A la recherche de la dent perdue

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A la recherche de la dent perdue

Il ĂŠtait une fois 3 amis...



Vanina NoĂŤl

A la recherche de la dent perdue

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Il faisait très froid ce jour-là, et la petite ville Trets était recouverte de neige. Dans une petite maison de la rue Forosan, Erwan rêvassait devant sa fenêtre, tout en faisant tourner machinalement sa dent-qui-bouge avec sa langue. Il s'était un peu ennuyé ce mercredi, et même si ses amies Marie et Nina étaient venues jouer avec lui, il s'était senti un peu triste toute la journée. Il faut dire que Marie était un peu plus grande, et Nina plus petite. Il était difficile de trouver des jeux qui plaisent à chacun. Hors de question pour Nina de jouer aux jeux de construction ! Et puis, elle avait du mal à se concentrer bien longtemps. Marie, de son côté, aimait jouer au Monopoly, mais avec

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elle, c'était impossible. — Les enfants, c'est l'heure d'aller au lit ! cria une voix depuis la cuisine. Erwan soupira. Il passa son pyjama puis alla dans sa chambre, où l'attendaient ses amies. Les trois enfants allaient se coucher, quand tout à coup, Erwan sentit quelque chose d'étrange dans sa bouche : — Regardez ! J'ai perdu une dent ! — Mets-la sous ton oreiller, s'écria Nina toute excitée, et quand tu dormiras, la petite souris passera la prendre et la remplacera par une pièce ! — N'importe quoi ! s'écria Marie. Une souris qui vient chercher les dents et déposer des pièces, c'est impossible. Et d'abord, qu'estce qu'elle en ferait, des dents ? Marie était gentille la plupart du temps. Mais, quand elle était de mauvaise humeur, ce qu'elle pouvait être rabat-joie ! Heureusement qu'Erwan était plus raisonnable, et qu'il évitait toujours les conflits. Chacun s'allongea dans son lit, et avant de 9


s'endormir, Nina murmura : — Erwan ? Tu crois qu'on peut surveiller le passage de la petite souris ? — Je ne sais pas si c'est une bonne idée. C'est comme le Père Noël : tant qu'on est éveillés, il ne passe pas. Endors-toi, c'est plus prudent. Plus prudent mais… facile à dire ! Erwan n'arrivait pas, lui non plus, à trouver le sommeil. Il essaya toutes les positions possibles : sur le ventre, sur le côté, mais rien à faire, le marchand de sable avait dû oublier l'adresse de sa maison ! Finalement, au bout d'un moment interminable, il se sentit sombrer doucement dans le sommeil. Il n'imaginait pas encore quelle nuit incroyable il allait passer…

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Tout était calme dans la maison, et chacun dormait paisiblement. On n'entendait que le souffle léger des enfants qui rêvaient et parfois une rafale de vent à l'extérieur, qui faisait claquer un volet mal accroché. Erwan, en rêve, interprétait un duo avec Violetta, tandis que la foule en délire les acclamait ensemble ! Tout le monde était là : sa famille, son maître, monsieur Le Donge, ses camarades Célimène et Marion, et même son ennemi juré, Nelly, était ébloui par sa façon de chanter. Malheureusement, il n'eut pas le temps de signer des autographes : au beau milieu de la nuit, il fut réveillé par Nina, qui se levait pour aller tirer la couverture de Marie :

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— Marie ! Marie, réveille-toi ! J'ai peur ! Nina n'était pourtant pas plus peureuse qu'une autre, elle était même aussi courageuse que Harry Potter ! Mais ça, c'était le jour… — Laisse-moi dormir ! répondit Marie, les yeux remplis de sommeil. — J'ai entendu un bruit ! Il y a peut-être un voleur ! — Mais non ! Rendors-toi et laisse-moi tranquille ! Mais Erwan, qui venait de se réveiller, dit : — Et si c'était la petite souris ? — Mais non ! s'énerva Marie, ce n'est pas la petite souris ! Réveiller Marie en plein milieu de la nuit, c'était décidément une très mauvaise idée, surtout quand elle était déjà de mauvaise humeur. — Et si c'était la petite souris ? répéta Nina. Erwan souleva son oreiller ; sa dent était toujours là. — J'en étais sûr ! On lui a fait peur, et elle est partie sans prendre ma dent. Il faut la rattraper ! 13


