

L'édito
Appel à toutes les voitures Bilan record pour les 21èmes
L’heure n’est pas encore au bilan de l’année écoulée, aux voeux pour la prochaine et encore moins aux traditionnelles bonnes résolutions. Permettez-moi toutefois de profiter de cet espace d'expression qui m’est imparti en tant que président pour lancer un appel à la mobilisation générale pour 2025. Un « appel à toutes les voitures », pour reprendre l’expression-fétiche de notre cher vice-président, Paul Barelli.
Certes, ces dernières semaines n’ont pas manqué de rendez-vous pour le Club de la Presse Méditerranée, comme vous pourrez le lire dans les pages qui suivent, à commencer par notre récent pot de rentrée au Vestiaire à Mot, un tout nouveau « concept-sport » ouvert à Nice. Certes, les contributeurs à cette revue ne manquent pas, à l’instar du compterendu passionnant d’un de nos membres
journalistes, Cédric Stanghellini, d’une expédition scientifique qu’il a effectuée cet été en mer Méditerranée.
Le club reste toutefois une association qui, s’il dispose d’une coordonnatrice salariée en la personne de l’excellente Marion Guinochet, n’est animée que par des bénévoles. Pourtant, chaque membre, à sa mesure, peut s’investir, proposer des lieux de visite, des idées de débats, des séances de dédicace, des rencontres, des articles qui seront ensuite publiés dans ces colonnes. Qu’on se le dise, la porte est ouverte, il suffit de la pousser.
En attendant, bonne lecture et très bonne fin d’année.
Vincent-Xavier Morvan
Président du Club de la Presse Méditerranée


Palmes de la Com’
L’édition bisannuelle des Palmes de la Com’, un palmarès destiné à couronner les meilleures campagnes de communication de la région, a eu lieu le 18 novembre à la Skema Business School de Sophia-Antipolis, en présence de 250 professionnels de la communication. Des représentants du Club de la presse étaient présents à cette manifestation organisée, pour la 21e fois, par AzurProCom’, une association de communicants azuréens qui fêtera l’an prochain ses 50 ans. Parmi les lauréats, on remarquera la présence d’agences niçoises comme Comback, plusieurs fois primée avec des campagnes pour la Fédération française de football ou pour sa propre carte de voeux 2023, cannoises, comme Gazelle, mais aussi montpelliéraines à l’instar de Wonderful et surtout de Just Happiness qui s’est offert une belle moisson de palmes sur la Côte d’Azur. À noter que le nombre de dossiers candidats a battu cette année un record, avec 110 travaux inscrits, de même que le nombre de structures postulantes (agences, collectivités ou annonceurs en direct), au nombre de 42. Preuve s’il en fallait du dynamisme de ce secteur dans la région.

Université Côte d’Azur publie sa revue de vulgarisation scientifique bref...
Conférence IQ Media sur l’innovation dans les médias

Les membres du Club de la Presse étaient invités par Nice-Matin les 7 et 8 novembre derniers à l’hôtel West End, sur la promenade des Anglais, à une conférence et à des ateliers consacrés à l’innovation dans les médias. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’IQ Media, un projet soutenu par l’Europe. Il est chapeauté par l’université d’Athènes et regroupe plusieurs rédactions du pourtour méditerranéen. Devant un public de journalistes, d’étudiants ou de communicants, de nombreux professionnels sont venus échanger pendant ces deux journées sur des thèmes comme l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les rédactions, les produits éditoriaux à mettre en avant pour capter l’attention, la conduite du changement ou encore l’impact de l’innovation dans les stratégies d’abonnement. Olivier Marino, directeur adjoint des rédactions de Nice-Matin, est venu témoigner, notamment, de la mise
en place en octobre 2023 d’un fil Whatsapp Nice-Matin, qui compte aujourd’hui 26 000 followers. Il s’agit d’une première pour un média local. Cette initiative a permis au journal de toucher une audience plus jeune et qui, surtout, pour le tiers d’entre elle, ne se rendait pas auparavant sur le site de Nice-Matin. Cette conférence réunissait aussi L’Équipe, un précurseur avec 10 millions de followers sur les réseaux sociaux, et Liquid Media, qui produit en Grèce le site d’informations sportives Gazzetta avec un compte TikTok qui est passé de 16 000 followers à plus de 100 000 en quelques mois grâce à une stratégie de production de contenus plus régulière. Ce débat était animé par la journaliste de Nice-Matin Flora Zanichelli.
Belle initiative que celle prise par Université Côte d’Azur (UCA) qui a publié en septembre le premier numéro d’une revue, « Intervalle », dont l’objectif est de rendre accessible au plus grand nombre la culture scientifique, en employant des mots simples mais sans pour autant sacrifier les détails et altérer la compréhension des phénomènes. De périodicité semestrielle, « Intervalle » est diffusée gratuitement en ligne ou en version papier, avec un tirage de 11 000 exemplaires, dans les bibliothèques, les établissements d’enseignement, avec pour partenaires la ville de Nice, la Métropole et les intercommunalités de Cannes, Grasse et Antibes. Le contenu, réalisé en collaboration avec les chercheurs de l’université, est passionnant, avec des sujets sur les plantes oubliées, et retrouvées par des scientifiques, de la parfumerie, un dossier complet pour mieux comprendre les enjeux de l’intelligence artificielle, et des éclairages aussi variés que les avancées de la recherche sur les troubles de la bipolarité ou les « juvenilia », les oeuvres littéraires produites par les romanciers pendant leur enfance. Pour les journalistes, cette revue est aussi, au passage, une mine de sujets…
https://issuu.com/univ-cotedazur/docs/intervallen1-a4-complet-sept2024

Thomas Bidet (CPO L’Équipe), Olivier Marino (NIce-Matin), Sotiris Lapathiotis (Liquid Media) et Flora Zanichelli (Nice-Matin)
L'actu vue par Kristian...












