Dossier de dramaturgie naître ou ne pas naître 6 et 7 juillet 2017

Naître ou ne pas Naître Dossier de dramaturgie La Compagnie Côté Cour

"- Pourquoi tu n'écris pas une histoire vraie un de ces jours?

- Parce que tu crois que les histoires que j'écris ne sont pas vraies? (rire)" Extrait de "En amont du fleuve" (scénario de M. Hänsel)

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Sommaire

1. L’équipe 2. De Bertolt Brecht à Marion Hänsel : la tendresse 3. Messages de Jocelyne, Isabelle et Colette à Marion Hänsel 4. Renaître en tendresse 5. « Sur la terre comme au ciel » : Les fœtus en conflit avec le monde 6. La tendresse, par Béatrice Thomas 7. Du cinéma au théâtre 8. Créer son personnage : l’acteur et son rôle 9. Les acteurs parlent de leur personnage 10. Biographie de Marion Hänsel 11. Filmographie de Marion Hänsel 12. Remerciements

« J’ai déterré la boîte sous le pin, à l’intérieur il y avait une feuille où il était écrit : "Celui qui a le courage de traverser ici, mérite d’avoir une belle vie." J’ai regardé l’eau noire glacée. Je me suis dit que le message disait la vérité. Tu vois ? » Extrait de « Noir Océan » (scénario de Marion Hänsel)

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1. L’équipe

Les comédiens Mohamed Atlassi : Le capitaine ; film « Noir Océan » Jocelyne Bidart : Li ; film «LI - Between the Devil and the Deep Blue Sea » Colette Boet : Eva, films « Le lit » et « Sur la terre comme en ciel » Anne Bourtembourg : la chanteuse d’opéra, film “Il Maestro » + texte de Béatrice Thomas Elisabeth Djuric : Marion, film « Nuages – Lettres à mon fils » Marc-Aurèle Girardin-Fascioda : Marcos, film « Noir Océan » et « En amont du fleuve » Anne Lorette : Le fœtus et Valentine, films « Sur la terre comme en ciel » et « Li » Isabelle Maloteau : Lisa, films « La Tendresse » et « Sur la terre comme en ciel » Hassan Moarefian : Niemand ; films « La faille » et «Il Maestro » Giorgos Sapountzoglou : Nikos ; films « La faille » et « Li – Between the Devil… » Michel Soubies : Bruno, films « Le lit », « Sur la terre comme en ciel » et « Il Maestro » Béatrice Thomas : Mary Caroline, films « Sur la terre comme en ciel » et « Le lit » Carine Wattier : Nicole, « Les Noces Barbares » et « Dust »

Graphisme et affiche : Magali Cadelli Dossier de dramaturgie : Georgios Sapountzoglou, Lionel Thibout, Viviane Wansart et tous les comédiens

Compositions musicales et installation sonore : Michel Berckmans Mise en scène, écriture du montage et scénographie : Viviane Wansart, assistée de Georgios Sapountzoglou

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2. De Bertolt Brecht à Marion Hänsel : la tendresse

La Compagnie Côté Cour avait, jusqu’à présent, travaillé et présenté des pièces d’auteurs de théâtre reconnus du répertoire contemporain, comme Manfred Karge (2009) et Bernard Chartreux (2014), ou du répertoire classique comme Anton Tchekhov (2010), Jules Romain (2011), Michel de Ghelderode (2012), Friedrich Dürrenmatt (2013), William Shakespeare (2014) et enfin, Bertolt Brecht l’an dernier, en 2016.

Avec la pièce « Le Cercle de craie caucasien » de Bertolt Brecht, la troupe s’est confrontée à un style de jeu qui nécessitait des interactions avec le public et une distanciation critique par rapport à son personnage et la société. Brecht nous a appelés à « écouter la veuve et l’orphelin », il nous a parlé de justice sociale et de tendresse humaine. Brecht nous a aussi donné envie de parler davantage de nous, de trouver nos propres chemins détournés de théâtre pour raconter les interrogations, émotions et passions qui nous habitent et qui habitent le monde qui nous entoure.

C’est alors que nous avons croisé sur notre route la réalisatrice Marion Hänsel. A un moment de mise en point surprenant : au centre de contrôle technique automobile juste avant de prendre la route des vacances ! De cette rencontre fortuite est né le désir de voir ou revoir ses films. Son dernier film s’appelait « La Tendresse »…

Marion Hänsel « fait partie de cette génération de réalisateurs qui ont permis d’universaliser le cinéma belge en abordant des sujets touchant l’inconscient de tous les peuples. » 1 Avec son accord, nous avons plongé dans l’océan de ses films, nagé avec bon nombre de ses personnages pour s’en imprégner, les faire revivre parfois, sur un autre continent, dans un autre temps, un autre âge, un autre sexe, et de les faire se rencontrer pendant les neuf mois de nos ateliers du mardi.

En partant de l’intime, de l’état du fœtus à celui de mourant, en privilégiant la liberté d’expression et d’expérimentation à travers des improvisations, en regardant ensemble ses films, en nous nourrissant aussi d’expériences personnelles, de lectures de romans, poèmes, articles et textes scientifiques, le thème de « La Tendresse » fut le fil conducteur de notre processus.

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Source : http://marionhansel.com/biographie/

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3. Messages de comédiennes pour Marion Hansel

Chère Marion Hänsel Un geste tout petit, noble, du quotidien, de l’attention à l’autre malgré les embûches de la vie. Les films, vos films qui s’adressent à tout le monde, c’est la liberté. Touchant, éveillant les consciences… Les larmes coulent…

De toute évidence, j’ai vécu des morceaux de ma propre vie dans vos films. De très fortes émotions m’ont envahie dans mon être par leurs singularités.

J’ai eu un grand plaisir de vous connaître à travers l’inspiration qui nous a guidés au théâtre à l’Atelier Côté Cour, tout au long de cette année consacrée au thème de « La Tendresse ».

Les voyages que nous avons faits avec vos films, la nature, les silences… ont laissé des traces dans mon esprit comme des peintures vivantes dont je ne me lasse pas.