En un éclair, Erwan mit la dent dans sa poche, enfila ses chaussons et courut vers la porte, suivi par Nina. Marie fut bien obligée de les suivre, car elle était la plus âgée et se sentait responsable. Les trois enfants se retrouvèrent bien vite dehors, dans la neige, en pleine nuit, au grand désespoir de Marie. — Revenez ici immédiatement ! Il n'y a pas de petite souris, je vous répète que c'est impossible ! C'est le vent que vous avez entendu ! — Quel vent ? demanda Erwan. Il n'y a plus de vent ! — Tiens, mais… c'est vrai ! Le vent s'est arrêté ! — Regardez ! s'écria Nina, Erwan avait raison ! Je l'ai vue ! C'est la petite souris, j'en suis sûre ! Suivons-la ! — Elle n'ira pas loin, assura Erwan, il y a beaucoup trop de neige pour une si petite souris, elle ne pourra pas avancer. Rapidement, ils se retrouvèrent devant l'entrée d'un labyrinthe… — La petite souris est passée par là ! 14


Chouette, une course-poursuite ! Erwan était tout excité par l'aventure inattendue qui s'offrait à eux. En plus, il adorait les labyrinthes ! Mais là, c'était un peu dangereux, car il fallait prendre garde à ne pas perdre Nina, et la petite fille n'en faisait qu'à sa tête… Il valait mieux se dépêcher, et traverser ce labyrinthe le plus vite possible.

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Ouf, ils étaient de l'autre côté ! La traversée avait été très amusante, mais ils avaient perdu un peu de temps. Les trois enfants commencèrent à courir dans la neige. Au bout de quelques centaines de mètres, Marie remarqua : — Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose de bizarre ? Nous sommes en décembre, il y a un mètre de neige, et il ne fait pas froid du tout ! — C'est vrai ça... Nina ! Arrête de manger la neige ! Elle était tellement gourmande qu'elle pouvait manger n'importe quoi ! — C'est pas de la neige ! C'est du sucre ! Marie ramassa un peu de neige, qu'elle

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porta à sa bouche. — Mais c'est vrai ! Voilà pourquoi il ne fait pas froid ! Les enfants n'en croyaient pas leurs yeux : la ville semblait comme d'habitude, et pourtant tout avait changé. Non seulement les rues étaient couvertes de sucre glace, mais la route en dessous semblait être de réglisse. Erwan pensa à Hansel et Gretel. Leur maison de pain d'épices l'avait toujours fait rêver. Il n'aurait jamais imaginé que ce genre d'endroit pouvait exister ! — Mais qu'est-ce qui se passe ? demanda Marie, qui devait bien admettre qu'il se passait quelque chose de pas très normal. — Je crois savoir, répondit Erwan, qui était plein de bon sens et trouvait toujours réponse à tout. Je pense que, sans le faire exprès, nous avons pris le passage magique qui conduit au pays de la petite souris ! — Très bien, dit Marie. Je suis bien obligée de vous croire. Nous sommes dans un pays merveilleux recouvert de sucre en poudre. Je ne sais pas comment c'est possible, 18


