AXXON Magazine 58 Exclusive JUN23 FR

Page 1

Association professionnelle pour tous les kinésithérapeutes

Exclusif

À LA UNE

Thérapie manuelle

JUIN 2023 Magazine réservé aux membres. Pour et par les kinésithérapeutes

EXXTRA

Littérature spécialisée AXXON EN ACTION

Fragilité : AXXON souhaite la mise en place d’une stratégie préventive

Digitaliser le secteur de la kinésithérapie : une mission menée par le CIN

Prescription de renvoi électronique : vers de meilleurs soins et plus d’efficience

EXXPERT

ECMT 2023 : un événement unique

Soins centrés sur la personne pour les douleurs musculosquelettiques : mise en pratique des principes

LITTÉRATURE SPÉCIALISÉE

Pain: A textbook for health professionals

PROMOTION MEMBRES

D’AXXON 10 % DE RÉDUCTION ET FRAIS DE PORT OFFERTS

AXXON EXCLUSIF PUBLICATION DE L’ASBL AXXON JUIN

2023 TRIMESTRIEL – ANNÉE 14 – N° 58 – IMPERIASTRAAT

16 – 1930 ZAVENTEM BUREAU DE DÉPÔT: BRUXELLES X

NUMÉRO D’AGRÉMENT: P910666 ÉDITEUR RESPONSABLE:

PETER BRUYNOOGHE – IMPERIASTRAAT 16 – 1930 ZAVENTEM

RÉDACTION & COPYWRITING: SÉBASTIEN KOSZULAP & HELENA

D.MILONAS – REDACTION@AXXON.BE TRADUCTION: EMILY VAN

COOLPUT CONCEPT ET RÉALISATION: C3CREATIES IMPRESSION:

SYMETA-HYBRID ADRESSE DE CORRESPONDANCE AXXON:

IMPERIASTRAAT 16 – 1930 ZAVENTEM – TÉL : 02 709 70 80 – WWW.AXXON.BE NUMÉRO DE COMPTE POUR LES

COTISATIONS: BE18 3631 0868 1365

Vous recevez cette revue en fonction du nom et de l’adresse qui se trouvent dans notre base de données. Suite à la mise en application de la loi du 8 décembre 1992 sur la protection de la vie privée, vous avez la possibilité et le droit de modifier vos données. Les articles/publicités paraissent sous la responsabilité des auteurs/firmes. AXXON se réserve le droit de refuser des textes et/ou publicités qui pourraient nuire à la profession. © Tout texte ou partie de texte ne peut être copié/photocopié sans l’autorisation écrite de l’éditeur, quelle qu’en soit l’utilisation.

Pain : A textbook for health professionals est un guide complet sur la douleur et sa prise en charge, axé sur la pratique interprofessionnelle. Rédigé par des auteurs de renommée internationale et entièrement mis à jour pour refléter les dernières données et connaissances, cet ouvrage comble le fossé entre les fondements théoriques et la pratique pour l’évaluation et le traitement des patients souffrant de douleurs persistantes, le tout dans un langage clair et accessible. Dans cette troisième édition, le texte met l’accent sur les aspects personnels de la douleur et l’alliance thérapeutique, ainsi que sur les aspects sociaux et culturels de la douleur, l’éducation des patients à la douleur et le travail multidisciplinaire et interdisciplinaire. Il s’adresse à un large publickinésithérapeutes, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, infirmières et médecins généralistes, ainsi qu’aux étudiants.

Auteurs : Jenny Strong, Hubert van Griensven

Editeur : Elsevier - Health Sciences

Division

Date de publication : 27 mars 2023

Nombre de pages : 470

ISBN : 9780323870337

Prix normal : 73,90 €

Format : broché

AXXON ET ACCO VOUS OFFRENT UN EXEMPLAIRE DE CE LIVRE !

Envoyez un e-mail à redaction@axxon.be avant le 30 juin en expliquant pourquoi vous devriez gagner et tentez votre chance!

PROMOTION MEMBRES D’AXXON : 10 % DE RÉDUCTION SUR CE LIVRE ET FRAIS DE PORT OFFERTS EN UTILISANT LE CODE AXXON23ACCO PASSEZ DIRECTEMENT COMMANDE EN LIGNE SUR WWW.ACCO.BE

RÉDUCTION VALABLE JUSQU’AU 31 JUILLET 2023

EXXTRA SOMMAIRE
02 04 06 08 10 11 02 JUIN 2023

L’interdisciplinarité frappe à nos portes

Il est de plus en plus évident pour l’ensemble des acteurs de soins que la prise en charge d’un patient doit prendre une orientation interdisciplinaire.

AXXON Qualité en Kinésithérapie, votre association de défense professionnelle, est de plus en plus fréquemment sollicitée pour intervenir sur le terrain dans le cadre du développement de cette interdisciplinarité.

Des cercles de médecine générale, des consortiums de soins intégrés, des services intégrés de soins à domicile (SISD), des Réseaux Multidisciplinaires Locaux (RML) et d’autres structures encore nous contactent pour que nous les aidions à établir des relations avec les kinésithérapeutes actifs sur leurs terrains respectifs.

Aujourd’hui, malheureusement, nous devons leur répondre que les kinésithérapeutes ne sont pas correctement structurés et/ ou organisés sur leurs territoires, ce qui nous empêche de pouvoir leur communiquer aisément les coordonnées des personnes ou des groupes de contact avec qui toutes ces structures cherchent à développer une collaboration.

En plus d’une éventuelle perte de crédibilité auprès de nos partenaires,

nous risquons de louper le train de l’interdisciplinarité qui se met en marche à toute vitesse. Lorsque nous nous retrouverons seuls sur le quai, nous ne pourrons que le regretter.

Vous avez pu lire dans nos précédentes revues ou newsletters qu’AXXON Qualité en Kinésithérapie est là pour vous aider à amorcer cette dynamique : n’ayez donc pas peur de vous lancer dans la création d’un cercle régional de kinésithérapie ! Nous pensons sincèrement que c’est un passage obligé pour que le kinésithérapeute soit mieux reconnu et respecté par l’ensemble de ses partenaires.

Vous trouverez toutes les informations utiles à ce sujet sur notre site web, via l’onglet « Cercles ». N’hésitez donc pas à surfer sur www.axxon.be et/ou à prendre contact avec nous : nous apporterons une réponse à chacune de vos questions et vos dernières craintes s’envoleront.

