Recueil Carte du Tendre 2017

LA CARTE DU TENDRE 2017

Recueil écrit et illustré par L’ATELIER CÔTÉ COUR La Carte du tendre 2017

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DE QUOI SONT FAITES LES TERRES ADÉLIE ?

De quoi sont faites les terres inconnues, les îles de Pâques, les Kamtchatka ou les Terres Adélie ? Des mêmes atomes, des mêmes arbres le plus souvent, de la même neige, des mêmes vents, des mêmes reliefs, de grisailles et d’éclaircies semblables, de lever et de coucher de soleil comme partout ailleurs. Ce qui en fait des lieux à la fois étranges et familiers, saisissants et triviaux.

De même pour les territoires de la tendresse dont n’existe qu’une géographie fort fragmentaire, dont nul n’est patenté mais dont tous connaissent quelques détours, quelques méandres, quelques turbulences, quelques désarrois.

Toute cette géographie d’expériences aussi communes que singulières – leurs personnages, leurs moments et leurs lieux – l’atelier d’écriture les a arpentés en courts poèmes, en chansons, en histoires familiales, fantasques ou fantastiques, en rêves et en cauchemars, en aventures abracadabrantes, en mystères, en rengaines d’oubli ou de mémoire et même en bulletins de météo.

Chacun, dans l’atelier d’écriture, est libre d’interpréter à sa manière le thème et la consigne du jour, pour y glisser ses expériences propres, son histoire et les balourds ou les allégresses qu’elle charrie. Et chacun, en lisant ses textes et en écoutant les autres lire leurs productions, est invité à en découvrir à chaque fois le centre de gravité, ce qui les fait fonctionner et ce qui y fonctionne, afin de s’inventer un style propre, de se construire une écriture spécifique qui deviendra sa signature. Chacun est aussi invité à découvrir les ressorts de l’écriture, ce qui la déclenche, la met en mouvement, en particulier la poésie et l’humour qui font naître et colorent des mots puis des phrases et des histoires.

Ce recueil est donc parfois l’acte de naissance de styles et d’écrivains que l’Atelier Côté Cour vous invite à découvrir et à faire découvrir par ceux que vous aimez.

Christian Cession Animateur de l’Atelier d’écriture

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D’abord, un personnage – tendresse.

Georges

Georges, … cet adolescent un peu rêveur, révolté et un peu poète : Il se réveillait doucement le matin en goûtant encore à la chaleur de sa couette.

Lentement, il sortait de son lit, allait à la fenêtre et l’entrouvrait pour humer l’air frais du matin et les senteurs florales des jardins. Il posait ensuite un baiser sur la bouche de sa compagne qui le laissait chaque fois à son petit rituel, un peu languissant pour elle…

Mais ses yeux grands ouverts lui renvoyaient toute sa tendresse. Il passait son café à l’ancienne, pour le plaisir de verser régulièrement l’eau sur le café, en humant l’atmosphère tiède et rassurante de sa cuisine, pour le bonheur d’un moment de paix intérieure. Il appelait ensuite sa compagne contre lui ; la main autour de sa taille, il l’invitait à boire sa première tasse de café. En cet instant, il préférait le silence aux mots, son regard plongé dans la chevelure et le visage de son amie. La caresse sur ses cheveux devenait le signal que la journée commençait, dans sa maison imaginaire, …

Bernard Lorge

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Puis, la tendresse joue avec nos oublis.

J’ai oublié la tendresse

J’ai oublié la tendresse au saut du lit, quand la colère hurle dans ma tête en voyant un moustique sur le bout de mon nez jusqu’à briser ma tasse de café.

J’ai oublié la tendresse en haut de l’escalier, au fin fond du grenier sur un grain de poussière sur un disque rayé dans un vieux souvenir emberlificoté par une toile d’araignée.

J’ai oublié la tendresse dans une rue asphyxiée, dans un quartier sans âme, dans un métro bondé, sur le quai d’une gare abandonnée, dans une forêt dévastée, jusqu’à courir, courir … pour la retrouver.