Amicalement tendresse, Jocelyne Bidart (alias Li)

La « mère du cinéma belge » qui m'emmène au milieu des nuages, sur un bateau ou à la montagne. Musiques et silences qui en disent long. Je suis souvent bouleversée par les thèmes, les relations entre des personnes, fils rouges entre les films.

La tendresse, l'amour des parents ou les manques qui peuvent tous nous toucher. Elle est simple, elle prend son temps, elle parle à mon inconscient.

Je me retrouve souvent dans cette fiction-réalité, à partager un même point de vue, à réaliser que souvent la vraie vie et le Monde de Marion ne sont pas si éloignés.

Grâce à toutes ces réflexions, je pense avoir gagné de la maturité.

Merci Madame Hänsel, on ne vous décevra pas.

Isabelle Maloteau (alias Lisa/Mary) " (…) Merci de nous laisser libre. Merci de nous avoir donné de la matière pour notre création, le goût de ne pas être conventionnelles et l’envie profonde faire passer un message. Petit à petit, comme des cercles dans l’eau, créer notre spectacle... Nous serons heureuses de vous rencontrer et de partager ces moments avec le public."

Colette Boët (alias Eva) 5

4. Renaître en tendresse

« Parce que la vie est fragile, nous avons besoin de tendresse... parce qu'au fond, la tendresse c'est l'amour de la fragilité de l'autre ou l'amour de l'autre dans sa fragilité. » André Comte-Sponville

L’an passé, notre thématique / fil rouge était « La Démocratie », ce qui nous amena à nous positionner et à nous investir vis-à-vis des événements de cette actualité « critique » qui parfois nous dépasse (crise des migrants, crise financière, crise médiatique du terrorisme, ...). Nous sommes peut-être devenus plus actifs en tant que citoyens et artistes.

La conclusion de nos projets artistiques sur ce thème nous laisse cependant en suspens : est-ce que la démocratie que nous vivons aujourd’hui est juste et équilibrée? Comment « vivre-ensemble » dans de meilleures conditions, avec équité et égalité? Ne faudrait-il pas inventer une autre démocratie, plus adaptée aux besoins du monde actuel en mutation?

Le développement de nos questionnements nous mène dès lors vers un sujet à priori inattendu... Et si la tendresse pouvait être considérée comme un élément primordial pour retrouver individuellement son humanité et son innocence, afin de créer des liens plus solidaires avec les autres et, peut-être, construire une nouvelle perception de la vie?

Mais comment devenir solidaire si on n'accepte ni n'engage sa propre tendresse ?

Comment changer le monde si on ne travaille pas en parallèle à sa propre révolution?

Le théâtre a la capacité de nous conduire vers une exploration de notre inconscient tant personnel que collectif, pour parcourir différents terrains de la tendresse mais aussi ceux de ses adversaires : la frustration, le manque, la brutalité ou encore l'indifférence.

Mais en définitive, espérons-le, à l'instar de l'acteur et metteur en scène français Louis Jouvet : « Le théâtre rend aux hommes la tendresse humaine. »

Notre première rencontre avec le sujet de la tendresse nous a renvoyé à notre propre tendresse, à notre propre expérience de recevoir et d’offrir de la tendresse. Dans la phase des « premiers pas », nous avons parcouru la littérature en cherchant des relations de tendresse pour nous inspirer : « Les Misérables » de Victor Hugo, les lettres de l’écrivaine française Colette, les poèmes de la poétesse grecque Kiki Dimoula, la biographie de Virginia Woolf, ... Nous insérons également dans nos improvisations Gilberte, personnage né à l'atelier d'écriture qui passe la majeure partie de son existence 6

dans sa cuisine... avant d'y être assassinée ! L'enquête sur ce véritable Cluedo familial fait ressortir des thématiques : la colère, l’habitude, la liberté de choisir, la soumission totale... et Gilberte, a-t-elle eu de la tendresse dans sa vie ? Est-ce qu’elle a pu offrir de la tendresse ?

La rencontre annuelle de l’association et de ses membres avec notre « parrain » le psychiatre Jean-Claude Métraux est l'occasion pour nous de montrer le résultat de nos investigations, et d'y introduire trois autres questions : Pourquoi a-t-on besoin de tendresse? Pourquoi la tendresse peut-elle faire peur ? Pourquoi, comme artistes, a-t-on besoin de travailler la tendresse, et comment essayer d'exprimer la tendresse ?

5. « Sur la terre comme en ciel » : les fœtus en conflit avec le monde

Les nouvelles questions nous ont menés à de nouvelles pistes de recherche : le monde qui change et l’actualité politique, les changements climatiques, les guerres, la quête d’identité, ... nous conduisent peu à peu vers des personnages en crise existentielle.

Interpellés par le film « Sur la terre comme en ciel » de Marion Hänsel, dont le scénario imagine des fœtus qui refusent de naître, nous décidons de prendre ce scénario comme point de départ.

Nous nous mettons également à écrire des monologues de fœtus qui parlent à leurs mères et des monologues de mères qui s’adressent à leurs fœtus... Tous ces différents fœtus, conçus dans différentes situations et cultures, ont tous un point commun important : contrairement au film, nos fœtus ont envie de vivre et ils s’accrochent à la vie, et ce sont les parents et l’humanité qui ne sont pas prêts à les accueillir ; malgré les difficultés de la vie, la guerre, la peur des soldats nazis ou encore des parents immatures, nos fœtus sont des combattants qui veulent naître...

Nous approfondissons de nouvelles pistes de recherches, relatives à la maternité, aux relations parentales, à la génétique, aux boîtes à bébés, aux mères porteuses, aux gestations in vitro, P.M.A.(Procréation Médicalement Assistée) et GPA (Gestion Pour Autrui). Nous consultons des ouvrages de poètes, de philosophes, de féministes, de psychanalystes ou d’éthologistes qui traitent de la question. Nous nous en amusons en improvisations autour de questions comme, par exemple : un homme seul peut-il adopter un enfant ? Tendresse pour un être, un objet, un animal, pour l’humanité, pour Dieu, tendresse en temps de paix ou en temps de guerre…

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6. La tendresse, par Béatrice Thomas

Je m’appelle Edna.