40e campagne des Restos du Coeur
Gastronomie
Master Class pour Master Chef Magazine dans le 06
Bienvenue
sur la Côte d’Azur à notre confrère national qui fait référence dans le secteur de la gastronomie et le tourisme.
« Ta mission, à supposer que l’acceptes, consiste à te rendre à Antibes pour chroniquer la présentation du Master Chef Spécial Côte d’Azur . Comme toujours, si toi ou un membre du Club de la Presse Méditerranée 06 étaient dénoncés ou capturés ou tués, le Club nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Ce message s'autodétruira dans cinq secondes. Bonne chance »
Vous pensez qu’il s’agit d’une décentralisation du plus célèbre concours de cuisine pour amateurs qui a fait les belles années de TF1 avant de se déplacer sur France2 ? A côté ! Que je devais présenter une recette ? Encore raté et heureusement car à part le risotto… Objectif, la Maison de Bacon à Antibes. Une approche en douceur en me servant du TER, puis du bus 14 jusqu’au parking du Ponteil où une navette attendait les invité(e)s soucieux de la couche d’ozone... En réalité il s’agissait de la présentation de l’édition du magazine trimestriel Master Chef « Spécial Côte d’Azur » réalisé en collaboration avec l’équipe de Côte d’Azur France Tourisme, présidée par la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp et dirigée par Claire Behar.
« Nous étions faits pour nous rencontrer

avec cette osmose complète entre la ligne éditoriale de Master Chef et le travail au quotidien de Côte d’Azur France Tourisme. Nous voulons mettre en avant les circuits courts et les produits magnifiés par les chefs présents dans le magazine » s’est réjouit Philippe Heullant, le directeur de la rédaction de ce trimestriel qui a été tiré à 80.000 ex pour une distribution en France, Belgique, Luxembourg et Suisse avant une version digitale.
Mettre en avant une région ou un département, c’est l’objectif du magazine dont la pagination a été portée à 224 pages avec en couverture, Virginie Basselot, l’une de deux femmes cheffes Meilleur Ouvrier de France ( MOF) et qui dirige les cuisines du Chanteclerc (*) le restaurant gastronomique du Negresco.
Elle fait partie des 15 chef(fe)s d’exception choisi(e)s qui ont le droit à un article sur leur parcours, nous offrent une recette et les bonnes adresses de leurs producteurs. Ce rubrique est l’une des quinze qui font la richesse inégalable de ce superbe support papier vendu dans les kiosques au prix très modeste de 5€ jusqu’à la fin janvier 2025.
Nul doute qu’il sera l’étendard vivant de la gastronomie et du tourisme sur la Côte
d’Azur. Il fallait voir la foule de pros qui s’était déplacée sur ce lieu d’exception que constitue la Maison de Bacon -dirigée par Laurent Le fur – un ex- haut responsable de Le Nôtre- au Cap d’Antibes avec un panorama à 360° si l’on se positionne sur le nouveau roof-top.
Mission accomplie cher VincentXavier, président du CPM 06 sans griller ma couverture....
Philippe Dejardin

© Bruno Persico pour Côte d'Azur France
PALMARèS
Étienne Jacob, Prix Frantz di Rippel pour « La France des gourous » "

Le 18 octobre dernier, la ville de Biot a couronné les lauréats de la troisième édition de son Prix littéraire Frantz di Rippel. Pour rappel, ce palmarès rend hommage à Stéphane Frantz di Rippel. Directeur d’hôtel à Abidjan lors des émeutes qui avaient secoué le pays en 2011, il avait nié, devant des miliciens cherchant à kidnapper des journalistes, en héberger dans son établissement. Un acte de bravoure qu’il avait payé de sa vie, de même qu’Yves Lambelin, un homme d’affaires français, et deux de ses collaborateurs, enlevés, torturés et exécutés avec lui. Le père de Stéphane di Rippel, aujourd’hui décédé, ayant longtemps résidé à Biot, la municipalité a décidé en 2022 de créer ce prix remis à des journalistes pour des « reportages avec une part de vécu », comme l’expliquait le maire Jean-Pierre Dermit le 18 octobre lors de la cérémonie de remise de prix au Mouratoglou Resort de Biot.
Pour ce millésime 2024, sept livres étaient en lice, départagés par
un jury composé de journalistes, à commencer par certains des reporters auxquels Stéphane Frantz di Rippel avait sauvé la vie en 2011, tel Grégory Philipps, aujourd’hui rédacteur en chef international de LCI. Le Club de la Presse Méditerranée 06, pour la première année, faisait également partie du jury en la personne de son président Vincent-Xavier Morvan. Les suffrages ont couronné Étienne Jacob pour « La France des gourous », paru aux éditions du Rocher. Ce « Journal d’un infiltré » propose une plongée trépidante dans le monde des sectes, notamment le toujours actif mouvement Raël que le journaliste du Figaro a réussi à mystifier avant de se faire démasquer… Le prix de la ville de Biot a quant à lui été remis à Pierre Haski, ancien de Libération
aujourd’hui chroniqueur sur France Inter et président de Reporters sans frontières, pour « Une terre doublement promise », sous-titré « Israël-Palestine : un siècle de conflit », paru chez Stock. Enfin, le prix des lecteurs de NiceMatin, auquel ont participé une centaine d’abonnés du quotidien local, a été décerné à « DGSE, la fabrique des agents secrets », un livre paru chez Tallandier dans lequel l’auteur, JeanChristophe Notin, réussit à pénétrer de manière inédite dans les coulisses de la « Boîte ».
Quatre autres ouvrages faisaient partie de la sélection : « Poutine contre la France », intitulé aussi « Un grand reporter au coeur des guerres du Kremlin », de Patrick Forestier, au
Cherche-Midi, « Cinq ans dans la Chine de Xi Jinping », par le correspondant du Monde à Pékin Frédéric Lemaître, chez Tallandier, « Je suis la femme du plateau », où Marie Portolano revient sur le sexisme de certaines rédactions de chaînes télévisées (Stock), et enfin « Le cri de la forêt » (éditions du Rocher), de Guy Lagache, palpitant « Récit au coeur de la menace climatique » écrit au Kivu, en République démocratique du Congo, théâtre d'une guerre mais aussi d’un dramatique déboisement.
CPM06
Jacob lors de la remise de prix en présence de membres du jury et des élus. ©Vincent-Xavier Morvan

