Édition du 12 septembre 2017

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Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill

Mardi 12 septembre 2017 | Volume 107 Numéro 2

Glaire et mucus depuis 1977


Volume 106 Numéro 15

Éditorial

Le seul journal francophone de l’Université McGill

rec@delitfrancais.com

rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Rédactrice en chef rec@delitfrancais.com Mahaut Engérant Actualités actualites@delitfrancais.com Léandre Barôme Lisa Marrache Sébastien Oudin-Filipecki

Re-commencer mahaut engérant et hannah raffin Le Délit C’est donc une nouvelle année universitaire qui (re)commence. Un recommencement aussi au sein de notre journal hebdomadaire – le quarantième, pour être plus exacte. Nouvelle année, nouvelle équipe, nouveaux enjeux. Néanmoins, certains principes résistent à l’été, ceux qui reflètent un mandat, une identité. Il y a de cela quarante ans, Le Délit naquit dans les pages de nos confrères du McGill Daily. Une naissance qui fit couler l’encre et qui propulsa notre jeune journal (qui ne consistait, à l’époque, que de quelques pages) dans le monde du militantisme. Une naissance difficile, évoquée par ce nom qui nous est, à présent, si cher. Ni les mères d’élèves irrités, ni l’administration ne put stopper l’avancée du Délit, qui prônait entente et collaboration dès le premier édito. «Nous croyons que la promotion du français ne doit pas être seulement l’objet d’une résistance ou d’une protection, mais elle doit plutôt être conçue comme une contribution et un apport nécessaire et souhaitable.» extrait du mandat du Délit Le Délit, c’est d’abord le seul journal francophone de McGill. Par francophone, nous entendons à la fois un journal en langue française, mais aussi une volonté de promouvoir les intérêts de la minorité francophone du campus. Cette francophonie est d’ailleurs, pour certains d’entre nous, une des raisons qui nous mena aux berges du SaintLaurent. Au sein de ce campus ou les nationalités et les cultures de chacun varient, il ne nous reste que la francophonie. Le Délit l’honore en créant et en maintenant ce forum de découverte et d’échange; découverte et échange de sentiments et d’opinions variées dans notre section Société, de sens et de

sensibilité dans nos pages Culture, de nouveautés et de nouvelles dans nos pages Actualités et Innovations. «Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique.» extrait du mandat du Délit Enfin, Le Délit, c’est surtout un journal étudiant qui a la chance d’être indépendant. Une possibilité unique de traiter des sujets de notre choix et d’offrir un espace au dialogue, où les pensées et les témoignages les plus différents cohabitent. Le Délit ne cherche pas à transmettre une vision du monde particulière, si ce n’est celle de donner une voix à des points de vue divergents, voire parfois aux antipodes, dans la mesure où aucune opinion n’incite directement à la haine de l’autre et s’inscrit dans un contexte de respect et de véracité. Cette année, c’est l’année de nos quarante ans, mais aussi celle de notre référendum quinquennal. Référendum sur la cotisation étudiante (6 dollars par semestre et par étudiant) qui finance les opérations non seulement de notre journal, mais aussi celles de notre homonyme anglophone le Daily. Ce vote, qui aura lieu ce semestre, déterminera la survie de cette presse libre, indépendante et indispensable. À l’aube de cet anniversaire, il semblerait que quarante ans n’aient pas suffi à diluer la ferveur de ce journal et de son équipe. La presse étudiante est toujours bien présente à McGill et j’espère qu’à l’insu de ce référendum, il en sera toujours de même. Au plaisir de rester pour vous une contribution et un apport nécessaire et souhaitable pour les quarante ans à venir. x

Culture articlesculture@delitfrancais.com Lara Benattar Sara Fossat Société societe@delitfrancais.com Hortense Chauvin Innovations innovations@delitfrancais.com Louisane Raisonnier Coordonnatrice de la production production@delitfrancais.com Hannah Raffin Coordonnatrices visuel visuel@delitfrancais.com Alexis Fiocco Capucine Lorber Multimédias multimedias@delitfrancais.com Grégoire Collet Coordonnatrices de la correction correction@delitfrancais.com Éléonore Berne Thais Romain Webmestre web@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnatrice réseaux sociaux reso@delitfrancais.com Dior Sow Événements evenements@delitfrancais.com Madeleine Gilbert Contributeurs Lisa P. Nguyen, Margot Hutton, Alexandra Sirgant, Matt Wolf, Prune Engérant, Charlotte Grand, Auguste Rochambeau, May Hobeika, CharlesGauthier Ouelette, Éléonore Houriez Couverture Alexis Fiocco, Capucine Lorber bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 0E7 Téléphone : +1 514 398-6790 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Représentante en ventes Letty Matteo Photocomposition Mathieu Ménard & Geneviève Robert The McGill Daily coordinating@mcgilldaily.com Inori Roy n Conseil d’administration de la Société des Publications du Daily Yves Boju, Marc Cataford (Chair), Marina Cupido, Mahaut Engérant, Ikram Mecheri, Taylor Mitchell, Inori Roy, Boris Shedov, Rahma Wiryomartono, Xavier Richer Vis

2 Éditorial

L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Les opinions de nos contributeurs ne reflètent pas nécessairement celles de l’équipe de la rédaction. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavant réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec).

le délit · mardi 21 février 2017 · delitfrancais.com


Actualités actualites@delitfrancais.com

LE PETERSON EST MAINTENANT PRÊT À VOUS ACCUEILLIR AU CŒUR DU QUARTIER DES SPECTACLES

À l’asso de l’actu

LOFT TÉMOIN DISPONIBLE POUR VISITE

L ’association de gardiennage de l’AÉUM

Les chiffres à retenir

38 min

En ce début d’année, une nouvelle association a été lancée à McGill pour offrir des services de gardiennage financièrement accessible aux McGillois. Cette association a été créer par Le Bureau de l’Education en equité sociale et diversité (Social Equity and Diversity Education Office en anglais , ndlr) et l’AÉUM (SSMU, en anglais, ndlr). Elle vise à aider les étudiants ayant du mal à coordonner leurs études et leurs rôles de parents ou ayant des difficultés financières. Composée uniquement d’étudiant·e·s volontaires ayant bénéficié d’un entrainement, cette association est une belle initiative de solidarité à laquelle tout le monde peut participer. x

38 minutes, soit le temps d’attente de la file pour pouvoir entrer dans la librairie le James jeudi dernier. Rappelons que la librairie a prolongé ses heures d’ouverture (en étant notamment ouverte le samedi) jusqu’au 20 septembre pour faire face à l’affluence des étudiant·e·s lors de la rentrée. x

Les mots qui marquent

«Célébrer la diversité» Tel est le conseil que Suzanne Fortier nous donne pour commencer l’année du bon pied dans son courriel de rentrée. En plus de nous souhaiter la bienvenue, elle nous encourage à profiter de la diversité culturelle dont nous béneficions à McGill.x

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Un match de rugby endiablé pour commencer l’année. Alexandre zoller

E

n ce dimanche 10 septembre, sous un soleil radieux, deux matchs ont opposé les équipes de rugby mcgilloises, les Martlet et les Redmen, aux équipes de l’Université Laval et de l’Université Concordia. Malheureusement, peu de Mcgillois étaient présents pour encourager les Martlets. McGill once Le premier match débute à 13h00 et quelques minutes après, Laval ouvre le pointage 0-7 avec un premier essai transformé. La défense Mcgilloise n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas assez solide, en dépit des efforts de l’arrière féminine. De plus, on arrête difficilement Laval dont les puissants pilliers n’ont pas froid aux yeux. L’équipe de Laval est plus vive et prend plus de risques récompensés. Elle a, par ailleurs, une meilleure maitrise de la balle contrairement à McGill qui la perd souvent et rate donc des opportunités intéressantes. Les envolées qui suivent les Rucks de Laval sont habiles et précises et c’est à peine si l’on voit la balle. Enfin, leurs lignes sont mieux organisées, ce qui permet des passes plus fluides et une plus grande simplicité pour percer

la défense.L’écart entre les deux équipes ne cesse de se creuser et ce n’est qu’au bout de la 50e minute que McGill marque enfin un essai, grâce à la joueuse numéro 13 qui est de loin la plus présente sur le terrain du côté mcgillois. Après 80 minutes de jeu intense, Laval remporte la victoire 7-110. L’entraineuse Mcgilloise Magali Harvey résume plutôt bien la situation, « Le score dit tout, c’était un match vraiment difficile. McGill est en train de se reconstruire et ça parait en ce moment […]. En termes de défense, j’étais vraiment contente, on a souvent été capable de voler la balle, malheureusement on n’a pas été capable d’aller plus loin […]. La prochaine approche sera l’approche vers l’attaque. » Tension palpable Une vingtaine de minutes plus tard, le second match démarre. Le jeu auquel j’assiste est alors bien différent du précédent. Les frappes du pied sont beaucoup plus présentes et les défenses massives des deux équipes montrent que ce match s’organise autour d’un rapport de force et de parcelles à conquérir avec effort. La ligne défensive des Redmen est solide mais finit par flancher sous les coups de boutoir de l’équipe adverse. Il

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com

faudra attendre la 34e minute pour qu’un drop du joueur numéro 7 de McGill ouvre le score de notre côté. Concordia en a alors 14. Un deuxième essai, cette fois du joueur numéro 13 mcgillois, est transformé à la fin de la première mi-temps. La seconde mi-temps est bien différente. McGill semble s’être remotivé. L’affrontement semble désormais équitable. Le jeu devient beaucoup plus statique et se déplace de façon régulière dans l’espace de jeu des deux équipes. Les Redmen, en particulier l’ailier numéro 14, trouvent des occasions qui nous offrent de beaux moments de jeu mais la défense de Concordia ne faiblit pas.Un relâchement de McGill à la fin du match permettra à l’équipe adverse de l’emporter 10 à 34.« Concordia a très bien joué […]. On manquait un peu d’intensité et de volonté en première demie. On a mis un nouveau système en place à l’attaque donc on va travailler là-dessus […]. Il y avait des espaces qui étaient ouverts et qu’on n’a pas attaqué », conclut l’entraineur principal de l’équipe mcgilloise Ian Baillie. Il mentionne également un manque de profondeur à l’attaque. L’entraineur et les joueurs ont l’air motivés pour faire mieux la prochaine fois. Espérons que les spectateurs soient au rendez-vous pour les soutenir. x

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actualités

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CAMPUS

Entrevues représentants AÉUM

Photos: The Mcgill Daily

vice-président vie étudiante Le Délit: Pendant votre campagne, vous avez accentué l’importance de la santé mentale au sein de l’université, avezvous commencé à travailler sur des projets concrets?

