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C) Un changement de paradigme

Les perceptions villes-fleuves, ou plutôt habitants-fleuves, se sont construites via des relations complexes, notamment face aux risques. Selon Christian Lévêque, le citoyen « porte un regard beaucoup plus complexe sur la rivière qu’il fréquente » que le géographe ou l’historien. (Christian Lévêque, 2019) La symbolique du cours d’eau relève de l’histoire, des valeurs et des symboles qui lui sont associés (la vie, le temps), ainsi que de ses ressources et des peurs qui peuvent en découler. Il est concerné par de nombreux mythes religieux et culturels, et il est vecteur d’identité locale. C’est un véritable « objet vécu » indissociable de sa perception.

Cependant, les peurs héritées de catastrophes comme des crues ont poussé les viles à s’éloigner de leur fleuve, comme à Rome où la ville a perdu le contact avec le Tibre après la crue de 1870 (F. Guitton, 2020) où des iles ont disparu ainsi que des lits secondaires, et une largeur du lit de 100 mètres a été imposée (F. Guitton, 2020). La gestion du risque est une question centrale pour les villes fluviales, et les villes s’étant construites près d’un fleuve ou d’une rivière aura cette culture du risque face aux crues et aux inondations (Christian Lévêque, 2016, p.160). De plus, outre les avantages dûs à cette proximité, les risques sont toujours présents aujourd’hui malgré les infrastructures de protection ou les aménagements contemporains. Les projets d’aménagement doivent allier la sécurité des villes tout en laissant une place centrale des cours d’eau en ville. La conception des projets doit être « flexible », car la gestion des risques passe par la compréhension des processus de la rivière en question, avec ses changements de niveaux en fonction des saisons, son érosion, la sédimentation, et l’environnement en son contact qui est en constante évolution. (River Space Design: Planning Strategies, Methods and Projects for Urban Rivers, M. Prominski, A. Stokman, 2012)

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C) Un changement de paradigme

La relation des villes vis-à-vis de leur fleuve est mouvementée et remonte à leur origine, c’est avec l’avènement de l’aire industrielle puis son déclin que cette perception a évoluée. Les fleuves ont laissé place a des espaces délaissés comme des friches industriallo-portuaires dans les villes. Ces délaissés sont ensuite devenus des leviers de projets urbains de requalification depuis les années 1980, notamment autour des berges, comme à Bordeaux, Lyon ou encore Nantes. L’intérêt pour le fleuve en ville est croissant, vecteur d’identité et de renouvèlement urbain. Cette reconquête de l’eau urbaine concerne les fleuves, mais aussi les cours d’eau qui ont été basés eux aussi pour des questions de salubrité et de risques. Cette reconquête dans les projets d’urbanismes témoignent d’une nouvelle tendance à vivre la ville et a renouer avec son territoire, tout en intégrant des enjeux écologiques. « Un changement de paradigme plus large reconsidère notre relation avec les systèmes naturels, leurs dynamiques innées et leurs qualités animées » (River Space Design: Planning Strategies, Methods and Projects for Urban Rivers, M. Prominski, A. Stokman, 2012). Dans cet ouvrage, le concept de « collaboration avec la nature » prédomine sur l’idée d’avoir une main de fer sur celle-ci, en tentant de la contrôler. En effet, cette logique de domination sur les dynamiques naturelles s’efface peu à peu dans les logiques des aménagements des fleuves. « Au lieu de canaliser l’eau rapidement à travers les canaux, la conception des rivières consiste désormais à retenir et à ralentir l’eau pour permettre l’infiltration et étendre la période de ruissellement. » C’est la logique appliquée dans la ZAC de Floirac avec la noue paysagère centrale qui joue un rôle de bassin de rétention des 14

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