« Le nénuphar et l'araignée » de Claire Legendre. Éditions
Étienne
Crash de la Caravelle AjaccioNice : 95 victimes en 1968. Mort de Robert Boulin, ministre du travail en 1979.
Deux énigmes en passe d’être élucidées ?
Cela fait cinquante-six ans que les proches des victimes du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice qui s’était abimée au large du cap d’Antibes le 11 septembre 1968 luttent afin de connaître la vérité.
Quarante-cinq ans après la découverte du corps de Robert Boulin, ministre du Travail, dans un étang près de Rambouillet, sa fille, contestant la version officielle du suicide, se bat pour qu’enfin les assassins présumés de son père soient identifiés.
Au cœur de ces deux dossiers secrets se profile la raison d’État. Les deux énigmes sont en passe d’être élucidées. En dépit de la persistance de zones d’ombre. Quel lien établir entre le crash de la caravelle AjaccioNice en 1968 et la mort de Robert Boulin ministre du travail en 1979 ? Les enquêtes de journalistes d’investigation rigoureux, en coopération avec les victimes, attestent que les plus hautes autorités de l’État se sont efforcées de masquer la vérité dans ces deux dossiers. Dans la première affaire, c’est la thèse de Max Clanet et Jean-Michel Verne qui ont publié en 2008 chez Ramsay « Secret d’État, 11 septembre 1968, le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice».
" DOSSIER
Cinquante-six ans après le crash de la caravelle Ajaccio- Nice, l’Élysée ravive l’espoir de connaître enfin la vérité
« Nous nous battrons jusqu’à notre dernier souffle ». La détermination de Louis Paoli et de son frère Mathieu, le président de l’association de victimes (leurs parents en font partie), est exemplaire. Après s’être heurtés au secret défense durant cinquante-six ans, les proches des 95 victimes reprennent espoir.
Mercredi 23 octobre, les frères Mathieu et Louis Paoli et leurs avocats ont été reçus à l'Élysée par Patrick Strzoda,
conseiller spécial et ancien directeur de cabinet d’Emmanuel Macron. Cette entrevue, qui ouvre une porte vers la plongée sur l’épave, a redonné confiance à l’association des familles des victimes.
Le rendez-vous à l’Élysée qui aurait pu être une énième quête de la levée du « secret-défense » se présentait comme une épreuve de plus.
« Je crois qu’on est à un tournant du dossier, tant sur le plan judiciaire que politique », rapporte au Figaro Maître Philippe Soussi, l’un des avocats. Le 9 septembre dernier, avec son confrère Paul Sollacaro, ils avaient écrit à la juge d’instruction pour lui demander qu’une


Les frères Paoli Louis à gauche Matthieu à droite
DOSSIER

Et Me Sollacaro d’ajouter :
mission de repêchage des restes de l’appareil soit organisée, ou qu'au minimum des prises de vues sousmarines soient réalisées. Une opération coûteuse déjà refusée par deux fois aux parties civiles mais qui pourrait leur offrir la pièce manquante du puzzle, celle confortant la thèse d’un tir de missile non armé qui aurait percuté par l’arrière l’un des réacteurs de la Caravelle. Un secret d'État qui aurait été occulté - les familles de victimes et leurs conseils en ont la conviction.
Une volonté politique d’aller au bout des choses
En 2019 déjà, association et avocats avaient été entendus dans les salons de la présidence de la République. « Il n’y a pas photo entre les deux rendezvous ! La première fois, il était encore question du secret-défense, il n’y avait rien à faire. Les choses sont bien différentes aujourd’hui et c’est pour le mieux », indique Mathieu Paoli. « Oui, il y a une volonté politique d’aller au bout des choses », confirme Me Soussi.
« Concrètement, cela pourrait passer par un déblocage important de fonds mais aussi un appui considérable ». Le 31 octobre, les deux avocats sont été reçus par le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli. Le magistrat leur avait déjà fait savoir dans des réquisitions rendues au début du mois qu’il était favorable à l’opération sous-marine demandée. « Le procureur va même plus loin. Il arrive au même constat que nous sur le fait qu’il est évident que des manœuvres des autorités militaires de l’époque ont eu lieu pour dissimuler la vérité », a conclu
Me Sollacaro, confiant.
Les deux avocats de l’association des familles des victimes présidée par les frères Mathieu et Louis Paoli sont ressortis satisfaits et optimistes de leur entrevue. « Le procureur nous a confirmé qu’il était favorable au repêchage de l’appareil ainsi qu'à la prise de photographies sous-marines. Il nous a en plus indiqué qu'il souhaitait que les choses se fassent rapidement », s’est félicité Me Sollacaro.
Le principe de la plongée dans les abysses de la Méditerranée et des investigations poussées est acquis. Et l’on pourrait bientôt passer à l’étape plus concrète de « l’enquête de faisabilité ».
Des preuves ont disparu
En 2022, le président de la République avait ordonné la levée du secret défense. Sans succès. L’association pense que des preuves ont disparu, ou ont été caviardées. Et puis la plupart des témoins directs sont désormais décédés. « Les enfants de victimes ne demandent pas d’indemnisation, mais une reconnaissance », affirme Me Sollacaro. En clair, un « acte fort » pour assumer le tir de missile accidentel de l’armée. Et mettre un terme au deuil entamé en 1968.

Les parents des freres Paoli : Ange-Marie et Toussainte Paoli
La photo de la Caravelle qui a subi le crash
" DOSSIER
La mort de Robert Boulin : rebondissement dans une hallucinante affaire d’État
L’enquête exemplaire de Benoit Collombat
Le 30 octobre 1979, Robert Boulin, alors ministre du Travail, était retrouvé mort dans un étang près de Rambouillet, dans les Yvelines. Robert Boulin a-t-il été tué ? Depuis quarantecinq ans, et ce matin d’octobre où la France apprend avec stupeur la mort d’un ministre en exercice, la thèse officielle ne cesse d’être écornée. Selon les autorités de l’époque, l’ancien résistant, gaulliste historique, avocat, ancien député-maire de Libourne, plusieurs fois ministre, embourbé dans une affaire d’achat de terrain à Ramatuelle, dans le Var, s’est suicidé par noyade après ingestion de barbiturique. Preuve en est : il a laissé plusieurs lettres expliquant son geste.
La famille n’y croit pas. Elle n’est pas la seule. Benoît Collombat est journaliste à la cellule investigation de Radio France. Il a passé plus de vingt ans à travailler sur cette affaire d'État, compilant sans relâche les témoignages, regroupant des documents, recoupant les faits.
Aujourd’hui, sa conviction est faite : « Il ne s’agit pas d’un suicide, mais d’un crime, contrairement à la version officielle d’une mort par noyade dans 50 cm d’eau ». Son enquête, « Un homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert Boulin », a été publiée en 2007 par Fayard.
Il confie à France Bleu : « Ce que j’ai pu documenter, c’est que, à partir du moment où on a voulu le déstabiliser politiquement avec une affaire bidon de terrain, Robert Boulin menace de donner des informations sur le RPR [NDLR : le parti gaulliste a été fondé trois ans auparavant], sur le financement illégal du RPR, sur ses accointances avec la Françafrique, avec l’argent noir qui transite par le Gabon. Et c’est sa réaction qui va causer sa perte selon moi. »

