Les crépuscules des dogmes

Page 220

ORIGINE ET CHUTE DES DOGMES

cinglantes défaites et le siège de Paris, il prônait la guerre à outrance). Les Français, lassés de la guerre ou inquiets de la voir se rapprocher de leur région, toujours méfiants vis-à-vis des troubles parisiens, préférèrent voter pour les tenants de la paix sans condition, c’est-à-dire les listes conservatrices dans lesquelles les notables figuraient en bonne place. Toutefois l’Est occupé, la région lyonnaise menacée, le Midi, les Alpes et bien sûr Paris renouvelèrent leur attachement à la république. Les élections du 8 février envoient une forte proportion de monarchistes à l’Assemblée nationale. Tous les élus de Paris sont des républicains, souvent extrémistes. Le gouvernement de la République se réunit d’abord à Bordeaux, puis à Versailles, pour ne pas tomber sous les Révoltes parisiennes comme cela a failli se produire pendant le gouvernement de la Défense nationale (31 octobre notamment). Les monarchistes triomphants furent pourtant incapables de rétablir immédiatement la royauté. La république ne les inquiétait plus : persuadés qu’une république ne durait jamais bien longtemps, ils étaient ravis de la voir assumer la défaite et rétablir l’autorité à Paris. Ils chargèrent Adolphe Thiers de ces tâches ingrates. Depuis le 17 février, le gouvernement de la république est dirigé par Adolphe Thiers (chef du pouvoir exécutif) ; il cherche à conclure un traité de paix avec la Prusse. Les Parisiens, qui ont supporté un siège très dur, veulent protéger Paris des Prussiens et ouvrir une nouvelle ère politique et sociale. Ils refusent de se laisser désarmer. Le 24, 2 000 délégués de la Garde nationale se réunissent au Vauxhall et des Manifestations ont lieu place de la Bastille. Le 26, les gardes nationaux, devant le fait que les Prussiens devaient défilés sur les Champs-Élysées (ils le feront le 1er mars, dans une ville morte aux fenêtres drapées de noir), enlevèrent 234 canons et les répartirent sur Montmartre et Belleville. Le Comité central fit saisir les dépôts de munitions et 450 000 fusils : l’armée de la Révolution était ainsi en état de combattre ! C’est donc l’épreuve de force entre les royalistes, grands bourgeois et conservateurs provinciaux, tous favorables à une paix rapide avec l’Allemagne, retirés à Versailles et la population parisienne

220

Collectif des 12 Singes


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.