Dans le camp d’Auschwitz, les baraquements des femmes et des hommes étaient séparés par les rails de trains qui conduisaient à la mort. Cette allée grillagée était surveillée par des chiens et des schlags.

Dans l’immensité du camp, balayé par les vents et la pluie, le froid était constant.

Nous disposions dans chaque baraquement de lits en bois superposés. Nous étions trois par lit. Une seule couverture trop étroite pour couvrir trois corps.

Nous les femmes, nous avions décidé de dormir serrées les unes contre les autres. Nous avions établi un roulement entre nous afin qu’une nuit sur trois, l’une de nous soit au chaud, et se réchauffe de nos corps. Sans pudeur. Cette tendresse nocturne nous réconfortait du mal que nous subissions.

Les hommes avaient un rapport au corps plus pudique et n’osaient pas se blottir les uns contre les autres.

Les hommes mouraient plus vite que les femmes, de froid.

Photo : Sem Presse

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7. Du cinéma au théâtre

Le cinéma de Marion Hansel est un cinéma lent, contemplatif et infiniment poétique.

Chaque image semble sélectionnée avec soin pour garantir un équilibre sur la totalité du film, souvent comme une invitation au voyage, à la multiculturalité, à l'humanisme universel.

La plus grande différence entre le théâtre et le cinéma est le temps du déroulement. Au théâtre, l’action se passe « ici et maintenant », devant un public qui vit lui une mise en mouvement intérieure autant que le comédien.

Dans notre approche théâtrale des films de Marion Hänsel, nous avons cherché à approcher avec respect les scénarios des films et à faire du théâtre avec ces matériaux.

L’objectif n’était pas d’imiter les personnages cinématographiques mais de trouver la racine de leur histoire unique et de leurs situations émotionnelles, afin les aider à fleurir dans un autre environnement qui possède ses propres règles. Nous avons dû réinventer les histoires de chacun et créer de nouveaux liens entre nos personnages. Il nous a fallu ouvrir la parole et le mouvement, pour après, trouver l’équilibre organique de chaque personnage en chaque comédien : appliquer les justes énergies corporelles et investissements émotionnels, soutenus par les ambiances sonores que notre compositeur a préparés pour nous accompagner dans cette quête existentielle.

8. Créer son personnage : l’acteur et son rôle

Nos personnages semblent avoir survécus à un naufrage, réel ou métaphorique. Ils sont en ballade ou de passage dans un port, en bord de mer, entourés par des bruits maritimes. Ils se rencontrent, des destins se croisent, leur apportant de nouveaux paramètres pour effectuer des avancées, chacun dans leur propre vie. Ces petits pas se dirigent vers l’arrière ou vers l’avant, mais l’important est qu’ils se mettent en mouvement, ensemble vers quelque part, comme une danse existentielle, le long de cette plage infinie...

La création de nos personnages a traversé différentes étapes de construction. Nous avons découvert la filmographie de Marion Hänsel. En empruntant son langage poétique universel, notre désir était de créer une partition qui détonne du langage quotidien. Les comédiens ont choisi les films et les scènes qu’ils souhaitaient travailler. Nous avons retranscrit ces scènes, en cherchant à insérer parfois d’autres personnages.

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L’objectif était de comprendre les enjeux de la scène et ce que dit et désire le personnage « qui n’est pas moi mais qui doit exister à travers moi sur la scène ». Où sont les limites de l’intime et de l’imaginaire du comédien? Je joue ou je suis mon personnage ? Et si je joue mon existence ? Est-ce qu’on peut exister sans le jeu ? Une chaîne relationnelle entre les personnages a été développée, où chacun possède et partage son univers personnel, son passé, ses envies et sa quête d’identité.

Du début de notre procédure jusqu’à la création du spectacle, nos personnages sont en interaction avec les autres personnages, afin d’arriver à créer une conscience et un imaginaire collectifs. Les questions que nous nous sommes posés : •

Les envies, rêves et intentions : pourquoi mon personnage entre-t-il sur scène ?

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Quels sont les obstacles auxquels il est confronté ?

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Comment laisser mon corps agir et réagir pour créer des situations « organiques » ?

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Comment se souvenir des interactions précédentes ? Comment construire ensemble une conscience et une culture collective ?

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Quelles sont les relations entre mon personnage et les autres ?

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Quel est le passé, le présent et le futur de mon personnage ?

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Qu’est-ce que mon personnage fait dans sa vie, quand il n’est pas à cet endroit?

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Chercher de la documentation, des poèmes et des textes pour nourrir l’imaginaire de mon personnage…

Trevor Howard et Jane Birkin dans « Dust »

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9. Les acteurs parlent de leur personnage

Le capitaine, par Mohammed Atlassi

Je m’appelle Amir et je suis marin, de passage au port belge d’Anvers, avec un vieux rafiot que l’équipage a vendu. Je ne connais pas beaucoup le port d’Anvers et sa région parce que notre cagot est venu de Chine. J’ai beaucoup navigué dans ma vie et j’ai consommé beaucoup d’opium en mer avec mes collègues.

J’ai rencontré Caroline à Anvers, son ancien conjoint est mourant. Je me suis promené avec Caroline et mon collègue Marcos et j’aime bien de les faire rire.

Il y a longtemps que la marine ne me dit plus rien. Et je me souviens de mon enfance dans une région de collines que traversait une large rivière. Je me souviens aussi de la première fois où mon cœur s’est brisé, c’était la fin de quelque chose, avant de grandir et de retrouver le courage et la confiance en moi.

Dans cette boite sous le pin, il y avait une feuille, où il était écrit : « Celui qui a le courage de traverser ici, mérite d’avoir une belle vie. » Je suis devenu marin sans même l’imaginer. J’ai posé l’ancre devant ce ponton belge, un beau grand port de Belgique, mais c’est peut-être trop tard ou trop tôt pour moi…

Mais toi, fais-le, arrête l’opium. Ton capitaine et ami marin, je te le souhaite. Amir

Edna, par Anne Bourtembourg

Je suis une cantatrice. Réfugiée juive pendant la guerre. J'ai fui en prenant une autre vie, une autre identité grâce à une professeure d'école.

