Axxon Magazine 57 Exclusive MRT 2023 FR

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Association professionnelle pour tous les kinésithérapeutes

Exclusif

À LA UNE Kinésithérapie fasciale

MARS 2023 Magazine réservé aux membres. Pour et par les kinésithérapeutes

EXXTRA

Littérature spécialisée AXXON EN ACTION

Décisions récentes et chantiers à venir en Commission de convention

Une prime pour les prestataires de soins conventionnés Séance inaugurale de la Commission fédérale de contrôle

LITTÉRATURE SPÉCIALISÉE

Soins primaires en kinésithérapie

Soins primaires en kinésithérapie est spécialement conçu pour répondre au rôle primordial et croissant des kinésithérapeutes dans les soins de premières intentions. Le contenu prépare les étudiants et les praticiens à comprendre les problèmes courants rencontrés pendant la procédure d’accès direct. Il couvre toutes les informations et compétences dont le professionnel a besoin pour réussir dans ce domaine.

Ce livre est divisé en trois parties :

La dimension somato-psychique en fasciathérapie

Prévenir le syndrome post-soins intensifs

AXXON EXCLUSIF PUBLICATION DE L’ASBL AXXON MARS

2023 TRIMESTRIEL – ANNÉE 14 – N° 57 – IMPERIASTRAAT 16 – 1930 ZAVENTEM BUREAU DE DÉPÔT: BRUXELLES X NUMÉRO D’AGRÉMENT: P910666 ÉDITEUR RESPONSABLE:

PETER BRUYNOOGHE – IMPERIASTRAAT 16 – 1930 ZAVENTEM RÉDACTION & COPYWRITING: SÉBASTIEN KOSZULAP & HELENA

D.MILONAS – REDACTION@AXXON.BE TRADUCTION: EMILY VAN

COOLPUT CONCEPT ET RÉALISATION: C3CREATIES IMPRESSION:

SYMETA-HYBRID ADRESSE DE CORRESPONDANCE AXXON:

IMPERIASTRAAT 16 – 1930 ZAVENTEM – TÉL : 02 709 70 80 – WWW.AXXON.BE NUMÉRO DE COMPTE POUR LES

COTISATIONS: BE18 3631 0868 1365

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• la première partie décrit les modèles de soins primaires déjà en place, dans lesquels les kinésithérapeutes sont le point d’entrée pour certaines populations de patients ;

• la deuxième partie se concentre sur les compétences du kinésithérapeute en termes d’examen et d’orientation essentielles à un modèle de prestation de soins primaires, dans le cadre d’un accès direct ;

• la troisième partie aborde les populations particulières de patients qui présentent des caractéristiques et des problèmes spécifiques, telles que la population adolescente, la patiente en obstétrique et aussi la population gériatrique.

PROMOTION MEMBRES D’AXXON 10 % DE RÉDUCTION

Ce guide de référence est destiné aux kinésithérapeutes, aux ostéopathes ainsi qu’aux étudiants en écoles de kinésithérapie et d’ostéopathie.

Auteurs : William G. Boissonnault, William Raymond Vanwye

Editeur : Elsevier – Masson

Date de publication : Septembre 2022

Nombre de pages : 512

ISBN : 9782294774263

Prix normal : 69,35 €

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EXXTRA
SOMMAIRE
EXXPERT
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02 MARS 2023
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Quel bilan pour l’année 2022 ?

Force est de constater que le secteur de la kinésithérapie est bien mieux écouté aujourd’hui qu’hier.

Pour preuve, nous avons rencontré par deux fois le cabinet du ministre fédéral de la Santé qui, en plus de nous avoir prêté une oreille attentive, a clairement exprimé que le kinésithérapeute n’est pas rémunéré correctement et que sa compétence en permanente évolution doit être mieux reconnue.

Nous avons aussi pu conclure, en cette fin d’année 2022, une convention acceptable pour les kinésithérapeutes, même si elle est encore loin de répondre à l’ensemble de nos souhaits et revendications. Nous avons en effet obtenu un budget supplémentaire de 25 millions d’euros en plus des montants d’indexation. Peu de secteurs ont fait mieux.

Grâce à votre implication lors du lancement de notre pétition visant à abolir la discrimination en matière de remboursement qui touche les patients des kinésithérapeutes nonconventionnés, nous avons pu être entendus au niveau du parlement. Les signatures récoltées en juin dernier nous ont en effet permis d’être auditionnés par la commission santé le mercredi 11 janvier 2023, où nous avons reçu le soutien affirmé de la majorité parlementaire. Nous suivrons attentivement la suite accordée à ce dossier que nous ne laisserons pas tomber.

Cela nous incite à poursuivre nos objectifs de revalorisation du secteur, aussi bien pour les praticiens indépendants que pour les kinésithérapeutes salariés.

en comprendrez l’importance pour le développement du paysage des soins de première ligne auquel nous sommes confrontés. Si nous voulons être entendus, soyons actifs ! Vous trouverez plus d’informations concernant ce projet dans l’AXXON Magazine de ce trimestre.

Le kinésithérapeute doit aussi développer ses connaissances en e-santé. Ce n’est pas tout de demander un partage des données de santé de nos patients : il faut admettre que cela demande des connaissances et une réelle volonté de « partager ». Les e-prescriptions, les e-attestations, etc., sont à nos portes : ne ratons pas le train ! À terme, tout cela permettra de simplifier notre travail.

Les objectifs d’AXXON Qualité en Kinésithérapie pour 2023

L’association professionnelle souhaite se renforcer sur le terrain. Pour ce faire, nous avons essentiellement besoin de votre collaboration. Le projet de création de « cercles de kinésithérapie » est lancé et nous espérons que vous

Rappelons aussi qu’un groupe de travail représentatif œuvre efficacement au développement d’une toute nouvelle nomenclature. Là encore, l’objectif de simplification est primordial. La nomenclature actuelle est dépassée, voire obsolète. Nous vous tiendrons bien entendu informés des avancées en cette matière dans les prochains mois.