Cette année, AXXON Qualité en Kinésithérapie a mis en place son projet de création de cercles de kinésithérapie en Wallonie et à Bruxelles. Nous comptons sur vous pour adhérer à celui-ci : dans le cadre précis cité précédemment, cette structuration prend en effet tout son sens.

Vous qui êtes membres de l’association professionnelle devriez être les premiers convaincus du caractère indispensable de cette démarche pour nos actions sur le terrain. Vous avez non seulement les cartes en main pour que la kinésithérapie puisse s’inscrire efficacement dans le mouvement interdisciplinaire, mais vous avez également un partenaire qui possède de nombreux atouts pour vous assister. Ensemble, nous remporterons donc facilement la partie qui mènera la kinésithérapie vers l’interdisciplinarité. À présent, c’est à vous de jouer !

ÉDITO
BERNARD LAPLANCHE PRÉSIDENT AXXON QUALITÉ EN KINÉSITHÉRAPIE
03 JUIN 2023
« Nous risquons de louper le train de l’interdisciplinarité »

Fragilité : AXXON souhaite la mise en place d’une stratégie préventive

La fragilité (ou vulnérabilité) est définie comme un syndrome caractérisé par une interaction entre une limitation physique, des facteurs de stress psychosociaux et une charge de morbidité subclinique, de sorte qu’une personne devient susceptible de voir se développer des effets indésirables sur sa santé. La fragilité recouvre la charge de morbidité multiple et les limitations fonctionnelles, qui ne signifient pas exactement la même chose. La capacité de réserve de la personne diminue de telle sorte qu’une simple perturbation (virus hivernal, stress émotionnel, etc.) peut avoir des conséquences négatives majeures telles que des chutes, une hospitalisation, une incapacité physique permanente, etc.

La fragilité (ou vulnérabilité) est un concept relativement nouveau mais qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Des analyses montrent que 37,3% des plus de 65 ans sont “pré-fragiles” et que 22,8% sont fragiles1. Des statistiques interpellantes ! La fragilité peut être considérée comme un stade préalable à de graves problèmes de santé, mais elle est réversible. La prévention et la détection précoce de la fragilité peuvent contribuer à réduire les principaux problèmes liés au vieillissement, tels que les maladies chroniques, la multimorbidité, la polypharmacie et la pression sur les soins de santé. Nous sommes confrontés à une croissance exponentielle des plus de 65 ans et à une croissance plus importante encore des plus de 85 ans. Si l’on tient également compte de l’évolution du niveau d’éducation (plus élevé en moyenne), de la composition des ménages (plus de célibataires) et de la multimorbidité, le nombre de personnes âgées fragiles devrait augmenter de 50%2

Dans le même temps, on assiste à une évolution des soins aux personnes âgées. Des centres de soins ferment et les personnes âgées sont censées vivre plus longtemps de manière autonome à leur domicile. Bien que cela corresponde souvent aux souhaits des personnes concernées, cela nécessite un changement dans l’organisation des soins à domicile, à la fois en termes de volume et de contenu des tâches. On observe également l’apparition d’une tendance lourde qui consiste à s’appuyer en priorité sur l’entourage pour fournir soutien et soins primaires aux personnes âgées fragiles. Les centres de soins résidentiels accueillent une majorité de personnes souffrant de problèmes complexes et/ou cognitifs. Il est évident que le nombre de personnes âgées fragiles vivant de manière autonome (seules) à domicile augmente de manière exponentielle.

En dépit d’un manque d’uniformité en matière de définitions et

d’outils de mesure, la fragilité semble augmenter le risque de conséquences dommageables, telles que les chutes, les limitations dans les activités courantes du quotidien, l’hospitalisation, l’admission dans un centre de soins de longue durée et le décès. Il est souhaitable de prévenir ces conséquences, tant au niveau sociétal que personnel. L’objectif est de maintenir une vie indépendante et pleine de sens, où chaque individu peut fonctionner comme il le souhaite. Une bonne santé physique et mentale y contribue, de même qu’un réseau social et des activités quotidiennes.

AXXON tente d’obtenir du gouvernement fédéral qu’il s’attaque à la double problématique de la détection plus précoce et de la prise en charge de la fragilité. Bien que le ministre de tutelle ait indiqué qu’il considérait cette question comme importante, l’éclatement des compétences nuit à une approche adéquate. La prévention relève de

04 JUIN 2023 ANN DE ZITTER - KINÉSITHÉRAPEUTE - GROUPE DE TRAVAIL
AXXON EN ACTION
“PRÉVENTION”

la responsabilité des communautés, mais les kinésithérapeutes de première ligne travaillent dans le cadre de la nomenclature fédérale.

À l’instar des dentistes qui encouragent les soins préventifs, une visite (bis)annuelle chez le kinésithérapeute aurait toute son utilité. Elle comprendrait des tests physiques de force (par pincement de la main), d’équilibre (via le Short Physical Performance Battery) et d’endurance (par un test à l’effort - vélo ou marche). Ainsi, chacun serait en mesure de mieux évaluer ses aptitudes physiques de base.

Références :

Ces tests pourraient prendre la forme d’un examen kinésithérapique consultatif gratuit. Par analogie avec d’autres stratégies de dépistage à grande échelle, celle du cancer du col de l’utérus par exemple, les autorités publiques peuvent jouer un rôle important dans l’information de la population cible. Il est indispensable de sensibiliser les plus de 65 ans à l’importance des objectifs d’endurance, de force musculaire, de souplesse, de coordination et d’équilibre.

Un rapport structuré adressé à la personne qui nécessite des soins

(et, si nécessaire, à son médecin), permettrait de définir une approche et de déterminer quels prestataires de soins impliquer. Au final, tout le monde profite d’une population âgée en meilleure forme, à commencer par le gouvernement qui semble avoir de moins en moins de budget à consacrer aux soins de santé. Les déclarations fatalistes telles que “Les chutes sont inévitables lorsqu’on vieillit” ou “Il n’y a rien à faire” doivent être combattues en protégeant, en promouvant la qualité de vie et la pensée positive et en s’appuyant sur la résilience.

1. D. Nguyen, J. Van der Heyden, R. Charafeddine. Enquête de santé 2018: Fragilité chez les personnes âgées. Bruxelles, Belgique : Sciensano. Numéro de rapport : D/2019/14.440/31. Disponible en ligne : www.enquetesante.be

2. DOI 10.1007/978-90-368-1156-9

05 JUIN 2023
© Sien Verstraeten –Vlaamse Ouderenraad

Digitaliser le secteur de la kinésithérapie : une mission menée par le CIN

La digitalisation de notre secteur a pris du retard, mais le Collège Intermutualiste National (CIN) a désormais pu réajuster le planning de mise en œuvre de ce projet ayant pour objectif l’allégement de la charge administrative qu’endurent les kinésithérapeutes.