J’ai oublié la tendresse sur un coin d’oreiller dans un cauchemar sans fin où je me demande sans cesse pourquoi, pourquoi … j’ai dû oublier la tendresse.

Caat

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Plusieurs textes évoquent la tendresse en faisant un détour par le cauchemar ou par le rêve d’amour.

Quelle angoisse !

Quelle angoisse ! J’ai rêvé que j’avais embarqué sur le Titanic.

Je ne trouvais pas la chaloupe pour embarquer et fuir. J’étais encerclée de cris, de pleurs, de prières : c’était horrible et par-dessus tout il y avait une musique, une musique étrange qui galvanisait, qui envoûtait et qui précipitait dans l’océan noir femmes et hommes perdus sans espoir !

Au moment de me précipiter dans le vide, je m’éveillai, en sueur, dévastée, la peur au ventre, parvenant difficilement à reprendre pied dans la réalité mais si heureuse d’avoir retrouvé la tiédeur apaisante du lit, soulagée par la présence aimante et chaleureuse de mon mari à qui je racontai ce mauvais rêve et retrouvant dans ses bras le calme et la sérénité pour ensoleiller ma journée.

Billus

Le rêve J’ai rêvé que j’allais à la rencontre des baleines J’ai rêvé que j’étais en haute mer J’ai rêvé d’un rêve où tout le monde était heureux J’aime bien, de temps en temps, rêvasser Me souvenir de moments agréables Je rêve que ce qui me semblait impossible devient possible Je rêve d’une porte qui s’ouvre avec facilité sur la tendresse La vie est un combat. L’amour en est le rêve Alors si vous avez aimé, vous avez vécu.

Axel Geeregat

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Le cauchemar du chien Quel cauchemar ! Il faisait sombre. La pluie tombait à torrents sur le sol encore gelé. Le vent soufflait en mauvaises rafales. Je vous cherchais en vain. Je vous avais tous perdus.

J’appelais de tous mes aboiements. Des plus aigus aux plus bruyants. Je sautais de collines en bosquets, éperdu, égaré.

Puis, je les entendis au loin. Ils paraissaient nombreux. Leurs jappements m’étaient à la fois connus et inconnus. Très vite (c’est le pouvoir du rêve !) je compris qu’ils étaient mes ancêtres. On aurait dit des loups, et c’en était sans doute. Toute une meute hurlante et menaçante perçait le brouillard épais, et fonçait sur moi. « Allez ! Viens ! Viens avec nous !» Leurs voix dures et stridentes me transperçaient le tympan, et hérissaient les poils sur mon échine. Où voulaient-ils m’emmener ? Je n’y comprenais rien. Je criais « Non ! Non ! », espérant encore vous voir surgir à mes côtés.

L’un d’entre eux devait être leur chef. Avec plus de poils gris et raides autour de sa tête anguleuse, et une démarche claudicante, il se détacha du groupe et vint planter ses longues pattes avant tout contre les miennes. Museau contre museau, il me menaça d’un regard perçant comme un poignard. « Si tu refuses, tu nous trahis.» Trahi quoi ?... Que voulait-il dire ?... Le temps que je me pose la question, il avait aplati avec brutalité sa patte sur mon échine, m’obligeant à lever la tête. C’est au moment où, sortant de ses gencives rougeâtres, ses crocs puissants me sautaient à la gorge, que je me suis réveillé.

Et là… quel bonheur, mes amis, de retrouver vos regards attentifs. D’entendre vos voix si douces me questionner. De sentir vos mains bienveillantes caresser mon pelage et me faire oublier l’horreur cauchemardée.

Yma

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D’autres fois, la tendresse est traduite en sensations.