mais c'est comme ça. Maintenant, nous devons retrouver la petite souris, et lui donner la dent avant que le jour se lève. Je n'ai aucune envie de passer toute ma vie ici ! En route ! Les enfants n'eurent pas de mal à suivre les petites traces de pas dans le sucre. Mais arrivés devant le square, il se passa une chose étrange. Comme ils poussaient la grille pour entrer, un vent violent se leva soudain, balayant les grains de sucre et créant un immense tourbillon blanc. Quand les enfants furent à l'intérieur du square... ce n'en était plus un. Le tourniquet avait disparu, la statue également, et, à la place, un joli petit village complètement inconnu s'étendait à perte de vue. Plus surprenant encore : il semblait qu'en passant la grille, les enfants étaient devenus tout petits, pas plus gros qu'une souris… — Ce n'est pas possible, nous rêvons, dit Marie. — Je n'en ai pas l'impression, répondit Erwan. Regardez ! Le jeune garçon montrait du doigt un petit 19


panneau un peu biscornu qui indiquait : Dents-de-lait Ville. — La petite souris ne peut être que là ! Allons-y ! Voilà qu'à présent il fallait mener une véritable enquête ! Erwan sourit malgré lui : dire qu'il avait passé sa journée à s'ennuyer ! S'il s'était douté qu'il suffisait de perdre une dent pour vivre une aventure pareille ! Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il était encore loin d'imaginer les surprises qui allaient se présenter à eux…

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Comme ils couraient dans la direction indiquée, une étrange personne courant à vive allure leur fonça dedans et, loin de s'excuser, elle se mit à râler : — Vous ne pouvez pas faire un peu attention ! Erwan allait répondre, quand il remarqua quelque chose d'inattendu qui lui fit ouvrir de grands yeux : — Mais… vous êtes une poupée ! En effet, c'était une poupée de chiffon, aux longs cheveux de laine, au corps tout mou, et à l'air arrogant. Les enfants étaient si stupéfaits qu'ils oublièrent leur colère. — Vous pouvez peut-être nous aider, suggéra Marie. Nous cherchons la maison

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de la petite souris. Nous devons lui remettre une dent. — Que vous êtes bêtes mes pauvres enfants ! Elle est juste devant vous ! Et la poupée s'éloigna en riant et en se moquant d'eux. — Quelle vilaine poupée ! se dit Erwan. Il avait beau être calme d'habitude, il détestait se laisser parler comme ça, surtout par une poupée ! Il la regarda s'éloigner, puis se tourna pour inspecter la maison. Et en effet, en y regardant de plus près, la maisonnette qui se trouvait devant eux était entièrement fabriquée avec des dents de lait ! Les murs étaient faits de solides molaires, et les tuiles d'incisives. Tout autour de la maison, de petites canines plantées bien droites faisaient un petit portail. Les enfants frappèrent timidement à la porte. Une grosse souris grise, coiffée d'un bonnet de dentelle, leur ouvrit et s'écria : — Nom de nom, mais qu'est-ce que vous faites ici ? Ce pays est interdit aux enfants ! C'est bien vous les trois garnements qui 23


m'avez suivie ? Aïe aïe aïe ! On ne pouvait pas dire que la petite souris appréciait beaucoup d'avoir de la visite ! Et elle semblait bien décidée à le faire savoir…

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La petite souris toisait les enfants et attendait une explication. Tandis que Marie et Nina se cachaient courageusement, Erwan, qui était pour cette fois le plus téméraire, se racla la gorge avant d'articuler timidement : — On ne voulait pas vous contrarier, on voulait juste vous apporter ma dent, que vous avez oubliée… La souris parut réfléchir. — Si c'est pour ça, alors, je vous pardonne. Merci beaucoup de me l'avoir apportée. D'ailleurs, je vais en avoir besoin dès maintenant : j'ai un trou dans ma toiture, il faut que je le bouche. Marie saisit l'occasion pour poser la