Contexte

La Cellule de coordination du Collège Intermutualiste National (CIN) a pour responsabilité de digitaliser et de faciliter les échanges médico-administratifs entre les organismes assureurs et les prestataires de soins.

Le secteur de la kinésithérapie ne fait pas exception à ce processus d’informatisation et ceci se traduit, dans divers projets, par l’adaptation de plusieurs processusinitialement papier - en services électroniques.

Ces services électroniques sont échangés de manière sécurisée et avec une rapidité accrue au travers de la plateforme MyCareNet.

Parmi ces services, nous retrouvons :

La consultation d’informations sur les statuts des affiliés des organismes assureurs, par le biais du service MDA (member data) ;

La gestion des accords kinés, par le biais du service eAgreement ;

La transmission des attestations de soins donnés, par le biais du service eAttest ;

La transmission de la facturation tiers-payant, par le biais du service eFact.

Focus sur le planning

Après maintes pérégrinations, les différents projets de digitalisation des services kinésithérapeutes touchent à leur fin.

Le planning initialement communiqué au secteur de la kinésithérapie souffre certes d’un certain retard. Cependant, celui-ci peut être corrélé avec différents facteurs. Parmi ces derniers, nous retrouvons l’apparition du COVID-19 : durant les deux années de crise sanitaire, le CIN et les organismes assureurs se sont vus attribuer comme objectifs prioritaires de travailler sur plusieurs projets liés à la pandémie, tels que : le paiement de matériels de protection COVID, le support à la vaccination ou encore la mise en place des Tracing Centers. En sus, l’adaptation de la réglementation relative à la digitalisation du secteur de la kinésithérapie s’avère être un chemin long et délicat.

Actuellement, alors que les adaptations des systèmes informatiques des organismes assureurs et de la plateforme MyCareNet sont terminées depuis le premier semestre 2022, l’ouverture des portes de la production reste dépendante de deux éléments :

La publication au Moniteur belge de l’arrêté royal visant l’adaptation de l’article 7 de la nomenclature kiné ;

Les adaptations des logiciels destinés aux kinésithérapeutes.

06 JUIN 2023 FRANÇOIS-XAVIER COLON - CELLULE DE COORDINATION DU CIN AXXON EN ACTION

Si l’idée d’aboutir à la publication de l’arrêté royal à la fin du premier semestre 2023 reste réaliste, l’agréation des logiciels de kinésithérapie devrait prendre quelques mois supplémentaires. Un workshop tenu le mardi 18 avril 2023 dans les locaux du CIN a, par ailleurs, permis de prendre la température auprès des différents fournisseurs de logiciels quant à leur planning.

Le fait de pouvoir démarrer en production avec le premier kinésithérapeute ne peut toutefois s’envisager qu’après avoir obtenu l’agrément pour l’ensemble des services susmentionnés. Ce sésame impose certaines contraintes au niveau des développements des fournisseurs de logiciel afin de répondre aux impératifs réglementaires.

Actuellement, sur 6 fournisseurs de logiciels présents (dont deux non spécifiques au métier), 4 d’entre eux manifestent l’objectif d’avoir terminé les adaptations et de pouvoir passer l’agrément pour la fin de l’année 2023, pour l’intégralité des services.

Ceci permettrait vraisemblablement de débuter la mise en production du secteur à la fin de l’automne 2023.

Afin de suivre activement les évolutions des tests des producteurs de logiciels, le CIN propose des meetings hebdomadaires ainsi que différents échanges ad hoc pour chaque cas plus complexe.

Une d’utilisationobligationdes services digitaux ?

Pour l’heure, il n’est absolument pas prévu que le numérique devienne obligatoire.

Ceci doit d’abord faire l’objet de concertations entre les différentes parties prenantes (secteur, INAMI, etc.). Une fois qu’un accord sera trouvé, l’INAMI devra encore faire en sorte de publier un arrêté royal rendant les services électroniques obligatoires.

Dès cet instant, il restera deux ans aux prestataires pour se conformer à cette règle. Si l’on prend la fin 2023 comme moment de mise à disposition des

services MyCareNet pour le secteur de la kinésithérapie, il faudra donc attendre un certain temps – le temps de faire les maladies de jeunesse de la digitalisation et le temps nécessaire à l’adoption des services par les prestataires de soins – avant que l’on n’évoque cette notion d’obligation. L’obligation ne devrait donc pas se produire avant plusieurs années. Le CIN souhaite toutefois ardemment une adhésion forte du secteur aux nouveaux services proposés et croit véritablement en leur valeur ajoutée.

La conclusion d’AXXON

L’important à ce jour est de posséder un logiciel métier, de le remplir au mieux en ce qui concerne les données administratives, les données cliniques et les données de tarification. En maîtrisant au plus vite son logiciel, le kinésithérapeute sera en terrain connu lorsque la digitalisation sera accessible (avant de devenir obligatoire) et qu’il devra appréhender les nouveaux outils qui lui permettront d’alléger la charge administrative qu’il doit affronter actuellement.

07 JUIN 2023

Prescription de renvoi électronique : vers de meilleurs soins et plus d’efficience

À l’instar de la prescription électronique de médicaments, la prescription de renvoi électronique pour soins ambulatoires va voir le jour.

Avec la prescription de renvoi électronique, l’INAMI désire améliorer les soins et les services de soutien ainsi qu’augmenter l’efficience du traitement de la prescription de renvoi.

Quels sont les avantages au niveau de l’amélioration des soins et des services de soutien ?

Les patients et les dispensateurs de soins ont plus facilement accès aux prescriptions.

Les prescriptions et les propositions de soins sont davantage disponibles (à tout moment de la journée) pour toutes les parties.

L’allègement de la charge de travail administrative permet plus de temps pour les soins au patient.

Le dispensateur de soins peut mieux anticiper et préparer les soins à effectuer.

Le dispensateur de soins peut mieux évaluer s’il dispose des compétences nécessaires.

Une meilleure coordination entre les différents dispensateurs de soins travaillant sur une même prescription.

Une meilleure communication entre le prescripteur et les dispensateurs de soins.

Le prescripteur peut suivre plus facilement et mieux les soins.

Une meilleure vue d’ensemble du statut des différentes prescriptions et propositions de soins.