Je conclurai en vous souhaitant le meilleur pour l’année 2023 qui, je l’espère, offrira une collaboration fructueuse entre tous les kinésithérapeutes, au meilleur profit de tous, y compris de nos patients.

ÉDITO BERNARD LAPLANCHE PRÉSIDENT AXXON QUALITÉ EN KINÉSITHÉRAPIE
03 MARS 2023
« Si nous voulons être soyonsentendus, actifs ! »

Décisions récentes et chantiers à venir en Commission de convention

Coup d’oeil sur les dossiers traités au sein de la Commission de convention en ce début d’année.

Le premier dossier traité par la Commission de convention (CC) en 2023 a été celui du dépassement des objectifs budgétaires partiels.

Depuis 2020, le Conseil Général attend explicitement du secteur des soins qu’il fasse preuve de responsabilité et d’un esprit de réforme. À partir de 2023, l’effort demandé sera renforcé par des objectifs chiffrés pour la suppression des dépenses qui ne débouchent pas sur des soins appropriés (appropriate care), tous les secteurs étant sollicités sur ce plan. L’objectif est de créer une marge budgétaire pour répondre aux besoins non rencontrés dès 2023 (20 millions), mais plus encore en 2024 (80 millions).

Tous les secteurs où il existe un risque de dépassement pour 2022 ont donc été priés de fournir à la Commission de Contrôle Budgétaire (CCB), pour le 30 janvier 2023 au plus tard, une analyse détaillée des causes de ce dépassement sur la base des calculs techniques révisés de septembre 2022.

Quelles conséquences concrètes

pour notre secteur ? Si nous prenons en compte les montants réservés, nous constatons ces 46,5 millions d’euros – dont 46,1 millions pour e-Attest (qui n’est toujours pas entrée en application entre-temps) –débouche sur un dépassement limité de l’objectif 2022 de 6,2 millions d’euros.

Ce dépassement peut être intégralement attribué à la nonapplication de la règle des 25 % entre le 01/01/22 et le 30/06/22, faute de convention.

Le surcoût associé à la nonapplication de la règle des 25 % au cours des 6 premiers mois de l’année a en effet été chiffré par l’INAMI à 12 millions d’euros sur la base des tarifs au 01/01/22 et d’un taux de conventionnement 2021 de 82,3 %.

Étant donné qu’il s’agit ici d’un facteur exogène, la réponse de notre CC à la CCB est clairement qu’il n’y a pas de risque de dépassement et qu’aucune mesure n’est donc nécessaire.

AXXON a fait inscrire plusieurs

dossiers importants dans l’avenant à la Convention M22 et fait pression sur l’INAMI pour qu’ils soient traités sans délai et pour que la fréquence des réunions soit accrue lorsque c’est nécessaire.

Plus concrètement, il s’agit de notre proposition en faveur d’une augmentation structurelle conséquente de la prime de qualité et de son indexation annuelle à partir de 2024. Nous sommes aussi en train de développer une méthodologie pour le recalibrage des tickets modérateurs fixes, que l’inflation galopante a vidés de leur substance et qui risquent donc de ne plus remplir correctement leur fonction. L’INAMI a fait savoir que ceci doit se faire en concertation avec les autres secteurs concernés.

AXXON demande aussi que les frais de déplacement de tous les secteurs soient enfin harmonisés en 2023. Un groupe de travail avait déjà été chargé d’examiner la question en 2008, mais l’initiative avait fait long feu en raison du boycott des autres prestataires.

AXXON EN ACTION
LUK DIELEMAN 04 MARS 2023

Par ailleurs, la Commission de convention proposera d’ici le 1er mai 2023 un certain nombre de mesures touchant à l’efficacité des soins en vue de générer des gains d’efficience. Le montant correspondant devra être réinjecté dans le secteur dès leur introduction.

De très nombreux chiffres ont été demandés auprès de l’INAMI et des mutuelles afin d’étayer ces mesures. Ces données doivent permettre à la CC d’assurer une gestion correcte du secteur en toute transparence, ce qui nécessitera évidemment aussi des réunions supplémentaires de groupes de travail de toutes sortes… mais AXXON sera là pour éviter que ceux-ci ne soient utilisés à mauvais escient pour « noyer » des dossiers ou les reporter aux calendes grecques.

Des mesures susceptibles d’avoir des conséquences pour les prestataires sont toutefois aussi en préparation endehors de la Commission de convention. Nous pensons aux travaux en vue de la nouvelle nomenclature, qui sont toujours en cours au sein du groupe de travail du Conseil Technique de la Kinésithérapie et semblent avancer plus vite que dans le passé.

L’affichage obligatoire des tarifs des prestataires de soins (en application de la loi du 27/10/21) est une autre mesure prévue pour bientôt1. Tous les dispensateurs de soins vont avoir l’obligation d’informer clairement les bénéficiaires au préalable des tarifs qu’ils appliquent pour les prestations les plus courantes dans leur discipline, en distinguant l’intervention de l’assurance, la quote-part personnelle du patient et, le cas échéant, le montant maximal des suppléments qui s’appliquent.

Références

Les personnes qui utilisent déjà les affiches d’AXXON peuvent toutefois dormir sur leurs deux oreilles, car notre association recommande depuis toujours cette forme de transparence. Le modèle d’affiche devant être fixé pour chaque secteur par le Comité de l’assurance sur proposition de la Commission de convention, quelques petites modifications ne sont pas à exclure, mais il est encore trop tôt pour le dire.

Par contre, il a déjà été convenu que les affiches devront être apposées dans un endroit bien en vue :

au cabinet du prestataire de soins (p.ex. dans la salle d’attente) ;

dans les hôpitaux où ces prestataires dispensent des soins ambulatoires et pour leur propre compte (p.ex. au cabinet) ;

dans les laboratoires (p.ex. dans l’espace où est organisée la collecte d’échantillons) ;

par le biais de canaux de communication en ligne si le prestataire en dispose (p.ex. sur un site internet propre).