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question qui la turlupinait depuis toujours : — Pourquoi vous prenez les dents des enfants ? — Parce que les adultes ne mettent pas les leurs sous leur oreiller. — D'accord, mais je veux dire : pourquoi prenez-vous les dents ? — Pour rénover ma maison. Vois-tu, une maison de dents de lait, ça s'use très vite, surtout dans un pays aussi sucré, alors je dois toujours trouver de nouvelles dents pour réparer. — Mais pourquoi la réparer spécialement avec des dents ? — Parce qu'elle est faite en dents ! — Mais pourquoi est-elle faite en dents ? Pourquoi pas… je ne sais pas, moi, en ongles ? — Tu mets tes ongles sous ton oreiller, toi ? — Non. — Alors où veux-tu que j'en trouve ? — Mais si on met nos dents sous l'oreiller, c'est pour te faire plaisir, si tu veux autre chose, tu n'as qu'à le faire savoir ! — Et pourquoi je voudrais autre chose que 27


des dents, alors qu'il me faut des dents, pour retaper ma maison de dents ! Marie soupira. Ce n'était pas la peine de discuter. Cette souris ne comprendrait jamais. — Bon, assez discuté, reprit la petite souris. Donnez-moi cette dent et disparaissez d'ici. — D'abord la pièce ! s'écria vivement Marie, qui n'acceptait pas qu'on lui donne des ordres. — Mais enfin, ce n'est pas ma façon de faire habituelle ! Les enfants donnent leur dent, je m'en empare et je leur donne une pièce. Cela fonctionne comme cela depuis des siècles, je ne ferai pas d'exception pour vous. — D'accord, dit Erwan pour calmer le jeu. Mais lorsqu'il fouilla ses poches, il se rendit bien vite compte que la dent avait disparu ! Nina et Marie fouillèrent leurs poches également, mais rien, aucune trace de la dent. — Ah ah ! Vous avez voulu m'avoir ! dit la petite souris. — Pas du tout, se défendit Erwan, c'est 28


sĂťrement cette vilaine poupĂŠe qui nous l'a prise ! Vite ! Il faut la retrouver !

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Bien décidés à mettre la main sur cette poupée de chiffon voleuse de dent, les enfants retournèrent sur leurs pas. Ils marchèrent quelques minutes dans la direction qu'ils pensaient être la bonne, mais aucune trace de la poupée, elle était partie depuis longtemps. — Comment va-t-on faire ? se lamenta Erwan, la dent a disparu. Tant pis, je n'aurai pas ma pièce ! La colère brilla dans les yeux de Marie : — Ah, ça, c'est hors de question ! Nous allons la retrouver, je te le promets ! Les enfants se remirent en route, et marchèrent droit devant jusqu'à un écriteau qui indiquait : Pays des Jouets.

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— Quelque chose me dit que la poupée est partie par là ! Ils suivirent longtemps la route de caramel au lait bordée d'arbres en sucre d'orge. Au bout d'un moment, un curieux personnage vint à leur rencontre. C'était un petit pantin de bois au corps tout rond et au costume marin, qui leur dit gentiment : — Si vous voulez visiter le pays des jouets, montez dans le train ! Les enfants n'eurent pas le temps de répondre que déjà un petit train métallique venait à leur rencontre en sifflant et en recrachant une épaisse fumée blanche. Les enfants prirent place et le train redémarra. De la fenêtre, ils pouvaient admirer le paysage le plus étrange et le plus beau qu'ils aient jamais vu. Les arbres avaient des feuilles de caramel, le sentier était fait de marshmallow, et le pantin leur expliqua que lorsqu'il faisait très chaud, ce sentier fondait et formait un long fleuve de guimauve ! Pour le traverser, les habitants embarquaient sur de petites barques de nougat, ou s'accrochaient aux lianes de 32


rĂŠglisse. Erwan s'ĂŠmerveillait de tout ce qu'il voyait. Il regrettait juste de ne pas avoir d'appareil photo. Mais des images pareilles, c'ĂŠtait certain, il ne les oublierait jamais.