Le 21 octobre 1979, Robert Boulin était l’invité du club de la presse d’Europe 1. Il s’explique longuement sur les attaques qu’il avait subies dans
la presse sur son acquisition, en 1973, d'un terrain à Ramatuelle. Ce jour-là, il avait clairement laissé entendre qu’il avait les moyens de confondre ses détracteurs. Robert Boulin venait de signer son arrêt de mort.
La fille du ministre Fabienne Boulin Burgeat se bat depuis 1979 pour que la justice identifie les tueurs de son père. Le Club de la presse 06 avait participé à un débat en 2011 lors de la parution d’un ouvrage saisissant de celle-ci, Le Dormeur du Val (Editions Don Quichotte).
La lutte acharnée de la fille de Robert Boulin pour la vérité
Elle a mis plus de trente ans pour écrire son histoire, une tragédie contemporaine qui « a traumatisé quatre générations de Boulin ». « En trente années de combat, j’ai appris que nos droits et libertés fondamentales ont vite fait de s’user si l’on ne s’en sert pas », dit-elle.
Les enquêteurs n’ont jamais pris en compte deux faits déterminants (lividités cadavériques et heure réelle de la découverte du corps). Cela aurait dû les conduire à ne pas considérer uniquement l’hypothèse du suicide.
Le journaliste a décrypté avec France Bleu cinq des nouveaux témoignages qui accréditent la thèse d’un homicide. Le premier médecin sur les lieux.
DOSSIER

L’homme est réanimateur au SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation), auprès des pompiers de Rambouillet. Au matin du 30 octobre, c'est le premier praticien à examiner le corps, encore immergé dans 50 cm d’eau, à cinq ou six mètres de la berge, dans l’étang Rompu, à Rambouillet. En 2016, il décrit la scène à Benoît Collombat : « Il était presque à genoux. On aurait dit qu’on le sortait d’une malle. (…) Il était comme assis, c’est-àdire qu’il était comme dans une position assise, mais penchant vers le bas. Ça, c’était très bizarre. Un noyé aurait été à plat sur l’eau. (...) Il n’avait pas la position d’un noyé, pas du tout », insistait-il encore. « On a tout de suite pensé, les pompiers aussi, qu’on l’avait mis là, qu’il ne s’était pas noyé dans ce petit bout d’eau. Il n’y a pas de courant. »
Pour Benoît Collombat, ce témoignage vient corroborer celui d'un gendarme, qui lui aussi a remarqué des incohérences, lorsqu’il a été dépêché sur les lieux : « une attitude corporelle tout à fait significative, avec des renflements sur le dos, avec des blessures sur le visage ». « Ils ont décrit
exactement la même chose avec le visage de Robert Boulin, légèrement sorti de l’eau», ce qui ne correspond pas à une mort par noyade. Le journaliste souligne également que les lividités cadavériques examinées sur le corps ne concordent pas : selon les traces observées, Robert Boulin était sur le dos lorsqu’il est mort, pas sur le ventre, comme on l’a retrouvé.
De son côté l’écrivaine Sylvie Matton, qui suit l’affaire depuis une douzaine d’années, raconte qu’avant son prétendu « suicide », le ministre menaçait de révéler de lourds secrets sur la corruption du RPR.
« Ils ont voulu la mort de Robert Boulin, écrit Sylvie Matton. Ils ont trahi, ils ont organisé le traquenard, choisi et amené les tueurs, ils ont ouvert la porte, parlé, menacé, couru après, poursuivi en voiture, rattrapé, fermé les portes, attaché, injecté 80 grammes de Valium avec une seringue pour affaiblir le courage et la résistance, ils ont frappé et frappé, frappé encore, ils ont transporté, déposé dans l’étang, tenté d’immerger, déplacé la voiture, piétiné dans la boue les traces de pas qui allaient vers l’étang et en revenaient,
Fabienne Boulin.Burgeat © Paul Barelli
déplacé le corps dans l’étang. Ils ont volé les dossiers compromettants. Ils ont tapé sur la machine à écrire, fabriqué les faux (…). Ils ont volé le bocal du sang, fait disparaître langue, pharynx et larynx, forcé le frigo, volé et détruit le scellé contenant les poumons, fait disparaître d’autres scellés dans le coffre du tribunal. Il y a tous ceux qui ont menti ou se sont tus. Ceux qui étaient à la tête de l’État depuis 1979, tous partis confondus : il n’en est pas un, parmi eux, qui n’ait su la vérité ! », assène Sylvie Matton.
Les confidences d’un ministre
J’ai eu l’occasion, lors d’un reportage en 1993 pour RMC, de me trouver au domicile d’un ministre haut placé que je devais faire réagir à un débat TV diffusé en direct. Prenant congé, je me risquais à lui demander si Robert Boulin avait été assassiné. « Je vous le confirme off. Si vous me citez, je démentirai ! » Cette réponse traduit le climat trouble entourant l’affaire. En 2013, Benoît Collombat rencontre également Daniel Jault, un médecin légiste. En 1983,