Suivez les différents canaux d’information d’AXXON pour rester informé des activités des commissions et autres groupes de travail.

1 http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&la=F&cn=2021102701&table_name=loi.

05 MARS 2023

Une prime pour les prestataires de soins conventionnés

Cette année, les prestataires de soins se verront accorder une prime par le gouvernement pour les aider à assumer l’augmentation des frais intervenue au cours de l’année écoulée. Contre l’avis d’AXXON, les autorités ont toutefois décidé de n’octroyer cet avantage qu’aux prestataires conventionnés.

Le ministre des Affaires sociales et de la Santé espère, par cette mesure, atteindre un double objectif : compenser quelque peu l’augmentation de la facture d’énergie, des frais de personnel, etc., pour les prestataires, mais aussi les encourager à adhérer aux accords ou conventions de leur secteur, à respecter les tarifs officiels de l’INAMI et donc à ne pas répercuter leurs propres frais sur les patients.

Les 100 millions d’euros prévus pour cette mesure de soutien dans le budget de l’INAMI seront partagés entre 12 professions de soins, des médecins aux bandagistes.

Les prestataires conventionnés toucheront tous un même montant de base, financé par la moitié de ce budget de 100 millions réparti entre les prestataires des 12 secteurs. Pour ce volet, un médecin touchera donc le même montant qu’un kinésithérapeute ou un audicien.

L’autre moitié du montant perçu dépendra du taux de conventionnement de chaque secteur. L’INAMI se chargera de ventiler le budget disponible entre les secteurs sur la base du nombre total de prestataires, qu’ils soient ou non conventionnés et qu’ils se tiennent

LUK DIELEMAN
AXXON EN ACTION 06 MARS 2023

ou non aux tarifs officiels… mais le montant destiné aux prestataires d’un secteur donné, par exemple celui de la kinésithérapie, sera ensuite partagé uniquement entre ceux qui sont conventionnés. Les personnes qui travaillent dans un secteur où le taux de conventionnement est très faible toucheront donc une prime plus élevée.

Seuil d’activité minimal

En outre, seuls seront pris en compte les prestataires ayant un niveau minimal d’activité dans le cadre de l’assurance maladie. Pour pouvoir toucher la prime, cette activité devra atteindre un certain seuil en 2023 ; c’est pourquoi il sera tenu compte des montants facturés à l’INAMI dans le courant de cette année, dont le total devra s’élever au minimum à 20 % du montant médian porté en compte à l’INAMI par les prestataires âgés de 45 à 55 ans dans le secteur considéré.

Pour les prestataires qui travaillent dans un système au forfait (en maison médicale), c’est le nombre d’heures prestées qui sera pris en compte (au moins 20 % d’un ETP).

À ce stade, l’INAMI prévoit de verser la prime au second semestre ; seules les personnes qui n’ont pas atteint le seuil d’activité minimal à ce moment seront payées plus tard. Le versement interviendra automatiquement ; les prestataires doivent simplement s’assurer d’avoir communiqué leur bon numéro de compte dans le portail ProSanté

L’INAMI a déjà calculé un montant indicatif pour les différents secteurs. Un chiffre précis suivra lorsque les données nécessaires au calcul seront disponibles. La prime des médecins s’élèverait à 1.072,63 euros, celle des audiciens (le secteur le moins bien loti) à 967,45 euros. Les kinésithérapeutes toucheraient 1.197,35 euros et les dentistes, 1.634,62 euros.

La prime la plus élevée sera celle des pharmaciens, qui empocheront la coquette somme de 1.790,00 euros. Néanmoins, il s’agit là d’un montant par officine et non par prestataire individuel.

La position d’AXXON

AXXON ne pouvait évidemment que s’opposer à la décision de réserver cette « prime de crise » aux seuls prestataires conventionnés. Tous les kinésithérapeutes qui exploitent un cabinet sont en effet confrontés à la même flambée des prix de l’énergie, quel que soit leur statut de conventionnement. AXXON a donc proposé de consacrer plutôt l’enveloppe dévolue au secteur à une augmentation des honoraires, qui ne sont pas automatiquement indexés en fonction de l’inflation et restent donc à la traîne par rapport au coût de la vie. Ce budget de crise bénéficierait ainsi à tous les kinésithérapeutes qui ont vu leurs frais augmenter de manière exponentielle au cours de l’année écoulée.

La cellule stratégique et l’INAMI n’ont toutefois pas voulu accepter cette proposition et le dossier à été approuvé à la majorité contre la minorité lors du dernier Comité de l’assurance de 2022.

07 MARS 2023

Séance inaugurale de la Commission fédérale de contrôle

Le mercredi 18 janvier 2023 a eu lieu la séance inaugurale de la Commission fédérale de contrôle, créée par la loi du 22 avril 2019 relative à la qualité des pratiques en matière de soins de santé (la “loi qualité”). Elle remplace les anciennes Commissions médicales provinciales et se compose d’une Chambre francophone et d’une Chambre néerlandophone.

Les kinésithérapeutes de la Chambre francophone sont représentés par Manuel Jacquemin en tant que membre effectif et par Bernard Laplanche en tant que membre suppléant. Pour la Chambre néerlandophone, Peter Bruynooghe a été désigné comme membre effectif et Dirk Verleyen comme membre suppléant.

Dans son discours d’ouverture, le ministre Vandenbroucke a souligné la nécessité de disposer de soins de santé sûrs et de qualité. La Commission de contrôle a pour mission non seulement de contrôler la pratique des professionnels de la santé, mais aussi de veiller au respect et à l’application de la loi sur les droits des patients*.