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Le train s'immobilisa subitement. — Terminus, tout le monde descend ! annonça le conducteur. — Mais, nous sommes au milieu de nulle part, il n'y a même pas de gare ! — Une gare ? Pour quoi faire ? Les trois enfants descendirent allègrement. Ce pays était bien étrange, et des plus intéressants. Le sol devant eux était recouvert d'un immense damier, sur lequel des pions blancs et noirs attendaient d'être joués. Sans attendre, Nina sauta sur une case blanche. — Malheureux ! s'écria le petit pantin en costume marin, j'espère pour toi que tu sais jouer aux dames, car une fois que tu as pris

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place sur le damier, il est impossible d'annuler la partie ! Choisissez un point ! ditil aux enfants, et que la partie commence ! Chaque enfant prit place sur un pion blanc. Hélas, Nina était très mauvaise. — Non ! cria Erwan, pas sur cette case, tu vas te faire manger ! Mais il était déjà trop tard : un pion noir s'avança, et sauta par-dessus la case de la petite fille. Nina était faite prisonnière. — La partie continue ! annonça le pantin. — Réfléchissons bien avant de jouer, mit en garde Marie. Nous devons remporter cette partie. Les deux enfants firent preuve de beaucoup de bon sens ; ce fut Erwan qui franchit le premier les lignes ennemies. Lorsqu'il arriva sur la dernière rangée de l'échiquier, il y eut un éclair brillant, et le garçon se retrouva vêtu comme un prince... — Bravo ! s'exclama le pantin, te voilà devenu un prince ! Aussitôt après, Marie à son tour fut changée en dame. C'était gagné, la partie 36


était terminée. — Il faut récupérer Nina maintenant ! Saistu où elle est ? — Oui, répondit le pantin, elle est au château de la reine noire. Vous le trouverez au bout de cette allée, ajouta-t-il. — Quelle allée ? Le pantin soupira. — En réalité, l'allée n'est pas encore construite. Il va falloir vous en charger vousmême, avec les dominos que vous voyez là. En effet, sur le côté, un tas de dominos géants attendaient qu'on les place dans le bon ordre. — Il n'y a pas de temps à perdre ! s'écria Erwan. Il faut retrouver la poupée et récupérer ma dent. Et, sans plus attendre, il se mit au travail. Si un jour il avait pensé que les parties de dominos jouées avec tata Chadia allaient lui servir à sauver Nina et sa dent, elle en serait tombée à la renverse !

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Une fois l'allée reconstituée avec brio, le château découvert s’annonçait totalement lugubre. Deux tourelles penchées comme la Tour de Pise encadraient une vieille bâtisse qui tenait debout comme par magie. Cela faisait un peu penser à un château hanté, et Erwan n'aimait pas spécialement les châteaux hantés, à part dans les histoires. Les deux enfants frappèrent en tremblant. Ce fut la reine noire elle-même qui leur ouvrit. — Bonjour, bredouilla Marie, nous venons chercher notre amie Nina. — Elle est bien ici. Mais si vous voulez la récupérer, il va falloir répondre à trois énigmes. Écoutez bien :

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Quel est l'animal qui a le plus de dents ? Vous avez droit à trois essais. — Euh… bafouilla Marie, le crocodile ? — Non, je sais ! s'exclama Erwan, ses dents ne sont peut-être pas les siennes, dans ce cas, c'est… la petite souris Erwan était très fière. — Bien. Voici la deuxième énigme : J'ai deux pieds, six jambes, huit bras et quatre têtes. Qui suis-je ? Marie éclata de rire. — Tu es… une menteuse ! — Bravo. Voici la dernière : Qu'est-ce qui se trouve entre le ciel et la terre ? Les deux amis réfléchirent un peu plus longtemps. Soudain, Erwan s'écria : — Je sais ! C'est… le mot "et" ! La reine noire soupira. — Vous êtes vraiment trop forts… ou trop tricheurs. Un petit déclic se fit entendre dans l'obscurité : c'était la porte d'une cage qui 40