Ça me fait tourner la tête

La tendresse … me touche, me chatouille, m’attendrit, m’émerveille, me donne des ailes, me fait tourner la tête, me surprend là où je ne l’attendais pas, me donne envie de chanter, de danser, de respirer à travers champs, me fait voyager dans ses grands yeux bleus, me rappelle à toi, à ton regard d’enfant, à ton sourire charmant, me renvoie à des douces pensées, à des bons souvenirs, à des images fripées, me réchauffe le cœur, me fait fondre en larmes, m’éclabousse gracieusement, délicatement, douloureusement, me manque énormément, profondément, passionnément, me fait faux bond, me tire la tête, me tire la langue, me pique, m’égratigne, me chiffonne, me déchire, m’exaspère, m’étouffe, m’emprisonne dans ma tour de détresse, dans mes rêves d’antan, dans mes illusions perdues.

Caat

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Mais la tendresse peut aussi être évoquée sous la forme d’un mystère, élucidé ou non.

Un mystère élucidé Cet après-midi, j’ai décidé d’explorer un peu le grenier de ma maison. Je l’ai achetée il y a deux ans avec ma compagne et nous y avons vu quelques caisses appartenant à on ne sait qui ; « on ne le sait plus » nous a dit le vendeur. Je commence à ouvrir une caisse en bois vernis encore en bon état. J’allume ma lampe de poche et je fais glisser le verrou. Je découvre, à ma grande surprise, des dizaines d’aquarelles toutes plus belles les unes que les autres. Elles représentent des scènes de la vie quotidienne, des paysages, et des maisons du village et des environs d’après ce que je reconnais. Mais, mystère, aucun travail n’est signé ni daté. Je pense que grâce à ma collection de cartes postales photographiques, je pourrai mieux situer et peut-être dater ces œuvres si jolies. Je pars à la ville la plus proche chez le photographe Louis, en emportant quelques-uns de ces travaux et mes albums, pour en savoir plus. Il ne peut m’aider mais, il se rappelle que sa grande tante dont la fille est toujours vivante dans un home, a connu différents artistes de la région dans les années 1920. Elle a transmis ce savoir à sa fille qui est également peintre. J’ai appris deux semaines après qu’il s’agit des premières aquarelles de Marie Howet, peintre ardennaise bien connue et qu’elles ont grande valeur. Le mystère fût donc élucidé et je remis la précieuse caisse et son contenu à la famille Howet qui me remercia chaleureusement et projeta de faire une nouvelle exposition des œuvres de jeunesse de la célèbre peintre.

Bernard Lorge

Quand le mystère ne peut s’élucider

Je me suis rendue à Wernigerode, petite ville dans le Harz, connue pour les sorcières.

Ces sorcières se donnaient rendez-vous une fois par an sur le mont Brocken, la montagne la plus haute de la région. A quelle date ? Je me suis adressée à des habitants pour savoir quand les sorcières se retrouvaient sur le Brocken pour la nuit Walpurgis 1.

Et je décidai d’assister à ce spectacle mystérieux. La nuit en question, je m'approchai très 1

D’après Wikipédia, la nuit de Walpurgis, nommée en l'honneur de Sainte Walburge (710-779), est une fête néopaïenne qui a lieu dans la nuit du 30 avril au 1er mai. Célébrée clandestinement dans toute l'Europe depuis des temps reculés, malgré les interdits et les excommunications de l'Église, elle a été identifiée au sabbat des sorcières. Elle est surtout le symbole de la fin de l'hiver. Wernigerode et le mont Brocken se situent dans le Harz (en français, le Hartz), un massif montagneux couvrant environ 2 000 km2 au centre-nord de l’Allemagne.

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discrètement de la clairière en haut du Brocken. Tout d'abord, il n'y avait rien à voir.

Puis, tout à coup, j'ai entendu des cris et je croyais voir des femmes sur des balais voler dans les airs. Puis... j'ai dû perdre connaissance. Je me réveillai le lendemain seulement.

Une prochaine fois, peut-être pourrai-je percer le mystère du Brocken. Ou est-ce que j'ai tout simplement trop d'imagination ?