LD: Pouvez-vous développer sur les premières étapes de l’exécution des trois programmes dont vous avez parlé dans votre campagne «Draw the Line», «I don’t say» and «Pro-pronouns»?

Jemark Earle: J’ai parlé à plusieurs reprises avec les délégués de la santé mentale cet été. Pour le moment, je me suis concentrée sur Activities Night, j’attends que les choses se calment à partir de lundi prochain. Mais pour vous donner une idée, j’aimerai commencer par organiser la Semaine de Sensibilisation à la Santé Mentale. Les années passées, nous nous sommes concentrés sur la création d’ateliers mais nous avons remarqué que peu de personnes y ont participé. C’est pour cela que cette année nous aimerions introduire des projections de films et des discussions avec des professeurs menant à des débats. Nous allons aussi commencer le Listserv qui sera hebdomadaire ou bihebdomadaire. Pour finir, j’ai des meetings prévus avec les délégués de la santé mentale pour parler de la transition se passant cette année. Alors qu’avant, la santé mentale et le soutien psychologique étaient séparés à McGill, ces deux entités ont maintenant été regroupées. Cela mène à des changements dont nous discutons chaque mois. Les cartes d’assurance couvrent maintenant aussi les services de santé mentale.

Pour le programme «Draw the Line» , je vais aller vers SACOMSS et les personnes ayant créé cette campagne à Ontario. J’aimerais avoir des intervenants de là-bas à McGill pour me guider dans ma démarche. Pour le programme «don’t say» je compte m’adresser aux départements athlétiques. Même si les joueurs dans les équipes de haut niveau ne le réalisent pas forcément, ils ont beaucoup d’influence sur les étudiants à McGill et ils sont essentiels pour le bon déroulement de cette campagne Pour le programme «Pro-pronouns», je compte commencer dès la fin du semestre. Cette campagne est interne et sera plus facile à développer au sein de l’université. LD: En quoi le budget de cette année va limiter la création de nouveaux clubs, sachant que votre prédécesseur, Elaine Patterson, nous avait parlé du moratoire ayant été créé l’année dernière ? JE: Le Moratoire a été levé en mai. L’espace alloué au club est toujours un problème donc nous cherchons activement dans la communauté montréalaise un bâtiment libre à utiliser. Le financement des clubs ne devrait pas poser problème. x

vice-présidente aux Finances Le Délit: Durant votre campagne, vous aviez exprimé le souhait de moderniser la gestion des finances de l’AÉUM en simplifiant le travail administratif, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consistera?

d’investir exclusivement dans des compagnies éthiquement responsable. Ce fond, géré par les étudiant·e·s en finance sera d’ailleurs examiné régulièrement et les résultats des différents investissements seront présentés au Conseil [législatif].

Arisha Khan: Quand j’étais en poste en tant que Commissaire au financement, je trouvais frustrant que la majorité du processus d’application pour recevoir des fonds se fasse sur papier et que les clubs ne puissent pas faire leurs opérations financières en ligne. Désormais, je me concentre sur la possibilité pour les clubs de se faire rembourser en ligne et que les demandes de chèques se fassent électroniquement.

LD:Depuis longtemps l’AÉUM envisage d’augmenter le salaire minimum de ces employé·e·s à 15 dollars de l’heure, serait-ce possible?

LD: Qu’en est-il du fond d’investissement responsable annoncé par votre prédécesseur, Niall Carolan à la fin de l’année dernière? AK: Niall Carolan n’ayant rien fait sur le sujet, j’ai beaucoup travaillé dessus cet été. Ce projet, alors géré en partenariat avec la Faculté de Gestion Desautels, nous permettra de transférer une partie (d’un ou deux milliards) de nos fonds dédiés à l’investissement vers ce nouveau fond séparé qui aura pour but

AK:J’aimerais tellement ! Il faudrait initier beaucoup de référenda mais idéalement oui, même s’il faudrait probablement augmenter la cotisation étudiante générale (base fee, en anglais, et dont proviennent la majorité des fonds pour payer le salarié·e·s de l’association, ndlr). En effet nous ne pouvons pas utiliser, admettons, l’argent des cotisations étudiantes pour un service pour payer les employé·e·s. Mais je travaille actuellement sur un projet pilote avec le Service des bourses d’études et d’aide financière aux étudiants afin que nous puissions engager des étudiant·e·s dans le cadre du programme Travail-étude (qui offre aux étudiant·e·s qui ont besoin d’aide financière un emploi sur le campus, ndlr) afin que les étudiant·e·s soient subventionnés à hauteur de 5 dollars de l’heure. Le but étant que ces étudiant·e·s soient payé·e·s 15 dollars de l’heure (10 dollars provenant de l’AÉUM et 5 dollars provenant du programme). x

vice-présidente aux Affaires externes Le Délit: Comment allez-vous procéder pour intégrer McGill dans l’Association pour la Voix Étudiante au Québec (AVÉQ) ? Quand pensez-vous que cette intégration aura lieu? Connor Spencer: Nous allons organiser un référendum d’affiliation en automne, et nous espérons pouvoir finaliser le procédé avant l’assemblée générale d’octobre, afin que nous puissions y présenter des motions. AVÉQ a été très généreuse de laisser McGill, un membre observateur, participer à un certain point aux débats, et de nous donner des droits de votes restreints, mais nous aimerions devenir un membre officiel afin de véritablement représenter McGill dans l’association. Le but est de faire prendre conscience aux étudiant·e·s mcgillois que nous sommes, certes, une université anglophone, mais aussi une université québécoise, ce que beaucoup semblent oublier. LD: Comment envisagez-vous le futur de la lutte syndicale à McGill après les victoires du Syndicat des Employés Occasionnels de McGill (SEOUM, ou AMUSE en anglais, ndlr) l’année passée? CS: Je pense que nous vivons un moment intéressant, beaucoup de choses sont en train d’être réévaluées dans les rapports entre l’Association des étudiants en premier cycle de l’Université

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McGill (AÉUM, ou SSMU en anglais, ndlr) et McGill. J’espère d’ailleurs obtenir le soutien des syndicats dans nos efforts pour la lutte contre les violences sexuelles. C’est mon rôle en tant que vice-présidente aux Affaires externes de construire ces réseaux de solidarité. Il y a encore des travailleurs non-syndiqués sur ce campus, et c’est un problème. Il faudrait aussi faire en sorte que les stages qui ne rémunèrent pas les étudiants ne puissent pas faire leur publicité sur les réseaux mcgillois. LD: Avez-vous des projets pour la francophonie à McGill? CS: L’objectif général est de revitaliser les affaires francophones, et de créer un espace d’expression pour les étudiants francophones au sein de l’AÉUM, pour qu’ils puissent exprimer leurs préoccupations, avoir une représentation. Muna et moi comptons mener ce projet. Cette question est d’ailleurs liée à la place de McGill dans le mouvement des étudiants québécois. Mais il ne faut pas non plus oublier que nous avons des élèves francophones nonquébécois, comme les étudiants internationaux, ou les Canadiens francophones originaires d’autres provinces. J’aimerais aussi beaucoup travailler avec Franc-Jeu, qui n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent, ils font vraiment un travail formidable! x

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CAMPUS

vice-présidente des Affaires Le Délit: Qu’avez-vous fait en ce début d’année pour faire connaître l’AÉUM et son fonctionnement aux étudiants de première année? Maya Koparkar:J’ai plusieurs idées pour améliorer la communication entre les étudiants et nous. Je veux surtout accentuer l’utilité des ressources que l’AÉUM offre. J’ai, par exemple, changé le Listserv utilisé en ajoutant une section spéciale dédiée aux affaires de l’AÉUM. Cela donne un moyen facile aux étudiants de rester informer sur ce qu’il se passe et ce que nous leur proposons chaque semaine. J’essaie aussi de créer plus de voies de communication utilisant les réseaux sociaux pour attirer l’attention des premières années. Instagram et Snapchat sont très importants à mes yeux car ils permettent d’envoyer des informations brèves et concises à un grand nombre d’étudiants. Finalement, j’essaie actuellement, de changer la constitution pour le Conseil des Premières Années. Je suis en train de rencontrer les partis concernés pour parler du processus, du budget et du calendrier. LD: L’année dernière fut une année riche en scandales qui ont sévèrement endommagé la réputation de l’AÉUM. Comment comptez-vous faire pour redorer votre blason ? MK: Regagner la confiance des étudiants McGillois fait partie de mes priorités en ce début d’année. Il est important que j’encourage

Léandre Barôme, lisa Marrache et Sébastien Oudin-Filipecki

Le Délit

une communication ouverte avec les étudiants et les médias. Nous devons faire en sorte de représenter votre meilleur intérêt. Pour cela, il faut améliorer notre manière de communiquer, nous devons être plus précis, plus rapide. De plus, pour que les étudiants nous fassent confiance, il faut d’abord que nous puissions nous faire confiance entre nous, membre de l’AÉUM. Nous avons tous de bonnes relations car nous nous sommes beaucoup rapprochés cet été. J’espère que les étudiants ressentent cette union et que cela leur donne confiance en la nouvelle équipe de cette année.Nous allons aussi essayer d’être présent à plus d’évènements prenant place sur le campus pour interagir avec plus d’étudiants. Nous voulons montrer que nous méritons votre confiance et que nous sommes des représentants accessibles. LD: Comment avez-vous géré la démission de la Vice-Présidente des Opérations, Anuradha Mallik ? MK: Comme la plupart de ses projets par rapport à Frosh touchait aussi à mon portefeuille, j’ai repris ce qui avez été commencé comme Crash Pad par exemple. Nous nous sommes divisés le reste de son travail entre nous. Le v.-p. vie étudiante et moi allons aider Gerts et tous les institutions de la sorte pour le moment. La semaine prochaine, le conseil reprend et nous discuterons de ce que nous allons faire sur le long terme. x

vice-présidente aux Affaires universitaires Le Délit: Que pouvez vous nous dire à propos de la campagne « Know your Rights » ? À quels changements peut-on s’attendre par rapport à l’année dernière?

tâche aux représentant·e·s élu·e·s (comme les Conseiller·ère·s ou les Sénateur·trice·s) même si une personne dédiée exclusivement à ce projet serait une situation idéale.