après l’exhumation du corps de Robert Boulin, il a assisté à Bordeaux à la deuxième autopsie, demandée par la famille, et se rappelle, au micro du journaliste : « Les trois experts, entre nous, on a conclu qu’il ne s’était pas suicidé. Moi, personnellement, je ne me suis jamais dit que c’était un suicide, et qu’on était en présence d’un meurtre ou d’un assassinat ».
Pour Benoît Collombat, ce témoignage confirme également que la première autopsie, réalisée juste après la mort de l’homme politique, à la va-vite et sans examen du crâne, n'était pas techniquement valable. « Elle ne permettait pas de conclure à un suicide par noyade », résume-t-il.
Nouveau témoignage clef en 2022
Un homme s’est manifesté en 2022 auprès de la justice dans l’affaire Boulin. Il dit avoir assisté à une conversation qui accrédite la thèse du meurtre du ministre, mort en 1979. D’après ses dires, des membres du SAC (Service action civique) ont évoqué « un accident ». France Inter a recueilli son témoignage. « La juge m’a dit que, quand je me suis manifesté, il était minuit moins une, elle allait clore le dossier ». L’homme qui s’exprime ainsi s’est tu pendant plus de quarante ans. Quatre décennies pendant lesquelles il dit avoir gardé pour lui ce qui pourrait être la clé de l’une des énigmes les plus sombres de la République. Or, ce témoin apparu en 2022 dit avoir surpris une conversation entre des hommes qu’il pense être membres du SAC, le Service d’action civique, police officieuse du RPR, souvent chargé des basses besognes pour une partie des gaullistes, Charles Pasqua en tête. Selon son récit, ces échanges accréditent la thèse d’une mort violente,
bien loin du suicide.
Ultime coup de théâtre
Alors que l’information judiciaire ouverte à Versailles pour « séquestration et assassinat » sur la mort de l’ancien ministre du Travail se dirigeait vers un non-lieu, ce nouveau témoignage a relancé les investigations. La commission rogatoire délivrée aux gendarmes de la section de recherche de Versailles en juin 2023 dans la plus grande discrétion permettra-t-elle d’aboutir à une vérité judiciaire différente de celle du suicide, validée en 1979 malgré un épais catalogue d’invraisemblances ?
Le parquet de Versailles a confirmé, vendredi 4 octobre, une information de Médiapart révélant que ce témoignage avait permis d’identifier un « truand » nommé Henri Geliot, mort en 1986. Le témoin avait alors pris soin de noter l’immatriculation du véhicule d’un des hommes qu’il avait entendus. Plus de quarante ans après les faits, les enquêteurs sont enfin parvenus à identifier, grâce à ce numéro de plaque d’immatriculation, le mystérieux « truand » mis en cause dans la mort du ministre. C’est une première dans cette affaire d’État qui hante la République.
La piste d’un truand haut plaçé
Ce « truand haut placé », qui se présentait dans cet échange comme l’un des hommes impliqués dans le crime, s’appelle Henri Geliot. Né en 1919 et cafetier de profession, il avait été mis en cause principalement entre 1939 et 1958 pour divers délits, dont des violences avec arme à feu. Son nom n’avait en revanche jamais été mentionné dans l’affaire sur la mort de l’ancien ministre.
« Nous commençons à éprouver un début de soulagement en constatant que malgré les réticences de l’institution judiciaire à faire son travail, les choses avancent », a réagi auprès de l’AFP Marie Dosé, avocate de la fille de l'homme politique, Fabienne BoulinBurgeat. « Il reste néanmoins beaucoup de travail à faire dans ce dossier », a estimé l’avocate, en espérant que « la justice se montre enfin digne de sa mission ».
La saisissante
confession de Raymond Barre
Dans son livre de Mémoires, « L’Expérience du pouvoir » publié en janvier 2007, Raymond Barre, à l’époque de la mort de Boulin Premier ministre, écrit qu’il a été prévenu de la découverte du corps vers 3 heures du matin. Il le répétera plus tard au micro de Bernard Collombat qu’il est réveillé par son collaborateur de garde : « On me dit qu’on l’a découvert et qu’il s’est suicidé. C’est tout, et après on va me donner tous les détails » Raymond Barre n’a pas pu être entendu par un juge : il est mort le 25 août de la même année. Lors de cette interview pour France Inter il a également prononcé cette phrase à la fois précise et mystérieuse : « Nous ne pensions pas que le RPR allait assassiner Boulin ».
Dossier de Paul Barelli, Viceprésident du CPM 06.
Ex-correpondant du Monde dans les Alpes-Maritimes.
Livres
« Adelaïde
Hautval,
une conscience face au mal »
Sous-titré « Le destin d’un médecin chrétien dans l’enfer d’Auschwitz », cette biographie, la première rédigée par Sabine Faivre, une ex-enseignante qui réside à Nice et se consacre désormais à l’écriture, revient sur un parcours exceptionnel, celui du docteur Adélaïde Hautval. Fille de pasteur réformé et médecin-psychiatre, surnommée Haïdi, elle était née en 1906 dans le village de Hohwald, dans le Bas-Rhin. Pour avoir pris la défense d'une famille juive, elle est déportée en 1942 dans le convoi dit des « 31 000 » et survivra à Ravensbrück et Auschwitz où elle reste détenue trois ans, s’y opposant encore aux prétendues expérimentations médicales pratiquées dans les camps. Elle a été nommée « Juste parmi les Nations » par l’État d’Israël en 1965. L’auteur redonne vie à cette figure qui se voulut avant tout « une conscience face au mal », et qui a disparu en 1988.
CPM 06
Editions L’Harmattan, 22 euros