08 JUIN 2023 FABIENNE VAN DOOREN - DIRECTRICE GÉNÉRALE AXXON QUALITÉ EN KINÉSITHÉRAPIE | SOURCE : INAMI AXXON EN ACTION

Quels sont les avantages de la prescription de renvoi électronique au niveau de l’efficience pour les parties concernées ?

Diminution des retraitements de prescriptions grâce à une meilleure qualité des données (moins de risques d’erreurs et d’imprécisions).

Allègement de la charge de travail administrative pour :

• le transfert de la prescription à un autre dispensateur de soins ;

• le suivi d’une prescription et d’un patient ;

• le renouvellement d’une prescription ;

• l’actualisation et la recherche d’une prescription ;

• la création d’un duplicata de prescription (le patient a perdu sa prescription) ;

• le suivi de nouvelles règles, formes et instructions pour une prescription de renvoi.

Comment y parvenir ?

Jusqu’en 2025, l’INAMI travaillera au développement de la prescription de renvoi électronique avec différents partenaires tels que les dispensateurs de soins, les organismes assureurs, les associations de patients, eHealth mais aussi les fournisseurs de logiciels.

Via quelles procédures ?

Analyse des solutions existantes (ex. : la communication électronique entre les organismes assureurs et les dispensateurs de soins).

Via des groupes de travail (constitués de représentants de toutes les parties concernées), l’INAMI identifie les points noirs qui posent problème aujourd’hui dans le processus de traitement de la prescription papier et, sur cette base, détermine les besoins pour la version électronique.

Développement d’un logiciel central qui tournera en arrière-plan de l’application de prescription de renvoi électronique.

En concertation avec l’industrie des logiciels, ce logiciel sera mis à disposition pour une intégration dans les différents logiciels métier pour les soins de 1ère et de 2ème lignes.

En parallèle à cela, développement d’une application web destinée aux patients, aux

prescripteurs et aux dispensateurs de soins ainsi que d’une application mobile destinée aux patients, chacune avec une prestation de services de base.

L’utilisation en pratique de la version finalisée sera testée à l’aide de projets pilotes.

Timing

Le projet est divisé en 3 phases qui se chevauchent, auxquelles sont associés à chaque fois certains groupes cibles de prescripteurs et de dispensateurs de soins.

Les kinésithérapeutes se trouvent dans la phase 2 qui s’étend jusque fin 2024.

Fin 2025, à l’issue des projets pilotes, tous les prescripteurs et dispensateurs de soins, y compris les groupes cibles de la phase 3, pourront utiliser l’application web pour la prescription de renvoi électronique avec toutes ses fonctionnalités. Ces professionnels de la santé seront également ajoutés à l’application mobile destinée aux patients.

Qu’est ce que cela signifie pour notre secteur ?

Un groupe de travail est créé pour identifier les goulots d’étranglement et les besoins actuels du processus de prescription en kinésithérapie, ainsi que pour mettre en œuvre la solution de prescription numérique de manière à ce qu’elle soutienne la kinésithérapie de manière optimale !

Les points d’action sont les suivants :

identifier et définir le processus actuel de prescription de soins de kinésithérapie et ses problématiques ;

l’introduction du processus de prescription numérique générique ;

les fonctionnalités de base de la prescription de renvoi numérique et/ou des modèles ;

la validation de la solution de prescription de référence numérique pour la kinésithérapie et l’examen des besoins/points douloureux identifiés et des solutions proposées.

Ceci constituera une simplification administrative car les prescriptions seront correctement remplies et AXXON veillera à ce que la liberté du choix du thérapeute soit respectée, au regard de la loi sur les droits du patient.

09 JUIN 2023

ECMT2023 : un événement unique

Ces 14, 15 et 16 septembre 2023, l’ABSG Thérapie Manuelle/MATHERA vous donne rendez-vous à Gand pour le Congrès Européen de Thérapie Manuelle!

Le Congrès Européen de Thérapie Manuelle, ou ECMT en abrégé, est organisé tous les deux ans par l’ABSG Thérapie Manuelle/MATHERA. Les orateurs/experts invités et les participants viennent de Belgique et de l’étranger. Le public cible est constitué de thérapeutes manuels, mais toute personne intéressée par la rééducation musculo-squelettique est la bienvenue. Les membres affiliés à l’ABSG Thérapie Manuelle/ MATHERA bénéficient d’une réduction importante. Les membres d’AXXON bénéficient aussi d’une réduction.

En marge de l’ECMT, les orateurs/ experts invités donnent souvent des conférences (pré-/post-congrès) sur un sujet en lien avec leur expertise.

Cette année, nous fêterons la dixième édition de l’ ECMT. Comme le conseil d’administration de l’IFOMPT (l’association internationale de thérapie manuelle) sera également présent à Gand, en plus de nombreuses réunions (tant du conseil d’administration que des délégués des différents pays membres de l’IFOMPT), une réunion des enseignants (“Teachers Meeting”) est prévue. Le “Teachers Meeting”, pendant lequel divers aspects didactiques seront discutés, est ouvert à toutes les personnes impliquées dans une formation académique en thérapie manuelle.

Nous remercions le comité scientifique de l’ABSG Thérapie Manuelle/MATHERA pour ses suggestions, lui qui co-décide de la thématique centrale et des orateurs, ainsi que le Groupe de travail sur la Formation Continue pour l’élaboration complète du programme du congrès.

Le thème central de cette année est “Patient-centered care: a key to empower manual therapy”. Au cours des sessions plénières, ce thème sera abordé du point de vue des chercheurs, des médecins, des thérapeutes et, naturellement, des patients.

Le choix du thème a été motivé par une publication de Nathan Hutting intitulée “Person-centred care for musculoskeletal pain: Putting principles into practice” (publiée dans “Musculoskeletal Science and Practice” 62(2022)). Avec son accord, l’article original a été édité et traduit en français. Vous pouvez le retrouver dans les pages suivantes. L’article complet, y compris la bibliographie, le rapport de cas et le soutien centré sur la personne peuvent être obtenus sur demande à info@mathera.be.