Le professeur Tom Goffin, inspirateur de la loi qualité, a ensuite pris la parole. En tant que président de la Commission fédérale des droits des

patients, il a lui aussi fait le lien entre la loi qualité et la loi sur les droits des patients. Ainsi, le patient a le droit :

à un service de qualité fourni par des prestataires de soins de santé compétents (le portefeuille) ;

au libre choix de son prestataire de soins de santé ;

à l’information sur son état de santé ;

de donner ou de refuser de donner son consentement (consentement éclairé) ;

à un dossier patient tenu à jour qu’il peut consulter (et dont il peut obtenir une copie) ;

au respect de sa vie privée et de son intimité.

Tous ces droits peuvent être appliqués dans le cadre de la loi qualité. C’est pourquoi il est également important que des représentants des patients soient présents au sein de la Commission de contrôle. Le patient est placé au centre et contribuera à tracer les lignes de soins de qualité. Le patient devient un partenaire des soins de santé de qualité !

Xavier Van Cauter, coordinateur de la cellule “Contrôle des prestataires de soins” au sein de la DG Santé du SPF, a expliqué les tâches de la Commission fédérale de contrôle. Elle adopte une approche proactive, non seulement en traitant les plaintes mais aussi en fixant des priorités sur la base des données recueillies.

AXXON EN ACTION PETER BRUYNOOGHE
08 MARS 2023

La Commission de contrôle est autorisée à superviser :

1. l’aptitude physique et psychologique des professionnels de la santé à continuer à exercer leur profession sans risque ;

2. le respect par les prestataires de soins des dispositions de la loi qualité et de ses décrets d’application ;

3. l’exercice licite des professions de santé visées aux articles 122 à 129 de la loi coordonnée du 10 mai 2015 (sur l’exercice des professions de santé), et des pratiques non conventionnelles visées à l’article 11 de la loi du 29 avril 1999 (sur les pratiques non conventionnelles en médecine, médecine médico-légale, kinésithérapie, soins infirmiers et professions paramédicales si l’exercice illicite fait craindre des conséquences graves pour les patients ou la santé publique) ;

4. le respect des droits du patient par le prestataire de soins ;

5. des circonstances qui, si le professionnel de la santé continue à exercer, font craindre des conséquences graves pour les patients ou la santé publique.

Le Comité de suivi peut exercer sa mission de la manière suivante :

1. par un suivi systématique ;

2. par un suivi ad hoc :

a. suite à une plainte ;

b. de sa propre initiative ou à la demande du ministre.

La Commission de contrôle peut révoquer ou suspendre un visa (autorisation d’exercer), mais peut également soumettre un plan d’amélioration au praticien de santé.

Compte tenu de la possibilité, au sein du Comité de suivi, de mettre en place des groupes de travail et d’impliquer des experts, AXXON va entreprendre des démarches pour mettre en place un organe disciplinaire d’autorégulation dans le cadre de ce Comité de suivi afin de superviser l’application des règles de conduite des kinésithérapeutes.

*Pour plus d’informations, consultez la brochure “Droits du patient”, disponible sur le site web du SPF Santé publique et sur www.axxon.be

09 MARS 2023

La dimension somato-psychique en fasciathérapie

Dans l’article publié par l’ABCIG Kinésithérapie fasciale en décembre dans la newsletter « Sous la loupe » d’AXXON, l’importance de l’éducation des patients dans la médecine contemporaine était décrite et un aperçu général des applications existantes de l’éducation des patients dans le domaine du mal de dos chronique était donné. Dans cet article, l’attention est portée sur l’éducation des patients telle qu’elle est présentée dans la fasciathérapie MDB.

Il existe différentes formes de fasciathérapie, dans lesquelles nous pouvons distinguer deux courants. Le premier se concentre sur le tissu conjonctif en tant que structure anatomique, comme les méthodes Stecco et Rolfing. Un autre courant tel que la fasciathérapie « Méthode Danis Bois » (MDB) étend cette approche anatomique à une kinésithérapie dans laquelle le patient est impliqué dans le traitement par la perception et la conscience. On pourrait aussi l’appeler “kinésithérapie sensorimotrice”. La plainte est traitée par le biais de mouvements et de techniques fasciales manuelles thérapeutiques, en prêtant attention à l’impact psycho-

émotionnel de la plainte. L’impact émotionnel comprend l’anxiété, la kinésiophobie, les schémas de pensée négatifs tels que l’interprétation et l’anticipation négatives ou la croyance négative.

L’importance de la prise de conscience par le patient est spécifique à cette forme de fasciathérapie. Tant la conscience du mouvement pendant la rééducation que la conscience du déroulement et des effets du traitement manuel sur la table.

PAUL SERCU KINÉSITHÉRAPEUTE ET FASCIATHÉRAPEUTE
EXXPERT
10 MARS 2023

Les plaintes physiques médicalement inexpliquées

Des réponses physiologiques physiques combinées à divers facteurs psycho-émotionnels sont en partie à l’origine des plaintes dites non spécifiques et aux plaintes chroniques (Edwards 2012, Van Den Bergh 2017). Ces plaintes ne sont généralement pas la copie d’un dysfonctionnement physique et/ou de réponses physiologiques, mais le résultat d’un mélange de dysfonctionnements physiologiques physiques et de facteurs psycho-émotionnels au sens large. Les plaintes peuvent également se situer aux deux extrêmes : purement psychologique, où la plainte ne peut pas être liée à des dysfonctionnements physiologiques observables, ou purement physique, où la plainte est l’expression parfaite de dysfonctionnements physiologiques (Van den Bergh 2017).

Étant donné que la fasciathérapie MDB tient compte à la fois des facteurs physiques, physiologiques et psycho-émotionnels de la plainte, nous pouvons affirmer que cette approche peut être une option pour le traitement des plaintes physiques dites médicalement inexpliquées et des plaintes chroniques, ainsi que pour le soutien de pathologies lourdes telles que les maladies oncologiques (Bois 2010 = dernière référence). Il existe des preuves dans la littérature que cette approche est efficace pour traiter les plaintes liées au stress (Payrau et al. 2017). Également dans l’éducation des patients pour les douleurs dorsales non spécifiques et chroniques (Leberre, Debruxelles et Sercu 2021). Surtout pour les plaintes psychologiques telles que le burnout ou la dépression (Lieutaud, Grenier et Bois 2020), des résultats encourageants ont été décrits. Des lectures utiles dans ce contexte sont « Fasciathérapie, école du dos sensorielle » (2018) de Sercu et Wolfs et « La douleur : la comprendre et reprendre le contrôle sur sa vie » (2021) de L. Vermeulen.