Isabelle Oke: Parmi les changements majeurs, nous prévoyons dès la semaine prochaine d’utiliser les réseaux sociaux (Instagram, Facebook...) afin de souligner certains aspects de la campagne. Aussi, nous souhaitons collaborer avec les différents groupes sur le campus étant engagés dans la défense des droits des étudiant·e·s tels que le Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap (OSD en anglais, ndlr) ou le Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society (ou SACOMSS, ndlr) entre autres. Enfin nous organiserons des activités dans les résidences afin de toucher un maximum d’étudiant·e·s.

LD: Comment réagissez-vous à l’annonce de l’administration de créer un programme de bourses pour les étudiants ayant grandi dans des familles d’accueil?

LD: Dans votre programme vous défendiez la création d’un nouveau poste, au sein de votre portefeuille, en charge du «travail de proximité» (outreach work en anglais, ndlr) afin de mieux communiquer avec les étudiants, qu’en est-il? IS: Le travail de proximité reste une priorité même si nous sommes actuellement confrontés à des contraintes budgétaires, qui représentent un défi pour créer ce nouveau poste. Nous explorons aussi d’autres pistes, notamment la possibilité de confier cette

IS: C’est un pas dans la bonne direction, McGill n’étant pas une institution facile d’accès en terme de ressources financières. L’un des premier pas pour soutenir au mieux les étudiant·e·s issu·e·s du système de protection de l’enfance est bien-sûr l’aide financière, cependant je pense que ceci est trop limité car pour bénéficier de ce programme il faut que les étudiant·e·s aient déjà postulé et aient été accepté·e·s à McGill. Je pense que l’Université est consciente de cette réalité et nous travaillons actuellement avec la viceprincipale exécutive adjointe (politiques, procédures et équité) Angela Campbell et le Social Equity and Diversity Education Office(ou SEDE, ndlr) afin de trouver des solutions. Par rapport à la Politique sur l’équité, les Commissaires à l’équité vont prochainement lancer un processus de consultation avec les groupes affectés par ladite politique. De plus, nous réfléchissions actuellement sur comment élargir son champs d’action afin de mieux répondre aux besoins des étudiant·e·s. x

présidente Le Délit: Pouvez-vous nous en dire plus sur la procédure de remplacement de la viceprésidente aux Opérations depuis la démission de Mme Malik? Muna Tojiboeva: Normalement, et d’après la constitution de l’AÉUM, le remplacement d’un membre exécutif se fait par la tenue d’une élection anticipée afin de combler le poste. Pour l’instant, nous réfléchissons encore sur comment et quand organiser une telle élection . LD: Vous avez déjà mentionné vouloir doter l’AÉUM d’une branche judiciaire plus forte, pouvez-vous nous en dire plus? MJ: Je travaille en ce moment même à la création d’un comité sur la réforme de la Commission Juridique (Judicial Board Reform Committee en anglais, ndlr) et collabore avec les juges de la Commission Juridique.. Je pense présenter le projet de création du comité dès le prochain Conseil légis-

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latif afin que la réforme soit terminée vers la mi-Octobre, bien que cela semble ambitieux. LD: Pensez-vous poursuivre les efforts de votre prédécesseur afin de rendre les instances mcgilloises plus démocratiques? MJ: Avec Isabelle Oke, nous siégeons toutes deux sur le McGill Commmunity Council (MCC), sorte de table ronde rassemblant plusieurs acteurs de la communauté mcgilloise tels le Syndicat des employé·e·s occassionel·le·s de l’université McGill (SEOUM) ou encore le McGill University Non-Academic Certified Association (MUNACA, ndlr) dont la démocratisation des instances mcguilloise reste une priorité. Nous souhaitons travailler avec eux pour revoir, par exemple, les pratiques de recrutement du Conseil des gouverneurs. Je pense aussi créer un listserv présidentiel afin de mieux informer les membres de l’AÉUM sur les décisions prises par le Conseil des gouverneurs et ce que fait la présidence de leur association.

LD: Pouvez-vous nous dire quand la Politique contre la violence genrée et sexualisée (Gendered and Sexualized Violence Policy en anglais, ndlr) sera dévoilée au corps étudiant? MJ: Nous sommes toujours dans le processus de consultation des groupes mcgillois engagés contre les violences sexuelles. Nous ne voulons pas être expéditifs. Au contraire, consulter le plus de personnes possible afin d’écrire quelque chose qui soit représentatif de la communauté mcgilloise. Nous avons été un peu trop ambitieux dans notre frise chronologique. LD: Pouvez-vous confirmer la fermeture du bâtiment Shatner en décembre? MJ: Nous ne pouvons ni confirmer, ni démentir cette déclaration, nous n’avons pas toutes les informations. x

actualités

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Montréal

De l’espoir pour les jeunes de Montréal-Nord Le gouvernement municipal finance des projets associatifs. Lisa P. Nguyen

Le Délit

CAPUCINE LORBER

M

ontréal-Nord, situé au nord-est de la ville, est tristement associé à sa pauvreté et à ses gangs de rue. En août 2008, une marche pour y dénoncer la violence policière s’était vite transformée en émeute, ce qui n’a pas aidé à sa réputation. Rappel des évènements La manifestation, d’abord pacifique, s’est déroulée le 10 août 2008, un jour après le décès de Fredy Villanueva, 18 ans, abattu par un policier lors d’une intervention. Ce dernier jouait à des jeux de hasard avec des amis au parc, ce qui est interdit selon le règlement sur les parcs, bassin d’eau et édifices publics. L’intervention s’est mal déroulée et terminée par des coups de feu. Cette mort semblant injustifiée a déclenché une vague de colère chez les habitants du quartier. Un électrochoc salutaire Les évènements sont aujourd’hui décrits comme un électrochoc salutaire. En effet, ce triste incident, qui a fait couler beaucoup d’encre pendant plusieurs semaines, aura eu au moins un effet positif : la

prise de conscience des problèmes de pauvreté et d’exclusion sociale que vivent beaucoup de jeunes du quartier, et de l’importance de mobiliser les ressources pour répondre aux besoins de ces derniers. Montréal-Nord semble renaître de ses cendres depuis cette tragédie. En un peu moins de dix ans, le gouvernement a injecté des millions de dollars pour créer espaces et projets dans lesquels les jeunes peuvent s’épanouir et sortir de cette pauvreté qui leur a été imposée. Des parcs, des aménagements, des services ont été

mis sur place dans le but d’aider la jeunesse nord-montréalaise. Prioriser les jeunes Constituant environ 30% de la population du quartier, la proportion d’enfants de 0 à 14 ans vivant dans un ménage à faible revenu est de 43,5% comparativement à 20,1% dans le reste de l’île. Le taux de jeunes sans diplôme y est nettement plus élevé que la moyenne de la métropole, soit 21,9% contre 9,3%. Cette différence démontre bien les

conditions difficiles auxquelles font face cette jeunesse, qui représente pourtant l’avenir de Montréal-Nord. Pour s’attaquer aux problématiques du quartier, il est donc essentiel de cibler les 0 à 29 ans, et ainsi espérer «briser le cycle de pauvreté intergénérationnelle»; tels sont les propos de la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black. Plan d’action collectif Un plan d’action, baptisé Priorité Jeunesse, qui s’étirera sur

dix ans, de 2017 à 2027, a été déployé dans le but de réduire les inégalités qui séparent les jeunes du quartier du reste de Montréal. Le gouvernement du Québec allouera 2,3 millions au cours des trois prochaines années pour la mise en œuvre des projets. Ce plan contient trois axes: «Favoriser la réussite éducative», «Développer les talents, l’employabilité et l’entreprenariat», et «Enrichir le vivre ensemble». Des ressources seront déployées afin que les enfants les plus vulnérables soient ciblés et aidés tout au long de leur parcours scolaire, dans le but ultime de contrer le haut taux de décrochage (22,6% des élèves à l’école secondaire Henri-Bourassa et 35% à l’école secondaire CalixaLavallée). Des projets seront aussi mis sur pied afin de développer les qualités entrepreneuriales des jeunes adultes et favoriser leur accès aux emplois et au maintient de ceux-ci. Enfin, pour favoriser l’inclusion sociale de cette jeunesse, plusieurs programmes seront mis à leur portée pour les soutenir et créer un environnement qui leur est favorable. « Il s’agit d’un défi des plus ambitieux pour lequel nous consacrerons au moins la prochaine décennie», promet la mairesse. x

canada

Trudeau prépare sa rentrée Des changements ont eu lieu au cabinet ministériel ce lundi 28 août 2017. Margot hutton

Le Délit

S

uite à la démission de Judy Foote le 24 août dernier, laissant vacant le poste de ministre des Services publics et de l’approvisionnement, un remaniement ministériel s’avérait nécessaire pour le gouvernement Trudeau. Cependant, le premier ministre ne s’est pas contenté de combler le poste, il a aussi déplacé quelques pions sur l’échiquier. Les changements C’est donc Carla Qualtrough, anciennement ministre des Sports et des Personnes handicapées, qui succède à Judy Foote. Elle se retrouve avec le fardeau de Phénix (service de paye des fonctionnaires fédéraux ayant de nombreux défauts, ndlr), qui, pour l’instant, cause plus de problèmes qu’il n’en résout. Elle entend cependant en faire une priorité et s’y attaquer sans tarder. Ensuite, Ginette Petitpas Taylor, l’ancienne secré-

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taire parlementaire du ministre des Finances devenue ministre de la Santé à la place de Jane Philpot, qui est mise en charge du ministère des Services aux autochtones. Dans le même domaine, Carolyn Bennett, qui jusqu’alors était ministre des Affaires autochtones et du nord, change de titre pour évoluer en ministre des Relations couronne-autochtones et des affaires du nord, façonnant ainsi une réorganisation de ce ministère.Enfin, Kent Hehr remplace Carla Qualtrough au ministère des Sports et des personnes handicapées, laissant sa place de ministre des Anciens combattants et de ministre associé de la Défense nationale à Seamus O’Regan. Une transformation optimiste Le fait de donner plus de place aux affaires autochtones dans le gouvernement prouve que l’élimination de la «Loi sur les Indiens» (Indian Act en anglais, ndlr) permettrait ainsi de renforcer les liens entre les deux nations.