« Un crime parfait »
de Olivier Wagner
Avez-vous jamais songé à commettre un crime parfait ? C’est l’idée saugrenue que Fred, le héros de ce roman noir, va laisser germer dans son esprit tordu. Pour quelle raison ? Il est retraité, sa femme l’a quitté et il s’ennuie. Alors, il va consciencieusement organiser un assassinat dans le seul but de prouver que c’est facile à faire, pour peu que l’on s’y prenne bien et avec méthode.
Après « Kovid-58 », dystopie caricaturale réjouissante sur le monde politique et les médias, sortie en 2020, Olivier Wagner se lance aujourd’hui dans le « polar » et c’est tout à fait réussi. Comme il le dit lui-même, « je ne veux pas me cantonner à un type d’écriture. Je ne veux pas éprouver cette sensation d’écrire toujours le même bouquin. J’ai envie de me renouveler et de surprendre le lecteur. Et j’espère bien que le prochain sera tout autre chose ». Ce « vieux-jeune » auteur -comme il se qualifie lui-même- aime son indépendance et la revendique. « Pourquoi passer par un éditeur quand je sais faire seul ce qu’on me propose ? Les enseignes modestes n’ont pas les moyens de faire de la promotion pour leurs auteurs, et les grandes ne vous lisent pas généralement lorsque vous leur soumettez un manuscrit ».
Olivier Wagner a donc créé sa propre structure de diffusion et entend bien en faire profiter les nombreux auteurs indépendants qui comme lui cherchent un moyen de proposer leurs œuvres en librairie. Cette entité existe désormais sous le nom d’Ubaye & Navarre. « Je voulais un nom qui indique que nous pouvons aider les auteurs de l’Ubaye où je vis maintenant après Nice, de même que tous ceux de France et d’ailleurs ! » .
Un « polar » qui n’en est pas vraiment un !
Même si le suspense est omniprésent, la structure du roman « Un crime parfait » permet une nouvelle fois à l’auteur de s’éloigner des standards du genre pour réaliser une intrigue qui ne baigne pas dans le sang et les scènes sordides récurrentes des thrillers et policiers d’aujourd’hui. Certes, le « héros » de l’histoire prépare un acte criminel terrible, mais ça, c’est la théorie car la concierge de son immeuble -amoureuse de lui et passionnée de romans noirs- va bien lui compliquer les choses. Et il n’y a pas qu’elle. Tout le monde semble vouloir l’empêcher de réaliser son projet : une veuve qui sait tout et sur tout le monde, le tenancier d’un service de photocopie, deux voyous adolescents, un commissaire de police très obtus et jusqu’aux services secrets … Comme dans son précédent roman, l’auteur nous balade jusqu’à une fin en apothéose impossible à prévoir.
Aussi distrayant qu’addictif, le second livre d’Olivier Wagner recueille déjà de forts retours. Vivement le troisième !
Josselyne Bélieu
Le livre est disponible en librairie sur commande ou directement sur Amazon au format Kindle (4,99 euros) ou livre broché en auto-édition (12 euros).

Rencontre autour du sport automobile et pot de rentrée au Vestiaire à MoT

D’abord prévu le 17 octobre et repoussé, pour cause d’alerte rouge aux intempéries ce soir-là, au 7 novembre, le traditionnel pot de rentrée du Club de la presse s’est tenu dans un nouveau lieu de vie de Nice, le Vestiaire à MoT. Son fondateur, Marc-Olivier Taccard, ancien journaliste sportif passé par l’AS Monaco, a imaginé un « concept-sport », soit une librairie dont l’essentiel des rayons est consacré à la littérature sportive, romans, essais ou beaux livres, avec également un espace coworking et, régulièrement, des rencontres autour de la thématique du sport. Cet espace lumineux et élégant est installé au 19, boulevard Joseph-Garnier dans le quartier de la Libération. Pour le Club, l’occasion était belle, avant les agapes de rigueur, de se pencher sur l’actualité du sport automobile, et particulièrement de la Formule 1, un format redevenu très attractif
grâce, notamment, à une série sur les coulisses de ce circuit diffusée sur Netflix. À la baguette, Daniel Ortelli, membre du Club, ex-journaliste à l’AFP et spécialiste du sujet, qui a animé les débats en présence d’un public de passionnés

et de deux autres intervenants, Thomas Woloch, co-auteur avec Daniel Ortelli de « Eternel Senna », une biographie du champion Ayrton Senna sortie cette année chez Glénat, et Yvon Amiel. Ce dernier est le père de la BD « Antoine le Pilote » (éditions Gilletta, Nice) dont le nouvel opus, « Antoine au GP de Monza », doit sortir avant Noël. Tout ce petit monde, avant de dédicacer ces différents ouvrages, a débattu avec ferveur de l’avenir de la F1, de la place des femmes dans le sport automobile ou encore du sujet controversé des moteurs électriques. Un grand merci au Vestiaire à MoT pour avoir accueilli le Club en cette rentrée. C’est une première mais pas une dernière.
CPM 06

De gauche à droite, Yvon Amiel, Daniel Ortelli et Thomas Wolloch ©Sabine Delabassé
Expédition
Med : un combat contre la pollution plastique en Méditerranée
Alors que la Méditerranée représente seulement 1 % des eaux marines mondiales, elle abrite 7 % de tous les microplastiques présents dans les océans. Un chiffre alarmant, lié à son statut de mer semifermée et à une pollution plastique croissante. Pour mieux comprendre cette pollution et trouver des solutions, l’association Expédition Med a lancé le programme «VigiePlastic Méditerranée ». Cette initiative mobilise scientifiques et partenaires des rives sud et nord pour bâtir une collaboration scientifique régionale au service de la biodiversité et de la santé humaine.

L’équipage du programme « Vigie Plastic Méditerranée » de 2024 sur Le Bonita © Cédric Stanghellini
Reportage