Bonne lecture et rendez-vous à Gand. Bienvenue à l’ECMT2023 ! willbethere.be/ecmt2023

10 JUIN 2023 EXXPERT KRISTOF DE COCK - ABSG THÉRAPIE MANUELLE/MATHERA

: mise en pratique des principes

Les soins centrés sur la personne (« person-centered care » ou soins centrés sur le patient, « patient-centered care ») se caractérisent par le fait de considérer le patient comme une personne, d’adopter une perspective biopsychosociale pour comprendre et gérer son état, de partager le pouvoir et la responsabilité dans le processus de gestion et de favoriser une alliance thérapeutique solide. Un autre terme, moins souvent utilisé, est celui de soins axés sur la personne (person-focused care), a été décrit comme « une extension des soins centrés sur la personne, reconnaissant que les besoins médicaux des patients sont mieux compris et traités dans le contexte global de leur vie en tenant compte notamment de leurs objectifs de vie et de leur fonctionnement social, économique, émotionnel et spirituel ». Il est très important de considérer la personne dans son ensemble, mais nous utiliserons le terme « soins centrés sur la personne » tout au long de cet article, car il est bien connu et il s’agit du terme le plus fréquemment utilisé.

1. Introduction

Une étude qualitative récente menée auprès de kinésithérapeutes a décrit le centrage de la prise en charge sur la personne et la communication efficace (qui inclut l’écoute active) comme des outils clés pour établir une relation thérapeutique solide avec les patients. Plus précisément, cette étude a identifié la présence du clinicien, l’empathie et l’application de la perspective biopsychosociale comme des éléments clés de l’établissement d’une alliance thérapeutique.

Il est essentiel d’aider les personnes à acquérir des compétences d’autogestion et de la confiance en soi pour fournir des soins centrés sur la personne. Toutefois, des données suggèrent que certains cliniciens éprouvent des difficultés à intégrer les principes des soins centrés sur la personne dans leur pratique clinique. Les obstacles à la prestation de soins centrés sur la personne comprennent le manque de temps de consultation, de connaissances sur ce type de soins, de compétences pour les

mettre en œuvre et d’outils permettant au clinicien de raisonner à travers différents scénarios cliniques. Bien que la mise en œuvre de soins centrés sur la personne soit un défi dans de nombreux pays, c’est particulièrement le cas dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, qui ne peuvent souvent pas satisfaire aux exigences de base d’un bon système de santé. Pour surmonter ce défi, un cadre axé sur les soins centrés sur la personne peut s’avérer utile.

2. Cadre pour les soins centrés sur la personne

Le cadre qui aide les cliniciens à dispenser des soins centrés sur la personne dans la pratique se compose de trois principes clés :

1 une compréhension biopsychosociale de l’expérience de la douleur du patient;

2 une communication axée sur la personne;

3 l’autogestion assistée.

Soins centrés sur la personne pour les douleurs musculo-squelettiques
11 JUIN 2023 EXXPERT
NATHAN HUTTING, J.P.
CANEIRO, OTIENO MARTIN ONG’WEN, MAXI MICIAK, LISA ROBERTS

Le cadre comprend également trois phases :

1 l’identification et la fixation d’objectifs;

2 l’accompagnement vers l’autogestion;

3 l’évaluation.

Chaque phase comprend plusieurs composants qui seront examinés en détail.

L’établissement d’une relation thérapeutique est le fondement de ce cadre, qui s’articule autour des principes clés et des phases. Nous pensons qu’un tel cadre peut aider les cliniciens à utiliser une approche structurée pour fournir des soins centrés sur la personne. Bien que les phases et les composants soient généralement exécutés consécutivement, nous suggérons de passer de manière itérative d’un composant à l’autre des phases, selon les besoins.

3. La relation thérapeutique

La relation thérapeutique est le fondement du cadre qui relie les principes clés et les phases. Les relations thérapeutiques sont au cœur de la théorie et de la pratique des soins centrés sur la personne. Dans le contexte de la kinésithérapie, une relation thérapeutique a été définie comme « [...] l’espace relationnel sûr et le lien affectif entre le patient et le praticien, développés à la fois professionnellement et personnellement, lors de l’établissement de liens et de l’engagement dans le travail collaboratif de la kinésithérapie ».

Des relations de meilleure qualité entre les cliniciens et les patients ont été associées à une amélioration des résultats cliniques, de la satisfaction à l’égard des services et de l’adhésion aux plans de traitement dans diverses populations de patients, y

compris les personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques. Le fait d’être consciemment présent, réceptif, engagé et authentique crée une base sûre pour établir des liens significatifs. Les liens significatifs sont ceux dans lesquels les participants ont le sentiment d’avoir été vus, entendus et appréciés, et ils peuvent être de nature professionnelle ou personnelle. Le développement intentionnel de liens significatifs devrait figurer au premier plan de l’approche thérapeutique des kinésithérapeutes, en principe et en pratique. Cependant, il peut être difficile de passer de l’intention à l’action sans un moyen de prendre en compte les liens qui se produisent dans le désordre de l’interaction clinique. C’est là que les cadres peuvent être utiles.

3.1. Cadre l’établissementpourde liens significatifs

Les cadres sont des outils qui peuvent aider à analyser des situations dynamiques telles que la rencontre clinique. Un cadre est élaboré pour l’établissement de liens en kinésithérapie qui propose trois façons claires d’y parvenir : reconnaître l’individu, utiliser le corps comme point pivot et donner de soi.

Lorsque les kinésithérapeutes reconnaissent l’individu, ils se rencontrent sur un pied d’égalité, valident les expériences du patient et individualisent l’approche thérapeutique. Les patients et les cliniciens ont identifié certaines

actions comme étant importantes pour améliorer les expériences des patients et le potentiel de meilleurs résultats pour ceux-ci : il s’agit notamment du pouvoir de négociation, de la reconnaissance de la situation du patient et de l’adaptation des soins.

L’utilisation du corps comme point pivot accentue la réalité clinique selon laquelle les kinésithérapeutes et les patients abordent généralement des défis et des objectifs qui sont d’une manière ou d’une autre liés au corps du patient. Cette approche consiste à clarifier les problèmes physiques et les solutions, à faciliter la connexion du patient à son corps et à utiliser le toucher pour combler un fossé. Ainsi, la partie « bio » de l’aspect biopsychosocial sert un objectif qui va au-delà du diagnostic et du traitement ; elle devient un facteur clé dans l’établissement de liens et a été décrite par les patients comme importante pour une interaction clinique réussie.