La division du ministère des Affaires autochtones et du Nord en deux nouvelles branches permet au gouvernement de couvrir plus de sujets, et donc d’établir un

« Les relations entre le Canada et ses premiers habitants ne peuvent être basées sur le colonialisme » lien plus fort avec les Premières Nations, dans le but de surmonter les désaccords du passé. Trudeau a déclaré sur son compte Twitter que les relations entre le Canada et ses premiers habitants ne peuvent être basées sur le colonialisme, tout en insistant sur le fait que ces rapports vont évoluer grâce à une transformation des institutions fédérales. D’importants travaux devront

Capucine lorber également être mis en œuvre concernant les prestations de services faites à ces peuples, principalement au niveau de la santé, de la sécurité alimentaire, de l’éducation et du logement. Vent de fraîcheur Seamus O’Regan, nouveau au cabinet, est, tout comme Judy Foote, un élu terre-neuvien, en plus d’être un ami de Justin

Trudeau. Ces deux atouts ont été clé dans sa nomination aux Anciens combattants et à la Défense nationale. La nouvelle ministre de la Santé se retrouve face au débat concernant la légalisation de la marijuana, mais elle n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet pour l’instant. Sans doute faut-il qu’elle s’habitue à son nouveau rôle. Avec ce remaniement, Trudeau vise un Canada plus unifié que jamais. x

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com


Monde Francophone

Jeu d’échecs bilingue Au Cameroun, le Président tente d’apaiser les tensions après des mois de conflit. Margot Hutton

Le Délit

D

epuis octobre 2016, les populations anglophones estiment être mal représentées d’autant plus que la plupart des communications se font dans la langue de Molière, dans un pays où le français et l’anglais sont considérés comme des langues officielles. Ainsi, les minorités anglophones tentent de se faire entendre par un État à majorité francophone, qui orchestre des mesures de répression sévères en guise de réponse. Des dirigeants ont été emprisonnés, et des sanctions imposées, allant même jusqu’à couper l’électricité dans les régions anglophones. En conséquence, ces régions se sont retrouvées paralysées, autant par les multiples grèves, ayant dérivées vers une crise sociopolitique, que par les réponses gouvernementales. Alors que le conflit semblait s’enliser, le président Paul Biya a annoncé la fin des poursuites judiciaires contre les chefs de file anglophones le 30 août dernier.

Matt Wolf Une jeunesse à sauver Le conflit durait depuis des mois. Pourtant, c’est à l’approche de la rentrée scolaire que le président Biya a décidé de lever le pied sur la repression du mouvement de contestation anglophone. Cette mesure s’avérait inévitable, surtout à cette période. En effet, la crise a conduit à une déscolarisation des enfants, surtout dans les régions anglophones, ce

qui inquiétait les parents, qui en venaient donc à soutenir les mouvements de grève, dans l’espoir que le gouvernement entende les revendications. Malgré les diverses arrestations des chefs de file anglophones, la principale victime de cette crise était la jeunesse anglophone, déscolarisée de force. Le gouvernement étant bien conscient de cette réalité, et voulant éviter que les enfants se retrouvent sans éducation une

deuxième année consécutive, il a promulgué ce décret.

opposant gendarmes et civils, dans une localité du Nord-Ouest.

Différentes interprétations

Dialogue de sourds

Il semblerait que les deux populations n’aient pas vu cette mesure de la même façon. En effet, libérer les meneurs anglophones ne signifie pas que le gouvernement est prêt à faire des concessions, ou que les pratiquants de la langue de Shakespeare s’inclineront devant le régime actuel. C’est pourquoi il est

Aussi, les anglophones ne voient pas forcément ce décret comme un acte de bienveillance de la part du gouvernement, car les figures principales des contestations restent derrière les barreaux, soutenues par le Hashtag #FreeAllArrested (libérez tous ceux qui ont été arrêtés, en fran-

« En effet, la crise a conduit à une déscolarisation des enfants, surtout dans les régions anglophones » impossible de parler de résolution du conflit à l’heure actuelle. Dans les régions anglophones, la rentrée scolaire fut timide. Beaucoup de parents restent sceptiques devant la scolarisation de leurs enfants, convaincus de la légitimité de leur combat. De plus, les forces armées restent très présentes dans les zones anglophones, et deux personnes ont perdu la vie dans des affrontement

çais, ndlr) C’est le cas de Mancho Bibixy, dit « BBC », emprisonné depuis janvier, un des chef du mouvement de contestation. Certains anglophones sont donc frustrés que M. Bibixy reste en prison, tandis que d’autres sont libérés. Malgré le décret du gouvernement Biya, la situation ne semble pas évoluer. Les anglophones restent très méfiants et il en faudra plus pour les convaincre.x

Satire

Départ donné pour la nouvelle saison Avec la rentrée scolaire, McGill se replonge dans son passe-temps favori. LÉANDRE BARÔme

Petit retour sur la saison dernière.

A

L’administration McGill parvint à enflammer le stade grâce à ses pleines lucarnes contre les syndicats étudiants, tels que le Syndicat des employé·e·s occasionnel·lle·s de l’Université McGill (SEOUM, ou AMUSE en anglais, ndlr), ou les floor fellows. N’oublions pas non plus l’action du match que fut l’organisation de la vidéoconférence d’Edward Snowden, qui obligea des milliers de personnes à faire la queue pendant trois heures pour se voir refuser l’accès à une salle de 600 places, et qui culmina en une violente bousculade parsemée d’insultes: les houligans de McGill étaient présents! L’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU en anglais, ndlr) s’est encore mieux débrouillée que l’administration, et nous a fait briller dans toute la province par ses controverses. Dès février 2017, Igor Sadikov, représentant au Conseil législatif de l’AÉUM, nous en a mis pleins les yeux avec son

Le Délit

près une saison 2016-2017 exceptionnelle durant laquelle notre université parvint à décrocher l’or, les McGillois attendent avec impatience de revoir leur équipe sur le terrain. Il faut dire que nos athlètes firent fort l’année dernière: le nombre de faits divers, controverses et scandales en tous genres dont McGill fut le théâtre avait de quoi faire rougir les politiciens les plus aguerris. Le lourd héritage de la dernière saison Les étudiants n’en pouvaient plus d’attendre le retour de leur sport préféré. McGill reste d’ailleurs une des équipes favorites dans cette discipline exceptionnelle qu’est la poursuite du scandale. Nous devons ce statut prestigieux aux équipes du passé, notamment celle de l’année dernière, qui dépassa toutes les attentes.

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désormais culte «frappe un sioniste aujourd’hui». Très vite, l’exécutif transforma l’essai, et David Aird, alors Vice-président (v.-p) aux Affaires externes, fut accusé de violences sexuelles sur plusieurs jeunes femmes. La passe à Ben Ger, président de l’AÉUM, qui démissionna alors à son tour, portant le coup de grâce aux équipes rivales qui croyaient pouvoir se mesurer à McGill. N’oublions pas non plus les efforts de la presse étudiante, et notamment du McGill Daily, qui fut à l’origine de plusieurs affaires telles que la suppression de sa section commentaires pour les articles publiés digitalement. L’équipe s’attira d’ailleurs les foudres des fans qui avaient pris le jeu trop à cœur.

l’AÉUM a présenté sa démission pour «raisons personnelles». Un bon départ, mais il faudra passer à la vitesse supérieure. Camille Honnête, présidente de l’AÉUM, nous affirme: «On est confiants

pour cette nouvelle année, même si ce sera difficile de faire mieux que l’équipe précédente, on fera de notre mieux pour ne pas décevoir les étudiants...». Bonne chance, on compte sur vous! x

Entre excitation et appréhension Les étudiants attendent donc avec impatience le coup de sifflet de cette nouvelle saison, et comptent sur leur nouvelle équipe pour se montrer digne de leur prédécesseur. Notons d’ailleurs qu’avant même la rentrée, la v.-p aux Opérations de

Capucine lorber

actualités

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Société societe@delitfrancais.com

opinion

Coloniser le colonisateur L’appropriation culturelle est une nécessité, et un devoir pour tous. auguste rochambeau