Karin

L’homme à la rose Depuis quelques temps, un homme venait tous les jours à la boutique. Il était vêtu d’un long pardessus gris, son chapeau enfoncé sur ses yeux. Il ne parlait jamais. Il me désignait une rose rouge chaque jour. Je la lui emballais. Il payait. Il repartait, toujours sans rien dire. Avec son chapeau, je ne voyais même pas l’expression de ses yeux.

Qui était cet homme ? Pourquoi ne parlait-il pas ? Qu’auraient dit ses yeux si je les avais vus ?

Cela faisait un mois qu’il venait tous les jours, quand un matin, il n’est pas venu. Sa présence, même silencieuse, m’a manqué. Je me demandais où il était, ce qui lui était arrivé, je m’inquiétais.

Le lendemain, il réapparut. Mais cette fois sans son chapeau. Je pu enfin apercevoir ses yeux. De grands yeux verts et tristes… De légers cernes… Il avait toujours son long pardessus. Toujours aucune parole… Toujours une rose rouge… Toujours sans chapeau… Et ainsi de suite pendant près d’une année. Il était toujours silencieux. Puis, un jour, il entra sans son pardessus et je fis un bond derrière mon comptoir quand il m’adressa un « bonjour » très jovial. « Aujourd’hui, ce sera un bouquet de lys blancs » me dit-il. « Mais… » Je ne savais pas quoi dire… Je bredouillais… Trop surprise, cette fois c’était moi qui étais sans paroles. « Il est temps de tourner la page » me dit-il « Hier après-midi, quand je suis venu déposer la rose sur la tombe de ma maman, j’ai vu une pousse de rosier qui commençait à sortir de terre… La vie continue ! Alors aujourd’hui, le bouquet de lys, il est pour ma femme ».

Philippine

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Au départ de textes courts, Yma et Caat ont réécrit et développé l’univers qu’elles identifient à la tendresse et aux sensations associées.

Bulletin météo Aujourd’hui, réjouissez-vous Votre astre un peu fou S’emploie dès potron-minet A vous emmener vers les sommets Il vous envoie dès ce midi le chenapan Ivresse et fol enivrement.

Prenez garde mes amis à trop d’adoration Elle vous conduirait illico Par votre inattention A l’extase un peu tôt D’autant qu’en début d’après-midi Arrivant du côté de l’ouest Des trombes d’eau au look funeste Risquent de provoquer chez vous Un douloureux renversement Aussi je vous conseille D’encore un peu patienter Le vent dont les rafales encore sommeillent Est attendu plus tard dans la soirée Vous serez bien avisés Les uns des autres vous rapprocher.

Ainsi arrimés Vous canaliserez mieux Ses élans fougueux Pour finir cette journée Au climat plus que mouvementé Je vous promets une petite brise enchanteresse Toute en douceur et caresses Qui vous laissera tout alanguis À l’entrée de la nuit.

Yma La Carte du tendre 2017

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Si la tendresse…

Si la tendresse sonnait à ma porte, j’ouvrirais grand toutes les fenêtres, tous les tiroirs et placards de ma maison pour la laisser s’immiscer dans tous les coins et recoins, Si la tendresse était un chiffre, ce serait le chiffre trois car jamais deux sans trois, Si la tendresse devait s’écrire, elle s’écrirait en catimini, sous forme de pattes de mouches, comme si elle ne voulait pas faire de bruit, Si la tendresse était un message, ce serait une lettre d’amour glissée délicatement dans ma boîte aux lettres, Si la tendresse était une image, ce serait un paysage flou où deux silhouettes, au loin, se rejoindraient dans la brume, Si la tendresse était une peinture, ce serait un tableau d’un bleu éclatant où je plongerais les yeux fermés pour y retrouver le goût de l’azur perdu, Si la tendresse était une pierre, ce serait un petit caillou blanc glissé au fond d’une poche ou un doux galet gris qui ferait des ronds dans l’eau, Si la tendresse était un arbre, ce serait un saule pleureur qui laisserait couler ses larmes sur mes joues pâlies de mélancolie, Si la tendresse était une fleur, ce serait un pissenlit qui disperserait toujours plus de tendresse à chaque souffle du vent, Si la tendresse était un animal, ce serait un éléphant rose dans un magasin de porcelaine, qu’on aurait envie de prendre dans ses bras pour lui éviter le moindre fracas, Si la tendresse était un aliment, ce serait un petit pois, tout vert, timidement minuscule et à l’air tendre, égaré dans un plat de carottes persillées, Si la tendresse était à portée de main, je la toucherais du bout des lèvres, du coin de l’œil, je la cueillerais ici et là, au détour d’un chemin, sur le bord d’un trottoir, je la verrais au loin, devant et derrière moi, je l’entendrais minute après minute, seconde après seconde, je la sentirais partout, autour et tout au fond de moi, je la respirerais sans arrêt, sans regret…