11 MARS 2023

Psycho-éducation somatique

La psycho-éducation somatique est une forme bien définie de soutien aux patients, développée par le professeur Dr Danis Bois dans les années 1980. “Somatique” fait référence au corps, “psycho” à l’esprit et “éducation” à l’aspect d’apprentissage dans le cadre du traitement. Le patient apprend à utiliser son sens de la proprioception et son attention pour prendre conscience de son mouvement, de son corps et de lui-même. Cela conduit à une réduction de la sensation de douleur, à un schéma de mouvement plus équilibré et à un meilleur équilibre émotionnel.

Il apprend également quoi et comment il peut apprendre de cette même conscientisation pour la transposer dans la vie quotidienne.

Cette approche expérimentale “corps-esprit” se concentre sur un fort sentiment d’unité entre les actions physiques, les perceptions, les sentiments, les pensées et les intentions. Cela se produit en consultant simultanément les voies physiques et psycho-émotionnelles. Le fait d’être engagé et présent envers son corps et soi-même facilite la perception de “nouveaux” sentiments (un sentiment vécu de mouvement, de stabilité, de présence, de neutralité, etc.) que l’on perçoit en partie

inconsciemment dans la vie quotidienne et qui sont si évidents qu’ils semblent sans importance au premier abord. Le fait de pouvoir les articuler facilite ensuite la recherche de significations et une compréhension plus profonde de l’expérience et peut influencer la perception psycho-émotionnelle et comportementale.

Pour ce faire, le kinésithérapeute dispose de quatre outils :

1. Techniques fasciales manuelles

Ce sont des techniques douces et profondes qui libèrent les tensions du corps tout en équilibrant le système de régulation du stress. Les tensions des tissus mous sont libérées et le corps se détend également. La personne ressent également un profond calme psychologique combiné à une attention et un engagement aigus.

2. Éducation au mouvement

Un trait caractéristique de l’éducation au mouvement est la manière de l’exécuter. Les mouvements sont basés sur des schémas de mouvements plutôt que sur des mouvements qui reposent sur l’emplacement anatomique des muscles, des chaînes musculaires et de leurs fonctions. Les mouvements sont exécutés lentement, ce qui permet aux patients de prendre plus facilement conscience de leurs schémas de mouvement et du repos psycho-émotionnel nécessaire.

3. Introspection sensorielle

Ici, l’accent est mis sur l’attention et la prise de conscience des sentiments qui peuvent être perçus par l’organe sensoriel de l’intéroception ainsi que sur l’apprentissage de l’écoute des pensées émergentes.

4. Counselling

Pendant l’éducation du mouvement, une conversation a lieu au cours de laquelle le patient est guidé pour verbaliser le mouvement ressenti et les effets obtenus. Cela facilite la mémorisation et permet de mieux comprendre pourquoi et à quoi servent les exercices. Pendant qu’il suit par le toucher les techniques manuelles, le patient est guidé pour prendre conscience du déroulement du traitement et des réactions physiologiques obtenues.

EXXPERT
12 MARS 2023

Il acquiert une meilleure compréhension de ses problèmes et de la solution, ce qui facilite le suivi éducatif et peut renforcer la motivation pour prendre sa santé en main.

La méthodologie repose sur le principe du poisson : apprends à la personne à pêcher au lieu de lui donner un poisson. Plutôt que de demander au patient d’effectuer des exercices en lui indiquant ce qu’il peut ressentir, nous lui apprenons à découvrir lui-même les effets thérapeutiques par un mouvement lent et conscient

(ou par un traitement manuel). Comment peut-il utiliser son attention dans ce processus ? Qu’est-ce qu’il peut percevoir ? Comment peut-il utiliser de manière optimale les effets obtenus et conscients pour transformer un état pathogène en un état sain ? Et que peut-il en tirer pour arriver à un mode de vie différent (schéma de mouvement, schéma émotionnel, schéma de pensée et schéma comportemental) ? Il peut ainsi appliquer sa nouvelle façon de percevoir dans sa vie quotidienne.

13 MARS 2023

Résumé

Cette étude observationnelle longitudinale multicentrique a exploré les effets du traitement par la psychoéducation somatique (SPE) sur l’anxiété et l’estime de soi. Ceci après une seule séance de traitement (effet immédiat) et après une série de 10 séances consécutives (suivi). Le groupe expérimental (PG) était composé de personnes ayant spontanément demandé de l’aide.

Résultats : la SPE a eu deux effets majeurs. Une seule séance a permis de réduire l’anxiété d’état de 30%.

Après dix séances, la disposition à l’anxiété (anxiété caractéristique) avait diminué et, en même temps, la confiance en soi avait augmenté au-dessus de la valeur “normale”. Cela a été déterminé en utilisant un groupe de contrôle. Cette diminution et cette augmentation simultanées indiquent l’apparition d’un changement dans la relation d’une personne envers elle-même et envers les événements de la vie. En d’autres termes, cela suggère un changement de comportement et de capacité d’adaptation. Les auteurs attribuent ces résultats à la combinaison d’un enrichissement de la perception de soi et de l’expérience corporelle.