J

e dois avouer ma perpétuelle perplexité, mon incompréhension désespérée devant l’Amérique du Nord. Elle qui se targuait autrefois d’être le chantre de la liberté dans le monde occidental, discute aujourd’hui de ce qui est acceptable d’arborer comme vêtement, ou coiffure. Par exemple, il est ainsi de plus en plus fréquent de reprocher à des mannequins blancs de porter des dreadlocks. Contrevenir à ce type d’interdit conduit à se faire accuser d’«appropriation culturelle», définie comme l’adoption ou l’utilisation d’éléments d’une culture minoritaire par les membres d’une culture dominante. Elle serait irrespectueuse et constituerait une forme d’oppression et de spoliation. Au mois de mai de cette année éclata le cas de l’«Appropriation prize » : un journaliste proposa de récompenser les meilleurs écrits traitant d’une culture différente, puis subit l’ire générale. On vit marteler le même discours : «l’appropriation culturelle, c’est mal». Au vu de l’ampleur de la réaction publique, cette affaire témoigne du changement des mœurs; il me semble donc temps de dire tous les dangers de la direction que

blackface n’est pas une appropriation culturelle; pour paraphraser Conor Friedersdorf, si une femme noire dit à un ami «Je vais te faire découvrir ma culture», elle lui montrera peutêtre une église historiquement noire, elle lui fera écouter un morceau de jazz, ou de blues, mais à aucun moment elle ne lui dira «Maintenant, mettons-nous du noir sur le visage!». Il n’y a, ici, aucun élément culturel. De la même manière, mettre un chapeau vaguement asiatique, et imiter l’accent chinois pour faire des blagues racistes ne cherche aucunement à s’approprier la culture — et donc à la faire sienne — au contraire, elle est soulignée, et pointée du doigt comme culture étrangère, l’objectif est simplement de se moquer de celle d’un autre. Pour être tout à fait clair, mon argumentaire ne concerne pas non plus un vol de culture ou de savoirs, c’est-à-dire un effort délibéré par un groupe de changer la paternité d’un élément culturel. Par exemple, si les Européens clamaient avoir inventé le taboulé, ce serait non seulement faux, mais en plus d’un ridicule consommé. D’autant que les motivations derrière de tels actes d’effacement volontaire sont souvent

«Qui décide des modifications que peut subir une culture? Qui est le modificateur légitime?» nous prenons. Le sujet est délicat, bien que souvent traité à coups de fainéantise intellectuelle. L’exemple le plus récurrent de cette dernière, mais aussi le plus efficace à provoquer l’indignation générale, est de mélanger caricature raciste et appropriation. La différence est pourtant simple à comprendre : en s’appropriant un élément d’une culture étrangère, on lui donne un sens à nos yeux. Cet élément gagne une signification intrinsèque, différente ou non de celle d’origine ; il cesse d’être uniquement «l’élément des autres» et devient également «mon élément». À l’opposé, une caricature souhaite utiliser et conserver le caractère étranger de l’élément culturel en question. Appropriation et moquerie : la confusion La différence est très facile à saisir avec un exemple : une

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société

critiquables. On peut par exemple citer des femmes scientifiques cachées dans l’ombre du paternalisme, ou encore l’effort du gouvernement allemand sous Hitler d’effacer toutes les traces de scientifiques juifs. Toutefois ce n’est pas le sujet ici. Non seulement personne n’essaie de faire croire qu’il a inventé le taboulé, mais en outre, ce genre de réattribution lourdement condamnable ne s’applique pas aux cas que l’on suspecte être de l’appropriation culturelle. Nous pouvons donc aborder maintenant le cœur du problème, la véritable appropriation culturelle. Si l’anti-appropriationisme m’apparaît largement comme une vaste fumisterie intellectuelle, je dois toutefois reconnaître que des questions intéressantes sont abordées, la première de toutes étant la suivante: Qui décide des modifications que peut subir une

culture? Qui est le modificateur légitime? Une culture sous contrôle : le mythe La réponse la plus facile serait de considérer que personne n’ait cette légitimité ; à ce moment, la culture devient un élément inaliénable — comme la liberté par exemple, que l’on ne peut vendre — ce qui en ferait un élément non-partageable et immuable. De la même manière que personne n’a le droit de vendre sa liberté, les autochtones ne pourraient ni partager leur culture ni la modifier. Seulement, cette position est terriblement bancale; elle impliquerait que si un autochtone souhaitait inventer un produit, ou tourner un film (devenant ainsi une composante de la culture autochtone), il ne le pourrait pas, car ceci modifierait la culture autochtone. Abandonnons donc cette idée, autrement nous serions pour l’éternité de simples esclaves bornés s’acharnant à suivre avec une ferveur aveugle des clichés du passé. La question néanmoins reste alors entière, une culture a-t-elle un maître? Un processus démocratique — un vote ou quelconque consultation populaire — est impossible sans se transformer en totalitarisme. Supposons que les Québécois votent afin de déterminer s’il est acceptable d’incorporer ou non de la viande dans une poutine, il y aurait plusieurs problèmes à régler. En premier lieu, qui a la légitimité de voter? Les Québécois, y compris ceux qui n’ont jamais touché une poutine de leur vie? Ou peut-être tout le monde en ayant déjà fait, y compris des non-Québécois? Ou peut-être juste les inventeurs de la poutine? Outre la légitimité, quid de l’application de la décision prise? Que se passerait-il si un Québécois ne reconnaissait pas la légitimité du vote et allait à l’encontre de l’issue du suffrage? Serait-il interdit de poutine? La police le surveillerait-il, serait-il jeté en prison s’il en mangeait? Vous avez compris l’idée; contrôler ce qui est culturellement faisable ou non est fondamentalement autoritaire, et nécessiterait une police du comportement qui aurait le droit de s’introduire même dans la sphère privée de chacun, imposant une observation monolithique de la culture.

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com


Soyons toutefois charitables, que se passerait-il dans l’hypothèse où une solution serait apportée à ces problèmes? Comment aborder le reste de la question? Ainsi, il est parfois avancé que s’opposer à l’appropriation culturelle permet de réserver une estrade aux minorités qui peuvent alors faire passer des messages politiques. Malheureusement, cette vision n’est probablement pas la plus

efficace à lutter contre le racisme. En restreignant des éléments culturels à des ethnies, on aboutit nécessairement à renforcer, ou du moins à souligner, les clichés racistes et les essentialismes. Par exemple en limitant les recettes à partir de riz aux populations asiatiques, on renforce les clichés associant riz et Asiatiques ; dans l’imaginaire collectif, les Chinois resteront les éternels mangeurs

charlotte grand

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com

de riz ou de nems, les Mexicains de tacos, et les Japonais de sushis — en effaçant toute possibilité de nuance, et sans égard à une réalité souvent différente. Une nécessité pour les cultures minoritaires En outre, si les Occidentaux ne sont pas autorisés à emprunter la culture des autres, alors leur culture restera purement occidentale; or étant donné l’hégémonie culturelle occidentale — les jeans, l’anglais, Hollywood, le fast-food — il y a de fortes chances qu’elle finisse par conquérir le monde. Chaque ethnie se retrouvera à devoir combattre pour sa propre culture, sans espoir qu’elle ne soit récupérée et perpétuée par la culture dominante. C’est condamner à la mort les cultures opprimées sous prétexte d’un conservatisme dépassé et déplacé. À l’inverse, l’appropriation permet de diminuer l’exotisme et de lutter contre une hégémonie uniformisatrice. En banalisant la culture d’une minorité, celle-ci se trouve aussi dans un milieu plus familier. Cela pourrait permettre d’encourager la culture minoritaire à s’exprimer et diminuerait ses chances de disparaître. Par la même, les clichés sont largement réduits : il est parfois dit que les noirs portant des dreadlocks sont marginalisés du fait de leur coiffure. Or si cette coiffure devient banale, alors il n’est plus possible qu’elle soit l’objet de discriminations. L’autre argument avancé par les anti-appropriationistes est économique : en réservant la commercialisation d’une culture (tacos, sushis, etc.) à la minorité dont elle est issue, on permettrait à cette minorité marginalisée de retrouver un pouvoir économique. Or, acheter des éléments culturels d’une minorité nécessite de l’appropriation culturelle : un occidental, quand il achète des sushis, que ce soit auprès de Japonais ou non, il y a toujours une utilisation d’une culture étrangère, et donc appropriation culturelle. Un vrai antiappropriationiste devrait donc s’opposer à ce que les Blancs puissent acheter du rap. Ou alors, il devrait l’acheter sans l’écouter. N’oublions pas que donner un monopole en fonction de critères ethniques est ardu : qui sera autorisé à vendre exactement? Qui a la légitimité de vendre une culture? (Voir le dilemme de la poutine un peu plus haut). Concentrons-nous sur une vision purement économique de la chose. En premier lieu, garantir un monopole à un groupe n’implique pas que ce groupe aura plus de revenus, surtout dans un contexte de racisme. Imaginons par exemple des Mexicains possédant un restaurant mexicain et ayant moins de revenus qu’un autre restaurant mexicain tenu par des Occidentaux parce que les consommateurs sont racistes. Imaginons maintenant que le restaurant tenu par les Occidentaux disparaisse, et que les consom-

mateurs racistes soient obligés de choisir entre le restaurant mexicain tenu par des Mexicains, et une infinité d’autres restaurants — italiens, fast-food, français — aussi tenus par des Blancs, ne choisiraient-ils pas les autres restaurants ? Le bénéfice financier pour la communauté mexicaine est loin d’être garanti, et risque de marginaliser un peu plus leur culture. En second lieu, l’appropriation peut être un support à l’expansion économique. Prenons l’exemple de Ghost in the Shell ou Death Note, des mangas qui ont été repris par des Américains pour le marché audiovisuel américain. Certes, ces adaptations

dans son entièreté, elle est d’une grande pauvreté pour expliquer les rapports particuliers. Il est intéressant de noter que l’extrême droite européenne utilise la même technique: «Puisque les Noirs sont en moyenne plus susceptibles d’être arrêtés pour crime que les Blancs, alors chaque Noir pris individuellement est plus susceptible de l’être que chaque Blanc». Une telle comparaison peut paraître surprenante, mais en réalité l’anti-appropriationisme emprunte beaucoup au conservatisme européen, notamment en affirmant l’existence d’une essence propre à une commu-