Mais si la tendresse devait se perdre dans l’essoufflement des corps, dans le labyrinthe du temps, devait foutre le camp comme ça, comme un courant d’air, sans rien dire en passant, ce serait tout simplement, comme une bombe, lancée en plein cœur, à retardement.

Caat La Carte du tendre 2017

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Mais la tendresse peut aussi se décliner sur le mode du haïku japonais2.

Brièvement La folle tendresse Rempart Contre La solitude Aller de l’avanttendre Quoique qu’il en soi Confiance en soi Abandon vers toi Sont des moments Où l’on s’oublie Pour aller vers la tendresse Axel Geeregat

Parfois, la tendresse est trop étourdissante…

La tendresse est dure

Certains disent que, pour un autiste, il est dur de comprendre les émotions des autres gens. La tendresse est une émotion dure à comprendre pour moi comme pour beaucoup d'autres … c’est comme chercher un diamant rare dans les entrailles d'une mine où il n'y en a pas...

La tendresse est une émotion dure pour ceux atteints d'un handicap ou d’un trouble moteur de la concentration... une chose qui fait que vous avez horreur des contacts des autres parce que c’est à vous rendre nerveux voire même angoissé.

Complexe comme un puzzle est la tendresse… La tendresse est un dédale pour la pensée, qui vous étourdit l'esprit et l'âme.

Florian Celis 2

Haïku : court texte de quelques syllabes condensant une impression pour lui donner plus de force.

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Imaginer la disparition ou la fin de la tendresse, c’est encore la faire vivre.

Quand la tendresse fout le camp La tendresse fout le camp, faisant place à l'égoïsme, au désintérêt de l'autre.

La tendresse fout le camp et le cœur de l'homme s'assèche, et les sentiments ne parviennent plus à s'exprimer et la joie et l'amour disparaissent.

La tendresse fout le camp Tu ne me regardes plus Notre enfant souffre Notre couple s'effrite La tendresse fout le camp et ce « vide » nous assèche Nous laisse indifférents devant les malheurs du monde.

La tendresse fout le camp et cela se voit, s’entend dans toute création, dans la peinture, dans l'écriture, dans la musique.

Billus

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La tendresse a ses lieux en chanson et ses jardins.

Un lieu de la tendresse

Il est si doux Le message du gros chat roux Tout alangui Au beau milieu du tapis Est-ce la trêve ?

Ou juste un rêve ?

Si enveloppants Les coussins aux tons vibrants Eparpillés Sur les divans dès l’entrée Est-ce la trêve ?

Ou juste un rêve ?

Reflets dorés De sous la lampe envolés Effluves gourmands A nos narines accourant Est-ce la trêve ?

Ou juste un rêve ?