La guerre est finie, et on me demande de jouer le rôle d'une chanteuse allemande aidant à l'extermination des Juifs. C'en est trop pour moi, je me sens perdue, et je ne sais pas pourquoi j ai accepté ce rôle.

J'ai envie de reprendre le cours de ma vie, sans tous ces évènements douloureux. Une vie où je pourrais à nouveau rire, danser, chanter, loin des souvenirs de la guerre.

Il m’est impossible de chanter ça maintenant – c’est trop douloureux. J'ai juste envie de me laisser à nouveau vivre. Je regrette d'avoir accepté ce rôle qui me replonge dans une douleur extrême.... J'ai besoin de légèreté, de vie, de vivre ma vie.

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Li, par Jocelyne Bidart

Mon nom est Li, je suis née en Chine il y plus au moins 50 ans. Je recherche ma famille, ma sœur aînée qui a été enlevée par des hommes lorsque j’étais encore petite. Mon travail me donne l’occasion de voyager partout dans le monde car je suis photographe en documentaires et reportages sur des sujets divers : nature, histoires humaines, curieuse des cultures d’autres pays.

Souvent, je fais des rencontres, de personnages étranges... Je voudrais les aider en discutant avec eux.

Justement voici une rencontre qui m’a troublée : ce jeune homme, Nikos, à la recherche d’une femme qui pourrait lui donner un enfant. Il veut être père… Nikos et moi avons eu un échange très sympathique sur nos différences de cultures, sur les esprits protecteurs, les dragons de feu... Il croit que j’invente des histoires !

Comme cette recette des œufs à la chinoise... Il y a bien une recette mais, si l’on cherche un peu plus loin, le sens a sa raison.

J’aimerais bien le revoir sur la digue et l’aider à s’apaiser dans sa quête.

J’ai également rencontré Valentine sur la digue : elle m’a parlé d’un pasteur pour qui elle se dévoue, serviable et intentionnée, voudrait-elle se rapprocher de Dieu ?

Eva, par Colette Boet

Je m'appelle Eva. Mon compagnon, Martin, est décédé après de longues heures de souffrances. Notre amour, si fort, si intense, s'arrête ici.

Je vais devoir apprendre la solitude à présent, sans culpabilité...

Caroline a été d'un soutien incomparable et cette épreuve nous a beaucoup rapprochées.

Elle a repris sa liberté et vogue vers d'autres cieux.

Je lui ai souhaité bonne route ; nous nous sommes promis de nous revoir dans le futur et de nous faire part de nos nouvelles vies.

La liberté, cela vous tombe dessus… et pour ma part, je n'ai pas encore décidé de mon avenir...

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Mon ami Bruno, le médecin obstétricien qui lui aussi m'a apporté du réconfort durant cette éprouvante période, semble épris de moi mais je reste un peu sur la défensive ; il vaut peut-être mieux pour moi vivre à mon gré, voyager, faire de nouvelles rencontres dans d'autres contrées et surtout commencer par me retrouver, être à l'écoute de moimême, sans interférence.

La généticienne que j'étais, qui a fait son devoir en avertissant ses confrères de dangers imminents s'ils continuaient leurs recherches, n'est plus. Reste une femme, gourmande de la vie, avide de nouvelles sensations.

On dit de moi que je suis sensuelle, authentique, d'un naturel joyeux et positif... Gageons que mon devenir sera à la hauteur de mes espérances !

Marion, dans « Nuages- Lettres à mon fils », par Elisabeth Djuric

Dans ce film, je retrouve les thèmes récurrents de la filmographie de Marion Hänsel comme la force de la nature en lien avec les émotions les plus profondes, la filiation et les relations familiales, la contemplation et des nombreux silences.

Il s’agit de lettres d’amour d’une mère à son fils, de sa conception jusqu’à son envol à l’âge de 18 ans. Les nuages filmés deviennent de véritables personnages : chaque nuage correspond à un sentiment qu’il soit triste, tendre, joyeux ou colérique. Ces lettres sont illustrées par des images de nuages parfois apaisants, parfois en furie : ciels d’orages ou dégagés qui permettent à la réalisatrice d’accompagner les émotions décrites dans ces courriers. Chaque nuage accompagne ou décrit un sentiment vécu ou une sensation d’un moment ou une émotion d’une mère à l’égard de son fils. Toutes les séquences plus ou moins longues avec des cascades de nuages ou des torrents m’ont permis d’entrer dans cette relation intime de la mère du film avec son fils et m’y identifier en tant que maman.

Ce film dédicace m’a particulièrement touchée : j’y ai retrouvé cette relation forte et simple à la fois que je partage avec mon propre fils.

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Niemand, par Hassan Moarefian

Je joue un fugitif mystérieux dont le passé est inconnu. Dans sa fuite, il rencontre dans un port un homme qui lui donne à manger pour avoir de la tendresse affective ou sexuelle. Niemand refuse, l’autre insiste, Niemand le rejette et continue son chemin. Un peu plus tard, il cherche l’église pour se reposer un peu et demande à une femme en noir où se trouve l’église. Elle se trompe et le prend pour le nouveau pasteur qu’elle espérait pour remplacer le vieux pasteur décédé. Il saisit l’occasion et se présente comme le nouveau pasteur, le Révérend Niemand (« personne »). Elle l’invite dans le logement du pasteur, il trouve la Bible et commence à la lire pour la première fois de sa vie. Il donne un sermon qui touche non seulement les gens mais aussi lui-même. Il devient croyant grâce au destin qui l’a mené vers Dieu.