«La culture n’a ni tête ni queue, elle n’est pas le fruit conscient d’un être qui aurait un droit sur sa création, la culture n’appartient à personne. » ont leur lot de défauts, mais elles contribuent indubitablement à la popularisation des mangas. Qui les connaissait avant ces adaptations? Parmi les millions d’Américains qui les ont vus, une partie voudra en savoir plus et deviendra consommatrice de mangas, permettant un plus grand essor de la culture japonaise. Un raisonnement dystopique Résumons la logique derrière l’argument économique : les minorités, puisqu’elles sont en situation de désavantage par rapport aux majorités, devraient recevoir une compensation pour ce désavantage. Et leur garantir un monopole sur la commercialisation de leur culture permettrait de leur garantir une augmentation de leurs revenus. Si l’on garde le même raisonnement, on arrive rapidement à la situation suivante: puisqu’être une minorité justifie une contrepartie financière, il faudrait qu’il y ait des allocations pour compenser ces minorités, payées par un impôt sur la race. Ou alors la division de l’addition en fonction de son identité devrait être inscrite dans la loi. Il est assez effrayant de voir à quel point une telle logique peut être insultante en mettant un prix sur le racisme. L’erreur ici est de présupposer que tout Noir endure le racisme de la même manière. Certains ne l’ont peut-être jamais connu, alors que d’autres en souffrent chaque jour. De même, il est possible d’un Blanc gagne plus qu’un Noir uniquement du fait de ses capacités ; quelle est alors la justification pour appliquer la même solution à tous? Plaquer aveuglement une analyse d’un fonctionnement global de la société à un cas particulier est au mieux une grave erreur statistique, et au pire une manipulation démagogique qui fait perdre son sens à ladite analyse. Si une telle analyse est très utile pour avoir une image de la société

nauté identitaire — et donc la nécessité de moduler les règles, les lois en fonction de l’identité. On aboutit ainsi à une structure politique dépendante de l’ethnie: un État avec des lois dépendant de la couleur de chacun ; ou mieux: un État propre à chaque couleur de peau. Avec un tel objectif, nos rêves de lendemains chantants se tairont, pendant que nous deviendrons sourds aux autres. Pouvons-nous vraiment espérer briser les barrières et les stéréotypes quand un enfant devra rapidement apprendre quelle est sa race pour savoir comment se comporter en privé comme en public? Est-ce là la société idéale de l’anti-appropriationisme? La culture n’a ni queue ni tête, elle n’est pas le fruit conscient d’un être qui aurait un droit sur sa création, la culture n’appartient à personne. Elle est le résultat, la somme d’une histoire qui dépasse y compris ceux qui la pratiquent. C’est une chose sans maître qui résiste aux beaux discours et aux totalitarismes rampants. Chacun en tire quelque chose d’individuel; chacun, en voyant les mêmes gestes, trouvera une signification qui le satisfera; chacun inventera sa propre histoire. La culture est l’un des rares endroits où l’on peut mettre du rêve dans notre quotidien: si des Hommes pensent pouvoir communiquer avec les Dieux à travers des pierres, ou décerner une parole sacrée sur un livre, grand bien leur en fasse; qui suis-je pour leur arracher ceci? Ne nous laissons pas enfermés dans des carcans imposés par des fanatiques de la pureté culturelle: créez, réinterprétez, inventez! S’inspirer d’autres cultures ne fait que les rendre plus belles et importantes; la grandeur d’une œuvre se mesure au nombre de ses descendants, de ceux qu’elle a inspirés: figer une culture, c’est la condamner à mourir. En somme, le destin d’une culture, c’est la liberté ou la mort. x

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opinion

La gentrification, une réalité au Mile-End, à Rosemont et à Hochelaga-Maisonneuve. alexandra sirgant

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u’est-ce que la gentrification? La gentrification, c’est quand tu descends Saint-Laurent et qu’il ne reste plus que des cafés branchés (et proclamés hipster) à cinq dollars le café filtre (lait de soja et taxes non incluses dans le prix, évidemment). La gentrification, c’est quand tu te promènes sur Duluth et que tu entends beaucoup de dialogues en français, mais pas un seul accent québécois. La gentrification, c’est quand ton petit appart «cute» du Mile-End te coûte un bras par mois. Considéré comme du développement pour certains, ou comme de l’exclusion pour d’autres, le phénomène de la gentrification transforme véritablement la nature des quartiers touchés.

Crédit photo

Petit cours d’urbanisme Rappelons d’abord ce que ce terme signifie. La gentrification est la tendance à l’embourgeoisement d’un quartier populaire. Pour ce faire, elle passe par la transformation de l’habitat, de l’espace public et des commerces. Selon l’encyclopédie électronique Hypergeo, la gentrification implique un changement de la division sociale de l’espace intraurbain. La réhabilitation d’un quartier engendre une augmentation de ses prix, ce qui pousse les classes sociales les moins aisées, ne pouvant plus maintenir le nouveau coût de vie imposé, à se délocaliser dans des quartiers moins chers. Le terme lui-même a une étymologie à nuance critique. Inventé par le sociologue marxiste Ruth Glass en 1964, «gentrification» est un néologisme anglais. Il vient du mot «gentry» qui désigne de façon péjorative la petite noblesse. La notion sera par la suite théorisée par un grand nombre de géographes anglais et nord-américains dans les années 80. Si dans un premier temps la gentrification désigne un processus de réappropriation par les classes moyennes de centres-villes délaissés, elle inclut aujourd’hui la transformation d’espaces populaires, aussi bien résidentiels qu’industriels. Bobos ou gentrificateurs ? Il y a 30 ans, la bataille contre la hausse des prix d’un quartier populaire, c’était la bataille des résidents du Plateau-Mont-Royal. Quartier très à la mode dans les années 80, il devint rapidement la cible d’une forte ébullition spéculative. Selon un reportage de Radio-Canada, le nombre de

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société

prune engérant logements accaparés par des spéculateurs à l’époque s’élevait à 8000. Afin de dénoncer ces pratiques immobilières, de nombreuses conférences de presse et manifestations avaient été organisées dans le secteur. Ceci n’a cependant pas empêcher les prix d’augmenter dans le quartier, avec le coût moyen d’un 4 1/2 qui s’élève à 79 pourcent de plus qu’en 2001. Aujourd’hui, ce quartier est complètement gentrifié, processus auquel les étudiants de McGill ou d’ailleurs, contribuent inconsciemment. En effet, selon Johanne Charbonneau, sociologue à l’IRNS, les gentrificateurs ne sont

rendent ces quartiers populaires «hype». Seulement, ces quartiers, tel que le Mile-End, deviennent rapidement presque victimes de leur succès. Ils perdent leur identité populaire d’autrefois à cause de l’arrivée en masse de ces individus à la recherche «d’authenticité». Un phénomène violent dont on parle (trop) peu Le documentaire «Quartier sous tensions», diffusé le vendredi 11 août sur Radio-Canada, souligne la véritable violence de ce phénomène qui touche le quotidien des habitants de

bons pour pousser les locataires à quitter leurs logements afin de pouvoir les louer à trois fois le prix initial. L’organisatrice communautaire parle aussi de l’attitude parfois «colonisatrice» qu’adoptent certains promoteurs immobiliers. Nombreux sont ceux qui considèrent que le développement de leur condo permettra de «corriger» le quartier, des mots rabaissants et durs à entendre pour des gens qui y ont construit leurs vies. «On ne parle de gentrification que lorsqu’ il y a du vandalisme» déplore la réalisatrice du documentaire, Carole Laganière. Selon elle, il s’agit au contraire

« Intimidation, chantage, harcèlement, éviction ou même expulsion, tous les moyens sont bons pour pousser les locataires à quitter leurs logements » pas forcément des gens qui ont de l’argent, mais des étudiants et des artistes qui rendent le quartier «in». Sans s’en rendre compte, ces derniers sont responsables de l’augmentation des loyers et de l’effritement de la mixité sociale du quartier. L’arrivée de populations au style de vie «tendance» pousse les commerces à se développer en conséquence pour accueillir ce nouveau voisinage. On y voit alors apparaître des cafés pour étudiants, des épiceries bios, des magasins branchés. Les artistes donnent un certain cachet à ces espaces délabrés et

Rosemont-La-Petite-Patrie et d’Hochelaga Maisonneuve. Patricia Viannay, organisatrice communautaire au Projet Organisation Populaire Information et Regroupement (POPIR), évoque la détresse dont lui font part les citadins au quotidien. «J’ose plus marcher sur Notre-Dame, je suis tanné de voir des gens sur les terrasses qui se payent des choses que moi je ne pourrai jamais me payer», rapportent des victimes. Intimidation, chantage, harcèlement, éviction ou même expulsion, tous les moyens sont

d’un drame quotidien qui se produit dans le silence. Besoin de mesures municipales Il serait naïf de croire que ce phénomène puisse être réversible. Là n’est d’ailleurs pas la question. L’arrivée de nouveaux arrivants dans un quartier peut être bénéfique et peut permettre le développement à la fois économique et social de ce quartier. Cet article ne cherche en aucun cas à mettre tous les «méchants» investisseurs et propriétaires dans le même bateau. Il existe

des nuances et le droit aux logements reste un droit pour tous. Seulement, afin d’atténuer les répercussions de la gentrification sur la vie des citoyens les plus démunis, le gouvernement devrait leur donner des outils afin de leur permettre de «vivre» (et non «survivre») dans le quartier. Le documentaire «Quartier sous tensions» propose un bon nombre de recommandations pour lutter contre ces répercussions. Tout d’abord, la municipalité pourrait réserver des terrains pour des logements sociaux et pour des coopératives, tout en apportant une plus grande aide financière sous forme de chèques sociaux pour remédier à la hausse du coût de la vie. De plus, la Régie du logement doit mettre en place des mesures de vérification plus strictes afin de ne plus laisser passer des évictions sous le prétexte d’aménagement de propriété qui ne se font pas. Le documentaire conclut en soulignant que si des mesures pour la mixité ne sont pas mises en place, c’est vers une gentrification totale que la métropole se dirige. Il est essentiel de développer nos quartiers tout en nous assurant qu’il reste de la place pour tous. L’apport d’une plus grande mixité sociale dans les quartiers de Montréal est important, mais il doit s’accompagner de mesures inclusives pour en protéger les résidents. Celles-ci sont cruciales afin d’éviter que Rosemont-LaPetite-Patrie et HochelagaMaisonneuve deviennent des Plateau Mont Royal 2.0. x