"Créée en 2009, Expédition Med se consacre à l’étude et à la réduction de la pollution plastique en Méditerranée, faisant d’elle une des organisations précurseurs dans le domaine. « Les microplastiques ne connaissent pas de frontières, et seule une coopération régionale permet de faire face à ce défi », explique Bruno Dumontet, fondateur de l’association.
Le programme « VigiePlastic Méditerranée » rassemble des scientifiques des pays de tout le pourtour méditerranéen autour d’un objectif commun : standardiser les protocoles de recherche pour
produire des données fiables et comparables. « Ces informations sont cruciales pour guider les décideurs politiques dans la mise en place de stratégies de réduction de la pollution plastique », ajoute Bruno Dumontet.
À bord du voilier Le Bonita, le navire laboratoire de l’association, les scientifiques participants suivent une formation intensive pour la collecte et l’analyse des microplastiques. Encadrée par Ana Luzia Lacerda, océanographe brésilienne spécialiste de la pollution plastique, cette formation allie rigueur et innovation. « Nous utilisons des méthodes standardisées pour collecter, trier et analyser les microplastiques. Chaque étape est essentielle pour garantir des résultats fiables, utiles aux pouvoirs publics comme aux scientifiques. »
La collecte des microplastiques s’effectue grâce au « filet manta », un dispositif conçu pour capturer les microplastiques flottants en surface. Tracté par le bateau à vitesse constante, il est laissé à flotter pendant une trentaine de minutes. Le contenu recueilli est ensuite trié dans une colonne de tamis, séparant les microplastiques des débris plus volumineux comme des végétaux ou des macro-déchets plastiques. Ce processus méticuleux permet de classer les particules selon leur taille, leur forme et leur couleur.
Le Bonita dispose d’un laboratoire embarqué où les scientifiques identifient chaque particule de microplastique à l’aide d’un microscope avant d’en déterminer la composition chimique grâce à un spectromètre
Retrait du filet manta © Cédric Stanghellini
Reportage
Raman. « Cet outil nous permet de lire l’ADN chimique de chaque fragment de plastique et d’identifier ses origines », explique Ana Luzia Lacerda. Les analyses révèlent une pollution variée : fibres textiles, fragments d’emballages, mousses ou encore pellets plastiques utilisés dans l’industrie.
Une formation au service de la Méditerranée
Le programme « VigiePlastic Méditerranée » ne se limite pas à un apprentissage technique. Il s’inscrit dans une démarche globale visant à harmoniser les méthodes de recherche en Méditerranée. Bruno Dumontet rappelle l’objectif final. « Il s’agit de créer une base de données commune pour évaluer l’efficacité des politiques publiques et guider les décideurs vers des solutions adaptées. L’harmonisation des prélèvements et le travail scientifique à l’échelle de toute la Méditerranée sont essentiels pour comprendre et atténuer les impacts de cette pollution. Nous ne pouvons pas tout éliminer, mais nous pouvons réduire son impact et prévenir son aggravation. » En transmettant ces compé-
tences, Expédition Med prépare une nouvelle génération de scientifiques capables de relever le défi de la pollution plastique.
La menace de la plastisphère
Au-delà des microplastiques euxmêmes, Ana Luzia Lacerda alerte sur un phénomène encore peu connu du grand public : la plastisphère. « Les plastiques flottants servent de substrat pour des micro-organismes tels que des bactéries, des champignons ou des microalgues. Ces communautés biologiques, appelées plastisphère, peuvent transporter des pathogènes sur de longues distances, amplifiant ainsi les risques pour les écosystèmes marins et les populations humaines. La plastisphère agit comme un “bateau” pour les micro-organismes, les transportant d’un environnement marin à l’autre, parfois avec des conséquences sanitaires graves. Face à l’ampleur de la situation, il est essentiel que ces données soient produites par des organismes scientifiques totalement indépendants ».
Cédric stanghellini


Un
journaliste à bord du navire d’Expédition Med
Membre du Club de la Presse, Cédric Stanghellini a eu la chance de participer à cette aventure scientifique à bord du navire Le Bonita. Durant l’été 2024, il a pu observer le travail rigoureux mené par l’équipe d’Expédition Med. Cette immersion a permis la réalisation d’un reportage vidéo, disponible sur le site internet (www.expedition-med.org) et la chaîne YouTube de l’association (www.youtube. com/@ExpeditionMED).
Scannez ce QR code pour visionner le reportage de Cédric Stanghellini.
De nombreuses campagnes scientifiques
Forte de ses quinze ans d’engagement, l’association Expédition Med organise chaque été des campagnes de prélèvements ouvertes aux scientifiques en formation, mais aussi aux particuliers. Ces derniers, appelés éco-volontaires, peuvent embarquer à bord du navire pour participer acti-
vement au programme d’analyse des microplastiques. Le bateau fait régulièrement escale sur la Côte d’Azur, notamment à Saint-Laurent-du-Var, Villefranche-sur-Mer ou Nice, pour sensibiliser le grand public à la pollution plastique.
Analyse des fragments de microplastiques à bord du laboratoire du bateau. De g. à d. : Habib Jaafar (Notre Grand Bleu, Tunisie), Nouredine Zaaboub (INSTM, Tunisie), Ana Luzia Lacerda (océanographe, Expédition Med) et Emmanuel Cabanes (assistant scientifique, Expédition Med) © Cédric Stanghellini
© Cédric Stanghellini
Culture
Marc Chevalier à la galerie
Eva Vautier, à Nice

« Pouvoir faner, vouloir fleurir », Tel est l’intitulé de la nouvelle exposition de Marc Chevalier qui, après avoir présenté en 2020
« Les tableaux n’existent pas » propose aujourd’hui à la galerie Eva Vautier, à Nice, un dialogue entre des œuvres spécialement créées pour l’occasion et des pièces plus anciennes. Refusant
Douze
de se limiter à un langage univoque, cet artiste expérimente différents modes d’expression.
Il mêle volontiers du ruban adhésif, produit éminemment industriel aux mauvaises herbes ou brindilles de bois ramassées sur les rives du Paillon, le fleuve qui coule à Nice. « Je vais chercher des griboullis
dans la nature » dit-il. Une démarche qui associe des éléments très différents, voire insolites.
Pour Marc Chevalier une œuvre d’art est la réunion d’ éléments divers n’ayant pas de rapports les uns avec les autres mais participant à la mise en scène d’une idée. Cette idée, non préconçue, s’élabore durant le processus de création. Processus rigoureux, quasi scientifique, élaboré selon un va-et-vient entre les différentes disciplines (sculpture, peinture, performance…). Au final, le regardeur est invité à une contemplation active, la délicatesse des lignes opérant d’abord par la séduction pour susciter ensuite une réflexion approfondie.
Nicole Lafffont
«Pouvoir faner, vouloir fleurir ».
Galerie Eva Vautier, 2 rue Vernier. Nice (quartier Libération)
Du 14 décembre 2024 au 8 février 2025
chefs d’œuvre de Miró au musée Picasso d’Antibes
D’un petit rien Joan Miró peut faire jaillir tout un monde. Son inspiration puisait dans les détails de la vie quotidienne le point de départ d’une œuvre surprenante, magique, échevelée parfois. Aussi est-il précieux de prendre le temps de regarder chaque tableau, d’observer, de se laisser emporter par le foisonnement des petits éléments qui créent la composition. D’où l’intérêt majeur de l’exposition présentée par le musée Picasso d’Antibes. Douze chefs d’œuvre de Miró issus d’une des plus prestigieuses collections au monde, la collection Nahmad, font
l’objet d’un accrochage inédit. Chaque salle accueille seulement une œuvre, parfois deux. Un écrin de choix pour se concentrer face à un tableau, le respirer, le contempler, l’écouter, l’interpréter . Une vraie rencontre.
Miró et Picasso étaient liés par une véritable amitié. Les deux artistes s’étaient rencontrés à Paris en 1920 et s’étaient immédiatement compris. Tous deux emportés par un désir de création libre et innovante. Picasso disait à propos de Miró: « Nous habitons le même monde ». Dès lors est-il heureux de voir ainsi les deux
artistes réunis dans un espace privilégié où le visiteur est invité à un voyage en douze étapes. Pour mieux se laisser séduire par « le sens magique des choses »..
Nicole Lafffont
« Joan Miró. Chefs-d'œuvre de la collection Nahmad » Musée Picasso. Place Mariejol, Antibes Jusqu’au 12 janvier 2025
© Eva Vautier
« On répond à tous les enfants qui écrivent au Père Noël »
Dominique Baldini, directrice de l’Office de Tourisme de Théoulesur-Mer, détaille la programmation touristique de la petite station balnéaire et revient sur le bilan de la saison estivale.
Entretien avec Dominique Baldini