Un voyage plein de souffrance et d’humiliation qui le transforme en une meilleure personne, un derviche, moine errant. Il chante en persan : « Je suis un derviche et pour moi, la vie est seulement une poignée de terre / Tout ce que j’ai est juste un cœur pur / Tu savais que mon lit était la terre et ma couverture, le ciel / Malgré cela, Tu m’as abandonné / Pourquoi as-Tu laissé s’échapper l’oiseau d’espérance de cette maison ? »

Valentine, par Anne Lorette

Belge, Valentine est née à Ostende le 25 décembre 1970. Son papa, Pierre, et sa maman, Gilberte, étaient présents pour l’accueillir. Ils étaient heureux d’agrandir la famille.

Valentine a deux sœurs.

Mais Valentine souffrait de l’absence de son père, qui partait régulièrement en vacances sur son yacht. Il laissait son épouse à la maison et Gilberte passait tout son temps dans la cuisine.

Valentine quitte le milieu familial à 28 ans. Elle est très pieuse et aime son métier de servante d’un pasteur. Elle garde un bon souvenir du jour où elle a offert l’hospitalité et hébergé un nouveau pasteur. Elle l’avait trouvé bien sympathique, ce révérend Niemand.

Elle lui avait indiqué le chemin pour aller à la maison du pasteur. Avant d’arriver, il s’était blessé et Valentine prit soin de lui. Elle lui proposa également un repas.

Peu de temps après, Valentine rencontre une Chinoise qui lui adresse la parole. Elle voulait s’occuper de Valentine et se faire engager par elle. Valentine rétorqua qu’elle n’avait pas besoin que l’on s’occupe d’elle... En fait, Valentine cherche l’amour.

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Lisa, par Isabelle Maloteau

Une création collective ! Un saut hors du cercle de confort. À peine depuis deux ans dans la Compagnie et me voilà dans un autre monde. Une question de Viviane :" ça vous dit une création tous ensemble?" Personne n'en a jamais fait, la metteuse en scène non plus!

Et l'histoire commence, des recherches, des heures d’impros, des films à disséquer... De Virginia Woolf à Marion Hänsel, voilà mon parcours de création. Sans support écrit au début, c’est déstabilisant. Puis l’histoire se crée, dialogues des films cadeaux de Marion Hänsel mélangés à nos écrits. Petit à petit, les personnages apparaissent, de plus en plus dessinés... La machine est en route. On joue même un bout de la pièce à un événement. Je sais (enfin) qui je serai pour notre spectacle...

LISA (dans “La Tendresse”) : La petite quarantaine, épanouie, petit bout de femme sourire en coin, phrases du tac au tac. Elle ne garde que le bon côté des événements de sa vie. Un brin nostalgique peut-être... Lisa c'est une femme qui a confiance en l'être humain, qui offre de la tendresse aux autres et on le lui rend bien.

Un regard lointain, peuplé de souvenirs qui révèlent cette résilience qui amène à la maturité. Elle est surprenante de gentillesse avec cette petite pointe de folie enfantine.

«J'attends un enfant qui ne veux pas naître, c'est lui qui me l'a dit!

Des événements de ma vie, je ne retiens que le bon côté, en tout cas j'essaie.

Je crois en moi et vois aussi le beau côté des êtres humains qui m'entourent.

Je pense que ce qui m'arrive doit être vécu, une expérience de plus.

On pourrait me croire naïve, pas du tout!

J'ai quand même besoin de partager cette nouvelle expérience avec quelqu’un et justement je croise Bruno. Un obstétricien à la retraite à qui je me confie. Il veut me réconforter par rapport au bébé mais il ne m'écoute pas vraiment. Il reste très professeur, un peu macho mais je vois bien le doute s'installer quand je lui parle... !

Peut-être que mon présent est trop bizarre, il est quand même intrigué par cette histoire.

Je suis toujours cette enfant qui s'émerveille de plein de choses. C'est ma force je pense, ma bonne étoile qui guide mes pas sur les sentiers de la vie.

J'aime la mer, le port... J'écris au père de mon futur enfant, qui est parti bien loin d'Anvers, il me manque, je l'aime toujours même s’il a décidé de ne plus me répondre. Peut-être reviendra-t-il... Je ne sais pas, la vie continue.

La tendresse du cachalot... si ils le font alors nous aussi on peut le faire. » 15

Bruno, par Michel Soubies

Bruno est un obstétricien à la retraite nostalgique de sa période d’activité et ravi de confronter son expérience au gré des rencontres. Il est d’un tempérament joyeux et il manie facilement l’humour. Il est conservateur en matière de gestations et de naissances. Il est réservé vis-à- vis de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et hostile à la GPA (Gestation Pour Autrui).

Il est l’ami et le médecin de Martin en phase terminale et l’amant de sa femme Eva. Leur relation est extrêmement discrète. L’amour fusionnel entre Eva et Martin rend l’attente du dénouement très difficile à vivre pour Eva qui a besoin de prendre l’air. La liaison entre Eva et Martin tient aussi au fait qu’ils se sont rapprochés grâce à des activités communes à l’Université Libre de Bruxelles, dont une appartenance à une même loge franc-maçonne.

Bruno est né à Marseille (d’où il tient un accent tenace). Marié à une femme belge, il a fait toute sa carrière en Belgique et a décidé d’y rester pour sa retraite. Père de trois enfants, il les voit peu car ils sont très pris par leurs carrières. Il est veuf depuis 3 ans, sa femme ayant succombé à une longue maladie. Il a eu beaucoup de mal à se rétablir au point qu’il a été hospitalisé. Il en a gardé une altération de la mémoire : il ne se rappelle plus des évènements survenus au cours des derniers mois. Maintenant qu’il a surmonté cette période, il constate qu’il est fort attiré par les femmes... particulièrement par les femmes enceintes qui lui rappellent sa période d’activité.

Récemment, il a essayé de réconforter une femme enceinte aux yeux extraordinaires qui prétendait que les fœtus parlent. Encore une fois, il n’a pas voulu le croire. Il lui a expliqué que c’était impossible puis, pris d’une pulsion incontrôlable, il lui a dit : «Tu as de beaux yeux, tu sais ». Elle est partie choquée et ravie mais depuis il la cherche...

Abordant ce sujet avec Eva qui parle elle aussi de cet étrange comportement des fœtus, il est déstabilisé : il en vient à s’interroger sur le pourquoi les fœtus refusent de naître.