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com


Innovations innovations@delitfrancais.com

OPINION

Vers un tourisme purement commercial? AirBnB lance «Expériences», permettant à ses utilisateurs de monnayer différents services. même déshumanisée. L’expérience de vie locale sera certes totale, mais loin d’être authentique.

margot hutton

Le Délit

A

irBnB, plateforme web connue principalement pour ses offres de locations de logement, se diversifie en s’orientant également vers l’offre de service. Le principe est simple: l’utilisateur de l’offre «Expériences» peut acheter une prestation, tel qu’un cours de danse, d’œnologie, et bien d’autres, de la part d’«experts» à l’endroit où il se trouve. Sinon, il peut simplement aller visiter des bars accompagné de locaux. C’est donc une porte ouverte à un nouveau marché, celui de la facturation d’actes à la base bienveillants

Dérive touristique

La fin de la spontanéité?

charlotte grand

N’est-il pas plaisant de visiter une ville qui nous est complètement étrangère, d’y rencontrer des gens, d’en apprendre un peu sur leurs habitudes, de partager un moment convivial, en toute franchise? De repartir en ayant appris quelque chose de

cette ville de la manière la plus naturelle qu’il soit? «Expériences» d’AirBnB vise cependant à rendre ces échanges artificiels, forcés par le recours au payement, se rapprochant encore plus de l’esprit de la société de

consommation d’aujourd’hui, où la bonne foi n’est plus d’actualité. Le problème n’est pas seulement au niveau de l’argent, mais aussi et surtout par rapport à l’interaction avec l’habitant, qui ainsi devient purement artificielle, voire

D’un autre côté, cette nouveauté est aussi une porte ouverte pour tous les «experts» dans une quelconque discipline à tirer profit de la venue de touristes, souvent peu renseignés sur les coutumes locales, afin d’en tirer profit. Tandis que certains consacrent quelques années à faire une formation dans le tourisme, devenant ainsi qualifiés pour ce genre de prestations, les visiteurs auront la possibilité de se tourner vers une autre offre, désavantagée par un manque de certification, mais certainement plus prisée car moins chère. C’est aussi un moyen de rendre le tourisme accessible à une nouvelle clientèle. Immersion totale Il faut tout de même le reconnaître, l’intention est bonne. Ce

service permet aux utilisateurs de faciliter leur insertion sociale, en proposant des expériences humaines des plus complètes. À présent, le touriste a moins de chance de s’égarer lors de ses voyages, puisqu’AirBnB le tient par la main lors de la quasi totalité de ses activités. Le but est d’amener la plateforme vers une couverture complète du voyage. Puisque les plateformes d’hébergement se développent de plus en plus, le site avait besoin de se diversifier pour garder son empreinte unique. «Expériences» est donc une innovation dans le domaine touristique, cherchant à optimiser ce que le touriste va vivre durant son séjour. Présente pour l’instant dans 23 villes, il faut s’attendre à ce que celle-ci se propage aux quatre coins de la planète, comme l’a fait l’offre de location de logements, qui entre 2008 et Waujourd’hui, s’est étendue dans plus de 191 pays. x

allo! Le délit est à la recherche de contributeurs Écris un article, prends une photo ou dessine une illustration pour ta section préférée! Tu peux aussi venir nous rencontrer pendant les soirées de production:

Tous les lundis 18h - Minuit bureau shatner b-24 C’est sans engagement et tu n’as pas besoin d’expérience journalistique, juste de la motivation! Pour plus d’informations, envoies un courriel à rec@delitfrancais.com

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com

INNOVATIONS

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Culture articlesculture@delitfrancais.com

Thème de la semaine:

(RE)COMMENCER

photoreportage

Le Liban en reconstruction May Hobeika livre ses impressions sur les stigmates des conflits sur son pays.

M

ay est une étudiante française à McGill, née et élevée en France par une mère allemande et un père libanais. La photographie est son mode d’expression artistique favori. Le projet de May prend la forme de deux séries photographiques représentant l’évolution de la manifestation de la guerre syrienne au Liban. Voici la la seconde, suivant le Cahier à theme sur la Ruine publié cet été.

Baskinta, 2017

Beyrouth, 2017

Faqra, 2017

Beyrouth, 2017

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Culture

le délit · mardi 12 septembre 2017 · delitfrancais.com


Trois ans après sa première série, May a vu sa perception évoluer. may hobeika

Le sort des réfugiés syriens

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a ruine témoigne d’un passé qui vieillit mal. C’est une structure qui manque de soin, vouée à l’abandon, tout en persistant au fil du temps. Cette seconde série de photos réalisée lors de mon récent séjour au Liban témoigne d’une réflexion sur le conflit d’identités, symbolisé par la ruine. Le conflit d’identité se comprend sous un angle culturel, politique et personnel. Tout comme la ruine, le conflit d’identité mêle le passé et le présent.

L’antagonisme entre époques architecturales forme un chaos unifié. Alors que ma première série portait essentiellement sur les réfugiés syriens au Liban, mon dernier voyage m’a permis de relier différentes dynamiques entre elles par le thème de la ruine. D’une part, la richesse de l’histoire libanaise s’impose à travers la conservation des ruines monumentales éparpillées dans tout le pays. Au Liban, ce n’est pas rare de passer à côté de fouilles archéologiques datant de l’Empire romain en plein milieu de la capitale. Le pays retrace le passage des Phéniciens il y a plus de 6000 ans, et de sublimes palais arabes rappellent l’époque ottomane. Or, ces ruines sont soumises au développement rapide du pays et de la capitale. Beyrouth se transforme en juxtaposant des vestiges de la guerre civile, des constructions entamées puis suspendues par manque de fonds et des gratte-ciels flambants neufs dans le centre financier. À mon arrivée, le regard nostalgique et idéalisateur que je portais sur mon pays paternel s’est transformé. L’évolution de mon opinion a été en partie influencée par le manque d’infrastructures — reflet d’un pays en développement. Les coupures d’électricité quotidiennes témoignent d’une organisation chaotique dans un pays où l’eau potable ne circule pas et où l’éducation publique est médiocre. S’ajoutent à ces difficultés techniques des inégalités économiques et sociales extrêmes. Malgré cela, il existe des routes rénovées, bien que peu nombreuses, qui relient les villages traditionnels à la capitale économique moderne. Aussi, l’économie solidaire informelle permet la subsistance. Au Pays du Cèdre, la vie est célébrée au quotidien, malgré l’histoire brutale vécue à de nombreuses reprises à la suite des dominations externes ou des conflits internes.

D’autre part, les réfugiés syriens viennent s’abriter dans le chaos du Liban, fuyant leur pays en ruines. Leur nombre n’a pas beaucoup changé depuis 2014. Les réfugiés sont intégrés dans l’économie et dans le quotidien des citoyens. Les syriens forment la classe populaire du Liban, ils ne possèdent pas de voiture, prennent les transports en commun et sont objets de discrimination verbale ainsi que de racisme. Les vagues de réfugiés témoignent d’un décalage géographique d’un pays à l’autre, venant s’ajouter au décalage chronologique des ruines architecturales. On assiste à la naissance d’un statut spécifique à la population syrienne, obligée de quitter son pays et de s’intégrer indéfiniment dans un autre. Cela entraîne la création d’un nouveau conflit d’identité au sein de la société libanaise déjà composée de différentes identités religieuses et nationales, tels les arméniens, palestiniens ou druzes.

Reflexion identitaire Enfin, ce voyage m’a permis de réfléchir au conflit identitaire qui m’anime. Alors que je n’ai jamais vécu là-bas, que je ne parle pas la langue et que je ne visite le pays que très irrégulièrement, je suis profondément attachée au Liban. Ma famille paternelle s’étale sur plusieurs générations et l’arbre généalogique comporte de nombreuses branches. Mon père a quitté le Liban à l’âge de 18 ans en fuyant la guerre civile pour s’établir en France. Malgré le fait qu’il ait pris des distances avec son pays natal afin de faciliter son intégration en France, il demeure libanais dans le cœur et l’esprit. L’éducation qu’il m’a offerte est très libanaise. Elle combine le partage et le zèle, l’indulgence et la sévérité, et au sein de la famille, l’amour y est exprimé sans retenue. Cette éducation déteint sur mon identité. Alors que les ruines comportent souvent une connotation péjorative, elles permettent de se souvenir de ses racines tout en garwdant une place dans le futur. «L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence» (Amin Maalouf, Les identités meurtrières (1998). x

La littérature par-delà les langues

Un numéro spécial bilingue de création littéraire bientôt disponible sur le campus. clayton lapomme

Le Délit

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’anglais et le français à McGill: deux univers en vase clos ? C’est pour éviter ceci que les revues littéraires Scrivener et Lieu commun se sont associées pour produire une édition spéciale regroupant des écrivains anglophones et francophones en une seule et même revue. On retrouvera au Cagibi des œuvres de créations poétiques et narratives écrites par des contributeurs et des contributrices des deux revues mcgilloises. Ces revues littéraires sont toutes deux affiliées avec leurs départements de littérature respectifs. La revue anglophone Scrivener fait ses débuts en 1980 en publiant de la fiction, de la poésie, de l’art visuel ainsi que des critiques littéraires. De nombreux auteurs et autrices y ont fait leurs premiers pas, en plus de participations d’écrivain·e·s consacré·e·s, notamment Leonard Cohen. On y retrouve encore aujourd’hui des créations uniques dans les traces de Margaret Atwood et Michael Ondaatje. La revue francophone Lieu commun est, quant à elle, plus récente. Créée en 2012,

elle est la seule revue littéraire de langue française de l’Université McGill. Comme son nom l’indique, la ligne directrice qui jalonne chacune de ses publications consiste à interroger et déconstruire les lieux communs de la langue à travers la création littéraire, que ce soit via la fiction, la poésie ou l’essai.