Résumé complet

Il existe un lien entre la confiance en soi, l’anxiété et la dépression. Le degré d’anxiété ressenti par une personne dépend de son niveau de confiance en soi. La confiance en soi, par contre, est considérée comme une conséquence du changement de l’indicateur principal, l’anxiété. L’anxiété d’état ou l’angoisse d’état indique une sensibilité au contexte immédiat des expériences de vie. L’anxiété d’état est l’expression plus comportementale d’un trait stable sous-jacent de la personne et est également appelée “disposition à la peur” ou “anxiété de trait”. La confiance en soi et la disposition à l’anxiété fluctuent au fil du temps. Le changement est donc possible même si elles sont décrites comme des traits de personnalité. Cependant, les deux facteurs n’évoluent pas selon le même schéma au fil du temps.

Les auteurs partent du principe que le corps joue un rôle important dans le lien entre la confiance en soi et l’anxiété. En effet, le corps est « un organe relationnel, le site de la perception de soi et de la relation avec le soi, le substrat de l’expérience et de l’émotion ». Ils croient en une voie cognitive et une voie corporelle agissant simultanément sur l’anxiété et la confiance en soi et au fait que le changement simultané de la disposition à l’anxiété et de la confiance en soi peut indiquer un changement de comportement. Ces hypothèses ont été testées dans cette étude.

114 patients ont participé à l’étude. Ils ont été mesurés avant et après une série de 10 séances de SPE données par l’un des 25 thérapeutes participants, chacun travaillant dans son propre cabinet. La SPE a donc été étudiée dans un contexte quotidien (c’est-à-dire dans un design non expérimental). L’étude a eu lieu en France. Un groupe externe a servi de groupe de référence (GR). Il a été choisi de manière totalement indépendante du groupe de recherche.

L’objectif de l’étude était d’examiner l’effet de la SPE sur l’anxiété et la confiance en soi dans une étude observationnelle et non expérimentale. Elle a également évalué comment l’anxiété et la confiance en soi ont évolué l’une par rapport à l’autre sur un suivi à moyen terme. L’hypothèse principale était que la SPE diminuerait la disposition à l’anxiété et augmenterait la confiance en soi après 10 semaines de suivi. Comme deuxième hypothèse, les auteurs s’attendaient à ce que des niveaux initiaux élevés d’anxiété d’état et de faible estime de soi soient présents dans le groupe expérimental et que ces deux valeurs reviennent au moins “à la normale” après 10 semaines de suivi. Ce qui est “normal” a été déterminé par le groupe de contrôle indépendant.

Sur les 114 participants volontaires, 76 ont terminé le programme complet. Ils constituent le groupe d’étude (OG). La version française de l’inventaire

EXXPERT
Les effets d’une approche corps-esprit, la psychoéducation somatique, sur l’anxiété et l’estime de soi
14 MARS 2023
Le résumé ci-dessous décrit les effets d’une éducation du patient dans le cadre de la fasciathérapie à partir d’une unité corps-esprit.

bidimensionnel de l’anxiété d’état et de trait de Spielberger (STAI-Y) a été utilisée pour mesurer la disposition à l’anxiété et l’anxiété d’état ; la version française de l’échelle d’estime de soi de Rosenberg (RSE) à 10 items pour cartographier la confiance en soi. Pour d’autres caractéristiques statistiques du groupe expérimental et des résultats numériques concrets, nous nous référons au document original.

Pour évaluer l’impact du programme, les résultats du groupe d’étude ont été comparés à ceux du groupe de référence. L’anxiété d’état est beaucoup plus élevée dans le groupe qui cherche de l’aide (OG). Ainsi, les patients de l’OG sont beaucoup plus anxieux que ceux du groupe de référence (RG). L’OG a une disposition à l’anxiété significativement plus élevée que le RG au départ, mais plus après 10 séances. Cela signifie que la disposition à l’anxiété est effectivement revenue “à la normale”. Les deux groupes ont des valeurs similaires pour la confiance en soi au départ. Le programme a un effet positif important sur la confiance en soi et cet effet est maintenu même après avoir corrigé l’influence de la disposition à l’anxiété. Ainsi, après 10 séances, l’OG dépasse le niveau “normal” de confiance en soi. Le programme semble n’avoir aucun effet sur la relation entre la disposition à

l’anxiété et la confiance en soi. Une seule session SPE réduit l’anxiété d’état de plus de 30% de sa valeur initiale. Un effet du praticien s’est révélé absent (pour rappel, il y a 25 thérapeutes participants), ce qui permet de généraliser les résultats à la pratique de la SPE dans son ensemble, indépendamment de la personne qui la met en œuvre.

L’augmentation de la confiance en soi pourrait être liée à une toute nouvelle expérience de soi, à savoir “se sentir vivant de l’intérieur”. L’amélioration de la confiance en soi ainsi que la disparition de la disposition à l’anxiété sont le signe d’un changement de comportement vers une meilleure capacité d’adaptation. Selon les auteurs, le toucher joue un rôle central à cet égard, à savoir sa nature perceptive et relationnelle qui fait appel à l’attention consciente de l’expérience en cours. Ils soulignent ici l’importance de se vivre “à la première personne” : plus tu percevras ton corps, plus ta confiance en toi augmentera. Les résultats de cette étude confirment donc un effet positif de cette approche centrée sur le corps sur l’anxiété et la confiance en soi.

Références

Le Berre M., De Bruxelles C., Sercu P. (2021). Impact des exercices de l’école du dos sensorimotrice sur l’épaisseur du plan de glissement de fascia thoracolombaire et répercutions sur la douleur et la souplesse de la lombalgie chronique idiopathique. Master thesis Concordet Hogeschool.