Nikos Chrysaor, par Giorgos Sapountzoglou

Chrysaoros dans la mythologie grecque est le fils de Poséidon et de Méduse et le frère de Pégase. Pour séduire Méduse, Poséidon se transforma en oiseau avec des ailes en or et la guida jusque dans un temple dédié à Athéna. Là, ils s'unirent et Méduse tomba enceinte.

Elle fut ensuite métamorphosée, ainsi que ses sœurs, en Gorgone par la déesse en colère, 16

pour avoir osé souiller le temple. Quand Persée trancha la tête de Méduse, les deux enfants de Poséidon furent libérés et jaillirent avec le sang qui gicla de son cou.

Chrysaor s’est marié à Callirrhoé, une Océanide qui lui a donné pour enfant le géant Géryon avec trois têtes qui a été battu par Hercule.

La mère de Nikos, gynécologue d’origine grecque très investie dans sa carrière, n’arrive pas à élever son enfant toute seule après l’abandon de son père peu avant l’accouchement. Elle a donc dû transmettre ses responsabilités envers son enfant à ses parents, n’ayant jamais du temps pour lui. Nikos se souvient d’elle devant le miroir, se préparant pour son travail et ses sorties avec ses collègues.

Toute la tendresse que Nikos a reçue au cours de sa vie lui est venue de ses grandsparents. Sa grand-mère lui racontait souvent des histoires de la mythologie grecque pendant qu’ils s’occupaient ensemble de la petite ferme familiale. Elle avait une manière unique de raconter des histoires très ludiques et stimulantes. Son grand-père menuisier travaillait toute la journée dans son atelier et il rentrait au coucher du soleil.

Nikos est devenu marin comme son père. Il ne l’a vu qu’une seule fois, lorsqu’il avait 5 ans, revenant d’un voyage en Thaïlande. Ce weekend-là, son père a beaucoup joué avec lui, ils ont mangé ensemble, il lui a laissé comme cadeau une paire de lunettes de marin ; puis il a disparu. Nikos n’a jamais pris de ces nouvelles jusqu’à l’âge de trente ans, quand il a appris que son père vivait au Mexique avec sa famille. Nikos garde toujours une photo de son père dans son portefeuille, photo qu’il a trouvé dans une boîte à souvenir de sa mère pleine de lettres et d’autres photos de tous les coins du monde.

Actuellement, il se rappelle toujours de sa grand-mère qui avait une odeur particulière : celle du bois mouillé, avec une touche de camomille qu’elle avait l’habitude de boire. Sa mère n’a toujours pas de temps pour lui. Nikos mène une vie très solitaire et il n’arrive à s’attacher à personne. Il est enfermé en lui. Comme il n’arrive pas à créer de relations affectives, il aimerait adopter un enfant seul pour lui offrir la tendresse dont il a été privé. Inspiré par les aventures d’Ulysse, il a embarqué sur un bateau et la mer est devenue sa compagne.

Carole Mary, par Béatrice Thomas

Le personnage de Mary créé par Marion Hansen est femme de plus de quarante ans, ancrée dans la vie professionnelle. Un jour au hasard de la vie, elle est enceinte d’un 17

enfant qui refuse de naître. Son fœtus lui raconte ce monde devenu indifférent à la guerre, à la cruauté, à l’agression et à la destruction de l’environnement.

Confrontée à la fois à son désir de filiation et à l’empathie envers son enfant face à l’avenir d’un monde en danger, Mary dialogue avec son fœtus et déploie toute la tendresse dont une mère est capable en évoquant tour à tour un amour indestructible et l’idée de mourir avec lui s’il décidait de ne pas naître. Amour et angoisse, vie et mort sont des thèmes récurrents de la filmographie de Marion Hansen.

Le thème de Mary m’est particulièrement touchant pour une femme rendue stérile par les traitements chimiques et chirurgicaux. Le désir d’enfant ne meurt jamais même si le corps est mort à ce renouvellement de la vie. A l’image du dérèglement de l’environnement, de la destruction totale ou partielle des familles touchées par les guerres et la violence, la récréation et le désir de vivre et de protéger demeurent. C’est l’enfant, la mère et le père qui migrent seuls, c’est la forêt qui repousse après le feu.

Caroline Mary est un personnage multiple.

Caroline est le double de Mary: elle attend un enfant qui refuse de naître, lui parle, l'interroge, afin de l'amener à la naissance.

Caroline est aussi la rivale et la confidente-amie d'Eva: Martin a été son amant pendant ses études, avant d'épouser Eva. Un peu jalouse du bonheur de Martin, Caroline a vite compris que leurs vies se complétaient et leur amour était tari. L'agonie de Martin a rapproché Caroline et Eva, ce qui lui permet d'être encore un peu aux côtés de Martin.

Caroline est la sœur d'un capitaine au long cours et adore les légendes de marins, les paysages marins et fluviaux, qui ont bercé son enfance. Caroline ne sait jamais, si les histoires de son frère sont vraies ou s'il les invente pour elle.

Nicole dans "Noces Barbares", par Carine Wattier

Je suis Nicole, j'ai un enfant, mais je le rejette, je ressens de la haine pour lui, je le hais tellement que je ne l'appelle jamais par son prénom. Malgré que je ne l'aime pas, lui, il veut me donner de la tendresse, de l'amour. Cet amour qu'il me voue n’est pas raisonnable. Je suis mariée avec un homme plus âgé que moi et qui a des relations avec la directrice d'un asile de fous. Je prends la décision d'y envoyer mon fils, je vais le laisser là-bas, au moins il aura une famille qui l'aimera. Car même si je voudrais faire la paix plus tard avec lui... est-ce que cet amour ne me tuera pas?

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10. Biographie de Marion Hänsel

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De nationalité belge, Marion Hänsel est née le 12 février 1949 à Marseille (Bouches-duRhône, France).

Auteure-réalisatrice, productrice et comédienne, elle s’est produite dans divers théâtres d’avant-garde bruxellois avant d’entamer une carrière de réalisatrice de courts et de longs métrages.