Les kinésithérapeutes peuvent s’investir pour un patient à l’intérieur ou à l’extérieur de l’interaction clinique. Par exemple, les cliniciens peuvent sentir qu’ils doivent faire plus d’efforts pour compatir avec certains patients, appeler d’autres prestataires ou faire des révélations personnelles. Les actes de don de soi doivent être envisagés en fonction de la situation et de l’intention, ainsi que du niveau de confort du clinicien. Par exemple, bien que les révélations sur soi puissent influencer le mode de relation entre les patients

THERAPEUTIC RELATIONSHIP IDENTIFICATION AND GOAL SETTING Identification Shared decision making Goal setting COACHING TO SELF-MANAGEMENT General self-management skills Specific knowledge, skills and tools (including overcoming barriers) EVALUATION Evaluating goals Planning for the future Follow-up plan
SUPPORTED SELF-MANAGEMENT
12 JUIN 2023 EXXPERT
BIOPSYCHOSOCIAL UNDERSTANDING OF THE PERSON’S EXPERIENCE
PERSON-FOCUSED COMMUNICATION

et les cliniciens, elles doivent être faites de manière réfléchie. Le clinicien doit tenir compte de son intention de divulguer (par exemple, établir une relation personnelle, relater des expériences de blessures communes), de la pertinence des révélations, de la réaction potentielle du patient et de son confort personnel.

3.2. Établir des liens significatifs dans la pratique

Les interactions cliniques sont dynamiques et offrent aux kinésithérapeutes de nombreuses possibilités d’établir un lien intentionnel avec les patients. Chaque interaction clinique étant

unique, les kinésithérapeutes doivent être présents et réceptifs afin de répondre à toutes les situations.

Les kinésithérapeutes peuvent être à la fois proactifs et réfléchis dans le développement de leurs compétences en matière d’établissement de liens. Les cliniciens peuvent utiliser un cadre pour identifier « ce qu’il faut faire maintenant » à un moment donné et pour réfléchir à « ce qu’il faut faire ensuite » lors des interactions futures. Un cadre peut également leur permettre de mieux comprendre les lacunes de leur propre pratique en matière de développement des relations thérapeutiques.

4. Principes clés du cadre

4.1. biopsychosocialeCompréhension

Les chercheurs signalent régulièrement que les cliniciens ont du mal à aborder les aspects psychosociaux d’une affection et se concentrent souvent sur ses aspects biomécaniques et biomédicaux. Cependant, les soins centrés sur la personne devraient prendre en compte tous les facteurs qui contribuent à l’expérience de la douleur d’une personne. Il s’agit non seulement d’aborder les multiples facteurs biopsychosociaux contribuant aux symptômes d’une personne, mais aussi de discuter des conséquences biopsychosociales de la maladie

13 JUIN 2023

pour l’individu, ce qui inclut le soutien dont il a besoin pour surmonter les défis et les obstacles à la gestion de la maladie. Les cliniciens qui souhaitent fournir des soins centrés sur la personne doivent avoir une compréhension biopsychosociale de l’expérience de la douleur de leur patient.

4.2. Communication axée sur la personne

Les soins centrés sur la personne utilisent un style de communication collaboratif pour intégrer le point de vue du patient dans le processus thérapeutique. Dans la communication centrée sur la personne, l’établissement d’une relation thérapeutique est primordial pour instaurer un dialogue significatif et digne de confiance qui facilite la divulgation et la réflexion, et qui favorise la fixation d’objectifs et la prise de décisions en collaboration. Pour ce faire, les cliniciens doivent communiquer avec les patients en les validant, en les considérant et en ne les jugeant pas. Ce style de communication exige du clinicien qu’il fasse attention à ce qu’il communique (contenu) et à la manière dont il le fait (transmission) en utilisant un langage verbal et non verbal.

La communication centrée sur la personne doit être mise en œuvre tout au long de l’interaction clinique, y compris lors de l’entretien, de l’examen et de la planification de la prise en charge. En se concentrant sur le patient, les cliniciens ont plus de chances de mieux comprendre ses comportements, les raisons qui sous-tendent ces comportements, ainsi que les besoins et les objectifs de leurs patients. Ils peuvent ainsi élaborer ensemble un plan de prise en charge personnalisé qui permet au patient de reprendre les activités qui lui tiennent à cœur.

4.3. Autogestion assistée

Les cliniciens doivent fournir un soutien à l’autogestion qui comprend l’acquisition de compétences générales en matière d’autogestion pour les personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques. L’autogestion peut

être définie comme des interventions visant à doter les patients de compétences qui leur permettent de participer activement à la gestion de leur maladie persistante et d’en assumer la responsabilité afin qu’ils puissent fonctionner de manière optimale.

Il est important de souligner que le cadre présenté peut être utilisé pour guider les soins prodigués aux personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques. Bien que l’accompagnement d’un patient vers l’autogestion soit une composante essentielle du cadre, il ne s’agit pas d’une intervention d’autogestion indépendante (qui consiste souvent en des séances hebdomadaires (de groupe) pendant un certain temps (6 à 8 semaines)).

L’une des mesures les plus efficaces qu’un clinicien puisse prendre pour soutenir l’autogestion est de l’intégrer dans les soins de santé de routine, ce qui signifie que les cliniciens intègrent le soutien aux compétences d’autogestion dans leur pratique quotidienne. Cette démarche responsabilise les patients et leur donne les compétences et les connaissances dont ils ont besoin pour gérer activement leur maladie, même après la fin de la période de traitement initial.

5. Phases du cadre

5.1. Identification et fixation d’objectifs

Au cours de cette phase, il est important d’identifier les expériences, les idées et les croyances du patient concernant son expérience de la douleur. Son attitude, son efficacité personnelle, son influence sociale, ses connaissances et ses compétences doivent également être évaluées. Il s’agit notamment d’aborder les compétences générales importantes en matière d’autogestion. En outre, les cliniciens doivent évaluer les attentes du patient, son ouverture à l’autogestion et sa volonté de changement. Les cliniciens peuvent utiliser l’Outil d’identification de l’autogestion pour évaluer certains aspects importants de l’autogestion.

14 JUIN 2023

Sur la base des résultats de l’identification et de l’évaluation susmentionnées, le clinicien et le patient peuvent fixer des objectifs fondés sur les valeurs et les besoins du patient. La fixation d’objectifs fondés sur des valeurs favorise une communication ouverte sur les motivations et peut révéler les facteurs qui facilitent ou entravent l’action. La prise de décision partagée est une caractéristique de la relation de collaboration entre le patient et le médecin et une composante importante du soutien à l’autogestion. Par conséquent, le processus de fixation des objectifs doit inclure un processus de prise de décision partagée.

