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Une Interview avec Anna Deutsch
Écrit par Joni Roberts
Anna Deutsch a une véritable passion pour le monde de réalisation et des années d’expérience dans cette industrie. Elle vit et travaille à Paris en tant que productrice créative pour Moonwalk Films, ainsi que pour En Face Films, qu ’elle a co-fondé en 2021
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Pendant mon année à l'étranger, j'ai eu la chance de faire un stage avec elle, où elle m ' a beaucoup appris et est devenue une grande source d'inspiration pour moi. Anna a une grande connaissance de l'art et de la culture visuelle qu 'elle a eu la gentillesse de partager avec moi lors de notre interview.
Salut Anna ! Tout d’abord, merci mille fois d’être là – j’ai hâte de faire cette interview J’ai beaucoup de questions et je sais que vous avez tellement de belles histoires à raconter donc on commence
Alors, moi j’ai fait un stage avec vous à Paris l’année dernière, mais pour ceux qui ne savent pas, est-ce que vous pouvez me décrire ce que vous faites en général avec Moonwalk et En Face ?
Oui ! Donc j’avais lancé En Face avec mon patron il y a deux ans et aujourd’hui je suis productrice créative de nos deux boîtes. Mon rôle est à la fois de produire des films, c ’est dans le titre, mais aussi d’accompagner les réalisateurs qu ' on représente C’est un peu à mi-chemin entre productrice et directrice créative qui gère les talents - il y a un aspect très humain de tempérer des personnalités très, très différentes, de communiquer avec des agences qui nous annonce des projets et d’organiser la production de A à Z.
Comment êtes-vous entrée dans cette industrie ? Estce que vous aviez déjà beaucoup d’expérience avant de déménager à Paris ?
Quand je suis arrivée à Paris il y a 8 ans, j’avais déjà un peu d’expérience J’avais mon diplôme qui était en film documentaire (qui était très pratique) et j’avais fait quelques petits jobs par-ci, par-là en vidéaste À Paris, j’étais cadreuse et monteuse pour une émission de télé sur le Fashion Week et après cela j’ai commencé chez Moonwalk comme assistante de post-production C’était petit à petit, au fur et à mesure, que j’avais commencé à être plus en direction artistique. Après que j’avais lancé En Face, j’ai commencé à produire [ ] L’entrée d’être un producteur, il n ’ y a pas une seule façon de la faire et c ’est quelque chose qui est très individuelle.
Je sais que dans cette industrie, vos journées peuvent varier énormément selon vos projets. Pourtant, est-ce que vous pouvez nous dire à quoi ressemble une journée typique pour vous au bureau en ce moment ? Alors, il y a deux journées différentes Il y a une journée où je suis au bureau et je travaille sur notre site-web, je communique avec des agences qui nous appellent avec des projets, et je reste en contact avec nos réalisateurs - je passe beaucoup de temps sur WhatsApp ! Mais, il y a aussi une journée comme aujourd’hui : j’ai eu un rendez-vous en agence ce matin, où on a fait une grande présentation d’une sélection de nos réalisateurs qui correspondent à cette agence et après, j’ai eu un appel avec une autre agence pour parler d’un nouveau projet Donc ça c ’est une journée où je suis beaucoup plus sur le terrain pour aller voir des gens qui pourraient éventuellement nous envoyer un projet avec un grand et bel budget !
À votre avis, quelle est la chose la plus difficile dans le travail de l'industrie du film ?
Je pense que notre travail se base énormément sur l’idée de « problem solving » , mais même si on pense qu ’ on est sur la bonne voie, parfois on est à côté de la plaque Par exemple, quand on est persuadé avec le réalisateur, avec l’agence, que tout le monde est d’accord avec ce qu ’ on a proposé, mais qu ’ on ne gagne pas le projet ça c ’est difficile Et sinon, c ’est les horaires ! Je peux avoir des semaines où je fais 100 heures parce que je suis sur un projet avec un réalisateur qui habite à Los Angeles donc on a un décalage horaire de 9 heures…Ou j’ai un tournage où j’arrive à 17h30 le soir, ayant déjà était au travail à midi, et je suis dans mon lit à 9h30 du matin. C’est dur !