Lieutaud A., Grenier K., and Bois D. (2021). The Effects of a Mind–Body Approach, Somatic Psychoeducation, on Anxiety and Self-Esteem. Alternative and complementary therapies. Vol 7, No4, 176 - 185

Edwards M.J., Adams R.A., Brown H., Paree´s I. and Friston K.J. (2012) A. Bayesian account of ‘hysteria’ Brain: 135; 3495–3512

Payrau B., Quéré N., Payrau M.C., Breton E., (2017) Fasciatherapy and reflexology compared, to hypnosis and music therapy in stress management, In in International Journal of Therapeutic Massage & Bodywork Research Education & Practice 10(3):413

Van den Berg O., Witthöftb M., Petersen S., Brown R.J. (2017) Symptoms and the body. Neuroscience and behavioral reviews: 74; 185 – 203

The Effects of a MindBody Approach, Somatic Psychoeducation, on Anxiety and Self-Esteem Lieutaud, Grenier and Bois

Pour les références et des informations plus détaillées, consultez l’article original :

A. Lieutaud, K. Grenier, et D. Bois ; (2021). Les effets d’une approche corps-esprit, la psychoéducation somatique, sur l’anxiété et l’estime de soi. Thérapies alternatives et complémentaires. Vol 7, No4, 176 - 185

15 MARS 2023

Prévenir le syndrome post-soins intensifs

Le syndrome post-soins intensifs est une entité relativement récente qui suscite de plus en plus l’attention des médecins. Il peut se manifester – chez jusque 40 % des patients qui ont fait un séjour prolongé en unité de soins intensifs – par une faiblesse musculaire intense et persistante, des troubles cognitifs (de la mémoire, de l’attention, etc.) ou des problèmes psychologiques (angoisse, dépression, stress post-traumatique). Certaines mesures de prévention de ce syndrome sont décrites dans la littérature scientifique. Elles impliquent parfois des remises en question fondamentales des pratiques et habitudes au sein des unités de soins intensifs. Mais elles requièrent surtout du renfort en personnel. Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a passé en revue ces mesures pour ne retenir que celles qui ont vraiment fait leurs preuves.

Le syndrome post-soins intensifs ou PICS (Post-intensive Care Syndrome) est en quelque sorte le revers de la médaille des progrès en médecine intensive. Cette discipline à qui tant de patients doivent la vie a en effet connu des avancées remarquables depuis le milieu du 20e siècle. Mais au début du 21e siècle, les médecins ont commencé à comprendre qu’elle pouvait aussi avoir des conséquences négatives sur la qualité de vie des personnes qu’elle permettait de sauver. En effet, après un séjour prolongé aux soins intensifs, il n’est pas rare que le patient garde des séquelles, parfois dues à la cause de l’hospitalisation (maladie grave, accident…), mais parfois aussi à certains traitements mis en œuvre –insistons ! – pour les soigner.

Un ensemble de symptômes

Ainsi, l’immobilisation de longue durée, la ventilation mécanique (respirateur) et l’administration prolongée de sédatifs puissants peuvent participer au développement d’un état persistant de faiblesse musculaire extrême, de problèmes cognitifs (troubles de mémoire, de concentration ou d’exécution des activités de la vie

quotidienne) et/ou de séquelles psychologiques (anxiété, dépression ou stress post-traumatique). Les proches peuvent eux aussi garder des traces de ce vécu traumatisant sous la forme de stress post-traumatique ou de dépression. C’est l’ensemble de ces séquelles, parfois graves et invalidantes, qui sont regroupées sous le terme « syndrome post-soins intensifs ».

Un premier rapport du KCE en 2020

Officiellement reconnu depuis 2012, le PICS a été largement mis en lumière lors de la crise du COVID-19, qui a mené de nombreuses personnes dans les unités de soins intensifs. Le KCE y avait d’ailleurs consacré un premier rapport en 2020, destiné à alerter les médecins et à les aider à détecter rapidement les signes de PICS chez leurs patients grâce à un ensemble de six tests validés, rapides et faciles à réaliser en cabinet de médecine générale. Le rapport publié aujourd’hui évalue les mesures de prévention du PICS documentées dans la littérature scientifique. Il s’adresse donc principalement aux services de soins intensifs pour leur permettre d’agir de manière préventive.

EXXPERT KCE CENTRE FÉDÉRAL D’EXPERTISE DES SOINS DE SANTÉ
16 MARS 2023

Kinésithérapie

Les études impliquant une intervention de stimulation motrice et/ou de kinésithérapie réalisée durant le séjour à l’USI sont très hétérogènes en termes de types d’interventions, de niveaux d’intensité et de groupes contrôle, ce qui ne permet pas des comparaisons directes. Le choix du timing de ces interventions censées être « précoces » est lui aussi très variable.

On en retiendra néanmoins que la mobilisation active et intensive a un effet positif à court terme sur la force musculaire, le statut fonctionnel et la qualité de vie. Les résultats à long terme sont toutefois hétérogènes. Les interventions étudiées ont été réalisées dans le

cadre de protocoles précis veillant à diminuer le risque d’effets indésirables pour les patients (présence de contre-indications, niveaux de mobilisation différents en fonction de la sévérité de l’état du patient).

Une autre série d’études a examiné les effets de la stimulation électrique sur la faiblesse musculaire (en combinaison ou non avec de la kinésithérapie). Les résultats vont en sens divers : certaines montrent un effet positif sur la faiblesse musculaire (membres inférieurs) et la qualité de vie à court terme, tandis que d’autres ne trouvent aucun impact sur les symptômes de PICS quels qu’ils soient.

17 MARS 2023

Mesures préventives

Dans les grandes lignes, ces mesures préventives suivent cinq grands principes. Le premier est la gestion de la douleur, qui est ressentie par la plupart des patients en soins intensifs, même s’ils sont inconscients. En effet, la douleur est un puissant facteur de risque de développer des symptômes de stress post-traumatique par la suite. Ensuite, il est conseillé de diminuer autant que possible la durée de la ventilation mécanique, ce qui va de pair avec le maintien d’une

Mobilisation précoce

sédation aussi légère que possible. Il faut donc tenter régulièrement de réveiller le patient et de le sevrer du respirateur (favoriser sa respiration spontanée) dès que ses capacités respiratoires le permettent. Il faut également prévenir le delirium (un état de confusion fréquent chez les patients en soins intensifs), ce qui se fait essentiellement par des mesures destinées à maintenir le patient en contact avec la réalité : maintien des cycles jour-nuit (p. ex. en favorisant la lumière du jour dans le service), qualité du sommeil (p.