s'ouvrait. Nina courut jusqu'à la porte. Marie l'attrapa par la main. — Merci d'être venus me sauver. — Viens, ne perdons pas de temps. Il nous faut récupérer la dent puis retourner au pays de la Petite Souris. Les enfants se trouvèrent rapidement au centre du village. Il y avait là une grande place, ornée d'une immense tour de cubes de bois multicolores. Les enfants scrutèrent les alentours : aucune trace de la poupée. Le pantin, qui les avait suivis, s'écria tout à coup : — Attention ! Laissez passer ! Les enfants se poussèrent juste à temps pour céder le passage à un défilé de soldats mécaniques qui marchaient au pas en chantant une marche militaire. Nina les regardait, ébahi, lorsqu'Erwan s'écria : — Regardez celui-là ! Le soldat que montrait la garçon avait quelque chose de coincé dans l'articulation de son bras gauche : un fil de laine jaune. — C'est un cheveu de la poupée ! Il doit savoir où elle se trouve, attrapons-le et 41


interrogeons-le ! Ce fut Marie qui se chargea de faire un croche-pied au petit soldat, qui tomba de tout son long sur le pavé. Ni vus ni connus, les enfants le tirèrent sur le côté, tandis que le défilé continuait sans lui. Le soldat tentait de se débattre en agitant vainement les bras et les jambes, et déjà ses réserves d'énergie commençaient à s'épuiser. Marie lui retira la clé qui servait à le remonter, et le mit en garde : — Si tu ne réponds pas à nos questions, nous ne te remonterons pas ! Dis-nous à qui appartient ce cheveu jaune. — A une vilaine poupée, répondit le soldat. Elle l'a perdu en essayant de m'arracher ma clé ! Et il se remit à se débattre de plus belle. — Ne te fatigue pas pour rien, dis-nous plutôt où trouver cette poupée. — Par là, répondit le soldat en indiquant un chemin. Tout au bout de cette route, vous trouverez une immense maison. La poupée se trouve à l'intérieur. Erwan jubilait. Enfin, ils se rapprochaient du 42


but ! Il ne restait plus qu'Ă retrouver la poupĂŠe et lui reprendre la dent.

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Avant de prendre le chemin de cette mystérieuse maison de poupée, les enfants remercièrent le soldat. — Merci bien. Maintenant, arrête de bouger, je vais te remonter. Marie planta la clé à l'endroit prévu à cet effet. Puis elle tourna vigoureusement plusieurs tours. Pas tant, pas tant ! cria le soldat, mais la fillette se dit que plus elle donnerait de tours de clé, plus le soldat serait rapide, et par conséquent, plus il aurait de chance de rattraper le reste de sa troupe. Malheureusement, c'est exactement ce qui arriva. Le soldat partit comme une flèche, ne put s'arrêter, percuta les autres soldats,

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qui s'étalèrent les uns sur les autres, jusqu'au général qui marchait en tête et qui, lui, s'effondra... sur la tour de cubes, qui s'écroula à son tour sur la place du village. Il y avait foule devant la tour écroulée. Voilà des temps immémoriaux qu'elle se dressait sur la place, et il avait suffi d'un coup de clé de trop pour détruire complètement le monument. Déjà une assemblée de gros ours en peluche discutaient de l'éventualité de la reconstruire en LEGO, pour qu'elle soit plus solide. — Demandons au soldat de la construire seul ! proposa un lutin. Après tout, c'est lui qui l'a détruite ! Et s'il n'avance pas assez vite, on détruira sa clé ! — Nom d'un petit bonhomme, mais qu'estce qu'ils ont tous avec ma clé ? gémit le soldat. Aussitôt dit, aussitôt fait ; les ours en peluche apportèrent un baril de legos qu'ils vidèrent sur la place. Le soldat soupira lorsqu'il vit la taille des petites briques en plastique et la hauteur de la tour qu'il allait 46


devoir construire. Erwan alors se prit de pitié pour lui, et suggéra : — Nous devrions l'aider ; après tout c'est un peu notre faute si nous en sommes arrivés là. — Tu as raison, admit Marie. Marie était un peu contrariée de devoir perdre son temps à jouer aux jeux de construction, mais Erwan avait raison : c'était leur faute, et c'était normal d'aider le soldat.