Bonjour Tendresse De tes caresses Le monde a faim Tends-nous la main Yma

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Le jardin de la tendresse Pois de senteur, pois à écosser Fleurs de couleurs, arbustes touffus Le jardin de mon père C’est comme des verts, des mauves et des lilas C’est fleuri et tout en senteurs Légumes et graminées s’y côtoient Parfums de géraniums, de sapins et de poireaux A chaque pas son charme Le jardin de mon père C’est comme des verts, des mauves et des lilas Un sentier bordé de soucis Vous y mène Les fleurs y laissent tomber toutes leurs graines Un peu sauvage Un peu soigné Chaque coin de ce jardin Vous laisse étonné Le jardin de mon père C’est comme des verts des mauves et des lilas Certains y voient Un jardin de curé Tant les plantes y sont En quantité Appuyé sur sa canne Marchand avec difficulté Mon père continue A s’en occuper Le jardin de mon père C’est comme des verts des mauves et des lias Sans s’y limiter Bernard Lorge

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Dans le jardin ou ailleurs, la tendresse transforme le fortuit en surprenant.

Un événement imprévu Ce matin, j’ouvre la boutique comme d’habitude. Je vide ma camionnette qui est remplie de fleurs. Tulipes, roses, jasmin, jacinthes, gypsophile, jonquilles, marguerites… le plaisir de respirer ces parfums se renouvelle chaque jour. Soudain, j’entends un léger bruit aigu. Je sursaute. Ce doit être un pot de fer qui en a cogné un autre. Je transporte le bac avec les tulipes quand j’entends à nouveau un faible cri. Je dois être en train de rêver…

Mais le petit cri recommence alors que je suis en train d’arranger les tulipes. Cette fois, il n’y a plus l’ombre d’un doute, il y a quelqu’un ou quelque chose qui m’appelle. Je regarde autour de moi mais je suis seulement entourée de mes fleurs.

J’entends à nouveau le cri, il semble venir des tulipes… Je les examine avec attention et c’est là que je l’aperçois… Une petite coccinelle… C’est elle qui m’appelle et je distingue vaguement ses « à l’aide », « à l’aide »,… Je la prends sur la paume de ma main et l’approche de mon oreille. Sa petite voix m’explique qu’elle a cassé ses ailes et qu’elle a soif. Elle a peur et se sent toute seule…

Alors je vais chercher de l’eau et en fait tomber une goutte sur la paume de ma main pour qu’elle puisse boire et je la rassure.

Depuis ce jour, la coccinelle est restée dans la boutique. Elle a trouvé son bonheur parmi les fleurs. Et je lui parle quand il n’y a pas de clients et que nous sommes seules. Elle est devenue mon amie, ma confidente, ma bête à bon dieu.

Philippine

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Enfin, la tendresse elle-même s’invite et s’invente en mots nouveaux.

Tendredérive Rive Tendre Dans le galop de nos vies halte - là , pour un instant d’éternité sur les bancs de la Rive Tendre Tendrissitude Dans le couloir de la tendrissitude des visages pâles et éteints stupeur … j’ai cru croiser le mien Tendrinite Atteinte de tendrinite aigüe telle une baleine, je me suis échouée au large du ciel bleu de tes yeux Distendresse Fleurs fanées délaissées miettes de lettres déchirées fragments d’une distendresse annoncée

Attendrez-moi Jour de tempête un corbeau passe au secours… attendrez-moi Caat

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L'ATELIER DE PEINTURE 2016-2017 : UN ITINERAIRE AUX HORIZONS INDEFINIS DU TENDRE « Je crois que la tendresse fait partie de ce mouvement qui est de parcourir un chemin bordé de sensations et de sentiments où se trouvent mêlés bienveillance, acceptation, abandon et aussi confiance, stimulation, étonnement, découverte. Pour suivre ce chemin, peut-être faut-il accepter de dépasser des peurs, de sortir des préjugés, d'affronter l'inconnu d'une rencontre.»

Jacques Salomé

Connaissez-vous la « Carte de Tendre » ?

C'est une cartographie d'un pays imaginaire – dénommé Tendre – dont on attribue la première représentation graphique à François Chauveau qui, au 17ième siècle, réalisa cette illustration pour la suite de romans baroques « Clélie, Histoire Romaine » par Madeleine de Scudéry.