La mobilisation précoce n’a pas de définition unique Dans les études analysées, la « mobilisation » pouvait aussi bien être une mobilisation passive au lit que des exercices de déambulation jusqu’à 3 fois par jour. La qualification de « précoce » signifiait généralement endéans les premières 48 h après l’entrée en USI.

Parmi les obstacles à la mobilisation précoce identifiés dans la littérature, beaucoup sont liés à l’état du patient : sédation ou coma, hémorragie active ou problèmes de coagulation, raisons orthopédiques, instabilité hémodynamique, analgésie insuffisante, etc. Le manque de collaboration du patient ou le refus de l’entourage sont d’autres motifs importants de non-mobilisation. D’autres obstacles évoqués sont de nature structurelle : manque de personnel ou personnel insuffisamment formé, manque de temps, manque d’équipements spécialisés (p. ex. vélo de lit, déambulateur). Le manque de soutien financier est également cité. La mobilisation d’un seul patient (exercices passifs ou actifs) nécessite souvent plus d’un praticien pour gérer le patient et son équipement. À défaut d’un encadrement suffisant, les soignants sont souvent amenés à sélectionner les patients chez qui une intervention de mobilisation pourra être tentée, et à reporter une tentative chez ceux qui nécessitent davantage de temps et de personnel. À titre illustratif, un ratio minimal de 1 kinésithérapeute pour 8 à 10 patients hospitalisés en USI est recommandé en France.

La culture et les habitudes au sein de l’USI, ellesmêmes dépendantes des convictions de l’équipe soignante, influencent aussi grandement la mise en œuvre ou non de la mobilisation précoce. Ainsi la politique de sédation et d’intubation (p. ex. certaines équipes acceptent qu’un patient intubé soit mis au fauteuil, d’autres pas) ou la gestion des perfusions (p. ex. si l’habitude est de placer un cathéter par voie

ex. en réduisant les lumières et le bruit pendant la nuit), amélioration du confort et – last but not least – en favorisant des interactions régulières avec les proches. Enfin, il semble important de mobiliser le patient dès que possible, car cela pourrait contribuer au maintien de sa force musculaire et de ses capacités fonctionnelles. Cela va de la mobilisation passive dans le lit, aux exercices actifs (p. ex. avec un pédalier de lit) et même à la marche active au sein du service dès que l’état clinique le permet.

fémorale, cela empêche d’asseoir le patient) ont des conséquences concrètes et directes sur la mise en œuvre ou non de la mobilisation précoce. Il s’agit donc d’une question de niveaux de formation, de compétences et de réflexion sur les procédures de soins usuelles et alternatives (et leurs conséquences).

L’environnement physique au sein de l’USI peut également créer des obstacles, par exemple lorsque les patients ne peuvent pas se déplacer en toute sécurité en raison du manque d’espace ou de la présence d’équipements encombrants dans les couloirs.

Faire de la mise en œuvre de la mobilisation précoce une norme de soins est cité comme un élément clé de la facilitation. Les autres facilitateurs identifiés sont : la présence d’une équipe multidisciplinaire dédiée à la mobilisation précoce, avec si possible un référent pour stimuler l’équipe, une attitude positive des soignants à l’égard de la pratique et une confiance dans leurs propres capacités à la mettre en œuvre, la délivrance automatique de prescriptions de mobilisation ou la suppression des prescriptions de repos au lit par défaut. La qualité du leadership des responsables de services, la stabilité du personnel, la motivation des équipes sont également déterminantes. Si la communication ou la coordination entre les soignants n’est pas optimale, la mobilisation précoce sera moins pratiquée. Les formations, y compris pratiques, ou le travail avec du personnel expérimenté, renforcent ces facteurs.

Enfin, l’information et l’implication du patient luimême et de sa famille (p. ex. en définissant des objectifs) sont associées à une initiation plus fréquente et plus précoce de la mobilisation. Pour motiver les patients, certains proposent des exercices en dehors de l’USI aux patients chez qui c’est médicalement et techniquement possible.

EXXPERT
18 MARS 2023

Impliquer les proches

À ces principes centrés sur le patient, il faut ajouter le rôle fondamental des proches. Faciliter les contacts entre un patient hospitalisé et sa famille semble bénéfique pour tout le monde en termes de prévention du PICS. C’est pourquoi il est recommandé de favoriser les visites (p. ex. en élargissant les heures de visites, en prévoyant des possibilités de contacts virtuels lorsque les visites ne sont pas possibles, etc.) et de maintenir avec les familles une communication claire, ouverte et soutenante. Ces mesures sont à la fois bénéfiques pour le patient et pour les proches, eux aussi à risque de PICS.

Des mesures qui nécessitent encore plus de personnel

Toutes ces mesures sont déjà mises en œuvre, en tout ou en partie, par certaines équipes de soins intensifs en Belgique, mais elles sont encore loin d’être généralisées. Il faut reconnaître qu’elles requièrent des ressources importantes en personnel, en particulier un renforcement du nombre d’infirmiers et de kinésithérapeutes. Par ailleurs, des éléments tels que la qualité du leadership, la communication et la coordination entre les soignants, et la stabilité du personnel revêtent aussi ici toute leur importance, car ce sont les clés pour créer une véritable motivation au changement dans la « culture » et les habitudes au sein des services de soins intensifs.

Référence

Adriaenssens Jef, Maertens de Noordhout Charline, Kohn Laurence, Castanares-Zapatero Diego. Prévention du syndrome post-soins intensifs (PICS). Health Services Research (HSR). Bruxelles. Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE). 2023. KCE Reports 364B. DOI : 10.57598/ R364BS

Retrouvez le rapport complet réalisé par le KCE en consultant le site web du Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé ou en surfant sur www.axxon.be.

19 MARS 2023

UN AVANTAGE

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