'ancien séminaire 18, rue du Hamel, à Bordeaux (1874-1875).
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Conception & réalisation : Diocèse de Bordeaux, Service de la Communication et des Ressources financières - Tous droits réservés.
Rédaction des notices sur l'art baroque : Michel Wiedemann
Photographie des œuvres : © Michel Wiedemann, © Jean de Malet
Impression : KORUS IMPRIMERIE, Eysines - août 2023.