Dans cette allégorie des étapes de la vie amoureuse, on y chemine le long des fleuves, traversant des cités aux appellations pittoresques, qui nous invitent à éviter les écueils et périls obstacles à la tendresse des sentiments.

Cette carte ayant connu maintes variantes au fil des âges, nous avons souhaité débuter notre périple en territoire de Tendresse en la rafraîchissant par la couleur et en nous réappropriant nous aussi les parties qui nous plaisaient le plus.

Très vite, l'idée d'alliages possibles avec d’autres Matériaux tendres est apparue dans les créations : tissus, ficelles, plastiques doux, ouates cotonneuses ou encore fleurs symboliques ont alors rejoint les couches de peinture acrylique.

Le concept de « Carte » nous rappelle aussi les Paysages de Tendresse que nous pourrions avoir envie de parcourir : ce sont ciels nocturnes ou solaires, ballet des nuages ou des eaux, villes ou pays en escales marquantes qui ondulent de couleurs tendres sur le papier. Chacun apporte aussi son ou ses Objets de Tendresse, ceux qui nous réconfortent et/ou nous amusent : instruments de musique, figurines de porcelaine, nounours affectueux, écrin du souk, …

Puis, avec la gamme des Autoportraits, nos artistes s'interrogent sur la notion de quête existentielle, le fameux « qui suis-je ? » : pendant que certains vagabondent dans une recherche sur leurs origines, d'autres utilisent l'encre de Chine pour tracer d'autres sinuosités, d'autres détours, d’autres silhouettes à des parcours parfois affectés par la brutalité, l’abandon ou le manque de tendresse.

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Et bien sûr, au pays du surréalisme, nous avons eu envie de revisiter à notre sauce d'autres œuvres d'artistes, qu'ils se nomment Klimt, Modigliani, Picasso, Rembrandt ou Pjota... avec une certaine dose d'impertinence... et de tendresse !

Si bien qu'à l'atelier Peinture, particulièrement cette année, nous pouvons dire que nous avons ri, que nous avons voyagé, que nous avons déplacé les frontières, que nous nous sommes rencontrés, que nous nous sommes surpris... et que nous nous sommes émerveillés, troublés aussi quelquefois, devant tant de manifestations variées du Tendre... ce qui est peut-être logique si l'on en croit le philosophe : « C'est chose tendre que la vie... et aisée à troubler » (Montaigne)

Roxana Alvarado, Animatrice de l'Atelier Peinture et Lionel Thibout, co-animateur des Ateliers Peinture et Écriture

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Remerciements Sans eux, nos projets n’existeraient pas :

Merci à Madame la ministre Alda Gréoli et le service de la Créativité et de l’Education permanente du ministère de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Communauté française) ; Merci à Madame la ministre Cécile Jodogne et le service Santé de la Commission communautaire française (COCOF) ; Merci à Madame la ministre Fadila Laanan et le service Culture de la Commission communautaire française (COCOF) ; Merci au collège des Bourgmestre et Echevins de la Commune d’Etterbeek, et tout spécialement Madame Colette Njomgang-Fonkeu, échevine de la Culture, de la Santé et du Bien-Être ; Merci à la fondation EUROPSY pour son soutien et sa confiance renouvelée depuis 2005; Merci à l’asbl Addictions qui nous soutien, nous accueille dans ses locaux et nous rend une multitude de petits services au quotidien; Merci au Dr Denis Hers, au conseil d’Administration de l’Atelier Côté Cour et à tous ses membres; Merci à toute l’équipe du 3G des Cliniques de l’Europe, site Saint-Michel, pour la création de notre association et pour la chaleur et la solidarité de longue date d’une équipe; Merci à Martin Smets et toute l’équipe administrative et technique du SENGHOR, Centre culturel d’Etterbeek, qui nous accueille chaleureusement et généreusement chaque mardi depuis plusieurs années.

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