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Avec courage et motivation, les trois enfants et le soldat et se mirent au travail. Au bout de quelques heures, la tour était achevée, et on appela les ours en peluche afin qu'ils viennent vérifier la qualité des travaux. Ils mesurèrent l'ouvrage, et annoncèrent : — Nous arrivons pile à la bonne hauteur ! Soldat, je vous félicite ! Le soldat fit fièrement le tour de la tour et fut acclamé par la foule. — Merci les enfants, je n'y serais jamais arrivé sans vous. Puis il ajouta après un bref instant de réflexion : — Il faut dire que rien ne serait arrivé sans

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vous non plus. — Vois un peu le bon côté des choses : tu es un héros maintenant ! — C'est vrai… Pour vous remercier, je vais vous aider à retrouver la poupée qui a volé votre dent. Sans s'émouvoir, Marie s'écria : — Ne perdons pas de temps, alors ! La route n'était pas si longue jusqu'à la maison, et les enfants furent devant la porte en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. L'intérieur du bâtiment était fort étrange : le rez-de-chaussée était envahi de vêtements rangés sur des cintres. Au premier étage, de grosses boules de chiffon étaient peintes par de minuscules lutins avant d'être transportées dans une autre pièce où des petites filles coupaient de longs brins dans des pelotes de laine, avant de les coller sur les boules de chiffon. Dans la dernière pièce, c'est des dizaines de poupées qui attendaient, assises bien sagement, que l'on vienne les chercher. — Oh non, s'écria Erwan, une fabrique de poupées ! Comment trouver celle que nous 50


cherchons ? Elles sont toutes identiques ! Comment reconnaître celle que nous cherchons ? Elles sont toutes aussi méchantes ! Elles ont toutes les cheveux oranges… — Oui, mais je crois que celle que nous cherchons avait les yeux rouge et vert. — C'est vrai ! Et son tablier était un peu déchiré… — Ses nattes étaient un peu défaites, ses cheveux plutôt longs… — Et l'un de ses souliers n'avait pas de lacet ! — Parfait, se dit Erwan, qui réfléchissait intensément, avec autant d'indices, on devrait pouvoir la retrouver !

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— C'est elle ! Les trois enfants entamèrent une course effrénée derrière la poupée, suivis par le soldat qui déjà commençait à s'épuiser et à perdre de la vitesse. — Attendez-moi ! cria-t-il. — J'ai une idée ! s'exclama Marie. Elle plaça le soldat dans la direction qu'avait prise la poupée, et donna le plus grand nombre de coups de clé qu'elle put dans son dos. Il s'élança à vive allure et eut vite fait de rattraper l'impertinente en chiffon. Il s'écroula sur elle, l'immobilisant. Les enfants furent près d'eux en peu de temps. — Maintenant, dis-nous ce que tu as fait de

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la dent d'Erwan ! La poupée éclata de rire : — Mais je ne l'ai pas ! Que voulez-vous que je fasse d'une dent ? Vous l'avez perdue quand on s'est croisés tout à l'heure ! Je l'ai vue tomber, et personne n'a pris la peine de la ramasser, est-ce de ma faute à moi ? — Oh non, tout ça pour rien ! Il nous faut retourner au pays de la petite souris ! Les enfants et le soldat coururent jusqu'à l'endroit où était garé le petit train qui devait les ramener jusqu'au pays de la Petite Souris. Le train laissa échapper un nuage de fumée et se mit en route. Ils regardèrent une dernière fois le merveilleux pays des jouets. Erwan n'en revenait toujours pas. Il avait beau être rêveur, aimer les magiciens et les dragons, il n'imaginait pas qu'un tel endroit existait. Le train s'immobilisa et les enfants descendirent. Seulement, pour quitter le pays des jouets et entrer dans celui de la petite souris, il fallait remplir une grille de mots croisés, 54


disposée sur un panneau géant posé juste à la frontière des deux pays. Erwan la lut rapidement. — Facile ! s'exclama-t-il. Comme Marie faisait sa mauvaise tête et que Nina n'y comprenait rien, Erwan saisit lui-même le crayon et remplit très facilement la grille.