Marion Hänsel a grandi à Anvers. Très tôt, elle se passionne pour le théâtre et entre, en 1967, à l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) pour devenir comédeinne. Mais le type d’enseignement, composé d’une multitude de cours théoriques, ne lui convient pas. Elle apprend le métier sur le tas, en jouant puis part ensuite à New York pour suivre les stages de l’Actor’s Studio de Lee Strasberg.

En 1982, Marion Hänsel réalise son premier long métrage, « Le lit », d’après un roman de Dominique Rollin, couronné par le Prix Cavens, meilleur film belge. En 1983, naît son fils Jan. Deux ans plus tard, elle adapte « Dust », le roman du Sud-Africain J.M. Coetzee avec Trevor Howard et Jane Birkin, qui obtient le Lion d’argent à Venise et remporte un succès international. En 1987, elle réalise « Les Noces barbares », une adaptation de l’ouvrage de Yann Queffelec. La même année, elle est élue « Femme belge de l’année » et devient Présidente de la Commission de Sélection des Films de la Communauté française de Belgique. Ensuite viennent « Il Maestro » en 1989, « Sur la terre comme au ciel » en 1991, « Between the Devil and the Deep Blue Sea » en 1995 (en compétition officielle au Festival de Cannes), « The Quarry » en 1998, Grand prix des Amériques à Montréal, ou encore « Nuages: lettres à mon fils » en 2001. Ce dernier, véritable ode à la terre et à la vie, comporte une profonde dimension écologique.

En 2006, elle réalise un film tourné dans les déserts de Djibouti « Si le vent soulève les sables », ensuite « Noir Océan » en 2010, puis « La Tendresse » en 2013 et enfin « En amont du fleuve » en 2016.

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Source : http://marionhansel.com/biographie/

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11. Films de Marion Hänsel vus/choisis pour notre création

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En Amont Du Fleuve (2016, d’après un scénario de Hubert Mingarelli) : A bord d'un petit rafiot, Homer et Joé, la cinquantaine, remontent un fleuve vers des chutes d'eau en Croatie. Jusqu'au décès, récent, de leur père, ils ignoraient l'existence l'un de l'autre. Pourtant, ils sont demi-frères. Sean, un baroudeur irlandais énigmatique et menteur se joindra à eux.

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La Tendresse (2013) : Road-movie léger, qui nous emmène de Bruxelles au sommet des Alpes, en nous faisant découvrir un couple séparé depuis quinze ans qui se retrouve le temps d’un voyage de deux jours pour aller chercher leur fils hospitalisé à l’étranger suite à un grave accident de ski. Que ressentent-ils encore l’un pour l’autre; de l’indifférence, de la rancœur, de la jalousie ? Ou peut-être de la connivence, de l’amitié, qui sait de la tendresse.

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Noir Océan (2010, d’après deux nouvelles extraites du recueil "Océan Pacifique" de Hubert Mingarelli) : Trois jeunes garçons à bord d’un navire de la Marine française en 1972, participeront aux essais nucléaires à Mururoa, dans le Pacifique, inconscients des dangers qu’ils encourent et des effets dramatiques pour notre planète. Histoire âpre sur les rapports des hommes à bord, confrontés à la discipline, l’agressivité, l’amitié parfois, mais surtout à la solitude et la détresse impossibles à partager et trop lourdes à porter quand on n’a que 18 ans.

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Si le vent soulève les sables (2006, d’après le roman « Chamelle » de Marc DurinValois) : D’un côté, le désert qui grignote la terre. La saison sèche qui n’en finit plus, l’eau qui manque. De l’autre la guerre qui menace. Au village le puits est à sec. Le bétail meurt. La majorité des habitants, se fiant à leur instinct, partent en direction du Sud. Rahne, seul lettré, décide de partir avec Mouna, sa femme et ses trois enfants vers l’Est. Leur seule richesse, quelques brebis, des chèvres et Chamelle, un dromadaire. Histoire d’exode, de quête, d’espoir et de fatalité.

Rahne et les siens parcourent des contrées hostiles sous un soleil dévastateur, effectuant des marches sans fins, croisant souvent la mort. Mais Si le vent soulève les sables est aussi une parabole sur la détermination et l’éternité qui nous entraîne sur les pas de Shasha, enfant nomade qui va conquérir l’amour de son père grâce à sa ténacité, sa force et joie de vivre.

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Nuages – Lettres à mon fils (2001) : Depuis longtemps, au cours de ses voyages et de ses tournages, Marion Hänsel a été fascinée par les nuages qu’elle contemplait, photographiait, filmait parfois. Cette matière de songes lui a donné l’idée très simple et audacieuse à la fois de consacrer aux nuages un long métrage Sources : http://marionhansel.com et allocine.com

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qui n’aurait d’autre prétention que de faire rêver le spectateur. Le film prend appui sur des lettres écrites à son fils depuis sa conception. Lettres d’amour qui rythment le film de petites touches intimes, tendres, douloureuses et heureuses. 

The quarry / La faille (1998, d’après le roman « The Quarry » de Damon Galgut) : Un meurtre est commis le long d’une route près d’une petite ville portuaire quelque part en Afrique du Sud. Il n’y a pas de témoin et personne ne pourrait prédire les étranges répercussions qu’engendrera cet acte. En empruntant l’identité de sa victime (un pasteur), le meurtrier ne peut prévoir l’enchaînement d’événements, qui une fois mis en mouvement, deviendront inévitables, pas seulement pour lui, mais pour tous les habitants de cette petite ville. Depuis Valentine, le chapardeur qui, par hasard, mènera la police à la découverte du cadavre, jusqu’au capitaine Mong qui, sans relâche, cherchera le coupable. Mais sous l’apparent travail de la justice, des forces contradictoires s’affrontent.