5.1.1. Prise de décision partagée

La prise de décision partagée est une approche dans laquelle les cliniciens et les patients communiquent ensemble en utilisant les meilleures données disponibles lorsqu’ils sont confrontés à la tâche de prendre des décisions. Grâce à la discussion et au partage d’informations, ils choisissent les tests et les traitements en se basant à la fois sur les preuves et sur les préférences, les croyances et les valeurs individuelles du patient. Ce processus conjoint garantit que le patient comprend les risques, les avantages et les conséquences possibles des différentes options et qu’il est en mesure de prendre des décisions sur les soins qui lui conviennent, y compris les options d’absence de traitement ou de poursuite du traitement en cours.

La prise de décision partagée est un aspect important des soins centrés sur la personne, et sa principale composante est la communication. Le degré d’engagement dans la prise de décision varie quelque peu et peut dépendre de la personnalité et du caractère du patient. En outre, les préférences en matière de traitement, le type et la quantité d’informations qu’il souhaite recevoir du clinicien et sa participation à la prise de décision peuvent également évoluer au fil du temps. Ainsi, la nécessité d’une prise de décision partagée est permanente tout au long du parcours de soins.

Malgré sa complexité, la prise de décision partagée peut accroître la satisfaction, l’engagement et l’adhésion des patients, ainsi que leur capacité à gérer eux-mêmes leurs symptômes. Cependant, la prise de décision partagée est sous-utilisée par les kinésithérapeutes et des inadéquations entre les objectifs de réadaptation des patients et des thérapeutes ont été signalées.

5.1.2. La prise de décision partagée dans la pratique Des lignes directrices récentes recommandent que la prise de décision partagée soit intégrée au niveau organisationnel (avec un leadership de haut niveau, des plans d’amélioration à l’échelle de l’organisation et des réseaux de soutien) et au niveau individuel (dans l’initiation, la formation et le développement professionnel continu de tous les cliniciens) pour s’assurer que les cliniciens ont les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour la soutenir dans la pratique. Ces lignes directrices comprennent des détails sur la manière de prendre des décisions partagées.

Avant qu’un kinésithérapeute puisse fournir des soins centrés sur la personne, il convient de clarifier les objectifs de traitement individuels du patient et ce qui compte le plus pour lui. Les travaux empiriques ont abouti à un modèle à trois niveaux pour la fixation des objectifs, qui comprend des objectifs spécifiques aux symptômes ou à la maladie (pour obtenir un soulagement des symptômes), des objectifs fonctionnels et des objectifs fondamentaux (s’appuyant sur les valeurs, les espoirs et les priorités d’une personne dans la vie). Les auteurs recommandent de fixer des objectifs à ces trois niveaux et de commencer par les objectifs fondamentaux, car ce sont eux qui orientent les discussions sur les objectifs fonctionnels et les objectifs spécifiques aux symptômes.

15 JUIN 2023

Une fois le type d’objectif identifié, les cliniciens peuvent utiliser le modèle des trois discussions (« threetalk model ») pour le processus de prise de décision partagée. Ce modèle implique :

1 Une discussion d’équipe (« Team talk ») : le travail nécessaire pour former un partenariat et soutenir la prise de décision ;

2 Une discussion sur les options (« Option talk ») : comprend les risques, les avantages et les alternatives ;

3 Une discussion autour de la prise de décision (« Decision talk ») : aide les patients à explorer leurs préférences et à parvenir à une décision spécifique.

Des kinésithérapeutes indiquent qu’ils trouvent difficile de fixer des objectifs communs en raison de contraintes de temps, de compétences limitées et d’un manque d’expérience en ce qui concerne l’implication des patients dans les traitements. Il faut du temps et de la pratique pour maîtriser ces compétences de communication. Une série d’aides à la décision peuvent être utilisées pour faciliter les discussions (par exemple, un tableau d’objectifs, un diagramme de Cates). Les cliniciens craignent souvent que l’utilisation d’aides à la décision n’allonge les consultations. Toutefois, une étude Cochrane a montré que l’utilisation d’une aide à la décision avait des effets variables sur la durée d’un rendez-vous, allant d’une réduction de 8 minutes à une augmentation de 23 minutes.

5.1.3. Évaluer les compétences en matière de prise de décision partagée

Les compétences des cliniciens en matière de prise de décision partagée peuvent être mesurées à l’aide d’échelles telles que l’outil OPTION. Celui-ci mesure 12 comportements du clinicien sur une échelle ordinale allant de 0 («Le comportement n’est pas observé ») à 4 (« Le comportement est observé et exécuté à un niveau élevé »). Ces scores sont ensuite additionnés pour obtenir un pourcentage; plus le pourcentage est

élevé, plus les compétences affichées sont importantes. Le chiffre de 60 % est généralement considéré comme le niveau minimal de compétence. Avec l’autorisation du patient, un clinicien peut enregistrer ses consultations afin d’évaluer ses compétences dans ce domaine et de suivre ses progrès ou de demander à ses pairs d’évaluer ses compétences en matière de communication. Comme les pratiques de prise de décision partagée peuvent être mesurées, il est possible de les améliorer afin d’optimiser l’expérience et le résultat du patient.

5.2. Accompagnement vers l’autogestion

Dans la mesure du possible, les cliniciens devraient utiliser une approche d’autogestion qui adapte le traitement aux personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques. En fonction des caractéristiques, des

16 JUIN 2023

besoins et des objectifs du patient, ainsi que de la durée de ses troubles, le traitement peut être plus ou moins axé sur l’autogestion. Les publications sur le soutien à l’autogestion pour les personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques sont des ressources précieuses pour les cliniciens. L’approche de l’autogestion peut être complétée par d’autres traitements modernes fondés sur des données probantes, conformément aux recommandations relatives à la prise en charge des douleurs musculo-squelettiques.

Il est important de souligner que, bien que l’approche de l’autogestion soit issue du traitement des maladies chroniques ou persistantes, elle peut également être utile aux personnes souffrant de maladies aiguës ou subaiguës. Par conséquent, nous recommandons qu’une

approche d’autogestion soit utilisée de façon plus générale en kinésithérapie pour les personnes souffrant de douleurs musculo-squelettiques.

5.2.1. Compétences générales d’autogestion

Les compétences générales d’autogestion telles que la résolution de problèmes, la prise de décision, l’utilisation des ressources, la formation d’un partenariat entre le patient et le prestataire de soins, la planification des actions, l’autoadaptation et l’autosurveillance sont des composantes essentielles de l’autogestion assistée. Par conséquent, l’amélioration de ces compétences pourrait être définie comme un objectif pour les personnes dont les compétences générales en matière d’autogestion ont été jugées insuffisantes lors de la phase d’identification et de fixation des objectifs.