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Erwan avait tout juste, et ils purent sans mal continuer leur chemin. Au bout d'un moment cependant, Nina s'écria : — Je veux rentrer à la maison ! — Tu as raison, dit Erwan. Nous n'avons aucune idée de l'heure qu'il est dans notre monde, et si nous ne sommes pas rentrés demain matin, nos parents vont s'inquiéter. — Pas question ! trancha Marie. Si nous rentrons maintenant, tu n'auras pas ta pièce. C'est qu'elle était têtue, Marie, et quand elle avait une idée en tête, rien ne pouvait lui faire changer d'avis ! — Alors ça y est, vous voilà de retour ? demanda une voix derrière eux. C'était la petite souris.

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— Nous voilà, oui, dit Erwan, avant d'ajouter tristement : mais nous n'avons pas retrouvé la dent. — Et oui ! Voilà ce que c'est de ne pas me laisser faire mon travail ! Tout ça pour venir visiter un pays qui vous est interdit ! Maintenant rentrez chez vous, et que je ne vous revoie pas ! — Mais… et la dent… ? Mais le petit soldat venait de ramasser quelque chose sur l'allée de sucre en poudre. — C'est ça que vous cherchez ? — Oui ! s'écria Erwan. — Bon, bon, bon, dit la souris, donnez-moi cette dent, et rentrez chez vous. Et la prochaine fois que vous perdez une dent, je veux la voir sous l'oreiller, et pas dans votre poche ! — Entendu ! promirent les enfants. Et, ceci dit, la souris claqua dans ses doigts. Avant de pouvoir réagir, un tourbillon de sucre glace s'éleva dans les airs, emportant les enfants. Erwan se sentit s'élever sans pouvoir rien faire, et c'était à 58


la fois effrayant et terriblement excitant, comme les grands manèges interdits aux petits. Il sentait avec regrets que l'aventure touchait à sa fin.

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Nina ouvrit les yeux. Elle était dans son lit. Marie était assise dans le sien, et ne disait rien. Quant à Erwan, il lui semblait sentir comme un arrière-goût de guimauve dans la bouche. — J'ai fait un rêve étrange, dit Nina. — Pas sûr que ce soit un rêve, insinua Erwan. — Nous sommes allés au pays de la Petite Souris, pas vrai ? Une chose turlupinait Nina : — Vous pensez qu'elle nous a pardonnés ? — Il n'y a qu'une façon de le savoir… Erwan souleva son oreiller… — Ouah ! Une pièce de deux euros ! — Elle nous a pardonnés ! conclut Marie.

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Ouf ! — Oh non ! cria soudain Erwan, regardez ce que j'ai dans ma poche ! Il ouvrit la main : il avait emporté par erreur la clé du petit soldat de plomb. — Eh bien, dit Marie malicieusement, je crois que nous avons de quoi nous occuper la nuit prochaine… On repart à l'aventure ! Comme la nuit n'était pas terminée, Erwan se rendormit, le sourire aux lèvres, en rêvant à la prochaine aventure qui l’attendait…

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Solutions


Mots croisĂŠs 1. Ce sont les molaires 2. Il s'agit des canines 3. Ce sont les incisives 4. Ce sont les dents dĂŠfinitives !


Voici le chemin pour atteindre le château !


EntrĂŠe

Sortie

Avais-tu trouvĂŠ le chemin ?



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