COOLTURE N°22 (Spécial Diversité 2011)

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COOLTURE

L’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait.

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Georges BERNANOS, écrivain

Photo 2002 © Médiathèque AXA - Jean-Pierre HOLBART

Nous disons, en particulier aux grandes entreprises, d’utiliser le CV anonyme pour faire leur sélection en fonction des compétences et non plus de réflexes “a priori” tels que : la personne (sa photo), son âge, son sexe, l’endroit d’où elle vient, son patronyme, etc. L’idée vient des EU et s’y applique depuis très longtemps. Cela permet aux entreprises de voir arriver des gens extrêmement divers. Et je peux vous assurer que dans les grandes organisations, cela marche très très bien. Pourquoi ne pas le rendre obligatoire ? Tout simplement parce qu’il vaut toujours mieux convaincre qu’obliger. Et je constate que les entreprises qui nous ont suivi dans cette voix sont très contentes de cela. Par exemple, chez AXA et en particulier dans les réseaux commerciaux, vous avez aujourd’hui 30% des collaborateurs issus de la diversité. C’est même un pourcentage plus fort que ce qui existe dans la population.” CJE : Depuis 2009, vous êtes le président du comité des sages du MEDEF. Vous défendez la transparence sur les rémunérations, comme vous l’avez fait vousmême, pour permettre une autorégulation. Cependant le salaire d’un patron du CAC40 ne diminue pas et reste en moyenne équivalent à 150 SMIC. La transparence est-elle vraiment suffisante ? CB : “Pour moi le salaire d’un patron est légitime à 3 conditions. Tout d’abord, il doit être lié de très près aux résultats de l’entreprise et c’est le cas pour la plupart des patrons. Ainsi je me rappelle une histoire qui m’a beaucoup frappé. Alors que CHRYSLER était en faillite en 1979, son PDG, Lee LACOCCA, a déclaré un salaire de 1$! Car il était uniquement lié au résultat. Puis il a redressé admirablement l’entreprise. Et personne n’a remis en cause les 20 millions qu’il a touchés par la suite après avoir sauvé l’entreprise et des milliers d’emplois. Ensuite, la rémunération doit être comprise et acceptée par les collaborateurs. Je reviens toujours sur ce thème, mais la valeur d’une entreprise, c’est la qualité de ses collaborateurs. Et s’ils ont le sentiment de vivre dans une entreprise qui est injuste, ils ne seront pas motivés.

© CNJE

Enfin, le salaire doit être compris dans le pays dans lequel vous vivez. Or, on observe depuis 20 ans, que les salaires des patrons ont été multipliés par 7 ou 8 quand ceux des ouvriers et des employés n’ont pas suivi la même courbe. Là, il y a effectivement une déraison. Et la transparence n’a pas suffit. Plus que des règlements, des sanctions ou des lois, dont les effets peuvent être contraires à ceux espérés, je crois beaucoup que la pression de l’opinion publique, éventuellement du gouvernement ou fiscale, peuvent empêcher ces dérives.”

> LES RÉFORMES À MENER CJE : Vous défendez un modèle d’entreprise libéral. Pourtant la crise de 2008 a semble-t-il montré les limites du libéralisme. Selon vous, quels enseignements peut-on tirer de cette crise ? CB : “La crise n’a pas montré les limites du libéralisme. Elle a montré les limites du laxisme ! Or vous savez que votre liberté s’arrête où commence celle d’autrui. Ça veut dire que la liberté, ce n’est pas faire n’importe quoi. Elle demande des lois. Pas trop, mais il en faut. Et dans l’économie, c’est exactement la même chose. Il faut qu’il y ait des règles et qu’elles soient respectées. Il faut d’une part, des législateurs qui définissent les règles et d’autre part, des régulateurs en contrôlant l’exécution. Or que s’est-il passé? On a fait sauter les règles pour laisser-faire le «bon sens», la «main invisible» d’Adam SMITH... conception stupide du XIXème siècle. Bref, certains ont voulu faire confiance au marché alors que je répète qu’il a toujours tort. On a donc déréglementé - dans le domaine financier en particulier - et permis des choses qui n’auraient jamais dû l’être comme les ventes à découvert, etc.

La crise n’a pas montré les limites du libéralisme. Elle a montré les limites du laxisme. L’économie demande des lois. Il faut qu’il y ait des règles et qu’elles soient respectées.

Par dessus le marché, les vérificateurs ne vérifiant pas, il y a eu un laxisme incroyable en particulier aux EU, avec comme point d’orgue la faillite de la société d’assurance AIG. C’était totalement irresponsable et vous connaissez la suite de l’histoire.

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