17 JUIN 2023

L’objectif ultime du soutien à l’autogestion est d’améliorer la qualité de vie du patient en l’encourageant à acquérir les compétences dont il a besoin pour gérer activement (participer et assumer la responsabilité) l’impact réel ou potentiel de sa maladie. Les compétences générales d’autogestion sont souvent négligées par les cliniciens, mais elles peuvent permettre aux patients de gérer activement leur maladie, à la fois à court et à long terme.

5.2.2. Connaissances, compétences et outils spécifiques

Des connaissances, des compétences et des outils supplémentaires peuvent être inclus en fonction du contexte, de l’expérience et de la présentation du patient. Ces sujets pourraient inclure la gestion et l’acceptation de la douleur, du handicap, des exacerbations, des émotions, de la fatigue et du stress ; les obstacles physiques à la guérison (c’est-à-dire la gestion de la charge et un programme d’exercices progressif avec un dosage adéquat) ; les facteurs liés au mode de vie (c’est-à-dire l’activité physique, le sommeil, le contrôle du poids, la nutrition, la relaxation) ; les cognitions inutiles et les idées fausses ; et la participation (au travail) (par exemple, la communication, l’ergonomie, l’affirmation de soi, le soutien social).

Le changement de comportement pouvant être une composante importante de l’autogestion, il est important d’inclure un large éventail de déterminants du comportement (attitude, efficacité personnelle, influence sociale, connaissances et compétences) dans le soutien apporté, au lieu de fournir uniquement des connaissances sur ces sujets. Les cliniciens peuvent éduquer les patients, mais il est encore plus important de mettre l’accent sur la fourniture de ressources éducatives fiables (y compris des outils) et sur l’enseignement de compétences plus générales en matière de résolution de problèmes.

Il est également important de prêter attention aux obstacles potentiels à l’autogestion. L’efficacité personnelle étant l’un des mécanismes permettant de parvenir à l’autogestion, il est important de préparer les patients à vivre des expériences réussies.

5.3. Évaluation et suivi

La réévaluation et la réflexion sont des éléments essentiels de tout traitement, y compris de l’autogestion assistée, où elles sont des composantes importantes de la phase d’évaluation. La réévaluation et la réflexion

18 JUIN 2023 EXXPERT

peuvent (et doivent) également être utilisées pendant la phase d’autogestion assistée. Les éléments qui peuvent être évalués comprennent les sujets mentionnés dans la phase d’identification et de fixation des objectifs.

Il est également important d’aider les personnes à planifier l’avenir, notamment en élaborant un plan d’action pour faire face aux défis futurs et aux rechutes. Celui-ci peut également inclure un plan de suivi, qui peut consister en des consultations en ligne/par téléphone, des contacts par e-mail ou un rendez-vous d’examen en personne après plusieurs mois. En outre, des mesures objectives (par exemple, des questionnaires) doivent être utilisées pour évaluer la compréhension qu’a le patient de sa maladie, ses compétences en matière d’autogestion et son sentiment d’efficacité personnelle.

6. Soins centrés sur la personne dans les pays à revenus faibles et intermédiaires

L’évolution des soins musculo-squelettiques peut être entravée par des croyances culturelles au sein des professions, des incitations financières pour des soins de faible valeur et un financement insuffisant pour des soins de grande valeur. Bien qu’en théorie, les principes abordés dans cet article s’appliquent également aux pays à revenus faibles et intermédiaires, l’insuffisance des ressources humaines et des fonds alloués à la santé ainsi qu’un leadership et une gestion médiocres peuvent avoir un effet négatif sur la mise en œuvre de soins centrés sur la personne. Il convient de réfléchir à la manière de relever les défis liés à l’évolution des pratiques et au maintien d’une approche centrée sur la personne dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.

Les progrès des technologies de l’information ont introduit de nouvelles approches de conception qui soutiennent la prestation de soins de santé et l’éducation des patients. Cependant, les messages sur la prévention et les stratégies d’autogestion atteignent rarement les personnes qui vivent dans des zones reculées, difficilement accessibles, et qui n’ont pas accès à des centres de soins adéquats. Il serait prudent que les pays à revenus faibles et intermédiaires adoptent l’utilisation des technologies de l’information pour promouvoir des messages et des approches de la santé musculosquelettique centrés sur la personne, dans un langage clair et facile à comprendre. La transition pourrait être encore plus nécessaire dans les pays à revenus faibles

et intermédiaires où les patients jouent le rôle de consommateurs, considérant les conseils des cliniciens comme l’étalon-or du traitement.

Les croyances et les attitudes culturelles sont des éléments importants à prendre en compte dans la planification d’un traitement axé sur la personne. Les patients des pays à revenus faibles et intermédiaires s’attendent souvent à recevoir une approche passive du traitement. Les kinésithérapeutes de ces pays nous ont appris que les patients des zones rurales se rendent parfois dans les zones urbaines pour recevoir les « meilleurs soins », qui impliquent l’utilisation de machines techniques (modalités thérapeutiques) dont le patient pense qu’elles soulageront la douleur.

Les attitudes à l’égard du poids corporel peuvent constituer un autre obstacle. La perte de poids peut être un objectif important du traitement, mais les croyances sociales peuvent entraver une gestion efficace du poids. Par exemple, certaines personnes considèrent qu’un poids élevé est un signe de richesse ou peuvent interpréter une perte de poids comme le signe d’une maladie sous-jacente (par exemple, un cancer ou une infection par le VIH). En outre, l’exercice peut être considéré comme trop douloureux, même si, dans certaines perspectives religieuses, la douleur peut être ressentie comme quelque chose que l’on doit endurer et supporter. Pour ces raisons et d’autres encore, il est important d’identifier, de reconnaître et d’aborder la culture dans différents contextes, une compétence que les cliniciens peuvent mettre du temps à maîtriser.

Le manque de kinésithérapeutes qualifiés est un autre obstacle à la mise en œuvre de soins axés sur la personne. Le nombre de kinésithérapeutes spécialisés dans les affections musculo-squelettiques, bien formés, doit être augmenté pour faciliter des soins de qualité et centrés sur la personne dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Des efforts devraient être faits pour améliorer les centres de formation pour les kinésithérapeutes qui s’occupent de personnes souffrant de problèmes musculo-squelettiques et augmenter leur nombre.

Il faut également multiplier les possibilités en ligne pour les thérapeutes existants de recevoir une formation axée sur les compétences à fournir des soins centrés sur la personne.

19 JUIN 2023

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.