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Collaborer pour mettre en valeur son travail respectif Ce projet trouve ses origines au cours de soirées de poésie bilingues organisées conjointement par les deux revues. Le but derrière cette collaboration était alors simple: réunir deux scènes créatrices divi-

sées jusqu’à présent par la barrière linguistique. L’engouement pour ces soirées de lectures a montré l’intérêt réciproque des auteurs et autrices, ainsi que d’un public varié, pour le travail littéraire de leurs compatriotes. Cet enthousiasme, comme le notent les membres des comités des deux revues, méritait

de se poursuivre dans un format moins éphémère que l’instant d’un soir. Pour cette raison, le Scrivener et Lieu commun ont travaillé cet été à monter une revue offerte gratuitement sur le campus de McGill. Il faut noter la participation de dix-sept auteurs et autrices, qui ont accepté l’invitation des comités pour fournir des textes originaux. Qu’il·elle se soit laissé·e tenter par la politique ou bien par un récit intimiste, les auteurs et autrices proposent une brochette d’œuvres intéressantes par la spécificité de leur plume. « Ces différents styles illustrent la diversité que les revues tentent de promouvoir dans leurs publications annuelles – annuelle pour le Scrivener et biannuelle pour Lieu commun», souligne l’un des membres de la revue Lieu commun. « C’est aussi l’occasion de partager avec les étudiants de McGill le travail de leurs collègues et, qui sait, de donner le goût à certains de nous envoyer leurs propres textes pour publication. » À partir du 19 septembre, il sera possible de retrouver cette revue bilingue sur le campus ainsi qu’auprès des membres des revues à l’origine de ce projet. x

Culture

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Où ça, où ça?

Café Yoga - Belem

On sort souvent au café pour être tonifié et se ressourcer dans son or noir. Dans ce café, on le fait explicitement, en mêlant ataraxie et aponie, bien-être du corps et de l’esprit. Conseil: ne pas boire son café en position chien tête en bas, au risque de finir la tête à l’envers.

Des lieux qui se réinventent Eva B.

Randolph - St-Denis

La friperie incontournable de la rue Saint-Laurent, qui réinvente le magasinage vintage en proposant une sélection de cafés et d’encas à siroter sur les différentes terrasses avant et arrière. Un endroit pour profiter du calme, étudier ou enrichir sa playlist personnelle.

On sort toujours au bar pour jouer le jeu de la société. Dans ce bar, on le fait explicitement, et on s’enivre en jouant aux jeux de société. Rosemont et Quartier Latin. Plateaux de jeux et jeux de groupes.

Art Gang - Caffelini

La nouvelle adresse plus haut sur le boulevard Saint-Laurent, au niveau du croisement des Pins, de la marque montréalaise Art Gang. Un bon moyen de revoir son style, puisque la boutique propose aussi quelques morceaux de marques contemporaines triées sur le volet, et la possibilité de participer à la création locale. Caffelini propose café à emporter, ainsi qu’accessoires élégants de barista dont des cafetières tout à fait design.

Ceramic Café

On sort souvent au café pour peindre sa vie à nos interlocuteurs. Dans ce café, on le fait explicitement, et on boit son thé en peignant sa tasse et ses assiettes. Le client du Céramic Café peut choisir parmi les 2000 pièces différentes qui lui sont proposées: tasses, bols, assiettes, tirelires, théières,, etc. Il y en a pour tous les goûts, tous les âges et tous les budgets! Les prix des pièces de céramique varient de façon générale entre 10$ et 39$.

Objets Culturels de la semaine Nos suggestions littéraires, musicales, cinématographiques et théatrâles de la semaine pour bien (Re)commencer les cours. Album: A Lot of Jacques - Jacques

Film: El Sistema Music Revolution - Paul Smaczny et Maria Stodtmeier Ce documentaire retrace l’histoire inspirante de José Antonio Abreu, chef d’orchestre vénézuélien et amoureux de musique classique. Ce passionné de mathématiques et de musique est à l’origine de la création de plus de 280 écoles de musique classique en Amérique du Sud. Destiné à enseigner la pratique musicale aux jeunes les plus défavorisés du continent, ce projet offre un nouveau modèle d’éducation. Ces écoles, dirigées par les plus grands musiciens du moment, offrent à ses élèves la rigueur, le goût de l’effort, le lien social et l’autosatisfaction que la difficulté de leur quotidien peut leur ôter. L’enseignement de la musique classique permet aussi de faire tomber ce genre musical de son piédestal, en montrant que le déterminisme social, qui circonscrit souvent la musique classique aux plus privilégiés, peut être dépassé.

Livre: Kidz(Paris) - Raphaëlle Belanger et Anna Gardere

Qu’est ce que ce mythe de «la jeunesse», dans le fond? Deux jeunes filles de 18 ans, Raphaëlle Belanger et Anna Gardere ont tenté d’y répondre à l’aide de 34 portraits de moins de 25 ans. Redéfinir et démystifier cette génération fin Y, début X a été l’objectif de l’ouvrage «Kidz» (Paris). Pour chacun (artiste, entrepreneur, étudiant lamba) un espace libre d’une double page, pour se mettre en scène via un autoportrait. Au-delà de l’éphémère d’une typique page Instagram, le format imprimé et relié permet d’aller en relative profondeur dans leurs mondes. Ce bel objet aide ainsi à percevoir quelle image se donne cette jeunesse d’aujourd’hui, certes parisienne mais toutefois diverse. Et pourquoi pas répondre à l’interrogation si classique, et ô combien difficile de nos jours de ce que cette génération mythique à l’identité multiple, défend à l’instant T.

Après avoir sorti ses morceaux Dans la radio, et tout est magnifique en 2015 et 2016, Jacques a présenté en avril dernier son premier E.P, «A Lot of Jacques». Ce premier projet a été enregistré au complet en live pendant plusieurs jours dans les studios de la radio The Lot à Brooklyn, New York. Il constitue donc un remodèlement de la matière première sonore, brute, à l’essence même de la redéfinition de la portée artistique de sa musique, et finalement un (re)commencement pour le travail de création. L’artiste strasbourgeois du label Français Pain Surprise a récupéré sur internet une grande partie des sons avec lesquels il a imaginé ses morceaux et a ainsi crée des broderies sonores avec les bruits du quotidiens. Pour cerner le sujet on vous conseille le morceau «Proud of Being», le visionnage de son Ted Talk: les chemins de la confiance, ainsi que de l’attraper si possible en live. Dans ces derniers, il reproduit et part à la recherche de nouveaux sons parfois à l’aide d’objets apportés par le public lui-même.

Pièce: Edmond - Alexis Michalik

Dans Edmond, Michalik a choisi de reprendre Cyrano de Bergerac en imaginant sa création, et, par-là, a sublimé la pièce. Sublime mise en abyme, Edmond trace de manière fictive la création d’un texte et souligne toute l’ingéniosité des vers. Il ré-exploite le texte pour l’intégrer à une nouvelle intrigue pour créer une œuvre à part entière, teintée d’humour et d’enivrante énergie. Ainsi, nul ne sera surpris de l’immense engouement suscité par cette œuvre, qui a raflé les plus grands prix, obtenant plus de cinq Molières.

CALENDRIER CULTUREL World Press Photo 12e édition

Festival quartiers danses

au Marché Bonsecours JUSQU’AU 2 OCTOBRE

7 SEPTEMBRE De quoi l’image estelle le nom?

à la Galerie de l’UQAM jusqu’au 15 octobre

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culture

Place des arts

7-17 SEPTEMBRE

Les Enfants d’Adam

au Monument national 19h30

19 SEPTEMBRE

13 SEPTEMBRE La voix des nations

au Quai Jacques Cartier 13h-18h

Texte écrit par Sara Fossat et Lara Benattar Infographie réalisée par Grégoire Collet

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chronique d’expression creative

Nouvelle Ivresse

Ligne de fuite

Recommencer à croire qu’il faut recommencer à voir qu’il faut recommencer un soir à recommencer à boire S’asseoir un soir sentir la soie contre mon bras, S’asseoir un soir sentir la soif me prendre en proie Puis apprendre à voguer sur la chaude impression, De n’avoir que l’présent comme source de passion.

L’Hiver

Repartir doucement sur les routes de l’ivresse, Pour répartir mes doutes dans le noir de la nuit, Me départir de la peur qui me dresse, Contre les autres dans le noir de l’ennui. Chaque soir on recommencera, À flouter nos souvenirs pour combattre le froid, Et savoir qu’il y a, avant de perdre foi, Des êtres prêts à rêver avec soi. Lara BENATTAR

Le Délit

Alexis FIOCCO

Le Délit

éléonore houriez

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présentations

Nouvelle année, nouvelle équipe! Faites plus ample connaissance avec le nouveau conseil éditorial du Délit en apprenant le mot le plus détesté de chaque membre de l’équipe.

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Alexis Fiocco Coordonnatrice Photos « Brassière »

Capucine Lorber Coordonnatrice Illustrations « Crudité »

Dior Sow Coordonnatrice Réseaux Sociaux « Clafoutis »

Éléonore Berne Correctrice « Crasse»

Grégoire Collet Coordonnateur Multimédias « Tartare »

Hannah Raffin Coordonnatrice Production « Choucroute »

Hortense Chauvin Éditrice Société « Pâté »

Lara Benattar Éditrice Culture « Téton »

Léandre Barôme Éditeur Actualités « Injustice»

Lisa Marrache Éditrice Actualités « Reblochon »

Louisane Raisonnier Éditrice Innovations « Miette »

Madeleine Gilbert Coordonnatrice Évènements «Disque Jockey»

Mahaut Engérant Rédactrice en Chef « Extirper »

Sara Fossat Éditrice Culture « Coriandre »

Sébastien Oudin-Filipecki Éditeur Actualités « Écarteler »

Thaïs Romain Correctrice « Croute »

présentations

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