Intermed : À quoi faut-il s’attendre à Théoule pour les fêtes ?
Dominique Baldini : Notre événement, c’est la balade de Noël, qui commence le 7 décembre et dure jusqu’au 5 janvier. Nous avons à l’Espace culturel une exposition de 200 crèches, qui nous appartiennent, avec également une vente de santons et une maison du Père Noël où celui-ci sera présent certains jours, en chair et en os. À partir du 21 décembre il y aura des manèges gratuits pour les enfants, un marché de Noël des associations de Théoule le 21 avec un stand de maquillage pour les enfants, une chorale et une déambulation sur le thème du pôle Nord, devant la mairie, un spectacle de magie le 28 décembre à un euro la place, pour les enfants, sur réservation, à la salle des fêtes, et pour finir le 5 janvier ce sera l’arrivée des Rois mages avec de véritables dromadaires et la galette des rois. Et n’oublions pas la boîte aux lettres devant l’Espace culturel pour que les enfants écrivent au Père Noël. Nous répondons à tous et cela nous amuse bien.
I. : À Nice, en février, on a le Carnaval. Et vous ?

: Eh bien nous, c’est la kermesse aux poissons, un événement qui se déroulera du 1er février au 16 mars. Nous l’avons créé il y a plusieurs années. Des restaurateurs de la ville, neuf cette année, composent des menus uniquement à base de spécialités de poissons. Il ne faut pas oublier que Théoule, à l’origine, est un village de pêcheurs. Nous en avons d’ailleurs encore cinq qui vendent leur pêche aux restaurants ou aux particuliers, sur le port. Nous avons des gens qui viennent tous les ans en vacances à Théoule pour ce moment-là. Au total, cela représente plus de 6 000 menus écoulés. Le lancement aura lieu le 25 janvier. Les neuf chefs viendront réaliser un de leurs plats à l’Espace culturel, avec un moment réservé aux journalistes de 11h à 11h30 et l’ouverture au public à 12h30 pour une dégustation gratuite.
Quel bilan tirez-vous de la saison estivale ?
D.B. : Nous avons fait une très bonne saison, avec une
fréquentation en hausse par rapport à l’an dernier. Pourtant, nous étions un peu inquiets en début d’année, il y avait peu de réservations et cela a mis longtemps à passer au beau fixe. J’ai remarqué notamment un retour en force des Danois, une nationalité très présente ici, de même que les Néerlandais. Beaucoup sont propriétaires d’une résidence secondaire, au total nous en avons 4 300 sur la commune. Cette année, ils sont venus plus longtemps, me semble-t-il, parfois pour deux ou trois semaines alors qu’avant, parfois, c’était juste un week-end de temps en temps l’été.
Quelles infrastructures développez-vous pour le tourisme ?
D.B. : La commune aménage un parking qui comptera à terme 200 places, et qui abritera sur son toit la maison de la porte de l’Esterel. C’est une bonne nouvelle pour le stationnement ici. Nous avons aussi depuis quelques années l’été une navette maritime, qui, quatre à cinq par jour, relie Cannes à Théoule,
et qui est financée uniquement par la commune. Cela amène du monde et désengorge les parkings et la route, car ici, nous n’en avons qu’une !
Quelle est votre capacité hôtelière ?
D.B. : Nous avons un village de vacances, une maison familiale aux tarifs plutôt abordables, et cinq hôtels dont trois sont des 5 étoiles. Le dernier d’entre eux, le Château de Théoule, a d’ailleurs ouvert cet été.
Où se trouve l’Office du tourisme ?
D.B. : Au 2, boulevard de la Corniche d'Or, près du restaurant de plage le Marco Polo qui est connu dans le monde entier. Nos bureaux sont face à la mer, il y a pire comme paysage !


ACTUPHOTO
A droite : Les plantes antidealers : dans le Vieux-Nice, un riverain a installé 141 jardinières pour empêcher les trafiquants de drogue de s’installer dans sa rue.
© Matthias Galante, 15 novembre 2024
Ci-contre : Nice le 16 novembre 2024 une file d'attente de trois heures devant l'hôtel Boscolo pour se faire dédicacer par Jordan Bardella (RN) son livre " Ce que je cherche "
©Vincent-Xavier Morvan
Ci-dessous à gauche : Nice le 14 septembre rassemblement contre les violences sexistes et séquelles à l'occasion du procès des violeurs de Gisèle Pelicot en Avignon © Vincent-Xavier Morvan
La page Actu Photo d'Intermed est née en 2008. Elle a pour but de présenter une petite partie du travail du photojournalisme en montrant les deux faces d’une photo : l’image et sa légende originale. Sélectionnées par le photographe et traitant d’un évènement du département ayant une portée nationale, ces photos n’ont pas pour autant vocation à être un résumé de l’actualité locale .
Ci-dessous à droite : Toutous sous contrôle ! La commune de L’Escarène lance le fichage ADN des chiens pour lutter contre les déjections canines sur la voie publique.
© Photo Matthias Galante, 10 octobre 2024