Quelle est la leçon la plus importante que vous avez tirée de votre carrière en cinéma ?
On est seulement aussi bon que nos équipiers - il n ’ y a pas une seule personne dans une équipe qui peutfaireunfilm Ondoitrespectertoutlemonde, chaque personne a un rôle très important, comme unemachinebienhuilée!
Comment décririez-vous l'expérience de travailler à Paris, en général, en 3 mots ?

Exigeante Légèrement fatigante
Mais fabuleuse !
Votre intitulé du poste est « directrice créative » – est-ce que vous avez des moments où vous avez du mal à vous sentir créative, comme une sorte de « syndrome de la page blanche » ? Et que faites-vous dans ces moments-là ? Est-ce que vous avez des conseils pour relancer la créativité ?
C’est une très bonne question Je pense qu’il faut bouffer des vidéos, des images, des sons, des couleurs, des livres, des jeux vidéo, des peintres. En fait, tu ne peux jamais regarder assez ! Moi je suis inspirée énormément des trucs que je vois dans la rue – je vois quelque chose et ça va m’inspirer. L’inspiration vient du monde autour de nous Il faut vivre. Dans ces moments de frustration, je me dis : je vais balader et je vais voir ce que me vient.
Maintenant, c ’est une question très difficile… mais, quel est votre projet préféré avec Moonwalk ou En Face et pourquoi ?
Ça c ’est très difficile ! J’ai beaucoup aimé le projet Puma qu ’ on avait fait avec [le réalisateur] Del, parce que c’était une leçon parfaite de comment gérer un temps extrêmement bref On a une énorme célébrité, Neymar, et on l’a pour 30 minutes [ ] C’était un très bon exemple d’un tournage parfaitement réussi sans stress, même si le talent est arrivé avec un retard d’une heure et demie. Et en plus, tu étais là !
Pour avoir travaillé avec vous, je sais que vous êtes toujours en train de trouver de nouvelles inspirations et de réfléchir à vos projets futurs. Donc, est-ce que vous pouvez me donner trois de vos principales ambitions professionnelles pour les cinq prochaines années ?
Je voudrais qu ’ on gagne un film avec un budget d’un million euros ou plus, qu ’ on gagne aussi un Lion à Cannes et qu ’ on est primé dans un festival de la mode Mais c ’est beaucoup plus que des prix qu ’ on reçoit - je souhaite, pour moi et pour notre boîte, qu ’ on continue à faire des films, à changer l’industrie pour le mieux et à créer un espace qui accueille tout le monde.
Merci beaucoup pour vos réponses incroyables, Anna – on est très reconnaissant pour ces sages paroles ! Donc, une question finale : est-ce que vous avez des conseils à donner aux personnes qui espèrent travailler dans l'industrie du film ?
Je pense que l’école de cinéma n ’est pas primordiale pour travailler dans ce milieu ! Moi je suis venue par un parcours assez bizarre (par le film documentaire, des beaux-arts et le graphisme), mais tout cela me rend maintenant quelqu’un qui est non seulement organisée, bienveillante avec une attention aux détails, mais aussi avec une certaine manière de regarder le monde.
Je pense que dans cette industrie, il faut avoir le vouloir : accepte des tafs au début où tu n ’ es pas payé mais le projet est intéressant, soit gentil, pose des questions, écoute au tout le mondetu as aucune idée d’où il vient et l’expérience qu’il a déjà. Il n ’ y a personne en dessous de ta position et tu peux vraiment apprendre de tout le monde Et enfin, il faut être au courant de ce qui se passe dans l’industrie et savoir pourquoi tu aimes quelque chose et pourquoi tu ne l’aimes pas Ce n ’est pas forcément inné, tu peux apprendre comment regarder le monde avec un œil curieux Il faut toujours s’interroger, de poser des questions à soi-même !