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Between the devil and the deep blue sea / Li (1995, d’après la nouvelle « Li » de Nikos Kavvadias) : Un vieux cargo, appartenant à une compagnie maritime qui vient de faire faillite, arrive en rade de Hongkong. L’équipage devra attendre une semaine, peut-être plus, qu’il soit décidé de leur sort. Parmi ces quelques marins, il y a Nikos le radio grec, opiomane, solitaire, blessé au fond du coeur, de l’âme, au bord du gouffre. Et Li, une enfant chinoise vivant sur un sampan, travaillant en nettoyant les bateaux le temps de leur escale. Between the Devil and the Deep Blue Sea est le récit de la rencontre d’un homme perdu et d’une enfant qui aurait pu l’être mais qui demeure lumineuse grâce à son innocence, sa sagesse, sa foi et sa force tenace face à la vie brutale. Histoire fragile, opaque et transparente comme la lumière de la baie de Hongkong, faite de silences, d’attentes, de douleurs et d’éblouissements.

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Sur la terre comme au ciel (1992) : Maria, femme active, attirante et célibataire, réussit une brillante carrière de journaliste à la télévision. Elle est enceinte de quelques mois. Elle ne sait pas que l’enfant qu’elle porte a décidé dans le “NULLE PART”, en concertation avec tous les foetus du monde, de ne plus naître et de laisser s’éteindre la race humaine. Maria sera la seule à prendre petit à petit conscience de ce qui se passe et tentera vainement d’en avertir le corps médical puis les médias. Un dialogue passionnant et émouvant s’installe entre elle et son futur enfant. Arrivera-t-elle par son amour, par sa force et son bonheur de vivre à infléchir cette décision terrible… Arrivera-t-il à la convaincre que le temps est venu pour les hommes de retourner dans le NULLE PART…

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Il maestro (1989, d’après le roman « La Jacca Verde » de Mario Soldati) : Walter Goldberg, brillant chef d’orchestre célèbre aux USA, revient en Italie après dix ans d’absence pour y diriger l’opéra de ses débuts. Au cours de la première répétition 21

générale, le chef d’orchestre est pris d’un malaise. Il se réfugie dans son hôtel, fait croire qu’il est malade et annonce qu’il renonce à son contrat. Le Directeur de l’opéra l’amènera petit à petit à avouer la vraie raison de son désistement. Le récit de sa rencontre et de sa cohabitation avec un autre fuyard qui prétend être chef d’orchestre, nous fera entrer dans un univers d’ambiguïté comique et de complexité de l’être humain, à la fin de la guerre 44, en attendant l’arrivée des alliés. Abordant le thème de l’usurpation d’identité, il sera question de talent et de médiocrité, d’amitié et de trahison, de sincérité et de mensonge, mais plus encore de culpabilité et de remords où le Maestro se trouvera pris à son propre piège. Goldberg aura-t-il la force de diriger l’Opéra ? 

Les noces barbares (1987, d’après le roman « Les noces barbares » de Yann Queffélec) : Fruit d’une alliance barbare et d’un premier amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère, Nicole, vit ses premières années enfermé dans un grenier. La situation ne s’arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à réintégrer Ludovic dans sa vie normale.

Hantée par le souvenir de son viol, sombrant dans l’alcoolisme et méprisant son vieux mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic ne cesse de rêver à sa mère qu’il adore autant qu’il la redoute. S’enfuyant un soir de Noël après avoir mis accidentellement le feu à l’asile, il trouve refuge sur une épave échouée au bord de l’océan. Enfin, Ludovic trouve sa place, son rythme. Mais le besoin d’amour maternel est plus fort. Il écrit à sa mère et provoque une scène inéluctable et déchirante de reconnaissance mutuelle…

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Dust (1984, d’après le roman « In the heart of the country » de John Maxwell Coetzee) : Magda vit isolée dans une ferme sud-africaine de la province du Cap. L’univers affectif de la jeune femme se limite à la fréquentation servile de son vieux père qui continue d’exercer sur le domaine un pouvoir absolu.

Cependant, ne supportant pas de le voir se lier charnellement à une jeune esclave noire , elle n’hésitera pas à le tuer.

Restée seule avec les serviteurs noirs, Magda sombre peu à peu dans une folie obsessionnelle…

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Le lit (1982, d’après le roman « Le Lit » de Dominique Rolin) : Une femme vit. A côté d’elle son mari se meurt. Pendant 24 heures, cette femme se souviendra de la maladie de son mari, de leur bonheur, de leur amour. Pendant 24 heures, elle le soignera, le veillera, attendant patiemment la mort qui se rapproche. Eva apprend la mort par à coups mais la vie est là, forte, envahissante comme une vague qui la submerge. Eva est une femme faite pour le bonheur. C’est une histoire sur la force de la vie face à la mort, sur la préparation lente et difficile d’exister sans l’autre.

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12. Remerciements

Sans eux, nos projets n’existeraient pas :

Merci à Madame la ministre Alda Greoli et le service de la Créativité et de l’Education permanente du ministère de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Communauté française) ; Merci à Madame la ministre Cécile Jodogne et le service Santé de la Commission communautaire française (COCOF) ; Merci à Madame la ministre Fadila Laanan et le service Culture de la Commission communautaire française (COCOF) ; Merci au collège des Bourgmestre et Echevins de la Commune d’Etterbeek, et tout spécialement Madame Colette Njomgang-Fonkeu, échevine de la Culture, de la Santé et du Bien-Être ; Merci à la fondation EUROPSY pour son soutien et sa confiance renouvelée depuis 2005; Merci à l’équipe et l’asbl Addictions qui nous soutient, nous accueille dans ses locaux et nous rend une multitude de petits services ; Merci au Dr Denis Hers, au conseil d’Administration de l’Atelier Côté Cour et à tous ses membres; Merci à toute l’équipe du 3G des Cliniques de l’Europe, site Saint-Michel, pour nos ateliers de théâtre depuis plus de 20 ans, pour la chaleur et la solidarité d’une équipe ; Merci à Martin Smets et toute l’équipe administrative et technique du SENGHOR, Centre culturel d’Etterbeek, qui nous accueille chaleureusement et généreusement chaque semaine depuis plusieurs années.

… Et MERCI à Marion HÄNSEL qui nous a offert les droits d’auteur mais surtout sa confiance!...

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